6 minute read

LA PLACE DE LA RECHERCHE

PAR PÉNÉLOPE LEGAULT (III)

ENTREVUE AVEC DANIEL LÉVESQUE

Advertisement

VICE-DOYEN À LA RECHERCHE ET AUX ÉTUDES EN SCIENCES PHARMACEUTIQUES

Depuis les 10 dernières années, le marché du travail est très attrayant pour les pharmacien.ne.s nouvellement diplômé.e.s. Par conséquent, la relève en recherche vient de moins en moins des cohortes du Pharm. D. Dans cette entrevue, M. Lévesque souhaite promouvoir la recherche en santé.

Quel est votre poste?

Je suis professeur titulaire à la Faculté depuis 2006 et j’occupe le poste de vice-doyen depuis 2017. Cela m’amène à surveiller les études aux cycles supérieures. En plus des cycles supérieurs, je m’occupe aussi des programmes en sciences pharmaceutiques comme le BSBP. Aux cycles supérieurs, j’accompagne les étudiant.e.s pour qu’ils et elles aient une bonne progression et que toutes les étapes de leur formation soient complétées. Je m’occupe, avec le vice-rectorat, de la recherche à l’université. Je supporte les activités en lien avec la recherche et j’aide les chercheurs et chercheuses à compléter leur demande de fonds. J’essaie aussi d’impliquer la Faculté dans des projets d’envergure, par exemple la création de Médicaments Québec en réponse à un appel d’offre du Ministère de l’Économie et de l’Innovation. Ce projet a pour but de nous permettre d’être plus autonome dans la production et le développement de médicaments et de mieux réagir à des situations de pénurie.

Quel est votre parcours?

Je ne m’attendais pas à me retrouver à ce poste! C’est arrivé de fil en aiguille. J’ai fait un baccalauréat en biochimie à l’Université Laval. Après l’obtention de mon diplôme, j’ai fait un stage d’été dans un laboratoire de recherche en neuro-endocrinologie. J’ai trouvé ça très intéressant, alors j’ai décidé de commencer une maîtrise. Par la suite, ça m’a semblé naturel de poursuivre au doctorat pour continuer mon parcours en recherche. Je suis donc parti en Europe pour 4 ans afin de faire mon post-doctorat. Ensuite, je suis revenu à Québec pour occuper un poste de professeur.e/chercheur.euse. Éventuellement, j’ai déménagé à Montréal et j’y suis resté depuis.

Quelle est la place de la recherche à la Faculté?

L’université en son sens large a deux missions : générer et transférer de la connaissance. La recherche est une priorité au même titre que l’enseignement. Le but de la recherche n’est pas de faire de l’argent, mais plutôt de générer des résultats pour faire avancer les connaissances. Dans certains cas, ces nouvelles connaissances permettent de changer la pratique ou l’industrie. Nous avons deux types de laboratoires de recherche dans le pavillon. Le premier est un laboratoire « sec » au 2e étage, où une dizaine de chercheur.euse.s travaillent en épidémiologie. Le deuxième est un laboratoire « humide ». Il y en

a une dizaine au 3e étage du pavillon Jean-Coutu. Dans ces laboratoires, les chercheur.euse.s travaillent sur des questions reliées à la pharmacologie, l’immunologie, la neuroscience et les maladies cardiovasculaires. Finalement, il y a le 4e étage, où des chercheur. euse.s travaillent sur l’analyse et la formulation de médicaments. Il s’agit donc plus de recherche reliée à la technologie pharmaceutique. Nous avons aussi plusieurs types de chercheur.euse.s à la Faculté. Premièrement, il y a les chercheur. euse.s travaillant dans un des laboratoires mentionnés précédemment. Ensuite, nous avons des chercheur.euse.s qui sont affilié.e.s à la Faculté, mais qui travaillent dans des centres de recherche externes. Finalement, il y a les professeur.e.s. Ils/Elles sont souvent affilié.e.s avec la faculté de médecine, de chimie ou de pharmacie. Certain.e.s ont leur propre laboratoire au 2e, 3e et 4e étage du pavillon, alors que d’autres font leur recherche ailleurs. Ces milieux externes incluent le centre de recherche du CHUM, l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie, et l’Institut de cardiologie de Montréal.

Comment procédez-vous pour trouver les questions de recherche?

Un des éléments essentiels en recherche est l’autonomie et l’indépendance des chercheur.euse.s. De par leur formation, les chercheur. euse.s acquièrent une expertise dans un domaine relativement pointu. Avec tout leur bagage, ils et elles sont en mesure de savoir où sont les limites des connaissances actuelles et ce qu’il faudrait faire pour permettre aux connaissances de progresser. Ce sont eux et elles qui posent leurs questions et qui établissent leurs hypothèses, objectifs, et méthodes pour réaliser leur expérience. Ces potentiels projets sont ensuite évalués par les comités subventionnaires provinciaux, fédéraux et internationaux auxquels les chercheurs.euses ont soumis l’idée. Ces organismes décideront ensuite d’octroyer du financement en se basant sur des critères tels que la qualité du projet, les publications antérieures faites par cet individu, l’impact de leurs articles, etc.

Y a-t-il des formations spécifiques à effectuer pour devenir chercheur.euse?

Afin de faire de la recherche, un.e chercheur.euse doit avoir une maîtrise, un doctorat et un postdoctorat, en plus d’occuper un poste de professeur.e universitaire. C’est long, mais très valorisant car cela leur permet d’évoluer dans un milieu universitaire académique. Ces longues études leur permettent de générer leurs propres questions de recherche et d’avoir une certaine liberté quant à ce qu’ils et elles font. Bien sûr, il faut garder en tête que la recherche nécessite des subventions, ce qui peut parfois restreindre les sujets de recherche. Le travail de chercheur. euse nécessite donc de savoir innover, d’avoir de l’imagination, et d’être persévérant.e, autonome et travaillant.e. Il s’agit donc de passer à l’action sur ce que l’on a imaginé, de rendre concret nos idées.

« L’université en son sens large a deux missions : générer et transférer de la connaissance. La recherche est une priorité au même titre que l’enseignement. »

« Le travail de chercheur.euse nécessite donc de savoir innover, d’avoir de l’imagination, et d’être persévérant.e, autonome et travaillant.e. Il s’agit donc de passer à l’action sur ce que l’on a imaginé, de rendre concret nos idées. »

Quels sont les projets de recherche à la faculté en ce moment?

Le site de la Faculté contient un onglet sur les activités de recherche. On y retrouve les 4 grands axes de recherche de la Faculté : Médicament et santé des populations, Découverte et validation de cibles thérapeutiques, Pharmacométrie et pharmacothérapie, ainsi que Formulation et analyse du médicament. Le premier est surtout axé sur la pharmacoépidémiologie, la pharmacoéconomie, et la pharmacovigilance. Ensuite, «Découverte et validation des cibles thérapeutiques » se rapproche plus de la recherche fondamentale, c’est-à-dire découvrir des mécanismes, des voies métaboliques ou des pathways pour découvrir de nouvelles cibles pour des médicaments. « Pharmacométrie et pharmacocinétique » aborde plutôt le devenir du médicament dans le corps, que ce soit en mesurant des concentrations dans des tissus ou en construisant des modèles théoriques. Cela permettrait donc de découvrir la meilleure dose d’un médicament tout en faisant le moins d’échantillonnage possible. Finalement, « Formulation et analyse du médicament » se base sur la création de nouvelles formulations pharmaceutiques, qui permettraient une meilleure administration par rapport à la cible visée. Pour en apprendre plus, consultez le site : https://pharm. umontreal.ca/recherche/activitesde-recherche/

Un mot de la fin pour les étudiant.e.s :

Les trois grandes qualités qu’il faut pour les étudiant.e.s pour effectuer des études graduées sont la curiosité, la persévérance et la rigueur. Ces qualités sont nécessaires pour un.e bon.ne chercheur.euse afin de générer de bonnes connaissances. La recherche permet aussi de découvrir des gens de partout dans le monde, que ce soit à travers des étudiant.e.s qui viennent faire leur maîtrise ou leur doctorat à Montréal, ou dans les congrès qui se tiennent dans le reste du Canada ou à l’international (quand la situation sanitaire le permet). De plus, ne soyez pas gêné.e.s discuter avec vos professeur.e.s de leurs sujets de recherche lorsque ces derniers et dernières vous donnent un cours.

This article is from: