
6 minute read
Au delà du réel avec Sandry Riffard
Avenue Foch. Une petite devanture. Pignon sur rue pour le salon « Au-delà du réel », Tattoo Shop. Rendez-vous était pris, je pousse la porte. Sandry Riffard est là, en train de faire de la paperasse sur le billard qui meuble la pièce principale. Eminem en fond sonore. Aux murs, des photographies d’artistes, des mises en scènes. Une vitrine et des étagères sur lesquelles sont entreposés des « éléments de décoration » à la manière d’un cabinet de curiosité et ses outils de travail : ses dermographes.
Advertisement
Avenue Foch.A little storefront for the “Au delà du réel” tattoo parlor. After making my appointment, I enter. Sandry Riffard is here, doing paperwork on the pool table in the main room where Eminem is the background music. The walls are covered with photos of artists and settings, and showcases and shelves are displaying “decor components” just like curiosities, as well as his work tools: the dermographers.
Ouverte sur la pièce principale, on découvre l’arrière salle, l’antre de l’artiste. Ce salon a ouvert ses portes en 2013, après que Sandry se soit formé en autodidacte à l’art du tatouage. La première fois a été une révélation. C’était chez un pote, avec une machine à deux balles. Addiction au contact de la peau, fascination de l’aiguille qui trace, ce fût un shoot de dopamine, en toute légalité. Depuis, beaucoup d’encre a coulé. Et le style de Sandry s’est affirmé. Aujourd’hui celui-ci est spécialisé dans l’hyper-réalisme, le macabre. Ses pro- jets sont sur mesure, Sandry ne propose pas de catalogue de flashs. Les idées lui viennent, il les travaille sur Photoshop, conceptualise sa pensée. Et si les premiers pas ont été « alimentaires », avec la réalisation de pièces à la de- mande du client, sa notoriété acquise et sa marque de fabrique lui permettent désormais de choisir ses clients, ses projets, et d’être véritablement épanoui.
Ses clients, justement, des locaux mais surtout des gens qui viennent de loin. Peut-être y a-t-il une filière à développer, quand on voit que Sandry ac- cueille des Irlandais, des Américains, des Australiens... Un séjour packagé en somme. La notoriété de Sandry traverse les frontières. Une notoriété acquise grâce à son talent, Instagram, et assez peu de conventions. Car quand bien même Sandry soit sollicité pour de nombreuses manifestations spécialisées, il ne se déplace que très peu. Cette année, il sera à Venise (www.veneziainter- nationaltattooconvention.com) et à Bruxelles (www.brusselstattooconvention. be), point.
En effet, si Sandry s’éclate à tatouer, il préfère se préserver des travers du mi- lieu du tatouage, où règne une importante compétition, des pratiques discu- tables de plagiat, et une déformation de la pratique où la performance prend le dessus sur la dimension artistique. Mieux vaut être seul que mal accompagné donc. Pas si seul néanmoins, et Sandry sait prendre des résidences dans d’autres salons de tatouage, et sou- haiterait pour 2018 faire des projets en collaboration avec d’autres tatoueurs. Le principe est assez simple : Un tattoo réalisé par deux (voire plus) tatoueurs Following the main room is the back room, the artist’s den. This parlor ope- ned in 2013 after Sandry self-education in the art of tattooing. The first time turned out to be a revelation at the home of a pal with a cheap machine. It was a fully legal shot of dopamine, coming into contact with the skin and the fascination of the tracing needle. Since then, a lot of ink has been used and Sandry’s style has improved. Today, he specializes in hyper-realism and a ghoulish style. His projects are made to order and Sandry does not offer a catalogue. Ideas come to him and he works them on Photoshop to conceptualize them. And while his first efforts were “to make a living”, several clients’ special orders, his new fame and his signature look now allow him to choose his clients, his projects and to be truly well-rounded.
His clients include local people but also travelers from far away. This might be an industry to be developed when we know that Sandry welcomes ci- tizens from Ireland, the US and Australia… In short, a package travel. Sandry’s fame has crossed borders, thanks to his talent, Instagram and very few rules. Even though Sandry is asked to participate in many specia- lized shows, he seldom travel. This year, he will only go to Venice (www. veneziainternationaltattooconvention.com) and to Brussels (www.brusselstat- tooconvention.be), that’s all.
If Sandry is indeed having a ball, he prefers to stay away from the flaws of the tattoo business, where there is a significant competition, questionable plagiarism practices and a distortion of the trade when performance takes over the artistic scope. Better alone than in bad company, yet not quite alone really and Sandry know how to work in other tattoo parlors and might wish to develop projects with other artists in 2018. The principle is quite simple: a tattoo made by two (or more) artists with distinctive styles but who together will create a coherent artwork, which is reassuring. You do need some willpower to go under Sandry’s needle. It


aux styles distincts mais qui, réunis, donneront naissance à une œuvre cohé- rente (c’est rassurant). Surtout qu’il faut un peu de volonté pour passer sous l’aiguille de Sandry. Non pas que cela fasse véritablement mal (ça dépend grandement de la zone), mais cela nécessite de l’endurance. Car Sandry passera au minimum cinq heures sur une séance. Un dos complet néces- site six séances, dont la durée peut varier de six à dix heures. L’épiderme sera injecté d’encre noire, encore et encore, afin de donner du relief, de la profondeur. Viendront ensuite les gris, les blancs, les couleurs. La saturation est garante du rendu final, « faut que ça claque » affirme notre artiste. Une statistique : Sur la surface que vous laisserez à la disposition de Sandry, 96% sera encrée. Vous avez dit « dark » ? Peut être cette noirceur est-elle liée à son environnement, alors imaginons son demain, quand Sandry partira. Son avenir, il ne le voit pas sur cette avenue. Sandry aime l’espace, et pas seule- ment pour ses œuvres monumentales. Et notre artiste se voit assez concilier ses expériences passées et sa passion. Se perdre dans les montagnes, ouvrir une table d’hôtes (il a été cuisinier), conserver un espace « Tattoo » ouvert sur la nature, et simplement profiter du calme… does not really hurt (it depends on the area) but you need some persistence. Because Sandry will spend a minimum of five hours for a single visit. A com- plete back will require six visits that can last from six to ten hours. The skin is injected with black ink, again and again to give both texture and depth. Then will come the grays, the whites and the colors. Saturation is the key for the final result, and “it must give a bang” says the artist. A statistical info: 96% of the area you let him work on will be inked. Did you say dark? This darkness might be linked to his environment, so let’s imagine where his future will be, when he leaves this city. Sandry loves space, and not only for his huge works. The artist would like to reconcile his past experiences with his passion. Getting lost in the mountains, opening a guest table (he was a cook in a previous life), and maintaining a tattoo space open to nature and simply enjoying tranquility…

Rédacteur : Emmanuel Grigoresco Photographie : Claudine Taillandier

KOZAC
3 rue de Pranaud, Latour, 43700 Coubon 04 71 03 03 18 www.kozac.fr Un projet ? : contact@kozac.fr