La quete numero 204 mai 2018c

4$ Le magazine de rue de Québec

Numéro 204 Mai 2018

S.V.P. n’achetez qu’au camelot portant un­e carte d’identification.

2 $ sur le prix de vente va directement au camelot.

• Le 9 juin, on fête!

• Voisinage en proverbes • Célébrer la solidarité... à l’année • Trois générations sous un même toit

© Réseau québécois de Villes et Villages en santé

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2016-06-09

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RADIO 89,1 WEB WWW.CKRL.QC.CA

SOMMAIRE DOSSIER

POUR LE PLAISIR DE LIRE

LES VOISINS

Mes voisins

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Destin

24

Un oiseau dans ma tête

25

Boire l'arôme de l'aurore

26

Dans ma coop!

27

Chant de la Terre

Trois générations sous un même toit

28

14

Jardins Solidaires

Beigne à la tarte au sucre, Jos Louis et cie

16

Mon voisin, c’est un Américain!

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Passion Camions

30

Je me soigne

31

J'aime le vent de la nuit

Valoristes Québec

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Le 9 juin, on fête!

09

Célébrer la solidarité… à l’année

10

13

17

34

© Clipart by AnimalsClipart.com

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07

Pech-Sherpa : cinq ans d’intégration citoyenne

Vie de quartier à Boston Les 40 ans de la Chaumine

CHRONIQUES 06

Drôles de voisin

12

Voisinage en proverbes

18

Les voisins

19

Cré Albert!

20

Le jeu de La Quête

21

La langue dans sa poche

MAI 2018

LA QUÊTE

© Archives WEb

© Craque-Bitume

JEUX 03

PAGE COUVERTURE Photo : Réseau québécois de Villes et Villages en santé Conception graphique : Sandra Potvin

RÉALISER L’ESPOIR Camelots recherchés

L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment

donné Hey toi! de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés Tu as 18compte ans ou plus. pour cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, Tu veux te faire quelques dollars? etc.

Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l’Archipel

d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu’à titre de travailleurs Pour plus d’informations autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, Appelle-nous au certain pouvoir sur leur vie. reprendre un Travaille à ton compte. Pas d’horaire. à la vente - sur de la rue rueLa !- Quête par des Vends le magazine

418 649-9145 poste 33 Ou L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également des Viens nous rencontrer au services d’accompagnement 190, rue St-Joseph Est (coin Caron)communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche logement par le biais de son service Accroche-Toit.

Dans l’église d’un Jacques-Cartier

Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots.

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UNE TRIBUNE POUR TOUS Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu. Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux.

Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) avant le 1er du mois pour parution dans l’édition suivante. La thématique de juillet-août : À qui appartient la ville?

FAIRE DES SOUS EN DEVENANT CAMELOTS Les camelots récoltent 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier.

Pour plus d’informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 31 Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l’unique magazine de rue de Québec.

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Téléphone: La Quête est appuyée financièrement par : Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI)

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65$ 80$ 90$

ÉDITEUR Archipel d'Entraide ÉDITEUR PARRAIN Claude Cossette RÉDACTRICE EN CHEF Francine Chatigny DIRECTRICE DE L'INFORMATION Valérie Gaudreau SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Isabelle Noël CHRONIQUEURS Philippe Bouchard, Martine Corrivault, Claude Cossette et Gilles Simard JOURNALISTES Sébastien Agostini-Cayer, Jasmine Desrochers, Antoine Grenier, Pascal Lévesque, Vicky Plourde et Audrey-Maude Vézina AUTEURS Sébastien Beaulieu, Julie Bellemare, Steeve Fournier-Dion, Gaétan Duval, Renée Perron, Jean Pierre, Jean-Yves, Marc-Émile Vigneault et Christiane Voyer AUTEURS DES JEUX Hélène Huot, Jacques Carl Morin et Ginette Pépin RÉVISEURS Benoit Arsenault, Francine Chatigny, Véronique Hardy, Caroline Tremblay et ses étudiants du cours Réécriture et Révision 1 des programmes de rédaction et révision professionnelles de l'Université de Laval.

BÉDÉISTE Madeleine Aubin PHOTOGRAPHE Carole-Anne Beaulieu, Antoine Godbout INFOGRAPHISTE Sandra Potvin IMPRIMEUR Les Impressions STAMPA inc.

418-681-0284 www.stampa.ca COPYLEFT La Quête, Québec, Canada, 2014 Ce document est mis à votre disposition sous un droit d’auteur Creative Commons « Paternité - Pas d'Utilisation commerciale - Pas de Modification 2.5 – Canada » qui, si ce n’est pas commercial, permet de l’utiliser et de le diffuser tout en protégeant l’intégralité de l’original et en mentionnant le nom des auteurs.

Journal La Quête

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Financé par le gouvernement du Canada

LA QUÊTE

MAI 2018

MOT DE LA COORDO

LES VOISINS Si nous avons décidé d’aborder le thème des voisins en mai, c’est principalement pour vous donner le goût d’organiser - et le temps de préparer- un petit rassemblement pour la fête des voisins qui se tiendra le 9 juin prochain. Sébastien Agostini-Cayer nous rappelle l’origine de cette journée toute spéciale et les bienfaits inestimables qu’elle entraîne.

Le Réseau québécois de Villes et Villages en santé (RQVVS) qui a importé le concept de la Fête des voisins de nos cousins français s’en ai aussi inspiré pour développer le volet québécois de l’initiative Voisins Solidaires. Audrey-Maude Vézina nous en présente les principaux objectifs.

En 2013, le centre Sherpa créé par PECH (Programme d’Encadrement Clinique et d’Hébergement) ouvrait ses portes. Cinq ans plus tard, comment cela se passe-t-il dans l’édifice de 77 logements destinés à des personnes ayant un vécu en santé mentale et à des artistes? Pascal Lévesque a participé à l’un des nombreux ateliers offerts par le Centre de rétablissement, de médiation culturelle et de mixité sociale pour prendre le pouls de cet environnement conçu pour favoriser l’intégration citoyenne.

rues et ruelles en quête de contenants consignés.

Pour rendre l’échange de son butin à la juste valeur de son rôle social, Initiative Valoristes Québec ouvrira dès le mois de juin un point de dépôt. Kamille Leclair, administratrice au Conseil de quartier SaintRoch, fait le point sur le projet.

Marie-Michèle Gagnon quant à elle nous fait découvrir les plaisirs du jardinage solidaire.

Une expérience qui permet de se salir les mains ... et de déguster des salades en bonne compagnie.

GOURMANDISE, PASSION ET ÉMOTION Sébastien et Steeve, deux camelots de la Basse-Ville vous dévoilent leur penchant respectif, Jean Pierre livre une oraison jaculatoire à la terre, Renée dérobe la tendresse à la pluie et Jean-Yves, fort de ses ateliers d’alphabétisation, partage son vécu de voisin.

Bonne lecture,

FRANCINE CHATIGNY

Décideriez-vous d’avoir votre beau-père comme voisin? Malgré le vieillissement de la population, la construction de maisons intergénérationnelles reste marginale au Québec, mais répond assurément aux besoins de certains. Samuel Auger a accepté de témoigner de son expérience de cohabitation avec les membres de différentes générations de sa famille à notre journaliste Jasmine Desrochers.

Vicky Plourde m’a appris (et peut-être qu’elle vous l’apprendra aussi) que des maisons sont construites à la fois en territoire canadien et américain. Pourriez-vous deviner où?

Il fait partie de votre voisinage même si vous ne le voyez jamais. De fait, il s’intéresse davantage à votre bac de récupération qu’à vous. Le valoriste sillonne

MAI 2018

LA QUÊTE

© Antoine Godbout

Parlant de nos voisins du Sud, Antoine Grenier s’est entretenu avec Raphaël Arteau McNeil qui a habité trois ans à Boston. Il nous rapporte quelques-unes des particularités de la vie de quartier dans la cité piétonne.

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DRÔLES DE VOISINS!

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Les humains sont de drôles de bêtes. On dit qu’homo sapiens est un animal social parce qu’il vit en famille, mais sa sociabilité s’arrête à ce cercle. Selon un article du magazine MacLean’s, 30 % des Canadiens affirment n’avoir aucune relation avec leurs voisins et 50 % des Américains déclarent qu’ils ne connaissent même pas le nom de leurs voisins immédiats.

ON SE MÉFIE DES VOISINS Les Québécois sont-ils si différents? Ils sont gentils et ils ne sont pas xénophobes, prétendent-ils. Mais si leurs voisins n’affichent pas la même couleur de peau, s’ils parlent une langue qu’ils ne connaissent pas, s’ils vivent différemment d’eux, s’ils proviennent simplement d’une autre région que la leur, ceux-ci sont alors classés comme « étrangers » et ceux-là s’en méfient.

Un voisin, ce n’est pas soi-même, c’est donc toujours différent, questionnant, voire dérangeant. Au point que certains se plaignent de leurs voisins, réclament qu’ils changent leur façon de faire et même les poursuivent en justice pour cela. Certains se soulagent par écrit comme cette personne qui, exaspérée, se plaint de bruits à son voisin : « Je peux vous dire à quelle heure vous faites couler votre toilette et branchez votre cafetière ».

C’est pourquoi le Code civil du Québec tente de prévenir les pétages de coche. Il établit des règles pour assurer les bonnes relations entre voisins. De nombreux articles concernent l’empiétement, la vue, le droit de passage, de clôture, ainsi de suite.

Il faut parfois se pencher sur une foule de petits détails qui minent la vie en société. Des règlements de la ville de Québec concernent les cris, les tintements de cloche, les sifflements de sirène, les sons de klaxon, alors que d’autres regardent la poussière, les lumières clignotantes et même les odeurs produites par les bricoleurs qui réparent leur auto…

ON AIMERAIT NOS VOISINS Les Québécois aiment-ils leurs voisins? Selon les sociologues Armstrong et Boucher, le plus souvent, les relations de voisinage se poursuivent seulement avec les membres de sa propre famille; avec les autres, les interactions se limitent à de brefs « Bonjour! ».

Pourtant, la plupart des Québécois estiment qu’il est avantageux de mieux connaître ses voisins. Le quartier leur apparaîtrait plus sécuritaire, ils pourraient y identifier quelques amis, y obtenir de l’aide en cas de pépin, et même compter sur leur soutien dans la façon d’éduquer leurs enfants.

Mais ce n’est là qu’un vœu pieux car dans chaque quartier existe deux réseaux distincts : celui des natifs du quartier et celui des « nouveaux ». Les membres de chaque réseau communiquent peu avec les membres de l’autre réseau car un fossé de préjugés les sépare. Et si, par malheur, l’un de réseaux est une communauté ethnique, les relations entre les deux réseaux seront carrément nulles.

C’est que « l’autre », celui qui est différent de soi, a toujours l’air bizarre dans ses façons de vivre ou ses croyances.

Et même si 25 % des Québécois perçoivent des problèmes dans leur quartier, ils ne voient aucun intérêt à interagir avec ces « autres », à les côtoyer, à les approcher, à mieux les connaître, à s’en faire des alliés, des amis. Albert Camus, dans son célèbre roman L’Étranger écrit : « Ils ont l’air de la même race et pourtant ils se détestent ».

C’est pour contrer cette atmosphère de méfiance que le Réseau québécois de Villes et Villages en santé a instauré la Fête des voisins qui « vise à rapprocher les voisins immédiats » (voir p. 8).

Rappel : « Tu n’as qu'une vie, emploie-la à rendre légère celle de tes voisins. » (Félix Leclerc dans Théâtre de village)

CLAUDE COSSETTE

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LA QUÊTE

MAI 2018

INITIATIVE VALORISTES QUÉBEC

UN POINT DE DÉPÔT POUR LES CONTENANTS CONSIGNÉS DÈS LE MOIS DE JUIN Au Conseil de quartier, nous sommes sensibles aux différentes réalités des citoyens qui vivent dans Saint-Roch. À l’été 2017, un rapport de recherche conduit par Frédérique Lapointe révélait que de nombreuses personnes font une collecte assidue de contenants consignés dans le quartier : ce sont les Valoristes.

QUI SONT LES VALORISTES? Les Valoristes, ce sont ceux qui ramassent des canettes et des bouteilles consignées dans les lieux publics afin d’en tirer un revenu d’appoint ou principal. Chez certains, la collecte des contenants consignés se pratique toute l’année. Selon nos données, dans le quartier Saint-Roch, nous retrouvons une cinquantaine de Valoristes.

commerces refusent de reprendre les types de contenants consignés qu’ils ne vendent pas.

De leur côté, les propriétaires de commerces expriment eux aussi leur mécontentement envers l’activité des Valoristes : manque d’espace près des gobeuses, longue attente pour les clients qui souhaitent retourner seulement un ou deux contenants consignés, etc. Il est évident que les conditions ne sont pas idéales dans les épiceries lorsque l’on veut retourner une quantité importante de contenants consignés.

contenants des sites d’enfouissement.

De plus, la collecte des contenants consignés atténue les effets de la pauvreté chez certains Valoristes qui vivent des situations précaires.

En ce sens, nous espérons que la mise en place du point de dépôt fera reconnaître l’activité des Valoristes à sa juste valeur.

KAMILLE LECLAIR ADMINISTRATRICE AU CONSEIL DE QUARTIER SAINT-ROCH

Pour faciliter le travail de ces personnes au quotidien, nous travaillons à mettre sur pied un point de dépôt de contenants consignés. Dès juin 2018, le point de dépôt ouvrira ses portes pour quelques jours pendant l’été. Résumé simplement, c’est un lieu où les Valoristes peuvent apporter une grande quantité de contenants consignés et les échanger sur place contre de l’argent. Contrairement à ce qui se fait dans les épiceries et les dépanneurs, le point de dépôt ne fonctionne pas avec des « gobeuses », c’est-à-dire les machines de retour de contenants consignés. Le service y est humain et amical : c’est un employé qui veille à compter les contenants, puis à les classer pour la manutention. ÉLIMINER LES IRRITANTS Le rapport mentionné précédemment — qui s’appuyait sur des entrevues conduites auprès de certains Valoristes — faisait état d’un certain nombre de problèmes avec le retour des contenants consignés dans les épiceries ou les dépanneurs. D’abord, mettre les canettes une par une dans les machines leur fait perdre un temps précieux qu’ils préféreraient plutôt passer à faire de la collecte. Les contenants écrasés sont par ailleurs refusés et les machines sont souvent en panne. De plus, certains

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© courtoisie www.cooplesvaloristes.ca

HUMANISER LES POINTS DE DÉPÔT

Point de dépôt à Montréal dont s'inspirera Initiative Valoristes Québec

L’une des fonctions principales du point de dépôt sera de développer un service sur mesure pour les Valoristes, afin de pallier cette problématique ressentie bilatéralement. Non seulement le point permettra-t-il de réduire les irritants associés aux retours en épicerie, mais les Valoristes y seront toujours bien accueillis. Les heures d’ouverture s’étendront en fin de soirée et tôt le matin, afin de couvrir les plages où le service n’est pas disponible ailleurs.

VALORISER LE TRAVAIL DES VALORISTES Les Valoristes contribuent à la propreté de la ville, et ce, gratuitement. Écologiquement parlant, leur travail a une grande valeur, car il réduit les déchets en détournant une grande quantité de

LA QUÊTE

COMMENT POUVEZ-VOUS AIDER? À la maison, chacun peut poser un geste simple pour aider les Valoristes à faire leur travail de collecte. Si vous ne désirez pas les rapporter vous-même, et que vous savez que des Valoristes circulent dans votre quartier, placez vos contenants consignés dans un sac transparent, à part de vos sacs de poubelle et de recyclage. Pour plusieurs Valoristes que nous avons interrogés, ce coup de main simplissime fera toute la différence!

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LE 9 JUIN, ON FÊTE!

© Courtoisie RVVSQ

Cet été, la Fête des voisins en sera à sa 13e édition au Québec. Chapeautée par le Réseau québécois de Villes et Villages en santé (RQVVS), elle se tiendra le 9 juin 2018 un peu partout dans la province. Dans le cadre d’un entretien avec La Quête, Ève Cardinal, chargée des communications au sein du RQVVS, retrace les origines de cet événement, dont elle précise aussi la mission, et explique comment y participer.

Ève Cardinal

« La Fête des voisins a vu le jour en France, lorsqu’un conseiller municipal a décidé de lancer la fête pour briser l’isolement, amener les gens à se connaître et établir un certain réseau dans le voisinage », explique Mme Cardinal.

Introduite au Québec par le RQVVS, elle vise un objectif plutôt simple : créer un sentiment d’appartenance au voisinage et tisser des liens amicaux avec les gens qui y habitent, tant dans les petits villages que dans les grandes villes.

De ce côté-ci de l’Atlantique, la Fête des voisins est de plus en plus populaire chaque année. En 2017, ce sont plus de 300 municipalités qui s’y sont inscrites, pour un total d’environ 200 000 participants.

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UNE TRADITION BIEN IMPLANTÉE À QUÉBEC L’an dernier, le service de Loisirs, sports et vie communautaire de la Ville de Québec a approuvé la tenue de 75 activités dans l’espace public. C’est l’arrondissement Sainte-Foy–Sillery-Cap-Rouge qui en a accueilli le plus, avec 23 célébrations comptant en moyenne de 20 à 40 personnes. Il est à noter qu’aucun recensement n’est fait pour les fêtes qui ont lieu sur des terrains privés, aucun permis n’étant requis.

Concrètement, la Fête des voisins peut aussi bien prendre la forme d’un « 5 à 7 » que d’un barbecue entre voisins.

L’idée est simple : passer de bons moments et se familiariser avec les gens de son entourage. L’originalité de la formule réside dans l’organisation du rassemblement par les participants eux-mêmes, qui en font ce qu’ils en veulent. « C’est vraiment accessible à tout le monde. Typiquement, ce sont les jeunes familles, les nouveaux arrivants, les aînés… notre but dans tout cela est de rapprocher ce beau monde-là », de dire Mme Cardinal.

COMMENT ORGANISER LA FÊTE DES VOISINS? La première étape consiste à visiter le site internet http://fetedesvoisins.qc.ca où on peut s’inscrire en tant que citoyen, ou encore inscrire notre municipalité.

On y retrouvera, parmi d’autres informations utiles, différents outils pour organiser l’événement. Par exemple, on peut y télécharger des affiches ou des cartes d’invitation à imprimer et à distribuer dans notre voisinage.

Le site permet de vérifier si notre municipalité est participante, dans lequel cas elle peut fournir du matériel promotionnel. Dans la région de Québec, cette possibilité est offerte dans les différents arrondissements, et même dans

LA QUÊTE

les municipalités environnantes comme Saint-Augustin-de-Desmaures. Dans certains cas, il faudra aviser la Ville de la tenue de notre activité. « Un exemple concret est que l’activité peut nécessiter une fermeture de rue partielle ou complète », explique Mme Cardinal.

« Typiquement, ce sont les jeunes familles, les nouveaux arrivants, les aînés… notre but dans tout cela est de rapprocher ce beau monde-là! » ~Ève Cardinal UNE OCCASION DE DÉCOUVRIR DES GENS ET DES CULTURES Dans l’arrondissement Sainte-Foy-Sillery-Cap-Rouge, Mme Hiroux participe à la Fête des voisins depuis sa création en 2006. « C’est bien plaisant et simple à organiser. Au début, on fonctionnait avec des cartes d’invitation qu’un résident distribuait dans les boîtes aux lettres des gens de la rue. Maintenant, tout se fait tout par courriel », souligne-t-elle.

C’est ainsi que chaque année, le premier samedi du mois de juin, la municipalité ferme la rue pour permettre d’installer une longue table sur laquelle les participants déposent des plats à partager. Au menu : apéritifs et plats préparés maison, mais également rencontres avec les nouveaux arrivants du voisinage et partages de toutes sortes. « On s’installe à la table, on discute et on mange. C’est une belle atmosphère, d’autant plus que les enfants jouent autour de la table », précise Mme Hiroux.

Faire la connaissance des nouveaux arrivants du quartier, échanger avec ses voisins de longue date et briser l’isolement des personnes seules sont certes des initiatives nobles, mais pourquoi ne pas nous efforcer, en attendant l’édition 2018, de créer des milieux de vie où règnent l’entraide et la bienveillance à longueur d’année?

SÉBASTIEN AGOSTINI-CAYER

MAI 2018

CÉLÉBRER LA SOLIDARITÉ… À L’ANNÉE La Fête des voisins est une excellente occasion de se rapprocher des gens et de contribuer à accroître la solidarité dans son milieu de vie. Mais pourquoi ne pas faire durer cette ambiance communautaire toute l’année? C’est justement ce que propose l’association Voisins solidaires, qui réussit à prolonger cet esprit de fête dans plusieurs milieux, autant ruraux qu’urbains.

L’individualisme caractérise trop souvent la société actuelle. En effet, les individus se créent de plus en plus des mini-collectivités regroupant famille et amis, et s’isolent du reste de la société. À grande échelle, cette philosophie n’est pas facilement modifiable. À petite échelle, par contre, la cause n’est pas perdue. « On sent qu’il y a une prise de conscience, une grande sensibilité à l’égard de la valeur des liens de proximité. On a tout intérêt à resserrer ces liens-là, peu importe si l’on partage un logis, un quartier ou un bout de rue ou de ruelles », soutient Bernard Duchesne, chargé des communications chez Voisins solidaires – Québec.

UNE IDÉE QUI TRAVERSE LES FRONTIÈRES La Fête des voisins voit le jour à Paris en 1999, après la découverte, quatre mois après son décès, du corps d’une vieille dame morte seule dans son appartement par le conseiller municipal Atanase Périfan. Choqué par le drame, ce dernier décide alors de lancer la Fête des voisins.

n’est pas normal et ce n’est certainement pas souhaitable », insiste M. Duchesne. « À cause de l’effritement et de l’éloignement des familles, le tissu social est moins serré qu’avant. Le milieu de vie immédiat peut sûrement pallier une partie de ce problème-là. Notre approche : marier les petits gestes et les grandes idées », ajoute-t-il.

Durant le projet pilote, les responsables ont constaté une meilleure inclusion des immigrants.

DES ACTIONS QUI SE MULTIPLIENT De 2013 à 2015, sept collectivités ont participé au projet pilote Voisins solidaires : Blainville, Granby, Saint-Léonard-de-Portneuf, la MRC de la Matanie, les arrondissements Saint-Laurent et Verdun (Montréal) ainsi que le quartier Montmorency . Plusieurs initiatives citoyennes ont vu le jour durant le projet. Un exemple qui fait toujours sourire M. Duchesne est celui des patinoires de Blainville. Dans un ensemble résidentiel, il y avait un bâtiment en forme de « U » avec deux ou trois arbres au centre. « Les propriétaires et les voisins se sont dit : "On pourrait peut-être se faire une patinoire l’hiver pour que les gens se dégourdissent les jambes et que les jeunes puissent s’amuser." Les voisins se sont mis à socialiser. Les aînés ont sorti leurs vieux patins Bauer. Ça a attiré d’autres jeunes des alentours. Le plus beau de l’affaire, c’est

que ça a fait des petits! Il y a plein de petites patinoires comme ça qui ont vu le jour à Blainville », raconte-t-il avec fierté.

Durant le projet pilote, les responsables ont également constaté une meilleure inclusion des immigrants. « Dans chacun des sept milieux, on s’est rendu compte que c’était payant à presque tous les niveaux.

Par exemple, à Saint-Léonard-de-Portneuf, quand il y a des nouveaux arrivants, des nouvelles familles, des duos de personnes âgées frappent à leur porte. Ils leur expliquent comment fonctionne le village. Ça accroît le sentiment d’appartenance, l’esprit de collégialité, le civisme. Ça permet d’attirer les nouveaux arrivants. [...]À l’inverse, ça permet aussi de retenir les gens qui arrivent.

Ils voient un milieu social actif, positif et solidaire », soutient M. Duchesne. « À Québec, une fête qui est souvent organisée dans la périphérie de l’intersection du boulevard Hamel et de Marie-de-l’Incarnation, un secteur très multiethnique.

Cette fête, baptisée la Fête des couleurs, est un bel exemple d’intégration des nouveaux arrivants et de mélange des saveurs comme des bagages culturels », conclut-il. La fête annuelle crée des liens entre les gens de diverses origines qui habitent le complexe d’habitation sociale Place de la Rive.

AUDREY-MAUDE VÉZINA

Une des motivations principales derrière Voisins solidaires est de briser la solitude des personnes âgées « Le bon voisinage, ça permet notamment de contrer l’isolement social des aînés. C’est notre cheval de bataille. On estime qu’il y a environ 15 % des aînés au Québec qui en sont victimes. Ce

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© Pikur

En 2006, le Réseau québécois de Villes et Villages en santé (RQVVS) reprend l’idée : la Fête des voisins connaît un véritable succès au Québec. Inspiré par cette réussite, le RQVVS met sur pied, quelques années plus tard, le volet québécois de l’association Voisins solidaires, créée en France en 2007 pour propager l’esprit de bon voisinage. « Il y a eu de très belles initiatives qui ne feront jamais les manchettes, mais qui, en même temps, sont très valorisantes.

Elles peuvent permettre de faire émerger des liens d’entraide et de rapprochement entre des gens qui autrement ne se seraient jamais connus », affirme M. Duchesne.

La Sympathique place Ouverte à tous (SPOT) est une initiative inspirante favorisant le bon voisinage. Lors de la Journée internationale du yoga, 150 personnes se sont réunies sur cet espace public éphémère.

LA QUÊTE

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PECH-SHERPA : CINQ ANS D’INTÉGRATION CITOYENNE Un vendredi après-midi, une vingtaine de personnes sont réunies dans le café situé à l’entrée d’un bâtiment moderne du boulevard Charest, en BasseVille de Québec. Ces individus aux parcours variés participent à une activité artistique de bricolage durant laquelle ils fabriquent leur propre macaron tout en sociabilisant. Nous voici au centre d’activités centrées sur le rétablissement Sherpa où, depuis cinq ans, l’organisme Pech fournit des logements subventionnés à des personnes à faibles revenus. Ces derniers y trouvent un véritable milieu de vie doublé d’un espace de participation citoyenne.

tir un projet de vie et à s’investir dans leur communauté. « L’idée est d’accompagner les personnes dans leur rétablissement par l’art social, par la réappropriation de la vie citoyenne et par la médiation culturelle », explique Daniel Lévesque, directeur de l’administration de Pech et du centre Sherpa.

Bien avant l’arrivée du projet Sherpa, l’organisme Pech œuvrait déjà auprès de ces personnes en difficulté. Selon Lydia Trahan, coordonnatrice du volet service de Sherpa, l’initiative a été mise en place afin de briser leur isolement. « Avec Pech, on a constaté que ces personnes avaient de la

BIEN PLUS QU’UN LOGEMENT À PRIX RÉDUIT L’octroi d’un logement à loyer modique donne, bien entendu, un coup de main à ces gens défavorisés. « Quand on donne un logement à quelqu’un ici, c’est un logement subventionné. Les gens doivent payer le logement en déboursant 25 % de leurs revenus. Soudainement, une partie des revenus d’une personne qui est, par exemple, sur l’aide sociale, est disponible, ce qui ne l’était pas avant, car les logements coûtaient cher. Ça fait une grosse différence », affirme Daniel Lévesque. Marie-Claude Doucet, membre du conseil d’administration et résidente de Pech-Sherpa, estime que cette mesure permet à des gens comme elle de se consacrer davantage à des projets, notamment de nature artistique.

Lévesque

« Nos interventions sont axées sur les forces des gens. C’est la philosophie du rétablissement et du développement du pouvoir d’agir. »

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Lydia Trahan Une activité de bricolage de macarons à Sherpa, où les gens laissent libre cours à leur créativité tout en sociabilisant.

Fondé en juillet 2013 par l’organisme Pech, le centre Sherpa a comme objectif d’aider des personnes avec une expérience de toxicomanie, d’itinérance cyclique, de judiciarisation et de problèmes de santé mentale à bâ-

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difficulté à avoir un réseau social. On voulait aussi les aider à se rétablir, mais il manquait ce côté social. On voulait offrir un milieu en mixité sociale ouvert à tous pour former ces gens en tant que citoyen. » LA QUÊTE

Cet environnement propose des occupations pour structurer la vie des résidents, les incite à faire de bons choix de consommation et leur permet de participer à des activités sociales, ouvertes à tous. La programmation variée inclut des cafés-rencontres ainsi que des ateliers de poésie, de musique et de bricolage. Il y a même un jardin communautaire dont s’occupe MAI 2018

Marie-Claude Doucet, dans le cadre de Verdir Saint-Roch. Cette initiative populaire vise à augmenter le nombre d’espaces verts et à promouvoir le verdissement agroalimentaire en Basse-Ville.

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Marie-Claude Doucet et Lydia Trahan.

Ça permet à nos participants de développer leurs relations interpersonnelles, car c’est ce qu’il y a de plus difficile pour eux. Ce n’est pas toujours simple pour personne », estime Lydia Trahan.

Les activités proposées à Sherpa favorisent la mixité sociale puisque tous les citoyens, peu

© Pascal

Lévesque

Sherpa organise toutes sortes d’activités de groupe. Par exemple, lors de la première semaine de mars, des participants du centre se sont rendus à un café félin. Actuellement, Sherpa travailler aussi à développer son volet médecine alternative, qui comprend notamment des services de massothérapie à bas prix.

Une fois par mois, des cercles de parole sont également organisés pour permettre aux gens de discuter collectivement sur diverses problématiques. « Ce sont toutes des choses qui répondent aux besoins de création et d’expression de soi. On initie les gens à la communication consciente.

Lévesque

DES ACTIVITÉS POUR TOUS LES GOÛTS, ET TOUS LES BESOINS

Le jardin communautaire de Sherpa est situé sur le toit du bâtiment. Ici, une mini-serre qui fonctionne à l’année sert également de remise pour l’équipement de jardinage.

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LA QUÊTE

importe leur statut, peuvent y participer, comme La Quête a pu le constater pendant l’atelier de bricolage de macarons.

Bien entendu, le Centre n’est pas à l’abri des conflits entre locataires, mais selon Lydia Trahan et Marie-Claude Doucet, ceux-ci sont moins fréquents que dans d’autres milieux. « On est davantage encadré ici. Les résidents ont généralement droit à des intervenants qu’ils consultent selon leurs besoins », explique Mme Doucet. « Nos interventions sont axées sur les forces des gens. C’est la philosophie du rétablissement et du développement du pouvoir d’agir », précise Mme Trahan. Les employés de Sherpa se voient d’ailleurs davantage comme des agents de développement de la participation citoyenne que des intervenants sociaux et visent avant tout à offrir du soutien collectif, dans un milieu de vie citoyen.

PASCAL LÉVESQUE

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VOISINAGE EN PROVERBES

En matière de voisinage, les enfants peuvent être à la fois ambassadeurs, espions et saboteurs, selon ce qu’ils entendent à la maison et observent autour d’eux. Et sans ces agents de liaison, la plupart des gens ignorent tout de leurs voisins et ne s’en portent habituellement pas plus mal.

Dans la tradition asiatique, en Chine et au Vietnam, on recommande même de choisir le voisin avant la maison. En Afrique du Nord, celui qui vit en bordure du désert observe : « Un voisin proche vaut mieux qu’un frère éloigné », mais aussi : « Il vaut mieux, voisin, que tu sois chez toi et moi, chez moi. »

Bien sûr, avec le temps les visages deviennent familiers, on reconnaît les voitures, se salue dans la rue, échange quelques mots et finit par se présenter. Mais à moins d’appartenir à la race de ceux qui savent fraterniser et trouvent le temps et l’énergie de le faire, on ne connaît pas ses voisins; c’est réciproque et perçu comme normal. Jusqu’au jour où un enfant vient briser la belle indifférence : une balle perdue, une vitre brisée, une imprudente curiosité et tout peut changer. L’incident comblera le fossé des générations ou le creusera davantage.

À quoi sert une sagesse dont personne ne tient compte?

Surtout à ce moment de l’année où la bougeotte commence à travailler les gens qui jonglent avec l’idée de déménager. Dans le répertoire québécois contemporain, Réjean Ducharme a écrit un texte que Robert Charlebois a mis en musique et confié à Pauline Julien. « J’sais pas si j’vas déménager ou rester là... ».

Un voisin n’est pas nécessairement un ami. Même pas du genre qu’on trouve sur les réseaux sociaux en demandant : « Veux-tu être mon ami? » Il peut même devenir source d’ennuis et de cauchemars : théâtre, télévision et cinéma s’inspirent souvent d’histoires de voisins qui ne s’entendent pas. Ou qui s’entendent trop bien jusqu’au jour où... Ce qui donne du matériel parfois amusant à regarder, mais dans la vraie vie, ces conflits n’ont rien de drôle. Sauf pour les avocats qui en font leur objet de pratique. Les histoires de clôture du père Gédéon de Roger Lemelin restent d’actualité même au XXIe siècle, et souvent en bien plus tragiques.

La sagesse populaire a constitué tout un catalogue de proverbes sur l’art de vivre avec ses voisins. Et souvent, sur une même question, les avis s’avèrent contradictoires. Prenez les clôtures (et les murs) : aux États-Unis, bien avant M. Trump, on disait qu’une « bonne clôture fait de bons voisins ». Ce qui se traduit en France par : « Qui a bons voisins n’arrache pas la haie. » Dans les deux cas, ça se discute, mais, chose certaine « il n’est point de terre sans voisin ». Alors dans les Balkans on dit : « Tiens ta porte fermée et tu rendras la voisine muette. » Va pour le principe, mais la pratique comporte ses risques...

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Les auteurs font le tour de la question avec humour, à partir de leurs expériences de baby-boomers montréalais, mais leurs observations restent valables partout dans le monde. « Un tien vaut mieux que deux tu l’auras » nous répétaient nos mères en ajoutant : « Qui choisit prend pire. » La chanson évoque aussi une réalité à laquelle on ne pense pas quand on croit avoir trouvé l’adresse idéale : les voisins. Bruyants : « Le stéréo d’la gang d’en-haut (...) enterre ma télévision... » ou intolérants qui piquent une colère « quand les deux chats creusent des trous dans leur parterre... ».

Simple citoyen solitaire heureux de l’être ou bruyant militant solidaire de toutes les causes peuvent se retrouver dans la peau de celui dont les petites manies énervent ses voisins. Ou de celui qui est agacé par celles des autres. Les autres, c’est aussi nous autres, imprévisibles et charmants, serviables, égoïstes, égocentristes et intolérants.

Les Chinois disent : « Si un chapeau te blesse, ne l’enfonce pas sur la tête de ton voisin. » Au pays des frères Stastny, on avance : « Les bons voisins augmentent la valeur de ta maison. » Moi, je préfère croire, comme en Allemagne : « Qui ouvre la main la fait ouvrir à son voisin. »

LA QUÊTE

MARTINE CORRIVAULT MAI 2018

TROIS GÉNÉRATIONS SOUS UN MÊME TOIT Depuis 1998, la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme autorise les municipalités à octroyer des permis pour la construction de maisons intergénérationnelles ou l’ajout d’un logement intergénérationnel à une propriété déjà existante. Bien qu’elle ne corresponde pas à la norme dans le paysage immobilier actuel, certains Québécois, dont Samuel Auger, sa conjointe et ses beaux-parents, ont choisi de se tourner vers cette forme de cohabitation.

avec ses propres biens, alors qu’on était en mesure de partager », explique-t-il.

Leur réaction à sa proposition s’est d’ailleurs avérée positive.

Au printemps 2013, comme les maisons en vente ne répondaient pas aux besoins de la famille élargie, celle-ci s’est plutôt tournée vers un projet de construction. « Nous étions insatisfaits des propositions sur le marché. La

© Courtoisie Charles O'Hara photographe

Depuis l’été dernier, Samuel Auger est le fier copropriétaire d’une maison intergénérationnelle, dans laquelle il vit avec sa conjointe, ses enfants et nuls autres que ses beaux-parents. Bien que tous y résident depuis moins d’un an, ce projet d’habitation, réalisé en Une maison, deux familles. collaboration avec l’équipe de TERGOS Architecture + meilleure solution pour nous était donc Constuction, n’a pas été de tout repos de construire de A à Z en fonction de nos propres besoins », relate-t-il en expour la famille. pliquant qu’ils ont tous eu un coup de « Le projet a cheminé pendant des an- cœur pour le terrain sur lequel est bâtie nées avant d’en arriver au résultat final. leur maison actuelle.

Encore aujourd’hui, je suis en constante communication avec l’équipe de TER- M. Auger souligne la contribution exGOS pour la finalisation de certains ceptionnelle de l’équipe d’architectes de détails », rapporte M. Auger, qui se dit chez TERGOS, qui en étaient eux aussi somme toute satisfait de l’ensemble du à leur première maison intergénéraprocessus entourant la construction sa tionnelle. « La maison est construite sur nouvelle résidence de 3 990 pieds carrés, mesure pour nous. Elle est belle, fonctionnelle et c’est exactement le reflet de à Stoneham. ce qu’on voulait », se réjouit-il.

UN VÉRITABLE PROJET DE VIE LE MOT D’ORDRE : INTIMITÉ Il y a quelques années, Samuel Auger lance l’idée d’une maison inter- La réalisation d’un tel projet familial ne générationnelle à sa conjointe et à ses doit toutefois pas être prise à la légère, beaux-parents. Bien qu’il se considère explique Manon Boulianne, professeure comme la personne extérieure à la fa- titulaire au Département d’anthropolomille, M. Auger a toujours entretenu une gie de l’Université Laval. Elle mentionne relation harmonieuse avec les parents de deux inconvénients principaux soulevés sa conjointe. « Je ne trouvais pas ça per- par les participants d’une étude menée tinent que chacun ait son propre terrain sur la cohabitation intergénérationnelle,

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LA QUÊTE

« Oui, nous vivons sous le même toit et avons une adresse commune, mais eux vivent à droite et nous, à gauche » ~ Samuel Auger à Québec, en 2003 et en 2013. Le premier de ces inconvénients est la perte d’autonomie parfois liée au vieillissement, laquelle peut entraîner une charge de travail supplémentaire pour les co-résidants. Le second défaut de ce mode de vie réside dans le manque d’intimité.

Pour M. Auger, il était très important que tous, à savoir lui, sa conjointe, ses enfants et ses beaux-parents, conservent leur intimité. C’est la raison pour laquelle la maison est pensée de manière à ce que chaque couple possède un salon, une cuisine et une terrasse privée. « Oui, nous vivons sous le même toit et avons une adresse commune, mais eux vivent à droite et nous, à gauche », précise-t-il.

Le grand défi de Samuel Auger et de sa conjointe est maintenant d’enseigner le respect des autres et de leur intimité à leurs enfants de 2 et 5 ans. « Je crois cependant qu’avec notre chien, ce sont les plus grands gagnants de notre mode de vie. Mes beaux-parents sont très présents pour mes enfants. Ça fait une vie qui est animée », raconte le jeune père.

De son côté, Mme Boulianne est partagée quant à l’avenir de la cohabitation intergénérationnelle. « L’individualisme est très fort au Québec, de même que la volonté d’indépendance financière et émotionnelle. Cette formule résidentielle n’est pas faite pour tout le monde et, je pense qu’elle demeurera marginale », conclut-elle.

JASMINE DESROCHERS

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JARDINS SOLIDAIRES

JARDINER ENSEMBLE POUR MIEUX SE CONNAÎTRE

© Craque-Bitume

Après mes études, j’ai déménagé en ville. J’ai habité deux appartements dans lesquels il était pos-

sible de faire pousser quelques herbes sur le balcon. Mais, à l’ombre des autres blocs appartements, le temps d’ensoleillement était trop court et la récolte n’était pas très abondante.

Les années ont passé et j’ai eu un enfant à qui j’ai eu envie de montrer la provenance des aliments. Nous avons déménagé dans un endroit où il y avait une cour arrière, cette fois-ci. Nous

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avions désormais la possibilité sont mises de l’avant et les tâches de faire pousser quelques fruits sont attribuées selon les intérêts et légumes à la maison, mais il ainsi que les capacités de toutes et manquait encore un petit quelque de tous. Ce sont des milieux d’apchose pour recréer l’ambiance prentissages à la fois inclusifs et d’antan. Mais que manquait-il? Les voisins! En réalité, des voisins nous en avions. Beaucoup.

Mais avec l’anonymat qui vient avec la ville, ce sont les occasions de rencontres qui se font rares. Des occasions pour parta- Le jardin de La Nef. ger nos récoltes, faire des soupers sympathiques. Peu importe votre BBQ en commun pendant que les âge, votre origine, vos capacités, enfants jouent, avoir des conver- vos connaissances : vous êtes les sations « de clôture ». Cet, été bienvenus! pour remédier à la situation, nous avons envie de MARIE-MICHÈLE GAGNON prendre part à un jardin collectif. Je Chargée de projet pense réellement pour Cultiver la solidarité que la nostalgique 418 523-4580 en moi sera servie! jardinsolidaire@craquebitume.org

© Craque-Bitume

J’ai grandi en banlieue. Mes souvenirs d’été préférés incluent : jouer à la tague ou à la cachette avec les voisins, puis manger de la rhubarbe fraîche comme collation ou encore arracher une carotte au passage entre deux saucettes dans la piscine, faire la tournée des maisons et goûter à tous les piments afin de déterminer qui avait les plus piquants dans son jardin. Je ne m’en rendais pas compte à cette époque, mais c’était la belle vie! Avoir des voisins qui sont aussi des amis et de l’espace pour jouer tous ensemble pendant que les parents jasent, c’était vraiment un luxe.

Les jardins collectifs ne sont pas seulement que des terres à cultiver et de bons légumes frais à récolter. Ce sont surtout des lieux de partage et de rencontre. Les forces de chacun y

Il y a plus d’une douzaine de jardins collectifs dans la ville de Québec et plusieurs sont en période de recrutement.

C’est le bon moment!

COLLECTIF OU COMMUNAUTAIRE? Alors que dans le jardin communautaire chaque jardinier cultive son propre lot, dans le jardin collectif tout est fait en groupe : du choix des semences en passant par l’entretien, l’arrosage, le désherbage jusqu'au partage des récoltes.

L’accès aux jardins collectifs est plus facile et rapide qu’au jardin communautaire où les délais pour obtenir un lot peuvent être longs.

LA QUÊTE

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© Madeleine_Aubin_BD mai 2018

MA... NON, MON VOISIN !

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LA QUÊTE

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MON VOISIN, C’EST UN AMÉRICAIN! Savez-vous qu’il est possible d’être au même moment aux États-Unis et au Canada, et ce à moins de trois heures de route de la ville de Québec?

En effet, il est possible de se trouver dans les deux pays en même temps quand on se tient sur le petit pont international qui relie Pohénégamook, du côté du Québec, à Estcourt, chez nos voisins du Sud. Lors de sa construction, en 1906, les gens ignoraient qu’une extrémité de ce pont était du côté américain.

perspectives d’emploi de leurs enfants, de nombreuses femmes canadiennes habitant dans des régions frontalières allaient accoucher aux États-Unis, afin que leur bébé puisse avoir leur double nationalité.

UN TERRITOIRE PEU HABITÉ, MAIS ÉTROITEMENT SURVEILLÉ Si les gens connaissent généralement les limites territoriales, marquées par la rivière, les montagnes et aussi par une borne frontalière, tous ne sont cependant pas au courant de l’étroite surveillance qui s’exerce à la frontière.

TRAVERSER OU NE PAS TRAVERSER? Ceux et celles qui désireraient passer par Pohénégamook pour se rendre dans le Maine lors de leurs prochaines vacances estivales seront probablement déçus. « Du côté américain, il y a pas grand-chose, à part un poste d’essence et des champs », explique Suzanne Bouchard. En effet, la plupart des gens qui traversent le font pour travailler dans la coupe de bois.

© Courtoisie Ville de Pohénégamook

C’est pour cette raison que les heures Il n’y a pas que le pont qui ched’ouverture de la douane sont resvauche la limite territoriale, des treintes. Comme on peut effectimaisons aussi sont construites sur L’un des neveux de Suzanne Bou- vement le constater sur le site de la frontière. Comment savoir si une chard possède un chalet aux États- l’Agence des services frontaliers, elle adresse est canaest ouverte de 9 h dienne? Selon la à 17 h, en semaine loi, il peut y avoir seulement. Quand jusqu’au tiers de la les barrières sont maison aux Étatsfermées, il n’est Unis si les deux pas possible de tiers restants sont passer… sauf exau Canada. « Si la ception, comme le maison est canamentionne Mme dienne, la porte Bouchard. « Oui, il d’entrée sera du y en a qui peuvent côté canadien et traverser… pour non américain », de la contrebande, précise Suzanne par exemple ».

Bouchard, adjointe administrative au Pohénégamook Service des loisirs entretient tout de de la ville de Pomême de bonnes hénégamook. Bien Lors de sa construction, en 1906, les gens ignoraient qu’une extrémité de ce relations avec que l’idée de pos- pont était du côté américain. ses voisins, assuséder un bâtiment situé dans deux Unis. Elle raconte qu’un jour, les rant même certains services publics, pays puisse paraître intéressante, douaniers américains l’auraient ap- comme le déneigement des rues, aux il faut savoir que les propriétaires pelé pour lui demander s’il y avait résidences situées aux États-Unis. Sedoivent payer à la fois les taxes fon- séjourné dans les derniers jours, ce lon Suzanne Bouchard, la présidence cières des deux municipalités. qui n’était pas le cas. « Les douaniers de Donald Trump n’a en rien détéaméricains ont expliqué à mon neveu rioré le climat de bonne entente qui Voici une petite anecdote historique que grâce aux satellites, ils étaient en règne entre les deux municipalités. racontée par Mme Bouchard : au mesure de voir s’il y avait des gens tournant des années 1950, les gens qui avaient traversé la frontière illéVICKY PLOURDE avaient besoin d’un visa pour aller galement […] Par le fait même, ils travailler de l’autre côté de la fron- ont constaté que deux intrus rôdaient tière. Dans le but d’augmenter les près du chalet de mon neveu ».

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LA QUÊTE

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VIE DE QUARTIER À BOSTON

Raphaël Arteau McNeil est aujourd’hui professeur en philosophie au Cégep Garneau. Bien content d’être revenu vivre au Québec avec sa famille, il demeure fasciné par certaines des choses qu’il a observées lors de son séjour dans le quartier de Brighton (aussi appelé Allston-Brighton), à Boston. « Une chose qui m’a frappé, c’est que les États-Unis, c’est diversifié », dit-il.

On ne peut donc pas généraliser le comportement des habitants d’une ville, ou même d’un quartier, à l’ensemble des Américains.

Mais c’est justement l’importance des quartiers qui fait la spécificité de nos voisins du Sud, croit Raphaël Arteau McNeil. Les quartiers sont moins centralisés que ceux de la ville de Québec, selon le professeur, un peu comme avant les fusions du début des années 2000. « Beaucoup de monde aux États-Unis choisit le quartier qu’il habite en fonction de l’école », mentionne-t-il.

Par exemple, acheter la maison la moins chère d’un quartier riche permet aux enfants de fréquenter une bonne école, donc d’accéder à une meilleure éducation.

Le recyclage est un autre exemple qui illustre bien le caractère particulier des quartiers aux États-Unis. « Les gens de l’autre quartier payaient des taxes pour le recyclage que nous on MAI 2018

ne payait pas. Le recyclage arrêtait au coin de notre rue », précise Raphaël Arteau McNeil. Il devait donc partir avec ses objets à recycler pour les déposer dans les bacs de la rue voisine, là où commençait l’autre quartier.

UNE PRISE EN CHARGE COLLECTIVE DES TOUT-PETITS L’autre différence fondamentale est la manière dont les parents doivent s’organiser pour s’occuper de leurs enfants. Grâce aux subventions, les parents du Québec peuvent généralement se permettre d’envoyer leurs enfants à la garderie durant la journée, ce qui facilite la conciliation travail-famille. « Au Québec, la semaine, de jour, les parcs sont vides », soutient Raphaël Arteau McNeil. Au contraire, « les parcs publics à Boston étaient remplis d’enfants et de parents, même les journées de semaine », affirmet-il. Cela s’explique en partie par le coût faramineux des garderies, impossible à assumer pour la majorité des parents. Concilier la garde des enfants et l’horaire de travail est donc plus difficile pour les Bostonnais. Parfois, un ou deux parents désignés prennent donc congé pour s’occuper des enfants de tout le monde.

UNE PORTE D’ENTRÉE C’est pourtant cette situation particulière qui a permis à Raphaël Arteau McNeil de s’intégrer dans son quartier : « Au parc du coin, on a rencontré beaucoup de monde.

C’est là qu’on a fait des contacts et qu’on a vu la vie de quartier ».

En effet, les parents doivent se rassembler et planifier des activités, explique-t-il. « Il y avait beaucoup plus d’initiatives individuelles ».

© courtoisie Raphaël Arteau McNeil

Les États-Unis sont l’un des plus grands pays au monde, et aussi l’un des plus cosmopolites. Cette diversité est bien visible à Boston.

Cette ville célèbre, l’une des plus importantes du pays, est une destination prisée des Québécois en visite au sud de la frontière. Raphaël Arteau McNeil y a vécu durant deux ans pendant ses études de doctorat au Boston College. Il nous raconte son expérience du voisinage bostonnais.

Raphaël Arteau McNeil

enfant à quoi que ce soit à Boston, mais qu’ils se sont rapidement ramassés dans un groupe.« Les parents venaient nous parler » dit-il en ajoutant que leur enfant leur a « permis de rentrer dans la gang des jeunes parents de notre coin ». Selon le professeur, cela s’explique par l’absence de ressources publiques, comme un service de garderie gouvernemental, qui force les gens à s’organiser entre eux.

Raphaël Arteau McNeil a aussi constaté avec un certain étonnement l’importance encore immense de l’Église dans la vie de quartier aux États-Unis. Et Boston ne fait pas exception à cette règle.

Là-bas comme ailleurs, les gens se retrouvent dans les lieux de culte pour socialiser ou organiser des activités caritatives.

Tous ces facteurs contribuent à différencier nettement chaque quartier. « La vie sociale citoyenne aux États-Unis est plus riche, mais elle est très quadrillée », conclut-il.

ANTOINE GRENIER

Il mentionne même que lui et sa femme n’ont jamais inscrit leur LA QUÊTE

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LES VOISINS DÉFINITION

ATTITUDES ET COMPORTEMENTS

© Archives WEb

Au lieu de vivre dans une cellule qu’on appelle aujourd’hui familiale, les êtres humains vivaient plus sécuritairement : en bourgade chez les Indiens d’Amérique, l’espace qu’ils occupaient était préservé par une palissade en pieux de bois; en bourg dans certains pays d’Europe, principalement en France et en Allemagne où sur une étendue de dimensions diverses, l’espace est constitué d’un château fort en pierre installé sur un monticule plus ou moins haut et entouré de maisons, également en pierre, cernées par une muraille défensive en pierre parfois munie de canons pour rendre le tout plus sécuritaire; en tribu, principalement en Afrique, dans certaines îles, et aussi en Amérique où les points de défense n’étaient pas absolument nécessaires; en clans, plus ou moins grands, ces regroupements occupent des espaces géographiques ayant des défenses naturelles, terrain ou rocher plus ou moins accessible, île ou presqu’île comme l’Écosse, terre de prédilection pour les Clans. Tous ces systèmes de protection ne garantissaient pas nécessairement une paix durable, mais une certaine sécurité. Il en est de même pour ceux qu’on appelle les voisins aujourd’hui.

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LES MODES DE VIE

Quelle est la meilleure attitude à adopter avec un voisin? Vous n’êtes pas obligés de prendre mes conseils, mais selon moi la chose la plus importante est le respect. Il a son territoire, vous ppe Bo uch avez le vôtre, chacun est maitre sur ard son territoire, vous n’avez pas à lui dire quoi faire, et il n’a pas d’ordre à vous donner non plus. Donc pas d’intrusion, ni de critique dans son mode de vie. Il doit y avoir en tout temps réciprocité. La politesse est toujours de mise. Dans des situations de proximité, certains deviennent des amis et d’autres affichent l’aspect contraire.

Il ne faut jamais oublier que certaines personnes peuvent s’enflammer plus facilement que d’autres, soit par intolérance, susceptibilité, émotivité, ou toute autre raison valide ou non. Il faut avoir un minimum de psychologie ou du moins assez pour comprendre l’être humain, et être capable d’accepter ses faits et gestes. Surtout ne jamais juger, mais essayer de comprendre. Un vieux proverbe dit : « Quand on est à Rome on fait comme les Romains. » Si vous êtes chez votre voisin, vivez comme lui, et s’il est chez vous, il se doit d’accepter votre mode de vie. C’est simple mais efficace.

Selon les circonstances, développer des comportements qui cultiveront la paix et éviteront le pire. : isie rto Cou

Les voisins, comme ce mot l’indique, signifie une certaine proximité. Il peut se dire de deux terrains habités, mais aussi de deux villages qui se suivent, et même de deux pays partageant une même frontière. Ce mot n’a pas toujours existé; il se manifeste dans la langue française vers l’an 1180 et il sera de plus en plus employé au fil de la croissance des populations. Qu’en était-il auparavant? Le mode de vie était différent.

EXPÉRIENCE PERSONNELLE Je n’ai jamais eu de difficultés avec mes voisins, et même si je remonte dans le temps j’ai même de très bons souvenirs. En voici un en exemple qui date de ma tendre enfance.

J’avais à peu près trois ans. Je me suis rendu auprès de ma mère pour lui demander pourquoi j’avais un nombril et que mon ourson n’en avait pas ? Elle regarda l’ourson, en me disant : « C’est vrai, on va arranger cela. » En moins de temps qu’il le faut pour le dire, mon ourson avait subi une chirurgie et son ventre était muni d’un authentique bouton à quatre trous pris dans son tiroir à couture. J’étais fier de mon ourson qui était devenu mon égal. Prenant mon petit tricycle, je me suis empressé d’aller montrer la chirurgie que ma mère avait effectuée sur mon ourson à un ami de mon âge qui habitait la maison voisine. Ce dernier constata que son ourson lui aussi n’avait pas de nombril. Sa mère aussi le contenta en pratiquant l’opération demandée. Une photo fut tirée de cet évènement mémorable. Deux petits garçons sur leurs tricycles avec leur nounours dans les bras. « Tout le monde a son nombril » PHILIPPE BOUCHARD

LA QUÊTE

MAI 2018

CRÉ ALBERT, VA! Il faisait bigrement froid. Une de ces froidures typiques de janvier quand la neige durcie du trottoir crisse sous nos pas et quand, venant du fond de l’air glacé, les sons résonnent comme des notes de pur cristal.

C’était un lundi matin, et après une belle fin de semaine passée avec ma fillette, Camille, j’allais tout bonnement la reconduire à sa garderie, au cégep Limoilou. À l’exception peut-être d’une partie de son visage, Camille était bien emmitouflée, et la « petite chose » aimante était sagement lovée dans mon cou, comme c’était le cas à chaque trajet avec elle sur mes épaules. C’était « bapa » qui conduisait, et c’était bien ainsi.

Arrivé sur de La Canardière, une vieille guimbarde rouge s’arrête à ma hauteur et un Noir d’une quarantaine d’années en jaillit : – Monsieur, là… La petite fille, elle est gelée, elle a les joues toutes rouges…

– Non, mais, de quoi je me mêle? (Surtout toi, mon ami, qui viens probablement du Sud et qui n’y connais pas grandchose en matière de froid, pensai-je.)

Le gars s’approche, visiblement troublé, inquiet…

– Vous savez, si vous allez encore loin, je peux vous reconduire. La petite fille, là…

– Coudonc, ciboire! Monsieur, je le saurais si ma fille courait un danger. Et puis de quoi je me mêle, tab…

Interloqué, l’homme demeura un instant sur place, puis reprit le volant et le vieux tacot alla rejoindre le flot du trafic matinal.

J’étais fâché pas pour rire. Par deux fois, je vérifiai le visage de Camille qui ne disait mot, contrairement à son habitude.

Je dus pourtant admettre qu’elle avait les joues très rouges et très foncées. Beaucoup trop. Et si l’autre là, l’hurluberlu, avait raison? S’il fallait que ma fille souffre d’engelures et qu’elle en garde des séquelles?

J’eus peur et je me hâtai de gagner la garderie. Une fois sur place, on m’assura que tout était normal et que je n’avais plus à m’en faire. Pourtant… J’avais eu si peur.

Au retour, je m’en voulais d’avoir été négligent, mais surtout, je m’en voulais d’avoir été pris en défaut par un « pur étranger ». En même temps, j’étais honteux d’avoir perdu la maîtrise de moi, et aussi d’avoir eu un comportement à la limite de la grossièreté et du racisme. Moi, le militant, qui me croyais à l’abri de ce genre de comportement…

SE LE RAPPELAIT-IL, OU PAS? Quelques jours passèrent et un beau midi, j’aperçus dans le stationnement de ma coopérative d’habitation une voiture qui ressemblait étrangement à la bagnole rouge de La Canardière. En même temps, je me rappelai que nous devions accueillir de nouveaux membres.

Et s’il fallait que?...

Eh oui!!! … Foutu hasard, improbable coïncidence, malchance incroyable, coup du sort, clin d’œil ironique du destin, peu importe. Albert Kalimba, ce nouveau voisin de palier qu’on finît par me présenter, était bel et bien cet homme qui m’avait abordé deux semaines auparavant sur La Canardière.

Vous dire la honte, la gêne, la peur et le désarroi que j’éprouvai à serrer la main de cet homme qui me regardait avec un bon sourire, mais avec cette petite, toute petite lueur dans les yeux… Juste un mince et infime filet d’ironie, qui allait néanmoins enflammer mon imagination et gonfler ma paranoïa pour longtemps. M’avait-il reconnu? Me tenait-il rigueur de mon geste? Voulait-il me punir en me laissant dans le doute?

Allait-il m’en parler?

Albert Kalimba, né au Rwanda et ayant été élevé en Europe, s’avéra un voisin d’une rare et précieuse gentillesse. Sa générosité était proverbiale et ses conseils étaient fort courus parmi les membres de ma coopérative. S’il m’avait reconnu, il ne m’en parla jamais, et ne me manifesta non plus aucun signe d’hostilité. De mon côté, je ne trouvai jamais le courage de lui demander le fin mot de l’histoire. Au bout de deux ans, quand vint le temps pour Albert de retourner en Europe, parce qu’on lui offrait enfin ce poste de diplomate tant convoité, on décida de lui faire une petite fête…

Le prenant à part, ce soir-là, je trouvai enfin le courage de vérifier s’il savait.

– Te rappelles-tu, ce matin de janvier, sur La Canardière, quand un gars t’a quasiment engueulé parce que tu voulais simplement l’aider? Un gars qui transportait sur ses épaules une fillette aux joues rougies par le froid?

– Mais de quoi tu parles? Allez, Gilles! T’as trop bu, là…

Je n’avais pas trop bu. Et dans ses grands yeux, il y avait encore et toujours cette petite lueur qui dansait : « Est-ce je sais ou pas? Eh bien, devine mon gars… » J’y pense encore, surtout les matins d’hiver, quand il fait bien froid. C’est incroyable la peur… Comment ça peut faire de nous le raciste de quelqu’un ou de quelque chose…

Cré Albert, va!

GILLES SIMARD

MAI 2018

LA QUÊTE

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LE JEU DE LA QUÊTE LE JEU DE LA QUÊTE vérifié PAR JACQUES CARL MORIN par Jacques Carl Morin et Ginette Pépin

CE REMPLIR RANGÉES HORIZONTALES AINSI LES COLONNES ET 20des CeJEU jeu CONSISTE consiste àÀremplir lesLES rangées horizontales ainsi que lesQUE colonnes 1 et 20 à 1l’aide Àdéfinitions, L’AIDE DESindices DÉFINITIONS, INDICES OU LETTRES MÉLANGÉES OU DÉJÀ INSCRITES. CHAQUE ou lettres mélangées ou déjà inscrites. Chaque case grise représente une CASE UNE LETTRE ESTmot À LAetFOIS LA DERNIÈRE D’UN MOT ET lettreGRISE qui estREPRÉSENTE à la fois la dernière lettreQUI d’un la première lettreLETTRE du suivant.

LA PREMIÈRE LETTRE DU SUIVANT.

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VERTICALEMENT Verticalement ::

5- Écrire de mauvais vers (ALLIREMIR). Disposer des choses dans un ordre déterminé. Cylindre utilisé pour aplatir.

1- Histoire écrite de la vie d’une personne.

1- Histoire écrite de la vie d’une personne.

20- Tombée de la nuit.

6- Coulée de neige. Électrocardiogramme. Émission vocale spontanée du nourrisson.

20- Tombée de la nuit.

HORIZONTALEMENT :

Horizontalement :

7- Hachis à base de purée de pommes de terre et de viande de bœuf hachée. Qui manifeste des hésitations (NITTEREC). Poudre.

1- Oie sauvage à bec court (CREHANBE). Exigu.

1- Brochure de propagande.

Peur, frousse.

Oie sauvage à bec court (CREHANBE).

Exigu. Brochure de propagande. Peur, frousse.

2- Mordant, caustique. Liquide (UFDELI).

2- Mordant, caustique. Liquide (UFDELI).

Mutiler (IPORRETES).

Mutiler nage(IPORRETES). de Jean-Michel Anctil.

3- LeLe O » ONU. dans ONU. Célébrité, 3- « O«» dans Célébrité, renommée (OIETTERON).

8- Actions répétées (ISTADHUEB). Numériser. Person-

9- Élément qui entre dans la composition d’un mets. renommée (OIETTERON).

État américain frappé par l’ouragan Harvey en 2017.

Qui est relatif aux astres.

4- *Global Positioning System*. Membre du personnel électoral. Flâneur. Régime québécois

4- Global Positioningparentale.

System. Membre du personnel d’assurance électoral. Flâneur. Régime québécois d’assurance parentale.

5- Écrire de mauvais vers (ALLIREMIR).

Cylindre utilisé pour aplatir.

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10- Affiche, pancarte. Opposé à rural. Annonce d’un événement qui s’est passé récemment. événement qui s’est des passé choses récemment.

Disposer dans un ordre déterminé.

LA QUÊTE

MAI 2018

PAR HÉLÈNE HUOT LA SAGESSE PROVERBIALE Que celui qui n'est pas content de son voisin recule sa maison. (Proverbe belge) Ta situation, ne la connaissent que Dieu et ton voisin. (Proverbe libyen) Ton voisin est ton miroir. (Proverbe géorgien) La poule du voisin nous paraît une oie. (Proverbe turc) Ne jugez pas un homme selon les paroles de sa mère, mais écoutez plutôt ses voisins. (Proverbe yiddish)

QUESTIONS DE BON VOISINAGE… 1. Les mots « voisin »et « vision » sont des anagrammes, c’est-à-dire qu’ils sont formés à partir des mêmes lettres.

Anagramme est un mot masculin ou féminin?

2. Les verbes « voisiner » et « avoisiner » peuvent être employés indifféremment. Vrai ou faux?

3. Dans la fable de La Fontaine, quel animal alla rendre visite à la fourmi sa voisine?

4. Une partie de scrabble? Déplacez les lettres et découvrez le mot de sept lettres (un adjectif synonyme ou antonyme de voisin) : ADINSTT; AEGNNT; CGINOUT; EEGILON; EIMNOYT. 5. Voir la paille dans l’œil du voisin et ne pas voir la poutre dans le sien : cette expression est tirée : a. des Pensées de Confucius; b. du Nouveau Testament; c. des Fables de La Fontaine 6. Au Québec, on peut avoir des fenêtres ou des portes à verre transparent donnant du côté d’un voisin à la condition de respecter la distance minimale de la ligne qui sépare son terrain de celui du voisin; cette distance est de : a. 1,5 m; b. 2,5 m; c. 4 m.

7. Des lieux circonvoisins sont situés : a. en cercle; b. loin du centre; c. aux alentours.

8. Baise-en-ville, vaudeville, vilenie, villa, village, villégiature : tous ces mots, sauf un, appartiennent à la famille étymologique du mot « voisin ». Quel est l’intrus?

QUI SUIS-JE?

À l’origine de toute science et de toute transformation du monde, il y a un code mathématique, grammatical, pictural ou musical.

Qui possède le code peut inventer, créer, échanger, communiquer, proposer ou imposer ses idées. (1998)

©Antoine Godbout.

Ce n’est pas le français québécois qui est à proscrire, c’est le français approximatif. […] Il n’y a rien de plus important, dans une société, que la maîtrise de la langue. Rien de plus nécessaire qu’un contrôle de la syntaxe. Rien de plus utile qu’un lexique adéquat.

J’attends de vos nouvelles…

Pour dire son mot ou donner un autre son de cloche, rien de plus facile, écrivez à hhgodbout@gmail.com.

Merci à vous ! Les réponses page 33

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LA QUÊTE

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MES VOISINS Mes voisins, c’est ma parenté. Nous jouons aux cartes tous les samedis et les dmanches, et nous soupons en famille. L’entraide pour moi, c’est nécessaire. On répare les outils ensemble comme la tondeuse et la souffleuse. Pour la bonne entente, il n’y a pas de problème car tout va bien. Nous faisons des épluchettes de maïs, des barbecues sur le patio les belles journées d’été. Mon épouse et moi faisons l’épicerie avec ma belle-sœur chaque jeudi parce qu’elle n’a plus d’auto. Ça fait plus de cinquante ans que nous sommes ensemble et il n’y a jamais de chicane.

Jean-Yves Jean-Yves suit des ateliers d’alphabétisation à l’organisme Le Coeur à lire.

LA QUÊTE EST DIFFUSÉE PAR TÉLÉPHONE VIA

Québec 418 627-8882 • Montréal 514 393-0103 • Ailleurs au Québec 1-877 393-0103

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LA QUÊTE

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Destin Ton visage si joli de curiosités,

Nous emprunterions le chemin des philosophes,

Tes yeux émeraude forêt,

On s’épaulerait pour se relever de nos catastrophes.

Je ne voudrais pas les effrayer

On cultiverait notre jardin avec ardeur,

Je voudrais les distinguer de plus près.

Et parfois, nous culminerions de petits bonheurs.

Je te choisirais bien,

Entre nous, amis,

Pour parti vers un nouveau destin,

Il y aurait belle harmonie,

Mais il faudrait que toi aussi tu le désires,

La paix n’est pas une utopie,

Cette commune aventure dans l’avenir.

C’est le plus beau des défis.

Duo d’intimité amicale,

Gaétan Duval

L’un de l’autre, nous prendrions soin, Et nous avancerions non en vain

© Archive Web

Sur une vie qui deviendrait peu banale.

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LA QUÊTE

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Un oiseau dans ma tête J’ai un oiseau dans ma tête Qui me fait dire des choses qui virevoltent Des choses qui changent Mon sens de l’orientation Quelquefois, je me retrouve Dans des endroits inconnus avec des inconnus Je penche toujours D’un bord ou de l’autre; c’est qui l’autre?

Je vois plein d’autres Mais, mon oiseau me parle de l’autre Celui à qui je parle au moment même Pourquoi, je le traite d’autre?

Mon oiseau me dit qu’il y a un chemin À traverser vers l’autre Pour que je sache, c’est qui Parce que je marche simultanément Par en avant et de biais

Le chemin le plus court Est d’écouter mon oiseau Pour qu’il me raconte l’histoire Jusqu’à la frontière où se retrouve l’autre Entre moi et chaque autre, il y a une frontière Qui se trouve dans mon cœur Et il suffit d’un battement Pour la traverser Et pour faire virevolter mon oiseau

© Clipart by AnimalsClipart.com

Julie Bellemare

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LA QUÊTE

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Être présent en absence Aimer à fondre en absence s’éclipser en lune sur les soleils peindre son souffle en soupirs à façonner sa souffrance d’empreintes de pas sur terre humide

Boire l’arôme de l’aurore

apprivoiser la vague du vide sur le rivage troué écrire sur papier de cœur jusqu’à danser la volupté des bleus de mers et puis, entrelacer l’aurore à capter l’éclaircie s’y blottir à savourer les blés caressants devenir sœur d’un chant d’oiseau Se lever suivre le bruissement du feuillage comme au jour d’un sentier inconnu Boire l’arôme de l’aurore à s’enivrer des pluies nocturnes se prélasser entre le ciel gris et la verte danse ombragée sur peau qui frissonne au plaisir de parfum de terre assoiffée et le vent se tait dans les taillis s’engourdit au son sourd de l’ondée il se peut que la pluie déverse la tendresse Renée Perron

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LA QUÊTE

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Dans ma coop!

Le propriétaire était un homme à la retraite qui avait beaucoup de difficultés à tolérer le bruit que faisaient mes enfants, qui étaient très jeunes à l’époque. Quand ils étaient trop bruyants, mon locateur prenait son balai et frappait avec le manche contre le plancher. Je me dépêchais alors de tranquilliser mes enfants. Je tolérais ces inconvénients parce que le loyer était très peu cher et que j’étais seul dans la maison pendant la moitié de l’année : mon propriétaire partait avec sa femme pendant six mois en Floride. Il y avait là une forme d’arrangement. Le propriétaire était rassuré que j’aie un œil sur la maison pendant ses absences prolongées. De mon côté, j’avais la paix jusqu’au prochain printemps.

Un jour, un sérieux incident s’est produit qui m’a toutefois convaincue de déménager. Des mulots avaient réussi à s’introduire dans les murs du sous-sol et ils faisaient des trous dans les armoires. Plutôt que de faire appel à des spécialistes, le propriétaire a décidé de régler lui-même le problème. Il a répandu du poison à différents endroits dans le logement, poison que les mulots ont consommé avant d’aller mourir entre les murs. Très vite, une odeur nauséabonde s’est répandue dans notre logement.

Pour la santé de mes enfants et la mienne, je me suis dépêchée de trouver un autre appartement. C’était une urgence.

Après cette expérience difficile, je suis devenue plus prudente et vigilante. Grâce à mes recherches et à La Vie qui a mis sur mon chemin des personnes aidantes et gentilles, j’ai eu la chance de trouver un beau logement dans une des Coopératives d’habitation de Québec. J’y vis encore actuellement. Dans notre coop, il existe un bel esprit de communauté et d’entraide entre voisins. Nous sommes

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© Archive Web

Dans ma vie de locataire, j’ai eu, la plupart du temps, de bons propriétaires et voisins. Mais, j’ai aussi connu une fâcheuse expérience quand j’ai loué un appartement au sous-sol d’une maison privée. J’en ai vu de toutes les couleurs avec le propriétaire qui habitait au rez-de-chaussée.

comme une famille en humanité, c’est-à-dire que, comme pour beaucoup de Québécois, ma famille immédiate, mes frères et mes sœurs, est toute dispersée dans différentes villes de la province.

Alors, mes voisins, membres de la Coopérative, m’offrent une alternative communautaire, familiale dans le sens d’humanité. J’ai compris et je vis ces belles valeurs depuis que j’y habite!

Bien sûr, comme dans toutes relations humaines, il y a parfois des malentendus, des commérages et des incompréhensions. Mais, je vois aussi tous les efforts qui sont faits pour établir un dialogue, régler les problèmes au fur et à mesure et respecter l’espace vital de l’autre. Nous comprenons que chacun de nous peut vivre des périodes difficiles, avoir des problèmes de santé, vouloir sortir de l’isolement et de la solitude. Je vois aussi de la bonne volonté et de grands cœurs qui n’hésitent pas à se rendre des services les uns les autres.

LA QUÊTE

Christiane Voyer

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Chant de la Terre

mon chant indigène et un pied après l’autre léger comme l’air lourd comme mon histoire qui appesantit mon pas qui m’empêche de marcher et m’empêche d’avancer dans ma vieille caboche indigne et déshonorée j’arpente la Terre qui est ma très noble ma très haute Mère ce matin j’ai parcouru cent lieues sous un franc et joyeux Soleil béni soyez-vous ô Père qui

nous prodiguez lumière et chaleur demain j’en courrai mille dans ma vieille tête de crotté dans ma tête aussi crottée aussi vieille que ma sainte mère la Terre louée soit-Elle dans vos hymnes et vos chansons dans vos paroles d’hommes humiliés paroles de terre, d’eau et de feu paroles d’éther et de bois sec pour le grand feu qu’on allumera lors de la grande fête qu’on me fera quand je rentrerai au foyer tout crotté avec ma vieille caboche toute cabossée et que dans le grand silence

de la forêt et de la nuit je me tiendrai bien droit sur le seuil et alors tout plein de joie

et de douleur humblement amoureusement gravement je saluerai les uns après les autres ma mère et mon père ainsi que mes frères et mes sœurs sans vous oublier vous mes vrais amis venus de je ne sais où venus de partout MAI 2018

© Archive Web

– aux Anciens

venus de chez eux de chez nous

de chez vous pour accueillir en dansant le vieux cabochon qui marche

depuis toujours dans sa vieille tête faite pour enjamber les vieilles histoires de fou du matin afin de marcher tout le temps de marcher tout son temps sur la Terre-Mère plus vieille que lui plus vieille que le colon et les cochons et les réserves et les fusils qui tuent plus vieille la Terre que tout ce fatras de turpitudes et de mensonges mes grands-pères m’ont parlé longuement ils m’ont raconté toute l’histoire tous les mots bout à bout les uns après les autres et j’ai compris j’ai compris oui qu’il me faudrait marcher marcher dans ma vieille tête pour me rappeler arpenter la Terre pour aller raconter à mon tour

juste après le grand salut

juste après la grande fête

autour du grand brasier raconterai-je seulement ce que

j’ai marché? ... ce que

je sais?

Jean Pierre

LA QUÊTE

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Beigne à la tarte au sucre, Jos Louis et cie

Tous les jours, je vais m’acheter un beigne ou un café au Saint-Henri. Le personnel y est vraiment génial.

Tout le monde est gentil avec moi. Chaque fois que je rentre, on me salue... Ils lisent aussi mes articles!

Il pourrait y avoir plus d’une succursale d’un café Saint-Henri à Québec. À Montréal, il y en a quatre.

Il y a quelques années, je suis allé visiter la maison de la famille Vachon, à Sainte-Marie de Beauce. C’était une visite guidée de groupe. Le guide nous a appris que la tarte au sucre a été le premier dessert que monsieur Vachon a commercialisé. Ensuite, il a sorti le Jos Louis. Les Vachon n’ont pas vécu très longtemps.

Sauf un membre de la famille, ils sont tous décédés très jeunes. Le guide nous a aussi fait visiter l’usine Vachon. Ça a été une belle visite parce que, tout au long du parcours, le guide nous expliquait comment vivaient les Vachon, comment ils ont créé une entreprise prospère et comment l’usine fonctionne maintenant. Avant que l’on quitte les lieux, selon la tradition qui remonte à l’époque de Rose-Anna, la femme de Joseph-Arcade Vachon, le guide nous a donné deux petits gâteaux chacun. Je les ai dégustés en pensant à ces fondateurs qui ont eu du flair.

SÉBASTIEN BEAULIEU

CAMELOT, RUE ST-JOSEPH

© Carole-Anne Beaulieu

Au Asthon, aussi, le personnel est très sympathique.

Ils sont très occupés et non pas nécessairement le temps de parler longtemps, mais ils sont gentils.

Au royaume des p’tits gâteaux Vachon

« Nicholas, du café Saint-Henri, m’a offert un café en attente. »

© Carole-Anne Beaulieu

Au café Saint-Henri, à l’intersection des rues Saint-Dominique et Saint-Joseph, il y a des cafés, des beignes et des soupes en attente. Pour ceux qui ne savent pas ce que sont les cafés en attentes, il s’agit de cafés payés, mais non consommés par des clients : ils les achètent pour les offrir à ceux qui n’ont pas assez de sous. Les jours où les ventes ne sont pas bonnes, il m’arrive de demander un beigne en attente au café Saint-Henri : leur beigne à la tarte au sucre est écœurant.

« Les beignes sont écœurants au Saint-Henri! »

Le billet de Sébastien « C’est de valeur en maudit que la ville ait investi des millions de dollars dans le centre Vidéotron et qu’il n’y ait toujours pas d’équipe de hockey. On n’a jamais ramené les Nordiques à Québec, alors il sert à quoi l’amphithéâtre? » « Faites attention, monsieur et madame Tout-le-Monde, la marijuana est un déclencheur. Si elle est légalisée, c’est juste parce que le gouvernement veut aller chercher de l’argent et, au bout du compte, ce sont les citoyens qui paieront pour tout ça. »

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LA QUÊTE

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Passion camions Salut, je suis un nouveau camelot de La Quête! Je vends dans le secteur de la traverse et j’ai aussi un permis de développement du territoire à l’intersection de la 41e rue et de la 1ere avenue à Charlesbourg.

Une de mes passions, c’est la machinerie lourde. Mon intérêt pour les pelles mécaniques et autres engins du genre remonte à mon enfance, plus précisément à mes douze ans, année où j’ai commencé à travailler sur la ferme de mon voisin, à Saint-Édouard-de-Lobtinière. Il me faisait transporter du foin, du purin et d’autres matières avec le Bobcat. Pendant deux ans, je l’ai aidé à divers travaux.

C’est là que j’ai pu conduire une pelle hydraulique ZX450 LC-3, d’Hitachi et un tracteur T7 de New Holland et un autre, un SX 135XC de marque Genie.

À ma sortie du Centre jeunesse, à 18 ans, et je me suis retrouvé à la Maison sous les arbres de Lévis. Cette maison est située près de L’Hôtel-Dieu de Lévis où il y avait un méga chantier. Ils étaient en train de construire le Centre régional intégré en cancérologie (CRIC). Je passais mes journées à regarder la machinerie, les deux grues à tour du modèle MCT de marque Potain, les pelles mécaniques — il y avait des Caterpillar, des New Holland, des Komatsu — et des 10 roues. J’aimais bien le Western Star. Ce camion, qui appartenait à Charles-Auguste Fortier inc., avait un beau look. Pendant trois mois, chaque jour, j’allais me

© Martin Lapointe

À 14 ans, j’ai dû quitter la campagne. Je me suis retrouvé au Centre jeunesse de Lévis où je suis resté pendant quatre ans. Pendant cette période, j’ai eu une seule occasion de conduire une machinerie lourde. Grâce à la compagnie Lafontaine Excavation inc., j’ai eu la chance de manœuvrer une pelle mécanique, accompagné du conducteur.

rincer l’œil à observer tout ça. Les gars du chantier me connaissaient. Ils m’ont laissé entrer sur le site à quelques reprises et m’ont fait visiter le chantier.

Par la suite, je me rendais à la traverse de Lévis où il y avait un autre méga chantier d’aqueducs. Lafontaine Excavation travaillait là aussi. Je me suis bien amusé avec le célèbre travailleur Baloney. Il est topman, c’est lui qui coupe, prépare et fournit les tuyaux à l’équipe. Il fait aussi des concours de graisse à tuyau : il sort deux pots de graisse à tuyau et c’est celui qui est le plus « beurré » qui perd. Ce n’est vraiment pas facile se laver quand on est tout graissé...

J’ai couru plusieurs chantiers de Lafontaine Excavation. Je suis allé à Sainte-Foy, dans Saint-Sauveur, etc.

J’écoute les scanners (balayeurs d’onde), alors je sais où les trouver!

Je vais avoir 19 ans bientôt. Entre vendre La Quête et courir les chantiers, il ne me reste pas grand temps. Quand j’ai une pause, je feed mes réseaux sociaux. Je me suis monté deux groupes publics sur Facebook : Construction Québec photo où je partage plein de photos et de vidéos des chantiers que je visite et Scanner Québec nouvelle, pour les photos et les vidéos de pompiers en action... parce que je cours les incendies aussi!

STEVE FOURNIER-DION CAMELOT, SECTEUR LA TRAVERSE

Steve Fournier-Dion

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LA QUÊTE

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Je me soigne J’ai des humeurs paradoxales.

J’éprouve des émotions qui semblent plus grandes que ma nature.

J’ai des états d’âme qui creusent le fond de mes abîmes.

Entre ma colère excessive et mon intense euphorie,

entre ma dépression pressante et ma sensation d’invincibilité, j’ai dû mettre une frontière chimique;

Une barrière entre l’homme et l’artiste.

Quelle souffrance d’avoir à tuer dans l’œuf tant de créativité pour éviter le désespoir profond qui en suit l’expression.

Ma vie n’est plus noire, ma vie n’est plus rose.

La vie est grise, d’un gris monotone.

Un gris qui m’ennuie, mais qui me permet de rester en vie, de sentir qui je suis :

Je suis bipolaire, mais je me soigne…

© Illustration: Vigno

Marc Émile Vigneault

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J’aime le vent de la nuit J’aime parler au vent qui pleure Pour qu’il puisse semer des mots sans heurt J’aime le vent quand il m’effleure C’est une caresse de douceur J’aime retrouver le vent la nuit Dans le silence de la forêt Si dense, vaste, pleine de duvet Vert sur un tapis de poésie J’aime le vent quant il me chante Humblement la chanson de l’enfant Si cristallin que ça m’enchante Il me dérobe un sourire franc J’aime, j’aime le vent aux cheveux Blonds d’enfant aux yeux bleus J’aime, j’aime le vent entier Car il sait me faire aimer Ce qui m’entoure, car j’aime le vent tout court Michel Bonnelly

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LA QUÊTE

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À TOUS NOS PRÉCIEUX PARTENAIRES !

PARTENAIRES OR • Centraide

1. Anagramme est un nom féminin.

2. FAUX. Ces verbes ont un lien de parenté mais ils n’ont pas tout à fait le même sens. « Avoisiner » (verbe transitif) signifie : être dans le voisinage, être proche de, ressembler. « Voisiner » (verbe intransitif) signifie : fréquenter ses voisins. Mais « voisiner avec » veut dire : être placé près de quelqu’un ou de quelque chose, sens qui se rapproche de « avoisiner ».

3. Il s’agit de la cigale dans la fable La cigale et la fourmi.

4. ADINSTT : distant. AEGNNT : tangent. CGINOUT : contigu. EEGILON : éloigné. EIMNOYT : mitoyen.

5. B. La parabole de la paille et de la poutre est mentionnée dans l’évangile de Luc (6, 41) et dans celui de Matthieu (7,3).

6. A. La distance est de 1,5 m.

7. Tous ces mots, sauf vaudeville, appartiennent à la famille étymologique de « ville », où l’on retrouve voisin, voisinage, voisiner, avoisiner.

8. A. Circonvoisin veut dire : qui est situé autour, tout près de, avoisinant, proche, voisin.

PARTENAIRES ARGENT

RÉPONSE Qui suis-je?

• CKRL FM 89,1

JACQUES GODBOUT, écrivain, journaliste et cinéaste québécois, né à Montréal en 1933.

• Impressions Stampa

PARTENAIRES BRONZE • Alcoolique Anonyme • Audiothèque • Intermarché St-Jean

PARTENAIRES INCONDITIONNELS (depuis plus de 5 ans !)

• Le Bal du Lézard

Auteur prolifique, Jacques Godbout s’est illustré dans plusieurs genres littéraires, de la poésie à l’essai en passant par le roman et la nouvelle; mentionnons en particulier Salut Galarneau, D’amour, PQ, L’écrivain de province, Lire c’est la vie. Il s’est illustré aussi au cinéma, signant notamment plusieurs documentaires remarqués. Il a remporté de nombreux prix littéraires et cinématographiques, chez nous Coulée de neige.Jacques Électrocardiogramme. et ailleurs6-dans le monde.

Godbout a étéÉmission honoré vocale spontanée du nourrisson. de plusieurs distinctions; il est notamment chevalier de 7- Hachis à base de purée de pommes de terre et de viande de bœuf hachée. Qui manifeste des l’Ordre national du Québec et officier de l’Ordre national hésitations (NITTEREC). Poudre. du Canada.

8- Actions répétées (ISTADHUEB). Numériser. Personnage de Jean-Michel Anctil.

9- Élément qui entre dans la composition d’un mets. État américain frappé par l’ouragan

Citation de Jacques Godbout, tirée du *Buffet, dialogue sur le Québec à Harvey en 2017. Qui est relatif aux astres. l’an 2000*, coécrit avec Richard Martineau, Éditions du Boréal, 1998, pp.

70-71. Photo : Antoine Godbout.

10- Affiche, pancarte. Opposé à rural. Annonce d’un événement qui s’est passé récemment.

• Maison Revivre

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RÉPONSES QUESTIONS DE BON VOISINAGE…

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40 ans de La Chaumine

Vous connaissez le débat sur le bruit présumé que fait l’arbre qui tombe au milieu de la forêt, sans témoin?

J’aimerais l’élargir à l’existence même de l’arbre.

Comment affirmer que celui-ci existe vraiment si personne ne l’entend naître, vivre et mourir?

Faire du bruit, prendre la parole, signifie d’abord qu’on existe. Je pense, donc je suis, donc je dis. Ce droit de parole est inégalement réparti dans la société. On entend certains points de vue, certaines personnes presque tous les jours et d’autres, pas du tout. Est-ce qu’un point de vue ou une personne mérite d’exister plus qu’un autre?

J’aimerais profiter du privilège d’avoir une tribune pour partager la voix des sans-voix qui résonnent au Relais La Chaumine depuis 40 ans. Un lieu, une aide, une écoute, cela résume assez bien cette ressource destinée aux personnes aux prises avec un problème de santé mentale.

40 ans d’histoire. Les anniversaires forcent les gens à faire des bilans. On regarde en arrière, on fait des prises de conscience. On regarde en avant, on détermine où on veut aller. Mais, je voudrais ici rendre hommage à toutes les personnes qui ont fait entendre leur voix à La Chaumine. Je veux les applaudir pour leur courage. Je veux les remercier pour leur confiance. Je suis consciente de la chance que j’ai d’être témoin de toutes ces existences si fragiles et si fortes à la fois. J’ai entendu des drames indescriptibles, des récits insensés, des histoires qui glacent le sang et des perles. Les perles sont des bouts de phrases, des expressions détournées qui agissent en sucrant l’amer, en polissant le rugueux. Débordantes de vérités, pleines de poésies, tapies au fond d’une souffrance infinie, elles relèvent de l’art.

À la Chaumine…

Lorsqu’il est question de désespoir,c’est qu’on n’arrive plus à dribler avec la vie.

Lorsqu’il est question d’égalité, c’est qu’il n’y en a pas un plus bas qu’un autre.

Lorsqu’il est question de secret professionnel, c’est parce que la confidentialité est plus forte que l’amour.

Lorsqu’il est question d’ignorance, c’est parce que si tu sais pas ce que tu sais pas, tu peux pas savoir.

Lorsqu’il est question des droits et recours à l’aide sociale, c’est plus compliqué d’être honnête que d’être malheureux.

Lorsqu’il est question de discrétion, les bouches ont des oreilles.

Lorsqu’il est question d’espoir, c’est qu’on voit la lumière au bout du tunnel.

Lorsqu’il est question d’épuisement, c’est parce qu’on est siphonné de la tête.

Lorsqu’il est question de résilience, c’est que ça ne nous dérange pas d’être au monde.

Lorsqu’il est question d’aboutissement, c’est parce que quand on meurt, c’est pour la vie.

Je regarde en arrière et j’entends le bruit sourd de toutes ces vies écorchées par la souffrance. Je regarde en avant et, malheureusement, j’entends toutes celles qui le seront à leur tour. Je crois que ce que La Chaumine a fait de mieux depuis 40 ans, c’est d’entendre tout ce bruit et d’écouter toutes les personnes qui sont venues y déposer une partie de leur peine. Dans 40 ans, je souhaite que leurs voix puissent se répandre partout sans subir de discrimination, de jugement ou de rejet. Je souhaite que tous les témoins de l’existence de ces sans-voix ouvrent toutes grandes leurs oreilles, même si ce qu’ils entendront sera différent, inhabituel ou encore éloigné de leur croyance. Je souhaite que tous les laissés-pourcompte et tous les arbres puissent être vus, entendus et reconnus pour ce qu’ils sont avec leurs blessures, leurs cicatrices, leurs feuilles et leurs perles.

Bon 40e anniversaire au Relais La Chaumine!

ARIANE GIROUX

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LA QUÊTE

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Hébergement

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Ensemble, derrière ce décor, nous multiplions les possibilités.

Nous tous, ici Merci à nos organismes et aux utilisateurs de leurs services d’avoir généreusement participé à cette publicité.

noustousici.ca