La quete numero 198 octobre 2017 c

4$ Le magazine de rue de Québec

No 198 Octobre 2017

DÉSAFFILIATION

- PARTAGER L’ESPACE PUBLIC - INTERVENANT OU ANTIHÉROS - DE MON ENFANCE À AUJOURD’HUI - MARGINALITÉ EN LIBRE EXPRESSION

© Isabelle Houde Installation : Gabrielle Bélanger S.V.P. n’achetez qu’au camelot portant un­e carte d’identification.

2 $ sur le prix de vente va directement au camelot.

Venez courir au profit des sans-abris Choix de trajet de 1km, 5km, 10km ou 15km Dimanche, 22 octobre 2017, de 7h30 Ă 12h30 Rassemblement pour le dĂŠpart devant la Nef (190, rue Saint-Joseph Est, coin Caron)

En savoir plus :

http://monsaintroch.com/activites-evenements/archipel-entraide/ courirauxabris/ Inscription : https://www.e ventbrite.com/e/inscription-courir-aux-a bris-22otobre-2017-35644113503

SOMMAIRE DOSSIER

POUR LE PLAISIR DE LIRE

DÉSAFFILIATION 09

Partager l’espace public

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De mon enfance à au jourd'hui

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Intervenant ou anti héros

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Floriane, la handicapée!

27

L’automne

27

Le cactus

Détours du refoulé

28

Le temps voleur

16

La peur

28

Le mépris des pauvres

16

Lover

29

Rêvé au petit matin

17

Libre expression

34

Anne Guérette : entrevue exclusive

19

Entre désaffiliation et (ré) affiliation

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De la base au sommet

©Michael Gosselin

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CHRONIQUES 08

Décrocheur social

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Une histoire de rue

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Histoire d'autobus

©Michael Gosselin

JEUX 23

Le jeu de La Quête

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La langue dans sa poche

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LA QUÊTE

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PAGE COUVERTURE Photographie : Isabelle Houde Installation : Gabrielle Bélanger Titre de l'oeuvre : Juste l'intimité qui me manque www.isabellehoudephotographe.com

RÉALISER L’ESPOIR Camelots recherchés

L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment donné Hey toi! de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés Tu as 18compte ans ou plus. pour cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, Tu veux te faire quelques dollars? etc.

Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné Travaille à ton compte. Pas d’horaire. à la vente - sur de la rue rue !par des personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête permet Vends le magazine La Quête ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu’à titre de travailleurs Pour plus d’informations autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, Appelle-nous au certain pouvoir sur leur vie. reprendre un

418 649-9145 poste 33 Ou L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également des Viens nous rencontrer au services d’accompagnement 190, rue St-Joseph Est (coin Caron)communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche logement par le biais de son service Accroche-Toit.

Dans l’église d’un Jacques-Cartier

Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots.

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UNE TRIBUNE POUR TOUS Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu. Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux.

Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) avant le 1er du mois pour parution dans l’édition suivante. La thématique de décembre-janvier : Hiver.

ÉDITEUR Archipel d'Entraide ÉDITEUR PARRAIN Claude Cossette RÉDACTRICE EN CHEF Francine Chatigny DIRECTRICE DE L'INFORMATION Valérie Gaudreau SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Isabelle Noël CHRONIQUEURS Martine Corrivault, Claude Cossette et Gilles Simard ORGANISMES PARTICIPANTS Comité Maison de chambres de Québec (CMCQ), Droit de cité, Projet L.U.N.E et Table de quartier L'EnGrEnAgE de Saint-Roch JOURNALISTE Réal Malouin AUTEURS Sébastien Beaulieu, Simon Bolduc, Michel Bonnelly, Michel Boudreault, Philippe Bouchard, Gaétan Duval, Floriane, Louis Gagnon, Renée Perron, Jean Pierre, Yves Potvin, Mathieu Rioux,Bernard St-Onge, et Christiane Voyer AUTEURS DES JEUX Hélène Huot, Jacques Carl Morin et Ginette Pépin RÉVISEURS Benoit Arsenault et Véronique Hardy ILLUSTRATEURS Louis Gagnon, Yves Girard,

FAIRE DES SOUS EN DEVENANT CAMELOTS Les camelots récoltent 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier.

Pour plus d’informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 31 Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l’unique magazine de rue de Québec.

PHOTOGRAPHES Isabelle Houde et Michaël Gosselin INFOGRAPHISTE Stéphanie Nolin IMPRIMEUR Les Impressions STAMPA inc.

418-681-0284 www.stampa.ca COPYLEFT La Quête, Québec, Canada, 2014 Ce document est mis à votre disposition sous un droit d’auteur Creative Commons « Paternité - Pas d'Utilisation commerciale - Pas de Modification 2.5 – Canada » qui, si ce n’est pas commercial, permet de l’utiliser et de le diffuser tout en protégeant l’intégralité de l’original et en mentionnant le nom des auteurs.

COUPON D’ABONNEMENT 10 PARUTIONS PAR ANNÉE Camelots recherchés

Nom: Adresse: Travaille à ton compte. Pas d’horaire.

Ville: Vends le magazine de rue La Quête postal: PourCode plus d’informations Appelle-nous au 418Date : 649-9145 poste 33 Ou

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Hey toi!

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Viens nous rencontrer au 190, rue St-Joseph Est (coin Caron) Dans l’église Jacques-Cartier

Téléphone: La Quête est appuyée financièrement par : Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI)

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65$ 80$ 90$

Journal La Quête

190, rue St-Joseph est Québec (Québec) G1K 3A7 Téléphone : 649-9145 Télécopieur : 649-7770 Courriel : laquetejournal@yahoo.ca

Financé par le gouvernement du Canada

LA QUÊTE

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MOT DE LA COORDO

DÉSAFFILIATION Pour la quarantaine d’organismes membre du Regroupement pour l’aide aux itinérants et itinérantes de Québec (RAIIQ), le mois d’octobre est marqué, depuis 16 ans déjà, par un événement réellement significatif : la Nuit des sans-abri (voir détails en avant-dernière couverture). Si ce moment est si important pour eux, c’est qu’il permet la rencontre entre le citoyen en quête de réponses sur le phénomène de l’itinérance et le citoyen qui, à un moment de sa vie, s’est retrouvé en difficulté, voire en situation d’itinérance. Être sans abri est « la manifestation la plus manifeste » de la désaffiliation sociale. Cette expression est empruntée au sociologue français Robert Castel, qui s’est beaucoup intéressé à la dynamique des processus de marginalisation. Il décrit cette dynamique comme « un espace social d’instabilité et de turbulences, peuplé d’individus précaires dans leur rapport au travail et fragiles dans leur insertion relationnelle. D’où le risque de basculement dans la dernière zone, qui apparaît ainsi comme une fin de parcours. C’est la vulnérabilité qui alimente la grande marginalité, ou la désaffiliation ».

En dehors de la théorie (!), des gens ont accepté de témoigner pour nous de ce que l’on qualifie de « marginalité ». Si certains, comme l’auteur de Détours refoulés qui promeut la dépendance, s’y maintiennent par refus d’adhérer à la société qui nous est offerte, d’autres, comme Sébastien Beaulieu, y sont contraints par un vilain hasard de la vie comme vous le lirez dans De mon enfance à aujourd’hui. Nous avons aussi demandé à des partici-

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pants à l'événement Parvis en Fête d’écrire spontanément sur ce sujet. Des petites perles en sont ressorties. À lire dans La marginalité : libre expression Par le biais d’organismes qui viennent en aide aux «désaffiliés», vous serez aussi initié à quelques-unes de leurs réalités quotidiennes : les tickets qui s’accumulent et la vie en maison de chambres.

De l’autre côté du miroir, il y a ceux qui travaillent avec les « marginalisés ». Demander à n’importe quel intervenant, il vous dira que son travail est une expérience humaine on ne peut plus enrichissante. Sauf que, parfois, la réalité qu’ils côtoient est juste trop difficile à absorber en toute neutralité. Au cours de sa carrière, l’intervenant accumule des couches d’émotions..., un aperçu dans Intervenant ou antihéros.

En espérant que ce numéro de La Quête soulève plusieurs questions dans votre esprit... et vous donne envie de venir chercher les réponses à la Place de l’Université du Québec, le vendredi 20 octobre, dès 16 h.

Bonne lecture!

FRANCINE CHATIGNY

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LA JOURNÉE DU CAMELOT

PHOTO : MICHAËL GOSSELIN

Le 21 septembre dernier, quelques camelots de La Quête ont accueilli des camelots d’un jour à leur point de vente.

De 11 h 30 à 12 h 30, ces tandems ont offert le magazine de rue aux passants. Nous remercions très sincèrement les participants qui, pendant une heure, ont bien voulu endosser le rôle de camelot et partager avec nous, après leur « quart de travail », leurs commentaires sur l’expérience.

PHOTO : MICHAËL GOSSELIN

Sébastien et Carole-Anne Beaulieu, intervenante auprès des camelots pour le projet Porte-Clés.

Dans sa main gauche, Sébastien tient le permis qu’il devait remettre à Mme Agnès Maltais, députée de Taschereau qui souhaitait participer à cette Journée du Camelot et qui a dû se désister à la dernière minute.

Jonathan et David Fillion Point de vente : Devant le Métro, rue Saint-Dominique

« C’est particulier comme expérience. Comme je ne suis pas une personne en difficulté et que je portais mon uniforme, je m’attendais à avoir un meilleur accueil des passants. Au contraire, je remarquais que certaines personnes se dépêchaient de sortir leur cellulaire pour éviter le contact visuel. Aussi, on remarque que la plupart des gens n’ont pas d’argent sur eux, mais ils promettaient d’acheter le magazine à leur sortie du commerce et respectaient leur promesse. Je croyais qu’on vendrait plus d’exemplaires, mais Jonathan m’avait préparé en me disant qu’il en vendait généralement 3-4, lorsqu’il se rend à son secteur de vente. L’activité a fait jaser parmi les policiers, car on reçoit souvent des organismes qui viennent parler de leur réalité pour sensibiliser nos équipes, mais, de voir “le boss” s’impliquer sur la rue, ça envoie certainement un message. » DAVID FILLION, inspecteur-commandant du poste de La Cité-Limoilou

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PHOTO : MICHAËL GOSSELIN

Nombre de magazines vendus par le camelot d’un jour : 1

Alexandre et Serge Roy Point de vente : Devant la caisse populaire Desjardins, rue Saint-Jean Nombre de magazines vendus par le camelot d’un jour : 1

« J’achète La Quête chaque fois que je suis à Québec, mais là, ça m’a donné une bonne idée de la relation que le came-

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lot a avec le public. Aujourd’hui, c’est très tranquille et il y a peu de gens. Ce qui me frappe, c’est de voir les gens détourner le regard, regarder de l’autre côté de la rue, et ce, même s’il n’y a rien à voir. C’est frappant. Je suis un peu habitué à ça, parce qu’avec Québec Solidaire, il m’est arrivé de distribuer des pamphlets pour alerter les gens sur des causes particulières.... C’est un peu la même chose quoique là je sens qu’il y a des gens qui ne veulent pas voir. Et je trouve cela extrêmement malheureux. Je suis un peu étonné de voir que les gens n’évoluent pas tellement, ne démontrent pas d’ouverture par rapport à une cause comme celle-là... »

PHOTO : MICHAËL GOSSELIN

SERGE ROY, co-porte-parole de Québec Solidaire

PHOTO : MICHAËL GOSSELIN

Yvon Bussières Point de vente : Devant la caisse populaire, Chemin Sainte-Foy Nombre de magazines vendus par le camelot d’un jour : 5

« Je tenais à être présente pour la communauté des différents acteurs du Journal La Quête. Ce sont des citoyens qui méritent notre attention et notre respect. Je lève mon chapeau à leur courage et à leur détermination. Ce fut pour moi une expérience enrichissante. Je remercie Réal pour son accueil et son accompagnement ainsi que tous les gens de la rue Cartier qui sont passés nous saluer amicalement! »

« Ce que j’ai aimé, c’est le contact avec le public, mais aussi d’être avec un camelot de La Quête (que je ne nommerai pas parce qu’il ne veut pas). Le fait d’avoir vécu l’expérience avec lui, il y avait comme une petite compétition entre le camelot d’un jour et le camelot de toujours... et c’est le camelot de toujours qui a fait le plus de vente! J’ai constaté que c’est une opération délicate qui ne doit pas passer pour de la sollicitation. Ça m’a aussi permis de dire que je suis camelot d’un jour, donc je suis d’accord avec la vente de La Quête sur la rue et il y a des camelots pour ça. Ça m’a permis de faire la promotion du magazine, de réaliser qu’il est bien accueilli et que les relations entre les citoyens et le camelot sont respectueuses ».

ANNE GUÉRETTE, chef de l’opposition officielle, Ville de Québec

YVON BUSSIÈRES, candidat indépendant dans Montcalm Saint-Sacrement

Réal et Anne Guérette Point de vente : Rue Cartier Nombre de magazines vendus par le camelot d’un jour : 4

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« DÉCROCHEUR… SOCIAL! »

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Il était une fois un lundi d’août. Ma conjointe et moi poursuivions une promenade à vélo sous un soleil radieux. Au bout de la piste de l’Université se trouve un banc de métal.

Parvenus à cet endroit, nous sommes stupéfiés et indignés. Étendu là se trouve un jeune homme : crasseux, mal rasé, vêtements défraîchis, pieds nus glissés dans des pantoufles de papier bleu, comme ceux de l’hôpital. Malaise?

Ivresse? Misère? Psychose? Décrocheur social?

DÉCROCHEURS SOCIAUX Faire face de manière inattendue à quelqu’un qui se comporte différemment est troublant. Je pense à ces personnes qui errent, à ces démunis — matériellement et souvent psychologiquement — qui se contentent de survivre, incapables de fonctionner dans les délicats rouages du système social. Ce sont des décrocheurs sociaux.

Il est difficile de comprendre ces personnes qui estiment que la vie est trop difficile à vivre dans notre système social, qui baissent les bras, renoncent, abandonnent.

Quand on n’est pas passé par là, il est impossible à imaginer le comment et le pourquoi de leur raisonnement, de leurs comportements. Comment, dans la force de l’âge, une personne peut-elle aboutir à la rue? Y manger, y coucher, y survivre? Parfois y mourir.

C’est souvent le résultat d’un long processus dans lequel un citoyen moyen, avec ses talents et ses défauts, est tiré vers le bas, marche par marche, jusqu’à cet enfer social où il n’y a plus de compagnon ou de compagne, puis plus de famille, plus d’amis, plus de relations. Et finalement, plus rien.

Ces personnes appartiennent alors à un autre monde, celui des marginaux. Elles font encore partie de la société, mais si le fil qui les retient au tissu social est effiloché ou cassé, elles n’y sont plus affiliées. Le sociologue Robert Castel recourt alors à l’expression « désaffiliation sociale » pour étiqueter le phénomène. De telles personnes sont alors si poquées qu’il devient quasiment impossible qu’elles réintègrent la société active. Pourtant…

Faites comme si j’étais pas là Moi, je bois sur mon banc Mon banc à moi, mon divan Moi, j’vis ma vie d’itinérant Or, rappelle l’écrivain Albert Camus dans son roman L’Étranger : « Tout refus de communiquer est une tentative de communication; tout geste d’indifférence ou d’hostilité est un appel déguisé. » « Quasiment impossible » de les réintégrer, ai-je écrit. Si c’est quasiment impossible, c’est que c’est possible, pensent un certain nombre de personnes compatissantes.

Il existe en effet des individus qui se consacrent à réinsérer dans le tissu social ces âmes égarées : ce sont les travailleurs sociaux, les pairs aidants et nombre d’autres intervenants… et aussi l’État social qui investit dans tout une panoplie d’organisations qui ont pour mission de soigner, de nourrir, d’héberger, de réorienter et de raccrocher ces décrocheurs.

Dans la ville de Québec, c’est le cas d’organismes du centre-ville comme Pech-Sherpa, L’Archipel d’Entraide et tant d’autres qui accompagnent ces personnes condamnées à vivre avec de multiples problèmes vitaux (santé mentale, tribunaux, toxicomanie, itinérance). On y travaille à ce que ces personnes trouvent une réponse personnelle et sociale à leurs besoins, qu’elles reprennent espoir et retrouvent le pouvoir d’agir sur leur vie.

Si ces organisations n’existaient pas, c’est toute une cohorte de nos voisins, de notre parenté peut-être, à qui l’on fermerait la porte de la solidarité, qu’on effacerait du paysage, qu’on laisserait partir à la dérive. Ces personnes sont comme nous; nous sommes comme eux. Nous faisons tous partie de la grande famille humaine. C’est pourquoi nous avons tous le devoir de raffermir notre fibre humaine — et d’agir en raccrocheurs sociaux.

CLAUDE COSSETTE

RACCROCHEURS SOCIAUX Dans la chanson L’itinérant, Éric Haché du groupe La Virée coupe la communication; il ferme la porte et tire les volets, vociférant : Regardez-moi même pas

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PARTAGER L'ESPACE PUBLIC

©Maxime Couillard

La revitalisation de l’espace public et la mixité sociale ont la cote. Constituant la trame de fond des changements urbanistiques de la ville de Québec, ces termes suggèrent que le réaménagement des lieux communs favorise la rencontre entre tous les groupes de citoyens. Nombreux sont ceux se réclamant de l’embellissement des quartiers, d’une vie de quartier renouvelée et d’un afflux touristique inespéré. Et pourtant, l’arrière-plan du décor laisse poindre l’exclusion sociale et la désaffiliation des plus vulnérables de notre société.

Dans les dernières années, rarement aura-t-on vu une telle difficulté d’accès à l’espace public pour les personnes marginalisées. La législation municipale de Québec, comme celle de la plusieurs villes canadiennes, pénalise des comportements quasi inévitables pour les personnes en situation d’itinérance.

Mendier ou solliciter, troubler la paix ou causer du désordre, dormir dans un parc, être en état d’ivresse et consommer des drogues ou de OCTOBRE 2017

l’alcool flâner : la liste des interdits frise la catastrophe pour plusieurs dont le nombre de « tickets » grimpe à un rythme effarant. C’est que la dette judiciaire cumulée par bon nombre de personnes marginalisées pour simple occupation de l’espace public atteint des proportions injustifiables — problématique à laquelle répond l’équipe de la Clinique Droit de cité. En effet, la plupart des personnes qui font une demande d’aide auprès de la CliLA QUÊTE

nique Droit de cité ont une dette judiciaire supérieure à 10 000 $ (en date d’aujourd’hui, la dette judiciaire la plus élevée détenue par un seul des participants de l’organisme en 2017 est de 17 003 $).

Une étude conduite en 2014 révèle que l’émission de constats d’infraction obéit à des stratégies d’intervention ciblées, et ce, relativement à la gestion de certains quartiers de Québec. À Saint-

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Roch et dans le Vieux-Québec, les revêt un caractère d’insécurité pour personnes marginalisées reçoivent bon nombre de personnes marginasurtout des contraventions pour lisées. ébriété publique alors que c’est Le mobilier urprincipalement la C’est que la dette judiciaire bain, normalesollicitation qui cumulée par bon nombre est pénalisée sur de personnes marginali- ment destiné à aux les grandes ar- sées pour simple occu- répondre tères comme la pation de l’espace public besoins courants passants, rue Honoré-Mer- atteint des proportions in- des cier. L’émission de justifiables[...]. La plupart s’inscrit désorcontraventions se des personnes qui font une mais lui aussi voit d’ailleurs lar- demande d’aide auprès de dans une logement exacerbée la Clinique Droit de cité ont gique d’exclusion lors du déploie- une dette judticiaire supé- à peine voilée.

Pensons notamment de grands rieure à 10 000 $. ment à la récente événements à caractère touristique. De fait, elle controverse entourant le retrait de contribue à l’intensification du bancs publics sur la 3e avenue dans phénomène de profilage social, soit Limoilou sous prétexte que ses ocl’existence d’un traitement diffé- cupants ne correspondaient pas rentiel basé sur l’appartenance à avec le cadre souhaité par certains une certaine classe sociale. commerçants. Si la voix de quelques citoyens avait poussé l’arrondisLa marge de manœuvre laissée sement à se rétracter et à modifier aux autorités dans l’application de ses pratiques, le mal était fait et la la réglementation municipale est symbolique, bien ancrée dans la vie contradictoire avec les objectifs de de quartier et les relations entre ses réinsertion sociale que visent di- habitants. L’interdiction de se trouvers programmes publics. En effet, ver dans un parc pendant la nuit et le cycle de la judiciarisation s’avère d’y dormir obéit au même raisonun véritable obstacle au maintien nement, à savoir l’encadrement resdes acquis économiques et sociaux trictif du mobilier urbain comme des personnes marginalisées. Sou- vecteur d’ordre public. La Commisvent, ces personnes ne savent plus sion des droits de la personne et des où en est leur dossier judiciaire, droits de la jeunesse concluait d’ailcraignant ainsi d’être emprisonnées leurs en 2011 que la fermeture des pour non-paiement d’amende à parcs la nuit crée une distinction tout moment. Du propre aveu d’un discriminatoire pour les personnes participant de la clinique Droit de en situation d’itinérance, alors que cité, « si tu vas étudier, tu risques le nombre de nouveaux logements de te faire arrêter, si tu vas travail- sociaux crée chaque année continue ler, tu risques de te faire arrêter, tu d’être insuffisant. as toujours un poids qui t’empêche d’avancer ». L’espace public, pour- Si les différentes stratégies de retant principal lieu de socialisation, vitalisation des villes font le pari

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d’un cadre urbain amélioré et d’un accroissement de la qualité de vie, l’exclusion graduelle des plus marginalisés de notre société se fait aux dépens de l’âme des différents quartiers. D’où l’amère impression d’assister au « balayage » de problèmes sociaux de plus en plus criants. Le ménage à faire, s’il y en a un, est ailleurs.

LÉA BOUTROUILLE Bénévole à la clinique Droit de cité et étudiante au baccalauréat en droit à l’Université de Montréal DROIT DE CITÉ La Clinique Droit de cité a pour mission d’accompagner les personnes marginalisées dans la régularisation de leur situation judiciaire ou dans la défense de leurs droits. L’organisme s’adresse aux personnes marginalisées qui sont judiciarisées, vivant dans la région de Québec ou ayant des dossiers judiciaires concernant la région de Québec, sans distinction d’âge ou de sexe. Le service d’accompagnement, qui constitue le socle de la Clinique, permet de répondre aux réalités spécifiques des personnes marginalisées à travers un lien de confiance essentiel. Il est également prévu pour les personnes qui ne sont pas rejointes ou ont des difficultés avec l’offre de service actuelle, et qui nécessitent un accompagnement afin de naviguer de façon plus optimale dans le système judiciaire ou les recours légaux.

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©Michaël Gosselin

DE MON ENFANCE À AUJOURD'HUI

Photo prise dans le cadre de la Journée du camelot, le 21 septembre dernier. Sébastien était l'un des quatre camelots réguliers participant. Il devait vendre avec la députée de Taschereau, Mme Agnès Maltais, mais les fonctions de cette dernière l'ont obligée à annuler sa participation à la dernière minute... ce qui explique le petit air déçu de Sébastien!

À la fin de ma maternelle, que j’ai fait à l’école aux Quatre-Vents, ma mère a voulu que je la refasse pour que j’aie plus de temps pour m’intégrer au milieu scolaire. L’école a refusé et j’ai dû m’inscrire en première année, où, dès le premier mois, on me détecte un léger retard intellectuel. On me transfère dans une classe spéciale à l’école du Parc, classe qui sera transférée à l’école Beausoleil où j’ai fait presque tout mon primaire. Puis, en sixième année, toujours à Beausoleil, on m’envoie dans une classe plus autonome, classe qui sera aussi transférée dans une autre école : la Passerelle de l’Île-d’Orléans où je me rends, matin, midi et soir, en autobus. La

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chauffeuse écoutait André Arthur à CHRC sur l’heure du dîner! Juste pour mon primaire, j’ai donc été ballotté entre quatre écoles.

Mes deux premières années du secondaire se sont déroulées à l’école Samuel de Champlain. Ma famille a demandé que je sois admis à l’école la Courvilloise qui était plus près de chez moi. Ils n’ont pas voulu m’accueillir, car il n’y avait aucune classe de mon niveau. J’ai trouvé ça plate, car c’est l’école que je préférais.

Donc, je suis allé à l’école Mont Saint-Anne, pendant deux ans, puis la classe d’Insertion sociale et professionnelle des jeunes (ISPJ) a été transférée à l’école de la Seigneu-

LA QUÊTE

rie. Pendant ces dernières années d’études, je faisais des stages dans différents commerces.

Comme beaucoup d’ados, j’ai passé beaucoup de temps à jouer dans la rue. De 12 à 15 ans, je jouais au hockey, au baseball, au soccer, au pogs et aux billes. On se baignait, on faisait du vélo, on s’amusait presque tous les jours avec les amis. Ce sont les plus belles années de ma vie. À 16 ans, j’ai commencé à consommer avec quelques-uns de ces amis.

J’ai fumé mon premier joint (dans un stylo marker!) dans un cabanon.

De 1996 à 2001, on fumait du pot tous les jours. J’ai commencé à faire

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un tout petit peu de trafic. En 2002, je me suis fait arrêter et j’ai passé une semaine en prison.

Ensuite, j’ai fait une dépression. À l’été 2003, j’ai été évalué à la clinique Roy-Rousseau où ils m’ont prescrit du Risperdal en comprimé que j’ai refusé de prendre. À l’époque, je vivais chez mes parents, j’y suis resté jusqu’en avril 20005.

Puis, j’ai été hospitalisé pendant un mois au G22 de Robert-Giffard, car je refusais toujours de prendre ma médication. Quand je suis sorti de là, je suis retourné chez mes parents et je suis tombée dans la cocaïne.

J’avais 20 ans.

J’ai fait des niaiseries, que je n’ose pas nommer. J’ai été arrêté par la police pour possession de cocaïne et pour mes niaiseries... J’ai été incarcéré à l’infirmerie de la prison du 24 octobre au 29 novembre 2005.

Après, je suis retourné chez mes parents, mais j’ai été arrêté à nouveau pour non-respect des conditions.

Les conditions étaient de respec-

ter les intervenants du Centre de réadaptation en déficience intellectuelle (CRDI), de respecter mes rendez-vous médicaux avec le docteur Bolduc, ne pas posséder de marijuana et ne pas aller dormir chez mes parents. Je suis sorti le 11 avril 2006. J’ai été trois mois aux résidences du Vieux-Beauport. Ensuite, je suis allé en maison de chambre, car je n’aimais pas la bouffe de la résidence. Je ne prenais toujours pas ma médication, car j’étais convaincu que je n’en avais pas besoin.

J’ai été hospitalisé à nouveau. On m’a encore prescrit du Risperdal en comprimé. J’ai fugué, mais j’ai été repris. Pendant mes trois mois d’hospitalisation à Robert-Giffard, ils ont décidé de m’injecter le Risperdal. Quand je suis sorti, à la fin de janvier 2007, j’ai accepté d’aller chercher ma médication aux deux semaines à la clinique Roy-Rousseau... et de la prendre.

2007, et ensuite, j’ai été en chambre.

J’ai déménagé de chambre en août 2007 et je suis resté là jusqu’en février 2009. Ensuite, je me suis fait offrir mon premier 2 1/2 au coût de 380 $, pas chauffé et pas éclairé. Je suis resté à peu près deux ans et après, j’ai eu un 3 1/2 à Charlesbourg. En avril 2012, je me suis fait offrir un HLM pour juillet. C’est à ce moment que j’ai recommencé à boire de l’alcool et que je me suis mis à mal aller. Ils ont changé ma médication pour du Abilify J’ai continué à consommer. On a changé l’Abilify pour le Clonazapine. Le médecin a demandé à ce qu’on me trouve une résidence au CRDI. Je suis là depuis septembre 2015 et je ne suis pas heureux... et je n’aime pas la bouffe. J'aimerais pouvoir retourner en maison de chambre, ou encore mieux avoir un HLM. SÉBASTIEN BEAULIEU camelot

Mon éducatrice m’a envoyé en chambre et pension de janvier à juin

LA QUÊTE EST DIFFUSÉE PAR TÉLÉPHONE VIA

Québec 418 627-8882 • Montréal 514 393-0103 • Ailleurs au Québec 1-877 393-0103

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LA QUÊTE

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INTERVENANT OU ANTI-HÉROS Vous êtes-vous déjà senti dépassé par les difficultés vécues par un proche, de sorte que vous ne saviez plus quoi lui dire?

Vous savez, cet état d’esprit inconfortable qui vous fait douter pendant quelques minutes qu’il y aura à nouveau de la lumière au bout du tunnel, dans la vie de cet ami. Évidemment, nous finissons par nous ressaisir à grands coups d’espoir et de volonté, et, ensemble, nous nous mettons à réfléchir aux possibles alternatives. La somme de travail ou d’effort s’avère parfois éprouvante et le doute revient. Néanmoins, le soutien fait son œuvre. En fait, on l’espère pour chacun d’entre nous. Pour chacun de nos proches.

Qu’arrive-t-il lorsque ces proches sont inexistants, qu’ils n’ont simplement jamais été là, ou encore qu’ils n’y sont plus? Qui peut alors nous aider à faire face à cette situation, nous encourager à faire les nombreux efforts pour réussir à entrevoir la lumière au bout du tunnel?

Les intervenants et les intervenantes.

Celui ou celle du CLSC, du comptoir alimentaire, de la maison des jeunes ou de la ligne d’écoute. Le gars ou la fille qui travaille dans le quartier, ceux qu’on appelle les travailleurs et les travailleuses de rue. Celui à l’accueil de la soupe populaire, ou de l’endroit où certains vont pour se dépanner pendant quelques nuits. Ces intervenants qui servent du café dans les fêtes de quartier ou ceux que l’on tente de rencontrer dans les services d’aide parce que rien ne va plus avec sa vie en général.

Les intervenants.

Ces héros « de la minute » qui écoutent et qui supportent, qui disputent ou qui confrontent. Ces gens qui veulent parfois plus que le client. Ces

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hommes et ces femmes qui aiment les gens. Pas tous les gens, mais ceux qui en ont besoin.

lorsque nous faisons face au désarroi d’un proche qui ne trouve plus de sens à sa vie.

Ces intervenants qui deal au quotidien avec ce sentiment. Quel sentiment? Le sentiment d’impuissance dont je viens tout juste de vous parler, qui, vécu à maintes reprises, peut finir par faire douter du sens de la vie.

Cette émotion qui devient parfois paralysante et qui fait perdre pied.

Cette accumulation d’émotions troublantes dépassant l’entendement, qui oblige à sortir du déni commun qui existe face à ces souffrances.

Pourrions-nous imaginer la somme d’émotions qui s’empilent dans le cœur de ces intervenants? Même celles qui passent dans le beurre, celles pour lesquelles on ne s’en fait plus trop. Il y a aussi celles que l’on voit venir de loin, celles qui nous crinquent et celles qui nous prennent par surprise.

Comment ça se peut autant de vertige?

Entre autres, parce que l’humanité a aussi ce côté laid de la médaille. Celui qui décide que certains humains méritent d’être exclus, parce qu’ils font mal ceci et qu’ils sont trop cela. Ou encore parce qu’ils ne comprennent pas le bon sens et ne vivent pas sur le sens du monde.

C’est lorsque la somme devient trop lourde que l’intervenant se change en anti-héros. Non, sa cape n’est pas flamboyante et son masque n’est pas non plus impénétrable. Il devient parfois l’antre de la détresse ou du mauvais œil. Il est chargé par de nombreuses injustices et souffrances, qu’il peine à identifier lui-même.

Il a besoin d’aide.

Mais, nous avons besoin de lui.

Alors, il tente de se relever.

Aussi, parce que certains de ces humains traînent derrière eux, tout au long de leur vie, la trace de leur passage sur cette Terre, le poids des événements passés ou présents. Un poids qui ralentit le corps, le cœur et la tête.

Mais, les intervenants.

Et bien les intervenants qui sont loin d’être parfaits font ce qu’ils peuvent avec les histoires qu’ils et qu’elles entendent, soutiennent ou rapportent, en tentant d’accompagner les gens, en utilisant et en contournant un système autant rempli de ressources que d’embûches pour ceux et celles qui ont pris la marge.

Car la marque de l’exclusion sociale est sévère et ne quitte pas l’esprit de l’anti-héros. Bien évidemment, jamais il ne la porte comme le véritable exclu. Mais l’intervenant en est empreint, avec toute la lucidité de celui qui a bien voulu aller à sa rencontre...

MAGALI PARENT Organisatrice communautaire et ancienne intervenante

En dealant avec ce sentiment.

Exactement le même sentiment que tous, nous vivons tous à l’occasion,

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DÉTOURS DU REFOULÉ « La société se croit seule, mais il y a toujours quelqu’un. » Antonin Artaud Cela me soulage toujours de voir des gens que je croyais sains à tous les niveaux — du genre qui mangent des graines et font du yoga, qui soutiennent le commerce équitable et qui militent pour toutes les bonnes causes — s’allumer une clope. Ces « apôtres du bien » me paraissent toujours un peu louches et je suis rassuré de constater qu’ils ont au moins ce petit vice discret. Ils reprennent alors pour moi forme humaine.

Un petit fond d’angoisse ressurgit, un reste de doute, une faille. Le monde tel qu’il va ne leur convient peut-être pas entièrement après tout. Il y a encore un peu d’humanité en eux, de négativité, de conflit et de tension. Le simple fait de fumer une cigarette manifeste un désaccord avec le monde tel qu’il va, et ceci même chez ceux qui n’en ont pas conscience.

C’est même une manière discrète de l’exécrer, de le mépriser ce monde. Comment s’exprimera notre malaise à présent qu’on ne peut plus fumer nulle part? Comment supporter l’humiliation sans la pause clope? Un monde « sans fumer », je veux bien, mais quels chemins tortueux prendront les compensations dont les hommes continueront à avoir besoin, quoi qu’on fasse?

Si le tabagisme est une forme de critique, un outil de régulation sociale en quelque sorte, l’héroïne, elle, serait plutôt un refus global de se compromettre, de collaborer à la collectivité, une sécession, une résistance radicale face à l’ordre établi. Du moins pour certains, car d’autres sont très bien intégrés. Ils vont à leur travail comme

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tout le monde, sans que personne ne se doute de rien. Un de vos collègues de travail est peut-être héroïnomane. Même votre patron, si ça se trouve. Le junkie est, avec le clochard, le personnage le plus rebutant sur la scène du théâtre urbain. Il est le type infréquentable, le criminel, le marginal absolu. Tant mieux, car je ne voudrais surtout pas être bien vu par les bien vus de ce monde. L’héroïnomane est un aristocrate de la déchéance, qui pousse parfois l’orgueil jusqu’à une sorte de snobisme de la défaite. S’adonnant au vice le plus inavouable, le plus mal vu, le junkie passe sa vie à se cacher, à mentir, à dissimuler, à fuir.

Il est le plus indésirable des indésirables. Même les autres drogués le rejettent. Il concentre sur lui toutes les peurs et les fantasmes.

S’enamourer de la seringue, c’est se couper de toute vie sociale, sinon la vivre dans le mensonge. Évidemment, il y a des loques parmi ces drogués extrémistes, mais on y trouve aussi des gens très intelligents, qui ne feraient pas de mal à une mouche. Des êtres sensibles que les relations humaines ont déçus, et à qui le réel a laissé un goût amer. Des enthousiastes désenchantés.

Je suis moi-même un être de joie qui recherche en tout la beauté les dieux qui dansent et les femmes qui savent rirent. Mais sérieusement, qui pourrait prétendre, après Auschwitz, Hiroshima, Tchernobyl, et pendant l’obsolescence programmée et les théories du complot, traverser cette existence tout en sourire par d’innocentes enjambées? Qui peut bien

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dormir en respirant l’air pollué de nos villes-prisons en béton armé, au milieu de ces paysages défigurés par les panneaux publicitaires géants? Qui pourrait se tourner avec confiance vers l’avenir alors que la moitié des espèces vivant sur terre auront disparu au courant du XXIe siècle, et que les cyborgs transhumanistes nous y attendent pour nous « augmenter ? » En ce monde d’informations continu où tout est calculé, sondé, mis en statistiques, où la moindre partie de réel est rationalisée, le désir de dé-raisonner peut naître en nous.

Un flux médiatique continu nous dicte quoi penser, quoi manger, comment vivre; on nous infantilise toute la journée, on peut avoir envie de reprendre sa liberté. Ne serait-ce même que pour se tuer à petit feu? Notre environnement est devenu intégralement artificiel. Nous habitons désormais l’im-monde et la fête est terminée.

Qui n’a point de vice en ce monde dévasté est soit aveugle, soit insensible…

Il ne manque pourtant pas de candidats pour faire l’éloge du monde tel qu’il va. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter les dithyrambes aux accents extatiques avec lesquelles on nous parle d’Internet ou de lire les gourous de la Silicone Valley qui assènent sans broncher qu’ils vont « tuer la mort » et qu’ils ont une solution à tout. Internet va sauver le monde!

Le libéralisme est l’horizon indépassable! L’homme 2.0, déraciné, coupé de son histoire, l’analpha-

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tout en personnifiant Mr et Mme les Marchés financiers et … Ne sont-ce pas plutôt les hommes qui auraient besoin d’être rassurés?

On peut le déplorer, mais, dans ces conditions, les paradis artificiels peuvent apparaître à certains

comme les seuls contrepoints libérateurs à cette marche forcée vers le bonheur en commun que nous promettent les enfers autrement plus artificieux de la société de consommation.

MATHIEU RIOUX

Bob photographie

bète malléable, l’atome interchangeable, tout cela n’est-il pas merveilleux? Vous remarquerez que d’un côté on nous parle sans cesse de « rassurer les marchés financiers », et, que de l’autre on ose parler de « ressources humaines ». On objective les êtres humains

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©Archives Web

LA PEUR préjugés et à la peur des gens de mon entourage. Souvent, on me dit : « Comment tu fais? Moi je ne pourrais pas. » Je réponds à ces gens que leur peur est légitime. Mais au fond de moi, je me dis que leur peur les empêche de voir ce que moi je vois. Je vois des gens centrés sur l’essentiel.

Pas d’artifice, pas de masque. Pas de gazon plus vert que le voisin. Pas de vêtements signés. Pas de café à six dollars. Juste des gens en transition, en route vers un avenir meilleur. Pourquoi avoir peur des usagers de Lauberivière?

J’imagine que ça permet à plusieurs de penser qu’ils valent mieux que d’autres. Soit. Restez dans votre peur. Votre rassurante peur. Moi je grandis, j’apprends et je poursuis mon chemin. Avoir peur est normal à ce qu’on dit. Alors, Avoir peur, c’est normal. C’est l’instinct de survie le plus soyez normal si ça vous plaît. Moi je poursuis ma transianimal de l’humain. C’est aussi le plus grand frein au bontion vers mon humanité profonde avec les gens branchés heur. Celui qui nous empêche de toucher à notre humanisur le vrai. Les « comme moi », ceux qui ont peur. té la plus profonde. La peur est souvent alimentée par des préjugés. Par exemple, depuis que je suis intervenant psy- SIMON BOLDUC chosocial à Lauberivière, je suis sans cesse confronté aux Intervenant psychosocial à Lauberivière

LOVER

LE PROJET L.U.N.E.

« Ça été facile pour moi d'arrêter le travail du sexe, car je suis une ''lover'' dans la vie en général. Quand je m'attache à quelqu'un, c'est du sérieux! Aujourd'hui, à 45 ans, j'ai une nouvelle femme dans ma vie, j'ai une nouvelle job, le tout est sérieux et à mon goût.

Mais j'avoue que ma vie a changé tellement souvent de direction, que je ne saurai jamais ce que demain me réserve.

Mais moi, je suis à l'aise avec ça!

Dans mon cas, la prosto est arrivée tard dans ma vie, plus précisément dans les 35 ans. Ça a été une belle surprise sur mon sundae. J'étais enfin célibataire et sexuellement libérée.

C'est le comment, butinant de bar en bar, tout dans la joie et dans l'amour. Et si en plus je me réveillais avec 400 $ sur le coin du lit !? C'était magique. Alors pourquoi aurais-je eu des remords ? »

Le Projet L.U.N.E. (Libres, Unies, Nuancées, Ensemble) est un groupe d’appartenance, de reconnaissance et de défense des droits sociaux « par et pour » des travailleuses du sexe (TDS), actives ou non, qui agissent à titre de paires-aidantes. Leurs savoir-faire et leurs expertises sont mis en commun et de l’avant de multiples façons (prises de parole dans l’espace public, sensibilisation, dénonciation des injustices, etc.).

Toute femme est la bienvenue, peu importe son histoire, son milieu ou son expérience.

©Archives Web

UNE PAIR-AIDANTE de Projet L.U.N.E.

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©courtoisie Tanle de quartier lengrenage de Saint-Roch

LA MARGINALITÉ : LIBRE EXPRESSION

La sixième édition de Parvis en fête organisée par la Table de quartier l’Engrenage Saint-Roch se tenait le 13 août dernier. Cette fête met en valeur la diversité de gens qui composent le quartier Saint-Roch et des activités qui s’y déroulent.

Pot-pourri de textes recueillis pendant l'édition 2017, de Parvis en fête. La Quête demandait aux passants de s'exprimer librement sur leur vision de la marginalité. Être marginale, c’est être originale et fidèle à soi-même. C’est se respecter et croire à son individualité.

C’est beau la marginalité : la marginalité rend libre.

Toutefois, elle peut être souffrante et occasionne régulièrement l’isolement. C’est comme si les gens, et ~Ingrid Heimann parfois nous-mêmes, n’osaient pas établir des relations d’amitié. Nous pensons que les gens ne nous La vie dans le monde des défavorisés comprennent pas. Or, l’on voit ces années-ci, des À toutes les personnes qui lisent le magazine, je ne vous conseille exceptions, des rencontres sans jugement et toute la pas de vivre dans un milieu défavorisé... ce n’est pas le fun! société en ressort gagnante. ~Steeve Fournier Dion, camelot de La Quête ~Lucie Lapointe Qu’est-ce que la marginalité? Bonne question.

Ce serait-ti pas ce qui est un peu à part, du genre dans la marge? Si oui, j’imagine que l’on peut tous être marginaux à notre façon, dans nos domaines respectifs.

Moi, je me sens souvent marginal, mais je suis de plus en plus en paix avec ça. J’étais du genre à me penser plus fin que les autres, à penser différemment. Il faut encore que je reste prudent parce que j’ai un gros ego. Au moins, je ne me sens pas marginal d’avoir un gros ego, parce que je sais que je ne suis pas tout seul... Il y a plein d’animateurs de radio qui ont un gros ego.

Moi, j’aime aussi voir la marginalité des gens. Ceux qui vivent avec un problème de santé mentale me font souvent sentir inférieur à eux. Pas de manière intentionnelle, seulement parce qu’ils ont souvent un sens de l’humour hors du commun, un esprit créatif inégalé, et parfois une répartie flamboyante lors d’affrontement verbal avec leur intervenant.

Voyez, pour moi, la marginalité c’est une richesse, une diversité, une création et une façon d’être uni à la différence.

C’est large la marge, la marge est large! ~Simon Vermette OCTOBRE 2017

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Il y a encore beaucoup de marginalité dans notre pays. Heureusement qu’il y a des associations et des programmes pour aider les personnes atteintes physiquement ou psychologiquement ou socialement ou mentalement. Les associations viennent en aide à ces personnes par une faible participation du gouvernement et des levées de fond. Il ne faut pas oublier nos bénévoles qui font un grand travail sur place. Malheureusement, ces différences ne sont pas assez connues de la population. Les médias cachent très souvent cette réalité. On ne fait pas assez, car les gens ont peur et n’expliquent pas assez cette problématique. Les personnes se mettent la tête dans le sable comme les autruches, ils ne veulent pas côtoyer cette réalité de tous les jours.

En tant que personnes ayant été choyées par la vie, nous devons faire leur part. Il y a plein de moyens de faire notre part.

Il suffit de s’informer aux bons endroits.

J’en profite, en cette journée de fête au parvis, pour remercier toutes les personnes qui s’occupent de ces gens, peu importe la race, l’orientation sexuelle, l’apparence physique, car, de nos jours, les gouvernements font leur part mais pas assez selon moi.

Merci de me donner la chance de m’exprimer aujourd’hui.

Lâchez-nous pas, on a besoin de vous.

©photo Francine Chatigny

~Jacques Lemay

À la table de La Quête, un participant écrit sur le thème de la marginalité, pendant que la camelot Martine offre le magazine aux passants.

Québec, ville d’accueil!

Nous sommes résidents de Québec, mais trop souvent sans adresse réelle.

Nous sommes des hommes, des femmes avec des besoins essentiels!

Québec, ville d’accueil, où est notre place? Où est notre voix?

Nous sommes les différences. Nous sommes remplis de richesse de cœur, de bon vouloir!

Voudras-tu nous accepter dans notre marginalité, dans nos différences?

Québec, nous t’aimons! ~Denise Leclerc

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LA MAISON DE CHAMBRES

ENTRE DÉSAFFILIATION ET (RÉ) AFFILIATION SOCIALE Si je vous dis « maison de chambres », ça vous parle? Ce milieu de vie est méconnu de plusieurs. La maison de chambres est un bâtiment privé ou social dans lequel des chambres, plutôt que des appartements, sont offertes en location. Chaque chambre est habituellement meublée (lit, commode) et donne accès à une cuisine et à une salle de bain partagées entre les chambreurs. Par son faible coût (autour de 400 $/mois) et sa location rapide et simple, elle devient une option de logement intéressante pour des gens au revenu précaire ou qui traversent une période de vie plus difficile. Malgré ces avantages, habiter en chambre n’est pas un choix 100 % volontaire : ces gens le font plutôt en dépit de pouvoir s’offrir mieux. Certaines de ces maisons de chambres sont un lieu de rencontre avec le monde de la mar-

en plus du vécu partagé entre eux rend la création de liens plus facile, et une certaine solidarité peut en émaner. À la suite d’une situation X survient Pour certains, la maison de chambune période d’instabilité résidentielle res et pension ainsi que ses occupants au cours de laquelle la personne peut deviennent une seconde famille, alors alterner entre l’itinérance, la maison que les liens sont coupés avec celle de chambres et des d’origine. Dans la maison de institutions telles chambres traditionnelle, des La maison de chamque l’hôpital ou la relations se tissent aussi entre bres peut aussi être prison. La maison les chambreurs, malgré qu’il un lieu de réaffiliade chambres est y ait davantage de mouvance tion, particulièrereconnue pour être dans ce genre de milieu. On ment dans les maila dernière optiretrouve plus d’isolement sons de chambres on avant la rue, ou chez ceux qui y habitent, et pension (offrant encore la première mais la maison de chambres différents services, solution pour s’en peut devenir une opportudont les repas). sortir. À ce stade, nité pour reconstruire un dans plusieurs cas, nouveau réseau. on peut dire que la personne est devenue désaffiliée. Rup- Certains font aussi le choix de demeuture des liens sociaux, pas d’endroit rer désaffiliés, à force de trop de blesstable pour habiter, parfois un histo- sures et par crainte d’en subir d’autres. rique de détention On préfère alors éviter les contacts soou d’hospitalisati- ciaux pour se préserver et ne compter on, plus d’emploi… que sur soi-même. Toutefois, l’homEt pour certains, me est un être de relations. On a tous cela peut se rend- besoin d’être en lien avec d’autres. Il re au point de ne faut se questionner sur la réelle place plus avoir de cartes accordée à chacun dans notre sod’identité, d’assuran- ciété, sur les processus conduisant à ce maladie, de comp- la rupture sociale et aux agissements te en banque. Quand qui contribuent à ce que des gens se on ajoute à cela des retrouvent désaffiliés… selon notre problématiques de perception de ce que c’est d’être affilié santé mentale ou de ou non! consommation, on comprend bien que Les gens perçus comme désaffiliés ne ces gens ne l’ont pas sont pas pour la plupart sans aucun facile et que certains lien. Ils développent des réseaux pasont plus vulnérab- rallèles, que ce soit par exemple avec les que d’autres. Le les ressources d’aide existantes, les regard porté par personnes croisées par l’entremise du les «affiliés» sur les monde de la consommation ou enco«désaffiliés» est sou- re la maison de chambres. Parce que vent empreint de oui, elle constitue un milieu où des rejet et d’irrespect, rencontres de tous acabits sont posbeaucoup de préju- sibles! gés sont aussi préIsabelle Descôteaux sents. Tout cela mis ensemble contribue Comité Maison de chambres à maintenir les gens ©extrait du rapport de recherche_Vivre en maison de chambre dans la ville de Québec: de Québec(CMCQ) à l’écart, dans le cycle Portrait expériences et enjeux. de la désaffiliation.

Avec la collaboration de Noël Grenier, ginalité. Intéressant pour l’un, à fuir Martin Goulet et Carl Morneau pour celui qui souhaite sortir de ce La maison de chambres peut aussi être genre de milieu et changer de mode un lieu de réaffiliation, particulièrede vie! Tout dépend d’où la person- ment dans les maisons de chambres ne en est dans son parcours et de et pension (offrant différents services, Le CMCQ est une table intersectorielle l’endroit où elle atterrit. Habiter en dont les repas). Ce milieu de vie est regroupant plus d’une vingtaine de parchambre est souvent perçu comme plus propice à la création de liens entre tenaires travaillant à l’amélioration des une situation transitoire et volontai- les gens qui y habitent. La fréquentati- conditions de vie pour les personnes hare, mais la réalité fait que plusieurs on nécessaire des espaces communs bitant en maison de chambres.

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doivent se résigner à y demeurer plus longuement.

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UNE HISTOIRE DE RUE...

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Il a suffi que l’on sonne à ma porte pour que j’oublie de vous parler de la fascination qu’ont les médias pour ce qui est négatif autour des Québécois, en commençant par l’information réchauffée voulant qu’ici, une personne sur deux soit « illettrée ou analphabète ? fonctionnels! », c’est partout pareil dans le monde! Il y avait aussi dans mon carnet les drames familiaux, et les vagues haineuses autour des débats sociaux. Mais tout s’est effacé parce qu’on a sonné à ma porte.

C’était un (beau) jeune trentenaire en habit de travail, tenant à la main un bouquet de pétales multicolores. J’ai pensé : « un clown qui a quelque chose à vendre ». Puis j’ai vu, en retrait, la gamine de quatre ou cinq ans qui l’accompagnait avec un air de pas heureuse d’être là. En s’excusant, l’homme dit : « Madame, ma fille a quelque chose à vous dire ».

Elle a regardé son père et, les yeux pleins de larmes, m’a jeté un coup d’œil en reniflant : « Je vous demande pardon, j’ai arraché vos belles fleurs... Je l’ferai plus ». Et le papa d’ajouter : « Je ne suis pas content de ça, mais elle doit apprendre à ne pas faire des bêtises comme ça... ».

Je me suis sentie fondre devant la désolation de la petite fille au si joli visage, couronné d’une natte de cheveux comme on en voit sur les photos anciennes. Alors, tant pis pour la psychologie parentale, j’ai dit : « Pleure pas, ma cocotte, c’est pas grave... » pendant que son papa me tendait les pétales des fleurs arrachées. « Garde-les pour ta maman, mais la prochaine fois, faudrait leur laisser un bout de tige pour qu’elles puissent boire... C’est vivant, une fleur... ».

Le papa un peu gêné s’excuse encore pour sa petite et il reprend sa main pour descendre l’escalier pendant que je répète : « C’est pas grave... tu m’en demanderas la prochaine fois que tu voudras des fleurs. Elles aiment ça, les fleurs, quand on leur dit qu’on les trouve belles. Pas besoin de les arracher... ».

Je referme la porte en pensant qu’on a tort de croire que les jeunes parents modernes s’occupent mal des enfants. Ce papa-là vient d’arriver dans ma rue avec sa petite famille, en provenance de l’Ouest canadien : je l’ai vu sur la plaque d’immatriculation de leur camionnette.

âgées. Les vieilles dames ont vendu leurs maisons où des enfants sont arrivés, certains avec seulement une maman, d’autres avec un papa et une maman qui travaillent et, souvent, des grands-parents qui viennent garder, ou donner un coup de main pour la peinture, les vitres ou le gazon.

Dans la plus ancienne des nouvelles familles, le papa travaille la nuit et c’est lui qui, le jour, joue dehors avec les enfants ou les surveille, cellulaire à la main. Toute la rue connaît le nom du plus grand, à force d’entendre : « Arnaud, qu’est-ce que j’ai dit. » C’est le même Arnaud qui, l’été passé, annonçait aux voisins : « Sylvie (sa mère) a un ti-bébé dans son ventre... On veut une fille parce qu’on est déjà trois garçons... ».

Pourquoi vous raconter ça? Parce que ça fait du bien de voir qu’il reste ici des gens qui mènent une vie extraordinairement ordinaire. Que tous les papas ne sont pas de malheureuses brutes frustrées comme ceux dont parlent les nouvelles. Et puis, j’admire ces mamans dans leur éreintante course quotidienne contre la montre, même quand elles accrochent les poubelles en reculant trop vite avec leur auto, parce qu’elles sont en retard.Et aussi, s’il fait encore beau, quand elles rentrent après avoir cueilli les petits à la garderie, quand elles trouvent l’énergie de prendre une petite marche de santé avec la poussette et l’aîné qui trottine à côté...

L’avenir du monde repose entre les mains de ces gens « ordinaires » dont ne parlent jamais les médias. Ils méritent bien un sourire et un merci, même si on ignore encore leurs noms après des mois d’un voisinage trop pressé.

MARTINE CORRIVAULT PS : La petite fille aux fleurs me fait parfois la conversation quand, en se promenant avec son petit vélo dans la rue, elle me voit jouer dans la terre : « Salut, c’est moi qui avais... ». La leçon servie par son papa ne l’a pas traumatisée, mais lui, il est encore... gêné genre.

Il y a une dizaine d’années, quand j’ai aménagé ici, il n’y avait plus d’enfants. C’était une rue peuplée de vieux couples, une rue en train de devenir une rue de veuves

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DU SOMMET À LA BASE

Dès notre naissance nous sommes affiliés à une famille, à un mode de vie, à une religion, à une éducation, à un système dont nous faisons partie.

Certains s’y sentiront bien, d’autres pas. La désaffiliation se manifeste quand l’individu ne se sent pas à sa place dans l’environnement imposé.

Il est d’autant plus facile de se désaffilier grâce aux communications à haute vitesse qui atteignent tous les lieux de la planète. Assez souvent, lors de ces communications, la personne se sent mieux accueillie que par les siens et se laisse facilement séduire par l’idée d’un avenir meilleur. C’est effectivement le cas de nombreux citoyens qui se sont radicalisés comme nous l’avons vu dernièrement. Le pays qui n’a rien à leur offrir de cohérent avec leurs idéaux n’a pas à être surpris de les voir changer de camp.

Une situation financière précaire est souvent une autre raison de se désaffilier. L’être humain qui pour de multiples raisons est incapable de subvenir à ses besoins financiers s’isolera de son entourage qui réussit mieux que lui. S’excluant socialement, souvent par découragement, il y a risque pour lui de connaître l’itinérance, qui est une forme de désaffiliation.

L’urbanisation actuelle est un monstre tentaculaire qui favorise l’itinérance. Dans certaines villes, il est regrettable de constater que OCTOBRE 2017

©archives Web

Si l’utilisation de l’expression semble récente, le mot « désaffiliation » a été accepté par l’Académie française en1872. Cependant, se désaffilier, soit vivre en marge du système dans le cas qui nous intéresse, a cours depuis longtemps et le phénomène pourrait prendre de l’ampleur dans les années à venir. Pourquoi? Tout simplement parce que notre mode de vie est beaucoup trop accéléré. Le temps de s’adapter à une nouvelle technologie, elle est déjà dépassée. Tout ce que vous achetez est voué à une vie très courte, ce qui n’était pas le cas il y a 150 ans. Les sciences progressent à une vitesse fulgurante, alors il n’est pas surprenant de constater que bien des gens décrochent du système dans lequel ils vivent. l’art l’architectural perd de l’intérêt au profit de la rentabilité. De nombreux quartiers s’amenuisent dans la construction de blocs monumentaux, style casier, pour y loger un maximum d’individus. Celui qui veut se démarquer un tant soit peu du groupe n’a pas d’autre choix que de s’en désaffilier et de devenir marginal. Ce dernier, à ce stade, est à haut risque de subir l’exclusion sociale.

L’appareil judiciaire, du haut de ses gradins, impose de nombreuses lois, créant ainsi de nouvelles complexités. Le citoyen moyen ne sachant plus comment se retrouver dans un pareil labyrinthe juridique peut ainsi se désaffilier socialement.

La RELIGION? Les fondements de toutes les religions sont bons. À cause de mésententes parfois minimes, certaines églises se sont séparées, créant ainsi une nouvelle église, ni pire ni meilleure que celle qu’ils ont quittée. On ne peut empêcher l’humain d’adhérer à de nouvelles idées. Mais ce qui est déplorable, c’est de faire la guerre pour des idées religieuses. À ce stade, la désaffiliation dérape, pas à peu près.

D’un point de vue idéologique, nos valeurs sont-elles à la bonne place? Je pense sérieusement que peu de gens peuvent répondre à cette question.

J’apporterai ici la preuve dans ma LA QUÊTE

conclusion. C’est le peuple qui décide de marginaliser certaines personnes, et bien entendu, tous ne sont pas marginalisés de la même façon. Parfois, on réprimande ou démontre à une personne que sa façon de se comporter n’est pas acceptable. Mais parfois, de manière très démocratique, on marginalise la personne en lui donnant tous les pouvoirs. Dernièrement, le petit écran nous offrait la rencontre télévisée de deux personnages choisis par le peuple : Trump et Macron, deux autocrates qui affichaient un air d’admiration respectif.

Les États-Uniens ont donné démocratiquement à Trump pouvoir et autorité, même si son comportement est marginal. Concernant Macron, ses agissements nobles et monarchiques ont-ils fait oublier aux Français qu’ils ont guillotiné Louis XVI et sa famille le 21 janvier 1793, pendant la Révolution française. Oubli ou nostalgie, il n’y a rien à comprendre dans les agissements du peuple. Les désaffiliés existent au sommet, et à la base. En démocratie le peuple représente supposément le juste milieu. Et comme le dit un vieux proverbe latin; «Vox populi, vox Dei*.»

PHILIPPE BOUCHARD _____________________________ «La voix du peuple est la voix de Dieu.»

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HISTOIRE D’AUTOBUS –Pis, mon Alexandre, comment ça se passe par chez vous?

Interloqués, médusés, les deux agresseurs sont pris au dépourvu et ne savent plus comment réagir…

Quant à moi, j’ai une trouille bleue, et même si, chaque seconde, je m’attends à recevoir une taloche par en arrière, je continue mon cinéma de plus belle.

Coupés de leur cible et ne sachant plus trop à qui s’en prendre, les deux matamores finissent par décrocher et se Un peu triste et résigné, après une fin de semaine pas- replient vers l’arrière en crânant, histoire de ne pas perdre sée chez mes parents, au Lac-Beauport, je me retrouve la face devant leur public. à bord de l’autobus 34, et je m’en retourne à l’hôpital Saint-François d’Assise, secteur Domrémy, où je termine Soulagé, Alexandre émet quelques phrases inaudibles et va s’asseoir sur la banquette de côté, directement derrière une thérapie pour diverses dépendances. le conducteur. Quant à moi, j’ai le cœur en capilotade, et Envahi par mes peurs et plutôt indifférent au paysage qui faussement indifférent aux regards haineux de la horde, défile le long du boulevard, c’est à peine si j’ai remarqué c’est avec un profond soupir de soulagement que je sors la présence d’Alexandre, un grassouillet jeune homme à de cet autobus où j’aurais bien pu manger toute une raclée. tignasse blonde et aux joues roses, qui s’est assis à l’ar- J’ai joué gros, mais le résultat est là et ça suffit amplement à rière, au départ. Le gars fréquente mes frères plus jeunes, mon dimanche de rentrée. et bien que ne le connaissant que vaguement, je sais que c’est un étudiant à l’Université, un de ces «bons p’tits «T’sais la fois, là»… gars» qui fait son affaire sans chercher noise à personne.

Une quinzaine d’années plus tard, un soir d’automne, alors Rendu à Orsainville, au bas de la côte du Zoo, l’autobus que je cherche un sens à ma « nouvelle » vie de gars abstis’arrête et pas moins d’une trentaine de jeunes loubars nent, je languis à Place Sainte-Foy, en attendant de prendre s’y engouffrent en vociférant et jurant. Les gars (et aussi l’autobus du parcours 801. L’autobus finit par se pointer et quelques filles) portent tous le même T-shirt noir avec la porte s’ouvre. Qui vois-je, souriant et bien en selle derune tête de mort blanche, et rien que de les voir rouler rière le gros volant du conducteur? des mécaniques et défier tout le monde du regard, on a Hé oui!... C’est lui! C’est Alexandre, en chair et en os, beauenvie de se tenir à carreau. coup plus svelte et arborant le visage hâlé d’un gars qui reAu bout de quelques minutes, la pire des pagailles règne vient du Sud. à l’intérieur. Certains ont allumé des cigarettes, d’autres se passent le flacon en « gueulant leur vie », et d’autres Ému, gêné même, je m’assieds confusément et l’autobus n’a bloquent les sorties du véhicule en incommodant les pas- pas sitôt recommencé à rouler qu’Alexandre me fait signe sagers qui veulent sortir. De toute évidence, le conduc- d’aller le voir… teur a complètement perdu le contrôle et, comme tout le - «T’sais la fois, là…Ben, je voulais te dire un gros merci monde, je n’ai qu’une seule envie, être ailleurs! du fond du cœur! Je ne l’ai jamais oublié et, aujourd’hui, Rendue aux limites de Charlesbourg, comme ça, pour j’essaie d’en redonner un peu à mes clients.» «rire», la bande décide de s’en prendre à Alexandre qui Vous dire comment je me sens en entendant ces mots!!! ... n’en menait déjà pas large dans son banc. On le presse, on l’entoure, on se moque de lui, on le picoche et on le J’ai souvent repensé à cette affaire, me demandant pourprovoque avec force vexations, brimades, pichenettes et quoi ça s’était présenté ainsi, et pourquoi j’avais vécu cela bourrades. Apeuré, excédé, le gros garçon se lève et va en deux épisodes séparés de quinze années. Et j’en suis venu se réfugier dans l’allée, vers le centre du bus. La meute à me dire que c’est comme ça… le rattrape et cette fois deux petits caïds le prennent en sandwich, bien décidés à lui faire un mauvais parti. L’un La Vie a beau être une « coquine », elle n’en est pas moins d’eux va même jusqu’à frotter une allumette et la lui pas- très bien faite. De temps à autre, pour peu qu’on y prête attention, elle nous envoie des messages, nous fait des clins ser devant les yeux avec un sourire sardonique… d’œil, histoire de nous rassurer, de nous rappeler comme C’en est trop! Indigné par le geste, écœuré par l’apathie ça que tout se tient, et qu’on est sur la bonne voie. Dans le des gens, je bondis et (vielle tactique de bar), je viens bon autobus… m’interposer face à Alexandre, dos aux deux jeunes GILLES SIMARD apaches.

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LE JEU DE LA QUÊTE PAR JACQUES ETQUÊTE GINETTE PÉPIN LE CARL JEUMORIN DE LA

par Jacques Carl Morin et Ginette Pépin

CE JEU CONSISTE À REMPLIR LES RANGÉES HORIZONTALES AINSI QUE LES COLONNES 1 ET 20 jeu consiste à remplir INDICES les rangées horizontales ainsi queOU lesDÉJÀ colonnes 1 et 20CHAQUE à l’aide des ÀCe L’AIDE DES DÉFINITIONS, OU LETTRES MÉLANGÉES INSCRITES. définitions, indices ou lettres mélangées ou déjà inscrites.

Chaque case grise représente CASE GRISE REPRÉSENTE UNE LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D’UN MOT ET une lettre qui estLETTRE à la foisDU la SUIVANT. dernière lettre d’un mot et la première lettre du suivant.

LA PREMIÈRE

1

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C

U

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P B

VERTICALEMENT : Verticalement

:

6-Tamis. Nitrate de potassium (TEPRASEL).

Petite boutique. Ce qui s’ajoute aux dépenses.

1-Autre nom des Sœurs du Cœur immaculé de 1- Autre nom des Sœurs du Cœur immaculé de Marie.

Marie.

7-Piège tendu à une personne ou à un animal.

La moitié d’une chopine. Diable.

20-Quai de Québec où se trouve le marché du 20- Quai de Québec où se trouve le marché du 8-Déférence Vieux-Port.

Vieux-Port.

(GREDA). Personne qui s’oppose

au système politique du gouvernement en place HORIZONTALEMENT :

(ENTSSIIDD). Lambin.

1-Signe du zodiaque. Se dit d’un visage rouge

9-Lettre grecque. Réseau de télévision amércain.

Horizontalement :

(DROUNICB). Allocution, exposé oratoire

Oiseau de basse-cour. Multiplier par quatre.

devant un public.

1- Signe du zodiaque. Se dit d’un visage rouge (DROUNICB).

Allocution,

10-Ricochet. Opposé à nocturne. exposé Prendre laoratoire

2-Frotter avec de l’huile (NIREOD). Chocola

poudre d’___. devant un public.

tier de la rue Saint-Jean. Atlantique, Pacifique,

Indien, etc. Pays le plus peuplé d’Afrique.

2- Frotter avec de l’huile (NIREOD). Chocolatier de la rue Saint-Jean. Atlantique, Pacifique, 3-Funeste. Spectacles merveilleux (EEEFIRS).

Indien, etc.différer.

Pays le plus peuplé d’Afrique.

Suspendre, Monarque.

4-Quasiment. Poisson réputé pour son caviar.

3- Funeste. Spectacles merveilleux (EEEFIRS).

Rudiment.

Suspendre, différer. Monarque.

5-Déchirure. Appareil de levage. Relatif à la

4- Quasiment.

Poisson réputé pour sonencaviar.

Rudiment. queue (LADUCA). Établissement de mise

quarantaine (TREZALA).

5- Déchirure. Appareil de levage. Relatif à la queue (LADUCA). Établissement de mise en quarantaine (TREZALA).

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LA QUÊTE

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PAR HÉLÈNE HUOT RIRE ET SOURIRE Chaque année, les PERLES DU BAC nous donnent l’occasion de sourire. En voici quelques-unes, tirées d’examens en histoire et géographie faits par des étudiants français. Un délice!

« Au Japon, le manque de place oblige les autorités à construire des aéroports sous-marins ». « En Afrique du Sud, il y a plusieurs peuples qui ne parlent pas la même langue: c'est la biodiversité ». « Une fois mort, Kennedy ne pouvait plus y faire grand-chose ». « La Chine a trois religions : le taoïsme, le kungfusiannisme, le bouddhisme ». « Le président américain a rencontré son monologue français Hollande... » SOURCE : http://www.lepoint.fr/societe/bac-2017-les-plus-belles-perles-des-copies-d-histoire-geographie-16-06-2017-2135869_23.php#section-commentaires

PARLER POUR PARLER...DES MÉDIAS 1. D’après certains médias, la Corée du Nord aurait réussi à miniaturiser des ogives nucléaires. Le mot « ogive » est- il masculin ou féminin?

2. Un article paru dans Le Soleil (23 juillet 2017) présente les dangers du chemsex. De quoi s’agit-il?

3. Chaque jour, les journaux offrent aux amateurs de mots croisés une grille à résoudre. Ces amateurs s’appellent-ils cruciverbistes ou verbicrucistes?

4. Les lignes ouvertes sur les ondes radiophoniques sont en général très populaires. L’expression « ligne ouverte » étant un calque de l’anglais open line, comment le remplacer en français?

5. En 1910, il a fondé le journal Le Devoir; en 1953, un boulevard de la ville de Québec a pris son nom. De qui s’agit-il?

6. «Pas question que Québec devienne une ville sanctuaire, dit Québec 21», peut-on lire dans Le Soleil du 10 août 2017. Une ville sanctuaire est une ville : a. qui installe dans ses églises des centres d’accueil pour les migrants; b. qui accueille et protège les migrants sans-papiers; c. reconnue comme lieu de pèlerinage pour toutes les confessions religieuses.

7. « Plusieurs ouragans au menu cette saison » nous annonce Le Journal de Québec (10 août 2017. Les mots ouragan, cyclone, typhon et tornade sont des synonymes qui servent à désigner une tempête tropicale. Vrai ou faux?

«Oh la la ! qu’il est loin le temps où nous nous posions des collesà la récréation. Nous avions pour cela un outil bien spécial, les cartes du Bon Langage. Je crois me rappeler qu’elles étaient l’œuvre d’un abbé Blanchard. Il nous en reste peu de choses.

De notre langue, il ne subsistera plus, dans quelques décennies, que des fautes : barbarismes, solécismes, incongruités, nonsens. Tout quoi! Et des jurons! Nous aurons le québécois intégral.» (2006) J’attends de vos nouvelles…

Vous aimez les mots. Vous avez des commentaires à formuler ou des suggestions à faire concernant cette chronique. Rien de plus simple. Écrivez-moi à hhgodbout@gmail.com. Cela nous permettra d’échanger sur des questions qui vous intéressent et d’enrichir par le fait même les futures chroniques. Merci à vous ! Les réponses page 33.

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Hébergement

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De nombreux écrits j’aimerais retranscrire par ordinateur et faire imprimer. Sur papier, mon écriture est parfois illisible. Je suis dans un petit studio sans confort et j’écris assise au sol, adossée contre le mur ou allongée sur mon lit. Je me sens parfois handicapée par la vie et par les autres. Encore ce matin, je me faisais agresser par les voisins dont la voix n’était pas celle de ceux y résidant. Au sujet d’odeurs de chienne comme si l’on me violait. Depuis ce temps, lorsque je me dénude ou relaxe au lit, je me sens observée et violée. Je me suis laqué les cheveux avec de l’huile de coco ce matin et mon visage est un peu plus joli maintenant que le dosage de médicaments dans mon corps est plus faible, et je me sens plus heureuse.

J’ai dessiné plantes, arbres et femmes sur mon mur. J’aimerais avoir un cahier à dessins et faire du dessin d’observation. Dessiner de la végétation me plairait. Je suis allée au Jardin botanique et y ai vécu un moment fabuleux. Des retrouvailles avec les tropiques. J’ai trouvé délicieux de revoir des papayers, des orchidées, des bananiers, des cactus, des bonzaïs et de magnifiques fougères. Plein d’autres fleurs et de végétaux du Brésil, de l’Afrique et de l’Amérique du sud j’ai pu découvrir. L’air y était bon et je me trouvais ravissante ce jour-là. J’ai pu y entrer gratuitement.

Ma sœur m’a offert une passe sur laquelle nous avons collé un de mes autoportraits à l’orchidée. J’ai acheté une plante très mignonne pour le conjoint de Pascale qui a un amour profond pour le jardinage et les plantes. Il aime l’Orient tout comme moi. Il m’a offert un livre sur le Japon et j’ai découvert un tas de trucs intéressants. Entre autres que les fleurs de prunier étaient l’ancien symbole de la pureté en Chine et au Japon et que la couleur rouge sur les fleurs de cerisier représente le sang des samouraïs. J’adore les arbres en fleurs. Je rêverais d’être photographiée sous toutes les espèces d’arbres en fleurs du monde entier.

Lors d’une visite dans le quartier de mon père où nous nous sommes baladés, mon père nous a montré des pommiers dans la neige. Au printemps j’irai m’y photographier. J’enverrai les photos à mon fils et à mon amoureux Stéphane. Je m’ennuie beaucoup d’eux. Stéphane est artiste et dessine des femmes, des enfants, la végétation tropicale, les bonzes, l’architecture traditionnelle et coloniale, le trafic, etc. Cela me plaît, car il utilise un tas de couleurs, étant un ancien bédéiste, ce qui transparaît dans ses toiles. Il amuse et garde un côté enfantin. Il aime surtout la simplicité et la facilité. Il a même été collectionné par un musée de Calcutta. Il est précieux à mes yeux, car il a été généreux avec moi. J’ai de jolis extraits vidéo avec lui à nos débuts dans le quartier Saint-Jean-Baptiste ou celui de Boeung Trabek à Phnom Penh. Notre ami espagnol qui est photographe a fait quelques clichés dans un de nos jardins. Stéphane achetait un tas d’orchidées pour moi, ce qui me permettait au lever du jour, avec les rayons chauds du soleil, de prendre mon café glacé devant celles-ci. Une vie paradisiaque s’offrait à moi. J’avais pourtant de nombreuses fois brisé notre vie harmonieuse et ravissante.

J’étais confrontée à la psychiatrie que je déteste profondément et tout ce qui était considéré comme des hallucinations pour les autres était abus de paroles et torture pour moi. Je n’ai jamais cru aux diagnostics superficiels et stratégiques des psychiatres trafiquants. Je suis toujours convaincue d’avoir de la technologie dans le corps. Des criminels(l)es demandent que l’on m’abuse de manière obsessive et inhumaine.

©Floriane

FLORIANE, LA HANDICAPÉE!

Cette société m’a exclue de la société et je suis incapable d’apprendre facilement la technologie, vu la torture mentale et physique faite par vos technologies secrètes... Ne diffusez pas ma vie et cessez de me trafiquer physiquement et en images et de me « chimifier » secrètement. etc. je ne suis pas heureuse d’être otage et handicapée par vos obsédées sexuelles sans vérité violant ma vie et m’exploitant inhumainement.

Je ne suis pas intéressée à être un nègre en prison pour les sociétés malhonnêtes de mutilatrices et chimificatrices dénaturantes et travestissantes. Écrit avant 2010, FLORIANE

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Chaque saison possède ses beautés et l’automne possède ses particularités qui nous font prendre conscience que tout est changement. Le rythme des quatre saisons, c’est comme une invitation à trouver sa propre adaptation. Je réalise que plus je suis connectée avec la Nature, plus je trouve en moi une satisfaction et une acceptation bénéfique et sereine!

CHRISTIANE VOYER

LE CACTUS

Quand j’étais enfant, j’avais toujours hâte, après l’été chaud, de canicule, d’orages, de détente, de pique-niques, d’escapades en nature avec la famille, de baignades à la piscine municipale de Shawinigan et dans quelques lacs du Parc national de la Mauricie, à la rentrée scolaire.

Après l’achat des vêtements et chaussures, des cahiers, des livres et tout le matériel pour écrire et dessiner, j’étais prête à entamer une autre année scolaire. L’école était à environ vingt minutes de marche de notre maison familiale. Parfois, sur le trajet, je prenais mon temps pour admirer les beaux arbres, les dernières fleurs de l’été et respirer l’air frais de l’automne. Mais, je courais le risque d’être en retard et d’arriver après que le carillon ait sonné pour avertir les élèves de rentrer dans leurs classes respectives. J’aimais cueillir sur mon chemin bordé d’érables, les plus belles feuilles rouges, jaunes et oranges afin d’en faire des signets ou de les cacher dans mes livres. Avec mes camarades de l’école, nous trouvions plaisir à nous les montrer et les échanger.

L’AU T OM N E

Comme le chanteur français, Joe Dassin qui s’en est inspiré pour écrire une belle chanson que j’écoute souvent, j’aime l’été indien, ce moment où l’automne nous surprend avec des journées un peu plus chaudes que la température normale de saison. Les belles couleurs automnales attirent les touristes qui viennent admirer les paysages. Certains ont les moyens financiers de louer un hélicoptère ou avion privé pour survoler les forêts laurentiennes et s’émerveiller de toutes ses brillances.

©Archives Web

Des quatre saisons, je préfère l’automne, entre autres parce que je suis née à la mi-octobre. J’aime particulièrement cette saison pour ses arbres colorés, ses journées et nuits fraîches, sa récolte des derniers légumes des jardins potagers, comme de belles citrouilles de tous les formats qui réjouissent les enfants en annonçant la fête de l’Halloween.

J’aime cueillir les derniers délicieux épis de maïs pour nos repas familiaux et amicaux; voir les grands champs de tournesols dont la forme rappelle de petits soleils, les cueillir et en faire de grands bouquets que l’on dépose dans nos plus beaux vases à fleurs et que l’on expose dans nos maisons.

Au deuil de cactus épinés de floraison échouée de tes poings surgit l’essence apte à capturer les détours d’un souvenir tes mémoires rebondissent aux yeux de pur ciel la peur te mord à échafauder les chimères de la folie insaisissable elle t’habite tourne en toi agrippe tes tourments elle harcèle, s’effrite à coup de noirceur, d’orages de bleuté d’ombre pendu dans ton monde tu creuses les marécages tu fends l’éclair tes absences traînent l’insoutenable vague de ton mal

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quand, de ton brouillard hurlera la corme de brume je t’offrirai ton nom gravé sur un papier de mer

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RENÉE PERRON LA QUÊTE

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Le mépris des pauvres

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Il y a déjà plus de quarante-cinq ans, plusieurs personnes remettaient en question la société de consommation. De nos jours, il faut bien constater que mis à part certains adeptes de la simplicité volontaire, les gens acceptent sans rechigner de vivre dans une société de surconsommation. Dans une telle société où les hurlements de la publicité sont devenus incroyablement débiles, le pouvoir d’achat déclasse complètement l’indice du bonheur. Le pouvoir d’achat sert même à calculer la valeur des personnes, un peu comme si notre principale fonction était d’acheter.

LE TEMPS VOLEUR Le temps marche, passe, court, nous dépasse et s’envole trop vite Pourquoi fuit-il notre compagnie? Nous a-t-il volé notre destinée?

Il ne reste jamais en place même s’il semble épargné l’aîné Il trace des rides au visage comme aux fruits de l’arbre automnal.

Le temps qui se laisse prendre aussitôt dit ne donne qu’une faible trace Il ravive dans nos photos des souvenirs de parenté ou d’amis Il rappelle des leçons de l’Histoire cachées dans un vieux grimoire Avec des images, il nous mouille les yeux de larmes sentimentales.

Le temps enseigne l’école de la vie sans amoindrir notre mémoire Le temps arrange beaucoup de problèmes et guérit des maladies Voici déjà venir des retards quand le temps tortue perdra sa place Le temps nous illusionne, il trompe de ne pas livrer sa limite.

Adieu temps précieux pour couper avec toi des projets tricotés serrés Il voyage dans l’immensité de l’univers en expansion voilée Va-t-en là-bas pour enfin rejoindre tous les gens défunts tant aimés Ce lieu préparé par Jésus-Christ dans l’étendue des cieux à l’infini.

Avec l’obsession de la consommation vient la dégringolade de la solidarité et l’augmentation du mépris des pauvres. Les pauvres? Des humains qui ne valent pas grand-chose. Et pourtant, chez les gens qui travaillent comme des enragés pour renforcer leur pouvoir d’achat, on voit se profiler l’ombre inquiétante d’une autre sorte de pauvreté : la pauvreté du temps. Ceux qui disent : « Je n’ai plus de temps à moi » seraient-ils en mesure de nous dire à qui il appartient? Quelle étrange impression que de voir s’inverser l’équation envie/ mépris quand des gens au faible pouvoir d’achat disent aux nantis : « Quand on n’est plus maître de son temps, dirige-t-on encore sa vie? » Lourde question qui mériterait que l’on s’y attarde, car on se retrouve dans une situation où les riches méprisent les pauvres et où les pauvres méprisent à leur tour ces bien nantis dépossédés de leur précieux temps.

La solution la plus logique consisterait à valoriser le travail à temps partiel, ce qui permettrait d’offrir un emploi à ceux et celles qui en cherchent un, tout en offrant aux personnes qui travaillent présentement cinq jours par semaine de pouvoir reconquérir du temps libre. Mais pour qu’une telle solution voie le jour, il faudrait prendre du recul face au matraquage publicitaire qui tente de nous faire croire que le pouvoir d’achat représente la seule voie possible vers le bonheur.

YVES POTVIN

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MICHEL BOUDREAULT

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Rêvé au petit matin Et les grandes Eaux cessèrent de s'agiter Et il ne venta plus dans la montagne et les Dieux se turent Et le voici qui allait errant perdu comme une bête traquée

mais où donc était passée sa tête sa belle chevelure d'or vieillissant ses grands yeux noirs tout écarquillés ses yeux égarés saisissant tout du gain et de la défaite sa large bouche d'ombre défigurée qui murmurait avec cette étrange douceur son cri de douleur et de joie que retenait un peu cette peine de la solitude qu'il gardait entre les plis outragés de sa très ancienne mémoire et qu'était-il en train d'advenir de sa grâce de tyran de sa jeunesse hier encore toute neuve toute fraîche plus limpide que les eaux claires de la rivière Bonds-d'Amours au sortir d'un bal masqué où pouvait bien être passée la Reine qu’il avait tant aimée qui fut la Beauté même pour tout un royaume jadis peuple de romanichels

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©Archives Web

Il ne reconnaissait plus ses mains de Géant ne reconnaissait plus sa voix grave de Princesse offensée

de vagabonds aveugles et de brigands affamés les loups à l’orée de la steppe ne hurlaient plus leur chant rauque à l’heure sinistre où tout va s’éteindre et disparaître les chiens maigres et las ne regagnaient plus leur cabane une fois la nuit tombée les tout-petits eux-mêmes ne répondraient plus à l’appel mais pourquoi les jongleurs et les maquignons avaient-ils sans avertir quitté leurs maîtres et le musicien qui brisait sa guitare contre la pierre blanche au jardin la fille du meunier l’apprenti-forgeron s’étaient pendus au petit matin pour qui pourquoi et les bras trop courts et les mains trop grandes de cet enfant bleu chargées de fleurs jaunies et fanées

LA QUÊTE

et cette pauvre femme là-bas qu’on dirait qu’elle est déjà au bout de tous ses chemins l’on ne nous avait pas prévenus rien ni quoi que ce fût d’autre ne nous avait été annoncé nous ne nous étions posé aucune question cela fut si subit mais quoi mais qui mais quand au juste personne jamais n’a pu savoir quoi que ce fût non personne.

JEAN PIERRE Ô vous qui vivez aujourd’hui comme si la Mort vous avait hallucinés apprenez pourtant que jamais au grand jamais nous ne sûmes la raison pour laquelle en ce matin clair l’alouette n’allait point chanter au confin de l’univers connu.

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Ressources Références communautaires Service d’information et de référence qui vous dirige vers les ressources des régions de la Capitale-Nationale, de la Chaudière-Appalaches et de la MRC de la Haute-Yamaska.

Tél. : 2-1-1 Aide sociale ADDS Association pour la défense des droits sociaux 301, rue Carillon, Québec Tél. : 418 525-4983 Maison de Lauberivière Centre de jour 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 centredejour@lauberiviere.org Relais d’Espérance Aider toute personne isolée et en mal de vivre 1001, 4e Avenue, Québec Tél. : 418 522-3301 Rendez-vous Centre-ville Centre de jour 525, rue St-François Est, Québec Tél. : 418 529-2222 Rose du Nord Regroupement des femmes sans emploi 418 622-2620 www.rosedunord.org Aide aux femmes Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) Formé pour vous épauler!

418-648-2190 ou le 1-888-881-7192 Centre femmes aux trois A Pour la réorganisations sociale 270, 5e rue, Québec Tél. : 418 529-2066 www.cf3a.ca Centre femmes d'aujourd'hui Améliorer les conditions de vie des femmes 1008, rue Mainguy, Québec Tél. : 418 651-4280 c.f.a@oricom.ca www.centrefemmedaujourdhui.org Support familial Flocons d'espoir Écoute et aide matérielle pour les femmes enceintes 340, rue de Montmartre, sous-sol, porte 4, Québec Tél. : 418 683-8799 ou 418 558-2939 flocons.espoir@videotron.ca Violence Info Sensibilisation, information et intervention pour contrer la violence conjugale et la maltraitance envers les aînées. www.violenceinfo.com Alphabétisation Alphabeille Vanier 235, rue Beaucage, Québec Tél. : 418 527-8267 info@alphabeille.com www.alphabeille.com Atout-lire 266, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 524-9353 alpha@atoutlire.ca www.atoutlire.ca Le Cœur à lire 177, 71e rue Est, Québec Tél. : 418 841-1042 info@lecoeuralire.com www.lecoeuralire.com Lis-moi tout Limoilou 798, 12e Rue, 1e étage, Québec Tél. : 418 647-0159 lismoitout@qc.aira.com

Centre de prévention du suicide 1310,1re avenue, Québec Tél. : 418 683-4588 (ligne de crise) www.cpsquebec.ca Tel-Aide Québec Tél. : 418 686-2433 www.telaide.qc.ca Tel-Jeunes Tél. : 1 800 263-2266 www.teljeunes.com Entraide Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO) 435, rue du Roi, Québec Tél. : 418 525-6187 poste 221 carrefour@capmo.org www.campo.org Fraternité de l'Épi Aide aux personnes vivant de l’exclusion par la création d’un lien d’appartenance 575, rue Saint-François Est, Québec Tél. : 418 523-1731 Hébergement Maison de Lauberivière Pour hommes et femmes démunis ou itinérants 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 accueil.hommes@lauberiviere.org www.lauberiviere.org L'Armée du Salut et La maison Charlotte Hébergement hommes 14, côte du Palais, Québec Tél. : 418 692-3956 poste 1 Hébergement femmes 5, rue Mc Mahon, Québec Tél. : 418 692-3956 poste 2 armeedusalut.ca/quebec Maison Revivre Hébergement pour hommes 261, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 523-4343 maison.revivre@gmail.com maisonrevivre.weebly.com SQUAT Basse-Ville Hébergement temporaire pour les 12 à 17 ans 97, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 521-4483 coordo@squatbv.com www.squatbv.com Gîte Jeunesse Hébergement temporaire pour garçons de 12 à 17 ans Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec Tél. : 418 666-3225 Résidence de Ste-Foy 3364, rue Rochambau, Québec Tél. : 418 652-9990 YWCA Hébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes (La Grande Marelle) Tél. : 418 683-2155 info@ywcaquebec.qc.ca www.ywcaquebec.qc.ca Réinsertion sociale Maison Dauphine Pour les jeunes de 12 à 24 ans 31, rue D’Auteuil, Québec Tél. : 418 694-9616 courrier@maisondauphine.org www.maisondauphine.org Prostitution La Maison de Marthe 75, boul. Charest Est, CP 55004 Tél. : 418 523-1798 info@maisondemarthe.com www.maisondemarthe.com

La Marée des mots 3365, chemin Royal, 3e étage, Québec Tél. : 418 667-1985 lamareedesmots@oricom.ca membre.oricom.ca/lamareedesmots

P.I.P.Q. Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec Tél. : 418 641.0168 pipq@qc.aira.com www.pipq.org

Détresse psychologique

Soupe populaire

Centre de crise de Québec Tél. : 418-688-4240 ecrivez-nous@centredecrise.com www.centredecrise.com

Café rencontre Centre-Ville 796, rue St-Joseph Est, Québec(Déjeuner et dîner) Tél. : 418 640-0915 info@caferencontre.org www.caferencontre.org

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Maison de Lauberivière (Souper) 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 stephane.deslauniers@lauberiviere.org Soupe populaire Maison Mère Mallet (Dîner) 745, Honoré-Mercier, Québec Tél. : 418 692-1762 Santé mentale Centre Social de la Croix Blanche 960, rue Dessane, Québec Tél. : 418 683-3677 centresocialdelacroixblanche.org info@centresocialdelacroixblanche.org La Boussole Aide aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale 302, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 523-1502 laboussole@bellnet.ca www.laboussole.ca Centre Communautaire l'Amitié Milieu de vie 59, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 522-5719 info@centrecommunautairelamitie.com www.centrecommunautairelamitie.com Centre d’Entraide Émotions 3360, de La Pérade, suite 200, Québec Tél. : 418 682-6070 emotions@qc.aira.com www.entraide-emotions.org La Maison l'Éclaircie Troubles alimentaires 2860, rue Montreuil, Québec Tél. : 418 650-1076 info@maisoneclaircie.qc.ca www.maisoneclaircie.qc.ca Le Pavois 2380, avenue du Mont-Thabor, Québec Tél. : 418 627-9779 Téléc. : 418 627-2157 Ocean Intervention en milieu Tél. : 418 522-3352 Intervention téléphonique Tél. : 418 522-3283 Parents-Espoir Soutien et accompagnement des parents 363, de la Couronne, bureau 410, Québec Tél. : 418-522-7167 Service d'Entraide l'Espoir 125, rue Racine, Québec Tél. : 418 842-9344 seei@videotron.ca www.service-dentraide-espoir.org Relais La Chaumine 850, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 529-4064 chaumine@bellnet.ca relaislachaumine.org TOXICOMANIE Al-Anon et Alateen Alcoolisme Tél. : 418 990-2666 www.al-anon-alateen-quebec-est.ca Amicale AlfA de Québec 75, rue des Épinettes, Québec Tél. : 418 647-1673 alphadequebecinc@videotron.ca Point de Repères 225, rue Dorchester, Québec Tél. : 418 648-8042 www.pointdereperes.com VIH-SIDA MIELS-Québec Information et entraide dans la lutte contre le VIH-sida 625, avenue Chouinard, Québec Tél. : 418 649-1720 Ligne Sida aide : 418 649-0788 miels@miels.org www.miels.org

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Merci À TOUS NOS PRÉCIEUX PARTENAIRES !

RÉPONSES LA LANGUE DANS SA POCHE RÉPONSES PARLER POUR PARLER 1. Ogive est un nom féminin.

2. Le chemsex est un mot-valise qui nous vient de l’anglais; il est formé à partir de chemicals [drogues chimiques] et sex [sexe]. Ce mot désigne une pratique qui allie le sexe et la consommation de drogues.

3. Les amateurs de mots croisés sont des cruciverbistes; les verbicrucistes sont les personnes qui conçoivent les mots croisés.

4. En français, on dira plutôt « tribune téléphonique ».

5. Henri Bourassa, journaliste et homme politique québécois [1868-1952].

6. B. Une ville sanctuaire [Sanctuary city en anglais] désigne, aux États-Unis et au Canada, une ville qui applique une politique de protection des migrants sans-papiers; cette politique peut être formellement adoptée ou seulement appliquée par l’habitude. Les gens qui y habitent ne sont pas poursuivis pour la simple raison qu'ils sont des immigrants sans papiers.

• Centraide

7. Vrai. La différence entre ces termes n'est pas scientifique mais géographique. Le mot « cyclone » est utilisé dans le Pacifique Sud-Ouest et Est ; il est connu sous le nom « ouragan » dans l'Atlantique Nord, le Pacifique Nord-Est et Sud-Ouest et « typhon » dans le Sud-Est asiatique.

La tornade prend naissance dans les nuages orageux, elle correspond à un mini-cyclone par sa taille et sa durée.

PARTENAIRES ARGENT

RÉPONSE Qui suis-je?

• CKRL FM 89,1

Claire Martin, femme de lettres québécoise [1914-2014], auteure de nombreuses œuvres littéraires [romans, nouvelles, essai]. Son récit autobiographique *Dans un gant de fer* [1er tome *La joue gauche* en 1965; 2e tome La joue droite en 1966] lui a valu le Prix de la province de Québec, le Prix France-Québec et le Prix du gouverneur général. Au cours de sa carrière, Claire Martin a reçu plusieurs marques de distinction et de reconnaissance [prix littéraires, doctorat honoris causa, Ordre du Canada, Ordre national du Québec, Académie des Grands Québécois et bien d’autres]. Depuis juin 2017, la bibliothèque Saint-Jean-Baptiste [située dans l’ancienne église anglicane St. Matthew de la rue Saint-Jean] s’appelle Bibliothèque Claire-Martin.

PARTENAIRES OR

• Impressions Stampa •Festival de cinéma de la ville de Québec • Services 211

PARTENAIRES BRONZE

Citation tirée de À tout propos, Les Éditions de l’Instant même, 2006, p. 62.

Photo Antoine Godbout.

• Audiothèque • Danièle Rouleau • Intermarché St-Jean PARTENAIRES INCONDITIONNELS (depuis plus de 5 ans !)

SOLUTION SOLUTION LE JEU DE LA QUÊTE

• Le Bal du Lézard

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• Maison Revivre

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PARTENAIRES AD VITAM AETERNAM • Yves Boissinot • Claude Gallichan

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Conseiller en sécurité financière Conseiller en régimes d’assurances collectives Représentant autonome

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Une approche plus humaine de l’éducation est essentielle. Au-delà des statistiques, il faut penser réussite éducative. Le gouvernement doit soutenir par des moyens concrets les élèves et le personnel.

PASSONS DE LA PAROLE AUX ACTES

LES ÉLÈVES NE SONT PAS TOUS PAREILS

La Quête - 7 po x 2 1/4 po, noir et blanc

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ANNE GUÉRETTE

ENTREVUE EXCLUSIVE Anne Guérette est cheffe de l’opposition officielle à la Ville de Québec, et elle dirige le parti Démocratie Québec. Elle est diplômée en architecture de l’Université Laval. Candidate à la mairie de la ville de Québec pour l’élection municipale de novembre 2017, elle a accepté gracieusement de m’accorder cette entrevue exclusive.

Bonjour, chère madame. Qui êtes-vous en tant que personne humaine?

Je suis une citoyenne engagée, une personne qui a envie de contribuer à un changement positif du monde. Je veux contribuer à l’édification d’un monde meilleur et je pense que, par la politique, on peut changer les choses efficacement. Je vois beaucoup de gens extraordinaires sur le terrain dans le communautaire, dans le bénévolat, dans la philanthropie et je crois qu’ils se butent souvent à un monde politique qui n’est pas assez à l’écoute des citoyens. À quelque part, je suis un peu une révolutionnaire. J’ai le goût de brasser les affaires parce que je trouve qu’on est un peu tout croche en ce moment sur la planète. Je trouve qu’on est en train de pourrir notre planète. Il y a beaucoup d’injustice sociale. Il n’y a pas de véritable démocratie… Je suis une femme de cause. Je suis une défenderesse, un protecteur. Je veux défendre les citoyens, la démocratie et l’environnement. Je veux léguer un héritage.

Je suis un peu révolté et choqué par ce qui se passe sur la planète aujourd’hui. Ça m’indigne, mais c’est ça qui me donne le gaz pour aller de l’avant et pour m’engager. Je suis préoccupée par les décisions qu’on prend aujourd’hui qui feront le Monde qu’on va laisser à nos enfants, demain. Je suis en quête de vérité.

Vous voulez devenir la prochaine mairesse de la ville de Québec, n’est-ce pas?

Oui. Je regarde ce qui se passe à l’heure actuelle et je pense qu’on peut faire mieux (répond-elle en riant). Oui, car j’ai la motivation, la capacité et je suis là par amour pour les citoyens et pour notre ville que je veux voir toujours plus belle et plus agréable à vivre.

Décrivez-moi votre approche svp et celle de votre parti : Démocratie Québec C’est une approche qui se veut du bas vers le haut par rapport à une approche autoritaire où l’on prétend savoir ce qui est bon pour le peuple, où on a été élu, pis les citoyens reprendront une décision aux quatre ans! Pour moi la politique doit s’exercer du bas vers le haut donc qui part des besoins des citoyens, du milieu culturel, économique, etc. Il faut s’inspirer de tout ce qu’il y a sur le terrain pour ensuite passer à l’action politique pour répondre à ces besoins-là. Ensuite, c’est le rôle d’un maire ou d’une mairesse de prendre les meilleures décisions. Et, justement, pour prendre les meilleures décisions, il faut être à l’écoute de ses citoyens. L’équipe, c’est les citoyens, c’est le terrain. Je veux mettre de l’avant un processus de participation citoyenne dynamique.

Je n’ai jamais choisi la voie de la facilité. J’ai toujours choisi mes valeurs, mes convictions. Dans la prochaine campagne, nous voulons créer un mouvement, un élan.

Je sais que je suis méconnue dans le message que je porte. Les gens ne savent pas encore assez clairement ce qui me « drive », pourquoi je suis là et ce que je veux faire avec cette ville-là. Nous avons de belles idées pour créer des occasions de parler avec un plus grand nombre de citoyens et qu’ils apprennent à me connaître plus personnellement.

Que pensez-vous de la couverture médiatique en général dans les médias par rapport à vous?

©Michael Gosselin

Je ne veux pas juger. Parfois c’est bon. Parfois c’est moins bon… On sait que ce n’est pas nécessairement moi la préférée pour l’instant, mais j’ai encore confiance que je suis capable de convaincre les gens que celle qui a le plus d’expérience et qui a les meilleures capacités pour gouverner la ville de Québec, c’est moi. Je crois sincèrement que je suis capable de faire le travail et bien mieux que ce qui se fait en ce moment.

Merci beaucoup, madame Guérette.

Merci à vous!

RÉAL MALOUIN Anne guérette : Photo prise le 21 septembre pendant la Journée du camelot.

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c'est devoir être un peu partout et nulle part à la fois.

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16 e Nuit des sans-abri Vendredi 20 octobre 2017 dès 16h Place de l’Université du Québec

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Changeons des vies pour la vie, comme celle de Julie.

Donnons. centraide-quebec.com DĂŠcouvrez son histoire sur notre site Web.