La quete numero 171 fevrier 2015 co

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Découvrez mon histoire à centraide-quebec.com Concept : Publicis Montréal Photographie : Shayne Laverdière Maison de production : La Cavalerie

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No 171 Février 2015

S.V.P. n’achetez qu’au camelot portant une carte d’identification.

2 $ sur le prix de vente va directement au camelot.

Le magazine de rue de Québec

2014-12-18 11:20

• Webster : rappeur historien • Candidate à surveiller • Une affaire de cheveux • Haïti dans la Capitale

Invitation

à la clientèle de L’Archipel d’Entraide

Michel Yacoub

Faites-vous du bien et venez célébrer l’amour et l’amitié avec nous !

Le 11 février 2015 entre 13h00 et 15h30 À la salle La Nef 190, rue St-Joseph Est Pour renseignements : 418 649-9145

Conseiller en sécurité financière Conseiller en régimes d’assurances collectives Représentant autonome 501, 14e Rue Québec, Québec G1J 2K8 Téléphone : 418 529-4226 Télécopieur : 418 529-4223 Ligne sans frais : 1-877-823-2067 Courriel : michel.yacoub@sympatico.ca

SOMMAIRE POUR LE PLAISIR DE LIRE

DOSSIER

noirEs 06-07 Rappeur et historien

Une candidate à surveiller

10

Au rythme des Journées d'Afrique

11

Son pays : la forêt

14

L'immigration à Québec

17

La langue dans sa poche

Le peuple noir

20

Passé composé

21

Michel

23

Descente

25

De l'amour

25

Passent les années

26

La sérénité du vent

26

P(r)ier

27

Schizographie

Photo: Camille Nadeau

JEUX Le jeu de La Quête

19

La révolte du somnambule

Yafeh : une affaire de cheveux

16

Être Noir à Québec

22

Un peu d'Haïti dans la Capitale

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18

Photo: Camille Nadeau

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CHRONIQUES 08

15 Photo: Camille Nadeau

FÉVRIER 2015

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LA QUÊTE

« Il travaille comme un nègre » La fierté tranquille de sa différence La lumière au bout du tunnel ?

03

PAGE COUVERTURE Photo : Camille Nadeau

RÉALISER L’ESPOIR

camille_nadeau@hotmail.com Conception graphique : Karyne Ouellet

Camelots recherchés

L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment donné Hey toi! de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés Tu as 18compte ans ou plus. pour cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, Tu veux te faire quelques dollars? etc.

Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné Travaille à ton compte. Pas d’horaire. à la vente sur la rue !par Vends le magazine de rue La Quêtedes personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu’à titre de travailleurs Pour plus d’informations autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, Appelle-nous au certain pouvoir sur leur vie. reprendre un

418 649-9145 poste 33 Ou L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également des Viens nous rencontrer au services d’accompagnement 190, rue St-Joseph Est (coin Caron)communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche logement par le biais de son service Accroche-Toit.

Dans l’église d’un Jacques-Cartier

ÉDITEUR PARRAIN Claude Cossette COORDONNATRICE Francine Chatigny CONSEILLÈRE À L’ÉDITION Martine Corrivault RÉDACTRICE EN CHEF Valérie Gaudreau RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE Isabelle Noël CHRONIQUEURS Martine Corrivault, Claude Cossette, Diane Morin

Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots.

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UNE TRIBUNE POUR TOUS Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu. Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux.

Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) avant le 1 du mois pour parution dans l’édition suivante. La thématique de mars : Femmes. er

FAIRE DES SOUS EN DEVENANT CAMELOTS Les camelots récoltent 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier.

Pour plus d’informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 31 Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l’unique magazine de rue de Québec.

JOURNALISTES Véronik Desrochers, Philippa Jabouin, Rabéa Kabbaj, Luis Sarobe, Stéphanie St-Louis, Lou Sauvajon AUTEURS Michel Bonnelly, Antoine Carrier, Julie Cartier, Jean-Pierre Drolet, Laurence Ducos, Gatéan Duval, François Gagnon, Jacques Pruneau, Bernard St-Onge, Christiane Voyer AUTEURS DES JEUX Hélène Huot, Jacques Carl Morin, Ginette Pépin RÉVISEURES Véronik Desrochers, Geneviève Loiselle, Nathalie Thériault PHOTOGRAPHES Camille Amélie Koziej-Lévesque, Camille Nadeau INFOGRAPHISTE Karyne Ouellet IMPRIMEUR Les Impressions STAMPA inc.

418-681-0284 COPYLEFT La Quête, Québec, Canada, 2014 Ce document est mis à votre disposition sous un droit d’auteur Creative Commons « Paternité - Pas d'Utilisation commerciale - Pas de Modification 2.5 – Canada » qui, si ce n’est pas commercial, permet de l’utiliser et de le diffuser tout en protégeant l’intégralité de l’original et en mentionnant le nom des auteurs.

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Téléphone: La Quête est appuyée financièrement par : Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI)

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Journal La Quête 190, rue St-Joseph est Québec (Québec) G1K 3A7 Téléphone : 649-9145 Télécopieur : 649-7770 Courriel : laquetejournal@yahoo.ca

Nous reconnaissons l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques, qui relève de Patrimoine canadien

LA QUÊTE

FÉVRIER 2015

MOT DE LA COORDO

noirEs est également historien de formation. Selon lui, il importe, tant pour les Noirs que pour les Blancs, de reconnaître l'apport des Noirs à notre histoire.

Il aura fallu attendre jusqu'en 2006 - près de 30 ans après les États-Unis - pour que le Québec reconnaisse officiellement la contribution historique des Noirs à la société et vote une loi proclamant février comme le Mois de l'histoire des Noirs.

Parce que l'Histoire se joue aussi au présent, La Quête est allée prendre le pouls de la communauté noire de Québec par le biais de quelques-uns de ses représentants.

et fondateur promet d'en faire un beau moment, a-t-il confié à Rabéa Kabbaj.

Il y a 5 ans, un séisme ravageur s'abattait sur Haïti. « Une raison de plus pour quitter le pays », remarque le sociologue d'origine haïtienne Roberson Édouard, qui offre un regard lucide sur la perle des Antilles et... une critique acerbe sur les tours St-Pie X de Limoilou.

Maïsa Mpembe parviendra éventuellement, c'est du moins ce à quoi elle travaille, à se hisser sur la scène politique locale. Cette Congolaise d'origine qui vit à Québec depuis 10 ans a bien envie de redonner à son pays d'accueil. C'est d'ailleurs l'une des raisons, explique-t-elle à notre journaliste Philippa Jabouin, pour lesquelles elle s'est présentée aux dernières élections municipales, et se représentera aux prochaines, avec l'intention ferme de gagner son pari.

Ils sont peu nombreux à avoir élu domicile dans la blanche Capitale, et à contrario de leur qualification de minorité visible, on ne les voit que fort peu. « C’est une minorité visible, mais qu’on ne voit pas nécessairement à l’écran, dans les fonctions officielles, en politique, à la télé, etc. », comme le souligne Webster dans l'entretien qu'il a accordé à Véronik Desrochers. Le SénéQueb de Limoilou, qui a réussi à se forger une réputation outre frontière en tant que rappeur et formateur - il donne des ateliers d'écriture tant dans les ghettos américains que dans les écoles privées de Philadelphie-,

Trait identitaire fort, le cheveu crépu des Noirs fait leur fierté... et leur misère, car il ne se laisse pas coiffer facilement et nécessite des produits de soins particuliers. Sabrina Larive, bien entourée de plusieurs membres de sa communauté, a ouvert le salon Yafeh (de l'hébreu. qui signifie « beauté remarquable ») il y a un peu plus d'un an. L'éventail des services offerts impressionne.

Courtoisir: Damase Khasa

Quand Ousmane Gueye a lancé la première édition de son festival, peu d'événements permettaient de faire connaissance avec la musique de l'Afrique. En 2015, le festival Journées d'Afrique célébrera son 20e anniversaire, et son président

Il vit à Québec, se considère comme un citoyen du monde et est perçu par ses pairs comme un missionnaire des temps modernes. Toutefois, le cœur de Damase Khasa est résolument tourné vers l'Afrique, et plus précisément vers sa forêt. Lou Sauvajon a rencontré cette sommité en foresterie internationale qui contribue au rayonnement de la société québécoise.

Dans la section « Pour le plaisir de lire », les auteurs de La Quête, ces amants des mots et de la langue, livrent leurs dernières créations , et ce, avec beaucoup de générosité.

Bonne lecture,

FÉVRIER 2015

Photo: Camille Nadeau

Courtoisie: Kadidia Togola

Courtoisie: Roberson Édouard

Courtoisie: Maïsa Mpembe

FRANCINE CHATIGNY

LA QUÊTE

DÉCOUVRIR « NOTRE » COMMUNAUTÉ NOIRE Dans le cadre du Mois de l'Histoire des Noirs, différentes activités se dérouleront en février. Au moment de mettre sous presse, le calendrier des activités n'était toujours pas disponible, mais mentionnons la conférence de Webster « Histoire de la présence des Noirs et de l'esclavage au Québec du 17e au 19e siècle » présentée le 17 février 2015 à 19 h 30, au Centre d’interprétation historique de Sainte-Foy, ainsi que le concert Québec, au rythme des musiques du Monde, présent au Palais Montcalm le 21 février prochain ( informations sur le site de R.I.R.E 2000 : http://www.r2000.qc.ca/ ).

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WEBSTER

RAPPEUR ET HISTORIEN En entrevue avec La Quête à la boutique Article 721 dans Limoilou en novembre dernier, le rappeur Aly Ndiaye, alias Webster, nous parle des réalités passées et actuelles des Noirs de Québec. probablement qu’il était venu ici avec les pêcheurs basques avant.

Photo: Camille Nadeau

Le premier Africain à vivre et à mourir à Québec va arriver en 1629, seulement vingt ans après les débuts de la colonie. Il s’appelait Olivier Lejeune. C’était l’esclave de Guillaume Couillard. Il est arrivé avec les frères Kirke lors de la prise de Québec en 1629. Un des frères Kirke l’a vendu à Lebaillif qui était un traître, un Français qui travaillait au compte des Anglais.

Quand les Français ont repris Québec en 1632, Lebaillif est reparti, mais a donné Olivier Lejeune à Guillaume Couillard.

Guillaume Couillard va l’avoir chez lui en tant que domestique et va le faire éduquer chez les Jésuites. Lejeune est l’un des deux premiers étudiants dans toute l’histoire scolaire du Canada. Dans les Relations des Jésuites de 1633, le père Paul Lejeune, qui va leur enseigner, écrit : « Je suis devenu régent en Canada et j’avoys d’un côté un petit sauvage et de l’autre un petit nègre à qui j’apprenoys les lettres. J’aimerais échanger ces deux jeunes étudiants pour tout auditoire de France ».

Webster

HISTOIRE NOIRE

La Quête : Que signifie le mois de l’Histoire des Noirs pour toi ?

Webster : C’est le moyen de commémorer et de célébrer la présence et l’apport de la culture noire à l’Amérique du Nord, au reste du monde, à l’Occident. Idéalement, pour moi, il n’y aurait pas de Mois des Noirs, l’histoire des Noirs serait connue comme étant l’histoire tout simplement.

C’est une histoire qui est tellement ignorée, si on en parle aux gens, les trois quarts ne savent pas qu’il y a des Noirs ici depuis le début de la colonie. De là, l’importance d’avoir un Mois de l’Histoire des Noirs.

LQ : La Quête fait un numéro sur les Noirs pour souligner le Mois de l’Histoire des Noirs, comment perçois-tu cela ?

W : Je trouve que c’est une très bonne idée, parce que justement, c’est une dy-

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namique dont on ne parle pas vraiment.

C’est un moyen pour les gens d’entrer en contact avec une partie de la population et une partie de leur culture. Souvent, on dit que c’est une minorité visible invisible.

C’est une minorité visible, mais qu’on ne voit pas nécessairement à l’écran, dans les fonctions officielles, en politique, à la télé, etc., on en voit, mais je ne pense pas que ce soit représentatif du pourcentage de la population.

LQ : J’aimerais t’entendre sur l’histoire des Noirs à Québec. Parle-moi de personnages célèbres.

W : Un homme important, c’est Mathieu da Costa qui est le premier Africain à venir officiellement au Canada. C’était l’interprète de Samuel de Champlain. Ce n’était pas un esclave, il faisait le truchement : la traduction entre les Européens et les Amérindiens. C’est quelqu’un qui connaissait les langues amérindiennes,

LA QUÊTE

Alexander Grant : j’ai fait une chanson à propos de lui. C’est un activiste du 19e siècle, dans les années 1830, à Montréal.

C’est le premier à avoir donné un sentiment communautaire à la communauté noire à Montréal. C’est un personnage qu’on a oublié, mais qui a réussi à rassembler des gens autour de lui et à donner un sentiment d’unité et de fierté.

LQ : Que doit-on se souvenir de cette Histoire ?

W : Ce dont il faut se souvenir, c’est qu’on a une histoire multiculturelle. Déjà, elle était multiculturelle à travers les Européens et les Amérindiens, mais on doit aussi se souvenir des Noirs qui ont participé à l’édification de cette nation.

LQ : Tu es très souvent appelé à parler de l'histoire des Noirs. As-tu parfois l'impression d'être « seul de ta gang » ?

W : Oui et non. De ma génération, à Québec, oui. Mais je ne suis pas le seul.

Il y a Philippe Fehmiu, à Montréal qui a beaucoup travaillé là-dessus. Son père, Paul Brown, est un grand historien, qui a fait une histoire des Noirs aussi. Il y a plusieurs intellectuels qui en ont parlé, qui ont écrit des livres. J’essaie de vulgariser, de démocratiser cette connaissance

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pour que ça devienne une connaissance de base. Pour que tout le monde puisse savoir qu’il y a eu de l’esclavage ici. Pour que les jeunes puissent grandir en ayant accès à cette connaissance-là. Pour moi, ça permet de raffermir l’identité québécoise et de rendre plus inclusive l’histoire. Étant né à Québec, c’est quelque chose que j’aurais aimé savoir en vieillissant.

Jeune, ça aurait contribué à mon façonnement identitaire.

DU RACISME À QUÉBEC ?

LQ : Les Noirs sont-ils encore victimes de profilage social à Québec ?

W : Oui… (Hésitation) Comment dire ?

Je pense qu’il y a certaines instances qui associent Noirs, criminalité, gangs de rue et hip-hop. Nommément, la police de Québec. J’ai l’impression que c’est moins pire que c’était, mais c’est de mon point de vue, parce que je ne le vis plus, on ne me colle plus. Je sais qu’il y a beaucoup de jeunes qui subissent ce type de profilage, mais je ne peux pas généraliser.

ras-le-bol, d'un changement de paradigme, d'une « évolution spirituelle ? »

des jeunes du primaire et des enseignants en formation.

W : J’ai rappé beaucoup à propos de politique. Ça fait 20 ans que je fais ça, et là-dessus, j’ai rappé 17-18 ans sur la politique. Ça a été mon sujet de prédilection pendant longtemps, mais j’ai juste décidé d’aller vers autre chose, parce que j’étais tanné d’être compartimenté comme rappeur engagé. Je suis une personne qui s’engage beaucoup dans la vie de tous les jours. Je ne sentais plus le besoin de rapper à propos de mon engagement. Si c’est le rap [engagé] qui t’intéresse venant de moi, il y a mes autres albums. Mais mon dernier album, j’en suis fier, c’est un album à écouter et à réfléchir.

Ça me permet de démontrer la valeur littéraire du rap et du hip-hop, parce que souvent, on a une image un peu négative de cette culture. Mais pour moi, c’est un mouvement littéraire à part entière.

Il y a peu de styles musicaux qui sont aussi denses au niveau de l’écriture, qui amènent autant d’images littéraires en si peu de temps.

LQ : Retour en arrière : tu es passé de l’anglais au français dans tes textes, pourquoi ?

W : Quand j’ai commencé à rapper en 1995, le rap se vivait en anglais, tout simplement. Il n’était pas question de faire ça en français, ça n’existait pas pour nous, ça se faisait en anglais. Puis, le rap en franIl y a un certain problème face au hip- çais est arrivé graduellement et je me suis hop, face aux Noirs, mais ce n’est pas rendu compte que si je voulais progrestous les policiers qui agissent comme ça. ser, il était important que je rappe dans Il y a beaucoup de policiers qui agissent ma langue maternelle. Si un écrivain veut de manière professionnelle aussi. Je suis aller plus loin, il doit maîtoujours taxé de pointer triser les subtilités de la du doigt la police, et ce qui « ... on doit aussi se langue, les petits détours passe dans les médias, c’est souvenir des Noirs qui font que l’écriture detoujours l’aspect où je suis qui ont participé vient plus fine, plus subtile. fâché, mais je dis toujours à l’édification de C’était important de faire qu’il faut nuancer, mais cette nation ». ce changement tôt, pour c’est jamais le segment devenir bon tôt. (Rires) Ça qu’on met dans les médias. m’a pris 10 ans pour être à l’aise en franLQ : Dans la même veine, Québec est- çais! Ce n’était pas par choix politique de la survie du français, c’était vraiment par elle une ville raciste selon toi ? choix artistique.

W : On ne peut pas dire que la ville est raciste, mais définitivement, oui, il y a du LQ : Ça a mené à des ateliers d’écriture racisme, comme partout ailleurs. Qu’on pour les jeunes du secondaire. Parleaille au Sénégal, il y en a du racisme, en moi de ce projet ? Comment ça se passe ?

Afrique, en Haïti, en Chine, au Moyen- W : Ça se passe très bien. Je suis très Orient. Le racisme existe partout. Ça content. Ça a commencé en 2009, sur vient surtout de l’intolérance et de l’igno- une commande du Musée national des rance, donc oui, il y en a ici, mais il ne faut Beaux-Arts. Théoriser quelque chose que pas laisser cet aspect éclipser le fait qu’il y je faisais à l’instinct depuis longtemps m’a a des efforts qui sont faits. On ne peut pas vraiment fasciné. J’ai vraiment adoré ça. définir une ville de par sa minorité, mais De fil en aiguille, j’ai commencé à en donc’est une ville qui est encore homogène, ner à plusieurs endroits. Ça m’a permis ça c’est sûr. de toucher un spectre extrêmement large, LA VRAIE NATURE DU RAP

LQ : Sur ton dernier album, À l’ombre des feuilles, tu as délaissé la politique pour la philosophie... s'agit-il d'un

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Il y a aussi un aspect thérapeutique et éducatif au rap. Des jeunes à problèmes vont sortir des choses à travers l’écriture qu’ils ne sont pas capables de dire. Et puis, c’est une chose qui fascine les jeunes. Je leur apprends les bases du français littéraire. Je leur donne le matériel des cours de poésie, mais à travers le rap. Pour eux, tout d’un coup, ça devient intéressant.

LQ : Qu’est-ce qui t’attend dans les prochains mois ?

W : Des voyages se préparent pour cette année. Beaucoup d’ateliers d’écriture jusqu’à la fin de l’année scolaire.

Je repense tranquillement à faire un autre album. J’étais sûr qu’À l’ombre des feuilles était mon dernier. Faire un album demande beaucoup d’énergie. J’ai l’impression de travailler deux-trois ans sur quelque chose où je mets toute mon âme que je cisèle de manière profonde. Puis, ça sort, et c’est tout. Un album de rap au Québec n’a pas une longue vie. Surtout du rap à déchiffrer qui n’est plus un style à la mode auprès des jeunes. Les gens qui sont intéressés par ce type de textes ne sont pas intéressés par la musique hiphop. C’est beaucoup d’efforts pour peu de retour.

Le rap est mal perçu et n’est pas perçu comme faisant partie de la culture québécoise. Ça fait 20 ans que je fais ça. Je suis un Québécois qui s’exprime à travers le hip-hop, donc ça fait partie de la culture québécoise que les gens le veuillent ou non. Le fait qu’on soit perçu avec condescendance, c’est quelque chose qui me dérange beaucoup.

VÉRONIK DESROCHERS

autant les ghettos américains que les écoles privées de Philadelphie à 30 000 $ par année. Ça m’a permis de toucher des universités prestigieuses et des prisons pour jeunes. Ça m’a permis de rencontrer

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« IL TRAVAILLE COMME UN NÈGRE »

Ma mère est née lors de la Grande Guerre de 1914, une époque où le travail était tenu en haute estime. Quand elle respectait une personne pour son ardeur au travail, son courage, sa ténacité, son efficacité, ma mère, Simonne (oui! deux n), disait : « Il travaille comme un nègre ». C’était définitif, cette personne était jugée estimable.

DIFFÉRENTES VALEURS DE NOIR Mais aujourd’hui, employer le mot nègre n’est plus acceptable.

Si je l’utilise devant ma fille de vingt-cinq ans, elle se fâche; elle considère que le mot est méprisant. Mais ce n’est pas le mot qui est méprisant, c’est la signification qu’on lui donne. Opter pour un autre mot ne change rien à l’arrogance. Dire Noirs, gens de couleur ou Afro-Canadiens ne change rien à l’affaire si dans son cœur on n’éprouve que du ressentiment pour les personnes qui ont la peau noire.

Par ailleurs, un Noir n’est jamais identique à un autre Noir.

Comme un Blanc n’est pas toujours blanc comme neige. Qu’y a-t-il de commun entre un Blanc afrikaner d’Afrique du Sud et un Blanc de la Gaspésie ? De même, il y a peu de choses en commun entre un Noir qui est comptable à Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso, et un Noir chef de gang de Harlem. Ou un Noir québécois d’origine haïtienne et docteur en médecine familiale de l’Université Laval, comme c’est le cas du Docteur Amos Dorcély.

La couleur de la peau n’est pas un indice suffisant pour savoir à qui l’on a affaire. Il est nécessaire d’approcher les gens pour apprécier leurs qualités, leurs talents, leur personnalité, pour connaître leur histoire. Savourer leur humanité !

exemplaires chez maintes personnes des continents noirs ? Ils nous font regretter cette convivialité qui s’est évaporée dans les générations urbaines qui ont suivi la Révolution tranquille.

Au-delà de la couleur de sa peau, le Noir, qu’il soit Africain ou Nord-Américain est tout simplement un humain avec les mêmes qualités, les mêmes espérances et les mêmes désespoirs que les autres Québécois.

L’HABIT ET LE MOINE Blanc à la peau plus ou moins basanée, créole à la peau plus ou moins blanche, trente couleurs de brun habillent les corps des Québécois. Plusieurs d’entre nous sont déjà à demi Amérindiens. Sommes-nous pour autant moins Québécois ?

Les Africains et autres Noirs sont nos semblables. Si semblables !

Nous, les Québécois, partageons avec eux un peu du mépris qu’affichent les dominants envers les soumis : le journaliste et historien Pierre Vallières nous définissait d’ailleurs dans les années 1960 comme les « Nègres blancs d’Amérique ».

Nous sommes enveloppés d’une même peau : une peau humaine. Nous ferions mieux de mettre l’accent sur nos ressemblances plutôt que sur nos différences. Serge Gainsbourg donnait un sens à fleur de peau aux paroles de sa chanson Couleur café, mais nous pouvons en régénérer le sens. Chantons : « L’amour sans philosopher C’est comme le café Très vite passé […]

Couleur café

AFRICAIN OU QUÉBÉCOIS ?

Un Africain peut-il être Québécois ? Peut-il intégrer les valeurs du Québec, se sentir Québécois ? Bien sûr que si, comme l’ont été capables les Irlandais arrivés à Québec en 1850 ou les Italiens débarqués en 1950. Ou tous ces autres réfugiés arrivés d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique du Sud. Chacun a adopté son nouveau pays avec ses talents particuliers de terrassier, d’infirmière ou d’ingénieur minier, par exemple. Avec sa religion ou sa langue.

Et, petit à petit, il a adopté les valeurs québécoises — ou il en a fait un mix original.

Que j’aime ta couleur café »

Et philosophons là-dessus !

CLAUDE COSSETTE PUBLICITAIRE ET PROFESSEUR

Se braquer contre un morceau de vêtement, un boubou, un t-shirt ou un foulard est borné. Un adulte est capable de sentir la personne tout entière derrière le costume. Plusieurs de ces nouveaux arrivés sont d’ardents défenseurs des particularités québécoises, de la grandeur du Canada ou de précieuses valeurs humaines, comme l'est notre compatriote Boucar Diouf.

Qui peut nier que la générosité, l’hospitalité et la solidarité sont

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UNE CANDIDATE À SURVEILLER « Bien sûr que je me présente aux prochaines élections. Bien sûr ! » répond Maïsa Mpembe avec assurance et le plaisir du défi. Il y a un peu plus d’un an, en novembre 2013, elle se présentait aux élections municipales de la Ville de Québec comme candidate indépendante pour le district de Limoilou. Cumulant aujourd’hui les rôles de journaliste, entrepreneure, mère, bénévole et étudiante au Cégep, elle en était à l’époque à sa première expérience comme politicienne.

Arrivée au Québec il y a 10 ans, elle n’a jamais quitté le quartier parce qu’elle y a trouvé le calme, la sécurité et un espace idéal pour élever ses trois garçons. « Ici, les enfants se connaissent et peuvent jouer entre eux, constate-t-elle. J’ai voulu être conseillère pour redonner à la ville ce que Québec m’a donné ».

poursuivre des études à l’université, selon l’option qui se présente à elle.

Entre temps, elle veut agrandir la portée de Jambo News Channel au Congo. Elle compte lancer un espace journalistique où les femmes congolaises pourraient s’épanouir. « Les femmes souffrent beaucoup des atrocités commises pendant la guerre au Congo et j’aimerais qu’elle reprennent espoir, qu’elles se sentent utiles et qu’elles s’épanouissent professionnellement ».

« Je sais qu’à peu près 300 personnes ont voté pour moi dans le quartier, alors il y avait forcément des gens que je ne connaissais pas », dit-elle en souriant.

Mme Mpembe explique qu’il y a selon elle une richesse non exploitée à Limoilou. Elle est d’avis que le Parc CartierBrébeuf détient autant de richesses et de potentiel que les Plaines d’Abraham. Ceci pourrait entraîner la création d’emplois Maïsa Mpembe touristiques pour les jeunes du quartier, Mme Mpembe croit qu’il faut profila revalorisation des espaces historiques ter de la technologie pour partager le et l’intérêt d’investisseurs. Elle tient beau- savoir. C’est une des raisons pour laquelle coup à alléger le niveau de en avril 2013 elle a conçu, pauvreté qu’elle voit à Li- « J’ai voulu être Jambo News Channel, une moilou. « Il y a des gens ici conseillère pour plateforme interactive qui qui survivent tant bien que crée un espace francoredonner à la ville mal, et il y a un parallèle à phone entre le Congo et faire entre les explorateurs ce que Québec m’a le Québec. Elle y écrit des européens qui ont survécu donné » articles et publie des nouà l’hiver québécois avec velles provenant d’autres ~ Maïsa Mpembe l’aide des Autochtones ». sites qui l’intéressent. La gratuité de l’Internet à Limoilou était CONJUGUER SAVOIR ET SURVIE d’ailleurs un des thèmes de sa campagne Mais ses idées ne se limitent pas à aider électorale, comme une avenue pour alles jeunes, sinon à insister sur l’impor- léger la difficulté d’accès à l’information tance de la transmission du savoir et de la liée à la pauvreté. survie. « En Afrique, les vieux sont considérés comme des bibliothèques vivantes Mme Mpembe a aussi mis sur pied une pour donner des conseils et éviter qu’on entreprise événementielle qui offre l’enfasse des erreurs », raconte-elle. « Depuis registrement audiovisuel de cérémonies que je suis enfant, j’ai toujours aimé qui sont affichées sur YouTube ou gravées discuter et partager avec les personnes sur DVD pour les clients. Ses études de âgées ». Pour elle, autant les institutions production en médias interactifs l’aident comme le Parc Cartier-Brébeuf, que les énormément à développer son site. Après anciennes générations peuvent beaucoup ses études, elle aimerait travailler dans son domaine, créer son propre emploi ou nous apprendre sur le savoir et la survie.

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LA QUÊTE

Courtoisie: Maïsa Mpembe

Bien qu’elle n’ait pas gagné ses élections, Mme Mpembe décrit son expérience comme ayant été des plus positives, et surtout facile. Elle perçoit avoir créé beaucoup de surprise auprès des fonctionnaires qui ont reçu sa candidature, et du public qui l’a suivi.

Avec tous ces projets en tête, elle n’oublie pas celui qui lui a donné le goût de la politique. « Il y a un an, j’ai lancé mon message, dit-elle, et je suis contente de voir que certaines de mes idées ont été reprises par le conseil municipal actuel ».

Malgré ce positivisme, aurait-elle fait quelque chose de différent ? « C’était la première fois, je n’avais pas d’expérience ». Pour la deuxième ronde, Mme Mpembe élabore déjà une nouvelle stratégie. Elle évalue les possibilités de se joindre à un des partis municipaux pour ne pas être seule. Ouverte aux commentaires et aux nouvelles idées, elle dit constamment s’améliorer. Également, elle est à la recherche d’un mentor qui pourrait la guider dans ses actions. « Mon idole, c’est Michaëlle Jean (l’ancienne gouverneure générale du Canada et depuis le 29 novembre 2014, Présidente de l’Organisation internationale de la Francophonie). J’admire son travail comme journaliste, l’implication qu’elle a eu en Haïti après le tremblement de terre… c’est une dame de cœur ! ».

PHILIPPA JABOUIN

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AU RYTHME DES JOURNÉES D'AFRIQUE Si juillet est reconnu à Québec comme étant LE mois du Festival d'Été, il est aussi celui d'un autre événement musical qui, à quelques jours d'intervalle, fait vibrer la Vieille Capitale : le Festival des Journées d'Afrique. Un rendez-vous pour les passionnés de musique du monde, qui célébrera cette année déjà ses 20 ans.

Une programmation riche Kady Diarra et hétéroclite qui regroupe artistes d’ici et d’ailleurs. « Quand on voit par exemple des musiciens africains qui vont choisir de jouer de la musique plus reggae, c'est leur choix musical. De la même manière, on peut avoir des artistes québécois, des artistes canadiens, qui vont faire le choix de jouer de la musique africaine » indique le président du festival.

Deux décennies plus tard, M. Gueye porte un regard plein de satisfaction sur le che-

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Si le fondateur du festival a pu constater au fil du temps que le public de Québec « aime beaucoup la musique africaine » et qu’il répond présent aux représentations en extérieur, il note néanmoins que les revenus au guichet demeurent encore faibles lorsqu’il s’agit de concerts en salles ou pour aller voir « des artistes qui jouent à l’année ». C’est là pour M. Gueye un aspect qui gagnerait encore à être développé.

Pour l’heure, une chose est sûre, cette 20ème édition du festival ne devrait pas décevoir le public. « Actuellement, on prépare un genre de carnaval que l'on appelle le Carnaval du continent. Parmi les gens qui ont marqué le festival ces dernières années, on attend beaucoup de surprises.

C'est sûr que l'on souhaite que le finance-

Photo: Festival Journées d'Afrique

« L'objectif, c'était de pouvoir faire dé- min parcouru, et ce, malgré quelques couvrir aux gens les musiques du monde, difficultés. « C'est sûr que ce n'est pas montrer d'autres cultures. C'est comme facile. [...] On est contents de pouvoir cela que c'est né. Il n'y célébrer les 20 ans du fesavait pas beaucoup d'ac- « On est contents de tival, mais du point de vue tivités du genre » explique pouvoir célébrer les des finances, des choses en entrevue téléphonique comme cela, ce n'est pas 20 ans du festival » depuis le Sénégal, M. Ousfacile. Mais du côté dévemane Gueye, président ~ Ousmane Gueye loppement des artistes, on et fondateur du festival. est contents parce qu'on Pour ce producteur quéa eu beaucoup d'artistes bécois d'origine sénégalaise, l'idée du fes- qui ont commencé avec nous. [...] Austival a émergé en 1995 en Basse-Ville où il si, dans la région de Québec, les gens tenait à l'époque une boutique spécialisée écoutent plus les musiques du monde et en instruments et vêtements africains. les connaissent pour la majeure partie.

Donc, on continue » assure-t-il, confiant.

UNE OFFRE DIVERSE ET VARIÉE UN FESTIVAL RÉPUTÉ Très vite, dès la deuxième édition, ce festival initialement de musique africaine s’est Un festival prisé par le public de la Caélargi aux rythmes du monde. Depuis, pitale, et qui peut également se prévaloir les propositions artistiques qui y sont présentées s’articulent autour d’une grande pluralité de musiques aux origines diverses, tout en gardant de près ou de loin des influences africaines.

Aux côtés de sonorités africaines plus traditionnelles peuvent s’y trouver représentés aussi bien des groupes latino-américains, que de la musique arabe ou du rap. « On essaie de toucher tout le monde, d'avoir une bonne diversité artistique, aussi large que possible », résume M. Gueye pour décrire ce festival résolument placé sous le signe de l’ouverture. au Carré d'Youville en juillet dernier

d’une certaine renommée internationale, selon M. Gueye. « Le public est toujours au rendez-vous, année après année. Les gens connaissent bien le festival. Il y en a beaucoup qui chaque année attendent avec impatience la tombée de la programmation. Même du point de vue mondial, les gens connaissent beaucoup le festival.

Le nombre de candidatures d'artistes que l'on reçoit est énorme. Donc, il y a une forte demande ».

LA QUÊTE

ment soit au rendez-vous, mais si tout se passe bien, cette année va vraiment être un événement exceptionnel ».

RABÉA KABBAJ

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UN PEU D’HAÏTI DANS LA CAPITALE Pour expliquer l’immigration d'Haïtiens dans la ville de Québec, il faut comprendre l'histoire de ce pays touché par la violence depuis longtemps. Une histoire mouvementée par les soubresauts politiques, mais aussi par les catastrophes naturelles. Cinq ans après le séisme de janvier 2010, Roberson Édouard, professeur associé au département de sociologie de l’Université Laval et haïtien d’origine, livre ses impressions sur sa terre natale et sur l’immigration dans la Capitale.

UNE VASTE PRISON

Courtoisie: Roberson Édouard

« J’aime considérer le pays [Haïti] comme une vaste prison. Depuis le début du 20e siècle, il y a des vagues migratoires d’Haïtiens vers la République dominicaine, vers Cuba et puis vers les autres Antilles. Ça s’est beaucoup intensifié avec la dictature de Duvalier, dans les années 60. Toute une génération d’intellectuels haïtiens a quitté le pays pour venir ici. Certains sont retournés au pays en 1986, après le départ de Duvalier, mais la dictature a été succédée par des régimes militaires, et ils n’ont pas fait mieux. Il faut voir tout ça ensemble » remarque M. Édouard.

UNE VOLONTÉ DE VIVRE « Jeunes, vieux, enfants, presque tout le monde a envie de quitter le pays. Pour aller où, ils ne savent pas. Comme le dit la chanson : ça ne peut pas être pire ailleurs » lance M. Édouard. Un certain nombre de pays ont monté des programmes spéciaux pour les Haïtiens à la Roberson Édouard suite du séisme de 2010, dont le Québec précise M. Édouard. Par ailleurs, contraiet le Canada. Il s’agissait d’un programme rement à Montréal par exemple, les Haïde parrainage humanitaire, qui consistait tiens à Québec sont dispersés, la tendance à faire venir les proches d’Haïtiens déjà à la concentration est plus faible. présents au pays, aux frais et à la charge Les Haïtiens qui arrivent au Québec de la personne qui les accueille pendant avec un niveau d’éducation supérieur trois ans. Ce programme qui devait durer n’ont pas la garantie de plus d’un an a été fermé trouver un emploi. Ce cinq mois plus tard parce « Il y a quelque n’est pas non plus une que le quota, qui se chif- chose de totalement garantie pour travailler frait à 3000 personnes, a inacceptable à Qué- dans leur domaine d’étude. rapidement été atteint. bec qui se nomme « Comme les Haïtiens sont des débrouillards la plu« C’est une volonté de les tours de Saintpart du temps, ils arrivent vivre qui pousse les Haï- Pie-X ». à tirer leur épingle du jeu, tiens à l’extérieur » lance ~ Roberson Édouard simplement en changeant M. Édouard. Selon lui, la de vie et de métier. Il n’est nostalgie du pays les rattrape cependant facilement. La plupart pas rare de tomber sur des gens en Haïti désirent retourner là-bas après quelques qui ont été ingénieurs et qui sont mainannées à l’extérieur, mais les conditions tenant chauffeurs de taxi. Il n’est pas rare de vie dans le pays ne facilitent pas ce de trouver des médecins qui sont devenus retour au bercail. « Ce qui les pousse, c’est infirmiers » commente M. Édouard. la quête de mieux-être » affirme-t-il.

LIEU D’EXCLUSION DANS Selon une étude de Daniel Guay, près de 2000 Haïtiens ont trouvé refuge à Québec. « C’est difficile d’inventorier où ils sont, ils bougent beaucoup entre Montréal et Québec ou Vancouver et Québec »

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plupart du temps, attribuer un logement dans ce complexe d’habitations à loyer modique érigé dans les années 1970 à Limoilou. « On y trouve une concentration de tout ce qu’il y a comme problèmes sociaux à Québec. Si un Haïtien aboutit à l’une de ces deux tours, c’est sûr qu’il va rencontrer des problèmes, comme du profilage par exemple. Pour moi, rien que le fait d’être assigné à Saint-Pie-X c’est une forme d’exclusion, parce que dans ton milieu de vie tu es automatiquement exclu de ce que la société québécoise à de mieux à offrir ». Il ajoute que « la police est toujours présente et quadrille ces deux tours. Quand quelqu’un va là, de race noire, et qu’il se fait aborder par la police, ce n’est pas forcément parce qu’il est noir, c’est parce qu’il est là ».

STÉPHANIE ST-LOUIS

LA CAPITALE

Selon M. Édouard, il y a quelque chose de totalement inacceptable à Québec qui se nomme les tours de Saint-Pie-X. Les nouveaux arrivants réfugiés se voient, la

LA QUÊTE

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YAFEH

UNE AFFAIRE DE CHEVEUX L’idée d’ouvrir un salon de coiffure pour les cheveux crépus et bouclés à Québec est arrivée par accident. Sabrina Larive, récente graduée de l’Université Laval et aujourd’hui propriétaire de la boutique Yafeh, n’aurait jamais cru qu’une préoccupation quotidienne pouvait un jour se transformer en entreprise.

C’est en constatant la difficulté d’avoir accès à des produits naturels pour prendre soin des cheveux crépus et bouclés que Mme Larive a décidé d’offrir ce service à Québec. « Je devais me déplacer à Montréal, Ottawa et même aux États-Unis pour trouver des produits, des services ou l’information sur le soin des cheveux naturellement bouclés » explique-t-elle.

Dans ses débuts, la boutique Yafeh ne faisait que vendre des produits et cosmétiques naturels pour ce type de cheveux.

Peu de temps après, Mme Larive a approché des amies qui étaient elles aussi intéressées à se lancer dans l’aventure et qui se sont jointes à elle. « Yafeh, c’est le meilleur exemple de ce qu’il ne faut pas faire, me dit-elle, mais cela a tout de même fonctionné ». Mme Larive s’est lancée sans plan d’affaires, avec peu de connaissances formelles, mais avec une communauté d’amis prête à l’appuyer. Elle n’a pas pu obtenir de financement des banques ni de subventions car elle ne répondait pas à certains critères. Elle a donc décidé d’investir personnellement dans ce projet.

REDONNER À LA COMMUNAUTÉ Aujourd’hui, Yafeh offre des consultations pour les cheveux bouclés, des services de coiffure, des produits et accessoires, ainsi que des ateliers pour diffuser l’information.

lement d’autres projets pour renforcer la communauté, comme des ateliers aux mamans incluant les mères qui ont adopté des enfants haïtiens ou dont les enfants sont issus d’un couple mixte.

« Si nous étions seulement un salon de coiffure, nous ne ferions pas ça » précise « La mission première de notre boutique, Mme Larive. « L’idée c’est d’outiller les c’est que les femmes se sentent valorisées femmes, de leur donner des recettes pour et qu’elles se trouvent belles ». Mme Lafaire des cosmétiques mairive est convaincue que son si elles le veulent ». « On est née avec lorsqu’une femme s’accepte telle qu’elle est, cela ce type de cheveux, Cet enthousiasme de Mme Larive à promouvoir son ne peut qu’augmenter il y a une raison entreprise lui vient très nason estime personnelle. pour cela ». turellement. Si elle accorde « On est née avec ce type ~ Sabrina Larive autant d’importance à la de cheveux, il y a une valorisation de l’autre et raison pour cela » maintient-elle. « Alors de vouloir changer ra- aux encouragements, c’est parce que ce dicalement la nature de notre cheveu, si sont des valeurs que ses parents lui ont c’est juste pour ressembler aux autres, transmises. Étant enfant, elle a toujours eu envie d’entreprendre des projets et de c’est dommage ». se lancer en affaires. Encore petite, elle avait mis sur pied un commerce pour vendre des bijoux. « Je savais que je me lancerais en entreprenariat un jour, mais je ne savais pas encore dans quoi », dit-elle.

DES AFFAIRES À SAVEUR COMMUNAUTAIRE

En septembre 2014, la boutique célébrait déjà sa première année d’existence et bien qu’elle ne soit pas encore rentable, l’intérêt et la clientèle ne font qu’augmenter.

En effet, l’entreprise constate qu’il y a un grand engouement pour le soin des cheveux naturels. La Sabrina Larive (à droite) et l'équipe de Yafeh clientèle s’est surtout développée grâce Yafeh a donc créé un espace sous forme au bouche à oreille. « Lorsque nous avons d’un groupe Facebook où les femmes fait notre premier atelier, c’était seule- qui choisissent de ne plus défriser leurs ment des amies qui sont venues » raconte cheveux peuvent échanger et obtenir des Mme Larive. « À Québec le bassin est pe- conseils. L’équipe de Yafeh prépare égatit, mais les gens se parlent beaucoup ».

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LA QUÊTE

Photo: Philippa Jabouin

Ne pouvant pas tout faire seule, Mme Larive a créé un comité de gestion qui se partage les tâches à accomplir. Ainsi, les responsabilités telles que le marketing, la publicité, la prise de rendez-vous, le service à la clientèle, les démarches auprès des fournisseurs ou la préparation des ateliers, sont réparties parmi plusieurs personnes.

De plus, pour elle, c’est sa foi en Dieu qui l’a aidé à surmonter les embûches habituelles en affaires. « Ma personnalité fonceuse, le fait que j’aime ce que je fais et que je sache que ça sert aux gens, cela m’encourage », ajoute-t-elle sans hésiter. Présentement enseignante à temps partiel au primaire, elle dit aimer travailler avec les enfants. « En grandissant, mes parents m’ont toujours soutenue et encouragée. J’avais le droit d’essayer, et j’avais droit à l’erreur, c’est ce qui m’a permis d’oser ».

PHILIPPA JABOUIN

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SON PAYS : LA FORÊT « Je suis né Africain, mais je me considère comme un homme du monde, pour le moment intégré ici au Québec », raconte Damase Khasa. Venu pour étudier à Québec, il compte aujourd’hui 35 hivers dans la Capitale. Professeur à l’Université Laval, M. Khasa mène des projets pour servir l’Afrique et le reste du monde.

De justesse Damase Khasa a pu participer à un concours permettant de venir étudier à l’Université Laval. « Mobutu avait décidé de fermer l’Université de Kinshasa, et moi j’ai eu la chance de passer le concours juste avant la fermeture », se souvient-il. « Un beau jour, j’ai reçu un message via le réseau de missionnaires du pays, pour m’informer que j’avais eu ma bourse ». Ce concours lui a ouvert la porte du Canada et a lancé sa carrière en foresterie. « Je suis arrivé ici le 15 septembre 1980 pour commencer mes études à l’Université Laval. C’était mon premier hiver, c’était dur hein mon premier hiver, c’était dur ! » dit-il en rigolant. À son arrivée, son souci était de retourner dans son pays. Une dizaine d’hivers plus tard, son doctorat en poche, il a finalement décidé de rester au Canada étant donné l’instabilité politique dans son pays d’origine.

La République Démocratique du Congo, l’un des plus grands pays forestiers du continent africain, est extrêmement riche en ressources naturelles. Après la chute du dictateur, le pays était à reconstruire et les forêts à préserver. « J’ai réfléchi si c’était approprié d’y retourner ; je me suis dit qu’il était possible de servir le pays autrement », dit-il avec humilité.

COOPÉRER ET DÉVELOPPER Gravissant les échelons, Damase Khasa est devenu professeur titulaire au département des sciences du bois et de la forêt à l’Université Laval. Il travaille autant sur les arbres que sur les plantes et les organismes du sol. Il a par exemple beaucoup étudié le problème de réhabilitation des

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sites miniers après le passage de l’industrie des sables bitumineux en Alberta.

Son idée est de refaire pousser des arbres sur des déserts de sable.

Captivé par son métier de chercheur, il encadre de nombreux étudiants et parcourt la planète pour partager son savoir.

porter ses fruits ; il englobe maintenant plusieurs pays voisins, et est en voie d’être reconduit.

Ses travaux, au Canada comme à l’étranger, lui ont valu plusieurs récompenses, comme le prix d’excellence en foresterie internationale. Lors du Mois de l’histoire

Courtoisir: Damase Khasa

« Je suis né en République Démocratique du Congo (RDC), dans la région du Bas-Congo, dans la forêt du Mayumbe », précise-t-il en guise de présentation. Fils d’agriculteurs, il commence sa formation universitaire à Kinshasa, la capitale. À cette période, le pays vit une dictature qui marque profondément la région. Le dictateur « Mobutu avait peur des étudiants qui représentaient une menace pour le pouvoir », explique Damase Khasa. Le gouvernement prend le contrôle des institutions universitaires, réduisant du même coup le nombre d’étudiants dans la capitale.

Damase Khasa

Il est responsable de plus d’une vingtaine de coopérations sur presque tous les continents. « La recherche me passionne, et le partage des connaissances avec les étudiants me passionne aussi ». Pour lui cela importe de semer les graines de la connaissance et faire germer des idées qui rendent service à la communauté. « Mon désir avait toujours été de faire quelque chose pour les pays d’Afrique, c’est pour cela que j’ai continué à travailler dans le domaine du développement international », explique-t-il. Il dirige notamment un projet d’envergure dans le bassin du Congo. Débuté en 2008, ce programme vise à appuyer la formation des ingénieurs forestiers dans plusieurs universités d’Afrique centrale. Travailler à la source du problème, le manque de moyens et de professionnels, permet de protéger les ressources naturelles de la région. « Avant de commencer, il y avait peut-être une quinzaine de forestiers en RDC ; en terminant nous avons formé 104 ingénieurs ! Ça a été une grande satisfaction personnelle ! » dit-il, des étincelles dans les yeux. Le projet continue de

LA QUÊTE

des Noirs en 2007, il a reçu la plaque d’honneur pour souligner sa contribution au rayonnement de la société québécoise.

Certains de ses collègues le perçoivent comme « un missionnaire des temps modernes ». « Ma satisfaction personnelle est de voir que chaque intervention puisse aider ; c’est une vraie mission. Chacun de nous est appelé à porter sa petite contribution, à construire un monde meilleur, plus juste ». Peut-être qu’un jour il retournera habiter en RDC, mais pour le moment, il se sent bien au Québec, et pense pouvoir mieux servir l’Afrique depuis sa terre d‘accueil.

LOU SAUVAJON

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L’IMMIGRATION À QUÉBEC

Selon le rapport Portrait de la population possèdent un diplôme universitaire. immigrante dans la ville de Québec publié Malgré cela, leur revenu moyen est de 28 en 2006, le taux d’arrivants a augmenté 541 $ en comparaison aux 32 952 $ que de 30 % entre 2001 et 2006 (de 17 064 à gagne le reste de la population. Le taux de 22 160 habitants). Ce nombre représen- chômage reflète aussi une disparité entre tait en 2006, 4, 2 % de la population im- les deux communautés : 9,7 % contre 5 %. migrante pour 2,9 % en 2001. La majorité des nouveaux citoyens qui s’installent Le rapport mentionne par ailleurs qu’il dans la Capitale sont francophones. Les s’écoule un certain temps avant que les Européens, avec une forte représenta- nouveaux arrivants réussissent à intégrer tion de Français, forment le plus grand le marché du travail, et cette période est plus longue pour les Noirs nombre, suivis par les « Je suis Québéet les Arabes. Voilà une staAméricains (Amérique latistique qui interpelle. À coise, et la couleur tine et Amérique du Sud) la lecture de ces données, de peau de celui et les Africains. pouvons-nous penser qu’il que je choisirai Selon ce même rapport, existe une forme de discripour compagnon la quasi-totalité de mumination envers les Noirs et nicipalités de plus de 300 n’a aucune imporles Arabes ?

000 personnes au Cana- tance pour moi. » DEUXIÈME da, compte 20 % d’immi~ Kadidia Togola GÉNÉRATION grants, tandis que le taux de Québec n’affiche qu’un La Quête a rencontré Kadidia Togola, une faible 4 %. Des villes comme Sherbrooke jeune femme d’origine africaine dont et Saguenay, pourtant moins populeuses, les parents sont arrivés ici pour étudier devancent la Capitale en pourcentage de à l’Université Laval et ont décidé de resressortissants étrangers. ter. Elle-même étudiante à l’université, La situation s’améliore : le taux de réten- elle affirme avoir beaucoup plus d’amis tion, toujours selon le rapport consulté, blancs que d’amis noirs, en contraste avec est comparable et même supérieur à ce- ses parents, qui fréquentaient plutôt un lui des autres grandes agglomérations. cercle d’étudiants africains pendant leurs Ces chiffres sont surprenants si on tient études. compte de la formation des concitoyens ethniques. En effet, 65,3 % des immigrants sont détenteurs d’un diplôme postsecondaire, et de ce nombre 51,3 %

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Lorsqu’on lui a demandé si elle préférerait fonder une famille avec un Africain, sa réponse a été spontanée : « je suis Québécoise, et la couleur de peau de celui que

LA QUÊTE

Courtoisie: Kadidia Togola

Québec est un endroit où il fait bon vivre. La ville a une dimension à l’échelle humaine, fait preuve de dynamisme économique, offre une activité culturelle diversifiée, et elle est entourée de grands espaces naturels facilement accessibles. Malgré ces atouts appréciables, elle attire un nombre d’immigrants nettement inférieur à la moyenne canadienne et québécoise.

Kadidia Togola

je choisirai pour compagnon n’a aucune importance pour moi ».

Voilà des paroles qui font du bien et qui traduisent qu’il est possible de vivre dans l’harmonie la tolérance… et la différence.

LUIS SAROBE Toutes les données statistiques contenues dans cet article ont été recueillies dans un rapport publié par la Ville de Québec qui contient des informations allant jusqu`à l’année 2006.

Ce sont les informations les plus récentes que nous avons pu trouver.

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LA FIERTÉ TRANQUILLE DE SA DIFFÉRENCE

Mon cousin François a toujours été différent et, dans le monde d'où il venait, ce n'était pas chose facile. Pas d'argent, beaucoup de malchances, famille nombreuse où chacun cultivait la débrouillardise, encouragé par un papa qui savait ce que c'est « ne pas être comme les autres » mais avait appris à s'en ficher royalement.

d'hiver quand l'auto qu'elle conduisait a dérapé sur la glace.

François n'a rien dit : il a encaissé le coup. Retourné brièvement dans sa bulle, il en est ressorti plus fort et a repris le fil de la vie, une vie d'homme ordinaire. Il a quitté la grande ville, acheté une maison, trouvé une autre épouse et finit par prendre sa retraite à 60 ans, comme tout le monde.

François n'est ni noir, ni jaune, ni rouge, ni vert de peau : c'est un Québécois ordinaire issu de onze générations d'hommes et de femmes qui ont toujours vécu ici. Mais il est différent, d'une différence invisible. Né le premier d'une tribu qui comptera plus d'une douzaine d'enfants, c'est un grand fouet, mince, timide, malhabile au point d'en paraître idiot et il s'exprime lentement, doucement, en cherchant parfois ses mots.

Le François de notre enfance vivait peut-être dans une autre dimension du monde mais ses proches lui ont appris comment on se protège des mesquineries de l'existence. Chaque fois que des gens qui se croient normaux se plaignent de subir injustices, harcèlement et discrimination, je revois le cousin François qui revenait de l'école tout seul, cinquante pas derrière la gang qu'il s'obstinait à suivre mais qui ne voulait rien savoir de lui.

Ça ne se voit pas mais il est doué d'une intelligence remarquable pour les mathématiques. Aujourd'hui, on lui diagnostiquerait une forme d'autisme mais à l'époque, ce n'était pas dans l'air : ça l'a peut-être sauvé des apprentis sorciers. Il a appris à se débrouiller avec ce qu'il était et ce qu'il avait reçu comme éducation. Une éducation familiale rurale à l'ancienne.

J'entends sa sœur raconter les petits boulots qu'il acceptait pour payer sa chambre et avoir quelque chose à grignoter. « Il a une santé de fer : se promener l'hiver à moitié habillé comme il fait.

Si maman le voyait... » Sa maman ne le voyait pas souvent mais répétait comme pour s'en convaincre : « Il finira bien par s'en tirer ».

Évidemment, à l'école, il était la cible préférée des hyperactifs de la trempe de son jeune frère, aussi casse-cou et turbulent que lui était empêtré. Souvent, le cadet prenait subtilement la défense de son aîné en attirant la meute de son côté avec des stratégies de diversion parfois risquées qui commençaient toujours par un « T'es pas game ... ».

Dans cette famille, comme on n'en voit plus, tous les enfants qui l'ont voulu ont pu faire des études, les filles comme les garçons.

On n'était pas riche à la banque mais millionnaire en fierté et en courage. Et l'oncle expliquait en regardant son François : « On n'attend rien des autres mais on peut rapporter beaucoup quand on se sert de ses mains et qu'on écoute son cœur ».

Mais à la maison, le clan des gars était assez important pour forcer le grand frère à embarquer dans toutes les expéditions, même si parfois il s'en sortait péniblement et devait subir l'ironie des plus jeunes, et parfois celle de son père qui disait seulement : « Braille pas ! Apprends à te défendre ! La résistance passive, c'est un bon système quand on n'est pas vite ! ».

MARTINE CORRIVAULT

Même dans la famille élargie, la maladresse de François était souvent ridiculisée mais un certain code imposait à tous un minimum de respect : les remarques douteuses ne devaient jamais atteindre ni blesser celui qui en était l'objet, ni ses frères, ni ses sœurs et surtout pas ses parents. Nous étions tous avertis : « Aimerais-tu ça être à sa place ? Tournez-vous la langue dans la bouche avant de parler ! Il n'a pas plus choisi d'être gêné que vous autres d'être fendants ! » La douceur résignée de sa mère imposait aussi ce genre de respect mêlé de condescendance pour son plus vieux. Et ce fut encore une fois sa chance.

Malgré les obstacles, François a réussi à poursuivre ses études et à décrocher un diplôme d'ingénieur. Quand il s'est marié, les mauvaises blagues n'ont pas manqué mais son couple a eu deux enfants dont une petite fille surdouée pour la musique et les maths, mais hyper sensible. Elle est morte à 17 ans, un dimanche

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LA QUÊTE

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LE JEU DE LA QUÊTE Les mots de la gastronomie PAR JACQUES MORIN GINETTE PÉPIN LE CARL JEU DE LAET QUÊTE par Jacques Carl Morin

CE JEU CONSISTE À REMPLIR LES RANGÉES HORIZONTALES AINSI QUE LES COLONNES 1 ET 20 À L’AIDE DES DÉFINITIONS, OU horizontales LETTRES MÉLANGÉES DÉJÀ INSCRITES. CHAQUE Ce jeu consiste à remplirINDICES les rangées ainsi que lesOU colonnes 1 et 20 à l’aide des CASE GRISE REPRÉSENTE UNE LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D’UN MOT définitions, indices ou lettres mélangées ou déjà inscrites. Chaque case grise représente uneET LA PREMIÈRE LETTRE DUlaSUIVANT. lettre qui est à la fois dernière lettre d’un mot et la première lettre du suivant.

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1- Outil utilisé pour évacuer la neige accumulée sur la chaussée ou ses abords pour la projeter à distance sur le sol ou dans un 20- Chasse-neige. camion.

20- Chasse-neige.

Horizontalement HORIZONTALEMENT :

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derniers Jeux olympiques d’hiver.

6- Ligue nationale de hockey. Ancien nom des Remparts de Québec (SHANGRAF). Bloc de glace de grande taille formé par la fracturation d’un glacier (CRASE). Sport de précision pratiqué sur la glace.

1- Dévalent les pentes du mont Sainte-Anne. L’une des langues parlées au nord du cercle

7- Action de glisser sur une surface glacée (à l’envers). Vêtement 1- Dévalentpolaire les pentesarctique du mont (SOUEIDS).

Sainte-Anne. L’une des langues Nom anglais donné aux Canadiens qui passent l’hiver au sud, parlées au nord du cercleen polaire arctique (SOUEIDS). Nom pour se protéger du froid et des intempéries. Masse de neige qui notamment Floride. anglais donné aux Canadiens qui passent l’hiver au sud, notam- se détache d’une montagne. ment 2en Floride.

8- en Ancien nom donné au nord Québec. et Construction Animal présentement en hibernation. Utilisé hiver pour rendre lesdutrottoirs les routesqui protège cultures (BLARDROA). du vent (NAVIBRET).Disque Véhiculefait monté plus sécuritaires.

Territoire aupour nord-est du les Québec desur 2- Animal présentement en hibernation.

Utilisésitué en hiver patins et que l’on fait glisser sur la neige et sur la glace. caoutchouc dur que les joueurs de hockey sur glace lancent à l’aide d’un bâton. rendre les trottoirs et les routes plus sécuritaires. Territoire situé au nord-est du Québec (BLARDROA). Disque fait de caout- 9- Descente sinueuse à skis où le est jalonné de piquets. Boule de choucVersant dur que les joueurs de hockeyexposé sur glaceau lancent d’une montagne nord.à l’aide Traîneau hippomobile d’hiver surchauds. patins bas neige.

Enveloppés des vêtements d’un bâton.

(LOCERARI). Point cardinal. « Traîne sauvage ».

10- Matériel nécessaire pour pratiquer un sport. Souvent sous 3- Versant d’une montagne exposé au nord. Traîneau hippo- zéro en hiver.

3Basse température.

Position de joueur au hockey.

Sport d’hiver. mobile d’hiver sur patins bas (LOCERARI). Point cardinal. « Traîne sauvage ».

4- Brouillard froid qui devient de la glace en tombant. Fondre comme neige au _____. Les olympiques d’hiver.

4- Basse température.

Position de joueur audes hockey.

SportJeux patins en sont pourvus.

Site derniers d’hiver.

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PAR HÉLÈNE HUOT RIRE ET SOURIRE : « UNE LEÇON DE PHILO » [D’après Le bourgeois gentilhomme (1670) de Molière] M. JOURDAIN : Je suis amoureux d'une personne de grande qualité. Je voudrais lui mettre dans un billet : « Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour ». Je ne veux que ces seules paroles-là, mais tournées à la mode, bien arrangées comme il faut.

Je vous prie de me dire un peu, pour voir, les diverses manières dont on peut les mettre.

MAITRE DE PHILOSOPHIE : On peut les mettre premièrement comme vous avez dit. Ou bien : D'amour mourir me font, belle Marquise, vos beaux yeux. Ou bien : Vos yeux beaux d'amour me font, belle Marquise, mourir. Ou bien : Mourir vos beaux yeux, belle Marquise, d'amour me font. Ou bien : Me font vos yeux beaux mourir, belle marquise, d'amour.

M. JOURDAIN : Mais de toutes ces façons-là, laquelle est la meilleure ?

MAITRE DE PHILOSOPHIE : Celle que vous avez dite : Belle Marquise, vos beaux yeux me font mourir d'amour.

M. JOURDAIN : Cependant, je n'ai point étudié, et j'ai fait cela tout du premier coup! Je vous remercie de tout mon cœur.

PARLER POUR PARLER 1. Qu’ont en commun les noms suivants : brunch, courriel et smog ?

2. Les noms d’animaux sont souvent utilisés au sens figuré. Quel animal sert à désigner une femme d’un certain âge qui lorgne

les hommes nettement moins âgés qu’elle ?

3. Les mots « pomélo » et « pamplemousse » désignent exactement le même fruit. Vrai ou faux ?

4. Dans le français québécois, quel autre nom donne-t-on à la marmotte ?

5. Cet homme souffre de douleurs causées par le nerf d’Arnold ; il a donc mal : a. au coccyx; b. au dos; c. à la tête.

6. Y a-t-il une différence entre « agonir » et « agoniser » ?

7. Les mots « épitre », « nacre » et « oasis » sont du même genre. Lequel ?

8. La monomanie est : a. le goût pour les choses simples; b. une idée fixe; c. la manie de répéter sans cesse la même chose.

9. Quelle expression signifie : en faire plus qu’il n’est demandé ?

10. Geyser vient de l’islandais ; caravelle du portugais; de quelle langue nous viennent les mots caoutchouc et hamac ?

ENCORE UN MOT… « OXYMORON » « La démocratie espagnole, un oxymoron ? », lit-on à la une du journal Le Devoir du 18 septembre 2014. Qu’est-ce donc qu’un oxymoron ?

L’oxymoron, ou oxymore, est une figure qui consiste à réunir dans une même expression deux mots dont le sens est opposé, deux mots incompatibles ou encore des mots apparemment contradictoires. Autrement dit : des mots qui ne vont pas ensemble. Une telle association étonne, donne de la force expressive, met en évidence une réalité absurde, impossible ou paradoxale.

L’oxymoron est généralement formé d’un nom et d’un adjectif. Des exemples : aigre-doux ; clair-obscur ; douce violence ; guerre pacifique ; illustre inconnu ; mort-vivant ; révolution tranquille ; silence éloquent ; hâte-toi lentement.

J’attends de vos nouvelles…

Vous aimez les mots. Vous avez des commentaires à formuler ou des suggestions à faire concernant cette chronique. Rien de plus simple. Écrivez-moi à hu-go@sympatico.ca. Cela nous permettra d’échanger sur des questions qui vous intéressent et d’enrichir par le fait même les futures chroniques. Merci à vous ! Les réponses page 29.

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LA QUÊTE

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Photo: Camille-Amélie Koziej-Lévesque

Être Noir à Québec

Je suis un peu mal à l’aise de faire un texte sur ce thème. Je suis blanc comme du lait !

Comment puis-je savoir ?

complètement traumatisé. En cinq ans, il a vu quelques racistes, c’est certain, mais pas autant qu’il le croyait.

Cela dit, je connais bien cette impression, parfois désagréable, d’être le seul de la gang. J’ai bourlingué en Afrique et en Asie où il m’est arrivé d’être le seul Blanc.

Je connais aussi le fait d’être différent, étant Anarchiste au milieu d’un tas de bourgeois capitalistes. Bof…

Il y eut aussi mon amie Inès pour qui j’ai signé à l’immigration, pour qu’elle vienne faire ses études à l’Université Laval. Elle en a eu pour plus que sa part avec des bourgeois de Sillery qui l’employaient sans la payer, confiants qu’elle ne porterait pas plainte. Je m’en suis occupé et ils ont payé. Pas racistes, juste voleurs ! Pourris de bourgeois exploiteurs !

Mon épouse est Noire, fière Antillaise de Guadeloupe. Cette Gwada, qui partage ma vie, provoque en général le sourire et l’amusement. Elle parle un français qui est musique, elle a un sourire remarquable et comme elle a travaillé à Paris presque toute sa vie, elle connaît bien le racisme. Ici, les gens sont curieux, ont un peu la peur de l’Autre, mais ne sont pas racistes, me dit-elle. Du moins, pas en général. Bien sûr, il y a des hypocrites, comme partout.

Le premier musicien professionnel avec qui j’ai eu le plaisir de jouer (pendant cinq ans) était également Antillais, anglophone d’Anguilla. Je lui enseignais le français et il m’enseignait l’anglais et la musique. Lui avait connu le vrai racisme.

Il avait joué quatre ans à New York et avait reçu un coup de rasoir d’une folle Amerloque, alors il est venu au Québec

J’ai rencontré beaucoup de Noirs à Québec. Certains n’aimaient pas ma gueule, d’autres ne faisaient aucun cas de la couleur de ma peau. Je me souviens d’un bar où j’allais — fin des années 60 ! — dans le Vieux-Québec où on faisait du bon blues. Le portier m’a dit, la première fois : « Hey man, il n’y a que des Noirs ici ! » Je suis entré quand même, à la grande surprise de tout le monde.

Je me suis fait rabrouer par quelques clients, mais pas plus que ça. On aimait tous le blues, la bière aussi, certains me souriaient, d’autres avaient une sale gueule, mais on est parvenu à être ensemble dans le même lieu sans problème.

de tout et de rien, échangé des points de vue, c’était très agréable. Puis, j’ai quitté le Québec pour un bout et quand je suis revenu, le bar était fermé. Zut !

Et les préjugés. Ça, je connais bien. On m’a déjà demandé si mon épouse recevait du B.S. quand elle venait passer un mois ici… Tu parles ! Tu crois qu’Air France prend les cartes de B.S., épais ? Je me demande si les nouvelles générations sont plus ouvertes d’esprit? Je l’espère…

C’est quoi être Noir à Québec ? Je ne le sais pas vraiment. Le mieux est de vous renseigner auprès de vos copains Noirs.

Et si vous n’en avez aucun, il est peut-être temps de réaliser que nous sommes au 21e siècle et qu’il va y en avoir de plus en plus. Comme il y aura de plus en plus de toutes les ethnies. De quoi élargir notre culture et apprendre beaucoup de choses, en plus d’avoir nous-mêmes la chance d’enseigner nos coutumes, notre culture, notre parlure, enfin tout quoi.

On pourrait appeler ça : échanger. C’est pas bête, non ?

JACQUES PRUNEAU, L’ANARCHISTE, ET LÉNA SA CONSEILLÈRE

J’y suis allé souvent par la suite, m’y suis fait des copains, on a pris un coup, discuté

Note pour Karyne : Mettre cette pub le plus petit possible. Tu peux jouer avec les éléments si tu veux.

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LA QUÊTE

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Le peuple noir J'aimerais partager avec vous le Poème à mon frère blanc de Léopold Sédar Senghor (1906-2001). Il est imprégné d'humour et de vérité, et nous amène à la réflexion.

Cher frère blanc, Quand je suis né, j'étais noir, Quand j'ai grandi, j'étais noir, Quand je suis au soleil, je suis noir, Quand je suis malade, je suis noir, Quand je mourrai, je serai noir.

Tandis que toi, homme blanc, Quand tu es né, tu étais rose, Quand tu as grandi, tu étais blanc, Quand tu vas au soleil, tu es rouge, Quand tu as froid, tu es bleu, Quand tu as peur, tu es vert, Quand tu es malade, tu es jaune, Quand tu mourras, tu seras gris.

Encore aujourd'hui, j'éprouve une profonde indignation. Malheureusement, la méchanceté existe parce que nous focalisons sur la différence de l'autre au lieu de le voir comme frère ou sœur de l’humanité.

Mon père, qui est décédé l'an passé à l'âge vénérable de 100 ans, aimait beaucoup la chanson de Raymond Lévesque, Quand les hommes vivront d'amour.

Dans les dernières années de sa vie, papa avait un médecin de famille haïtien qu'il aimait beaucoup. Pour mon père, la couleur de la peau était sans importance. Il était sensible à ce médecin chaleureux, professionnel et très humain. Comme il était loin de son pays et de sa famille, le

Un autre artiste que j'aime beaucoup est Dany Laferrière, écrivain d'origine haïtienne. J'ai lu plusieurs de ses livres. M. Laferrière a un parcours de vie unique, et après beaucoup d'années de labeur dans le monde souvent difficile de la littérature, il s'est rendu jusqu'à l'Académie française, un cercle élitiste.

Oui, je veux rendre hommage à tous les Africains, Haïtiens et autres personnes à la peau foncée qui sont parfois obligés de fuir, loin de leur pays, à cause de la guerre, de la dictature ou de la pauvreté. Tout ce qu'ils veulent : vivre en paix. Tout comme nous. Ils ne méritent pas que nous les rejetions à cause de nos préjugés! Toutefois, c'est logique que s'ils enfreignent les lois

Alors, de nous deux, Qui est l'homme de couleur ?

Bien sûr, ce texte est caricatural, mais n'empêche qu'il a un petit fond de vérité.

Selon les chercheurs, l'Afrique serait le berceau de notre civilisation; alors le respect et l'humilité sont de mise. De mon côté, j'ai toujours eu de l'admiration, de l'estime pour les hommes et les femmes à la peau noire. Ils sont très résilients aux épreuves de la vie, et j'ai toujours reconnu leur talent immense pour la musique et la danse. Souvent, ils sont la cible d'intimidation, de rejet, de mépris, d'abus de pouvoir, voire de haine.

Il y a plusieurs années, j'ai lu Racines, de Alex Haley, et écouté à la télévision la série inspirée de ce roman qui raconte l'histoire affreuse de la ségrégation raciale aux États-Unis. À cette époque, des Africains étaient vendus comme esclaves pour travailler dans des champs de coton et de tabac de différents états, surtout du sud. Je trouvais bouleversant et injuste que des hommes puissent traiter d'autres hommes de cette façon aussi ignoble.

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Photo: Archives Web

Je m'interroge aussi sur cette question de race pure. Seul un fou sur terre (Hitler) a essayé de créer la race des blonds aux yeux bleus, et cela n'a pas fonctionné, bien évidemment. Nous sommes tous métissés, tout particulièrement nous, les Québécois, avec nos origines amérindiennes, françaises, irlandaises et écossaises. C'est tant mieux parce que nous sommes outillés pour comprendre et accueillir les immigrants, les gens d'autres races.

médecin considérait mon père comme le sien. C'était touchant, on sentait une belle complicité et une amitié entre eux ! Notre père nous a donné l'exemple de regarder au-delà des apparences et d'accepter les différences.

de notre pays, ils doivent tout comme nous, les Blancs, réparer leurs torts, s'amender. La justice est équitable pour tous, quelle que soit la couleur de la peau et la religion, sinon ce serait l'anarchie.

Drôle, articulé, brillant, l'humoriste Boucar Diouf me touche beaucoup grâce à sa philosophie de la vie. Ses références et inspirations proviennent beaucoup de la sagesse de son grand-père et de sa grandmère. Il s'est rapidement adapté à nos traditions et à nos coutumes, et aussi, à notre hiver. Il dit avec humour : « Moi qui viens du Sénégal, j'ai vite compris qu'il fallait que je m'habille chaudement parce que l'hiver, au Québec, il fait si frette que tu peux péter au frette ! »

CHRISTIANE VOYER

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Passé composé Spéciale dédicace à Webster

Courtoisie: Antoine Carriver

toi c'est toi tu fais tes choix juge-moi pas parce que j'feel pas je veux juste pas marcher dans tes pas j'me retrouve pas à travers toi c'est pas parce que je crois pas en toi que je suis stressé quand tu sens le poignard rentré dans ton dos tu te dis j'l'ai déjà aimé c'est sûr qu'à travers le chemin emprunté il y aura toujours la pauvreté jugée pour l'erreur des riches et des gouvernés j'aurais dû comprendre avant de prendre les mauvaises décisions, déception envers toi et la désillusion tant de sang pour un cent pas de bon sens finir par se trahir par la sentence parce que je consomme la substance qui laisse des traces dans l'essence des désaxés, trop taxés, surpeuplés mal nourris, trop d'ennuis y'a que la nuit, quand je suis parti loin des soucis que j'me dit que je serais bien ici pour la vie d'autres décrochent pour se geler sur la roche pendant que leurs proches les voient rien dans les poches des fois j'me dis qu'on réussit c'qui nous réjouit, le temps d'une nuit fait que j'm'accroche pour pas finir ça croche.

Mic, check ben mon idée toutes les âmes sauvées demain se seront suicidées pour apaiser leur conscience de l'ignorance et de l'insouciance de leur mère patrie qui leur dit de brandir les fusils c'est pas d'la survie quand on te dit, lâche pas p'tit pendant qu'on s'en lave les mains on remet tout à demain les mains nouées, la gorge serrée on avance malgré l'obscurité même à moitié défoncé j'me sens oppressé par mon passé les gestes que j'ai posés peuvent pas s'effacer sans laisser une tache au dossier j'peux pas oublier vos promesses trop de b.s., trop de paresse ici bas, je trouve pas la voie du droit chemin en d'dans d'moi si j'te dit ça, c'est que je suis plus là j'suis parti, plus ici à l'infini, c'est fini plus de tracas envers moi tu sais j't'en veux pas

ANTOINE CARRIER

Texte présenté à l'atelier d'écriture de Webster le 21 janvier 2015.

­­Tu utilises des drogues par injection et tu a besoin d’aide pour te procurer du materiel de prévention (seringues et condoms) ?

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Courriel : m.gagnon@pointdereperes.com

LA QUÊTE

Tu utilises des drogues par injection et tu a besoin d aide pour te procurer du materiel de prévention

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Photo: Camille-Amélie Koziej-Lévesque

Michel

« Avant de prononcer nos vœux devant vous, comme il en est l’usage, je tiens à vous faire un témoignage, celui qui concerne la rencontre entre mon mari et moi. Je tiens à dire, de par ce témoignage, que nous ne connaissons jamais très bien les êtres avec qui nous vivons. « Il y a de cela une dizaine d’années, je devais me marier, mais ce n’était pas dans cette église. Depuis, nous avons dû déménager, changer de pays… Pourquoi, me direz-vous ? Parce que même si effectivement, nous nagions dans le plus grand bonheur, l’expression n’est pas fortuite en ce qui nous concernait, dans la mesure où nous étions tous deux d’excellents nageurs, il s’est passé quelque chose de totalement imprévu à ce moment-là « Nous nous connaissions depuis notre plus tendre enfance : nous avions été à la même garderie, et là, le premier jour où nous nous sommes vus, il était venu me faire un bisou sur la joue. Gentiment, doucement… Au primaire, nous fûmes des amoureux discrets, mais des amoureux quand même : il m’accompagnait toujours à la porte de ma maison : « Je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose, Gabrielle ! » Et on était bien comme cela.

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« À l’adolescence, notre flirt s’est prolongé. Nos parents étaient les meilleurs amis du monde, alors nous n’avions aucun problème pour nous voir : nous n’avons pas souffert comme Roméo et Juliette. Je me pensais la plus heureuse, la plus privilégiée de ce monde, et je l’étais ! Lorsque nous avons eu dix-huit ans et que nous nous sommes retrouvés à l’université, nous sommes parvenus à convaincre nos parents de prendre un appartement pour vivre ensemble. Nos résultats universitaires étaient bons. Lui était en génie électrique, et moi en anthropologie. Nous pensions aussi à fonder une famille, mais bien sûr, au moment où nous aurions terminé nos études. Tout était vraiment merveilleux, et peut-être trop merveilleux pour que cela dure, devez-vous penser ? « En été, je ne vous l’ai pas précisé, il nous arrivait d’aller nager à la mer lors de nos moments de détente. Moi je préférais demeurer là où j’avais pied, et lui aimait s’aventurer dans des zones où il n’avait plus pied, dans des zones très éloignées de la berge.

de revenir, mais il semblait ne plus m’entendre… Je ne le voyais plus… Une lame a paru l’emporter, je me suis évanouie… * *

*

« Je suis restée chez mes parents sous sédatifs pendant six mois. Nous avions un excellent ami qui était aussi malheureux que moi. Nous avons pleuré ensemble la mort de celui qui était tout pour moi.

Et petit à petit, nous sommes passés des pleurs aux rires, et puis à l’amour… « Aujourd’hui, nous associons à notre mariage celui qui a été un trait d’union dans nos vies : merci Michel ».

LAURENCE DUCOS

« Un jour, l’irrémédiable s’est produit : il est parti un peu trop loin à mon goût.

Le vent commençait à se lever, ce qui annonçait une tempête… Je lui ai alors crié

LA QUÊTE

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La révolte du somnambule J’étais en tabarnak, alors j’ai brisé mes chaînes intérieures et j’ai quitté la maternelle infantilisante du communautaire en santé mentale où le fardeau d’accepter son handicap a des limites.

J’ai failli prendre l’avion le 6 mars 2006, pour de vrai, avec mon cash économisé de misère et ma Visa gagnée de haute lutte lors de mon travail en 1993. (Dans ce temps-là, c’est drôle, j’avais une job et une blonde une semaine après).

Finalement, j’ai pris un taxi, crashé à moitié, puis fait un voyage au grand château de Beauport. Je suis arrivé dans les prisons, les douves. Ça m’a pris trois semaines avant de vaincre les démons et faire ma place parmi les malades, les prisonniers, les gardiens, tantôt gentils tantôt terribles, les filles de joie, les filles de mauvaise vie, les paresseux et paresseuses, les crosseurs et les bonnes âmes, parce que oui, il y en a toujours quelque part quand on sait les sentir, les dépister, les découvrir, bref les reconnaître.

Mais la terre tourne tous les jours.

Là, je suis au coin des rues La Couronne et St-Joseph downtown St-Rock.

Je viens de sortir de la ressource intermédiaire qui me permet la transition.

Il me reste cinq minutes d’Internet prépayé.

Je suis allé à la bibliothèque Gabrielle Roy pour sortir trois livres.

Un de Bernard St-Onge, un de Sioui et un d’Ixe-13.

Il ne me reste plus qu’à choisir à qui j’envoie ce message.

Tourlou, Hasta la vista baby, Terminator 3 était une femme, Béesse l’invalide, survivant vétéran de… ce que vous voudrez.

Je ne serai jamais complètement rétabli, et vous savez, dans le fond, c’est ça qu’il y a de plus merveilleux.

Abcdefghijklmnopqrst.

Photo: Camille-Amélie Koziej-Lévesque

Je me suis fait prendre en otage pendant trois semaines. Trois semaines en pyjama, aux prises avec Gandalf et Saroumane qui testaient leurs potions pour tenter d’exorciser Bilbo, Frodon et Gollum, ce dernier étant toujours halluciné par son précieux.

C’était au 300 Est du PRR (Pavillon Roy Rousseau), qui est pour vous situer la clinique où l’on pratiqua une lobotomie sur la première chanteuse québécoise de pointure internationale, Alys Robi, dans les années cinquante.

Ensuite, je suis descendu au quatrième niveau, le 200 Est, pour stabiliser la médication, recouvrir un minimum de dignité, retrouver du linge, et commencer à utiliser la permission de sortir de l’étage une demi-heure par jour.

Heureusement qu’à l’IUSMQ1 (anciennement le CHRG2 et avant l’Hôpital Saint-Michel-Archange), il y avait des anges Gabriel ou des amis (parce que ça d’l’air que j’ai encore quelques réseaux d’amis, couillon que je suis d’en douter). Ils m’apportaient du réconfort, m’aidaient à garder les pieds groundés en s’occupant pour moi de quelques affaires de l’extérieur, parce qu’en 2006, ça faisait neuf ans que mon père était décédé et il était temps que je me débrouille, ou que je m’ORGANISE comme il disait.

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Ils sont près les uns des autres dans les cotes 848.54s…

LE SOMNAMBULE APAISÉ, BERNARD ST-ONGE

Barny party songe.

Ostie que ça me fait du bien d’écrire.

Souvent, écrire est inutile et c’est pour ça que ça fait du bien.

J’ai manqué de temps, parce que je connais peu les stations Internet de libre-service et quand je me mets à écrire, je perds le contrôle parfois, les mots me mènent en bateau, m’enivrent. Les personnages ont leur propre vie.

Contrôle-toi, pis t’as un avenir me disait le St-Laurent de la Vachonne juive.

LA QUÊTE

Institut universitaire en santé mentale de Québec 2 Centre hospitalier Robert-Giffard 1

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Photo: Camille-Amélie Koziej-Lévesque

Descente

ils ne se parlent plus la nuit ils ne s’entortillent plus dans leur lit ça arrive à n’importe qui ça arrive à tout moment

évidemment lors d’un souper au restaurant le tintement des ustensiles contre l’assiette devient le petit train-train quotidien quand les mots sont inaudibles un son rauque prend forme dans le fond de la gorge et signifie « je suis triste » alors le jeune couple devient vieux de vieux vils qui arpentent une cuisine d’un luxe vide blanc et transparent

de prime abord tu penses que ce sont des gens riches parce que tu vois des chiens de faïence des bibelots de gondoles vénitiennes tentant de naviguer dans la tempête pourquoi ont-ils besoin de confort il est inutile de demander une explication pour comprendre il faut entrer dans un lac au printemps avancer tranquillement pendant que l’eau brûle la peau il faut rester debout en équilibre même si la tête chavire descendre dans la noirceur où il n’y personne d’autre que toi

au-delà de la table platine au-delà du journal devant une porte toujours close au-delà de l’horizon l’argenterie brille dans le vaisselier

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FRANÇOIS GAGNON

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LA QUÊTE

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De l'amour

Photo: Archives Web

Pour Jacquie avec tendresse et passion

Vos yeux étincellent à la pointe de votre île et puis vos mains et puis votre cœur vous vous y levez de bonne heure pour boire votre premier soleil Le poème son frisson sa gageure sont dans votre voile et puis le pleur et les lueurs du bonheur vous y chuchotez vos enchantements Mon chant naît dans votre voix et puis douleur et puis douceur votre aimer tout neuf met en fuite mort souffrir et malheurs du temps fou

Votre île votre voile votre voix ah certes je vois oh oui j'entends le timbre clair ah comme je l'entends caresses rires au vent embrasements dans le plein jour pour les amants voici l'univers en cerceau Comme de vous je suis tout plein ô ma pareille mon étrangère ô mon ivresse ma plus profonde comme vous me savez.

J.-P. D. LE POÈTE DE LA RUE

Passent les années

Photo: Camille-Amélie Koziej-Lévesque

Passent les années, et les erreurs qui les ont accompagnées.

Si on a su avec sincérité se redresser et recommencer, dans le bien, à cheminer.

Aujourd'hui, on retourne autour, tout est beau aux alentours.

La poussière a enseveli nos travers, même les plus petits.

Et nous avons été convaincants, en triomphant.

Vivre positivement aujourd'hui, voilà désormais notre quotidien défi.

Et ainsi, à certaines heures, il y aura petits bonheurs et, en égrenant les améliorations des hiers, un jour dans ta vie, il y aura belle et grande lumière jusqu'à l'infini.

GAÉTAN DUVAL

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Photo: Camille-Amélie Koziej-Lévesque

La sérénité du vent

Le silence et la tranquillité de la nuit sont propices à l'écriture, à la pureté du style et son registre

La sérénité et l'apaisement de la nuit sont infaillibles aux mots choisis naturellement sous un souffle de vent placide

Ô silence! du vent au pouvoir absolu je me sens perdu sans brise ni vent

Le doux murmure du vent je l'entends même le silence du vent je l'entends

J'entends les rafales du mistral jusqu'au chant des cigales comme un spectacle de ménestrel sous cascade d'étoiles venues du ciel

Le doux craquement de l'âtre silence du bois berce doucement l'idolâtre des coureurs des bois

J'entends le souffle du vent d'une flambée dans la cheminée du feu et son pétillement caresse le silence de la liberté

Paix calme sérénité au murmure du vent réalité, sûreté, au murmure du vent

Silence en deux temps comme valse à trois temps Ô silence! il est temps doux murmure du vent souffle vente dans ma flûte à pan MICHEL BONNELLY

P(r)ier

Individu sans filet, sans casque Patrouille malveillante Pur ratage Démocrates ensevelis Porte ma c_ _ _ x Comme tous Impossible l’aide si refusée Décisions aux quatre vents Écrire pour mourir Centenaire sans fautes Conduite surprenante Beauté standardisée

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Tout donné/ tout perdu Vont plus loin que l’extrême Cadavres en tête

Photo: Camille-Amélie Koziej-Lévesque

Toujours ces peurs Incompréhension générale Recherche la liberté, la paix

Malheur divinatoire Mets la marche arrière

Poings au ventre inutiles Sensation de pilotage vide Asphaltent la Mosquée Suis une femme tatouée aux yeux Enceinte du Nouveau Monde Race au bec sucré Députés s’embêtent Troupeau abreuvé Volonté amérindienne reprochée Équité rebutée

Oeuvre de Véronique Simard

Arrête de me voiler la face Ne veulent pas de moi Aucune voix, aucune voie

D’autres temps ont été et existeront JULIE CARTIER

LA QUÊTE

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Schizographie Schizographie, premier livre de Milady Johnson et première parution des Éditions L’Hybride1.

J’ai bouffé Schizographie en 90 minutes, le vendredi 7 novembre 2014, soit le lendemain de son lancement non officiel qui coïncidait avec le 25e anniversaire du Pavois2.

Courtoisie: Éditions L'Hybride

On peut qualifier ce livre de récit narratif à saveur littéraire comme l’indique le sous-titre : « Journal ».

J’ai griffonné au plomb un peu partout dans mon exemplaire dédicacé… …quand je découvrais de petites perles d’une belle main d’écriture remplie d’images originales, métaphores, tournures de phrase et de l’esprit, le tout ponctué d’un vocabulaire recherché. On m’a fait remarquer, par la suite, que le style témoignait que l’auteure avait beaucoup lu par le passé et j’abonde en ce sens. …quand j’étais happé par quelques éléments de son parcours de vie, allant de l’âge de six à trente-quatre ans, qui m’a permis de découvrir différentes facettes d’une fille ado femme qui affronte les épreuves avec résilience et goûte pleinement aux événements heureux lorsqu’ils se présentent. …quand je tombais sur des descriptions de symptômes des PMD (psychotique maniaco-dépressif) ou bipolaire qui me rejoignaient. Je n’aurais pu mieux décrire ces états, cette condition. …quand elle parle « des voix » qu’elle entend et qu’elle transforme en personnages. Qui lui font passer de bons et de moins bons quarts d’heure. Avec lesquelles elle chemine tout au long du récit.

Des voix qui lui ont dicté, entre autres, un « énorme » roman de plus de 700 pages (à paraître). …quand j’ai été touché par : « Les fous de haut niveau… », qui selon moi représentent, démontrent, imagent et expliquent le mieux le livre. Ce passage d’une page et demie pourrait être lu en entrevue à la radio ou sur une scène en performance pendant trois minutes.

Beaucoup de gens se reconnaîtraient comme solidaires de ces « fous de haut niveau ».

On veut savoir, au fil des pages, ce qui arrivera à l’héroïne, l’auteure, qui se débat avec les hauts et les bas d’une vie diagnostiquée parfois bipolaire et parfois schizophrène, avec tout ce que cela implique de médications, de souffrances, de joies et de spécialistes. On « comprend » un peu comment elle jouit de la « manie, sa meilleure amie ». Nous sommes les témoins privilégiés du cheminement d’une personne valeureuse en quête de bonheur, et de comment un processus d’écriture peut être salvateur. Milady Johnson « écrit pour se démêler ». Elle invente des fictions qui se matérialisent dans sa vie quelques mois plus tard, à sa grande surprise.

BERNARD ST-ONGE 1-Les Éditions L’Hybride se veulent être une nouvelle version améliorée des anciennes Éditions du Pavois et de leur très regretté éditeur, Claude Bussières.

2-Le Pavois est un organisme sans but lucratif dont la mission est la réinsertion socioprofessionnelle de personnes vivant avec une problématique de santé mentale.

Schizographie est disponible chez la librairie Pantoute et sur le site Web : www.editionslhybride.com.

Schizographie, qui veut dire « écrire avec l'esprit scindé », se lit comme un suspens.

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Ressources Aide sociale ADDS Association pour la défense des droits sociaux 301, rue Carillon, Québec Tél. : 418 525-4983 Maison de Lauberivière Centre de jour 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 centredejour@lauberiviere.org Relais d’Espérance Aider toute personne isolée et en mal de vivre 1001, 4e Avenue, Québec Tél. : 418 522-3301 Rendez-vous Centre-ville Centre de jour 525, rue St-François Est Tél. : 418 529-2222 Rose du Nord Regroupement des femmes sans emploi 418 622-2620 www.rosedunord.org Aide aux femmes Centre femmes d'aujourd'hui Améliorer les conditions de vie des femmes 1008, rue Mainguy, Québec Tél. : 418 651-4280 c.f.a@oricom.ca www.centrefemmedaujourdhui.org Support familial Flocons d'espoir Écoute et aide matérielle pour les femmes enceintes 340, rue de Montmartre, sous-sol, porte 4, Québec Tél. : 418 683-8799 ou 418 539-2939 flocons.espoir@videotron.ca Violence Info Sensibilisation, information et intervention pour contrer la violence conjugale et la maltraitance envers les aînées. accueil@violenceinfo.com www.violenceinfo.com Alphabétisation Alphabeille Vanier 235, rue Beaucage, Québec Tél. : 418 527-8267 alphabeille@qc.aira.com Alpha Stoneham 926, rue Jacques-Bédard, bureau 202 Tél. : 418 841-1042 alphastoneham@ccapcable.com www.alphastoneham.com Atout-lire 266, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 524-9353 alpha@atoutlire.ca www.atoutlire.ca Lis-moi tout Limoilou 798, 12e Rue, 1e étage, Québec Tél. : 418 647-0159 lismoitout@qc.aira.com La Marée des mots 3365, chemin Royal, 3e étage, Québec Tél. : 418 667-1985 lamareedesmots@oricom.ca www.membre.oricom.ca/lamareedesmots Détresse psychologique Centre de crise de Québec Tél. : 418-688-4240 ecrivez-nous@centredecrise.com www.centredecrise.com Centre de prévention du suicide 1310,1re avenue, Québec Tél. : 418 683-4588 (ligne de crise) www.cpsquebec.ca Communautés solidaires 5, rue du Temple, Québec Tél. : 418 666-2200 info@communautessolidaires.com www.communautessolidaires.com Tel-Aide Québec Tél. : 418 686-2433 www.telaide.qc.ca Tel-Jeunes Tél. : 1 800 263-2266 www.teljeunes.com

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Entraide Carrefour d’animation et de participation à un monde ouvert (CAPMO) 435, rue du Roi, Québec Tél. : 418 525-6187 poste 221 carrefour@capmo.org www.campo.org Fraternité de l'Épi Aide aux personnes vivant de l’exclusion par la création d’un lien d’appartenance 575, rue Saint-François Est Tél. : 418 523-1731 Hébergement Maison de Lauberivière Pour hommes et femmes démunis ou itinérants 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 accueil.hommes@lauberiviere.org www.lauberiviere.org L'Armée du Salut et La maison Charlotte Hébergement hommes 14, côte du Palais, Québec Tél. : 418 692-3956 poste 1 Hébergement femmes 5, rue Mc Mahon, Québec Tél. : 418 692-3956 poste 2 www.armeedusalut-quebec.ca Maison Revivre Hébergement pour hommes et femmes 261, rue Saint-Vallier Ouest, Québec Tél. : 418 523-4343 info@maisonrevivre.org www.maisonrevivre.net SQUAT Basse-Ville Hébergement temporaire pour les 12 à 17 ans 97, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 521-4483 coordo@squatbv.com www.squatbv.com Gîte Jeunesse Hébergement temporaire pour garçons de 12 à 17 ans Résidence de Beauport 2706, av. Pierre Roy, Québec Tél. : 418 666-3225 Résidence de Ste-Foy 3364, rue Rochambau, Québec Tél. : 418 652-9990 YWCA Hébergement et programme de prévention de l’itinérance et de réinsertion sociale pour femmes (La Grande Marelle) 855, av. Holland, Québec Tél. : 418 683-2155 info@ywcaquebec.qc.ca www.ywcaquebec.qc.ca Réinsertion sociale Maison Dauphine Pour les jeunes de 12 à 24 ans 31, rue D’Auteuil, Québec Tél. : 418 694-9616 courrier@maisondauphine.org www.maisondauphine.org Prostitution La Maison de Marthe 75, boul. Charest Est, CP 55004 Québec (Québec) G1K 9A4 Tél. : 418 523-1798 info@maisondemarthe.com www.maisondemarthe.com P.I.P.Q. Projet intervention prostitution Québec 535, av. Des Oblats, Québec Tél. : 418 641.0168 pipq@qc.aira.com www.pipq.org Soupe populaire Café rencontre Centre-Ville Déjeuner et dîner 796, rue St-Joseph Est, Québec Tél. : 418 640-0915 info@caferencontre.org www.caferencontre.org

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Maison de Lauberivière (Souper) 401, rue Saint-Paul, Québec Tél. : 418 694-9316 stephane.deslauniers@lauberiviere.org Soupe populaire Maison Mère Mallet (Dîner) 745, Honoré-Mercier, Québec Tél. : 418 692-1762 mallet1849@gmail.com Santé mentale La Boussole Aide aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale 302, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 523-1502 laboussole@bellnet.ca www.laboussole.ca Centre Communautaire l'Amitié Milieu de vie 59, rue Notre-Dame-des-Anges, Québec Tél. : 418 522-5719 info@centrecommunautairelamitie.com www.centrecommunautairelamitie.com Centre d’Entraide Émotions 3360, de La Pérade, suite 200, Québec Tél. : 418 682-6070 emotions@qc.aira.com www.entraide-emotions.org La Maison l'Éclaircie Troubles alimentaires 2860, rue Montreuil, Québec Tél. : 418 650-1076 info@maisoneclaircie.qc.ca www.maisoneclaircie.qc.ca Le Pavois 2380, avenue du Mont-Thabor, Québec Tél. : 418 627-9779 Téléc. : 418 627-2157 Ocean Intervention en milieu Tél. : 418 522-3352 Intervention téléphonique Tél. : 418 522-3283 Parents-Espoir Soutien et accompagnement des parents 363, de la Couronne, bureau 410, Québec Tél. : 418-522-7167 Service d'Entraide l'Espoir 125, rue Racine, Québec Tél. : 418 842-9344 seei@videotron.ca www.service-dentraide-espoir.org Relais La Chaumine 850, 3e Avenue, Québec Tél. : 418 529-4064 chaumine@bellnet.ca www.relaislachaumine.org TOXICOMANIE Al-Anon et Alateen Alcoolisme Tél. : 418 990-2666 www.al-anon-alateen-quebec-est.ca Amicale AlfA de Québec 75, rue des Épinettes, Québec Tél. : 418 647-1673 info@amicale-alfa.org www.amicale-alfa.org Point de Repères 225, rue Dorchester, Québec Tél. : 418 648-8042 www.pointdereperes.com VIH-SIDA MIELS-Québec Information et entraide dans la lutte contre le VIH-sida 625, avenue Chouinard, Québec Tél. : 418 649-1720 Ligne Sida aide : 418 649-0788 miels@miels.org www.miels.org

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MERCI À TOUS NOS PRÉCIEUX PARTENAIRES !

PARTENAIRES OR

PARTENAIRES INCONDITIONNELS (depuis plus de 5 ans !)

Centraide

Le Bal du Lézard Inter-Marché St-Jean Maison Revivre Michel Yacoub

PARTENAIRES ARGENT CKRL FM 89,1 CSQ Impressions Stampa

PARTENAIRES AD VITAM AETERNAM Claude Gallichan, chiropraticien Yves Boissinot

PARTENAIRES BRONZE

Photo: Archives Web

Audiothèque Point de Repères

SOLUTION DE PARLER POUR PARLER

SOLUTION LES MOTS CROISÉS

SOLUTION

1. Brunch, courriel et smog sont tous les trois des mots-valises : brunch vient de breakfast et lunch; courriel de courrier et électronique; smog de smoke et fog.

2. Cougar (s’écrit aussi : couguar), que Le Robert définit ainsi : femme quadragénaire ou quinquagénaire qui recherche et séduit des hommes beaucoup plus jeunes qu'elle.

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3. Faux. Le pomélo est le fruit d’un arbre exotique, un hybride du pamplemoussier et de l’oranger.

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4. On l’appelle «siffleux».

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5. C. Le nerf d’Arnold ou nerf grand occipital, comme son nom l’indique, appartient à l’occiput (partie inférieure et postérieure de la tête).

6. Ces deux verbes se ressemblent, mais ils ont des sens différents. «Agonir signifie : accabler d’injures ou de propos désagréables; «agoniser» signifie : s’éteindre, être près de sa fin.

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7. Épitre, nacre et oasis sont des noms féminins.

8. B. La monomanie est une idée fixe, une obsession.

9. Être plus catholique que le pape. Une variante, répandue en France : être plus royaliste que le roi.

10. Les mots caoutchouc et hamac nous viennent de l’espagnol.

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LA LUMIÈRE AU BOUT DU TUNNEL ?

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Quand j’ai lu que 2015 serait l’année internationale de la lumière, j’ai eu le goût d’ironiser sur ce thème en l’opposant aux effets dévastateurs du train de compressions budgétaires dans lesquelles sont engagés nos gouvernements et auxquelles sont soumis les démunis et la classe moyenne. J’avais envie de parler de la grande noirceur qui viendrait au bout tunnel, d’un possible soulèvement de masse s’apparentant à une nouvelle guerre des éteignoirs*, des effets d’optique des réductions d’impôts, de la réforme de nos 100 watts en santé, des trous noirs dans le budget des organismes communautaires, etc.

C’est bien de célébrer la science de la lumière et ses technologies mais j’avais vraiment envie d’en débattre au second degré avec les tenants de l’austérité, qui n’a vraiment rien de lumineux.

Toutes ces compressions budgétaires sont révoltantes pour ceux et celles engagés dans la lutte à la pauvreté et c’est un devoir de les dénoncer.

LA CONSCIENTISATION ÉGRENÉE EN JOURS, SEMAINES, ANNÉES, ETC.

fistule obstétricale, le vol spatial habité et le jazz. Par ailleurs, Nelson Mandela est la seule personnalité ayant sa journée internationale.

LE MOIS DE L’HISTOIRE DES NOIRS Pour l’ONU, il n’y a aucun mois international mais les thèmes du racisme, de la discrimination et de l’esclavage reviennent souvent. Le mois de l’histoire des Noirs est un mois commémoratif en l'honneur des populations noires qui ont dû vaincre l'esclavage pour gagner leurs droits civiques. Il est célébré en février aux États-Unis et au Canada, et en octobre au Royaume-Uni (Wikipédia).

TOILETTES

Affiche de l'ONU placardé en Inde

Je suis allée sur le site de l’ONU visualiser la page consacrée aux journées, semaines, années et décennies de ci et de ça et j’en ai eu pour mon argent. Il y en a pour des heures de plaisir en conscientisation tous azimuts !

Saviez-vous qu’il y a eu non pas une, mais trois décennies consacrées au racisme et deux à la pauvreté ? Gageons qu’il y en aura d’autres ! En fait, une décennie n’a pas besoin d’être terminée pour qu'une autre commence.

De la même façon, telle ou telle année peut être l’année internationale de plusieurs thèmes. En 2015, ce sont les sols et la lumière. En 2008, il y a eu 6 thèmes. En 2016, par contre, on sent un certain essoufflement. Il n’y a qu’un thème à ce jour, soit les légumineuses. Étonnamment, il n’y a que 7 semaines internationales inscrites à l’agenda, et non la santé mentale ou l’itinérance n’y figurent pas. Mais l’allaitement, le désarmement et le racisme sont parmi les thèmes élus. La paix est dans la liste, mais elle est jumelée à la science !

Mais ma journéepréférée entre toutes, celle qui m’a le plus étonnée et touchée, est celle des toilettes. Et oui, il y a une journée internationale des toilettes ! Dans son message en 2014, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon a lancé : « Nous avons l’obligation morale de mettre un terme à la défécation à l’air libre et le devoir de protéger les femmes et les filles contre le risque d’agression et de viol découlant de l’absence d’installations sanitaires ».

C’est un thème sérieux mais mon imagination a explosé lorsque j’ai appris l’existence de cette journée particulière pour la dignité ! J’ai revu en pensées les bécosses derrière l’atelier de mon grand-père, qui m’avaient tant impressionnée dans mon enfance, et certaines scènes célèbres des films de Dany Boyle.

Celle de Trainspotting (Ferrovipathes) où le protagoniste plonge dans les pires toilettes d’Écosse pour retrouver ses suppositoires à l’opium, et celle bien sûr de Slumdog Millionaire (Le pouilleux millionnaire) où Jamal saute dans la fosse des latrines pour s’échapper.

Tout le monde sur la planète ne bénéficie pas d’installations sanitaires adéquates. Je le savais mais je n’avais pas conscience de toutes les implications de cette situation. Je suis tombée sur cette affiche : Bordel de merde ! Verrons-nous vraiment un jour la lumière au bout du tunnel de la misère ?

DIANE MORIN

J’ai compté pas moins de 114 journées internationales, allant du bonheur au droit à la vérité en passant par le paludisme, la

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Invitation

à la clientèle de L’Archipel d’Entraide

Michel Yacoub

Faites-vous du bien et venez célébrer l’amour et l’amitié avec nous !

Le 11 février 2015 entre 13h00 et 15h30 À la salle La Nef 190, rue St-Joseph Est Pour renseignements : 418 649-9145

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No 171 Février 2015

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Le magazine de rue de Québec

2014-12-18 11:20

• Webster : rappeur historien • Candidate à surveiller • Une affaire de cheveux • Haïti dans la Capitale