La_Quête_numero 208_octobre 2018C

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4$

Le magazine de rue de Québec Numéro 208 Octobre 2018

© Donald Novak

SOMMAIRE PORTE-CLÉS 06

L’origine du projet

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Porte-Clés, pour moi...

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Un accompagnement global

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JEUX

OSSIER © Courtoisie : Anick Gagnpon

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Le jeu de La Quête

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La langue dans sa poche

Quand l'union fait la force!

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Entre vouloir et pouvoir

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Le café, lieu de rencontre

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Parler du Porte-Clés : un gros défi

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Quand l'union fait la force! (partie 2)

© Courtoisie de Nathalie Giguère

La pro du déménagement

CHRONIQUES 27

Manoir et armoire

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La peur de vivre ses rêves Livreur d’humanité!

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De la durée des projets

© Courtoisie de Nathalie Giguère

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OCTOBRE 2018

LA QUÊTE

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Choix de trajet de 1km, 5km, 10km ou 15km Dimanche le 7 octobre 2018, de 7h30 à 13h30 Rassemblement pour le départ devant la Nef (190, rue Saint-Joseph Est, coin Caron) Pour en savoir plus ou s’inscrire : monsaintroch.com/activites-evenements/archipel-entraide/courirauxabris

PAGE COUVERTURE Oeuvre originale de : Donald Novak

RÉALISER L’ESPOIR Camelots recherchés

L’Archipel d’Entraide, organisme à but non lucratif, vient en aide à des personnes qui, à un moment

donné Hey toi! de leur existence, sont exclues du marché du travail ou vivent en marge de la société. Ces laissés Tu as 18compte ans ou plus. pour cumulent différentes problématiques : santé mentale, itinérance, toxicomanie, pauvreté, Tu veux te faire quelques dollars? etc.

Dans la foulée des moyens mis en place pour améliorer le sort des plus défavorisés, l’Archipel d’Entraide lance, en 1995, le magazine de rue La Quête. Par définition, un journal de rue est destiné personnes en difficulté, notamment des sans-abri. La Quête permet ainsi aux camelots de reprendre confiance en leurs capacités, de réaliser qu’à titre de travailleurs Pour plus d’informations autonomes ils peuvent assumer des responsabilités, améliorer leur quotidien, socialiser, bref, Appelle-nous au certain pouvoir sur leur vie. reprendre un Travaille à ton compte. Pas d’horaire. à la vente - surdelarue rue par des Vends le magazine La!-Quête

418 649-9145 poste 33 Ou L’Archipel d’Entraide, composée d’une équipe d’intervenants expérimentés, offre également des Viens nous rencontrer au services d’accompagnement 190, rue St-Joseph Est (coin Caron)communautaire et d’hébergement de dépannage et de soutien dans la recherche logement par le biais de son service Accroche-Toit.

Dans l’église d’un Jacques-Cartier

Depuis sa création, La Quête a redonné l’espoir à quelques centaines de camelots.

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UNE TRIBUNE POUR TOUS Envie de faire connaître votre opinion, de partager vos poésies, de témoigner de votre vécu. Nos pages vous sont grandes ouvertes. Envoyez-nous vos textes par courriel, par la poste ou même, venez nous les dicter directement à nos bureaux.

Faites-nous parvenir votre texte (500 mots maximum) avant le 1er du mois pour parution dans l’édition suivante. La thématique de décembre : Papier.

FAIRE DES SOUS EN DEVENANT CAMELOTS

Les camelots récoltent 2 $ de profit sur chaque exemplaire vendu. Autonomes, ils travaillent selon leur propre horaire et dans leur quartier.

Pour plus d’informations, communiquez avec Francine Chatigny au 418 649-9145 poste 31

Nous vous encourageons fortement à acheter La Quête directement à un camelot. Toutefois, si aucun d’eux ne dessert votre quartier, vous pouvez vous abonner et ainsi nous aider à maintenir la publication de l’unique magazine de rue de Québec.

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Ville: Vends le magazine de rue La Quête Code postal: Pour plus d’informations Appelle-nous au 418Date : 649-9145 poste 33

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Abonnement de soutien Abonnement institutionnel Téléphone: La Quête est appuyée financièrement par : Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI)

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65$ 80$ 90$

ÉDITEUR Archipel d’Entraide ÉDITEUR PARRAIN Claude Cossette RÉDACTRICE EN CHEF Francine Chatigny DIRECTRICE DE L’INFORMATION Valérie Gaudreau SECRÉTAIRE DE RÉDACTION Isabelle Noël CHRONIQUEURS Philippe Bouchard, Martine Corrivault, Claude Cossette et Marc-Émile Vigneault JOURNALISTE Francine Chatigny AVEC LA PARTICIPATION À LA RÉDACTION DE L’Archipel d’Entraide (Carole-Anne Beaulieu et Diane Morin), Lauberivière (Éric Boulay),Le CF3A (France Beauchamps et Patricia Morin), YWCA-Québec (Stéphanie Lampron) et PECH (Benoit Côté et Nathalie Giguère).

AIDE À LA RÉDACTION Nicolas Fournier-Boivert et Lisa Nolet AUTEURS DES JEUX Hélène Huot et Jacques Carl Morin RÉVISEURS Benoit Arsenault, Francine Chatigny et Véronique Hardy BÉDÉISTE Madeleine Aubin PHOTOGRAPHE Nathalie Giguère INFOGRAPHISTE Sandra Potvin IMPRIMEUR Imprimerie STAMPA inc.

418 681-0284 COPYLEFT La Quête, Québec, Canada, 2014 Ce document est mis à votre disposition sous un droit d’auteur Creative Commons « Paternité Pas d'Utilisation commerciale - Pas de Modification 2.5 – Canada » qui, si ce n’est pas commercial, permet de l’utiliser et de le diffuser tout en protégeant l’intégralité de l’original et en mentionnant le nom des auteurs.

Journal La Quête

190, rue St-Joseph est Québec (Québec) G1K 3A7 Téléphone : 649-9145 Télécopieur : 649-7770 Courriel : laquetejournal@yahoo. ca

Financé par le gouvernement du Canada

LA QUÊTE

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MOT DE LA COORDO

SORTIR DE LA RUE AVEC PORTE-CLÉS Un seul sujet dans cette édition d’octobre : le projet d’insertion résidentielle Porte-Clés dont ont bénéficié jusqu’à maintenant 5 camelots de La Quête et 86 autres personnes qui vivaient dans la rue.

Pour préparer ce dossier, j’ai recueilli les propos de participants, d’intervenants et d’un propriétaire. Le hasard a voulu que certains d’entre eux soient engagés dans le même « suivi ».

Ces regards croisés sur la même situation vous permettront de mieux comprendre l’ensemble des enjeux liés à l’intégration résidentielle d’une personne qui a passé plusieurs années en situation d’itinérance.

LES PARTICIPANTS Sortir de la rue exige une volonté à tout casser. Sébastien Proulx, qui a accédé à la stabilité résidentielle, soit un logement sûr et permanent, grâce à Porte-Clés, en témoigne. Il confie à La Quête les dédales de la longue route qu’il a parcourue pour quitter la rue et éviter d’y retourner.

© Courtoisie Nathalie Giguère

Sébastien et tous les autres participants Porte-Clés sont heureux d’avoir maintenant un toit sur la tête. Mais ce n’est pas le seul avantage qu’ils retirent de ce programme. Il faut lire les propos recueillis par La Quête lors du barbecue annuel pour mesurer l’ampleur des gains obtenus.

UN DÉVOUEMENT ADMIRABLE Intervenante au maintien en logement, Anick Gagnon nous offre un aperçu du rôle qu’elle et ses collègues jouent dans Porte-Clés. Si certaines tâches vous sembleront tout à fait naturelles dans le cadre d’un travail d’intervenant social, d’autres vous surprendront sans doute. J’ai, et je me permets de le dire, une admiration sans bornes pour ces intervenants.

D’abord parce que l’accompagnement global qu’ils offrent à leurs participants est un suivi extrêmement exigeant, ne serait-ce qu’en termes de temps. Mais aussi parce que leurs participants, bien qu’attachants, drôles, et pleins de belles qualités... leur en font parfois voir de toutes les couleurs!

N’empêche, si vous parlez à un de ces intervenants, il vous dira que ses participants sont des héros. Ils n’ont pas tort, car ces ex-sans-abris, je le répète, doivent franchir plusieurs barrières avant de s’affranchir de la rue. Ce cheminement est ponctué de moments touchants et magiques. Carole-Anne Beaulieu l’exprime de très belle manière dans Parler du Porte-Clés : un gros défi.

DÉFI RELEVÉ!

Porte-Clés, on ne se le cachera pas, a généré bien des grincements de dents au départ. Ne serait-ce que par son origine : une réorientation politique qui « oblige » les organismes qui partagent la même enveloppe budgétaire à orienter leur service, bon gré mal gré, vers le logement d’abord et à délaisser les autres approches.

Réunis dans les pages Quand l’Union fait la force, les messages des huit directeurs impliqués dans ce projet révèlent comment ils ont su s’adapter.

Aujourd’hui, fiers de leur succès, ils entrevoient l’avenir avec optimisme.

Et quand on rencontre Nathalie Giguère, la dynamique coordonnatrice du Porte-Clés, on ne peut qu'envisager le futur sous l'angle de la réussite.

Belle continuité à Porte-Clés, FRANCINE CHATIGNY

Photo prise lors du BBQ Porte-Clés, édition 2018. De gauche à droite. Première rangée : Maurice Turcotte, Francine Chatigny, Stéphan Bolduc, Raphaël Tétreault. Deuxième rangée : Jean Cazes. Troisième rangée : Carole-Anne Beaulieu, André Breton, Denis Savard, Charline Giroux, Sébastien Proulx, Denis Pouliot, Éric Gignac et Michel Veilleux.

À LA UNE La toile reproduite sur la page couverture nous a été offerte par Donald Novak, participant Porte-Clés. « Depuis que j’ai accepté de me faire aider, j’ai retrouvé une stabilité résidentielle. Pour moi, le Porte-Clés est un porte-bonheur! » affirme Donald qui goûte à nouveau le plaisir de créer. Ces œuvres, hautes en couleur, respirent la joie! Pur bonheur pour nous que de le publier!

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NATHALIE GIGUÈRE : COORDONNATRICE

L’APPROCHE « LOGEMENT D’ABORD » À L’ORIGINE DU PORTE-CLÉS

L’approche « Logement d’abord » est axée sur le rétablissement des personnes en situation d’itinérance. Elle vise notamment à leur offrir des logements indépendants et permanents le plus rapidement possible sans leur imposer de conditions préalables et, ensuite, à leur offrir d’autres types de services et de soutien dont elles pourraient avoir besoin. L’approche « Logement d’abord » repose sur le principe qu’il est plus facile de prendre sa vie en main si l’on est d’abord logé.

LA NAISSANCE DU PORTE-CLÉS C’est dans ce contexte que huit organismes de la région de Québec se sont regroupés pour proposer un projet de concertation clinique et, plus particulièrement, l’implantation de l’approche « Logement d’abord ».

Ce projet est baptisé Porte-Clés et est coordonné par l’organisme PECH.

Huit organismes chevronnés et diversifiés qui unissent leurs efforts, leur expertise, leurs moyens et leurs passions pour aider les personnes en situation d’itinérance chronique et épisodique. Huit organismes déjà dédiés à la cause de l’itinérance proposent de travailler en étroite collaboration pour soutenir l’intégration en logement de ces personnes.

Les organismes sont fiers du travail accompli depuis le début et du fait que Porte-Clés a obtenu le prix d’excellence du réseau de la santé et des services sociaux, en 2018. Il s’agit de : • L’Archipel d’Entraide • Lauberivière • Le Café rencontre • Le CF3A (Centre de femmes aux 3 A) • Miels-Québec • Le PIPQ • La YWCA • PECH Porte-clés offre une panoplie de services pour accroître les chances de réussite d’intégration et de maintien en logement. Les candidats doivent satisfaire trois exigences de base : fiducie, signature d’un bail et accompagnement par un intervenant qui rencontre régulièrement la personne dans son logement, l’accompagne dans diverses démarches et le supporte dans son rétablissement. Nous fournissons les meubles, le déména-

© Courtoisie de Nathalie Giguère

Au Québec, l’approche « Logement d’abord » s’est pointé dans le processus d’intervention à la suite du renouvellement de la stratégie de lutte contre l’itinérance du gouvernement canadien, en mars 2013, qui invite les collectivités du pays à intégrer cette façon de faire dans leur pratique de lutte contre l’itinérance et les services de prévention.

Nathalie Giguère, coordonnatrice du porte-clés

gement, le nécessaire pour cuisiner et de l’aide dans les nombreuses démarches.

On peut penser que la réalisation du rêve d’intégrer un logement est chose facile, mais plusieurs défis se présentent autant au nouveau locataire qu’aux intervenants. Le grand bonheur vécu la journée du déménagement laisse place après quelques mois à de la solitude et du temps à occuper. Mais comment l’occuper ce temps? Vivre dans la rue mobilise l’ensemble des activités de la journée, qu’il s’agisse de chercher nourriture, gîte, abris et espace pour se déposer. S’approprier l’espace de ces quatre murs, reconnaître ses besoins et se permettre de rêver à nouveau est un défi.

MAIS QU’EST-CE QU’UN ITINÉRANT?

L’image populaire veut qu’un itinérant soit une personne qui mendie, un sans-abri ou un toxicomane, qui squatte un peu partout dans la ville, souvent mal vêtu et qui mange peu. Des personnes qui ont vécu des traumatismes et de la maltraitance, qui dérange parfois le quotidien des passants et des commerces. Des gens qui demandent aussi beaucoup de travail aux policiers, aux intervenants, au milieu de la santé et judiciaire.

Mais, l’itinérance est aussi un monde où les gens ont soif de liberté. Ils sont débrouillards, ils s’entraident, ils ont des stratégies de survie, ils sont fiers, ils ont une histoire ou de belles histoires où tout d’un coup la vie a fait que le confort d’un foyer est devenu impossible.

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OSSIER

Les effets de cette approche sont fort appréciables : des gens sont fiers de pouvoir enfin fournir une adresse à leur famille et à leurs amis, des liens familiaux perdus depuis des années se renouent, des gens sont heureux d’avoir un frigidaire pour faire des provisions, un lit bien à eux, de la chaleur et de l’intimité, de régler leurs problèmes judiciaires, de faire des travaux communautaires et du bénévolat, et, finalement, de retrouver le marché du travail pour certains.

plesse, de patience et parfois de tolérance envers certaines situations. Nous travaillons conjointement avec eux dans les moments de difficultés. Ils doivent mettre de côté leurs préjugés, la mauvaise presse ou les expériences vécues avec des locataires récalcitrants.

UN RICHE PARTENARIAT

Je suis particulièrement Au final : un citoyen à part entière qui choyée de travailler avec s’implique dans sa communauté! une équipe telle que la « gang » du Porte-clés, des intervenants dévoués qui que l’on fait pour eux. Je souhaite à se supportent allègrement dans les tous de poursuivre vos rêves et vos situations de crises, dans les corvées passions et de profiter des moments de peinture et de ménage, et lors des de bonheur. rassemblements. Choyée de travailler avec des organismes qui mettent leurs NATHALIE GIGUÈRE ressources à la disposition du PorteCoordonnatrice du Porte-clés clés : camion, entrepôt, nourriture Directrice des services et articles nécessaires en logement. cliniques de PECH Et surtout choyée de rencontrer des gens heureux, souriants et reconnaissants de ce qu’on leur donne et de ce

Nous pouvons compter sur de nombreux partenaires essentiels, tels que Clés en main, l’OMHQ qui rend accessible des subventions au logement, le comptoir Emmaüs, la collectivité pour des dons de meubles, la fondation Dallaire pour l’entreposage des articles, Matelas Dauphin pour des dons de matelas.

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1 itinérant avec des problèmes non résolus 1 grand logement semi-meublé ou non 1 intervenant dévoué 1 subvention au logement (PSL) 1 propriétaire ouvert et humain 1 c. à soupe de patience 3 tasses de croyance en l’être humain 2 litres de volonté des trois côtés 1 soupçon de rêve

© Courtoisie de Nathalie Giguère

Il faut souligner l’ouverture, l’empathie et le support de nombreux propriétaires privés qui louent les logements et qui font preuve de sou-

UNE COORDONNATRICE COMBLÉE

LA RECETTE DU PORTE-CLÉS

L'équipe d'intervenants Porte-Clés après une rencontre au sommet! De gauche à droite, première rangée : Jenny Dumont et Nathalie Giguère, la coordo. Deuxième rangée : Charline Giroux, Alexandra St-Onge, Fanny Bourdages, Laurie Boivin, Anick Gagnon. Troisième rangée : Nicolas Houde, Marie-Lou Bélanger, Patricia Morin, Emmanuelle Gauthier, Benoît Desrochers, Raphaël Tétreault, Marc Marcil, Jeffrey Lane et Éric Gignac.

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PORTE-CLÉS, POUR MOI...

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La Quête a profité du barbecue annuel du Porte-Clés pour recueillir les impressions de quelques participants qui vivent maintenant en logement grâce au projet.

« Porte-Clés ça été un grand coup de main. Probablement que je serais encore dans la rue si ça n’avait pas été de ça! Avoir un appartement ça fait du bien; j’ai retrouvé un sentiment d’appartenance que je n’avais pas eu depuis un certain temps. Retrouver mon petit royaume, c’est bon : je rentre chez nous avec un grand sourire toutes les fois. » JONATHAN

© Courtoisie de Nathalie Giguère

« Ça m’a libéré. J’étais un peu égaré dans ma vie; j’ai eu plein de contraventions parce que je prenais trop de place sur la rue Saint-Joseph. J’étais toujours rendu au dégrisement à Lauberivière. Une nuit, les policiers sont venus à Lauberivière pour m’embarquer parce que j’étais sous mandat. Je leur ai dit que s’ils voulaient travailler en pleine nuit c’était leur affaire, mais moi je voulais dormir. Ils m’ont dit qu’ils reviendraient à 8 h. Mais le lendemain, au lieu des amis du parc Victoria, c’est Laurie Boivin, intervenante de PECH, qui est arrivée. À partir de là, elle m’a encadrée dans ma vie.

Et avoir un appartement ça fait du bien, un grand bien. » MAURICE TURCOTTE

© Courtoisie de Nathalie Giguère

« Sept intervenants ont travaillé avec moi. Maryline, FX, Pier-Ann, Priscillia, et là, je suis avec Marie-Pier. Maryline, la première, elle, elle m’a dégêné. J’étais un gars renfermé, jamais je t’aurais parlé. Manu pourrait te le dire. C’est Manu, de MIELS-Québec qui m’a ouvert la porte du projet. J’ai resté là [Hébergement Marc-Simon] un bout de temps. Ils m’ont donné un lousse. Au début je ne savais rien du projet, j’avais pas de carte, pas de compte. Ils m’ont obligé à en avoir et à régler mes trucs. Priscillia m’a amené au poste de police pour mes tickets, j’en avais pour 6 900 $. J’ai fait 316 heures de travail communautaire à Moisson Québec pour les rembourser. J’ai peinturé des locaux, des bureaux, pis je me faisais du fun. FX lui, est venu me chercher à 6 h du matin au CCC Marcel Caron pour aller passer mon TACO à l’Enfant-Jésus. En plus de m’apporter un logement, Porte-Clés m’a apporté de la confiance en moi. Porte-Clés m’a reçu comme un roi. Avant, ma famille c’était le monde de la rue pis on s’aidait avec de la boisson, mais aujourd’hui ma famille c’est Porte-Clés! » ANDRÉ BRETON

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« J’ai fait des burn-out. Je vivais un stress permanent. Travailler au salaire minimum, cumuler les heures pour arriver... pis pas arriver. Grosse débarque. Maladie mentale, maladie physique. Je souffre beaucoup d’en être arrivée là. Mais je m’accroche et Porte-Clé me permet de me refaire une santé et d’accepter mes limites. Je croyais que je repartirais plus vite parce qu’avant, j’étais très active. Je dois faire face au fait que ça va prendre beaucoup plus de temps, et c’est très difficile à accepter... je préférerais être indépendante, débarquer de l’aide sociale. Mais pour l’instant je ne peux pas. J’ai été réchappée de justesse... Grâce à Porte-Clés, je sais que je peux travailler à temps partiel pis avoir ma place à moi quand même. Si ça n’avait pas été de Porte-Clés, je retournais dans la rue et je me laissais mourir là. » ELLE

© Courtoisie de Nathalie Giguère

« C’est apprendre beaucoup de choses. Faire à manger, faire du ménage, penser à mes comptes le premier... C’est une discipline personnelle pis a un moment donné tu tombes dans un entonnoir. Ma réalité, mes difficultés, que je n’étais pas conscient, là, je suis obligé d’y faire face. Je réalise qu’il faut que je change ma problématique. Si je ne change pas, je vais toujours retourner dans l’itinérance... L’entonnoir c’est le tourbillon, mais il y a une e£¢£¤¢ de bonne équipe qui m’entoure. Souvent, ces gens-là ont plus confiance en moi que moi je peux avoir en moi... Pis ils me connaissent là! Eux autres, ils me poussent dans l’entonnoir. Ce n’est pas toujours agréable, mais c’est efficace! » STÉPHAN BOLDUC

Stéphan Bolduc tient à remettre au suivant en participant à tous les déménagements et collectes effectués dans le cadre du Porte-Clés!

Propos recueillis par Francine Chatigny

DEPUIS 2015, LE PROJET PORTE-CLÉS C’EST :

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265 personnes repérées et référées; 91 personnes intégrées en logement; Des participants masculins en majorité, avec une moyenne d’âge de 44 ans et qui ont passé en moyenne 6 ans dans la rue.

Logo Porte-clés

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ANICK GAGNON : INTERVENANTE AU MAINTIEN EN LOGEMENT

UN ACCOMPAGNEMENT GLOBAL Employée du Programme Intervention Prostitution Québec (PIPQ), Anick Gagnon est l’une des 14 intervenants prêtés au maintien en logement de Porte-Clés. Les intervenants sont au cœur de la réussite de ce programme d’intégration résidentielle et Anick a accepté de témoigner de ce rôle de suivi global des futurs locataires.

En amont de l’intégration en logement, tout un travail d’approche et de construction du lien de confiance entre Anick et ses candidats — des personnes en situation d’itinérance chronique répondant aux critères de sélection du projet — doit être réalisé pendant des mois, voire des années. Ce lien doit être suffisamment fort pour que le tandem « avance ensemble ».

La subvention accordée, Anick accompagne le participant pour visiter les logements, signer le bail, sélectionner les meubles et tout le nécessaire pour le déménagement. Chacune de ces rencontres est l’occasion d’écouter le candidat, de répondre à ses besoins et de l’encourager dans la poursuite des démarches. « MES PLUS BELLES JOURNÉES » Les yeux brillants, Anick affirme que « mes journées coup de cœur, c’est quand ils entrent dans leur logement!

De gauche à droite : Charline Giroux (agente au logement) Sébastien Proulx (participant au Porte-Clés) et Anick Gagnon (intervenante au maintien en logement).

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Je vivrais des journées de même tout le temps, même si c’est dur physiquement de transporter des meubles (rires)! Ils ne réalisent pas qu’ils sont chez eux jusqu’à ce que le déménagement terminé, ils s’assoient sur le divan et regardent autour. C’est magique! » Pour le nouveau locataire, apprivoiser la vie en appartement s’avère difficile, même s’il est en train de réaliser un rêve. « C’est un déracinement. Les gens qui sont en itinérance depuis longtemps ont pris racine dans la rue. Malgré les dangers, le froid et tout ce à quoi ils doivent faire face, c’est le lieu qu’ils connaissent et trouvent confortable. »

« Ils ne réalisent pas qu’ils sont chez eux jusqu’à ce que le déménagement terminé, ils s’assoient sur le divan et regardent autour.

C’est magique! » ~ Anick Gagnon DÉFIS ET SUIVI La chute d’adrénaline compte parmi les changements drastiques que connaît le nouveau locataire. Dans la rue, la personne vit en état d’alerte constante, dort d’un œil, se lève tôt, trimballe tous ses avoirs toute la journée pendant qu’elle s’active — cueillette de canettes, de métal, squeegee ou autre — pour subvenir à ses besoins. « Cette drive-là, ils ne l’ont plus. Ils tombent au point mort et ça crée un débalancement. » Pendant les premiers mois, l’intervenante doit surveiller les comportements à risque. « Certains partent à la recherche de cette adrénaline. Ils peuvent tomber dans le jeu compulsif ou n’importe quoi qui donne un kick. »

© Courtoisie : Anick Gagnon

Quand un candidat signifie à Anick qu’il est prêt à quitter la rue, elle se transforme en agente administrative. « Tous les papiers sont à faire, de A à Z : certificat de naissance, assurance-maladie, impôts, carte d’assurance sociale, etc. » Réunir tous les documents nécessaires à l’ouverture du dossier à

l’OMHQ pour obtenir la subvention au logement peut prendre un temps fou. « Ils sont difficiles à rejoindre quand ils sont dans la rue. C’est la théorie des petits pas. » Sans compter que parfois la personne disparaît ou change de comportement quand elle apprend que sa candidature est retenue. « Quand ils ont la réponse, souvent ça les stresse.

Ils ont peur de ne pas être à la hauteur.

La personne avait une belle stabilité et oups!... Le stress, ça peut faire faire des petites niaiseries. »

LA QUÊTE

Le relâchement du stress engendre aussi, presque à tout coup, l’émergence de problèmes de santé. « Toutes sortes de problèmes, tant physiques que psychologiques. »

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« LA PARTIE QUE J’AIME LE MOINS! » Travailleuse de rue pendant 15 ans, Anick a été secouée par ce changement de poste en 2014. « Cela m’a demandé énormément d’adaptation. » Dans son ancien travail, Anick entretenait une relation de proximité volontaire et égalitaire avec les personnes qu’elle accompagnait. L’impératif du maintien en logement dénature la relation qu’elle vit avec les participants Portes-Clés. « Je suis contrainte à avoir des attentes et mes personnes savent que j’ai des attentes. ». Anick déplore que ce ne soit qu’une fois que la stabilité en logement est acquise, qu’elle peut enfin travailler les autres sphères : santé, implication et rôle social.

Enfin, l’aspect le plus difficile à vivre : la solitude, l’isolement et l’ennui. Anick suggère à ses personnes de continuer, pendant la première année, les activités qu’ils avaient dans la rue. « Continuer à se lever tôt, aller ramasser les canettes, manger à la soupe populaire, pour que la transition soit plus douce, sinon, c’est trop difficile! » Avec le temps, la personne réduit la fréquence de ces activités-là : elle ira de moins en moins souvent à la soupe populaire et commencera à cuisiner. « Les premières fois qu’ils font des recettes, ils m’envoient des photos du plat! Des fois, ça fait dix ans qu’ils n’ont pas cuisiné. » Applaudir les victoires, alimenter l’espoir et guider dans toutes les démarches : l’intervenant joue une panoplie de rôles. « On l’accompagne dans tout : visite chez le médecin, chez le psychiatre, démarches judiciaires, accompagnement à la cour, suggestion de manière de s’impliquer [pour contrer l’ennui], etc. C’est un accompagnement global dans le respect des limites et du rythme de chacun. » L’aide peut aussi être très technique : « Faire du ménage, peintu-

rer, déboucher des toilettes, refaire un cadre de porte… Toutes des skills que je n’avais pas (rires!) » VIVRE ENSEMBLE Des années dans la rue peuvent éroder les bonnes manières et les règles de civilité essentielles au vivre ensemble.

Musique trop forte, activité nocturne et amassage dans les zones communes sont parmi les comportements déplorés par l’entourage. « La cohabitation avec les voisins, c’est pas toujours facile. On travaille beaucoup avec eux et les propriétaires, pour trouver des solutions. » Le va-et-vient dans l’édifice est une plainte récurrente. « Ils se sont fait si souvent héberger qu’ils ont énormément de difficulté à mettre des limites [à refuser d’accueillir leurs amis de la rue]. Je les comprends, ils se revoient dans cette situation-là. Sauf que les amis et le voyagement dérangent les autres locataires. » Anick doit donc veiller, et ça, c’est la partie qu’elle aime le moins! (voir encadré), à ce que la personne adopte les comportements adéquats tant avec le voisinage qu’en ce

qui concerne l’entretien du logement.

Cet accompagnement se poursuit aussi longtemps que la personne le nécessite. « Plusieurs de ceux que j’ai entré au début du projet ne sont pas prêts [à être laissés à eux-mêmes]. » DE BELLES HISTOIRES Parmi les personnes qu’accompagnent Anick, certaines, « celles-là, je les vois moins souvent », ont atteint la stabilité résidentielle et trouvé un équilibre de vie : elles se sont créé un nouveau réseau, s’impliquent dans la vie sociale ou participent à des activités de loisirs et « il y en a une qui a réussi à ravoir la garde de son adolescente! » « Porte-Clés est un beau projet. On est témoin de belles réalisations. On voit des gens qui émergent avec leur logement, qui portent des projets, des rêves, des espoirs. On est privilégiés d’être aux premières loges pour voir ces belles choses-là. Mais faut pas oublier les autres! (voir encadré) » FRANCINE CHATIGNY

NE PAS OUBLIER LES AUTRES Anick ne conteste pas la pertinence du Porte-Clés, mais se désole d’avoir dû mettre fin à plusieurs suivis quand son poste de travailleuse de rue, aboli en raison de la réorientation politique et du financement qui en découle, a été transformé en intervenante au soutien en logement. « C’est déchirant, on travaille avec des humains. J’ai dû délaisser du monde qui avait une stabilité résidentielle, mais qui rencontrait d’autres défis [santé mentale, prostitution, garde des enfants] pour ce projet-là, pis ça m’a fait de la peine. » La travailleuse de rue dans l’âme profite d’ailleurs de ses tournées de repérage pour aller saluer les personnes qu’elle a dû mettre de côté…

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QUAND L'UNION FAIT LA FORCE! La Quête a demandé à chacun des directeurs des huit organismes réunis dans cet audacieux projet de livrer leurs impressions du Porte-Clés (voir aussi pages 22 et 23).

YWCA QUÉBEC Avoir un chez-soi, c’est bien plus qu’avoir un abri : c’est avoir un lieu où l’on se sent protégé et en sécurité.

Par le biais du Porte-clés, le YWCA offre trois possibilités aux femmes participantes : de l’hébergement temporaire dans l’attente de leur logement, du suivi dans leur logement ou un hébergement à plus long terme afin de favoriser les conditions qui permettront aux personnes de retrouver l’autonomie suffisante pour un retour à une stabilité résidentielle.

Le soutien, l’entraide et la collaboration entre les huit organismes participant à ce projet permettent de créer un plus grand filet de sécurité de même qu’une action plus cohérente, soutenue et rassurante, tant pour l’usager que pour les intervenants. Porte-Clés permet une prise en charge presque complète du déménagement et diminue ainsi grandement le stress du départ.

© Ministère de la Santé et des Services Sociaux.

STÉPHANIE LAMPRON Directrice des programmes sociaux

Photo prise lors de la remise des Prix d’excellence du réseau de la santé et des services sociaux. Le Porte-Clés y a reçu une Mention d’honneur. De gauche à droite : Luc Castonguay, Marc Marcil (Café Rencontre), France Beauchamp (Centre Femmes aux 3 A), Diane Morin (L'Achipel d'Entraide), Geneviève Quinty (PIPQ), Stéphanie Lampron (YWCA), Nathalie Giguère (PECH), Raphaël Tétreault (PECH), Anick Gagnon (PIPQ), Pier-Ann Roy (MIELS-Québec) et Michel Fontaine.

L’ARCHIPEL D’ENTRAIDE L’Archipel d’Entraide est sur le terrain depuis 29 ans. Tout au long de notre parcours, nous avons mis nos priorités à répondre aux besoins de bases des personnes sans-abri. Soutenir une personne qui vit dans la rue en lui apportant des solutions concrètes pour lui permettre de réintégrer un logement, de le garder et ainsi d’améliorer sa qualité de vie comme le propose l’approche « Logement d’abord » fait partie de notre approche depuis le début.

Nous avons donc adhéré au Porte-clés avec confiance et enthousiasme. Ce qui est génial dans ce projet, c’est la mise en commun des forces, des outils et de l’expérience de chacun des partenaires et des intervenants impliqués. Nous avons apporté notre connaissance de la clientèle ciblée et notre longue expérience de collaboration avec les partenaires privés du milieu du logement et de l’hébergement. Toutes les ressources de l’Archipel ont été mises à contribution : le lien avec les camelots du magazine de rue, les contacts et le savoir-faire du service Accroche-toit et l’expérience du suivi communautaire.

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Pour la suite du projet, nous aimerions beaucoup avoir un deuxième intervenant affecté au projet et des moyens pour attirer et soutenir concrètement les personnes qui vivent dans la rue, comme par exemple, des casiers pour les effets personnels et des cases postales. Nous pensons que cela produirait une amorce de stabilité dans le parcours d’une personne à la rue, un premier pas qui favoriserait les occasions de contact et les démarches pour le passage au logement.

DIANE MORIN Directrice de l’Archipel d’Entraide LE CENTRE FEMMES AUX 3 A Le Centre Femmes aux 3 A de Québec (CF3A) est un milieu de vie offrant des services de réinsertion sociale depuis 1985. Notre travail a pour but de prévenir la judiciarisation et la récidive chez les femmes en situation de délinquance en leur offrant un soutien et un accompagnement leur permettant de réorganiser leur vie et d’en reprendre le contrôle.

Notre implication dans le projet Porte-Clés est un travail d’intervention effectué pour : - Soutenir les femmes en détention, les accompagner à leur sortie de prison et fournir des conseils d’ordre juridique; - Conserver leurs acquis matériels via les entreposages; - Choisir un lieu de résidence approprié; - Faciliter les relations avec les locateurs; - Accompagner les femmes en matière de santé psychologique et physique; - Guider les femmes vers un retour aux études ou sur le marché du travail.

Le Centre offre aussi des activités communautaires, des groupes de soutien, un comptoir alimentaire et vestimentaire, l’accès aux ordinateurs, l’accès à un lavoir et une douche.

Nous considérons que le travail d’équipe mis de l’avant par le Porte-Clés représente une force et un atout incroyables pour nos interventions avec les candidats.

Ce que le projet apporte aux participants : - Un milieu sain et sécuritaire qui leur est propre et une tranquillité d’esprit; - Un endroit pour se reposer plutôt que d’être constamment en situation de survie dans la rue; - Une reprise en main, un encadrement, un soutien et des accompagnements pour travailler d’autres problématiques et aller vers les ressources appropriées; - Une base stable permettant d’atteindre d’autres objectifs de vie; - Une fierté, une réussite, un sentiment de réalisation et d’accomplissement; - Une augmentation de l’estime de soi des candidats; - Une réappropriation de leur vie et des responsabilités et faire partie de la société à nouveau.

Ce que le projet apporte aux intervenants : - Un lien de proximité privilégié avec des gens ayant une expérience de vie incroyable; - Une richesse de pouvoir partager et s’entraider entre partenaires; - Une richesse d’intervention avec une équipe multidisciplinaire; - Un sentiment d’utilité pour nos participants et notre société; - De beaux défis qui nous amènent à user de créativité.

FRANCE BEAUCHAMP, Directrice générale PATRICIA MORIN, intervenante en maintien au logement Porte-Clés.

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CHARLINE GIROUX : AGENTE AU LOGEMENT

LA PRO DU DÉMÉNAGEMENT

TROUVER DES LOGEMENTS Charline a d’abord constitué un réseau de propriétaires prêts à participer au projet. « J’ai établi la liste des gestionnaires immobiliers de Québec et j’ai communiqué avec eux. » À chacun, elle explique la nature du projet et de l’accompagnement offert. Puis, elle écoute leurs appréhensions. « Si on veut faire équipe, il faut se respecter : des proprios ne sont pas à l’aise avec certaines problématiques. » Le défi pour Charline est donc de trouver le bon arrimage locataire et locateur. « Je ne leur présenterai pas des personnes avec lesquelles ils sont moins à l’aise, parce que ça va être un échec. Ça ne veut pas dire qu’ils sont fermés au projet. » Le maintien de ce réseau s’avère un travail continu. « Ils ont décidé de faire affaire avec moi parce que je leur offre certaines garanties (voir encadré page suivante). C’est important de les respecter. » Car, si les propriétaires acceptent de loger des personnes ayant vécu de l’instabilité résidentielle, c’est parce qu’ils sont accompagnés. « S’ils créent des problèmes, on est là pour les régler. Ça fait toute la différence ». Depuis trois ans, Charline met beaucoup d’énergie à satisfaire « ses » propriétaires. « Nous avons acquis une bonne réputation. Des proprios m’appellent pour me dire qu’ils veulent faire équipe avec moi! »

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COMBLER LES ATTENTES DES LOCATAIRES Charline doit aussi satisfaire les attentes des futurs locataires. Chacun d’eux dresse la liste des critères essentiels à leur bien-être. Charline rencontre, quand le temps le lui permet, chaque participant et le bombarde de questions pour obtenir un portrait juste de leur logement idéal. Cet interrogatoire diminue le nombre de visites inutiles et les risques de déménagement ultérieur. Elle leurs demande aussi de prioriser leurs critères. « J’essaie de trouver un logement qui répond au maximum de critères sur les 10! » Sont-ils trop exigeants? « Non, c’est nécessaire à l’appropriation du logement. Ça demande beaucoup d’adaptation, les repères de la rue par rapport à ceux d’un logement sont très différents. C’est vraiment important de respecter leur désir. » Sa banque de locateurs ne comblant pas tous les besoins, l’agente de logement la bonifie constamment en cherchant, comme tout le monde, sur Kijiji!

UN SERVICE CLÉS EN MAIN

Depuis un an, Charline s’est vu confier par l’Office municipal de l’habitation de Québec (OMHQ) les inspections de loyers essentielles à l’étude du dossier pour l’accord du supplément au loyer. Elle tire profit de cette tâche supplémentaire. « Ça me permet de constater l’état des lieux et de demander les réparations. » Quand le dossier est accepté et que le propriétaire a signé l’entente avec l’OMHQ, vient l’étape palpitante : la signature du bail. « Entre-temps, je suis allée à l’entrepôt avec l’intervenant au suivi et le participant pour qu’il choisisse tous les meubles qu’il désire. Souvent, il n’a rien. » Pour monter une réserve de meubles, Charline a frappé aux portes du Comptoir Emmaüs et de l’Armée du Salut qui lui ont fourni un premier lot de divans, de lits, de tables à manger, etc. Pour stocker ces dons, l’agente de logement a fait appel à la Fondation Famille Jules-Dallaire qui lui prête l’entrepôt des Sœurs de la Charité. S’y entasse tout le mobilier dont auront besoin les futurs locataires. La bonne réputation du Porte-Clés s’étendant, de plus en plus de dons proviennent de la population.

© Charline Giroux

Charline Giroux travaillait comme intervenante à La Maison Lauberivière quand son directeur, Éric Boulay, a décidé de la prêter au projet Porte-Clés. Du coup, elle devenait agente au logement, un poste à inventer, pièce par pièce!

Son mandat, par contre, est précis : fournir un logement aux participants du Porte-Clés.

Patricia Morin (intervenante au maintien en logement Porte-Clés) en train de vider le logement d'un participant d'une autre intervenante. Parce que Porte-Clés, c'est une équipe soudée, toujours prête à s'entraider!

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Les nouveaux locataires reçoivent aussi un kit de départ. « On a constaté qu’avec leur 600 $ de revenus, une fois le loyer de 200 $ payé, ils n’avaient plus assez de sous pour s’équiper le premier mois. » L’agente de logement supervise la préparation de ce matériel : vaisselle et literie ainsi que deux caisses de nourriture, l’une de denrées périssables, l’autre de denrées sèches. « Ce sont des commandes que je passe à la cuisine et au magasin de Lauberivière. » Le projet se bonifie au fur et à mesure que les défis se présentent. « On garantit que le loyer restera en bon état. Si on veut que la personne nettoie, ça prend ce qu’il faut. » PorteClés remet un chèque-cadeau d’une valeur de 100 $ à l’intervenant au suivi qui accompagne le locataire pour l’achat de produits et accessoires de nettoyage.

UNE JOB DE BRAS Charline se métamorphose régulièrement en femme de ménage, en peintre, etc. pour respecter ces engagements envers les propriétaires. « Pour chaque candidat de chaque organisme qui quitte, je me tape le ramassage, le vidage, le nettoyage, la peinture… » Elle participe aussi physiquement à la collecte de meubles qu’elle coordonne, du préramassage à l’entreposage jusqu’au logement du candidat.

En juillet dernier, Charline a déménagé 9 fois! et elle ne compte plus le

Éric Gignac et Raphaël Tétrault (intervenants au maintien en logement Porte-Clés) Stéphan Bolduc (un participant Porte-Clés qui participe à tous les déménagements et collectes) et Charline Giroux (agente au logement).

nombre de déménagements qu’elle a faits au cours des trois dernières années : 91 personnes ont été intégrées en logement, sans compter celles qui ont déménagé à nouveau. « Je suis chanceuse, depuis deux ans, d’avoir Pier-Luc Larrivée mon déménageur régulier (qui ne fait pas ça dans la vie), le camion du Café-Rencontre et Stéphane Bolduc, un candidat PorteClés, qui participe à tous les déménagements et collectes, car ce n’est pas toujours facile et agréable. Descendre ou monter un frigo de trois étages dans des escaliers en colimaçon et fréquenter des lieux potentiellement infestés de punaises de lit demandent un certain dévouement. L’équipe est soudée, on se respecte, on apprécie ces moments et on se surprend nousmêmes de tous les défis accomplis depuis le début…»

ALLO, CHARLINE? Véritable agente de liaison entre les quelque 30 proprios, les 14 inter-

LES GARANTIES OFFERTES AUX PROPRIÉTAIRES – Le paiement du loyer – Le soutien d’un intervenant psychosocial afin de prévenir et de résoudre les problèmes – La certitude de ne pas avoir à recourir à la Régie du logement – La remise du logement en bon état

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© Nathalie Giguère

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venants au suivi et les 91 locataires, Charline est l’unique employée du Porte-Clés qui connaît l’ensemble des acteurs qui y participent. Résultat : son téléphone ne dérougit pas. Des plaintes de proprios aux requêtes de locataires — surtout quand l’intervenant au suivi est en congé — tous se réfèrent à elle. « Je peux passer quatre heures par jour au téléphone. » Dans les cas conflictuels, après plusieurs avis par téléphone, elle va rencontrer les locataires pour leur rappeler que les avantages du programme viennent avec des responsabilités à assumer, comme le respect des voisins. Elle doit leur rappeler que chacun doit collaborer. Si la situation ne s’améliore pas, c’est alors Nathalie Giguère, la coordonnatrice clinique de Porte-Clés qui rencontre le locataire.

Malgré la lourdeur de la tâche, Charline adore son boulot. « J’ai l’impression qu’il n’y a pas de limite à l’aide que l’on peut apporter : on va sur place et on prend le temps qu’il faut. On va plus loin que la structure de nos organisations et on a beaucoup de latitude et la confiance de la part de nos directeurs. »¸ FRANCINE CHATIGNY

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SÉBASTIEN PROULX : PARTICIPANT

ENTRE VOULOIR ET POUVOIR

Pendant sa vie d’errance, Sébastien refusait de s’allier à une femme. « Dans la rue, je pensais juste à moi. À ma survie. Pis j’avais rien à donner et j'ai été élevé que si je suis avec quelqu'un, faut que je sois capable de prendre soin d'elle. » Se permettre d’être en amour représente donc un avantage collatéral non négligeable du Porte-clés pour l’ex-itinérant qui a passé près de 16 ans dans les rues des grandes villes canadiennes, dont les cinq dernières à Québec où il a été repéré comme candidat au Porte-Clés. « J'ai été repéré par Charline au début du projet, mais j'étais pas prêt. J'étais trop bien dans la rue », affirme Sébastien. Comment peut-on lever le nez sur un loyer? « La rue, c’est la liberté. Une fois adapté, c’est un mode de vie. » Un mode de vie qui use prématurément le corps de celui qui l’adopte convient Sébastien. « J’ai 40 ans. Je suis plein d'énergie, souriant, motivé à l'os, mais quand je vois comment je suis magané, je me dis qu’il était temps que j'allume... ».

Viens donc le moment où il avoue à Anick, son intervenante, qu’il n’en peut plus. « C'est dur d'admettre qu'il y a des ressources que t'as pas et qu'il faut que tu ailles les chercher pour avancer. Ma fierté a man-

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© Nathalie Giguère

Pour Sébastien Proulx, l’un des participants au Porte-Clés, le projet apporte une interminable succession de défis, mais aussi, toute une série de gains.

Le dernier en liste, et non le moindre : l’amour!

Sébastien Proulx, participant au Porte-Clés

gé un coup... ». Il faut savoir que Sébastien est un king de la rue : débrouillard, dynamique, enjoué; il a l’estime de ses pairs et la reconnaissance du milieu. « À Québec, le monde m'a vu aller et m'a respecté. Je me suis fait un nom comme M. Sourire. L'attention que l'on me donnait, ça me faisait du bien. » Ce besoin d’attention est sans doute l’un des facteurs qui ont re-

DONNER AU SUIVANT « J'aimerais ça que Porte-Clés utilise plus mon savoir. Je veux aider ceux qui filent un mauvais coton en arrivant en appart. Je sais que je suis capable de faire du bien. J'ai toujours voulu faire du bien au monde.» ~ SÉBASTIEN PROULX

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tenu Sébastien si longtemps dans la rue. Il est aussi la cause du premier défi qu’il a rencontré quand il a intégré son logement : la solitude.

ASSIS ENTRE DEUX CHAISES Sébastien se sent seul chez lui et moins bienvenu auprès de ses chums de rue. « Quand je vais dans le spot où je me tenais avec eux (j'en parle pis j'ai des frissons...), je ne me sens pus chez nous. Pourtant, j'ai été 5 ans à vivre avec ce monde-là. Il me parle..., mais c'est pu pareil. » Néanmoins, notre nouveau locataire admet que pour chaque défi rencontré, un gain apparaît. « Depuis que je suis dans le projet, j'ai tellement gagné pour le peu de liberté que j'ai perdue. »

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D REDONNER À LA SOCIÉTÉ Étienne Dubé est l'un des cinq propriétaires associés de Nozimo. Depuis plus d'un an, sa compagnie loue des appartements à trois candidats Porte-Clés. M. Dubé raconte son expérience dans ce projet d’intégration résidentielle. « Quand le gars a appelé pour visiter le logement et a précisé qu’il devait être accompagné, je me demandais de quoi il s’agissait. Quand je l’ai vu arriver, je me doutais de quelque chose : il avait l’air d’un itinérant. J’étais ouvert et lui ai fait visiter le logement.

Il était avec son intervenante et ils m’ont expliqué le projet.

Moi, j’ai toujours voulu aider les gens en difficulté alors je trouvais ça emballant. J’ai présenté le projet à mes associés.

Redonner à la société est l’une des valeurs qu’on a adoptées à la création de la compagnie.

On voulait que les locataires soient plus qu’un chèque par mois. C’est une personne dont on veut prendre soin et avec qui il faut être le plus compréhensible possible. Alors, il n’y a pas eu d’hésitation, tous mes associés ont accepté. On savait que ce ne serait pas toujours facile... et ça se passe pas mal comme on s’attendait : il faut être plus patient, faire plus d’efforts et ne pas oublier que les personnes sont en processus de retour à la vie en société. Par exemple, notre premier locataire était un ramasseur de cochonneries en métal : on a dû lui répéter souvent de

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respecter les aires de vie commune. Ça prend de la patience.

Les intervenants facilitent notre travail. Quand j’ai un problème et que je n’arrive pas à le résoudre avec mon locataire, je communique avec Charline qui communique avec l’intervenante sociale. J’ai une bonne relation avec Charline! On avance en équipe là-dedans.

Les intervenants sont super qualifiés et ils prennent le temps de nous expliquer. C’est une bonne organisation! » ~ ÉTIENNE DUBÉ Propriétaire participant au « Porte-Clés » AVANCER « Porte-Clés est là pour te faire avancer. » Cette phrase reviendra souvent pendant la discussion avec Sébastien qui reconnaît le soutien inestimable des intervenants. Ils sont là pour conseiller, aider, accompagner et refléter les progrès accomplis. «La transition est difficile. Ça se fait graduellement et on ne s'en rend pas toujours compte. Pis à un moment donné, ton intervenante te fait réaliser que t'es parti de là et t'es rendu là. » Tranquillement, Sébastien apprend à se féliciter luimême de sa progression et à se concevoir comme une bonne personne. «. Quand t'es dans rue, tu ne te crois pas toujours une bonne personne!»

Si aujourd'hui il impressionne moins sa gang de la rue, il est fier LA QUÊTE

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de montrer à sa famille — qu'il peut accueillir chez lui! – qu’il reprend une route plus conventionnelle, tout en restant authentique. « Quand j'ai dit à ma famille que j'ai acheté mon premier lait pour un enfant... il ne pensait plus que ça pouvait arriver dans ma vie », dit-il avec émotion.

Déjà être joignable en tout temps par les siens est un acquis considérable. «Je me suis longtemps caché pour me sauver de la justice, parce que oui pour survivre dans la rue on fait parfois de mauvaises choses. » Aujourd'hui, Sébastien est prêt à vivre avec les conséquences de ses actes passés. « C'est nouveau que je suis prêt à ça. C'est une autre chose avec laquelle Anick, mon intervenante, m'aide. » Ses démêlés avec la justice portent ombrage à son nouveau bonheur. « Ma blonde, mon appart, je ne veux pas perdre ça... pas sûr que je remonterais la côte.»

Pour l'instant, il se concentre sur le positif. Il se voit, dans un horizon plus ou moins lointain, faire ses 40 heures, rentrer à la maison et embrasser sa blonde et son fils.

Mais pour y arriver, il compte sur le soutien de son intervenante et de l'équipe qui est là pour l'aider à rebâtir sa vie. « Ça va ben, mais pour l'instant, j'ai besoin de toute vous autres autour de moi qui croyez en moi qui avance. Parce que si ça avait été juste de moi pas sûr que j'aurais avancer. J'avais le vouloir, mais je manquais de pouvoir! »!

FRANCINE CHATIGNY

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MARC MARCIL : INTERVENANT AU REPÉRAGE

LE CAFÉ, LIEU DE RENCONTRE Marc Marcil croise chaque jour des dizaines de personnes qui viennent manger au Café Rencontre où il travaille depuis le début de l'année 2016. Cela en fait la personne idéale pour établir un premier contact avec d'éventuels candidats à l'intégration résidentielle.

© Francine Chatigny

Marc, avec son long parcours de pair aidant et d'intervenant, a plus d'un tour dans son sac pour tisser une relation d'aide avec les utilisateurs du café où aboutissent inévitablement les sans-abri chroniques ciblés par le Porte-Clés. « Chaque jour, j’accueille les gens à la soupe populaire.

Quand je vois un nouveau arriver, je vais me présenter et je prends son nom, j’aime connaître les gens par leur nom. » Être reconnu, se faire appeler par son nom quand elle arrive dans un lieu public doit effectivement faire la différence pour la personne

en situation d'itinérance qui a plutôt l'habitude d'être ignorée sur la rue.

En plus d'interpeller la personne par son nom, Marc lui offre le nécessaire pour combler des besoins de base. « Je peux lui offrir un repas gratuitement. Ça arrive des fois que j’ai des trousses de soins personnels à donner. Je peux aussi faire du dépannage vestimentaire. » Lors de ces échanges pratico-pratiques, l'intervenant favorise des questions ouvertes pour en apprendre davantage sur son interlocuteur.. « Qu’est-ce que t’as fait aujourd’hui ?

T’as-tu passé une belle nuit ? Et là à mesure qu’il s’ouvre, je vois que le gars est dans rue ça fait 12 ans. »

Toutefois, ce n'est pas parce que la personne semble répondre aux critères d'itinérance chronique que Marc la réfère immédiatement au Porte-Clés. « J’attends un peu, je veux voir comment il fonctionne dans sa vie, pour voir si c’est un candidat qui peut être mis sur la liste, s’il a vraiment un besoin...» En fait, cette période d'observation permet à Marc de mesurer la motivation de la personne à sortir de la rue. Ça prend beaucoup de volonté pour faire un changement de vie aussi radical et malgré tout l'accompagnement offert par le programme, l'ingrédient de base pour que l'intégration fonctionne reste la volonté du candidat.« Quand il parle tout le temps d'avoir un logement… Là il est prêt Pier-Luc Larrivée, le déménageur devant le camion prêté par le et je lui offre. » Donc, ce Café Rencontre pour tous les déménagements. n'est qu'une fois qu'un

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réel contact est établi entre lui et la personne, qu'ils ont appris à se connaître et à se faire confiance que Marc lui propose de le référer au Porte-Clés.

D'ATTENTE ET D'ESPOIR Pour Marc, mais surtout pour la personne référée commence alors une période d'attente, car tous les candidats ne sont pas nécessairement acceptés C'est d'ailleurs l'une des actions que Marc trouve le plus difficile dans sa fonction : proposer un logement à une personne qui en a alors vraiment envie, sans pouvoir promettre que la personne l'obtiendra. On entend son malaise dans sa manière de présenter l'offre : « bien regarde, tu peux faire partie d’une bande de candidats, il y a un comité de sélection, mais je ne veux pas que tu te crées une attente que t’auras un logement demain. Dans le sens que ton nom est dans une liste, si on te choisit, on va t’approcher ».

Bref, il trouve difficile de ne pas pouvoir combler le besoin de la personne quand elle est prête.

UN LIEN DURABLE Ce n'est pas parce que ses ex-sansabris ont un toit sur la tête que Marc ne les voit plus. « Ils reviennent ici.

C’est là que je te dis que moi, je ne fais pas vraiment d’accompagnement, mais moi je suis un gars qui est à l’écoute. Des fois ils s’ouvrent à moi. » Si ces confidences révèlent des besoins particuliers, Marc transfère l'information à l'intervenant au maintien en logement qui veillera à les combler.

Les premiers mois en logement sont particulièrement difficiles pour les participants. Malgré l'accompagneOCTOBRE 2018

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Aussi, il n'est pas rare que les participants continuent à aller manger au Café Rencontre les premiers temps qu'ils sont en logement, tant pour socialiser que pour ne pas avoir à cuisiner. Mais ces visites se raréfient au fur et à mesure que le candidat apprivoise son nouveau mode de vie. « Il y en a deux ou trois que je ne vois plus.

Ils restent chez eux et ils se font de la nourriture. Mais des fois, justement comme hier, il y en a un qui est venu juste pour dire bonjour! » LE CAMION DU CAFÉ RENCONTRE Outre les service de son employé Marc, Le Café Rencontre met à la disposition de l’équipe Porte-Clés son camion et un chauffeur, et ce 12 heures par semaine. Bien que ce ne soit pas son métier, Pier-Luc Larrivée est de tous les déménagements et collectes de meubles. Si Pier-Luc offre sa paire de bras, Marc s'occupe de la partie administrative de l'utilisation du camion. Il planifie l'horaire, remet les rapports de kilométrages à la direction et autres tâches administratives

© Nathalie Giguère

ment soutenu que leur offrent les intervenants, il n'est pas rare que certains n'arrivent pas à joindre les deux bouts. Dans ces cas-là, le Café Rencontre peut encore leur offrir des dépannages.« Ce n’est pas parce que là il a un logement, qu’il paye moins cher, il n’a peut-être pas l’argent pour payer ses vêtements, je garde cette ouverture-là avec eux autres. »

Photo prise lors du barbecue 2018. Des employés du Café Rencontre sont au fourneau! De gauche à droite, Sébastien Dubé-Ouellet (Passe-Action), Amélie Bordeleau (Responsable projet 180- Service d'aide aux devoirs gratuit) et Marc Marcil, chef d'équipe en intervention au Café Renconte et intervenant au repérage au Porte-Clés.

qui le préoccupe pour la poursuite du programme est l'autonomie des candidats. « Si on ne veut pas épuiser l’équipe, il faut se mettre des limites. Après les quatre ans de suivi [le programme prévoit que l'intervenant au maintien en logement doit cesser son suivi après quatre ans], qu’est-ce qui va se passer? » Déjà, des solutions sont envisa-

gées et seront proposées. Son souhait toutefois serait d'avoir un autre intervenant du Café Rencontre qui travaillerait avec lui au Porte-Clés. « Avoir un autre intervenant, qui ferait de l’accompagnement au maintien en logement ça, ça serait la cerise sur le sundae ».

FRANCINE CHATIGNY

UNE BONNE BOUFFE APRÈS LE DÉMÉNAGEMENT? Ça fait partie de la tradition des Québécois de casser la croûte avec sa gang après le déménagement. Les participants Porte-Clés ne seront pas en reste et pourront suivre la coutume. Dorénavant, le Café Rencontre fournira un repas à l'équipe pour l'occasion.

DES SOUHAITS « Jusque-là, je trouve qu’on a un beau taux de réussite. On fait une belle job. » Marc est, on le sent, fier de participer à Porte-Clés. Un autre aspect OCTOBRE 2018

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CAROLE-ANNE BEAULIEU : INTERVENANTE AU MAINTIEN EN LOGEMENT

PARLER DU PORTE-CLÉS : UN GROS DÉFI Je ne sais pas par où commencer.

C’est parce que j’ai peur de tomber dans plein de pièges. J’ai peur de vous dépeindre un portrait quelconque et de vous induire en erreur.

Parce que chaque personne a un cheminement qui est tellement différent que j’aurais peur de banaliser le tout en vous dressant une esquisse de seulement 650 petits mots.

Si j’essayais de vous expliquer, j’aurais peur de tomber dans le sensationnalisme. Parce qu’en fait, les histoires de vie des gens qu’on accompagne sont souvent incroyables. Je vous peindrais certainement un portrait des candidats qui se rapproche à celui de tout bon super-héros. Le genre de super-héros qui a survécu à toutes les épreuves les plus difficiles et qui est passé maître dans l’art de retomber sur ses pieds pour revenir toujours plus fort. Mais, je passerais ensuite un paragraphe à vous expliquer que sous la cape se cache une vulnérabilité profonde et bien enfouie qu’on doit toujours prendre en compte, même quand on travaille avec les plus tough.

Je ne voudrais pas non plus vous assommer en étant trop quétaine. Parce que je pourrais vous parler longuement de l’étincelle qui s’allume dans les yeux des personnes sélectionnées à qui on explique le projet. J’écrirais des paragraphes simplement pour essayer de vous faire comprendre l’im-

portance de ce moment d’où jaillit l’espoir. Et j’en rédigerais encore bien d’autres pour vous dépeindre toute la fragilité de cette flamme si précieuse.

Vous décrire comme on travaille fort « en team » avec la personne pour entretenir ce petit feu de bois trempé par les années de douches froides.

Probablement que je vous citerais aussi Stéphane Lafleur qui dit que « l’espoir est le genre de lumière qu’il faut changer souvent », parce que j’aime dont bien cette image!

J’aimerais tant vous partager la photo d’un candidat de 72 ans devant son premier sapin de Noël. Celle d’une personne qui invite sa famille chez elle après des années de perte de contact, ou encore la capture des yeux attendris de ceux qui maintenant ont un espace pour prendre soin d’un animal de compagnie.

Si j’osais entrer dans le vif du sujet, il faudrait que je vous décrive le sourire fier et complice de la personne qui place les meubles qu’il a choisis dans son logement. Mais, je ne voudrais pas que vous croyiez que cette euphorie dure éternellement. C’est parce qu’il faudrait aussi que je vous parle de toutes les pertes associées à la stabilité. Perte d’un réseau pas toujours aidant, mais très solidaire. Perte d’un statut et nouvelle quête identitaire. J’aimerais tellement vous dire comme certains ont peine à croire

qu’ils méritent leur petit nid et vous exprimer comme ils ne tiennent rien pour acquis.

Finalement, je n’aurais pas d’autre choix que d’accorder beaucoup de temps à vous parler du plus grand éléphant de la pièce, la solitude.

Cette présence silencieuse qui prend toute la place.

Mais je crois que les participants vous l’expliqueront bien mieux que moi ce projet. Parce que ce sont eux qui sont les têtes d’affiche. Moi, j’ai la chance de les accompagner avec ce qu’ils veulent bien me livrer. Je me sens choyée chaque jour où ils m’accordent leur confiance.

La richesse du Porte-Clés, c’est le travail de collaboration de huit organismes qui unissent leurs forces. Mais avant tout, c’est la couleur donnée au projet par tous les courageux et les courageuses qui ont accepté d’embarquer dans l’aventure et qui nous ont permis d’apprendre à leurs côtés.

Merci, merci, merci!

Bref, je trouve que les mots sont de biens faibles porteurs pour l’expliquer… Mais si vous voulez passer me voir, gênez-vous pas, on va prendre le temps d’en jaser ;).

CAROLE-ANNE BEAULIEU

LA QUÊTE EST DIFFUSÉE PAR TÉLÉPHONE VIA

Québec 418 627-8882 • Montréal 514 393-0103 • Ailleurs au Québec 1-877 393-0103

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Jean-Guy Renaud (participant) Carole-Anne Beaulieu (intervenante au maintien en logement) Charline Giroux (agente au logement) et Gilles Quesnel (participant).

L'OASIS DU NOMADE SOLITAIRE Qu’advient-il de la source qui s’est tarie où rien ne subsiste, où la vie n’a de sens qu’à travers le voile honteux de l’existence balayée par le vent du désert qui nous laisse pour peu de temps des traces d’un passage sincère qui se perd dans le temps. Soudain, un mirage ou un miracle se produit. Alors, tout s’éclaircit enfin; nous voici face à notre destinée, que faire? Alors que depuis la nuit des temps immémoriaux notre bonne étoile s’est désagrégée avec sa constellation, donc plus de repères. Heureusement, nous pouvons saisir la bouée cosmique de l’univers visible ou invisible pour la plupart d’entre nous pour l’ultime sauvetage. À nous de la saisir....

Ceci dit, il n’y a plus de temps à perdre, tout devient soudainement possible. C’est à nous de jouer le plus grand rôle que la vie ait jamais donné pour prendre racine dans le monde que nous choisissons.

GILLES QUESNEL, PARTICIPANT AU PORTE-CLÉS

TOUT LE MONDE

MÉRITE UNE CHANCE ÉGALE

d’écrire son avenir.

lacsq.org La Quête – 7 po x 2 1/4, noir et blanc

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QUAND L'UNION FAIT LA FORCE! (PARTIE 2) LAUBERIVIÈRE Les organismes de Québec qui viennent en aide aux personnes en situation d'itinérance ont toujours travaillé en étroite collaboration dans le but d'améliorer les conditions de vie de ces dernières. Avec Porte-Clés, la synergie qui s'est créée a décuplé les forces vives du milieu. ÉRIC BOULAY Directeur général PROJET INTERVENTION PROSTITUTION DE QUÉBEC (PIPQ)

Et pour l’avenir?

© Courtoisie : Nathalie Giguère

« C’est un défi de taille de vivre de collaborer avec sept partenaires. Ça prenait de la transparence pour passer au travers. Une convivialité, un respect et une confiance se sont installés au fil du temps,mais il fallait qu'il y ait un leader, une coordination, et elle a été super bien assumée par Nathalie Giguère. Pour moi, ça été un ingrédient qui a contribué au succès du projet ».

« Il s'est aussi créé une chimie intéressante entre les intervenants, ils se sont attachés les uns aux autres. On l'entend souvent d'Anick [Gagnon] et Valérie [Comeau], les deux intervenantes de milieu que l'on prête à l'équipe Porte-Clés. » La chimie entre les intervenants, preuve à l'appui : Charline Giroux (Lauberivière) et Fanny Bourdages (PIPQ)

Le comité de gestion et les intervenants réfléchissent actuellement à la manière de présenter le projet pour la prochaine entente. « Le PIPQ veut continuer, mais peut-être pas dans le même paradigme. L'accompagnement en logement est important, mais plus les gens sont désaffiliés, plus la préparation est longue avant d'aller en logement. On voudrait travailler un peu plus cet aspect : plus collé sur le travail de rue.» souligne Mme Quinty.

La directrice recadre également le tout en regard de la mission du PIPQ : « On veut rejoindre plus de femmes. y compris celles qui ne sont pas prêtes à aller en logement et qui demeurent dans une situation d'itinérance chronique. Le « Logement d'abord » fonctionne pour certaines personnes, mais il faut aussi continuer le travail de rue. On ne peut pas choisir au détriment de celles qui ne sont pas rendues là et qui ne s'y rendront peut-être jamais.. » La DG évoque un possible élargissement du champ d’action : « Dans une perspective plus globale, il faut tendre vers les jeunes adultes désaffiliés qui ont vécu par la fugue, parfois chronique, un style d'itinérance Il faut être là au début de leur vie adulte, pour prévenir cette chronicité. Ce serait bon d'inclure d'autres partenaires et de déployer plusieurs services à la fois, pas juste le « Logement d'abord ». On veut travailler en amont et en aval et ne laisser personne de côté.

On ne peut pas faire des choix comme ça, c'est inhumain! ».

GENEVIÈVE QUINTY Directrice générale

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OSSIER

« C'est tellement un beau projet! Huit organismes qui s'entendent sur une direction commune, j'ai rarement vu ça en 30 ans de travail dans le milieu communautaire. À MIELS on aimerait enrayer la transmission du VIH. Sortir les gens de la rue facilite beaucoup le travail des intervenants de MIELS. À partir du moment où on sait où trouver les gens, qu'on n’a pas à chercher dans le quartier dans Saint-Roch, mais juste à frapper à leur porte, il est beaucoup plus facile de les aider à maintenir leur état de santé. L'arrêt de la médication, chose qui arrive quand même souvent dans la rue, peut entraîner un changement de phase de virus, passant de VIH à SIDA, ce qui n'est pas souhaitable. Sans compter que la possibilité de les joindre permet de faire d'autres avancées, comme briser l'isolement. Aussi, il y a une belle chimie entre les membres de l'équipe Porte-Clés. C'est vraiment une belle coalition. »

© Courtoisie : Nathalie Giguère

MOUVEMENT D’INFORMATION ET D’ENTRAIDE DANS LA LUTTE CONTRE LE VIH-SIDA (MIELS-QUÉBEC)

Jean Cazes (participant), Marie-Pier Labonté (MIELS-Québec) et André Breton (participant).

ANDRÉ LAROSE Responsable des services aux membres

PECH On peut sortir un gars de la rue, mais pas toujours l’itinérance du gars…

Chez PECH, nous privilégions depuis 2005 l’accompagnement des personnes dans différents contextes de vie en société. Chaque individu possède la capacité d’apprendre, de grandir et de changer, mais notre expérience d’accompagnement de personnes fortement désaffiliées, sur les plans de la santé mentale, de la toxicomanie, de la judiciarisation et de l’itinérance a démontré les limites de ce processus de soutien. En créant, en 2014, le Centre d’éducation populaire Sherpa, nous avons voulu, par des approches de groupe, pallier, en quelque sorte, les limites du suivi individuel.

L’expérience de PECH avec l’approche « Logement d’abord » a débuté en 2013 sur fond de ressources budgétaires limitées et d’un contexte politique qui générait, à l’époque, une certaine méfiance à l’endroit du modèle au Québec.

Nous nous sommes lancés dans l’aventure du Porte-clés en mettant à contribution quatre employés (trois intervenants et une coordonnatrice clinique) avec la participation de sept partenaires communautaires à Québec. Cette expérience de partenariat audacieuse, riche et dérangeante, mais qui respecte l’autonomie de chacun, a permis d’intégrer au 31 mars 2018, 91 personnes en logement. Malgré un taux de stabilité résidentielle de 94 %, notre expérience démontre que ce modèle génère beaucoup de stress et de difficultés d’intégration chez certains participants.

Avec l’offre d’un logement et le soutien accordé aux personnes, l’approche « Logement d’abord » a, depuis plus d’un quart de siècle, ouvert la voie à une véritable perspective de soutien, d’intégration et de participation citoyenne des personnes itinérantes, en sortant des personnes de la rue et avec la perspective de vivre pleinement leur rôle de citoyen.

Toutefois, là aussi, les limites du modèle « Logement d’abord » firent peu à peu surface : crises, rechutes, retour à la rue, fatigue des intervenants, etc.

Malgré ces difficultés, et pourrions-nous dire grâce à elles, nous continuons à bonifier l’approche « Logement d’abord » en y intégrant une démarche de groupe entre pairs, une « resignification » de l’expérience et des symboles des personnes itinérantes par la méthodologie A-R-A (action-réflexion-action) et la création de sens dans le processus d’intégration en logement.

L’obtention d’une subvention du programme fédéral des solutions novatrices à l’itinérance, la réflexion, le travail et l’apport de Monsieur Camilo Coral, consultant à l’équipe « Porte-clés » de PECH, rendent cette alternative possible tout en favorisant une diminution drastique de l’itinérance à Québec.

BENOÎT CÔTÉ Directeur général

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LE JEU DE LA QUÊTE LE JEU DE LA QUÊTE par Jacques Carl Morin

PAR JACQUES CARL MORIN Ce jeu consiste à remplir les rangées horizontales ainsi que les colonnes 1 et 20 à l’aide des définitions, indices ou lettres mélangées ou déjà inscrites. Chaque case grise représente une CE JEUqui CONSISTE REMPLIR LES RANGÉES HORIZONTALES AINSI QUE LES lettre est à la À fois la dernière lettre d’un mot et la première lettre duCOLONNES suivant. 1 ET 20 À L’AIDE DES DÉFINITIONS, INDICES OU LETTRES MÉLANGÉES OU DÉJÀ INSCRITES. CHAQUE Verticalement : CASE GRISE REPRÉSENTE UNE LETTRE QUI EST À LA FOIS LA DERNIÈRE LETTRE D’UN MOT ET LA PREMIÈRE LETTRE DU SUIVANT.

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5- Ville surnommée la « grosse pomme ». Suite interminable de paroles ou de mots. Personne qui est sous la puissance absolue d’un maître.

Verticalement

1- Auteure du jeu « La langue dans sa poche ».

1- Auteure du jeu « La langue dans sa poche ».6- Espace compris entre deux ponts d’un navire (TEN20- Pont étroit, réservé aux piétons et aux cyclistes.

NETROP). Faire un testament. Chef d’une université.

20- Pont étroit, réservé aux piétons et aux cyclistes.

7- Couper en menus morceaux. Action de rire à demi, avec une intention moqueuse (MANNETRICE).

Action de choisir parmi plusieurs éléments.

HORIZONTALEMENT :

Horizontalement :

1- Père de Tintin. Obstination (EEEETTTNNM). Coiffe haute, blanche et en forme de cylindre portée par les 1- cuisiniers.

Père deÉquivalent Tintin. Obstination (EEEETTTNNM).

Coiffe haute, blanche et enSévérité, formedureté de cylindre 8- Individu qui détient un usufruit. temps plein. portée par les cuisiniers. Équivalent temps plein. extrême. Chef du peuple métis exécuté en 1885.

2- Consigner par écrit, noter. Personne qui a trahi ses 9- trahi Habitants Nomson de l’équipe Buffalo dans de son parti. de musique à vent. qui a 2- opinions, Consigner parInstrument écrit, noter.

Personne sesd’Ottawa. opinions, parti.deInstrument la LNH. Antonyme d’ordinaire. musique à vent.

3- Animal figurant sur les armoiries du Québec (DRO10- Fait la navette entre Québec et Lévis. Rendre en PELA). Dans une fraction, le nombre au-dessous du 3- numérateur.

Animal figurant sur les armoiries du Québec (DROPELA). fraction, nombre aumoins de mots, Dans abréger.une Langue parlée àle Moscou.

Rien à signaler.

dessous du numérateur. Rien à signaler.

4- École nationale d’administration publique. Élément chimique de symbole K (SOMATUSIP). Expression désignant l’ensemble des provinces du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard.

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la langue dans sa poche PAR HÉLÈNE HUOT CLIN D’ŒIL « Si l’État est fort, il nous écrase. S’il est faible, nous périssons. » Paul Valéry, écrivain et philosophe français (1871-1945) (Proverbe québécois)

CONNAISSEZ-VOUS LA POLITIQUE? 1. Certains documents gouvernementaux sont appelés « livres blancs » en raison de leur particularité : a. ils révèlent les intentions du gouvernement dans un domaine donné; b. ils servent de document de consultation, sans annoncer les intentions gouvernementales; c. leurs pages sont entièrement vierges, en vue de recueillir la signature des dignitaires en visite officielle au Québec.

2. Qu’est-ce que la ploutocratie? a. un gouvernement dominé par les plus fortunés; b. un gouvernement dominé par les vieillards; c. l’absence de gouvernement stable.

3. Un spécialiste de la science politique s’appelle, indifféremment, un politologue, un politicologue ou un politiste; les trois appellations étant équivalentes. Vrai ou faux?

4. Au Québec, il existe 125 circonscriptions électorales provinciales. Combien existe-t-il de circonscriptions fédérales dans l’ensemble du Canada? a. 125 également; b. 273; c. 338.

5. Au Québec, les mots « circonscription électorale » et « comté » ont exactement le même sens. Vrai ou faux?

6. Le titre de ministre s’applique autant aux femmes qu’aux hommes. On dit alors que ce mot est : a. bisexué; b. épicène; c. neutre.

7. Certaines lois renferment une disposition qui prévoit une durée limitée de leur vie ou encore une vérification périodique de leur utilité. Une telle disposition est couramment appelée « clause crépusculaire » (de l’anglais sunset clause). La recommandation de l’Office québécois de la langue française (OQLF) est la suivante : a. conserver l’expression « clause crépusculaire » déjà très répandue; b. employer plutôt : « disposition de temporisation »; c. l’OQLF ne se prononce pas sur cette question.

8. Encore de la politique : comment appelle-t-on : a. L’attitude qui consiste à éviter systématiquement ce qui peut être interprété comme offensant par un groupe minoritaire? b. Un politicien arriviste et sans scrupule? c. Familièrement, la basse politique? d. Une combinaison préméditée en vue d’assurer politiquement le succès d’un projet ou d’une affaire? e. Familièrement et anciennement, le fait de parler politique?

Fils d’un cordonnier, Bertrand travailla lui aussi dans l’industrie de la chaussure (cordonnier, président de l’Union des cordonniers-machinistes et, de 1914 à 1927, copropriétaire d’une manufacture de chaussures). Sa carrière politique débute en 1914 alors qu’il est élu échevin de Saint-Sauveur (nouveau quartier de la ville suite à l’annexion de Saint-Sauveur à Québec en 1909). Il sera ensuite élu plusieurs fois député à l’Assemblée législative. Nommé conseiller législatif en 1939, il mourra en fonction quelques années plus tard.

©Antoine Godbout.

LA RUE DU MOIS Situé dans l’arrondissement Des Rivières, le boulevard Pierre-Bertrand a reçu son nom actuel en septembre 1943, en l’honneur de Pierre Bertrand (1875-1948), alors conseiller législatif de la province de Québec. Né dans la paroisse Saint-Roch, Pierre Bertrand s’est distingué à la fois comme homme d’affaires et homme politique.

Le tracé du boulevard Pierre-Bertrand remonte au temps de la Nouvelle-France. Cette voie de communication fut en effet ouverte au 17e siècle par les religieuses de l’Hôtel-Dieu, propriétaires de la seigneurie Saint-Ignace; les religieuses voulaient permettre aux colons de leur seigneurie d’accéder au moulin de la rivière du Berger pour y moudre leurs grains. À cette époque, on appelait la rivière du Berger « Rivière des Mères » et le moulin qui s’y trouvait « Moulin des Mères ». La rue du Moulin, devenue en 2006 rue du Moulin-des-Mères, située dans l’arrondissement Des Rivières, nous rappelle aujourd’hui cette période de notre histoire.

J’attends de vos nouvelles…

Pour dire son mot ou donner un autre son de cloche, rien de plus facile, écrivez à hhgodbout@gmail.com.

Merci à vous ! Les réponses des jeux page 33.

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@ Madeleine Aubin

POUR MON AMI SIMON

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MANOIR OU ARMOIRE?

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Dans notre pays, il existe deux genres de logis, chacun positionné à un des bouts de l’échelle de l’habitation : les manoirs luxueux des nantis et les armoires exiguës des démunis.

LE MANOIR DES NANTIS En 20 ans, la taille moyenne des maisons s’est multipliée par deux. De 1 075 pi2, elle est passée à plus de 2 300 pi2.

Dans les beaux quartiers, elle atteint même 5 000 pi2, et la piscine creusée autant que le garage pour trois voitures seront considérés une nécessité. À Québec, on compte environ cent maisons offertes sur le marché à plus d’un million de dollars. Ces manoirs somptueux destinés aux nantis le sont autant par leurs dimensions que par leurs équipements.

Dans ces manoirs, il est normal de trouver une cuisine-atelier grande comme un hall de gare, avec réfrigérateur, cafetière et autres robots directement raccordés à l’aqueduc et à la commande vocale, et plusieurs salles de bain avec plancher chauffant, éclairage automatique et musique d’ambiance. Une orgie de bois précieux, de granits rares et d’acier brossé couvre les surfaces dans une atmosphère purifiée puis pulsée à température et humidité contrôlées.

Les résidences pour retraités aisés subissent elles aussi cette pression vers le luxe. En dix ans, la proportion haut de gamme du parc est passée de 15 % à 40 %.

Dans les grands ensembles, on trouve des jardins intérieurs avec cascades d’eau, des salles de lecture avec fauteuils inclinables en peaux de kangourou, des salles à manger aux menus concoctés par des chefs réputés et avec cellier adjacent.

Le pensionnaire oisif-actif y trouvera également une piscine intérieure et une autre extérieure, une salle de billard, un centre sportif, un bistro-bar, des cabinets de thérapie, un circuit de marche chauffé sur le toit et l’indispensable système d’appel d’urgence à portée de main à tout moment. Et j’oubliais! Le majordome qui déposera vos vêtements chez le nettoyeur ou votre voiture au lave-auto. Évidemment, le coût du loyer est conséquent : 5 000 $ par mois semblent être un tarif raisonnable.

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L’ARMOIRE DES DÉMUNIS À l’autre bout du spectre, on trouve les taudis pour budgets faméliques, ces logements désuets et ces maisons de chambres abandonnées en marge des quartiers centraux.

Ce sont souvent des bâtiments délaissés qui attendent d’être récupérés par des développeurs imaginatifs.

Ces logements sont grands comme des armoires et dans un état lamentable. Selon un récent rapport, les 120 maisons de chambres de la Capitale nationale sont minables.

Les bâtiments sont vieux, mal entretenus, à peine isolés et décrépis. La peinture sur les murs s’écaille, les gardefous ballottent, les robinets dégouttent et les moisissures se développent. Ça sent le rance, le gras, la fumée, la poussière et les parfums bizarres. Les murs sont tachés, tagués et humides. Et l’entretien est nul. Évidemment, les souris courent dans les murs et les punaises de lit envahissent l’espace.

Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) estime que ce sont près de 300 000 locataires qui occupent des logements « impropres » au Québec.

Ceux-ci sont occupés par nos compatriotes démunis qui survivent avec un mince bagage de revenus, d’instruction, d’initiative, d’énergie, et qui sont souvent en mauvaise santé physique, déstructurés psychologiquement et handicapés sous de multiples aspects. Inutiles, ils ont été abandonnés sur le bas-côté de la route de la solidarité.

Dans Homo deus, l’historien-vedette Harari formule une remarque qui laisse pensif : « Les cochons domestiqués profitent de la nourriture, de l’eau et des abris que leur procurent les humains, qui traitent leurs maladies et les protègent ». Question : Pourquoi n’offre-t-on pas les mêmes avantages aux démunis?

Les habitants des armoires sont des Québécois qui, pour diverses raisons, sont repoussés dans les marges de la vie courante, inutiles. En résonance aux propos de Giraud dans L’Homme inutile, Harari pose alors cette question : « Quel sera l’impact politique [de cette] nouvelle classe, nombreuse, de ces gens économiquement inutiles? »

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CLAUDE COSSETTE

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LA PEUR DE VIVRE SES RÊVES

« Les frontières de nos rêves ne sont plus les mêmes... » Paul-Émile Borduas a écrit cette phrase pour lancer l'énumération des frustrations de la quinzaine de jeunes artistes signataires du manifeste Refus global. Avec ces artistes, il conteste l'emprise des « pouvoirs paralysants » de la religion et des traditions sur la société de l'époque. Théâtralement, il écrit : « Au diable le goupillon et la tuque! » On est en 1948, au temps de Duplessis et de la « grande noirceur ».

Après ce coup d'éclat, la bande des créateurs se disperse et Borduas perd son poste de professeur à l'École du meuble. Il déclare : « Je m'y attendais. » Il retrouve alors sa liberté de créer à sa guise et, comme ses comparses, à force d'audace et de travail acharné, réussit à entrer dans la lumière.

Au fil des décennies qui ont suivies , le Québec traverse une « révolution tranquille » pas toujours si tranquille que ça. Le 8 octobre 1970, un autre manifeste, pas mal plus violent que l’autre, tombe sur la tête des Québécois pour réclamer une justice sociale réelle et libérée des « requins voraces » et de leurs valets exploiteurs de monde ordinaire. Les trois lettres qui identifient le mouvement, FLQ ou Front de libération du Québec, vont provoquer une crise de leadership politique. Menaces, enlèvements et mort d’homme entraînent l’intervention massive des forces de l’ordre et la proclamation des mesures de guerre. Le calme revenu, le Québec a changé et le reste du pays s’en inquiète : « What does Quebec want? ».

Un jour, à la Tribune de la presse du parlement de Québec, les lettres fatidiques apparaissent, imprimées sur un tube de carton rouge en forme de bâton de dynamite dans lequel est glissé du matériel publicitaire d’un parti politique! On a l’humour qu’on peut, mais ça se passe avant le déluge, au siècle dernier. Aujourd’hui, personne n’oserait aller si loin! Imaginez l’ouragan qui déferlerait sur l’Internet, balayant toutes les frontières!

Les technologies nouvelles qui permettent les communications instantanées touchent-elles les « frontières de nos rêves »? Demandez à Robert Lepage et à Betty Bonifassi! Les artistes signataires du Refus global d’il y a 70 ans, eux, seraient scandalisés qu’on veuille encore entraver la créativité des artistes.

Ceux qui, aujourd’hui, érigent des frontières à l’expression artistique diffèrent des censeurs d’hier; ils œuvrent dans tous les domaines de l’activité humaine et interviennent sous le couvert de nobles et bonnes intentions. Ainsi, à peine était-on sorti de l’affaire des annulations de SLAV par le Festival de jazz de Montréal et du forfait de Lepage avec Kanata à la Cartoucherie de Paris, qu’une autre tentative d’intimidation se produisait auprès

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du spectacle équin de Cavalia, au nom du bien-être des chevaux! Même des animaux exotiques « exposés » lors du Festival des montgolfières ont soulevé des réactions au point que les organisateurs ont promis qu’il n’y aurait pas d’autres bêtes que les humains, l’an prochain!!!

Les bonnes intentions ne font rien d’autre que paver l’enfer, comme disait le proverbe. Au nom des esclaves noirs d’hier, on a accusé des artistes d’ici qui voulaient leur rendre hommage de « s’accaparer » la musique qui avait rythmé leur survie et dont l’énergie a gagné tous les pays du monde.

Au nom de la souffrance vécue par les populations amérindiennes, un processus de création théâtrale qui prétendait justement en dénoncer les responsables a été paralysé. J’ose à peine écrire qu’ici, comme dans la chanson, Visa le noir, tua le blanc.

Combien de Québécois d’aujourd’hui ont entendu parler du Refus global? Le FLQ n’est plus qu’un souvenir de jeunesse qui a mal tourné, même si certaines de ses idées ont été récupérées, sans distinction de gauche ou de droite. Les enfants, en classe, maîtrisent les nouveaux outils électroniques mieux que les dictionnaires et s’amusent sur les réseaux sociaux qui deviennent de nouvelles sources d’inquiétude pour leurs parents. Est-ce que tout ce monde-là peut encore rêver? Plus que jamais, les frontières des rêves changent.

La vie continue et chacun cultive de nouvelles peurs.

Les signataires du grand refus, après avoir énuméré les leurs, disaient aussi leur rêve de voir naître la responsabilité totale chez des hommes libres. Liberté responsable assumée.

Comme dit Gabriel Nadeau-Dubois : « Va falloir qu’on s’bouge! ».

Michel Yacoub

Conseiller en sécurité financière Conseiller en régimes d’assurances collectives Représentant autonome

MARTINE CORRIVAULT

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L'ESPOIR AU CUBE

© Courtoisie : Marc-Émile Vigneault

LIVREUR D’HUMANITÉ! « L’espoir, c’est la volonté de lutter contre les obstacles, même s’ils semblent insurmontables. » (Auteur inconnu)

cription et retourne porter le médicament dans la même journée (même à l’heure de l’électronique, on mise encore sur le contact humain). Et je ne parle même pas de tous les accessoires essentiels (savons, épicerie, cosmétiques et friandises) qui accompagnent les commandes des clients et qu’on s’occupe de livrer par la même occasion.

Depuis que je suis retraité, j’ai pu expérimenter plusieurs domaines d’emplois, dont un qui m’a définitivement touché et surpris : celui de livreur pour la pharmacie de mon quartier.

Le petit « Bonjour, comment ça va ce matin? » est la phrase tant attendue par la personne qui nous accueille comme si on faisait partie de la famille. Je serai probablement le seul à lui poser cette question aujourd’hui.

Marc-Émile Vigneault

Jamais je n’aurais imaginé l’importance que revêt un simple livreur pour toute une partie de la clientèle.

Souvent, j’étais le seul contact quotidien avec la personne qui m’attendait toujours à la même heure, réglée comme un pendule. Livrer le médicament et s’assurer que la personne le prenne en ma présence permettait à certaines personnes de continuer à demeurer dans leur chambre ou leur appartement. Autrement, ils risquaient d’oublier de le prendre et leur état de santé se serait détérioré beaucoup plus rapidement.

Le contact quotidien permet à ces personnes vulnérables de briser l’isolement, elles qui s’en remettent au pharmacien pour veiller à leur sécurité par l’entremise du livreur.

J’ai été impressionné par le nombre de personnes qui n’auraient pu être maintenues à domicile si le pharmacien avait refusé d’assumer cette responsabilité de gérer la médication au quotidien pour des clients vivants avec une problématique telle que l’Alzheimer, la dégénérescence cognitive, la dépendance ou une problématique de santé mentale.

Un tel a besoin de méthadone chaque matin, mais il est trop handicapé physiquement pour se rendre à la pharmacie chaque jour. Une dame doit prendre sa médication du matin devant le livreur pour s’assurer de passer une journée adéquate, un autre risquerait de prendre sa dosette de médicaments au complet en une fois si le livreur ne passait pas chaque matin pour lui remettre sa dose quotidienne. Une autre est incapable de gérer sa médication de façon assidue et se fie à la livraison quotidienne pour demeurer stable.

Bref, c’est toutes une expérience et une implication que je ne soupçonnais pas lorsque j’ai accepté de faire de la livraison à domicile pour ma pharmacie du coin. Je n’imaginais sûrement pas agir par dérogation comme pharmacien. Ce dont j’étais loin de me douter aussi, c’est l’ampleur du territoire que j’aurais à couvrir. C’est que la réputation de la pharmacie n’est plus à faire. Des clients de longue date restent fidèles malgré le vieillissement, les déménagements ou les enfants qui grandissent et s’installent dans d’autres quartiers et qui préfèrent leur pharmacien connu à un étranger installé à un coin de rue de leur résidence.

De la pointe de Sainte-Foy à Beauport, de Charlesbourg à Wendake, de Saint-Roch à Lebourgneuf, aucune adresse n’est trop loin pour le livreur au service du client.

J’ai été surpris de la vocation du pharmacien du coin. Vu de l’extérieur, on ne peut connaître tous les services rendus à une clientèle fidélisée au cours des années. Je suis convaincu que sans ce service régulier et attentionné, nombre de personnes devraient se résigner à abandonner leur petite chambre ou leur modeste appartement pour être prises en charge à des coûts exorbitants par notre système de santé souvent inadéquat dans ce genre de situation. Et les personnes nécessiteuses sont de plus en plus nombreuses.

Alors, permettez-moi de lever mon chapeau pour saluer tous les livreurs de médicaments qui ne sont pas que des livreurs, mais des personnes qui symbolisent le filet de sécurité entre le pharmacien et le client, permettant à un grand nombre d’individus de maintenir le niveau d’autonomie nécessaire au maintien à domicile. Une réalité souvent ignorée de notre système de santé.

Et en prime, je ne charge rien pour la consultation...

Bonne santé!

Simplement.

Pour certaines personnes qui ont de la difficulté à se déplacer, le livreur va chercher à domicile une nouvelle presOCTOBRE 2018

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MARC-ÉMILE VIGNEAULT

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DE LA DURÉE DES PROJETS...

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Contrairement à mes habitudes, je n’ai pas écrit un article qui se rapporte à des faits historiques, mais qui s’attarde plutôt au présent. Il traite d’un projet de société tourné vers l’avenir, qui vise à réparer quelques erreurs du passé, ou du moins à empêcher qu’elles ne se reproduisent.

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conséquences désastreuses dans l’avenir. Malheureusement, c’est ce qui se produit le plus souvent. Dans la hâte d’exécuter, plusieurs facettes des études préparatoires commandées sont reléguées Le mot porte-clés est très significatif. Le porte-clés aux oubliettes. Le court terme donne accès à un espace à la personne qui l’a en l’emporte sur les visions d’avenir pp e main. La clé offre à son détenteur la liberté de ver- et ce qui était construit pour des an- Bouchard rouiller ou non la porte de son logis et le pouvoir de nées est détruit pour être remplacé par laisser ou non entrer quelqu’un. Le refus d’ouvrir aux quelque chose qui ne vaut guère mieux. visiteurs peut être interprété comme le désir de rester dans sa « bulle ». La majorité des êtres humains Je n’ai pas l’âge de Mathusalem, loin de là, mais dans ma vie, ont besoin de se retirer du monde, d’être dans leur j’ai vu plusieurs projets naître et mourir sans qu’ils aient eu « bulle », pour méditer ou pour réfléchir à des situa- le temps de vieillir. En exemple, les deux bretelles d’autotions ou des événements de la vie. route qui conduisaient directement dans le cap au-dessus du quartier chinois qui ont été détruites sans même avoir Jadis, les populations étaient moins denses, et un être servi. La rue Saint-Joseph a connu son lot de modifications : humain pouvait méditer en pleine nature sans se faire pour rivaliser avec les centres commerciaux qui poussaient déranger. Ce n’est plus le cas aujourd’hui parce que cer- en périphérie du centre-ville, on a créé le mail Saint-Roch, tains dirigeants préconisent « la densité urbaine ». Tasser qui a ensuite été démoli dans une vague de revitalisation les gens comme des poulets à l’abattoir n’est certes pas qui a ramené la rue comme elle était auparavant. Il en est l’idéal pour améliorer une société. Dans certains pays à de même pour la rivière Saint-Charles qui a vu ses berges très forte densité de population, des hôtels offrent à leurs naturelles être totalement bétonnées puis remises à leur état clients non pas des chambres, mais des tiroirs pour pas- naturel. Je m’abstiendrai ici de parler de la caverne dans le ser la nuit. C’est l’économie extrême d’espace; on loue au cap, jamais utilisée. pied cube. Est-il normal que la rentabilité dépasse parfois le bien-être? À mon humble avis, non!

Comme ma mémoire ne me fait pas défaut, je me souviens de Clotaire, étoile filante qui n’a laissée aucune trace. Que Dans un pays comme le nôtre, la « bulle » est une né- de projets, dont l’escessité non seulement pour se retirer, mais aussi pour pace-temps, ont été faire face à notre climat assez rigoureux. Loger les gens de courte durée, devient donc ici un problème de société que les gouver- puisqu’on les a efnements, quels qu’ils soient, se doivent de prendre en facés! À quand des charge s’ils sont sérieux dans leurs projets de vouloir projets qui marquecontrer l’itinérance. Ils doivent considérer qu’un certain ront notre passage? nombre de pieds carrés sont indispensables au bien-être d’un individu. Cet espace est aussi indispensable que la Pau v re Q u é b e c ! nourriture et le vêtement si l’on veut bénéficier d’un mi- « Je me souviens » nimum de confort. de choses et de projets qui n’ont pas Qu’ils soient du palier municipal, provincial ou fédéral, laissé de traces. ceux qui veulent se faire élire présentent des « promesses » ou des projets de société à la population. Leurs bonnes PHILIPPE intentions doivent être réalisables dans les meilleures BOUCHARD conditions sans affecter ce qui est en place et fonctionne déjà bien. Pour structurer positivement, il faut s’assurer que les améliorations présentées n’entraînent pas de i li Ph

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RÉPONSES CONNAISSEZ-VOUS LA POLITIQUE? 1. A. Le document de travail qui peut servir à la consultation s’appelle un livre vert.

2. A. Ploutocratie, du grec ploutos (« richesse ») et kratos (« force, puissance ».

3. VRAI. Toutefois, l’appellation de plus en plus utilisée est : politologue.

4. C. 5. FAUX. La circonscription électorale est une subdivision de la carte électorale; elle est établie en vue de l’élection de représentants à l’Assemblée nationale. Le comté est une subdivision territoriale établie à des fins administratives.

6. B. Épicène signifie : dont la forme ne varie pas selon le genre. Exemples de mots épicènes : capable (adjectif), nous (pronom), sociologue (nom).

PARTENAIRES BRONZE

7. B. En anglais, l’adjectif sunset a plusieurs sens. Dans l’expression « sun4- École», nationale Élément chimique de mais symbole K set clause « sunsetd’administration » ne fait paspublique. référence au crépuscule, au temps (SOMATUSIP). Expression désignant l’ensemble des provinces du Nouveau-Brunswick, de (« designed to end or to end something after a fixed period of time »), d’où la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard. le terme « temporisation » dans l’ e xpression recommandée par l’OQLF. 5- Ville surnommée la « grosse pomme ». Suite interminable de paroles ou de mots. Personne

• Alcoolique Anonyme

8. Encore de la politique :

• Audiothèque

d’une université. a. La rectitude politique, souvent appelée le « politiquement correct ».

• Intermarché St-Jean

7- Couper en menus morceaux. Action de rire à demi, avec b. Un politicard.

(MANNETRICE). Action de choisir parmi plusieurs éléments.

• Impressions Stampa

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• Le Bal du Lézard

qui est sous la puissance absolue d’un maître.

6- Espace compris entre deux ponts d’un navire (TENNETROP). Faire un testament. Chef

c. La politicaillerie.

8- Individu qui détient un usufruit. Sévérité, dureté extrême. Chef du peuple métis exécuté en 1885.

d. Un calcul politique.

9- Habitants d’Ottawa. Nom de l’équipe de Buffalo dans la LNH. Antonyme d’ordinaire.

e. Politiquer.

10- Fait la navette entre Québec et Lévis. Rendre en moins de mots, abréger. Langue parlée à Moscou.

• Maison Revivre

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PARTENAIRES AD VITAM AETERNAM

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• Yves Boissinot

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• Claude Gallichan

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une intention moqueuse

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L'AIDE « SOUCI-ALE » La pauvreté, est tout un art Privilégié, qui peut l'avoir Imaginez, jamais un sou Budget serré, on coupe sur tout mon frigidaire est souvent vide même chose qu'hier, beurre d'arachides

la seule « richesse » qui me poursuit une tonne de stress, et c'est gratuit quand l'essentiel, signe la survie c'est pas noël, tous les samedis les pauvres aussi, possèdent des droits mais... les biens nantis imposent leurs lois DENIS TREMBLAY

LA NUIT DES SANS-ABRI EN BREF...

De 16 h à 19 h 30 • • • • • •

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Animation de la foule par Dentell!

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Coin détente Distribution d'aliments et de vêtements Épluchette de patates Expo photo Trajectoire Hôtel de la Rue Info et référence 211 Les MOTS de tête Maison de chambres Tente de soins

De 19 h 30 à 23 h Spectacle en continu

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