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Le joug de la Torah

Une soirée obscure, les vents soufflent audehors. Dans une petite maison du bord de la forêt, les volets sont fermés, tout le monde dort, sauf le petit Moché. Il est assis dans son lit, emmitouflé dans sa couverture, se balançant religieusement. Sur un petit tabouret près de son lit se trouve un grand livre que sa petite main recouvre avec enthousiasme. Sa voix sourde se fait entendre dans la chambre. Il révise encore et encore ce qu’il a appris, alors que son petit corps faible lutte contre la fatigue.

Soudain, il se tait. La porte de sa chambre s’ouvre, sa mère entre et le regarde d’un air triste. Moché regarde sa mère et se tait lui aussi. Puis sa maman dit d’une voix douce : "Moché, il faut dormir, il est très tard". "Oui Maman, je vais m’allonger tout de suite et dormir, juste…", l’enfant ne sait pas s’il doit continuer, aussi il se tait. Mais sa mère insiste : "Que voulais-tu dire, mon fils ?" Moché répond doucement : "Je voulais juste finir de réviser ce que nous avons appris aujourd’hui au ‘Héder…"

"Je sais", répond la maman, "mais tu as révisé ton étude depuis que tu es rentré du ‘Héder, tu répètes sans cesse". Moché rétorque : "Oui Maman, mais je ne comprends pas encore la Guémara…"

La maman soupire, pensant combien c’est difficile pour son petit garçon. Il n’a pas de grandes capacités, ni une bonne mémoire, c’est pourquoi, malgré son amour débordant pour la Torah, il ne réussit pas dans son étude.

Elle dit alors : "Mon fils, tu es obligé de dormir, tu n’es pas en très grande forme, et si tu ne dors pas suffisamment, tu risques de tomber malade. Va donc dormir maintenant, et avec l’aide d’Hachem, tu comprendras le cours."

Moché est un bon garçon qui ne veut pas blesser sa mère. Il lui souhaite "bonne nuit" et s’allonge pour dormir. Il ne réussit toutefois pas à s’endormir.

La Guémara, l’explication, la question, défilent devant ses yeux. Il veut tellement tout comprendre, comme tout le monde. Des larmes coulent de ses yeux, des larmes sortant du fond du cœur tant il désire comprendre la Torah. Ce n’est que bien plus tard qu’il s’endort.

Le lendemain matin, Yossef, le père de Moché, remarque un air de tristesse sur le visage de sa femme. "Que s’est-il passé ?", lui demande-t-il.

Sa femme éclate en sanglots et raconte : "Mon cœur est brisé. Je ne peux pas voir la détresse de notre Moché. Il veut tellement réussir, il fait tellement d’efforts, mais il n’y arrive pas. Regarde ses amis, ils jouent, s’amusent et réussissent aussi dans leurs études. Moché est assis toute la journée, révise et révise, étudie, et n’y arrive pas…"

Le père écoute, réfléchit, puis répond : "Tu verras bientôt avec l’aide de D.ieu, s’il continue comme ça, avec une telle assiduité, et avec tes prières et tes pleurs, il n’y a aucun doute qu’il méritera de devenir l’un des grands de la génération !" Et c’est ce qui arriva. Le petit Moché persista de toutes ses forces. Chaque jour, au retour du ‘Héder, il s’asseyait pour réviser et répéter ce qu’il avait appris. Il étudiait sans interruption, il voulait tout connaître, tout comprendre. Les jours passèrent, et doucement, au fil des années, sa compréhension s’affina. Son assiduité incroyable et ses pleurs lui ouvrirent les portes de la sagesse, du savoir et de l’intelligence.

Ses capacités se développèrent, il grandit en niveaux de Torah et de crainte du Ciel, jusqu’à ce qu’il parvienne à faire partie des élèves du ‘Hatam Sofer, et à devenir le Maharam Chik Hakadoch, un des grands décisionnaires du peuple d’Israël.

Un jour, il raconta : "Lorsque j’étais enfant, j’avais une tête très faible, Hachem m’a aidé, Il a effectué un retournement de situation, le tout à force d’efforts et de labeur…"

Rav Its'hak Zilberstein

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