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Le latin n’est pas mort

À l’heure des réseaux sociaux où le mot cadeau s’écrit « kdo », comment inciter les collégiens des classes de quatrième et troisième à choisir l’option latin. Au collège de la Dombes à SaintAndré-de-Corcy, depuis de nombreuses années les enseignants croient à la pédagogie de projets comme étant une source de motivation et de réussite pour les élèves. En témoignent les très nombreux voyages et sorties organisés ainsi que les représentations théâtrales ou autres manifestations impliquant les collégiens.

Une plongée au cœur de la vie romaine antique

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Organiser des voyages pédagogiques dans le cadre de l’enseignement du latin, est une véritable tradition au collège de la Dombes. Jean-Claude Sordet enseignait cette option avant Caroline Bruggeman actuellement professeure de français et de latin au collège. Il avait commencé très tôt à emmener ses latinistes découvrir les vestiges romains et s’était investi chaque année dans des voyages en Italie et en Provence gallo-romaine. Sur ses conseils, lors de son départ à la retraite, Caroline Bruggeman accompagnée de Carole Rostaing, professeure d’histoire-géographie, ont tout naturellement repris le flambeau et elles partent avec leurs élèves depuis plus de dix ans. Les deux professeures sont convaincues que cette plongée au cœur de la vie romaine antique est le moyen le plus pertinent pour enseigner la civilisation latine : elle prend alors tout son sens.

Des voyages pédagogiques qui enthousiasment les latinistes !

Un voyage scolaire peut être considéré comme une technique assez facile pour attirer les collégiens et les pousser à se lancer dans une option peu alléchante de prime abord. Pour autant, il serait tout à fait réducteur de l’envisager ainsi. En effet, il faut bien faire comprendre aux futurs latinistes que le voyage seul ne peut les décider à choisir cette option. Les six jours, certes fort agréables, ne représentent que peu de poids face aux deux années de cours de grammaire latine qui les attendent… De même, si beaucoup estiment (enfants, comme adultes d’ailleurs) « qu’ils partent en vacances » lors de ces sorties, il est utile de rectifier cette vision erronée et de bien faire comprendre que ces voyages sont l’aboutissement de projets pédagogiques mûrement préparés. Ils représentent l’occasion pour les élèves de travailler différemment, in situ, et nécessitent de la part des organisateurs et des encadrants un investissement très conséquent. L’objectif de ces voyages est de

rendre les élèves acteurs de leurs découvertes et pas seulement spectateurs passifs. L’expérience le prouve sans cesse, les activités plus ludiques préparées par les organisateurs et les encadrants, en lieu et place des visites traditionnelles guidées, permettent aux enfants de travailler avec plaisir sans même s’en rendre compte. Ainsi, mais toujours en équipes afin de valoriser les diverses compétences de chacun, ils sont impliqués dans des courses d’orientation, des Cluedos grandeur nature ou encore des défis-photos…

Lors du dernier voyage en octobre 2018, les latinistes de 3e se sont ainsi transformés en véritables guides au musée archéologique de Naples. Chaque groupe a présenté et décrit à leurs camarades de 4e une œuvre minutieusement préparée et étudiée au collège. L’enthousiasme général des collégiens lors de toutes ces activités a convaincu les organisateurs de poursuivre ainsi.

Programme du voyage d’octobre 2018

Cinquante-quatre latinistes ont découvert les vestiges antiques de Rome (Forum, Palatin, Ara Pacis, Panthéon...), la Fontaine de Trévi ou encore la basilique Saint-Pierre au Vatican. Le voyage ne se réduit pas à la seule période antique. Tout est bon pour enrichir la culture générale des enfants. Ils ont par ailleurs arpenté les sites de Pompéi, d’Herculanum, de la Villa Oplontis et de Paestum. Caroline Bruggeman espère être encore en mesure d’organiser ces voyages. Ils sont malheureusement de plus en plus onéreux et le collège ne bénéficie d’aucune subvention, hormis celle de la FCPE. Certains projets ont dû être abandonnés tel que les voyages en Provence qui reviennent désormais trop chers aux familles (durant trois jours les latinistes découvraient le théâtre d’Orange, le Pont du Gard, les arènes de Nîmes et d’Arles notamment). Pour Caroline Bruggeman, ce séjour en Italie récompense, avec bonne humeur et enthousiasme, les efforts des élèves qui sont confrontés en classe à la rigueur de la grammaire latine et être ainsi en mesure de traduire cette langue complexe. Il faut croire que cela contribue à la motivation des latinistes car l’effectif reste stable depuis des années. En 2018, au grand regret de l’organisatrice elle a dû refuser des candidats à l’option latin. Non, le latin n’est pas mort !

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