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Hibou Grand-duc
Histoires partagées
sur le hibou Grand-duc d’Europe
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Les fronts de taille des anciennes carrières d’extraction de pierres dorées et de pierres blanches des Monts d’Or offrent des sites de nidification aux rapaces du Rhône. Les deux histoires qui suivent sont rapportées par un animateur de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO). Elles concernent le hibou Grand-duc d’Europe, le plus grand des hiboux, une espèce à protéger.
La compétence des sexes doit être respectée dans le couple
« Dès la tombée du jour, résonnent sur les pierres jaunes des falaises de Curis-au-Mont-d’Or, les « houhô, hou-hô » puissants d’un Grand-duc mâle. Il déploie ses longues et larges ailes et part à la chasse. Telle est sa mission dans le couple permanent. Son envergure exceptionnelle de 160 à 180 cm lui permet un vol plané agile, un glissement élégant de son plumage duveteux sur les courants d’air ascendants. La diversité des paysages survolés de notre massif garantit la qualité du terrain de chasse du prédateur : pelouses, champs cultivés, friches, forêts qui abritent en effet des proies variées comme les hérissons, les lièvres, les campagnols, les surmulots et plusieurs espèces d’oiseaux… Les proies sont ramenées au nid, le site de reproduction. Alors la femelle hibou les dépèce pour nourrir ses poussins, au nombre de deux à quatre. Ce partage des tâches dans le soin aux jeunes dure au moins 6 semaines, généralement en marsavril… ».
L’animateur LPO nous conte alors un fait directement observé : « la disparition inexpliquée de la femelle a entraîné la mort des trois poussins dans le nid, malgré les apports continus de nourriture assurés par le hibou mâle, mais non compétent dans la tâche de la distribution alimentaire ! ». On peut souhaiter que ces disparitions restent exceptionnelles !
La protection de l’espèce commence par la protection de son habitat
« …la découverte de plusieurs peaux « épineuses » de hérissons au pied de la falaise de La Clôtre, à Lissieu, attire notre attention. On sait que les hérissons sont des proies très appréciées par le Grand-duc. L’observation attentive de l’ancien front de taille, haut de
plusieurs dizaines de mètres, révèle une corniche rocheuse propice à l’édification d’un nid. Un couple s’est uni, en effet, au mois de février 2017 ; la femelle a pondu 3 œufs dans une cavité naturelle. Après une trentaine de jours d’incubation sont nés 3 poussins qu’il nous a été possible de suivre à la jumelle (photographie ci-jointe). Le Grand-duc mâle apporte la nourriture au nid en explorant un large secteur agro-naturel proche d’un plan d’eau et d’un milieu forestier, véritables réservoirs de biodiversité, riches de leur flore et de leur faune.
Vers le mois d’avril les poussins ont quitté le nid ; mais ils sont restés à proximité pendant plusieurs mois avant de prendre leur envol et fonder leur propre nid ».
Si la carrière de Lissieu était entièrement comblée, cet habitat serait détruit et le GrandDuc définitivement chassé de ces lieux. La concertation doit être à la hauteur des enjeux.


Bubo bubo
Le hibou Grand-duc est le plus grand des rapaces nocturnes. Sa hauteur varie entre 65 et 75 cm, le poids du mâle varie de 2 à 2,5 kg, celui de la femelle de 2,5 à 3,3 kg, il peut vivre 20 ans. Sa silhouette est massive, sa tête est piquée de deux yeux rouge-orangé, surmontée d’aigrettes que l’oiseau dresse à la verticale s’il est dérangé ou excité. Son plumage brun-rougeâtre est taché et rayé de brun-noir, le dessous est plus clair, fauve avec des stries longitudinales et des zébrures transversales de couleur brun foncé. Cette espèce est menacée par les pesticides agricoles qui déséquilibrent sa flore nourricière, la dégradation de son habitat et la pollution lumineuse. Cet oiseau bénéficie d’une protection totale sur notre territoire, il est interdit de le capturer, de le détruire, de dégrader son milieu, son nid, ses œufs.
Rappel :
• Le statut de protection de l’espèce implique l’interdiction de sa destruction ou de son dérangement. L’enjeu patrimonial est important : la protection s’étend à son habitat.
Sa destruction est soumise à une autorisation appropriée avec demande de dérogation. • Dans le secteur concerné, la nidification doit être protégée ; l’accès au site et la chasse sont prohibés (l’arrêté pris par la Mairie de Curis-au-
Mont-d’Or est un exemple à suivre). • « Agir pour la biodiversité dans le Rhône » relève d’une responsabilité partagée dans la conservation de ce bien commun, en excluant toute perturbation intentionnelle ainsi que toute destruction ou dégradation du milieu de vie de cette espèce protégée.
Régis DEMOUNEM
Vice-Président de la SEVDOR