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LE NOUVEAU VISAGE DE L’EST DE MONTRÉAL
PAR JOHANNE LANDRY, JOURNALISTE
Avec des terrains à développer et une main-d’œuvre à proximité, les acteurs de l’est de Montréal veulent exploiter son potentiel de croissance économique. L ’ est de Montréal est le secteur pour lequel, en ce moment, les astres sont bien alignés, lance d’entrée de jeu Caroline Bourgeois, mairesse de l’arrondissement Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (RDP /P AT) et conseillère associée au développement économique, responsable des dossiers de l’est de Montréal. Il y a mobilisation des acteurs, explique-t-elle, la Ville, le gouvernement du Québec, les institutions, les organismes, chambres de commerce et autres, les citoyens, tous travaillent dans le même sens : redynamiser le potentiel énorme du territoire.
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DES ESPACES VACANTS ET DE LA MAIN-D’ŒUVRE Dans le secteur compris entre le boulevard Pie-IX et la pointe de l’île, il y a 20 millions de pieds carrés de terrains déjà prêts à recevoir des projets. Un enjeu de décontamination subsiste sur d’autres espaces, mais le processus est en cours. Le gouvernement du Québec y contribue pour 100M$ et s’est engagé à prévoir une autre fois la même somme dans son budget.
«Les anciens terrains d’Esso, par exemple, représentent à eux seuls 10 millions de pieds carrés», souligne Caroline Bourgeois. Le Groupe C. Laganière a aussi acquis les 228 acres qu’occupait la compagnie Shell pour y effectuer les travaux de réhabilitation environnementale nécessaires.
Sur les 119km 2 du secteur de l’est de l’île, on recense déjà plus de 12000entreprises; près de 600000personnes y vivent. «Plusieurs secteurs résidentiels sont situés à proximité des zones d’emplois, c’est un bassin de main-d’œuvre disponible », fait valoir Caroline Bourgeois.
Il y a une vie économique existante et en développement sur ce territoire, ainsi qu’une grande capacité d’accueil. En parallèle, toutefois, persiste une image négative liée à son passé industriel; aussi est-il en quête d’un repositionnement et d’une nouvelle identité. L’objectif: attirer des entreprises de l’économie circulaire et de la chimie verte ainsi que des commerces de proximité.
«Dans l’est, nous avons beaucoup d’espaces verts et une belle qualité de vie, dit Caroline Bourgeois qui y a toujours vécu. Plusieurs arrondissements sont bordés par le fleuve ou la rivière des Prairies, qui offrent des accès exceptionnels aux cours d’eau en milieu urbain.»
EN ROUTE VERS LA MOBILITÉ L’est de Montréal est traversé par des axes routiers stratégiques qui facilitent le transport, et c’est un atout. Il y a néanmoins des enjeux de mobilité des personnes sur ce territoire. Aussi, le plan de revitalisation de l’est de Montréal, conclu en 2018 entre les gouvernements municipal et provincial, prévoit-il des projets à cet égard comme un tramway
VILLE DE MONTRÉAL

CAROLINE BOURGEOIS Mairesse de l’arrondissement Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (RDP/PAT) et conseillère associée au développement économique, responsable des dossiers de l’est de Montréal
pour relier Pointe-aux-Trembles au centre-ville dans l’axe de la rue Notre-Dame. Où en est ce projet? «La Caisse de dépôt et placement a reçu le mandat d’étudier un mode de transport pour améliorer la mobilité des personnes, un bureau de projet travaille là-dessus, il s’agit d’une priorité», répond Caroline Bourgeois.
Durant l’été (de juin à septembre) s’ajoute un service de navettes fluviales, un projet pilote sur trois ans qui, selon Caroline Bourgeois, connaît un certain succès: «Les travailleurs qui résident dans l’est peuvent se rendre au centre-ville en 30 minutes comparativement à une heure et parfois plus par voie terrestre. Des gens du centre-ville viennent aussi découvrir l’est de l’île. C’est un service apprécié par la population.»
Il y a, bien sûr, le prolongement de la ligne bleue du métro, avec l’ajout de cinq nouvelles stations jusque dans l’arrondissement Anjou, dont la mise en service est prévue pour 2026.
Emplois Qualité de vie Verdissement Mobilité durable








Accélérons l’essor de l’Est
Montréal accélère le développement économique de ses territoires dans le cadre de la Déclaration conjointe du gouvernement du Québec et de la Ville de Montréal pour revitaliser l’est de la ville.















ville.montreal.qc.ca/accelererlest
«Nous travaillons aussi de concert avec la Société de transport de Montréal pour avoir une meilleure desserte dans les secteurs d’emploi par un réseau d’autobus mieux structuré ainsi que des pistes cyclables», ajoute Véronique Doucet, directrice du Service du développement économique de la Ville de Montréal.
Si les projets de transports collectifs enlèvent des voitures sur la route, il reste que, autant dans l’est de l’île que sur l’ensemble de son territoire, Montréal vit des enjeux majeurs liés à la congestion. «Des coûts de 4,2G$ selo n les dernières statistiques, mentionne Véronique Doucet. Nous menons de front plusieurs actions pour résoudre ces problè m es. L’est de l’île a un acteur stratégique: le port de Montréal, le plus important dans l’est du Canada, qui crée, par conséquent, un corridor de transport de marchandises. Il y a un travail à faire pour optimiser et rendre performant ce corridor logistique. »
Le projet pilote de l’îlot voyageur en est un exemple: la livraison de marchandises déposées à l’îlot par les poids lourds serait alors effectuée dans les quartiers par de petits véhicules de type vélo-cargo. « L ’idée, poursuit Véronique Doucet, est d’apporter la marchandise à Montréal puis d’articuler une logistique de distribution moins coûteuse d’un point de vue environnemental. Nous sommes en transformation. Le commerce électronique génère beaucoup de déplacements par camion qui, souvent, n’utilisent pas leur capacité totale. Faire cohabiter des entreprises qui se partageront le transport pour une meilleure utilisation des véhicules est une autre piste.»
LE SAVOIR ET LE TALENT Montréal est reconnue comme une ville de haut savoir avec ses 11 établissements universitaires et ses collèges, un atout indéniable, et le plan Inventer Montréal met à contribution les milieux universitaires et d’enseignement pour faire face aux enjeux de l’est, souligne Véronique Doucet.
Il s’agit entre autresd’attirer l’enseignement supérieur dans ce secteur et d’offrir une diversité de programmes. «Nous avons une problématique
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VÉRONIQUE DOUCET Directrice du Service du développement économique Ville de Montréal
de sous-scolarisation dans l’est et nous voulons changer la donne. Offrir une formation qui répond aux besoins des entreprises. L’ensemble des universités et des cégeps étudie en ce moment comment adapter le système scolaire, d’enseignement et de recherche que nous avons dans l’est, pour lui donner un nouvel élan et accélérer le développement du territoire», explique Véronique Doucet.
Une telle proximité entre l’enseignement supérieur et le développement économique, si fine et si concrète, est une première dans l’histoire de la ville, selon Véronique Doucet: «Nous voyons le développement de l’est comme un projet de société, une mobilisation de plusieurs milieux qui travaillent dans le même sens pour donner un souffle nouveau à ce secteur.»
GETTY IMAGES PAR MIRCEAX

LA CERTIFICATION ISO 14001 Après avoir organisé des rencontres avec des citoyens et des organismes pour débattre des orientations proposées par la Ville dans le secteur Assomption Sud–Longue-Pointe afin d’attirer de nouvelles entreprises tout en favorisant le développement durable, l’Office de consultation publique rédigeait – au moment de l’entrevue – son rapport sur la meilleure façon d’exploiter harmonieusement cette zone délimitée par l’avenue Souligny, le port de Montréal, la gare de triage Longue-Pointe et l’autoroute 25.
«Un écoparc industriel est un projet intéressant, expose à cet égard Véronique Doucet. Nous parlons de l’obtention d’une certification ISO 14001 pour un secteur industriel, ce qui serait une première en Amérique du Nord. Ce secteur d’emploi est déjà en activité, et il reste des terrains vacants à développer selon une vision qui favorise la cohabitation entre les zones résidentielles et industrielles.» Rappelons qu’il est aussi question, dans cette zone, de la construction d’un viaduc pour relier le port et le boulevard L’Assomption.
«De façon générale, les parcs industriels des années 1950 et 1960 ont présenté des enjeux liés à l’attraction et à la rétention du personnel en raison d’une absence de qualité de vie. Une vision de développement durable, c’est de faire en sorte que les entreprises qui s’installent aient une conscience environnementale. C’est important pour la main-d’œuvre, et c’est l’accent que nous voulons donner au développement de l’est de Montréal. Ce passif associé à la pétrochimie, c’est une perception que nous voulons renverser», insiste Véronique Doucet. «De nouvelles industries ont amorcé la conversion vers une économie plus tournée vers la chimie verte et la diversification des activités», conclut Caroline Bourgeois.




MONTRÉAL, VILLE AUX PROJETS NOVATEURS
PAR MARIE-HÉLÈNE PARADIS, JOURNALISTE
Les dirigeants de la Ville ont comme objectif de développer la métropole selon des critères précis dont le résultat ultime est le respect de la qualité de vie des citoyens et le développement durable. «L’immobilier à Montréal jouit d’une situation enviable. C’est pour cela que les entreprises viennent s’y établir, pour les espaces verts, les milieux qui favorisent le transport collectif, le tramway, la future ligne rose», fait valoir Robert Beaudry, membre du comité exécutif et responsable de l’habitation, de lastratégieimmobilière,desgrandsparcsetduparcJean-Drapeau.
Montréal profite d’un climat économique sain et d’une excellente réputation qui lui permettent de se positionner favorablement sur le marché de l’immobilier. «Montréal a plusieurs avantages sur d’autres villes nordaméricaines, entre autres la concentration de talents, des campus universitaires en plein centre-ville, des maisons d’enseignement supérieur très dynamiques, et ce, dans les milieux de pointe comme l’intelligence artificielle et le big data. La ville se démarque aussi parce qu’elle est abordable, en plus d’offrir une main-d’œuvre compétente, des locaux à juste prix, une énergie propre et des territoires encore disponibles pour le développement de nouveaux projets», affirme M.Beaudry. Les projets poussent partout au centre-ville et dans plusieurs quartiers de Montréal, mais ces constructions respectentelles la vision des dirigeants montréalais et leur volonté de développement durable?
Selon le conseiller, quand on projette une station du Réseau express métropolitain (REM) ou qu’on planifie un tramway dans un quartier, qu’il y a des BIXI, une station de métro, ce milieu de vie devient un TOD (Transit-Oriented Development), un secteur axé sur un mode de transport collectif accessible qu’il faut densifier au maximum pour procurer aux citoyens une qualité de vie qui, jointe à la vision de la Ville pour son développement, fait de celle-ci un terreau fertile pour des projets novateurs.
LE QUARTIERINTELLIGENT DUMANUFACTURIER INNOVANT DE MONTRÉAL Un des secteurs que la Ville désire développer selon ces critères d’accessibilité et de qualité de vie est celui que l’on désigne comme le premier Quartierintelligent dumanufacturier innovantde Montréal (QIMI), qui sera construit sur le site de l’ancien bâtiment de l’ONF. Bien situé, près des routes principales avec un accès rapide vers l’aéroport et une station de métro, le tout jumelé à l’arrivée du REM et sa stationA40, ce site représente
VILLE DE MONTRÉAL

ROBERT BEAUDRY Membre du comité exécutif et responsable de l’habitation, de la stratégie immobilière, des grands parcs et du parc Jean-Drapeau Ville de Montréal
un candidat idéal pour un projet de requalification d’une bâtisse et d’un QIMI. Le secteur est industriel, mais avec son quartier enclavé, il constitue aussi un milieu de vie. Il possède toutes les composantes nécessaires pour devenir un TOD et ainsi se développer de manière à créer un environnement efficace pour les entreprises et agréable pour les citoyens. « U ne bonne concentration de diverses industries manufacturières, agroalimentaires et textiles, des PME ou de plus grandes entreprises profitant d’un accès routier facile et notre volonté de faire de ce quartier un milieu de vie et de développement
économique ont fait en sorte que nous avons soumis une proposition au gouvernement fédéral pour revaloriser le site de l’ONF, soit 200000pi 2 . Nous en sommes encore à une étape de planification, mais il y a beaucoup d’intérêt, et les partenaires privés sont là», affirme M.Beaudry, ajoutant que la Ville souhaite faire du QIMI un quartier exemplaire, un modèle pour les manufacturiers innovants, ainsi qu’un quartier intégré.
Un quartier du manufacturier innovant englobe des entreprises4.0, un processus manufacturier plus léger et automatisé, qui présente moins d’impact pour la population. «Nous voulons requalifier le bâtiment de l’ONF en intégrant un centre d’innovation et de commer cialisation qui deviendrait une forme de vitrine de toutes les innovations manufacturières sur le plan de l’automatisation. Nous sommes un peu en retard dans ce domaine, il n ’y a pas d’endroits où partager les expertises ou encore expérimenter certaines technologies et les mutualiser pour que les plus petites entreprises qui n’ont pas les moyens de faire des acquisitions importantes en infrastructure pour automatiser leur processus puissent en profiter», confie le conseiller municipal.
UNE TRANSITION VERS UN QUARTIER EXEMPLAIRE Quand on évoque la requalification, il est aussi question d’une nouvelle donne pour ce quartier. « T el qu’il existe, il affronte des enjeux sociaux et économiques. On parle
d’ajouter possiblement des logements abordables, des logements sociaux à ceux qui existent déjà. Il faudra aussi offrir des services aux citoyens, des écoles, des pôles civiques et plusieurs autres nécessités qu’impose le bon fonctionnement d’un quartier. Comment pouvons-nous en profiter pour offrir aux citoyens une plus-value et mieux intégrer la transformation du quartier? Voilà notre vision: requalifier un secteur industriel dans une optique de transition écologique et de développement durable. Montréal est une ville dynamique où il fait bon vivre, mais elle est aussi une plaque tournante pour atteindre directement 50% de la population mondiale par ses autoroutes, son système ferroviaire et son aéroport; c’est donc un pôle d’emploi très intéressant pour, entre autres, les entreprises qui font de l’importationexportation », ajoute M. Beaudr y.
D’AUTRES QUARTIERS DOTÉS D’UN POTENTIEL DE REQUALIFICATION Il est certain que la Ville considère que d’autres quartiers sont dignes d’attention. L’est de Montréal représente un secteur sur lequel elle veut miser. Des consultations auront lieu sur une revalorisation des secteurs comme Assomption Sud, le secteur industriel de l’est de l’île, tout cela en partenariat avec le gouvernement du Québec. « Nous voulons faire des changements sur la base de standards plus élevés quant au développement durable et à la transition écologique parce qu’on trouve encore des iniquités dans l’est de Montréal », conclut M.Beaudr y.

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MONTRÉAL, SUR LE RADAR DES INVESTISSEURS
PAR MARIE-HÉLÈNE PARADIS, JOURNALISTE
Montréal détient une réputation très enviable pour sa qualité de vie. On dit qu’il fait bon y vivre, mais quels sont les autres facteurs qui en font une ville attirante pour les investisseurs étrangers? Pour trouver réponse à cette question, nous avons interrogé trois responsables d’entreprises œuvrant dans le domaine de l’immobilier à Montréal. Peu importe leur champ d’expertise, la conclusion est la même: la croissance économique soutenue de Montréal attire les investisseurs.
e Best Countries Ranking2019 confirme le fait que le Canada est le meilleur pays au monde pour sa qualité de vie, mais aussi que Montréal est la ville numéroun au pays dans le domaine de l’éducation grâce à ses nombreuses universités bien classées mondialement. Ainsi, les astres sont alignés pour faire de Montréal un choix incontournable pour les investisseurs. Le Québec affiche une stabilité politique et économique enviable, un équilibre social, le taux de chômage le plus bas depuis 40 ans, des coûts d’énergie faibles, en plus de posséder une vie culturelle riche et diversifiée. Les nombreux festivals, les restaurants de qualité, mais aussi le fait que Montréal demeure une ville sécuritaire pour tous font en sorte qu’elle est une candidate exceptionnelle dans ce marché compétitif. L

Selon Avi Krispine, directeur général de CBRE au Québec, le plus gros joueur en tant qu’agence immobilière commerciale au monde, les chiffres parlent d’eux-mêmes: «Les investissements en immobilier à Montréal ont atteint un seuil jamais vu pour l’année 2019, soit 7,8 milliards de dollars, des résultats qui fracassent le record de 2018 qui a été de 6,2 milliards de dollars. La moyenne des cinq années précédentes était de 5,5 milliards.» AVI KRISPINE Directeur général pour le Québec CBRE
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SYLVAIN LECLAIR Vice-président et directeur pour le Québec Groupe Altus

GROUPE ALTUS
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RÉMI COUTURE Analyste financier Fonds immobilier de solidarité FTQ
Les études sur les différents marchés en immobilier faites par le Groupe Altus, expert en solutions de données, confirment elles aussi que celui de Montréal est en effervescence. « Les indicateurs économiques sont à la hausse, et Montréal se retrouve parmi les villes les plus performantes au Canada. Elle est très recherchée par les investisseurs qui veulent évidemment obtenir un rendement intéressant», affirme Sylvain Leclair, viceprésident et directeur pour le Québec.
DES CONDITIONS IDÉALES Les indicateurs qui déterminent l’attractivité d’un marché sont nombreux, les principaux étant liés à l’économie et à la main-d’œuvre. En quoi Montréal se distingue-t-elle aux yeux des investisseurs en immobilier ?
Rémi Couture, analyste financierdu Fonds immobilier de solidarité FTQ, affirme lui aussi que l’économie se porte très bien, et ce, dans plusieurs secteurs de pointe. «Beaucoup de nouveaux secteurs affichent une bonne performance, entre autres en intelligence artificielle, dans le domaine du jeu vidéo et dans le secteur de l’économie de services. Il y a un dynamisme économique et démographique à Montréal; par rapport aux autres villes canadiennes, elle semble très bon marché. Tout ce qui est investissement à Vancouver et Toronto est devenu très coûteux, les taux de capitalisation sont faibles, tandis qu’à Montréal, même si les taux sont bas, ils paraissent modérés, parce que la main-d’œuvre coûte moins cher qu’à Toronto ou à Vancouver et que les taux de location sont plus que raisonnables. Il y a donc une occasion favorable d’investissement pour aller chercher un bon rendement. On ne voit pas ça dans d’autres provinces canadiennes qui, elles, sont dans un creux de vague.»
En plus des indicateurs économiques, qui ne mentent pas, le facteur auquel on pense rapidement et qui s’avère fort important pour les investisseurs est la disponibilité et la qualité de la main-d’œuvre, sa formation et son coût, tout ce qui fait en sorte que Montréal se positionne favorablement, selon une étude de CBRE Recherche. «La main-d’œuvre a une bonne réputation, le seul défi est de trouver du talent à l’extérieur de Montréal qui parle français et anglais. À Montréal, nous avons des universités et des écoles techniques de réputation internationale, il y a beaucoup de talent, on a l’embarras du choix», affirme M. Krispine. Le Québec est réputé pour ses travailleurs et ses étudiants en haute technologie, une industrie de plus en plus importante et qui suscite un intérêt certain. Montréal est une ville francophone, mais ses travailleurs ont aussi des compétences en anglais, et c’est un plus.

GETTY IMAGES PAR VLADONE

Carole Handfield, vice-présidente aux investissements du Fonds immobilier de solidarité FTQ,ajoute: «Un autre avantage de Montréal auquel on ne pense pas toujours est le fait que celle-ci est complètement bilingue, tout le monde autour de la table est capable de converser avec les investisseurs étrangers,ce qui représente un atout certain.»
Au Québec, au cours des dernières années, les investissements dans les infrastructures ont été majeurs.Tous les intervenants sont d’accord pour dire que le taux directeur bas et l’investissement des gouvernements dans les infrastructures sont rassurants; ils constituent aussi un complément à la capacité d’attraction dont jouit Montréal. Le Réseau express métropolitain (REM) est certainement la plus importante infrastructure en transport depuis le métro. «Quand il y a des investissements visibles dans les infrastructures de transport public comme le REM, les investisseurs détectent plusieurs possi bi lités de développement qui s’ouvrent à eux. Ces investissements leur donnent confiance », affirme Rémi Couture. MmeHandfield ajoute que «le développement crée un style de vie partout où il y a des projets comme le REM. La mixité sociale, la création de milieux de vie et la mobilité sont alors favorisées, et c’est ce que l’on recherche dans des développements immobiliers». Toujours selon les représentants du Fonds immobilier de solidarité FTQ, Montréal est aussi un pôle logistique naturel pour l’Amérique du Nord. Elle a un port, un aéroport, plusieurs gares ferroviaires. Pour l’import-export, c’est un accès exceptionnel au nord-est des États-Unis et même au Midwest américain.
UN MARCHÉ EN CONSTANTE ÉVOLUTION Il va sans dire que le marché de Montréal prend de l’ampleur à cause de la croissance économique vigoureuse de la ville; le taux d’inoccupation de loyers net, beaucoup moins élevé à Montréal qu’ailleurs au Canada, est aussi attirant pour les investisseurs. Par rapport aux autres villes canadiennes, Montréal se démarque aussi quand vient le temps de mettre la main sur des locaux pour bureaux. «Les villes concurrentes au Canada, soit Toronto et Vancouver, ont dépassé 40$ le pied carré au centre-ville pour la location de bureaux. Montréal est de 9 à 36,8% moins chère que ces deux villes. Le marché industriel à Toronto est 28% plus élevé, et celui de Vancouver, 52% de plus pour un loyer net demandé. Les ventes de bureaux à Montréal sont en hausse de 28,7 %, et la vente au détail est en progression de 30,5%. Par contre, on manque de produits industriels et de terrains sur le marché», confirme Avi Krispine.
Selon Sylvain Leclair, malgré ce que l’on peut penser, le marché du multirésidentiel n’est pas saturé et il se porte bien. Son taux d’inoccupation très acceptable de 2% ne traduit pas une suroffre.
FONDS IMMOBILIER DE SOLIDARITÉ FTQ

CAROLE HANDFIELD Vice-présidente aux investissements Fonds immobilier de solidarité FTQ
privilégié de ces villes recherchées, selon Sylvain Leclair: « La rareté de terrains, la hausse des loyers, les coûts de construction qui ont augmenté à cause du manque de main-d’œuvre, entre autres, sont des éléments qui entrent aussi en ligne de compte, mais somme toute la valeur des investissements augmente de façon importante. » Il ajoute que « l’on constate que chaque fois qu’une propriété arrive sur le marché, que ce soit des bureaux, du multirésidentiel ou de l’industriel, le rendement est impressionnant. Le marché de l’industriel ne bougeait pas beaucoup avant ; même s’il y avait de la disponibilité, il était considéré comme un produit de deuxième ou de troisième catégorie. Maintenant, ce domaine a la cote, les taux d’inoccupation ont baissé de moitié, les loyers ont augmenté, on retrouve donc un potentiel d’augmentation de revenus intéressant pour les investisseurs. Même le marché de l’hôtellerie montre un regain de vigueur. Ceux qui éprouvent le plus de difficulté, comme les commerces de détail, sont en repositionnement. On pense par exemple à bâtir des condos ou des maisons pour personnes âgées pour entretenir les commerces et créer de la valeur. On parle donc ici de plus de risques pour les investisseurs qui cherchent un rendement plus élevé ».
Quand il s’agit de rendement plus élevé, on pense aux prix qui sont en constante croissance, sur le plan de la vente et de la location, au taux de disponibilité très bas ainsi qu’à l’influence que cela peut avoir sur le marché. «Il y a effectivement de la pression, mais c’est le marché local qui la crée, ce n’est pas celui des investisseurs étrangers,précise Jacinthe Lachapelle, chef d’équipe de la recherche et analyste des ventes chez CBRE.
Lorsque les conditions d’investissement sont bonnes, les capitaux demeurent au rendez-vous. On parle ici de fonds de pension, de fonds d’inves tissement privés et de prêteurs. Ceux-ci ont de l’argent à placer, ce qui crée une légère surchauffe sur le marché, mais cela génère aussi beaucoup d’intérêt. De plus, il n’y a pas de barrières ni de freins pour les investisseurs étrangers, par rapport aux marchés de Vancouver et de Toronto; le Québec n’impose pas de taxes additionnelles pour ralentir le marché. La surchauffe qui pourrait l’exiger ne s’est pas encore produite.
Qu’il s’agisse du Canada, des États-Unis, de l’Europe, de l’Allemagne, mais aussi de la Corée et de l’Arabie saoudite, le marché s’ouvre de plus en plus, selon Avi Krispine. C’est un phénomène semblable qui fait dire à Carole Handfield que « les investisseurs étrangers frappent beaucoup à la porte du Fonds immobilier de solidarité FTQ, les investisseurs viennent surtout de l’Ontario et de la France, mais les marchés allemand et suédois commencent eux aussi à penser à investir à Montréal. Notre ville est sécuritaire, très attirante par son style de vie, et il est facile d’y vivre ».

JACINTHELACHAPELLE Chef d’équipe de la recherche et analyste des ventes CBRE

Si l’on en croit les experts du Fonds monétaire international et selon un rapport qu’ils ont publié en 2018, ce marché qui s’ouvre et le synchronisme mondial de sa progression qui atteint Montréal sont les symptômes d’un secteur financier de plus en plus ouvert et d’un monde de plus en plus intégré. La mondialisation atteint donc aussi ce secteur de l’économie. Montréal n’est pas la seule ville qui profite de cet état de fait, mais ses qualités intrinsèques font d’elle une candidate exceptionnelle, hautement concurrentielle, qui commence seulement à être reconnue comme telle. «L’économie du Québec n’a pas connu autant de vigueur depuis 30 ans, et j’ai l’impression que ça va se poursuivre, donc que l’intérêt pour l’immobilier va durer encore plusieurs années. Il y a beaucoup de potentiel à Montréal, cet intérêt est bien là et ne disparaîtra pas», affirme Sylvain Leclair. On peut donc conclure que Montréal représente une valeur sûre, offrant un marché en cons tante évolution, doublé d’une économie dynamique et de travailleurs compétents, et elle continuera de susciter l’intérêt des investisseurs.