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3.1 Le Régionalisme Critique

Pour illustrer les possibles postures architecturales alternatives nous pouvons prendre pour exemple l’approche régionaliste critique. Ce terme est avancé pour la première fois par Alexander Tzanis et Liane Lefaivre avant d’être repris par Kenneth Frampton, historien et théoricien de l’architecture.

Kenneth Frampton

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La posture régionaliste critique cherche à trouver un équilibre entre le local et le global. Dans son ouvrage Towards a Critical Regionalism: Six Points for an Architecture of Resistance2 , Frampton fait référence au philosophe Paul Ricoeur dont la question « comment être moderne et retourner aux sources, comment raviver une vieille civilisation endormie et prendre part dans la civilisation universelle ? »3

Pour Frampton, cet équilibre se trouverais dans la capacité des entités régionales à se nourrir de la culture universelle pour recréer une tradition locale.

Lewis Mumford, historien américain spécialisé dans l’histoire de la technologie et des sciences, ainsi que dans l’histoire de l’urbanisme, s’est aussi intéressé à la question du régionalisme critique.

Il insiste dans ses recherches sur l’indispensable équilibre entre la prise en compte de l’échelle globale et de l’échelle locale. Notamment en mettant à jour les limites de cette dernière. Par exemple, la reproduction des architectures vernaculaires ne ferait plus sens aujourd’hui, dans la mesure où le contexte économique et social a changé, tout comme les outils techniques ont évolué. De même, l’utilisation de matériaux locaux ne se justifie pas si ces derniers ne répondent pas aux exigences scalaires ou programmatiques induites par le projet.

L’idée principale du régionalisme critique est de trouver dans les traditions locales, des sources d’inspirations à réinterpréter dans une écriture contemporaine.

2 FRAMPTON Kenneth, 1983, Towards a Critical Regionalism: Six Points for an Architecture of Resistance, in The AntiAesthetic. Essays on Postmodern Culture, édition Hal Foster, Bay Press, Port Townsen.

3 RICOEUR Paul, 1962, La culture universelle et les cultures nationales, In Histoire et vérités, édition Seuil, Paris

Christian Norberg-Schulz

Christian Norberg-Schulz est un architecte et théoricien de l’architecture Norvégien. Pour lui, le lieu dépasse la définition fonctionnaliste de l’architecture définie par le mouvement moderne.

Il développe dans son essai Existence, space, Architecture4 (1971), le concept d’espace existentiel, concept qui se concentre sur les relations entre l’Homme et son environnement. Il inscrit sa démarche de projet au travers de ce concept.

Pour lui, « Un lieu est un espace doté d’un caractère qui le distingue. Depuis l’antiquité, le genius loci, l’esprit du lieu, est considéré comme cette réalité concrète que l’homme affronte dans la vie quotidienne. Faire de l’architecture signifie visualiser le genius loci : le travail de l’architecte réside dans la création de lieux signifiants qui aident l’homme à habiter »5

Écoles Régionales

Cette approche théorique d’une architecture qui prendrais en compte les caractéristiques identitaires du lieu, tout en gardant un recul critique sur sa démarche à donné le jour à plusieurs école régionalistes en Europe. On peut citer l’école de Porto dont le représentant le plus caractéristique est Alvaro Siza, l’école catalane et les écoles suisses qui comprennent l’école tessinoise (représentée par des architectes comme Livio Vacchini ou Luigi Snozzi) et l’école des Grisons.

Il est à noter que les architectes issus de ces écoles ont pour principal lieu d’exercice leur territoire d’origine avec qui ils nouent de fortes relations d’affect et d’intimité.

4 NORBERG-SCHULZ Christian, 1971, Existence, Space, Architecture, éditions Littlehampton Book Services Ltd, Worthing, 121 pages

2 NORBERG-SCHULZ Christian, 1981, Genius loci, Paysage, Ambiance, Architecture, éditions Mardaga, Bruxelles, page 5

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