9782728917495 les folles aventures de la famille saint arthur

Les folles

Les folles

Saint-Arthur Les aventures rocambolesques et pleines de tendresse d’une famille pas comme les autres, qui fait sa rentrée des classes en camion de pompiers et enflamme l’assistance à la messe de Noël !

Paul Beaupère a passé son enfance à élever

av entur es de la famille Saint-Arthur

avdeenlatfamille u r es

avdeenlatfamille u r es Saint-Arthur Paul Beaupère

des cochons d’Inde et des lapins. Plus doué pour parler aux chats ou aux enfants qu’aux adultes, c’est un illustrateur hors pair de vaches volantes et un fournisseur officiel d’approximations orthographiques.

Dans la même collection :

10 € France TTC www.mameeditions.com

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COUV_famille-st-arthur_OK.indd Toutes les pages

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Illustration de couverture : Ariane Delrieu

Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Sarah Malherbe, Sophie Cluzel Edition : Claire Renaud Direction artistique : Elisabeth Hebert Conception graphique : Séverine Roze Fabrication : Thierry Dubus, Sabine Marioni Mise en pages : Text’Oh ! © Mame, 2014 Site : www.fleuruseditions.com ISBN : 978-2-7289-1749-5 Code MDS : 531 303 N° d’édition : 14 043 Tous droits réservés pour tous pays. « Loi n°49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse ».

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Illustrations : Arian

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Chapitre 1

Sur un arbre perché

Où l’on croise une petite fille qui se prend pour un pigeon, un papa qui aurait préféré être ailleurs et une voisine qui ressemble à un pitbull et qui est partout.

– Non, je ne veux pas !

– Charlotte, pour la dernière fois je te demande de descendre, nous allons être en retard !

– Non, non, non et non !

– Mais nom d’un petit cornichon à pattes, tu ne peux quand même pas passer le reste de ta vie là-haut !

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– Et pourquoi pas ? Les oiseaux le font bien ! À partir d’aujourd’hui, je suis un pigeon !

– Mais Charlottounette, tu n’es pas un pigeon, tu es une petite fille ! Tu ne voles pas, jusqu’à preuve du contraire !

Alors descends, s’il te plaît.

– Non, non, non et re-non ! Je ne redescendrai jamais sur terre, je ne veux pas, je ne veux pas, je ne veux pas ! Je veux rester rêver là-haut !

C’est à ce moment-là que papa intervient : – Puisque tu ne veux pas descendre, je monte !

Maman essaie bien de le retenir, mais trop tard, papa est déjà perché sur les premières branches du grand chêne qui pousse devant la maison. Il faut dire qu’avec son gros ventre, elle n’est pas très efficace en ce moment, maman.

Les trois premiers mètres, papa les franchit avec légèreté, et même avec une certaine élégance. Puis il fait une erreur fatale, il se souvient qu’il a le vertige… Alors papa s’accroche très fort au tronc, on dirait un koala géant. Il devient très pâle, puis franchement blanc, et enfin, sans doute pour mieux se confondre avec les feuilles du chêne, il devient tout vert…

– Chéri, ça va ? demande maman.

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En guise de réponse, papa secoue la tête pour dire non.

Bien plus haut dans l’arbre, Charlotte, elle aussi, commence à changer de couleur ; et soudain, elle se met à hurler !

– Je veux descendre, je veux descendre !

– Vas-y tout doucement, dit maman. N’aie pas peur, rejoins papa, et tout ira bien.

– Mais bien sûr que non, tout n’ira pas bien ! Je suis incapable de l’aider ! J’ai la tête qui tourne, les bras qui tremblent, les dents qui claquent et les jambes en coton !

Que veux-tu que je fasse si elle parvient à me rejoindre ?

Je veux descendre ! conclut papa avec un air pitoyable.

– Moi aussi ! hurle Charlotte du haut de sa branche.

La situation devient difficile quand arrive notre voisine madame Henriette et là, d’un seul coup, elle devient impossible, cauchemardesque !

– Vous voulez que je vous apprenne à réveiller tout le quartier de si bon matin ! Voulez-vous que j’appelle la police, pour leur montrer comment vous vous occupez de vos enfants ?

Maman se tourne vers madame Henriette, elle penche légèrement la tête sur le côté et un curieux petit sourire apparaît au coin de ses lèvres. Ses yeux habituellement 7

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d’un joli brun noisette sont devenus noirs, et même d’un noir foncé, un noir inquiétant comme une nuit sans lune et sans lampe de poche.

– Occupez-vous de vos poissons et laissez mes enfants tranquilles ! Je n’ai besoin ni de vos conseils, ni de vos menaces !

Il faut dire que les poissons en bocal sont les seuls êtres vivants à avoir été aperçus chez notre voisine, et cela depuis des années !

Alors maman se tourne vers moi, elle me sourit, elle fait « Ahhhhh » et elle tombe sur la pelouse.

J’appelle tout de suite les pompiers.

Ils sont drôlement rapides, les pompiers ! Moins de trois minutes plus tard, une camionnette rouge arrive, sirène hurlante. Trois pompiers jaillissent, ils se ruent sur maman, ils l’allongent sur un brancard et deux minutes plus tard, maman ouvre les yeux !

– Ce n’est rien, madame, un simple malaise. Mais dans votre état, il ne faut prendre aucun risque. Nous allons vous emmener à l’hôpital pour vérifier que tout va bien et je pense que ce soir vous serez rentrée chez vous, dit celui qui semble être le chef.

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Alors, du haut de son perchoir, Charlotte appelle à l’aide : – Je veux descendre, je veux voir maman !

– Elle fait quoi, là-haut, la gamine ? demande le chef des pompiers.

– C’est un scandale ! hurle madame Henriette.

– Taisez-vous ! répond maman, reprenant d’un seul coup des couleurs.

– Je crois que je vais être malade ! murmure papa.

– Mais en plus, ils sont deux ! dit un autre pompier.

– J’appelle la grande échelle, conclut un troisième pompier.

Quand le deuxième camion de pompiers arrive, la moitié du quartier est regroupée devant la maison, la tête en l’air.

Maman a repris quelques forces et les pompiers déjà sur place tentent de rassurer Charlotte qui, de sa branche, laisse couler des flots de larmes.

Une grande échelle, c’est vraiment très grand et pas facile à manœuvrer… Alors, ce qui n’aurait pas dû arriver arrive.

L’arrière du camion rouge heurte le mur du jardin de madame Henriette… Il y a un léger crac, puis un autre plus fort, plus long… Chacun se tourne pour voir basculer le 9

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mur du jardin de madame Henriette. Tout doucement, comme à la télé quand il y a des ralentis, les briques se couchent sur les magnifiques géraniums dans un nuage de poussière et de pétales roses mêlés… Madame Henriette devient de la même couleur que le camion des pompiers.

– Ne vous inquiétez pas, je maîtrise, dit le chauffeur en passant la tête par la fenêtre. Il fait une savante manœuvre pour amener l’échelle juste au bas de l’arbre et, au passage, arrache d’un seul coup une douzaine de rosiers fraîchement taillés, voisins des défunts géraniums… Notre délicieuse voisine se rue alors sur le chauffeur du camion, le chignon en bataille et l’œil du pitbull qui vient de voir passer un chat !

Pendant ce temps-là, deux soldats du feu montent à l’échelle pour récupérer Charlotte et papa. Pour Charlotte, c’est facile : trop heureuse de voir les secours venir à elle, elle saute dans les bras du premier pompier et se laisse descendre jusqu’à terre.

Pour papa, c’est beaucoup plus compliqué ! Impossible de lui faire lâcher prise, et plus difficile de prendre dans ses bras un papa qui fait près de 2 mètres et pèse au moins

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10 kilos de trop… En tout cas, c’est ce que maman dit tout le temps.

Après avoir décroché un doigt, puis un autre, puis un troisième jusqu’au dixième, après avoir déplié un bras puis un autre et recommencé avec les jambes, enfin détaché de l’arbre, papa descend. Le quartier tout entier applaudit.

Sauf madame Henriette, mais elle, c’est différent, elle a un peu de mal à bouger, vu que pour la calmer deux policiers arrivés en renfort sont assis sur son dos !

– On va être terriblement en retard !

– Vous avez un rendez-vous ? demande le capitaine des pompiers à maman.

– C’est le premier jour de classe, il faut que nous soyons dans dix minutes devant l’école !

Le pompier est par nature un homme qui sait rouler vite et prendre ses décisions à la même vitesse.

– Tout le monde dans le camion ! dit-il.

Voilà comment, cette année, nous avons fait notre rentrée des classes à bord d’un camion de pompiers, en traînant derrière nous le fil à linge de madame Henriette, petites culottes et chaussettes au vent.

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Chapitre 2

Une famille modèle

Où l’on comprend qui est qui, mais pas toujours qui fait quoi, et encore moins pourquoi, et où l’on comprend qui raconte l’histoire.

Avant d’aller plus loin, il faut que je vous parle un peu de nous. Je vais vous présenter ma famille, pour ceux qui ont des difficultés avec les prénoms et les familles nombreuses, prenez un crayon, et notez au fur et à mesure.

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Papa : Nicolas, 35 ans.

Illustrateur pour enfants, il dessine des lapins, des nounours et des fleurs qui parlent et tente de faire croire à son entourage que c’est un métier sérieux. A également une tendance très prononcée à dessiner des vaches partout et des zèbres avec une cape. Mange du fromage à toute heure, surtout du munster qui pue. Très fort pour parler avec les bébés, les chats et les cochons d’Inde, mais beaucoup moins doué avec les êtres humains, sauf avec ses enfants.

Maman : Juliette, 35 ans.

Cadre surbookée dans une grande banque. Part tôt, rentre tard, mais trouve le temps de tout faire. Sportive, active, féministe, mais pas trop. Elle aime les habits et se demande chaque matin ce qu’elle va bien pouvoir mettre, se maquille en courant dans la rue, attrape le train en courant dans la gare. Elle écoute de la musique, surtout celle que l’on met très fort dans un casque.

Moi : Brune, 10 ans.

Entre au CM2. Veut être vétérinaire ou institutrice, de toute façon c’est presque la même chose. Écrit beaucoup, 14

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parle peu, observe tout le temps. À la maison c’est moi qui m’occupe de Mozart, le cochon d’Inde, et ici c’est moi qui raconte.

Mon frère : Alexandre, dit Alex, dit Al, dit le Grand, à cause d’Alexandre (faut suivre un petit peu…), 8 ans.

Entre au CE2. Sera pilote d’avions ; normal, ils ont été inventés pour lui. N’est pas super fort à l’école, mais c’est pas grave, il a le temps. N’écrit jamais, dessine et parle tout le temps, surtout à Jonas, le poisson rouge qui est sur son bureau. Son péché mignon ; les tartines de pain avec de la confiture de myrtilles ou de framboises au petit déjeuner.

Ma petite sœur : Charlotte, 6 ans.

Entre au CP. Se cache tout le temps, se déguise beaucoup, n’est pas pressée de savoir lire, de toute façon sait déjà écrire et a appris à Georges, son ours en peluche. N’est pas sûre que l’idée du petit frère ou de la petite sœur soit une bonne idée.

Le bébé…

Ben en fait, on ne sait pas grand-chose, sauf qu’il arrive dans cinq mois… On ne sait même pas si c’est un garçon ou une fille.

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Papy : Bernard, âge canonique.

Père de maman. Vit seul, veuf depuis des années. Ancien militaire. Habite en Bretagne au bord de la mer où nous allons le voir pour les vacances. Grand spécialiste des histoires, en raconte tout le temps. Difficile de savoir ce qui est vrai ou ce qui est faux. Papa et maman disent qu’il est très copain avec un certain docteur Alzheimer…

Madame Henriette La voisine. Ancienne poissonnière. Papa a toujours dit qu’aucun poisson n’a fait assez de mal dans sa vie pour finir chez elle. Jamais un mot aimable, jamais un sourire. Très fière de ses géraniums et ne tarissant pas d’éloges sur son chat Raoul. Nous déteste, nous et l’humanité tout entière.

Pour le reste, et par ordre d’apparition, il est possible que, dans ces pages, vous croisiez des mouettes et des éléphants, des gens connus, mais beaucoup plus d’inconnus qui vont le rester, des pompiers, des sportifs, des jeunes et des vieux, un peu comme dans la vraie vie ! Il y aura de tout et surtout de ce que l’on n’attend pas.

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Chapitre 3

Juste avant l’arbre

Où l’on comprend que le chapitre 3 d’un livre peut raconter ce qui s’est passé avant le chapitre 1, et où l’on voit que la chaussette est un animal comme les autres, mais en plus sauvage.

– Brune, il est l’heure, il faut se lever !

Ce matin-là, maman entre dans ma chambre, elle pose sa main sur mon épaule, et elle me réveille tout doucement.

Aujourd’hui, c’est un grand jour, c’est la rentrée des classes ! C’est ma dernière rentrée en primaire. L’année

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prochaine, je suis au collège, chez les grands. Mais en attendant, il faut se lever et, plus dur encore, il faut s’habiller.

Les yeux encore tout collés, j’attrape les habits préparés la veille au soir. ça y est, je suis prête, il ne me reste qu’une chaussette à enfiler, mes chaussons à mettre, et je pourrai filer vers la cuisine y avaler un bol de chocolat. Mais où diable est donc passée ma seconde chaussette ?

– Maman, il me manque une chaussette !

Voilà le cri qui, au petit matin, déchire le silence de la maison encore à moitié endormie. Voilà la plainte trop souvent entendue de celui ou celle qui, la veille, avait encore deux chaussettes et qui, au petit matin, s’aperçoit qu’il n’en reste plus qu’une.

– Qui a pris ma chaussette ?

En fait, cette question n’est pas très intelligente. Papa chausse du 45, maman met des collants, Alex ne mettrait jamais de chaussettes roses et Charlotte a des pieds taille Playmobil.

Alors, que s’est-il passé cette nuit ? Je regarde la chaussette qu’il me reste et je lui trouve un air louche. Et si c’était elle la coupable ?

La nuit, quand tout le monde dort, quand tout est paisible, les chaussettes se changent en animaux sauvages, 18

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elles se battent entre elles et s’entre-dévorent ! Dans les placards s’organisent de terribles batailles où les chaussettes montantes attaquent les blanches pour le tennis, les bleues dévorent les rouges, celles à carreaux éliminent froidement celles à rayures.

Les deux chaussettes qui, pied dessus pied dessous hier encore, remportaient un match de foot ou affrontaient le froid de l’hiver, les inséparables, sont devenues ennemies mortelles. C’est ce qui a dû se passer avec mes chaussettes !

En une fraction de seconde je comprends tout ! Cette nuit, pendant que je dormais le nez sous la couette, l’esprit au pays des songes, un drame terrible s’est joué là, à deux pas de moi : ma chaussette gauche a froidement tué ma ­chaussette droite ! À moins que ce ne soit le contraire.

– Regarde près de la cage de Mozart, il me semble que je l’ai vue par là, me dit maman depuis la cuisine, interrompant là mes morbides pensées.

– Regarde dans la cage, je crois que je l’y ai mise ! me dit papa depuis la salle de bains.

– Mais pourquoi as-tu fait ça ?

– J’ai cru que c’était une vieille chaussette perdue qui servait de couverture à ce pauvre Mozart ! répond papa à maman.

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– Mais… c’était une chaussette toute neuve !

Laissant là les parents régler leurs affaires, je jette un œil dans la cage de mon cochon d’Inde et, effectivement, ce brave Mozart ronfle, emmitouflé dans l’objet de mes recherches matinales… Délicatement, je tente de récupérer mon bien. Mais son nouveau propriétaire ne l’entend pas de cette canine et, ouvrant un œil rond et indigné, il plante dans le coton rose si doux et tout neuf ses petites dents aiguisées à souhait. L’effet est immédiat, autant de trous que de dents !

J’abandonne donc ma chaussette à son triste sort et cours en chercher une nouvelle paire. Bon, maintenant, je vais peut-être enfin pouvoir prendre mon petit déjeuner…

Alex, le nez plongé dans son bol de céréales, salue mon arrivée par un grognement de sanglier. Maman passe une tête pour demander si sa tenue nous plaît et papa, les cheveux de travers et la barbe en friche, demande si quelqu’un a vu Charlotte.

– C’est vrai ça, où est passée Charlotte ?

Depuis que le réveil a sonné, chacun dans la maison ­s’active de son côté, mais personne n’a pensé à s’occuper de Charlotte.

– Moi, dit papa, je l’ai réveillée.

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– Moi, dit maman, je l’ai habillée.

– Moi, dit Alex, je lui ai préparé son chocolat et ses tartines. À ce moment-là, toutes les têtes se sont tournées vers moi…

– Moi, je me suis battue avec Mozart pour récupérer ma…

– OK, m’interrompt papa, donc, où est Charlotte ? À ce moment de l’histoire, il est 8 heures et 5 minutes, l’école est à 6 minutes et 30 secondes en voiture, et 12 minutes à pied… Si dans 18 minutes et 30 secondes nous n’avons pas retrouvé Charlotte, nous serons définitivement considérés comme en retard, le premier jour de l’année en plus ! Ce serait un record historique, un sommet indépassable, et surtout une énorme catastrophe !

Cette année, j’ai madame Cheval comme professeur et ce n’est pas une rigolote ! Alors, à la simple idée d’arriver en retard le premier jour, je sens mes jambes qui deviennent vertes et mon visage qui se ramollit. À moins que ce ne soit le contraire.

– Charlotte, Charlotte, où es-tu ?

Nous voilà tous les quatre partis à la recherche de ­Charlotte, courant dans toute la maison, de la cave au grenier, de la machine à laver au dessous du canapé, du 21

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dessous de mon lit au dessus de l’armoire, à la recherche de Charlotte perdue.

8 heures et 12 minutes, c’est officiel, madame Cheval va me détester toute l’année ! À cause de Charlotte, je vais rater mes études, je finirai vendeuse de glaces au pôle Nord ou fabricante de cannes blanches pour puces borgnes.

8 heures et 13 minutes, une lueur d’espoir s’allume : ­j’entends maman qui parle dans le jardin.

8 heures 13 minutes et 30 secondes, catastrophe, C ­ harlotte est en haut de l’arbre et refuse de descendre…

Mais je crois que vous connaissez la suite.

P.-S. Pour ceux qui ne connaîtraient pas la suite. Il serait temps que vous commenciez la lecture d’un livre par le début, au chapitre 1.

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Chapitre 4

Une visite au musée

Où l’on voit que l’école ce n’est pas toujours en classe, où l’on découvre que dès la rentrée on peut faire une sortie, en même temps que l’on constate les bienfaits du réchauffement climatique.

Pour bien commencer l’année, notre maîtresse a organisé une sortie au musée et comme il faut des parents pour nous accompagner, ce matin papa vient à l’école avec moi.

Comme je vous l’ai déjà dit, ma maîtresse, c’est madame Cheval. Elle est si petite que tout le monde la surnomme

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madame Poney, mais chut ! Elle fait semblant de ne pas le savoir.

– Les enfants, cette année nous allons étudier l’art. Alors, pour découvrir des tableaux, des sculptures et des dessins, lundi prochain nous irons visiter le musée des Beaux-Arts.

Savez-vous ce qu’est un musée ? demande la maîtresse.

– Moi, je sais, dit Bryan en levant la main le premier.

Un musée, c’est un endroit où la ville entasse tous les vieux objets inutiles et moches, comme ça les vieux peuvent aller les voir et ça leur rappelle quand ils étaient jeunes. Je sais, j’y suis allé une fois avec mon grand-père et il avait l’air de connaître tous les gens dessinés sur les peintures, pourtant ils étaient tous morts…

– Ce n’est pas tout à fait ça, Bryan… Mais c’est bien d’y être allé une fois. Personne d’autre n’est jamais allé dans un musée ?

– Moi, ai-je dit en levant la main.

– Alors, ce sera une découverte pour tous les autres, dit la maîtresse.

C’est comme ça que, le lundi matin, nous nous retrouvons à la queue leu leu sur le trottoir, la maîtresse devant, papa derrière et la maman de Claire au milieu. Le musée 24

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est en plein centre ville. Pour y entrer, il faut gravir un escalier de marbre, encadré d’une forêt de colonnes de marbre qui semblent monter jusqu’au ciel et, tout en haut des marches, deux lions de pierre nous attendent la gueule ouverte. À l’intérieur, tout est immense, les plafonds plus hauts que les nuages, les salles plus vastes que des terrains de foot, les parquets plus brillants qu’une patinoire. Des centaines de tableaux couvrent les murs et, du haut de leurs socles, des statues nous jettent d’étranges regards vides.

Tant bien que mal, papa se débrouille pour que Mathilde ne traîne pas, il sépare Oscar et Charly qui sont en train de se battre derrière la statue d’un lion mangeant une gazelle.

D’une main, il rattrape les doigts que Michael allait enfoncer dans les narines d’une grosse dame de marbre qui dort après avoir été piquée par un serpent. De l’autre, il sauve d’une trace de doigts sales un magnifique tableau représentant un mariage à la campagne à l’époque où les voitures n’existaient pas et où c’étaient les vaches qui faisaient le lait… Beurk…

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Achevé d’imprimer en janvier 2014 par Soregraph en France Dépôt légal : mars 2014

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