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La colo des Cafoutus

à Max que non, il ne va pas mourir de fatigue parce qu’il marche vingt-cinq minutes d’affilée. Et que s’il redressait un peu les épaules, ne traînait pas les pieds et chantait au lieu de geindre, cette balade serait agréable ! (Pour lui et pour les autres).

Flairant la bonne planque, Cossouce a ramené la camionnette au camp : c’est connu, les bagages sont plus sages que les gamins.

Le groupe vient de déposer les sacs devant une très belle bâtisse ancienne, un corps de ferme parfaitement rénové et entretenu.

– Où est la piscine ? Y’a même pas de piscine !

Nour fait le tour du site sans attendre qu’on l’y invite. Dans la pâture derrière la ferme, quelques roulottes sont disséminées. Ça pue moins qu’une vache, songe la jeune fille, mais il en faut plus pour lui rendre sa bonne humeur : pas la moindre piscine, pas même un jacuzzi, visiblement pas de restaurant. Elle va vraiment gaspiller de précieux jours de vacances dans cet endroit minable ?

– Bonjour Nour ! Enchanté !

Devant elle se tient un homme tout en rondeur : son ventre, ses joues, son crâne, son sourire !

– Je me présente, je suis monsieur Kanral, le directeur de ce camp. Bienvenue parmi nous !

Nous allons rejoindre les autres, si tu le veux bien.

Non, Nour ne « le veut pas bien », mais bizarrement, elle ne s’oppose pas à la guimauve qui se tient devant elle. L’homme pose sa main sur son épaule, et ne la lâche que pour monter sur une petite scène située dans la cour aménagée de la ferme.

Il est entouré par quatre autres adultes aux allures très différentes. Tout de suite, Nour est séduite par l’élégante femme qui se tient à sa droite. Il n’y a peut-être pas que des péquenauds finalement ! À côté d’elle, un homme vêtu d’un pantalon et d’un haut large en lin, les bras ouverts, les paumes de main tournées vers le ciel, affiche un sourire béat.

Le directeur du centre se présente maintenant comme « la quintessence de l’esprit positif qui va tous nous animer ». C’est quoi ce délire ? songe Nour et elle n’est pas la seule !

– Il ne vous reste plus qu’à vous installer, conclut-il. Awa, Lili-Rose, Gustave et Cassoce vont vous indiquer dans quelle roulotte vous logez.

– C’est pas Cassoce, mais Cossouce, corrige l’animateur.

Nour, qui n’écoutait plus le discours du directeur, est rappelée au moment présent avec violence : genre, elle va dormir dans une roulotte ?

– Venez, annonce Lili-Rose, nous allons vous appeler par groupe de six, pour chaque roulotte.

Et en plus à six ?

– J’exige immédiatement mon rapatriement sanitaire ! hurle la jeune fille.

Dommage pour elle, tous les adultes semblent soudainement parfaitement sourds. Seule sa voisine, une fille de son âge, tellement débraillée que Nour se demande si c’est un look qu’elle se donne volontairement, lui lâche dans un soupir :

– Ça ne te consolera pas, mais AUCUN de nous n’a envie d’être là…

En effet, non, ça ne la console pas. Les autres n’ont jamais été le problème de Nour, ce n’est pas maintenant que ça va changer. Si ses parents l’ont cru, c’est bien dommage pour eux et leur argent.

Il faut peu de temps aux animateurs pour former