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La colo des Cafoutus

Gustave jette un œil sur le wagon vide, vérifie aussi le coin des bagages, attrape un sac oublié en maugréant, réalise que c’est le sien, et enfin quitte le wagon. Juste à ce moment-là, le contrôleur lui souffle : – Bonne chance, mec.

La porte se referme sur un sourire compatissant sous le képi : Basile est bien heureux d’être resté à bord. ***

Heureusement, les renforts sont là ! Sur le quai, Lili-Rose, la seconde animatrice, finit de dire bonjour à chaque enfant (comme stipulé dans le règlement qu’ils ont signé, se souviennent Gustave et Awa… sauf qu’ils ont eu d’autres chats à fouetter !). Lili-Rose se plante ensuite devant ses collègues :

– Tout s’est bien passé ? demande-t-elle, le regard perçant.

– Oui ! assure Gustave, très assuré. Awa en est impressionnée.

– Tu vois, je t’avais dit que tu stressais pour rien ! commente une voix masculine.

Gustave et Awa se retournent et découvrent

Cossouce, le quatrième animateur, tranquillement adossé contre l’abri en bois.

– Salut, moi c’est Cossouce ! annonce-t-il.

À leurs mines étonnées, il précise :

– C’est un surnom.

Mais il ne précise pas pour autant son prénom.

– Gustave ! annonce Gustave-sans-surnom.

– Moi c’est Awa ! le suit… Awa.

– Moi c’est Lili-Rose ! annonce Lili-Rose qui ne s’était toujours pas présentée, avant d’en- chaîner : Ne traînons pas, le centre est à une bonne vingtaine de minutes à pied de la gare.

À quelques pas de là, les enfants chargent leur bagages dans la seule camionnette qui les attend, portes arrière grandes ouvertes.

– On devrait peut-être les faire pique-niquer ici avant, suggère Cossouce.

– Je t’ai déjà dit que c’était une mauvaise idée, le reprend Lili-Rose.

Gustave et Awa se concertent du regard : quelle cheffe !

Les enfants se mêlent au débat.

– Quand est-ce qu’on mange, j’ai faim ?

– Pis il est où, le bus ?

Tandis que Lili-Rose se retourne, ses sourcils se relâchent, un immense sourire envahit son visage.

La métamorphose est impressionnante…

– Hé les copains ! On va joyeusement marcher jusqu’au camp en chantonnant, ça va vous dégourdir les jambes après ce loooong voyage en train. Et puis on pique-niquera dans le centre. Elle marque un temps d’arrêt : Comme ça, on pourra trier nos déchets de repas et utiliser les toilettes sèches. Puis elle affiche une moue de gamine boudeuse : Ici, rien n’est prévu pour le recyclage.

À l’évocation des toilettes sèches, Nour se laisse tomber sur l’épaule de son voisin. Arielle, une petite fille avance d’un pas :

– Si je ne mange pas tout de suite, je vais mourir de faim ! Là, ici…

– Et moi, je creuserai pas sa tombe, la flemme, fait trop chaud, ajoute Max, un ado juste à côté.

Je vous l’avais dit, annonce sans gloire le visage silencieux de Cossouce, et Gustave retient la leçon : ce type s’y connait plus que son allure dégingandée ne le laisse croire.

– On va manger là, tranche Gustave.

Cossouce accepte avec gourmandise de partager les pique-niques que Gustave et Awa s’étaient préparés. Lili-Rose, elle, préfère attendre sa salade algues-quinoa restée au centre. Les enfants se sont installés dans le pré juste à côté de la gare, les sacs s’ouvrent, les chips se partagent, l’ambiance est champêtre et bon enfant…

NAN MAIS LA MEUF ELLE DÉLIRE OU

QUOI ? RENDS-MOI MA BARRE AVANT

QUE JE T’EXPLOSE LA TRONCHE.

O.K., l’ambiance festive est devenue explosive ! C’est Sandro qui vient de hurler. Lili-Rose et