9782215126102 les soeurs mouche tout schuss !

Nathalie Somers

Alors que l’hiver s’installe au pensionnat de Castelroc, les sixièmes partent à la découverte de la montagne.

Au programme : classe, ski, fous rires et randonnées !

Tout schuss !

Mais il n’est pas toujours évident de grandir ensemble et de vivre sa passion quand on est triplés….

Lucille, Clément et Nina parviendront-ils à résoudre leurs différends sans se déchirer ?

www.fleuruseditions.com

Nathalie Somers

Quelle drôle de fratrie que celle de la famille Mouche !

Les triplés entrent en 6e au pensionnat de Castelroc, où ils vont découvrir que la vie au collège n’est pas toujours facile !

Entre les éclats de rire et les gros chagrins, les bêtises, les espoirs et les doutes, Nina l’espiègle, Lucille la timide et Clément le mystérieux sauront-ils rester soudés face à cette grande aventure ?

11,90 € TTC France

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Illustration de couverture : Nathalie Tousnakhoff

Découvrez les nouveaux héros de Nathalie Somers, l’auteur de la série Le Roman des filles !

Nathalie Somers

Le Malicieux Journal des sœurs Mouche au collège de Castelroc

12,90 € TTC France

Illustration de couverture : Nathalie Tousnakhoff

Le troisième tome d’une série pétillante !

Dans la même collection :

Le Malicieux Journal des sœurs Mouche au collège de Castelroc

De nouvelles aventures pour la super fratrie Mouche !

Nathalie Somers

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23/07/2015 09:33

Direction : Guillaume Arnaud Direction éditoriale : Sarah Malherbe Édition : Camille Icole, Claire Stacino Direction artistique : Élisabeth Hebert Fabrication : Thierry Dubus, Sabine Marioni © Fleurus, 2015 Site : www.fleuruseditions.com ISBN : 978-2-2151-2610-2 MDS : 652 147 Tous droits réservés pour tous pays. « Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse. »

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Ă Kathleen, mon petit chaton

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Raplaplas h ochottes ! c s a p s i a m

Journal de Lucille Dimanche 23 février

J e profite de cet interminable voyage en train pour

faire le point sur les vacances de février qui viennent de s’achever. Je pensais que, pendant ces journées sans cours de danse et sans leçon d’aucune sorte, je reprendrais enfin l’écriture de mon journal (que j’avais négligé ces derniers temps). Eh bien, les choses ne se sont pas du tout passées ainsi. À peine arrivée sur l’île d’Oléron, je me suis

transformée en mollusque (ce sont les êtres tout mous qui 7

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habitent les coquillages que Nina et moi ramassons dans notre crique chérie). Niveau d’énergie : zéro. Besoin de dodo : mégapharaonique top top (j’emprunte bien évidemment l’expression à ma sœur). Je n’avais presque plus la force de lever mon verre d’eau pour boire à table.

Papa, bien sûr, s’est affolé. Il a aussitôt pris rendez-vous chez le docteur. Évidemment, je n’avais rien de grave. Juste une grosse fatigue due à un peu de surmenage. Quand le médecin a dit que j’avais seulement besoin de repos, j’ai failli lui sauter au cou. J’avais trop peur qu’il ne me prescrive des médicaments au goût affreux ou pire, des piqûres !

Malgré tout, papa n’était pas content.

– On ne t’envoie pas dans ce collège pour que tu reviennes dans cet état ! s’est-il exclamé dans la voiture. Sur leur fiche de présentation, ils disaient qu’ils mettaient l’accent sur l’épanouissement des élèves, pas sur l’épuisement !

– Mais papa, c’est comme ça que je m’épanouis, ai-je expliqué.

– Ttttt, a-t-il répliqué en fronçant les sourcils, tu es trop jeune, tu ne te rends pas compte.

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Raplaplas mais pas chochottes !

– Je suis assez vieille pour savoir que la danse, c’est toute ma vie !

– La santé, c’est la vie ! a corrigé papa.

C’était la première fois que lui et moi, on s’affrontait ainsi. D’habitude, quand je prends ma voix toute douce, il ne me résiste pas. Mais là, je voyais bien que c’était différent. Il m’a regardée d’un air grave et m’a déclaré : – Je suis vraiment désolé, Lucille, mais il faut arrêter les cours de danse. À ce rythme, tu finiras par tomber malade pour de bon.

Je n’ai rien dit. Comment peut-on parler quand votre cœur vient de se briser ?

Heureusement, on venait d’arriver devant la maison. J’ai rassemblé le peu de force qui me restait pour jaillir hors de la voiture et me précipiter dans ma chambre. Je me suis enfermée à double tour et je n’ai répondu à personne. Pas même à Nina. Alors, papa a été obligé de lui dire ce qui se passait. Ma jumelle, avec son calme légendaire (c’est de l’ironie !) a explosé. Je l’ai entendue crier. Elle disait que c’était n’importe quoi, que Clément et elle s’étaient 9

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« défoncés » pour que je puisse danser à nouveau (là, papa n’a pas compris mais comme Nina a tendance à raconter n’importe quoi quand elle s’énerve, il n’y a pas prêté attention).

– Moi aussi, je suis crevée ! s’est-elle emportée. C’est normal avec tout le boulot qu’on nous donne, mais on n’est pas des chochottes ! On va se reposer et on sera au paquet (elle voulait dire « au taquet ») pour repartir comme en 14 ! N’est-ce pas Clément, toi aussi t’es super fatigué ? a-t-elle hurlé dans les escaliers. À ce moment-là, maman est rentrée des courses avec Mathéo, notre petit frère qui va bientôt avoir trois ans.

– Que se passe-t-il ici ? a-t-elle demandé.

Papa lui a expliqué, tandis que Nina tempêtait toujours (mais moins fort car sinon maman l’envoie dans sa chambre se calmer).

Je n’ai plus rien entendu pendant un moment. J’ai deviné que les parents s’étaient enfermés dans le bureau pour discuter sans témoin. Et que Nina devait écouter à la porte (sinon elle serait venue frapper à la mienne).

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Raplaplas mais pas chochottes !

Au bout d’un moment, un bruit de cavalcade m’a appris que ma sœur montait l’escalier.

– Tutto bene 1! a crié Nina en passant comme une fusée devant ma chambre.

J’ai repris espoir. Elle devait avoir surpris une bonne nouvelle. Quelques secondes plus tard, maman et papa ont frappé à ma porte.

– Ouvre, Lucille ! a dit maman, il faut qu’on discute, c’est important. Ce n’est pas en s’enfermant dans sa chambre que l’on résout les problèmes.

J’ai attendu un peu pour montrer que j’étais très malheureuse, mais j’ai fini par obéir. Au fond de moi, je savais bien qu’elle avait raison.

Mes parents sont entrés et se sont assis sur le lit. Papa s’est raclé la gorge et a commencé : – Je me suis peut-être inquiété un peu vite. Mais tu me connais. Quand je vois mes enfants dans un état pareil…

– Tout le monde a ses limites, Lucille, a continué maman.

Tes résultats scolaires sont en sérieuse baisse. Cela ne nous 1. Tout va bien.

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satisfait pas. Tes professeurs non plus. Si, en plus, ta santé devait pâtir de ces cours de danse, nous ne pourrions l’accepter.

Comme je restais silencieuse, papa a enchaîné : – Nous avons décidé de te donner une dernière chance.

Tu nous as dit toi-même que tu ne te contentais pas des cours de Mlle Petrovna, mais que tu t’entraînais toute seule dès que tu avais un peu de temps. Ce n’est pas raisonnable. Nous pensons qu’il faut que tu lèves le pied.

Sois heureuse de danser. Mais tant pis si tu n’as pas le premier rôle. L’an prochain, ce sera peut-être différent.

J’étais tellement soulagée que j’aurais dit « oui » à tout.

De toute façon, au dernier spectacle, ce n’est pas moi qui ai eu le premier rôle. C’est une fille qui s’appelle Marina et qui a fait tellement de progrès qu’elle a dépassé Charlène.

Du coup, je n’étais pas trop déçue, car « son altesse » ne pouvait pas me narguer. En plus, c’était mérité. Marina, elle danse vraiment super bien.

– D’accord, ai-je répondu. Après tout, « lever le pied », c’est facile quand on est danseuse !

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Raplaplas mais pas chochottes !

On a tous rigolé et maman a dit que si je faisais de l’humour, on était déjà sur la bonne voie !

Après cette discussion, j’ai passé beaucoup de temps à faire des siestes et à me reposer. Maintenant, je me sens vraiment en forme. Au « paquet », comme dirait Nina !

En revanche, Nina, elle, n’a pas l’air d’être au mieux. Plus je reprenais des forces, plus elle semblait en perdre ! Elle l’a bien caché, mais papa, en nous emmenant au train, lui en a quand même fait la remarque.

– Ah non, non, non ! s’est-elle exclamée, tu ne vas pas recommencer !

Avec Clément, on l’a regardée d’un air choqué, parce qu’on n’a pas l’habitude de parler ainsi à nos parents. Elle aussi, elle s’en est rendu compte et elle s’est excusée : – Je suis désolée papa, mais tu te fais du souci tout le temps et, parfois, ça me pèse. Je n’aime pas passer pour une petite chose fragile. Je vais nickel chrome, je t’assure.

Tu sais bien que les jumeaux sont comme liés : quand l’un tombe malade, l’autre ne se sent pas bien et vice versa !

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Maintenant que Lucille reprend du poil de la fête, je vais péter la forme. J’en mets ma main à couper !

Comme on était en retard, papa n’a pas insisté. Au moment de se quitter, il a seulement dit : – Prenez soin de vous ! Et donnez des nouvelles !

On a promis quinze fois et on a fait de grands gestes par la vitre alors que le train s’ébranlait.

Si papa pouvait voir Nina en ce moment, il serait rassuré.

Depuis que le train a quitté la gare, elle est excitée comme une puce. C’est à cause des deux semaines que nous allons passer en classe de neige, à la fin de cette période scolaire.

Tout le monde les attend avec impatience. Moi, je suis plus mitigée parce que j’aurai moins de cours de danse et je sais que ça va me manquer. Et puis, je ne suis pas comme Nina, qui cherche TOUJOURS à être la première dès qu’il y a un semblant de compétition dans l’air. Là par exemple, elle est en train de se disputer avec Clément pour savoir qui est le meilleur des deux en ski. Ils se basent sur les courses qu’ils ont faites quand on était plus jeunes.

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Raplaplas mais pas chochottes !

J’ai essayé de leur expliquer qu’ils étaient bêtes, que ça n’avait pas de sens. Depuis qu’on habite Oléron, nous ne sommes pas retournés aux sports d’hiver. En trois ans, tout change.

– N’importe quoi ! s’est emportée Nina. Quand tu mets des flageolets dans une boîte de conserve, tu trouves des flageolets quand tu l’ouvres. Même trois ans plus tard.

C’est pareil avec le talent, figure-toi !

– Eh ouais ! a renchéri Clément. C’est pour ça que je te battrai la prochaine fois ! À ces mots, Nina est devenue toute rouge.

– Tu m’as battue trois fois, et moi, deux fois ! Et on n’a pas eu le temps de faire une sixième descente parce que maman est venue nous chercher ! Oh et puis zut ! Tu me donnes soif, avec tes bêtises ! Lucille, tu es sûre que tu boiras ton jus d’orange ? J’ai fini le mien.

Je lui ai passé ma brique de jus de fruit, qu’elle a descendue d’un trait. Elle ne fait rien avec mesure, ma sœur. Dès qu’elle a eu fini, elle est repartie à l’attaque.

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Moi, j’ai continué mon journal. J’ai l’impression qu’en fait ça les amuse beaucoup, de se chamailler…

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Retour en force

C lément s’arrêta devant la porte de sa chambre. Des

bruits étouffés lui parvenaient à travers le panneau de bois : il n’était pas le premier. Qui de Samy le violoncelliste, Léo le futur médecin ou Nolan le rugbyman occupait déjà les lieux ? Clément haussa les épaules avec nonchalance. Peu lui importait. Il était désormais à l’aise avec les trois. Il sourit en repensant à tout ce qui avait changé. En novembre, il était revenu de vacances pétrifié à l’idée de se retrouver à Castelroc en général et en présence de Nolan en particulier. Nolan qui jouait super bien au rugby, Nolan qui le méprisait d’être aussi nul, Nolan qui 17

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regrettait qu’il fasse partie de leur section sport-étude.

Mais les événements lui avaient montré que Nolan n’était pas si affreux. Grâce à lui, il avait fait suffisamment de progrès pour ne plus être malade d’angoisse chaque fois qu’il entrait sur le terrain. Et tous ses coéquipiers l’acceptaient. Tous, sauf Lucas ainsi que Paul et Jordan, ses deux acolytes, qui ne manquaient pas une occasion de l’humilier. Depuis le jour où ils avaient découvert que Clément aimait l’aquarelle, ces garçons n’avaient eu de cesse de le rabaisser. Comme si le fait d’être artiste empêchait d’être sportif ! Quels idiots, ces trois-là !

Heureusement, Clément avait fait des étincelles au cours d’un match décisif et les autres joueurs ne les écoutaient plus. Lucas et ses amis devaient se contenter de quelques remarques lancées par-ci, par-là pour l’ennuyer et lui rappeler qu’ils n’allaient pas le lâcher si facilement.

Clément, le sourire aux lèvres, se décida enfin à pousser la porte.

– Salut ! lança la voix fluette de Léo. Tu es le dernier arrivé, mais ce n’est pas grave, hein, ce n’est pas comme si 18

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Retour en force

tu étais malade ! Quoique, de nos jours, on puisse te trouver de bons traitements pour plein de trucs. Tu sais qu’ils viennent de découvrir une nouvelle molécule pour lutter contre la mucoviscidose ? Kalydeco, elle s’appelle.

C’est sympa comme nom, hein ? Si tu ajoutes un « s » à la fin, ça fait penser à une île grecque. Kalydecos, ça sonne comme Mykonos, ou Kos. On y était avec mes parents l’été dernier. Au fait, j’ai ramené plusieurs volumes de l’encyclopédie de médecine de mon oncle. Tu crois que Lucille serait intéressée pour que je lui en prête un ou deux ? Ils sont un peu vieux mais on y trouve quand même plein de sujets intéressants, comme une planche anato…

– Génial ! le coupa Clément en posant sa valise à plat sur le plancher. Je ferai passer le message à Lucille.

Ce n’était peut-être pas très poli, mais tout le monde savait que le petit rouquin ne s’arrêtait jamais de parler de son propre chef.

– Et toi, Nolan, ajouta-t-il, c’était cool les vacances ?

Le grand garçon secoua ses boucles châtains et répondit :

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– Super ! On a assisté à France-Irlande avec mes parents.

Les Français ont perdu, ça c’était nul, mais j’ai rencontré le capitaine de l’équipe et il m’a offert un ballon dédicacé !

– Whaou, cool ! Et toi, Samy, le violoncelle, c’est toujours dans tes cordes ?

Contrairement à Nolan et Léo qui rigolaient, son camarade de chambrée resta insensible à sa plaisanterie. Il se contenta de marmonner des propos incompréhensibles.

– Qu’est-ce que tu dis ? demanda Clément.

Samy rejeta en arrière la mèche de cheveux noirs qui lui mangeait le visage et grommela : – Rien, rien. Faudra que je te parle, c’est tout.

Un peu étonné, Clément fixa le musicien. Ce dernier évitait le plus souvent tout contact avec les autres. Pour lui, seule la musique comptait. Mais Samy ne dit rien de plus.

Il recroquevilla son long corps sur son lit et se replongea dans son livre.

– Je ne sais pas vous, les gars, lança Nolan en sortant une combinaison de ski de son sac de voyage, mais j’ai trop

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hâte d’être en classe de neige. En plus, j’ai entendu dire que, cette année, il y aurait un truc spécial.

– Ah oui ? Quoi donc ? s’enquit Clément.

Nolan eut une moue éloquente pour exprimer son ignorance.

– Moi aussi, j’ai trop hâte ! intervint Léo. Au ski, il y a toujours plein d’entorses et de jambes cassées ! J’ai fait une formation de secouriste pendant les vacances. C’était tip top, on a même appris à faire du bouche-à-bouche !

Une clameur de dégoût unanime s’éleva dans la chambre.

– Pouah ! C’est dégueu ! fit Nolan.

– Pour une jambe cassée, on ne fait pas de bouche-àbouche, intervint Samy avec sérieux.

– En tout cas, promets-moi une chose, Léo, supplia Clément en se tournant vers son camarade. Quel que soit mon état de santé, ne me fais JAMAIS du bouche-àbouche ! Je préfère mourir !

Et tandis que Léo haussait les épaules, découragé de voir leur peu d’intérêt pour des sujets aussi importants, les trois autres éclatèrent de rire.

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La vie au collège de Castelroc reprit vite son cours entre devoirs, répétitions, entraînements et gammes. Il régnait cependant une ambiance particulière au sein des sixièmes : ils comptaient tous les jours qui les séparaient du départ à la montagne. Même ceux qui n’étaient pas sportifs se réjouissaient de ce voyage qui viendrait rompre la monotonie du rythme scolaire. Il régnait dans l’internat un parfum d’aventures et de franches rigolades.

Dans la chambre de Nina et Lucille, Yasmina n’arrêtait pas de parler des animaux de la montagne. Venant d’une famille modeste de la banlieue parisienne, elle n’avait jamais eu la chance de partir à la neige. Et donc d’étudier de près la faune des Alpes.

– Vous savez qu’ils ont réintroduit les loups dans les zones montagneuses ? déclara-t-elle un jour en relevant le nez d’un magazine intitulé Nos amies les bêtes.

– Ne dis pas n’importe quoi, siffla Charlène. Les loups, c’est bon pour les contes de Perrault !

– Je ne dis pas n’importe quoi, marmonna Yasmina en se cachant derrière son magazine.

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La jeune fille regrettait d’avoir ouvert la bouche. Elle savait bien que Charlène ne perdait jamais une occasion de se moquer d’elle. Emportée par son enthousiasme, elle avait oublié qu’elle était présente dans la chambre et avait juste voulu partager cette nouvelle tout à fait remarquable avec les jumelles.

– Mais tu as raison de t’en soucier, dit Charlène en revenant à la charge. Les loups adorent les petits cochons grassouillets, et lorsque tu portes ta doudoune rose, tu leur ressembles étrangement. Il faudra être prudente quand tu te promèneras dans les bois…

Yasmina ne pipa mot. La blonde, belle et mince Charlène lui faisait toujours remarquer ses rondeurs. Elle n’était pourtant pas grosse, mais, pour cette peste de danseuse, le moindre gramme superflu était intolérable. Yasmina ne chercha pas à se défendre. Dans ce genre de situations, elle calquait son attitude sur celle de ses amies les tortues. Elle se réfugiait sous sa carapace et attendait que l’orage passe.

De toute façon, face à la langue de vipère de Charlène, elle

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ne faisait pas le poids. D’ailleurs, dans cette chambre, une seule fille arrivait à lui rabattre le caquet.

– Ne te crois pas à l’abri parce que tu es un sac d’os, fit la voix de Nina depuis son bureau. Il existe des loups très malicieux qui adorent jouer aux osselets !

– Toi, la ferme, on ne t’a pas sonnée !

– Toi non plus, on ne t’avait pas sonnée, répondit Nina du tac au tac. Tu ne crois pas que Yasmina gaspillerait sa salive pour te parler ?

Sur ce, elle se retourna pour faire face à celle que toute la chambrée avait surnommée « son altesse ».

Lucille laissa échapper un soupir. C’était parti pour un bon moment !

Elle qui n’aimait rien tant que les relations harmonieuses aurait voulu que sa jumelle ne parte pas au quart de tour à la moindre provocation. Enfin, il ne fallait pas qu’elle se plaigne, les affrontements entre Charlène et Nina se faisaient plus rares ces derniers temps. Depuis que Marina avait été choisie pour tenir le premier rôle du spectacle, Charlène concentrait toute sa fureur sur elle. Du coup, elle 24

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oubliait de s’en prendre à Lucille, qui avait pourtant été sa cible favorite depuis la rentrée. Nina avait donc eu beaucoup moins d’occasions de monter au créneau pour défendre sa sœur.

Les remarques cinglantes continuaient à fuser à travers la pièce. Stressée d’entendre ça, Lucille se leva soudain et déclara : – J’ai faim, je vais manger. Nina, tu viens avec moi.

Ce n’était pas une question. La Nina en question, interrompue en pleine réplique, regarda sa sœur avec étonnement.

– Mais c’est trop tôt, le self n’est pas ouvert, bredouilla-telle.

– Il le sera dans cinq minutes. Le temps qu’on descende, ils auront ouvert les portes. Yasmina, tu nous accompagnes ?

Sans mot dire, leur amie lança son magazine sur son lit et hocha vigoureusement la tête.

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Comme si elles répétaient une chorégraphie bien orchestrée, les deux jeunes filles saisirent chacune l’un des bras de Nina et l’entraînèrent hors de la chambre.

Au moment où la porte se refermait, cette dernière tourna la tête et lança en guise d’au revoir : – Bon appétit au loup de ma part, petit Charlèneron rouge !

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Composition et mise en pages : Text’Oh !

N° d’édition : 15149 Achevé d’imprimer en août 2015 par Lego, S.p.A. en Italie Dépôt légal : septembre 2015

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Nathalie Somers

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Illustration de couverture : Nathalie Tousnakhoff

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De nouvelles aventures pour la super fratrie Mouche !

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