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Riccardo Patrese : 40 ans après / 40 years later

Le Grand Prix de Monaco 1982 reste l’une des éditions les plus marquantes. Il y a quelques temps, Riccardo Patrese est revenu sur sa victoire, la première en carrière, qui l’a fait passer dans une nouvelle dimension. Rencontre 40 ans après. Des derniers tours de folie, la Formule 1 en a connu quelquesuns, encore tout récemment lorsque Max Verstappen est allé chercher sa première couronne mondiale sur la dernière boucle du dernier Grand Prix de la saison 2021. Mais en 1982, les limites du rationnel ont été repoussées : 4 leaders dans les 3 derniers tours. En tête après l’abandon de René Arnoux, son coéquipier chez Renault, Alain Prost semble filer vers une victoire promise lorsque le Français vient démolir sa monoplace au bureau de Tabac en raison d’une piste rendue glissante par une petite averse. Un temps 4e, Riccardo Patrese se retrouve aux commandes de cette course. Résident monégasque depuis quelques années, l’Italien court toujours après sa première victoire et on se dit alors que cela pourrait bien arriver à Monaco. “J'ai été très compétitif tout le week-end, je me suis qualifié 2e et je suis parti en première ligne à côté de René Arnoux”, se remémore Riccardo Patrese. Pourtant, à peine a-t-il pu espérer décrocher son premier succès, que le pilote de la Brabham BT49D Ford part à la faute, lui aussi piégé par les conditions humides, au niveau de l’épingle du Loews. “J’ai pensé avoir tout perdu”, confie-t-il aujourd’hui, avec un sourire en coin. Reparti grâce à l’aide des commissaires, le natif de Padoue, en Vénétie, termine la course, dépité d’avoir laissé filer sa plus belle occasion de devenir un vainqueur de Grand Prix de F1. “Je pensais avoir terminé deuxième derrière une Williams. J’étais vraiment en colère d’avoir gâché cette chance”, se souvient-il. Mais Keke Rosberg a abandonné au 64e tour pour un problème de suspension et Derek Daly n’a lui non plus pas fini la course, à cause de sa boîte de vitesses.

Une valse avec la Princesse Grace

“Dans les années 80, nous n'avions pas de radio, donc ils ne pouvaient pas me dire que j’avais gagné”, s’amuse Riccardo Patrese. “J’ai découvert que j'étais le vainqueur lorsqu'ils m'ont envoyé devant le podium, où se trouvaient le Prince Rainier et la Princesse Grace. A cette époque, seul le gagnant y était invité. Quand je suis sorti de la voiture et que j’ai vu que j'étais le seul pilote là-bas, j’ai réalisé. C'était une sensation fantastique mais aussi une grande surprise.” Mais la belle histoire ne s’arrête pas là. “A mon époque, il y avait un Gala organisé après la course et j’étais l’invité du Couple Princier ce soir-là”, poursuit le pilote transalpin. “C'était un grand honneur et un moment assez chargé en émotions. Nous avons passé une soirée fantastique et j’ai été appelé avec la Princesse Grace à ouvrir le bal avec une valse. Je n’avais jamais dansé de valse de ma vie, la Princesse a vu la terreur dans mes yeux et elle a été très gentille. Elle m'a dit : "Riccardo ne t'inquiète pas, pour une fois, ce soir je vais conduire" en m’emmenant sur scène.” Un souvenir d’autant plus marquant pour l’Italien, qui sera le dernier à pouvoir vivre ce moment, la Princesse Grace décédant quelques mois plus tard dans un accident de voiture. Et après Monaco, alors, qu’est-ce qui a changé pour Riccardo Patrese ? “J’ai pris conscience que moi aussi je pouvais gagner des courses de F1. J'aurais pu gagner mon 7e Grand Prix en 1978, en Afrique du Sud. A ce moment-là, tout le monde disait que c'était fantastique, que j'étais une nouvelle étoile montante et qu'il ne fallait pas s'inquiéter car j'allais l’emporter dans quelques courses. J'ai dû attendre mon 82e Grand Prix pour enfin gagner. M’imposer à Monaco m'a donné plus de confiance et de sérénité. Comme on dit, la première victoire est toujours la plus difficile à obtenir. ”

© Archives Monte-Carlo SBM

The 1982 Monaco Grand Prix remains one of the most significant editions on the Monegasque track. Some time ago, Riccardo Patrese looked back on his victory, the first in his career, which took him to a new dimension. Formula 1 has experienced some crazy last laps at some point, again very recently when Max Verstappen won his first world title on the last lap of the last Grand Prix of the 2021 season. But in 1982, in Monaco, the limits of rational were pushed back: 4 leaders in the last 3 laps. In the lead after the withdrawal of René Arnoux, his teammate at Renault, Alain Prost seemed to be heading towards a promised victory when he demolished his single-seater at the Bureau de Tabac due to a slippery track after a light shower. At that time, Patrese, a Monaco resident, found himself leading the race and chasing his first ever F1 win. “I was very competitive all weekend, I qualified 2nd and started on the front row next to René Arnoux,” recalls the Italian driver. Then came chaos: his Brabham BT49D Ford was also fooled by the wet conditions at the Loews hairpin and span. "I thought I lost it all," he says today with a smirk. Back in the race thanks to the help of the marshals, the native of Padua, in Veneto, finished the race, irritated that he had let slip his best opportunity to become an F1 Grand Prix winner. “I thought I was second to a Williams. I was really angry that I wasted that chance,” he recalls. But Keke Rosberg had retired on lap 64 for a suspension problem and Derek Daly, in the other Williams, did not finish the race either, due to a gearbox problem.

A waltz with Princess Grace "In the 80s, we didn't have a radio, so they couldn't tell me that I had won," Patrese laughs. "I found out I was the winner when they sent me to the podium, where Prince Rainier and Princess Grace were standing. At that time, only the winner was invited. When I got out of the car and saw that I was the only driver there, I realised. It was a fantastic feeling but also a big surprise." The fairy-tale does not end there. "In my time, there was a Gala organised after the race and I was the guest of the Princely Couple that evening", the Italian driver adds. "It was a great honour and quite an emotional moment. We had a fantastic evening and I was called with Princess Grace to open the ball with a waltz. I had never danced a waltz in my life, the Princess saw the terror in my eyes and she was very kind. Taking me to the stage she said to me: "Riccardo don't worry, for once, tonight I will drive"." A memory all the more striking for the Italian winner. Princess Grace died a few months later in a car accident. So, what changed for Patrese after Monaco? “I realised that I too could win F1 races. I could have won my 7th Grand Prix in 1978, in South Africa. At that time everyone was saying that it was fantastic, that I was a new rising star and I should not worry because I was going to win a few races. I had to wait for my 82nd Grand Prix to finally win. Doing it in Monaco gave me more confidence and serenity. As they say, the first win is always the toughest to get."

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