Festival du Film International de Nouvelle-Zélande

Octobre 2019

396-397 France : 11 € Étranger : 15 €

Kôji Yakusho John Ford Éric Rohmer Goffredo Alessandrini

SOMMAIRE

COUP DE CŒUR

Ken Loach, Sorry We Missed You David Grieco, L’Affaire Pasolini

6 9

Bernard Nave Simon Reibel

ENTRETIEN

14

Nicolas Villodre

Koji Yakusho

20

Andrea Grunert

La Rochelle 2919 Documentaires à La Rochelle Gindou 2019 Nouvelle-Zélande 2019

30 32 34 35

Alain Souché Philippe Rousseau Alain Souché Elsa Hellemans

Rencontre avec Éric Rohmer (1980)

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John Ford, La Prisonnière du désert Goffredo Alessandrini Maurice Mariaud Jean Dréville & Marcel L’Herbier Inferno 20 : Obsession compulsive

48 62 72 76 80

Jean-Pierre Pagliano & Robert Hammond Alain Pailler Jean A. Gili Lucien Logette Robert Grélier Jean-Paul Combe & Vincent Heritschi

Rencontre avec Sébastien Lifshitz DU MONDE ENTIER

FESTIVALS

PATRIMOINE

DOCUMENTAIRES

85

Robert Grélier

Chronique de l’été 2019 90 Glanures, de Keaton à Laguionie 95 Variétés, de la Commune à Simpson 102

Jérôme Fabre Philippe Roger Robert Grélier

Retour sur Thierry Michel DVD

ANIMATION

Festival d’Annecy 2019 108 Raoul Servais, le magicien d’Ostende 112 Jean-François Laguionie, Gwen 116

Jean-Pierre Pagliano Robert Grélier Robert Grélier

PEINTURE ET CINÉMA

Henri Matisse et Rex Ingram 118

René Prédal

(juillet-septembre 2019)

FESTIVALS

NZIFF New Zealand International Film Festival Installé dans des fauteuils “king size” ornés de petits coussins vintage, avec un café latte, digne d’une œuvre picturale, encore fumant sur un large accoudoir, le public est chouchouté dans les salles de cinéma néozélandaises.

Ici, on ne plaisante pas avec l’accueil et encore moins lors du 50e anniversaire du NZIFF (New Zealand International Film Festival), qui s’est déroulé du 18 juillet au 18 septembre 2019. Sur cette île du bout du monde, pas besoin d’habiter la capitale pour assister à une projection, puisque treize villes participent au festival. De Christchurch-la-tremblante à Auckland-laprétentieuse, en passant par Wellington-la-vedette, les réalisateurs de quarante-cinq pays ont raconté leurs histoires à travers cent quarante-trois œuvres, réunissant courts métrages, films d’animations, documentaires ou encore longs (parfois très) métrages.

La France à l’honneur Parmi eux, une importante sélection de films (vingt-cinq) issus de la programmation cannoise 2019, dont les primés Bacurau de Kleber Mendonça Filho & Juliano Dornelles, Les Misérables de Ladj Ly, Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, It Must Be Heaven de Elia Suleiman, ou encore Sorry We Missed You de Ken Loach et La Belle Époque de Nicolas Bedos, qui a fait l’ouverture du festival.

Avec seize films au programme, les cinéastes français ont eu la cote chez les Kiwis.1 Notamment Agnès Varda, avec une rétrospective composée de cinq œuvres de décennies différentes pour rendre compte de l’évolution du travail de la réalisatrice : Le Bonheur (1965), Daguerréotypes (1976, Sans toit ni loi (1985), Jacquot de Nantes (1991) et Varda by Agnès (2019).

Quatre anciens films ont par ailleurs été projetés dans le cadre du

chapitre “Rétro” du festival : Noblesse oblige de Robert Hamer (1949), la version restaurée par Coppola d’Apocalypse Now (1979-2019), Andrei Roublev (1966) de Tarkovski et Koyaanisqatsi (1982).de Godfrey Reggio.

Soucieuse non pas d’exclusivité mais d’accessibilité, une programmation spéciale a aussi été pensée pour attirer les nouvelles générations dans les salles, avec quatre œuvres “jeune public” dont Dilili à Paris de Michel Ocelot, ainsi que vingt-cinq films d’animations.

Une programmation pour tous les âges donc, mais aussi pour tous les goûts. Telle la collection “Incredibly Strange” qui regroupait des films comme Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez, Le Daim de Quentin Dupieux, The Hole in the Ground de Lee Cronin ou encore Vivarium de Lorcan Finnegan. Outre Finnegan, Damien Gameau (2040), Mirrah

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FESTIVALS

Foulkes (Judy & Punch), Maya Newell (In My Blood It Runs) et Liza Mandelup (Jawline), ont été invités

à présenter leur film et échanger avec le public lors des projections “Rencontres avec les réalisateurs”.

Jane Campion et les courts métrages Bien évidemment, les réalisations made in New Zealand ont une place à part au NZIFF, avec neuf premières mondiales et quatre nationales. La particularité de cette édition, c’est sans aucun doute sa compétition de courts métrages 100% néozélandais, sélectionnés par Jane Campion.

Bien que les six œuvres soient très inégales en termes de compétence technique, alternant réalisations étudiantes et professionnelles, elles

ont toutes remporté le pari de captiver l’audience en moins de vingt minutes.

Le très drôle et touchant récit de Johnny Green dans Egg-Cup Requiem (que l’on pourrait traduire par Requiem de coquetier) de Prisca Bouchet & Nick Mayow, a fait chavirer le cœur du jury, qui a offert, pour la première fois dans l’histoire du festival, le prix du meilleur court à un documentaire. Du haut de ses

36 Johnny Green, Egg-Cup Requiem (Prisca Bouchet & Nick Mayow, 2019)

héroïne, vivante et inoubliable, qui me rend fière d’être une femme”.

On notera, dans les trois autres films, le perfectionnisme esthétique et l’atmosphère inquiétante de Golden Boy (Alex Plumb), tout comme le sentiment d’oppression provoqués par Krystal (Briar GraceSmith) et Our Father (Ester Mauga).

L’abondance de documentaires permet d’apercevoir les centres d’intérêt et les préoccupations de la société néozélandaises et de mettre en lumière le regard si particulier de ses cinéastes, inhérent à l’isolement et à l’histoire coloniale de leur pays.

L’impossible communication au sein des familles et le choc des générations sont des sujets récurrents, tout comme la recherche de solutions, dans les traditions maories et les valeurs d’entraide, face à la détresse des laissés-pour-compte du système capitaliste.

FESTIVALS

89 ans, assis dans son couloir, le vieil homme revient sur les événements qui ont marqué sa vie, tous liés à sa collection de coquetiers, dont l’importance est dévoilée peu à peu. Grâce à un montage original et efficace et une narration menée à la perfection jusqu’à la chute, les réalisateurs font sortir les mouchoirs en douze minutes. Un coup de maître.

C’est une toute autre histoire qui a remporté le prix de nouveau talent, celle de Keely Meechan, pour son premier film, Nancy from Now On, où un adolescent dragqueen et son père tentent d’établir un dialogue dans une ambiance émouvante et cocasse à la fois.

Enfin le prix du public a été attribué à Becs Arahanga pour Hinekura, que Jane Campion a décrit ainsi : “Un conte envoûtant sur l’émancipation des femmes, racontée dans un univers maori enchanté. L’histoire d’une super-

Focus sur les All Black Qui aurait cru que le Rainbow Warrior et la ségrégation en Afrique du Sud ont été des événements-clés dans l’histoire des All Black ? Bien plus qu’un documentaire sportif, By the Balls de Charlotte Purdy & Simon Coldrick, montre la politique derrière l’exploit, mais aussi et surtout les hommes derrière les muscles. Les témoignages très intimes de trois anciens rugbymen, sur fond d’images d’archives, reviennent sur les prémices d’une équipe encore loin d’être mythique dans les années 1980.

On comprend ainsi la déchirure irréparable causée par la décision de certains rugbymen d’aller jouer en

Afrique du Sud, quand d’autres préféraient ne pas s’y rendre afin de dénoncer l’exclusion des sportifs noirs, ou encore les rencontres sous tension avec le XV de France, peu après le sabordement, par les services de sécurité français, du navire antinucléaire Rainbow Warrior, à Auckland. Pour sortir de cette mauvaise passe, les All Blacks ont trouvé une parade pour raviver la cohésion au sein de l’équipe : le haka.

Elsa Hellemans 1. Le kiwi (mot maori) est un oiseau terrestre incapable de voler, endémique de la Nouvelle-Zélande. D’où le surnom de Kiwis, donné aux habitants de l’archipel.

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