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La parabole du moineau

Il n’y a pas longtemps, voyageant avec mon frère sur l’autoroute, nous nous sommes arrêtés dans une station-service pour manger un sandwich. Tandis que nous observions les moineaux qui espéraient chaparder quelques miettes, je demandai à mon frère si, parmi les moineaux que nous avions sous les yeux, il savait différencier les mâles des femelles. À ma grande surprise, il me répondit que non. Cette réponse m’étonna car, étant agriculteur, mon frère avait croisé des moineaux toute sa vie dans la cour de sa ferme ! Pendant plus de 50 ans, il les a vus tous les jours, mais il ne les a pas regardés une seule fois ! (Ou alors de travers, car ils mangeaient son blé).

Ce qui me conduisit à deux réflexions.

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La première, c’est que chacun voit le monde à travers son prisme. La vision du monde de mon frère était entièrement tournée vers ses cultures et les multiples préoccupations qui y sont liées. Ma vision du monde, plus naturaliste et dégagée de ces contraintes de production, pouvait, quant à elle, ignorer superbement les angoisses causées à mon frère par une pluie excessive ou la panne d’un tracteur, et se focaliser sur la beauté d’un moineau. Mais les deux ne sont pas incompatibles !

La seconde, c’est qu’on ne voit que ce qu’on est préparé à voir et qu’on sait nommer. Car comme le disait déjà le grand Linné (je m’autorise un brin de pédantisme) : Nomina si nescis, perit et cognito rerum : « Si tu ignores le nom des choses, c’est leur connaissance même qui disparaît ».

La « biodiversité » à nos portes

Car le nombre d’oiseaux qui nous entoure est bien plus grand que ce que d’aucuns imaginent, pour qui est préparé à les voir. Il n’est pas nécessaire de partir loin, dans des coins sauvages et isolés : la

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