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Portrait du photographe backpacker Johan Lolos.

Texte Juliette Maes

AGENDA D’UN PHOTOGRAPHE DE VOYAGE EN CONFINEMENT

C’est un voyage de deux ans en Australie et en Nouvelle-Zélande qui lui a permis de lancer sa carrière de photographe de voyage. Avec près d’un demi-million d’abonnés, Johan Lolos est le photographe belge le plus suivi sur Instagram. Il envisage pourtant de s'éloigner de ce réseau social pour se rapprocher encore un peu plus du « vrai »...

Votre premier livre, « Peaks of Europe », est sorti en 2018. Allez-vous en sortir un deuxième ? Ce livre fait partie de mon histoire et je l’assume totalement, mais aujourd’hui, si je devais refaire un livre, je ne ferais pas du tout la même chose. Ce serait un livre plus classique et qui parlerait à une plus petite audience. Aujourd’hui, tout le monde peut autopublier un livre. Le vrai challenge pour un photographe, c’est d’avoir du matériel assez bon et assez crédible pour en sortir un. Pour le moment, je n’ai pas l’impression que c’est le cas.

Pour un photographe de voyage, être bloqué à la maison est une aberration. Comment cela s’est-il passé pour vous ? J’ai tiré énormément de choses de l’année passée. J’ai d’abord pu prendre du temps pour moi. Je me suis levé à 11h tous les matins, je me suis acheté une PS5 pour jouer à Fifa. C’était un énorme bonheur. Mais ça ne pouvait pas durer. En mai, j’ai commencé à me former via des formations en ligne, en achetant un paquet de livres, sur la photo, sur le marketing. J’ai entièrement revu mon business model qui n’était pas infaillible, puisqu’il reposait entièrement sur ma capacité à voyager. Grâce au confinement, j’ai pu me concentrer sur des projets photo qui me parlent plus et créer du contenu différent, comme des podcasts ou des vidéos YouTube. Quel est le voyage qui vous a particulièrement marqué ? En mars 2020, je suis parti à Haïti pour Médecins sans frontières pour documenter ce qu’ils faisaient là-bas. C’était la première fois que je travaillais pour une ONG et que je devais faire des photos de la misère, pas de la beauté. Ça m’a complètement retourné le cerveau. C’était assez difficile mentalement. Ce n’est pas le voyage que je vais pouvoir recommander à tout le monde, mais c’était une mission humanitaire importante qui m’a bouleversé, parce que j’ai eu l’impression d’avoir un vrai rôle à jouer en tant que photographe.

Une photo dont vous êtes particulièrement fier ? Il y a une belle rencontre que j’ai faite il y a deux ans, pendant un voyage en Inde. J’étais dans une petite ville au Rajasthan et cet homme essayait de récolter un peu d’argent en jouant de son instrument. Il avait un regard tellement bienveillant qu’on a un peu parlé. Le lendemain, on s’est revus et il m’a invité chez lui avec ma copine. Il habitait sous une tente, dans un bidonville avec toute sa famille et ils nous ont préparé à manger. C’était un vrai échange et un moment magnifique. J’ai forcément pris des photos d’eux et ma préférée, c’est le portrait de cet homme, Bapu. Il représente le souvenir d’une rencontre authentique.

À gauche: les pêcheurs Intha traditionnels, Myanmar. À droite: rencontre avec Bapu dans une petite ville au Rajasthan.

JOHAN LOLOS

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