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La magie des algues pour prendre soin de soi.
Texte Valentine Petry
VITAMINES SEA
Pour les labos, les algues sont le nouveau Graal, en phase avec la nature. RĂ©coltĂ©s, cultivĂ©s, rĂ©pliquĂ©s, ces trĂ©sors sont aussi bons pour la santĂ© de notre peau que pour notre Ă©quilibre alimentaire. EnquĂȘte dans un ocĂ©an de ressources.
UNSPLASH
es maisons de cosmĂ©tiques les glissent un peu partout sans en faire forcĂ©ment la promotion. Les algues sont pourtant un ingrĂ©dient qui rĂ©pond Ă toutes les demandes du moment : il est facile de sâen procurer auprĂšs de producteurs locaux (le littoral breton est devenu le rĂ©servoir du monde entier), elles permettent dâaugmenter le taux de naturalitĂ© dâune formule Ă moindres frais (un sĂ©same quasi obligatoire aujourdâhui) et, surtout, les espĂšces sont tellement nombreuses que le potentiel semble infini. GĂ©lifier une texture, adoucir sans apport pĂ©trochimique, mais aussi raffermir les tissus, exfolier, hydrater, protĂ©ger, rĂ©gĂ©nĂ©rer, reminĂ©raliser... on peut tout faire ou presque avec les algues. DâoĂč lâengouement des industriels, au-delĂ des marques de cosmĂ©tiques, voire une course au trĂ©sor vert. Selon les espĂšces, elles peuvent avoir une valeur nutritive intĂ©ressante, notamment pour les populations qui souffrent de carences alimentaires. Elles peuvent entrer Ă©galement dans la composition de colles, gels et autres objets du quotidien. Ou remplacer la matiĂšre plastique. Et les biocarburants de la troisiĂšme gĂ©nĂ©ration y font largement appel. «Lâagriculture reste aujourdâhui lâindustrie la plus consommatrice, car certaines algues protĂšgent les cultures de maladies, ce sont des phytostimulants. Comme elles sont compatibles avec les labels bio, elles sont plĂ©biscitĂ©es », explique Chris Bower, directeur de recherche au CNRS et membre de la Fondation Tara OcĂ©an. De quoi sâinquiĂ©ter ? « Elles ne sont pas en danger», relativise le scientifique. «Mais, depuis une dizaine dâannĂ©es, la demande est telle quâune agriculture de masse est envisagĂ©e. Les espĂšces sauvages ne sont pas assez productives pour y rĂ©pondre. On rĂ©flĂ©chit donc Ă la façon de monter une filiĂšre pour cultiver les macroalgues [celles que lâon voit Ă lâoeil nu, NDLR], un peu comme on lâavait fait pour lâaquaculture des poissons. En Asie, cela existe depuis des dĂ©cennies, mais ce nâest pas le cas en Occident. Il faut, par exemple, amĂ©liorer les souches et les sĂ©lectionner: câest ce qui a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© depuis des siĂšcles dans lâagriculture terrestre. » En cosmĂ©tique, les stratĂ©gies sont diffĂ©rentes selon les besoins. La Mer, lâune des premiĂšres marques Ă avoir fait des algues son ingrĂ©dient star, rĂ©colte de façon durable la Macrocystis pyrifera, prĂ©sente dans tous ses produits, au large de la cĂŽte pacifique, car câest lĂ que sont rĂ©unies les conditions optimales pour obtenir la meilleure qualitĂ©. De son cĂŽtĂ©, Phytomer en cultive depuis vingt ans. «Nous avons peu recours aux algues sauvages », explique Romuald VallĂ©e, directeur de la communication scientifique. « Et nous avons mis au point une charte trĂšs prĂ©cise pour ne couper quâune partie des plantes sans les abĂźmer. Lorsquâelles sont trĂšs petites et mĂȘlĂ©es Ă dâautres, on ne les ramasse pas, on prĂ©fĂšre prĂ©server la biodiversitĂ©. » Lâentreprise en cultive certaines en mer et, comme beaucoup dâautres marques (dont lâinnovante Algologie, par exemple), en laboratoire, car le procĂ©dĂ© permet dâobtenir des actifs purs et ino-
Ldores. « Nous utilisons les biotechnologies bleues pour faire grandir des microalgues en aquarium», prĂ©cise Romuald VallĂ©e. «Il suffit de prĂ©lever quelques grammes en mer pour en produire plusieurs tonnes.» Justement, ces microalgues sont le grand terrain de dĂ©couverte du moment. Aujourdâhui, on parle mĂȘme de microbiome marin, soit lâensemble des micro-organismes qui composent lâeau de mer (une goutte contient un million dâĂȘtres vivants â des microalgues donc, mais aussi des bactĂ©ries, des virus inoffensifs, du planctonâŠ). Tous ces Ă©lĂ©ments crĂ©ent des acides aminĂ©s, des vitamines, des minĂ©raux et autres molĂ©cules indispensables Ă la vie. « Ce âpeuple invisibleâ assure les mĂȘmes fonctions que les plantes, soit la moitiĂ© de la photosynthĂšse de la planĂšte. Il gĂ©nĂšre de la matiĂšre organique, notamment pour nourrir les poissons », rappelle Chris Bower. LâĂ©quilibre de ce microbiome est nĂ©cessaire Ă la santĂ© des ocĂ©ans, un peu comme le microbiote intestinal influe sur le corps tout entier. Les recherches sur le sujet se dĂ©veloppent depuis vingt ans Ă peine, car les mĂ©thodes utilisĂ©es pour lâĂ©tudier, comme le sĂ©quençage de lâADN, sont trĂšs rĂ©centes. Mais on pense quâil est la source des produits de demain. « On cherche Ă identifier des marqueurs lorsquâil y a des dĂ©sĂ©quilibres. Cela permet toutes sortes dâapplications. Les fameux tests PCR employĂ©s pour dĂ©pister la Covid-19 ont Ă©tĂ© créés grĂące Ă une enzyme identifiĂ©e dans le microbiome marin », explique Chris Bower. Bref, si les algues sont encore difficiles Ă glamouriser (Ă notre grand regret), elles sont indispensables.
DES ALGUES FAĂON SECONDE PEAU
On ne connaĂźt quâune infime partie des espĂšces dâalgues (leur nombre total varie selon les estimations de 30.000 Ă plusieurs millions!), mais câest un domaine de recherche bouillonnant. Les entreprises et les laboratoires spĂ©cialisĂ©s, souvent bretons ou situĂ©s sur la cĂŽte basque ou en Scandinavie, en Ă©tudient des centaines, en sĂ©lectionnent certaines pour leurs propriĂ©tĂ©s et stockent toutes leurs donnĂ©es dans des «banques». Les plantes utilisĂ©es, souvent soumises Ă des conditions extrĂȘmes, ont dĂ©veloppĂ© des capacitĂ©s de dĂ©fense intĂ©ressantes. Le point sur quelques-uns de ces actifs.
UNE BOMBE ANTIOXYDANTE. Les Laboratoires de Biarritz rĂ©coltent une algue endĂ©mique de la cĂŽte basque. « On ramasse celles qui sont Ă©chouĂ©es sur les plages », prĂ©cise AgnĂšs Castelli, responsable de la communication. « Depuis des millĂ©naires, elles sont exposĂ©es Ă de forts courants marins, au vent et au soleil. Elles ont donc mis en place des stratĂ©gies pour neutraliser les radicaux libres. » La marque sâappuie sur deux molĂ©cules diffĂ©rentes, lâune antioxydante, lâautre rĂ©paratrice.
UN FERMENT EXFOLIANT ET ULTRA-DOUX. Exfolier en douceur, câest possible. « Nous utilisons un ferment dâalgue qui contient de lâacide lactique. Il permet de remplacer les acides de fruits et dâeffectuer des peelings bien mieux tolĂ©rĂ©s par la peau », explique Isabelle Contini, directrice de la communication pour Thalgo.
UNE ALTERNATIVE AU RĂTINOL. La marque Diadermine utilise, elle, une algue mĂȘlĂ©e Ă de la criste-marine, qui pousse sur les rochers et est confrontĂ©e au vent. Cette forte rĂ©sistance aux Ă©lĂ©ments en fait une alternative naturelle au rĂ©tinol en favorisant le
renouvellement cellulaire. Résultat : une peau plus lisse.
DU WAKAMĂ ANTI-INFLAMMATOIRE ET CICATRISANT. LâAlaria esculenta, une algue brune de la famille du wakamĂ©, survit au froid extrĂȘme du Groenland et est capable de stocker des nutriments et de sâautocicatriser pour repousser jusquâĂ 10 centimĂštres par jour. Biotherm lâemploie sur la peau pour rĂ©duire les inflammations provoquĂ©es par les UVB et rĂ©activer le mĂ©tabolisme des cellules. Un excellent anti-Ăąge.
UNE ALGUE BRUNE ANTI-ODEURS. Constamment balayĂ©e par les courants marins, la Laminaria digitata, qui vit sous les rochers et nâĂ©merge que lors des grandes marĂ©es, sĂ©crĂšte des oligosaccharides. Biotherm lâassocie au zinc pour son pouvoir antibactĂ©rien, ce qui permet de cibler les bactĂ©ries responsables des odeurs. IdĂ©al dans les dĂ©odorants.
BIENTĂT, DES FILTRES SOLAIRES ? Cela nâest pas impensable. « De nombreux laboratoires et marques de cosmĂ©tiques sâintĂ©ressent de prĂšs aux phytoplanctons qui savent trĂšs bien se protĂ©ger du soleil », sâenthousiasme Chris Bower. Les experts sont unanimes : un jour, on trouvera probablement un vĂ©gĂ©tal marin suffisamment protecteur pour faire office de filtre solaire.

Ă LA PĂCHE AU COLLAGĂNE MARIN
Il est prĂ©sent dans beaucoup de complĂ©ments alimentaires pour repulper la peau et lisser les ridules. En Europe, le collagĂšne marin est majoritairement produit par les Ă©leveurs de saumon. La chair est rĂ©servĂ©e Ă lâalimentation. La tĂȘte, les arĂȘtes et la queue sont traditionnellement destinĂ©es Ă la nourriture pour les animaux. « Or, ce sont les parties les plus riches en nutriments», remarque James Berger, directeur de lâinnovation chez Hofseth BioCare, une entreprise de complĂ©ments alimentaires basĂ©e en NorvĂšge. «Et cela reprĂ©sente plus de 30% de la masse du poisson. » Des chercheurs ont rĂ©ussi Ă isoler le collagĂšne au sein de ces parties, mais aussi du calcium et de lâhuile, aux bĂ©nĂ©fices nombreux pour la santĂ© (et pas seulement pour la peau). La qualitĂ© des diffĂ©rents complĂ©ments alimentaires proposĂ©s sur le marchĂ© est due aux processus de fabrication, notamment Ă la mĂ©thode dâhydrolyse, qui influe sur la façon dont le corps absorbera les molĂ©cules utiles. On privilĂ©gie donc les supplĂ©ments qui bĂ©nĂ©ficient dâĂ©tudes prouvant leurs bĂ©nĂ©fices: câest le cas de ceux de Hofseth BioCare ou encore de D-Lab. On suit Ă©videmment les doses recommandĂ©es et on les consomme avec des boissons froides afin de ne pas altĂ©rer les molĂ©cules.


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1 Ampoule Life Plankton, Biotherm, 8 x 1,3ml, 49,50 ⏠2 Huile de Pen Lan corps et cheveux, Algologie, 50 ml, 25 ⏠3 Fluide hydratant correcteur de peau Ă l'algue marine, Nuxe Bio, 50 ml, 39 ⏠4 SĂ©rum nourrissant antistress, Wakame Annayake, 30 ml, 54,90 ⏠5 Poudre d'algues et d'huiles essentielles Tonique dĂ©tox aux algues, L:A Bruket, 240 ml, 45 ⏠6 CrĂšme jeunesse fondamentale, AuracĂ©ane, Daniel Jouvance, 75 ml, 75 ⏠7 Stimulskin Plus crĂšme rĂ©gĂ©nĂ©rante absolue, Darphin, 50 ml 218 ⏠8 CrĂšme rĂ©gĂ©nĂ©ration intense, La Mer, 30 ml, 165 ⏠9 CrĂšme riche correction rides Hyallu-procollagĂšne, Thalgo, 50 ml, 68 ⏠10 CrĂšme mains rĂ©paratrice, Alga Cicosa, Laboratoires de Biarritz, 50 ml, 9,90 ⏠11 SĂ©rum Oxybooster 3 en 1, AlgoĂ©clat, Algotherm, 30 ml, 49 ⏠12 SĂ©rum booster aux 5 OmĂ©gas, Novexpert, 30 ml, 50 ⏠13 SĂ©rum Hydra-gold, Les Thermes Marins de Saint-Malo, 30 ml, 42 âŹ.
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