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La magie des algues pour prendre soin de soi.

Texte Valentine Petry

VITAMINES SEA

Pour les labos, les algues sont le nouveau Graal, en phase avec la nature. RĂ©coltĂ©s, cultivĂ©s, rĂ©pliquĂ©s, ces trĂ©sors sont aussi bons pour la santĂ© de notre peau que pour notre Ă©quilibre alimentaire. EnquĂȘte dans un ocĂ©an de ressources.

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es maisons de cosmĂ©tiques les glissent un peu partout sans en faire forcĂ©ment la promotion. Les algues sont pourtant un ingrĂ©dient qui rĂ©pond Ă  toutes les demandes du moment : il est facile de s’en procurer auprĂšs de producteurs locaux (le littoral breton est devenu le rĂ©servoir du monde entier), elles permettent d’augmenter le taux de naturalitĂ© d’une formule Ă  moindres frais (un sĂ©same quasi obligatoire aujourd’hui) et, surtout, les espĂšces sont tellement nombreuses que le potentiel semble infini. GĂ©lifier une texture, adoucir sans apport pĂ©trochimique, mais aussi raffermir les tissus, exfolier, hydrater, protĂ©ger, rĂ©gĂ©nĂ©rer, reminĂ©raliser... on peut tout faire ou presque avec les algues. D’oĂč l’engouement des industriels, au-delĂ  des marques de cosmĂ©tiques, voire une course au trĂ©sor vert. Selon les espĂšces, elles peuvent avoir une valeur nutritive intĂ©ressante, notamment pour les populations qui souffrent de carences alimentaires. Elles peuvent entrer Ă©galement dans la composition de colles, gels et autres objets du quotidien. Ou remplacer la matiĂšre plastique. Et les biocarburants de la troisiĂšme gĂ©nĂ©ration y font largement appel. «L’agriculture reste aujourd’hui l’industrie la plus consommatrice, car certaines algues protĂšgent les cultures de maladies, ce sont des phytostimulants. Comme elles sont compatibles avec les labels bio, elles sont plĂ©biscitĂ©es », explique Chris Bower, directeur de recherche au CNRS et membre de la Fondation Tara OcĂ©an. De quoi s’inquiĂ©ter ? « Elles ne sont pas en danger», relativise le scientifique. «Mais, depuis une dizaine d’annĂ©es, la demande est telle qu’une agriculture de masse est envisagĂ©e. Les espĂšces sauvages ne sont pas assez productives pour y rĂ©pondre. On rĂ©flĂ©chit donc Ă  la façon de monter une filiĂšre pour cultiver les macroalgues [celles que l’on voit Ă  l’oeil nu, NDLR], un peu comme on l’avait fait pour l’aquaculture des poissons. En Asie, cela existe depuis des dĂ©cennies, mais ce n’est pas le cas en Occident. Il faut, par exemple, amĂ©liorer les souches et les sĂ©lectionner: c’est ce qui a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© depuis des siĂšcles dans l’agriculture terrestre. » En cosmĂ©tique, les stratĂ©gies sont diffĂ©rentes selon les besoins. La Mer, l’une des premiĂšres marques Ă  avoir fait des algues son ingrĂ©dient star, rĂ©colte de façon durable la Macrocystis pyrifera, prĂ©sente dans tous ses produits, au large de la cĂŽte pacifique, car c’est lĂ  que sont rĂ©unies les conditions optimales pour obtenir la meilleure qualitĂ©. De son cĂŽtĂ©, Phytomer en cultive depuis vingt ans. «Nous avons peu recours aux algues sauvages », explique Romuald VallĂ©e, directeur de la communication scientifique. « Et nous avons mis au point une charte trĂšs prĂ©cise pour ne couper qu’une partie des plantes sans les abĂźmer. Lorsqu’elles sont trĂšs petites et mĂȘlĂ©es Ă  d’autres, on ne les ramasse pas, on prĂ©fĂšre prĂ©server la biodiversitĂ©. » L’entreprise en cultive certaines en mer et, comme beaucoup d’autres marques (dont l’innovante Algologie, par exemple), en laboratoire, car le procĂ©dĂ© permet d’obtenir des actifs purs et ino-

Ldores. « Nous utilisons les biotechnologies bleues pour faire grandir des microalgues en aquarium», prĂ©cise Romuald VallĂ©e. «Il suffit de prĂ©lever quelques grammes en mer pour en produire plusieurs tonnes.» Justement, ces microalgues sont le grand terrain de dĂ©couverte du moment. Aujourd’hui, on parle mĂȘme de microbiome marin, soit l’ensemble des micro-organismes qui composent l’eau de mer (une goutte contient un million d’ĂȘtres vivants – des microalgues donc, mais aussi des bactĂ©ries, des virus inoffensifs, du plancton
). Tous ces Ă©lĂ©ments crĂ©ent des acides aminĂ©s, des vitamines, des minĂ©raux et autres molĂ©cules indispensables Ă  la vie. « Ce “peuple invisible” assure les mĂȘmes fonctions que les plantes, soit la moitiĂ© de la photosynthĂšse de la planĂšte. Il gĂ©nĂšre de la matiĂšre organique, notamment pour nourrir les poissons », rappelle Chris Bower. L’équilibre de ce microbiome est nĂ©cessaire Ă  la santĂ© des ocĂ©ans, un peu comme le microbiote intestinal influe sur le corps tout entier. Les recherches sur le sujet se dĂ©veloppent depuis vingt ans Ă  peine, car les mĂ©thodes utilisĂ©es pour l’étudier, comme le sĂ©quençage de l’ADN, sont trĂšs rĂ©centes. Mais on pense qu’il est la source des produits de demain. « On cherche Ă  identifier des marqueurs lorsqu’il y a des dĂ©sĂ©quilibres. Cela permet toutes sortes d’applications. Les fameux tests PCR employĂ©s pour dĂ©pister la Covid-19 ont Ă©tĂ© créés grĂące Ă  une enzyme identifiĂ©e dans le microbiome marin », explique Chris Bower. Bref, si les algues sont encore difficiles Ă  glamouriser (Ă  notre grand regret), elles sont indispensables.

« CE PEUPLE INVISIBLE ASSURE LES MÊMES FONCTIONS QUE LES

PLANTES, SOIT LA MOITIÉ DE LA PHOTOSYNTHÈSE DE LA PLANÈTE »

DES ALGUES FAÇON SECONDE PEAU

On ne connaĂźt qu’une infime partie des espĂšces d’algues (leur nombre total varie selon les estimations de 30.000 Ă  plusieurs millions!), mais c’est un domaine de recherche bouillonnant. Les entreprises et les laboratoires spĂ©cialisĂ©s, souvent bretons ou situĂ©s sur la cĂŽte basque ou en Scandinavie, en Ă©tudient des centaines, en sĂ©lectionnent certaines pour leurs propriĂ©tĂ©s et stockent toutes leurs donnĂ©es dans des «banques». Les plantes utilisĂ©es, souvent soumises Ă  des conditions extrĂȘmes, ont dĂ©veloppĂ© des capacitĂ©s de dĂ©fense intĂ©ressantes. Le point sur quelques-uns de ces actifs.

UNE BOMBE ANTIOXYDANTE. Les Laboratoires de Biarritz rĂ©coltent une algue endĂ©mique de la cĂŽte basque. « On ramasse celles qui sont Ă©chouĂ©es sur les plages », prĂ©cise AgnĂšs Castelli, responsable de la communication. « Depuis des millĂ©naires, elles sont exposĂ©es Ă  de forts courants marins, au vent et au soleil. Elles ont donc mis en place des stratĂ©gies pour neutraliser les radicaux libres. » La marque s’appuie sur deux molĂ©cules diffĂ©rentes, l’une antioxydante, l’autre rĂ©paratrice.

UN FERMENT EXFOLIANT ET ULTRA-DOUX. Exfolier en douceur, c’est possible. « Nous utilisons un ferment d’algue qui contient de l’acide lactique. Il permet de remplacer les acides de fruits et d’effectuer des peelings bien mieux tolĂ©rĂ©s par la peau », explique Isabelle Contini, directrice de la communication pour Thalgo.

UNE ALTERNATIVE AU RÉTINOL. La marque Diadermine utilise, elle, une algue mĂȘlĂ©e Ă  de la criste-marine, qui pousse sur les rochers et est confrontĂ©e au vent. Cette forte rĂ©sistance aux Ă©lĂ©ments en fait une alternative naturelle au rĂ©tinol en favorisant le

renouvellement cellulaire. Résultat : une peau plus lisse.

DU WAKAMÉ ANTI-INFLAMMATOIRE ET CICATRISANT. L’Alaria esculenta, une algue brune de la famille du wakamĂ©, survit au froid extrĂȘme du Groenland et est capable de stocker des nutriments et de s’autocicatriser pour repousser jusqu’à 10 centimĂštres par jour. Biotherm l’emploie sur la peau pour rĂ©duire les inflammations provoquĂ©es par les UVB et rĂ©activer le mĂ©tabolisme des cellules. Un excellent anti-Ăąge.

UNE ALGUE BRUNE ANTI-ODEURS. Constamment balayĂ©e par les courants marins, la Laminaria digitata, qui vit sous les rochers et n’émerge que lors des grandes marĂ©es, sĂ©crĂšte des oligosaccharides. Biotherm l’associe au zinc pour son pouvoir antibactĂ©rien, ce qui permet de cibler les bactĂ©ries responsables des odeurs. IdĂ©al dans les dĂ©odorants.

BIENTÔT, DES FILTRES SOLAIRES ? Cela n’est pas impensable. « De nombreux laboratoires et marques de cosmĂ©tiques s’intĂ©ressent de prĂšs aux phytoplanctons qui savent trĂšs bien se protĂ©ger du soleil », s’enthousiasme Chris Bower. Les experts sont unanimes : un jour, on trouvera probablement un vĂ©gĂ©tal marin suffisamment protecteur pour faire office de filtre solaire.

À LA PÊCHE AU COLLAGÈNE MARIN

Il est prĂ©sent dans beaucoup de complĂ©ments alimentaires pour repulper la peau et lisser les ridules. En Europe, le collagĂšne marin est majoritairement produit par les Ă©leveurs de saumon. La chair est rĂ©servĂ©e Ă  l’alimentation. La tĂȘte, les arĂȘtes et la queue sont traditionnellement destinĂ©es Ă  la nourriture pour les animaux. « Or, ce sont les parties les plus riches en nutriments», remarque James Berger, directeur de l’innovation chez Hofseth BioCare, une entreprise de complĂ©ments alimentaires basĂ©e en NorvĂšge. «Et cela reprĂ©sente plus de 30% de la masse du poisson. » Des chercheurs ont rĂ©ussi Ă  isoler le collagĂšne au sein de ces parties, mais aussi du calcium et de l’huile, aux bĂ©nĂ©fices nombreux pour la santĂ© (et pas seulement pour la peau). La qualitĂ© des diffĂ©rents complĂ©ments alimentaires proposĂ©s sur le marchĂ© est due aux processus de fabrication, notamment Ă  la mĂ©thode d’hydrolyse, qui influe sur la façon dont le corps absorbera les molĂ©cules utiles. On privilĂ©gie donc les supplĂ©ments qui bĂ©nĂ©ficient d’études prouvant leurs bĂ©nĂ©fices: c’est le cas de ceux de Hofseth BioCare ou encore de D-Lab. On suit Ă©videmment les doses recommandĂ©es et on les consomme avec des boissons froides afin de ne pas altĂ©rer les molĂ©cules.

ELLE crush

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VITAMINES SEA

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1 Ampoule Life Plankton, Biotherm, 8 x 1,3ml, 49,50 € 2 Huile de Pen Lan corps et cheveux, Algologie, 50 ml, 25 € 3 Fluide hydratant correcteur de peau Ă  l'algue marine, Nuxe Bio, 50 ml, 39 € 4 SĂ©rum nourrissant antistress, Wakame Annayake, 30 ml, 54,90 € 5 Poudre d'algues et d'huiles essentielles Tonique dĂ©tox aux algues, L:A Bruket, 240 ml, 45 € 6 CrĂšme jeunesse fondamentale, AuracĂ©ane, Daniel Jouvance, 75 ml, 75 € 7 Stimulskin Plus crĂšme rĂ©gĂ©nĂ©rante absolue, Darphin, 50 ml 218 € 8 CrĂšme rĂ©gĂ©nĂ©ration intense, La Mer, 30 ml, 165 € 9 CrĂšme riche correction rides Hyallu-procollagĂšne, Thalgo, 50 ml, 68 € 10 CrĂšme mains rĂ©paratrice, Alga Cicosa, Laboratoires de Biarritz, 50 ml, 9,90 € 11 SĂ©rum Oxybooster 3 en 1, AlgoĂ©clat, Algotherm, 30 ml, 49 € 12 SĂ©rum booster aux 5 OmĂ©gas, Novexpert, 30 ml, 50 € 13 SĂ©rum Hydra-gold, Les Thermes Marins de Saint-Malo, 30 ml, 42 €.

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