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Une maison entièrement autogérée

En reliant une installation photovoltaïque, un accumulateur, un chauffe-eau électrique, une pompe à chaleur et une station de recharge, un bâtiment peut devenir à lui seul une petite centrale électrique durable. C’est ce que nous prouve aujourd’hui cet immeuble d’habitation situé à Auslikon.

Texte: Judith Brandsberg

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Sur le terrain dont Willi Schellenberg a hérité de ses parents, à Auslikon, se tenaient deux vieilles granges dont plus personne n’avait l’utilité. Willi Schellenberg les a alors fait démolir et a décidé de faire construire un immeuble d’habitation: «J’ai toujours voulu quelque chose d’intelligent sur le plan énergétique», explique-t-il. Cette maison de six logements a ainsi été conçue conformément au label Minergie. Sur le toit, une installation photovoltaïque génère de l’électricité, tandis que le chauffage et l’eau chaude sont produits par des sondes géothermiques et une pompe à chaleur. Un système de gestion énergétique permet d’optimiser l’exploitation des différentes ressources. Il permet non seulement aux logements d’être gérés grâce à un regroupement de consommation propre (RCP, voir encadré), mais également à la consommation propre de l’immeuble d’être optimisée. Cela garantit avant tout l’utilisation du courant autoproduit et assure la mise en route des appareils tels que la pompe à chaleur ou le chauffe-eau uniquement lorsque cela se révèle nécessaire.

Un système de gestion énergétique modulaire «On ne met généralement pas tout en place d’un coup; les choses se font petit à petit. Il est donc judicieux d’installer un système de gestion énergétique modulaire», précise le fournisseur Ronny Kleinhans de l’entreprise

 Willi Schellenberg (propriétaire, à droite) et Ronny Kleinhans d’Invisia dans un des appartements loués. Invisia. «Ce genre de système de commande représente un gros investissement; pourtant, il est avantageux à long terme», poursuit Ronny Kleinhans. Dans le cas de la maison des Schellenberg par exemple, les six places de parking sont déjà prêtes à recevoir une future station de recharge pour les véhicules électriques. Les câbles et les conduites sont déjà aux bonnes dimensions et l’ampérage est suffisant. Lorsque le premier locataire s’équipera d’une voiture élec

«Nous pouvons proposer à nos locataires une maison attrayante.»

Willi Schellenberg

trique, une station de recharge sera installée, et le véhicule chargé à l’énergie solaire. L’éventuelle installation d’un accumulateur destiné à stocker l’excédent d’électricité produite est elle aussi déjà envisagée. «Pour le moment, nous avons laissé de côté l’accumulateur, parce que nous souhaitons attendre un retour d’expériences concrètes sur le sujet», indique Willi Schellenberg. Le taux de consommation propre s’élève actuellement à environ 50%, ce qui est un bon chiffre.

Un calcul simple Le calcul des charges ne prend pas beaucoup de temps à Willi Schellenberg. En un clic, il exporte un tableau dans lequel sont

 Le propriétaire facture directement le coût de l’énergie solaire consommée à ses locataires.

 Les utilisateurs de ce système peuvent suivre leur consommation individuelle en temps réel sur une application web.

 Lorsque le témoin LED s’allume, cela signifie que la quantité d’électricité produite par la maison est supérieure à celle consommée.

détaillées toutes les consommations ainsi que leur coût en francs suisses. Les contrats de location sont établis de sorte à pouvoir facturer directement l’énergie solaire aux locataires. «Nous demandons le même tarif que le gestionnaire de réseau, à savoir plein tarif le jour et tarif réduit la nuit», explique

«Investir dans un système de gestion énergétique est avantageux à long terme.»

Ronny Kleinhans

Willi Schellenberg. Le bâtiment ne compte qu’un seul compteur principal appartenant aux services communaux de Pfäffikon. Des compteurs privés mesurent la consommation électrique des appartements, le coût du

chauffage et de l’eau chaude, ainsi que la consommation d’eau. Sur son application, le propriétaire voit quel logement a consommé quelle quantité d’énergie, et quelles ont été les proportions entre électricité solaire et électricité du réseau public. Les données sont conservées par le système pendant dix ans au maximum.

D’un grand attrait pour les locataires Dans chaque logement loué, un témoin LED s’allume lorsque les panneaux solaires produisent plus d’électricité que ce qui est consommé. Les locataires peuvent ainsi savoir si «leur» maison produit de l’électricité par elle-même. Plus tard, les locataires pourront même avoir accès aux données de consommation via une application. De plus en plus, les locataires choisissent des habitations conformes au label Minergie, ou qui permettent de réduire les émissions de CO 2 . Bien souvent, les loyers demandés dans de tels logements ne sont pas

véritablement plus élevés que dans d’autres

locations et, en plus, les locataires économisent sur les charges. «Nous avions mentionné ces points dans notre annonce, mais nous n’étions pas pour autant certains de réussir à trouver preneurs», explique Wi lli Schellenberg. Crainte injustifiée, puisque tous les logements sont loués. Et pour cause: les Schellenberg peuvent en effet proposer à leurs locataires des logements particulièrement attrayants.

www.invisia.ch

Un RCP autogéré

Depuis janvier 2018, il est possible de créer un regroupement de consommateurs propres, l’objectif étant que l’énergie solaire produite soit le plus possible utilisée au sein même de l’habitation. Cette tâche est gérée par un système de gestion énergétique. Une application permet de visualiser la consommation électrique de la maison, et le propriétaire, lui, a également accès aux tarifs. Le système établit des comparaisons entre l’électricité du réseau public et l’électricité verte. Les coûts d’investissement dans un tel système étant importants, le plus judicieux reste de toujours prendre en compte l’ensemble des coûts.