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Belgique
from D3Mag, décembre 2022
by DouniaNews
L’architecture institutionnelle de la Belgique
histoire et clivages Jean FANIEL1
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La Belgique traverse la plus longue crise politique de son histoire. La durée de formation du gouvernement fédéral a battu tous les records. Pourtant, le pays continue à fonctionner et les administrations tournent toujours. La décentralisation poussée, le rôle des Communautés et des Régions, à côté de celui de l’Autorité fédérale, expliquent en bonne partie cette situation. À la veille d’une réforme institutionnelle majeure, il est utile de brosser à grands traits les caractéristiques de l’État belge actuel. Un détour par l’histoire, et une attention particulière pour les clivages qui structurent la société belge, aident à y voir plus clair et permettent également de comprendre pourquoi revendications francophones et flamandes s’opposent de manière apparemment insoluble. 1)
La Belgique unitaire L’État créé en 1830 est un État unitaire, dirigé par un parlement bicaméral (Chambre des représentants et Sénat) et un gouvernement central. C’est une monarchie constitutionnelle. Le Roi n’est cependant pas responsable, ce sont ses ministres qui le sont. Le système judiciaire est pyramidal. Seul le français est considéré comme langue officielle, bien qu’il soit parlé par une fraction minoritaire de la population2 . Le territoire est découpé en provinces, au nombre de 9, et en communes (au nombre de 2 492 ; le maximum est atteint en 1928 avec 2 675 communes ; actuellement, le pays en compte 589, soit 19 en région bruxelloise, 308 en Flandre et 262 en Wallonie).
Seuls les plus fortunés ont le droit de vote (suffrage censitaire). L’imposition du français comme seule langue officielle traduit une domination à la fois culturelle et sociale. Cette langue est en effet celle de l’aristocratie, de la bourgeoisie et plus largement des élites. De cette situation va naître une tension, base de ce qu’on appelle aujourd’hui le clivage centre/périphérie. Ce clivage est également présent dans d’autres États européens, opposant, comme l’ont théorisé S. M. Lipset et S. Rokkan3 , les défenseurs du Centre et ceux de la Périphérie (tels les indépendantistes basques ou les autonomistes catalans en Espagne, le Scottish National Party au sein du Royaume-Uni, etc.). En réaction à la domination du français apparaît dès les années 1830 un mouvement flamand qui, progressivement, va revendiquer la possibilité pour les Flamands de s’exprimer dans leur langue dans une série de démarches liées à l’exercice de l’autorité publique : administration, justice et enseignement en particulier. Il faut attendre plus longtemps (le premier « congrès wallon » a lieu en 1890) pour voir apparaître un mouvement wallon porteur de revendications. Celui-ci est avant tout réactif face à l’influence jugée grandissante des Flamands au sein de l’État belge. Entre temps en effet, l’usage du néerlandais4 a été autorisé petit à petit à certains niveaux de la justice, de 1 Jean Faniel est Chargé de recherche au CRISP, le Centre de recherche et d’information socio-politiques.
Cet article est la version résumée et remaniée de l’exposé présenté le 28 mai 2011 à Namur à l’invitation du CEFOC. 2 Le recensement de 1846 évoque le chiffre de 42 % de la population, mais il semble plus raisonnable d’évaluer cette proportion à 10 ou 15 % de la population totale du pays. MABILLE, Xavier, Histoire politique de la Belgique. Facteurs et acteurs de changement, Bruxelles, CRISP, 2000 (4e édition), p. 129. 3 LIPSET, Seymour M., ROKKAN, Stein, Structures de clivages, systèmes de partis et alignement des électeurs : une introduction, Bruxelles, éditions de l’Université de Bruxelles, 2008. Ce texte est paru à l’origine en anglais en 1967. 4 « La langue flamande, après une belle floraison au moyen âge, s’était divisée en un grand nombre de dialectes locaux ; il est symptomatique qu’en 1867, le gouvernement ait imposé l’orthographe hollandaise pour normaliser le flamand (de fait, en langue législative on parle toujours de « langue néerlandaise » et pas de « langue l’administration et de l’enseignement (respectivement à partir de 1873, 1878 et 1883). Il apparaîtra peu à peu que ce mouvement wallon est loin d’être homogène. On trouve en son sein des tenants du rattachement de la Wallonie à la France, des partisans de l’indépendance de la Wallonie et des militants promouvant l’existence d’une région autonome au sein d’une Belgique fédérale5 .
Naissances et fécondité
9.412 naissances en octobre Statbel publie aujourd’hui les résultats mensuels provisoires de la statistique sur les naissances.
Les premiers chiffres provisoires montrent que 9.412 bébés sont nés en octobre 2022 en Belgique : 5.246 en Flandre, 2.937 en Wallonie et 1.229 en Région de Bruxelles-Capitale.
Ces résultats ont été calculés sur la base de Demobel(This hyperlink opens a new window), la base de données démographiques de Statbel (source : Registre national).
Ces chiffres sont provisoires et ne permettent, dès lors, pas encore de tirer des conclusions claires, ni sur une base mensuelle ni sur une base annuelle. Pour cela, nous devons attendre la publication finale des chiffres de la population au 1er janvier https://statbel.fgov.be/fr/themes/population/naissances-et-fecondite
Femmes marocaines
Entre éthique et esthétique
Pour la première fois, productions anciennes et créations récentes sont mises en dialogue, dans un riche parcours narratif présentant une grande quantité d’objets datant du XVIe siècle à nos jours: objets traditionnels et cultuels, vêtements, ornements, talismans et bijoux, documents d’archives, photographies et dessins, tableaux orientalistes provenant de la Collection Dahan- Hirsch qui tient une place particulière dans la sauvegarde du patrimoine culturel et civilisationnel du Maroc, dont nous mesurons ici la grande valeur historique et affective.
Le parcours narratif se déroule sur quatre espaces thématiques :
1) les origines ethniques du Maroc au cours desquels le corps des filles et des femmes a été façonné par une société très structurée encadrant tous les âges de la vie ;
2) l’éthique et les coutumes imposées aux femmes ainsi que les motivations – toujours à l’œuvre – de ces usages très codifiés et les règles d’apparence ;
3) l’esthétique où le corps des femmes est magnifié, paré, mais aussi caché, contrôlé et soumis à des injonctions multiples, tout au long de l’existence : les traditions ayant articulé les attributs de la beauté aux impératifs de la morale dans un rapport au corps centré sur la sexualité et la procréation ;
4) l’orientalisme ou l’imaginaire des “orientalistes” des XIXe et XXe siècles
Du 8 décembre 2022 au 30 avril 2023 au Musée Juif de Belgique. Cette exposition Femmes marocaines - Entre éthique & esthétique revisite les règles d’apparence dans l’esthétique marocaine, explore l’éthique et les coutumes imposées aux femmes ainsi que les motivations - toujours à l’œuvre - de ces usages très codifiés.
Musée Juif de Belgique
Rue des Minimes 21 : 1000 Bruxelles : Belgiqu info@mjb-jmb.org - T+32 (0)2 512 19 63 - www.mjb-jmb.org
€ 10 – tarif réduit: €7 (seniors, étudiants, carte culture voisin.es)
Visiter les musées :
Expérience, appropriation, participation
La visite du musée se révèle être une expérience sociale, non seulement parce qu’elle permet d’élaborer le sens de pratiques dominées par un principe d’hétérogénéité, mais aussi parce qu’elle soumet l’identité narrative des individus à l’épreuve de la réflexivité (Cordier, 2005 ; Debary & Roustan, 2012).
La visite est une activité, une action ou un événement qui peut s’appréhender à travers des interactions entre de multiples composantes : le visiteur, ses accompagnateurs, les autres visiteurs, l’espace de l’exposition, le bâtiment, les personnels d’accueil, les objets, les textes, etc. Il faut ainsi tenir compte des motivations du visiteur, de ses connaissances et attitudes à l’égard de ce qui est présenté, des styles d’apprentissage, de la présence de compagnons de visite et de la possibilité qui leur est donnée d’avoir des activités communes, de la structuration de l’exposition et des conditions d’orientation spatiale et conceptuelle, de la diversité des médiations proposées et des dispositifs médiatiques présents. Cette liste des variables est longue ; elle est cependant loin d’être exhaustive.