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Pauline-Marie Jaricot (1799-1862), une âme de feu � �

À la rencontre de

u Béatifiée le 22 mai u

Père Philippe Curbelié

La Révolution française bouleversait l’Europe et touchait tant la société que l’Église lorsque naquit à Lyon, le 22 juillet 1799, dans un milieu bourgeois et pieux, profondément attaché à l’Église, Pauline-Marie Jaricot. Benjamine d’une famille de sept enfants, ses visites au Saint-Sacrement et la communion fréquente lui offrent très tôt une intimité avec le Seigneur. Plus tard, elle goûte l’élégance et les mondanités quand, un dimanche de 1816, en l’église Saint-Nizier, un sermon du jeune abbé Würtz sur la vanité déclenche en elle une véritable conversion intérieure: à 17 ans, elle décide d’abandonner ses toilettes, ses bijoux, ses romans, etc.

Le 25 décembre de cette même année, Pauline fait vœu de chasteté perpétuelle dans la chapelle de Fourvière. Elle progresse dans la vie intérieure sur « le chemin mystique de la réparation et de la charité ». En regroupant de jeunes ouvrières et domestiques pour une vie de piété et d’action, elle fonde les Réparatrices du Cœur de Jésus offensé et méconnu afin de réparer la ruine spirituelle causée par la Révolution, recueillir et éduquer les enfants des rues, soigner les pauvres malades de l’Hôtel-Dieu.

À l’automne 1819, elle a l’idée de récolter des fonds pour la mission en organisant ses associés par dizaines, par centaines puis par milliers. Ce plan simple et facile s’étend rapidement jusqu’à devenir le moteur de l’Œuvre de la Propagation de la Foi, officiellement fondée le 3 mai 1822. Cette œuvre, qui se répandra dans le monde entier, sera déclarée pontificale en 1922, ce qui vaudra à Pauline d’être souvent désignée comme « la mère des Missions ».

En cette même année 1822, Pauline rédige L’Amour infini dans la divine Eucharistie qui atteste l’enracinement de toute son action dans l’Eucharistie, « fontaine divine, source de tous les autres sacrements ». Trois années de vie contemplative lui font comprendre, en étant enlevée à l’agitation de ses activités, la force et la nécessité de la prière.

À la suite du Jubilé de 1825, elle donne naissance, en 1826, à l’œuvre du Rosaire Vivant: « … une association accessible pour tous, qui produirait l’union avec la prière, et dont l’unique et courte pratique, n’effrayant personne, faciliterait aux fidèles l’usage de la méditation quotidienne, ne fût-elle que de quelques minutes, sur les mystères de la vie et de la mort de Jésus Christ ». L’œuvre va se développer, elle aussi, de façon considérable jusqu’à compter, à la mort de Pauline, 2250000 associés rien qu’en France.

Le 15 août 1832, Pauline s’installe sur les pentes de Fourvière pour une vie d’adoration et de prière, ordonnée à l’action charitable. Elle est alors reconnue et respectée.

En 1835, revenue guérie d’un pèlerinage à Mugnano del Cardinale, non loin de Naples, elle promeut la dévotion à Sainte Philomène jusqu’à Ars.

En 1845, Pauline Jaricot lance un nouveau plan d’évangélisation. Elle investit dans une usine modèle assurant des conditions de vie décentes aux ouvriers afin de pouvoir les catéchiser et faire d’eux les meilleurs relais de la foi auprès des leurs. Aux mains de gérants qui se comportent comme des escrocs, l’affaire fait faillite et l’usine sera vendue dans des conditions déplorables en 1852. Considérant les pertes de ses gérants comme une dette d’honneur, elle passe le restant de ses jours à quêter pour rembourser et finit inscrite au bureau d’indigence de la ville de Lyon. Le curé d’Ars dira d’elle en chaire: « Ô mes frères, je connais quelqu’un qui a beaucoup de croix et de très lourdes et qui les porte avec un grand amour: c’est Mademoiselle Jaricot. »

En 1861, la maladie de cœur de Pauline s’aggrave. Après avoir reçu les derniers sacrements, elle meurt à Lyon, dans sa maison de Lorette, le 9 janvier 1862, ayant pardonné à tous ses détracteurs.

Sa vocation exceptionnelle embellit une longue tradition de témoins du Christ, remontant aux martyrs de Lyon et à saint Irénée, et poursuit l’œuvre entreprise pour répandre l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre. n

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