Elvis Pompilio

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Fashion Design

ELVIS POMPILIO

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ELVIS POMPILIO

Couverture : Chapeau Fleurs en argent PortĂŠ par Elvis Pompilio (2011)


Chapeau pour ThĂŠmis (2011)


HOW TO BECOME A MILLINER

ELVIS POMPILIO

Au bout de 35 ans de carrière, Elvis Pompilio revient pour nous sur son parcours, son travail, ses collaborations avec les grands noms de la mode internationale. Aujourd’hui, le chapelier renoue avec un travail artisanal et personnalisé, en solo, dans la boutique atelier qu’il a ouverte l’an dernier à Bruxelles. Militant contre la mondialisation, la banalité et le prêt-à-jeter, il gère au plus près chaque étape de ses créations. Avec cette dose d’excentricité, qui les rend toutefois portables par tout un chacun.

Qu’est-ce qui a marqué vos débuts dans la création de chapeaux ? Mes premières amours étaient les arts plastiques, que j’ai étudiés à Liège, mais j’ai toujours été passionné par le look, la mode, l’élégance. Très jeune, il y a de cela 30-35 ans, je faisais des vitrines chez une amie qui vendait du vintage de luxe, de véritables pièces de musée. J’y avais ma propre clientèle. J’ai commencé sans un franc, et même si au début on me disait que j’étais fou de me lancer dans le chapeau, j’ai finalement relancé le chapeau en Belgique. Pourquoi avoir quitté Liège pour Bruxelles ? Liège est une ville de province, et plus encore à l’époque. Tout ce qui était excentrique ou frivole était mal vu. Les gens y étaient vêtus dans le style des années 70, baba cool, et écoutaient Pink Floyd, tandis que j’étais plus d’avant-garde et inspiré par la musique punk. Je voulais aller de l’avant et sortir de la banalité. J’ai toujours été un peu révolté, martien...



Vues d’atelier Collection privée (2011) Croquis réalisé par Elvis Pompilio


L’an dernier est parue une biographie, Vie Privée, écrite par votre associé, Jean-Paul Masse de Rouch. Quels en sont les moments forts ? Il me connaît depuis 25 ans et sait tout de ma vie, ma famille, mon caractère. C’est comme si c’était moi. J’ai lu le début, puis l’ai laissé tout écrire de son côté. Il a intégré mon univers tout en ayant le sien, et on est complémentaires. Le début de cette autobiographie est particulièrement important, j’avais reçu peu d’aide de ma famille, je débarquais à Bruxelles... Ce qui me marque aussi, c’est d’être arrivé à être mondialement connu, tout en restant en Belgique, et de montrer aux jeunes qu’on peut y arriver à partir de peu. Depuis 2010, vous avez fermé vos boutiques et points de vente un peu partout dans le monde pour centrer votre production dans votre boutique atelier à Bruxelles... J’avais envie de revoir les gens porter des chapeaux comme dans les années 40 ou 50. Des créations de qualité, faites à la main, adaptées à chacun. Pas de choses prêtes-à-jeter, dans un contexte mondialisé. Avec mes boutiques, j’étais devenu un gestionnaire, un homme d’affaires, et non plus un créatif.

J’aurais pu développer la marque EP et la faire fabriquer en Chine, comme tout le monde. Aujourd’hui, que vous alliez à Saint-Pétersbourg ou à Milan, on voit partout la même chose. De mon côté, je préfère alors les magasins de seconde main qui vendent des pièces magnifiques et je trouve plus important de faire travailler des gens issus de pays autour de nous. Depuis ce revirement, vous travaillez essentiellement seul ? Oui, j’ai mes propres clients et ma propre collection, et je gère chaque étape de mon travail : image, logo, changements de décoration. Avant, on était une équipe de 40, et j’avais des boutiques partout dans le monde, 100 points de vente au Japon... Aujourd’hui, j’ai choisi de faire autrement, de vivre au jour le jour. Chaque projet me passionne, et je veux m’y donner pleinement.


Enseigne de la boutique d’Elvis Pompilio à Bruxelles créée par Marcin Sobolev et Pasquale Bonfilio (2010)





Double page et page précédente : Défilé à Milan, coulisses (2011)

La boutique atelier a-t-elle été aménagée à cet effet ? Mes créations sont disposées à chaque étage et un atelier me permet de les perfectionner sur place. Le lieu est idéalement situé, dans un hôtel particulier du quartier du Grand Sablon, à l’entresol et au bel étage. L’idée est également de privilégier les contacts et l’échange avec la clientèle, de partager l’esprit de création et le plaisir de créer. La boutique est ouverte uniquement les vendredis, samedis et dimanches ainsi que sur rendez-vous. De quoi est faite la collection Elvis Pompilio automne-hiver 11/12 ? Elle est centrée sur le monde animal, avec des cagoules dotées d’oreilles en angora, beaucoup de mouton retourné, notamment mêlé à du feutre pour les casquettes, des chapeaux en forme de petits vêtements en cachemire. Comment vous réinventez-vous au fil du temps ? Mon inspiration reste toujours la même, je suis assez constant dans ce que j’aime. Je la trouve beaucoup dans la nature, j’aime le soleil, mais aussi les lieux gris comme l’Écosse ou la Suède. Je puise également dans la ville, les

clochards de la rue, etc. On peut porter mes chapeaux de différentes façons. Chacun est conçu comme si c’était le premier. Dans la création, on fait des choses exceptionnelles de temps en temps. De plus, mes chapeaux ne sont pas impayables, ils coûtent 300 ou 400 euros en moyenne. Par ailleurs, je me laisse porter par mes différentes collaborations.



Double page et pages suivantes : Défilé à Milan (2011) Créations inspirées par le monde des contes de fées, des princesses et de la nature





Vous avez collaboré avec les plus grands noms de la mode : Chanel, Mugler, Louis Féraud... mais aussi, de manière récurrente, avec Ann Demeulemeester, Véronique Branquinho et Véronique Leroy. Je collabore avec Ann Demeulemeester depuis 20 ans et depuis lors, chaque saison est un nouveau défi, j’entre dans son univers et m’imprègne de sa philosophie. Même si cela reste le même type de travail, j’essaie toujours de la surprendre. Ann fait partie des 20 meilleurs créateurs au monde. Travailler avec elle est difficile, mais elle me dit toujours que ce que je fais est merveilleux. De même, Véronique Branquinho et Véronique Leroy sont des personnes dont je respecte le travail, très précis et avec un vrai style. Autrement, je ne pourrais pas travailler avec elles. Vous créez également pour des marques commerciales comme la Maison Wittamer et êtes directeur artistique de Schweppes. En quoi cela consiste-t-il ? Pour Wittamer, j’ai imaginé des petites pralines en forme de reproductions de casquettes et de chapeaux pour la dernière fête des mères. Pour Schweppes, j’ai dessiné du petit mobilier, des

accessoires, des badges, des fresques, des pailles en métal. Autant d’objets faits pour être conservés. Les commandes émanent également de stars comme Étienne Daho, Arielle Dombasle ou Blondie. Quels sont vos échanges, ensuite ? La plupart du temps, je prône la discrétion et montre à peine aux gens que je les connais ou les reconnais. Quand j’ai vu Blondie porter un de mes chapeaux sur la tête, je lui ai juste dit que j’étais fan, et elle m’a répondu : « Parlons plutôt de vous. » Il y a quelques années, Francis Huster et Cristiana Reali m’ont croisé et demandé de prendre une photo avec eux. Cela fonctionne plutôt dans ce sens-là. Un jour aussi, Joan Collins, qui a joué dans la série Dynasty, m’a sauté au cou dans ma boutique à Paris. Mais je n’ai pas fait ce métier pour la reconnaissance.




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COLOPHON

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PUBLISHER Design Friends COORDINATION Stéphanie Rollin LAYOUT Joel Brücher PHOTOGRAPHY Luc Praet, Cici Olsson INTERVIEW Catherine Callico COPY EDITING Nadine Clemens PRINT Faber Imprimerie PAPER Scheufelen (Heaven 42 softmatt) PRINT RUN 500 (Limited edition)

with Carrérotondes asbl MAPPING AUGUST. An Infographic Challenge 2010

ISBN 978-99959-717-1-7 PRICE 5 € DESIGN FRIENDS Association sans but lucratif (Luxembourg) BOARDMEMBERS Silvano Vidale (President) Arnaud Mouriamé (Vice-president) Nadine Clemens (Secretary) Heike Fries (Treasurer) Mike Koedinger (Boardmember) Guido Kröger (Boardmember) Pit Kuffer (Boardmember) Stéphanie Rollin (Boardmember) Anabel Witry (Boardmember)

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This catalogue is published for Elvis Pompilio's lecture at Mudam Luxembourg on November 30, 2011 organized by Design Friends.

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