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La Communauté de communes de l’Ernée déploie un système d’immersion cooling

La Communauté de communes de lʼErnée, soutenue par le département de la Mayenne, devient la 1ère collectivité territoriale française à déployer dans ses locaux un système dʼimmersion cooling, en partenariat avec le Groupe Numains et sa filiale Hyperion. Datacenter Magazine revient sur ce projet avec Laurent LEMAITRE, Responsable Service Système dʼInformation de la Communauté de communes.
Datacenter Magazine : La Communauté de communes de lʼErnée sʼest engagée à déployer deux datacenters durables pour lʼensemble des 15 communes membres de son service commun Systèmes dʼInformation. Pourquoi avoir choisi la solution de lʼimmersion ?
Laurent LEMAITRE : Lʼimmersion est une solution qui colle au besoin de ne pas surclimatiser la salle informatique dans le cadre de notre engagement pour des actions responsables. Dans notre recherche de solutions de Green-IT dans le respect de nos obligations locales, nous avons fait le choix dʼéviter le reconditionnement aux coûts élevés, et de trouver de vraies actions. Cʼest là quʼa émergé lʼidée de lʼimmersion. Nous avons lancé un appel dʼoffre, auquel a répondu le Groupe Numains avec lequel nous travaillons déjà, et dont la situation géographique nous est proche.
Nous éprouvions le besoin de revoir notre infrastructure et de passer par l'hyper convergence. La solution devait décoréler lʼIT du siège, sur deux sites. Un site principal dont toute la chaleur entre dans le préchauffage du centre aquatique et dʼun centre de fitness. Et un site de redondance interconnecté au chauffage classique à eau, avec un PRA (Plan de reprise dʼactivité). Et en plus, gagner sur la sur-climatisation des équipements en air. La solution proposée par le Groupe Numains et sa filiale Hyperion, un bac en immersion sur chaque site, a été retenue après une étude de faisabilité réalisée avec Cegelec DC. Numains est un contact à taille humaine, qui facilite le dialogue et les échanges. Avec lequel nous avons travaillé sur des solutions pour minimiser les impacts. Nous avons également privilégié les acteurs locaux sur le département. Cʼest un saut dans le grand bain !
Quelles étaient les spécificités de votre projet ?
Nous avons conçu ce projet dans lʼoptique dʼun changement de paradigme avec un énorme enjeu environnemental. Cʼest une action qui sʼinscrit dans celui dʼactions plus globales, dont la performance énergétique, subventionnées par le département de la Mayenne. Cʼest un investissement sur 15 ans dont le montant global est public : 506 000 € HT. Les deux bac à immersion ont représenté environ 90 000 € HT - cʼest le coût de lʼinnovation, le saut technologique est couvert par des subventions - auxquels il faut ajouter lʼintégration de la fibre, lʼaménagement des locaux, lʼinfrastructure de PRA (plan de reprise dʼactivité), la maintenance et le licencing. Ce dernier poste de coût représente un cinquième du projet.
On imagine que la relation et l'accompagnement sont essentiels dans ce type de projet innovant.
En effet, et nous avons profité dʼune relation exceptionnelle avec nos prestataires. Il est important de se faire accompagner, surtout quand il sʼavère un peu compliqué de comprendre les hydrauliques. Cʼest pourquoi nous avons demandé une étude de faisabilité auprès de Cegelec DC. Un projet de data center à refroidissement en immersion est un investissement à long terme, qui nécessite lʼaménagement des locaux, le renouvellement des infrastructures, du licencing.
Le site de production principal est situé au sous-sol dʼune piscine. Cʼest un environnement corrosif, avec de la vapeur et de lʼoxydation. Nous avons donc demandé une cuve en aluminium, avec moins de pliures et de soudures. Et pour obtenir une déperdition minimale, une double paroi. Le choix des serveurs nʼest pas un problème, lʼimmersion participe à la durabilité des matériels, il nʼy a pas de poussière et pas de panne. Et nous pourrons faire évoluer notre infrastructure au gré de nos besoins, la solution offre beaucoup de flexibilité. Cʼest une configuration hybride, avec des couches applicatives accessibles uniquement en mode SaaS, qui nous permet de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier.
Quels conseils donneriezvous aux organisations qui souhaiteraient sʼengager sur un projet de data center en immersion ?
De correctement dimensionner les économies engagées. Et pour cela de réaliser une étude de faisabilité en amont, à la fois sur le projet financier et sur le RoI (retour sur investissement). Et ne pas avoir peur dʼy aller, cʼest une technologie qui devient accessible. Il nʼy a pas de gros frein. Il y a une barrière que je me mettais moi-même, mais le liquide est sans problème pour la santé. Tout est aisé. Je me posais des questions sur les économies à terme, la réponse est venue de lʼétude de faisabilité en amont. Pour le reste, on est sur une infrastructure classique. Et cʼest un travail dʼéquipe, lʼIT, le service environnement, les services techniques, le service des eaux pour les interco… Pour pouvoir basculer sur un RoI, il faut prendre en compte le coût de l'énergie et faire attention à ce que lʼon consomme. Lʼidée globale est de changer de paradigme, avec le soutien des élus. Cʼest un projet dans le grand projet. La Communauté de communes de lʼErnée a choisi de sʼengager dans cette démarche dans le cadre dʼune politique globale de développement durable. Plus quʼun engagement envers le numérique responsable, cʼest avant tout un engagement pour lʼavenir, contre le gaspillage énergétique des datacenters, pour la souveraineté numérique et vers la neutralité carbone dʼici 2040.