Eclairion, l'interview de François Sabatino, Président

DCmag - François Sabatino, Eclairion affiche une riche actualité.

François Sabatino - C'est vrai. Nous avons fait part de notre accord avec CGG lors du Supercomputing au mois de novembre. Et aujourd'hui, notre actualité est boostée avec l'accord que l'on vient de signer avec Sabey Data Center aux Etats-Unis, qui va concerner un peu la partie déploiement de la haute densité de Sabey pour leurs clients au niveau européen chez Eclairion.

Peut-on rappeler qui est Sabey, on les connaît peu en France et en Europe, alors que c'est un grand acteur américain ?

C'est un grand acteur américain, c'est plutôt une entreprise, une structure importante et ancienne, qui est venue au fil du temps sur le datacenter, à la fois sur la capacité à les produire, à les construire, mais également à les exploiter. Et aujourd'hui, c'est un acteur important de l'exploitation des data centers, avec des sites un petit partout aux Etats-Unis, et notamment la capacité à déployer des sites autant sur des espaces, on va dire à la campagne, qu'à l'intérieur des villes, puisqu'ils sont un des rares à avoir un énorme data center dans Manhattan, notamment pour la partie bancaire. Donc, c'est un véritable acteur du data center aux EtatsUnis, avec une vision internationale.

Pour résumer, les clients de Sabey, orientés d'ailleurs par la société, vont pouvoir implanter leur infrastructure HPC, voire IA, dans le data center dʼEclairion.

Ce qui est intéressant au travers de cet accord, à la fois de partenariat et commercial, c'est de comprendre que Sabey est un véritable acteur du data center comme on le disait, et quʼaujourd'hui, comme tous les acteurs du marché, il a des demandes au niveau de la haute densité. Et ces demandes, lorsqu'elles portent sur l'intelligence artificielle, ou sur la simulation des jumeaux numériques par exemple, ont besoin de tout ce qui est nécessaire, tout ce qui nécessite plutôt des serveurs de grande capacité. Les data centers sont aujourd'hui un vrai sujet en termes d'hébergement, et Sabey souhaite bien évidemment pouvoir satisfaire ses clients. Et si on se souvient de ce que souhaitait faire Eclairion à l'origine, c'était de devenir un acteur qui vient en complément de ce que font les data centers qui sont plutôt sur des serveurs de basse densité, là où nous sommes exclusivement tournés vers de la haute densité. Et donc, les clients de Sabey sont extrêmement demandeurs, puisqu'ils sont de taille mondiale, à la fois en termes d'implantation géographique, mais surtout avec des serveurs de plusieurs dizaines de kilowatts et où ils commencent à rencontrer la problématique classique que l'on connaît. La haute densité doit être hébergée de façon différente, d'où leur choix de venir nous approcher pour qu'on puisse héberger les besoins de leurs clients Haute Densité.

Et dans le même temps, on imagine bien que ce type d'accord nécessite des phases d'audit, de négociation, de tests. Du coup, c'est une vraie reconnaissance pour le projet Eclairion.

D'abord, nous sommes ravis, bien évidemment, après CGG, d'avoir aujourd'hui Sabey qui souhaite sceller cet accord et ce partenariat. C'est d'autant plus important pour nous que, on le sait, nous construisons un site qui est plutôt avec un design assez disruptif, à l'attention uniquement de la haute densité. Et donc, on a toujours à un moment pu se poser la question, même si tout le monde était bien conscient du besoin. La demande en haute densité est exponentielle. Aujourd'hui, aux Etats-Unis, on parle de centaines de méga pour l'année 2024 et on nʼest qu'aux prémices des besoins. Donc, bien évidemment, même si on savait qu'on faisait quelque chose qui allait certainement être utile aujourd'hui, avoir la reconnaissance du monde des acteurs du data center qui disent finalement la haute densité, ce n'est pas tout à fait la même chose, et ça ne s'héberge pas, ne se refroidit pas et ne s'alimente pas de la même façon. Cʼest à partir de là qu'ils ont eu l'idée de rechercher s'il existait un acteur. Et ils sont arrivés jusqu'à nous, puisque effectivement, aujourd'hui, le type de site que l'on déploie à Bruyères-leChâtel n'est pas un type de site qui existe ailleurs.

On parle d'idées, on va parler également d'intelligence des deux parties, d'ailleurs. Vous démontrez aujourd'hui que le positionnement dʼEclairion peut être considéré comme parallèle à nombre dʼhébergeurs classiques. Et que cet accord peut être reproductible avec d'autres acteurs, même ceux que l'on pourrait imaginer concurrents.

Tout à fait. J'irais même jusqu'à dire quʼavec les échanges que l'on a pu avoir avec les acteurs du data center, y compris en Europe et en France, comme aux Etats-Unis, nous sommes véritablement dans la production d'un besoin. En tous cas de la réponse à un besoin qui est utile pour les data centers, et qui n'est pas adressé à ce jour. Comme nous lʼavons toujours dit, nous ne sommes pas du tout un acteur du data center. Les data centers le font très bien déjà sans nous. Mais plutôt nous venons en complément des besoins des clients des data centers.

Et des clients dʼEclairion qui éventuellement pourront aller rechercher des partenaires aux Etats-Unis en particulier avec cet accord, et j'imagine avec le même niveau de qualité.

Tout à fait. C'est l'opportunité de pouvoir faire un échange de la même façon. Par rapport à la question posée, nous aurons des clients qui voudront de la haute densité et qui auront des besoins, on va dire Classic Data Center de Cloud, que l'on redirigera vers les acteurs du data center parce que nous n'avons pas vocation à faire de l'hébergement comme on le connaît aujourd'hui, proposé par les grands acteurs du data center en France, en Europe ou dans le monde. Et c'est vrai qu'aux Etats-Unis, même Sabey nous disait que le type de site que l'on développe aujourd'hui à Bruyères-le-Châtel n'existe pas. Le design de cette façon n'existe pas. On a plutôt vu jusqu'à présent des grands champs pour les bitcoins, etc. Pour du minage, plutôt pour monter aussi vite que pour démonter selon les fluctuations des cours. Mais aujourd'hui, des structures en capacité d'accueillir et d'être totalement modulaires sur la partie cooling et sur le côté scalabilité, avec des besoins de puissance pour les clients, même aux Etats-Unis, on se rend compte que ça n'existe pas.

Évoquons l'offre qui tourne autour du HPC, autour de la baie, autour de l'IA…

Essentiellement autour de lʼIA. On va dire que tout ça est un peu en lien dès que l'on parle d'IA, des modèles de langage, des jumeaux numériques ou de certaines applications ou grilles de calcul . Automatiquement, on a des besoins GPU et de puissance importants, on a des besoins de capacité de refroidissement importants, mais en même temps tout en respectant l'environnement. D'où finalement ce terme de haute densité qui a été créé de toute pièce au travers de la nouvelle puissance des machines et les nouvelles applications.

Le projet Eclairion est encore en cours de construction. Il est en train de sortir de terre. La signature d'un tel contrat avec un aussi gros acteur américain, c'est une grande satisfaction pour celui qui porte le projet ?

C'est une véritable grande satisfaction parce que effectivement ça ouvre des portes. Tous les acteurs du data center connaissent les coûts de ces projets, connaissent l'exigence que peuvent avoir les clients. On se lance avec une prise certaine de risques. 2024 est une grande année pour nous puisque c'est l'année de l'ouverture. Avoir une reconnaissance, on ne peut pas dire de ses pairs, mais de gros acteurs du data center comme Sabey, c'est effectivement extrêmement encourageant parce quʼon peut penser avoir de belles idées. Et puis, comme certains inventeurs, on peut finir sa vie sans les avoir réalisées. Aujourd'hui, avoir ce type de reconnaissance, cʼest quand même très encourageant.

Il reste à souhaiter que les acteurs français et européens aient la même réaction et la même intelligence pour entrer en relation avec Eclairion et mettre en place des partenariats de ce type.

Nous avons aujourd'hui très clairement des échanges et je pense que, finalement, l'idée c'est de pouvoir être un acteur qui permet aux acteurs du data center de pouvoir répondre à l'attente de leurs clients. Au final, nous sommes tous à un moment dans une relation commerciale. L'exigence du client, elle est là. Le besoin, il est là. La meilleure façon de répondre positivement, c'est d'être en capacité de l'adresser. En principe, dans tous les métiers, on ne peut pas tout savoir faire. Donc, en toute humilité, nous avons le souhait, le bon espoir de venir en complément de ce qui est déjà adressé aujourd'hui.