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Des « rondavelles » aux palaces

Il y a 50 ans, alors que l’Empire britannique arrivait à son crépuscule, Londres se délestait d’une île perdue dans l’océan Indien, tout en gardant une partie de son territoire, l’archipel des Chagos, pour des raisons stratégiques. Devenue indépendante, l’île Maurice, dont l’économie était basée quasiment sur la seule culture de la canne à sucre, semblait vouée au destin funeste de tant de pays africains échappant au joug du colonialisme. Un prix Nobel d’économie, le professeur James Meade, allant même jusqu’à dire que tous les ingrédients, dont une population issue de plusieurs continents, étaient réunis pour un cocktail explosif.

L'hôtel Le Chaland qui a aujourd'hui cédé la place au Beachcomber Shandrani

L'hôtel Le Chaland qui a aujourd'hui cédé la place au Beachcomber Shandrani

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Mais des hommes et des femmes habités par l’amour de leur île ont fait un pied de nez à ces prévisions alarmistes en diversi fiant l’économie et en faisant notamment de l’île une destination touristique très prisée. Les débuts ont, certes, été difficiles mais un demi-siècle après, le tourisme est devenu le moteur de l’économie et cela, en grande partie, grâce à cette population dont la diversité est finalement devenue une force. Il aura fallu pour cela des hommes comme Amédée Maingard, Paul Jones, entrepreneurs visionnaires, mais aussi des politiques tels que Gaëtan Duval. Les débuts du tourisme à Maurice sont timides. C’est dans les années 50 que l’on voit apparaître quelques hôtels à Curepipe, dans le centre du pays. « Il n’y avait que le Park Hotel, quatre blocs en béton pour accueillir les passagers en transit de Qantas et South African Airways, où se trouve aujourd’hui le siège de Beachcomber et aussi Vatel, à côté du Collège Royal de Curepipe, aujourd’hui Arcades Currimjee », se rappelle Guy Hugnin, ancien directeur du Mauritius Tourism and Travel Board (MTTB). Puis viendront les rondavelles du Morne Plage, une idée d’Amédée Maingard, héros de la Seconde Guerre, « saisi par la beauté sauvage des lieux, de la pauvreté, des conditions sanitaires déplorables; il rêve de faire connaître ce coin, une route majestueuse mais pas carrossable », raconte Michel Vuillermet, cinéaste qui a réalisé un film sur lui. Le Morne Plage était constitué d’un ancien bungalow rénové et qui comptait une grande salle pour le restaurant, deux grands salons, une belle terrasse et bar. Autour, il y avait six rondavelles qui pouvaient accueillir un couple et aussi un enfant. Suivra ensuite Le Chaland près de l’aéroport, les deux appartenant à Mauritius Hotels, qui deviendra Beachcomber bien après.