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Rencontre avec Aurélien Galvan, illustrateur

«Rampe de lancement» donne la parole aux jeunes créateurs et créatrices en littérature jeunesse, en s’intéressant à leur processus créatif. Pour ce numéro de la rentrée, nous vous invitons à découvrir l’illustrateur Aurélien Galvan!

Propos recueillis par Martine Latendresse Charron, adjointe aux communications chez CJ

Comment l’illustration est-elle arrivée dans votre vie ?

Comme toustes les enfants, j’adorais dessiner. En grandissant, je me suis vite rendu compte que c’était l’activité parfaite pour l’introverti que j’étais (et suis toujours). On peut se cacher derrière notre carnet, parler à celleux qui s’intéressent à ce qu’on dessine, ou encore déjouer l’ennui. Ensuite, l’illustration est arrivée dans ma vie, car j’ai voulu raconter des choses à travers mes dessins. Pour moi, l’illustration, c’est vraiment l’art de s’exprimer en images.

En quelques mots, comment décririez-vous le style de vos illustrations ?

Mon style est un mélange assez inconscient de mes inspirations, à savoir les illustrations de livres jeunesse américains, français et russes des années 1960, la culture japonaise et coréenne, la culture populaire et le monde de l’enfance. Mes sujets préférés sont les portraits et la nature en général. Je dessine souvent en mariant des formes géométriques à de grandes courbes expressives. J’adore dessiner des trucs mignons et colorés, mais j’essaie de trouver un équilibre pour leur apporter un peu de profondeur.

Comment se déroule votre processus créatif ?

Je fonctionne beaucoup à l’inspiration ! C’est un processus à double tranchant, car c’est merveilleux quand tout fonctionne bien, mais quand c’est la panne sèche, tout devient très laborieux. En général, l’inspiration est au rendez-vous quand j’ai carte blanche ou quand le sujet me passionne. Je n’aime pas avoir l’impression d’être un outil ou de traduire en images les idées des autres. Il faut absolument que je m’approprie les projets sur lesquels je travaille. Quand cette condition est remplie, je m’installe à mon bureau et je passe des heures à dessiner. J’essaie de structurer ma façon de travailler en procédant par étapes : croquis, recherche visuelle, couleurs, etc. Mais le plus important est de s’écouter et de se faire confiance.

Quelle place occupe l’art dans votre vie ?

Une très grande place ! Je regarde quotidiennement beaucoup d’illustrations, de peintures, de photographies. J’aime aussi beaucoup le cinéma, les livres et les bandes dessinées. Dans ma pratique de l’illustration, j’essaie de mettre à profit ma technique pour donner vie à une esthétique qui me plaît, et pour transmettre ma vision du monde.

Pourquoi dessiner pour la jeunesse ? Qu’aimez-vous de ce public ?

Je m’intéresse au monde du livre jeunesse depuis que je suis devenu père. Ce qui me plaît, c’est évidemment la beauté et la valeur sentimentale de ces objets. Mais ces derniers constituent aussi un excellent moyen de communication avec les enfants. Les livres qu’on leur propose alimentent leurs jeux, leurs dessins, leurs sujets de conversation. Les enfants ont tout à apprendre, et iels ont une façon si créative et intuitive de s’approprier les choses. Iels ont un imaginaire débordant !

Quels sont les plus grands défis de l’illustration jeunesse ?

Dans l’illustration jeunesse, je trouve qu’il n’est pas toujours facile de trouver l’équilibre entre ce qui plaît aux enfants, et ce qu’on pense qui plaît aux enfants en tant qu’adulte. Mes filles m’aident beaucoup sur ce point. L’important, c’est d’entamer une discussion avec les jeunes pour vraiment créer un pont. Il ne faut surtout pas tomber dans la facilité ou dans des stratégies de marketing de vente. Dans l’illustration jeunesse, il faut vraiment avoir la volonté d’interpeller les enfants, de les faire réagir, de les inspirer.

Quelle émotion avez- vous ressentie en tenant votre premier livre dans vos mains ?

Bizarrement, quand j’ai tenu mon premier livre dans mes mains, j’étais très content, mais j’avais aussi le sentiment que c’était le livre de quelqu’un·e d’autre. J’étais un peu déconnecté, comme si ce projet ne m’appartenait plus. On travaille tellement d’heures et on s’investit tellement émotionnellement sur un livre qu’à un moment donné, on doit couper le cordon. Personnellement, ça m’arrive quand le livre est imprimé et qu’il a désormais une existence qui lui est propre. Avec le temps, j’apprends à l’aimer d’une manière différente, en considérant avec bienveillance ses qualités et ses défauts. Il reste que chaque livre est un marqueur temporel dans ma vie, et que je suis très heureux et très fier quand un projet se concrétise.

Que souhaitez-vous pour la suite de votre carrière d’illustrateur jeunesse ?

Je souhaite dessiner de manière inspirée des livres dont les univers me passionnent. Je souhaite également pouvoir illustrer mes propres histoires et inspirer les enfants. Qu’un de mes livres fasse partie de leur vie et s’inscrive dans leurs souvenirs de jeunesse.

À PROPOS D’AURÉLIEN GALVAN

D’origine française, Aurélien Galvan vit au Québec depuis son adolescence. Il a étudié en arts plastiques, en bande dessinée et en photographie avant de se lancer dans l’illustration jeunesse et l’écriture. Sa passion pour l’univers de l’enfance grandit en même temps que ses filles. Chaque projet de livre est le moyen pour lui de réaliser son rêve : voir son travail prendre vie.

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