3 minute read

Recherche française

RecheRche fRançaiSe Décrochage confirmé

sanoFi et L’institut pasteur sont en échec dans Le déveLoppement d’une réponse vaccinaLe rapide contre Le covid : La Faute à pas de chance ?

Advertisement

labos le savent et s’autorisent même à ne pas respecter leurs contrats (AstraZeneca) ou à les réinterpréter: Pfizer a subitement décidé que ses flacons contenaient six doses et non cinq, limitant son incapacité à fournir les doses prévues et boostant ses bénéfices de 12%. Avec l’ensemble de la Cgt et d’autres acteurs économiques et sociaux, les salariés de Sanofi défendent un projet plus ambitieux. Jamais le marché ne répondra sans garantie de gros profits aux besoins d’une société. On le constate alors que, partout dans le monde, des voix s’élèvent pour que les laboratoires libèrent ponctuellement leurs droits sur les brevets des vaccins existant contre le Covid, se heurtant pour l’heure à des refus des laboratoires et des États qui les soutiennent * . Pour assurer un minimum de sécurité et de souveraineté sanitaire, pas d’autre issue que de construire un pôle public autour du médicament et de la santé, d’investir de véritables moyens dans la recherche, l’innovation, la relocalisation et le développement d’un outil industriel qui lui soit dédié. Ces secteurs sont d’ailleurs déjà fortement liés à la recherche académique, en tirent souvent des bénéfices à peu de frais, et bénéficient de larges subventions publiques. La santé n’a pas de prix, mais celui-ci pourrait être déterminé par de tout autres variables, comme l’intérêt général.▼

Valérie Géraud

naud Journois/maxppp r a Une performance. En quelques mois, de nombreuses équipes de recherche dans le monde ont réussi à concevoir des vaccins contre le Sars-CoV-2. Pas en France. Faute d’une réponse immunitaire suffisante de son vaccin basé sur celui de la rougeole, l’Institut Pasteur a jeté l’éponge et repart sur de nouveaux programmes encore au stade préclinique. Sanofi a pour sa part annoncé six mois de retard minimum sur son vaccin le plus prometteur, à la suite d’erreurs de dosage. Ces fleurons de la recherche pharmaceutique assurent que «cela arrive» et que ça n’a rien d’inquiétant. D’autres s’interrogent: serait-ce un signe supplémentaire que la recherche française n’a plus les moyens de ses ambitions, comme le souligne notamment le récent avis du Cese?* Des chercheurs de qualité formés en France, il y en a, mais l’attractivité – et l’efficacité? – de la recherche française commence à être affectée par le peu d’emplois offerts, les salaires (63 % en dessous de la moyenne des pays de l’Ocde en début de carrière), les conditions de travail médiocres et les financements insuffisants. La France les plafonne à 2,2 % de son Pib, les crédits publics ont même baissé de 28 % entre 2011 et 2018 alors qu’ils augmentaient de 11 % en Allemagne et de 16 % au RoyaumeUni. L’Allemagne a même annoncé, en juin dernier, 50 milliards d’euros d’investissements dans la recherche et l’innovation. Les participations publiques dans les jeunes entreprises innovantes y sont courantes : ces «spin-off» créées par des chercheurs sont en toute logique adossées à des programmes de recherche publique – comme BioNTech… La nouvelle prix Nobel de chimie, la biologiste Emmanuelle Charpentier, qui vient de s’installer outre-Rhin, a d’ailleurs déclaré que la France ne pouvait pas lui offrir de moyens équivalents. Les Français s’expatrient de plus en plus, à l’instar du créateur et Pdg de Moderna, chercheur en biologie et ex-haut dirigeant de BioMérieux. Dans une note en date du 26 janvier, le Conseil d’analyse économique (rattaché au Premier ministre) n’hésite pas à évoquer le «lent déclin français » depuis 1990 en matière de brevets comme de recherche pharmaceutique, préconisant des investissements urgents, tout particulièrement dans la recherche fondamentale. Ce n’est pas l’orientation choisie par la récente loi de programmation pour la recherche, qui ne mise pas sur l’anticipation et les prises de risques, mais sur des projets ciblés et susceptibles de porter leurs fruits rapidement. C’est pourtant en maintenant un appareil de recherche publique solide et en pilotant certaines de ses applications que la France assurerait le développement et le maintien sur nos territoires d’emplois qualifiés, d’activités industrielles d’avenir, et les conditions de son indépendance sanitaire… V. G. ▼