LA LETTRE DU PORT Journal du Port de Nice et de son quartier
N° 25 I Octobre / Novembre / Décembre 2013
Lou journal dou pouort de Nissa e doù siéu quartier
Insolite
Objectif durable
Tranche de vie
Ecoutilles
La découverte du « port » englouti
Le port de Nice hisse le Pavillon Vert
La Grue 14
Un modèle à croquer
3 questions à
Collectif
Gilbert Pasqui : le charpentier servant 50 ans ! Un demi-siècle que Gilbert Pasqui restaure, répare, remet à flot la fine fleur des voiliers de tradition. Un demi-siècle que l’homme défend avec passion depuis son chantier naval de Villefranche-sur-Mer l’art du travail bien fait. Une vocation qui est née au port de Nice voilà bien longtemps.
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Quand avez-vous su que vous seriez charpentier de marine ?
Quel est votre plus beau souvenir de réfection ?
J’ai rénové les plus beaux voiliers du monde mais celui qui compte le plus à mes yeux est le SaintVallier, un sloop norvégien de 10 mètres. J’ai été contacté un jour par son propriétaire qui ne pouvait plus s’en occuper. Il me demandait d’en estimer le prix. Je lui ai alors raconté son histoire. C’est mon père qui le fabriqua entièrement dans les chantiers de la Réserve. Enfant, je passais la peau de chamois sur son bois. Un véritable chef-d’œuvre, élu en son temps meilleur chantier de France. Touché par l’histoire, le propriétaire a décidé de me le confier. Depuis je le répare tout seul.
Lou Passagin : 2e acte our la deuxième année consécutive, le Conseil général des Alpes-Maritimes a décidé de faire revivre la tradition en remettant à l’honneur Lou Passagin. Durant l’été, la navette a donc repris sa traversée du quai Entrecasteaux au quai Charles-Félix. Le pointu aménagé et motorisé évitant aux badauds, touristes et riverains de faire le tour du plan d’eau à pied. Pratique ? Certes, mais surtout magique ! Séquence nostalgie pour les anciens (qui se souviennent des va-et-vient cinquante ans plus tôt du premier Passagin conduit par les fameux Peppino ou Beck), rêve éveillé pour quelques grands enfants, moment de rire et d’échanges dans toutes les langues du monde… Bref une parenthèse enchantée que tout le monde souhaite voir se rouvrir l’année prochaine. ■
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Bien chez nous
Dès mon enfance. J’avais 7 ou 8 ans, j’apportais le casse-croûte à mon père, Mario, un charpentier de marine de génie. Il avait la précision d’une machine numérique et connaissait son métier sur le bout des doigts. Il travaillait comme contremaître au chantier naval de la Réserve au port de Nice. C’était à la fin des années cinquante. Dès cette époque, j’ai su ce que je voulais faire. Mais ça n’a pas été facile. Mon père ne voulait pas que je m’oriente dans cette voie. J’ai dû m’imposer. A treize ans, mon certificat d’études en poche obtenu à l’école Pierre Merle, j’ai rejoint le chantier de Nice. Pendant un an, j’ai passé mon temps à balayer. A cette époque, les anciens ne montraient pas facilement leur savoir-faire. Le métier il fallait le voler ! Mais peu à peu, j’ai appris en les regardant faire. Dans les années soixante, le polyester sonna le glas des voiliers en bois. Mais passionné par mon métier, j’ai poursuivi ma formation. D’abord à Beaulieu dans un chantier naval qui construisait des finns où j’ai appris à régater, puis de nouveau à Nice dans le chantier de Félix Sylvestro, une référence dans la profession. C’est lui qui m’a transmis le goût de la perfection. J’ai ouvert mon premier chantier naval en 76. Juste au moment où le boom des bateaux en aluminium portait le coup de grâce au bois ! Pendant longtemps, nous nous sommes cantonnés aux finitions des ponts et aux aménagements intérieurs. Puis sans crier gare, dans les années quatre-vingt-dix, les bateaux en bois firent leur grand retour ! On a vu réapparaître les goélettes de légende : les Tuiga, Zaca, Mariska, Orion, Moonbeam et autre Arcadia… De pures merveilles qui sont un jour passées entre mes mains. Le chantier est spécialisé dans la restauration de vieux gréements et la fabrication de grands mâts (plus de 40 mètres parfois) comme celui du Zaca A Te Moana, une goélette de 36 mètres qui fut barrée par Errol Flynn !
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Une rubrique du Conseil général des Alpes-Maritimes
Régates de Nice
Trophée Pasqui : une émotion partagée
our la première fois depuis leur création, deux rendez-vous majeurs de la voile azuréenne ont décidé de fusionner. Les Régates de Nice ressuscitées en 2008 après plus de cent ans de sommeil par le Conseil général des Alpes-Maritimes et le Trophée Pasqui. Deux événements réunis en un seul pour le plus grand plaisir d’un public nombreux venu admirer au port de Nice près de quarante voiliers de légende et parfaire leur culture navale au village installé quai d’Entrecasteaux. Plaisir des yeux mais aussi moment de partage entre les équipages, le public et les enfants venus en nombre. ■
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Parlez-nous des Régates de Nice – Trophée Pasqui. Ces deux rendez-vous ont été réunis cette année en un seul au port de Nice. Le Trophée Pasqui a été créé à mon honneur par mes clients en 2004 pour mes quarante ans de carrière. Je n’avais rien demandé, mais c’est un hommage qui me touche. A l’origine, je ne voulais pas en faire un événement sportif de régate mais plutôt un grand rendez-vous convivial de partage. Cette année, j’ai accepté de fusionner ce rendez-vous avec les Régates de Nice. Les équipages ont été très satisfaits de l’accueil que nous leur avons réservé et le public était au rendez-vous.
AVANT-PREMIÈRE DU DOCUMENTAIRE
« Port Lympia : chronique des quais » (durée 52 mn)
le 13 novembre à 19h30 au port de Nice
Vous souhaitez y participer, inscrivez-vous par email à lettreduport@cote-azur.cci.fr NB : Ce documentaire sera diffusé sur France3 le 30/11 à 15h.