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Éditorial La Covid19 et l’économie INTERVIEWS Paul Muamba.

Sommaire

Tshiala Lubula Kader Camara PORTRAIT Doudou Sow Gérer son entreprise en période de crise

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CANADA & MONDE Expat 26

Les repats, pourquoi ce désir de rentrer en Afrique? 28 CULTURE & MÉDIAS DouDou Sow 31 Kader Camara 32 Marie Wilma Sickout Assele 33 Contact 34

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Editorial

LA FACE CACHÉE DE LA COVID-19 AU CANADA

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rès tôt en février lorsque j’avais pu constater la virulence de la COVID-19 en chine, j’avais rédigé un document : Comprendre la COVID-19. S’en ai suivi plusieurs interviews dans la presse congolaise et même une lettre ouverte au président Felix Tshisekedi. Tout cela parce qu’étant originaire de la RDC, j’avais des énormes préoccupations de savoir comment mon pays allait gérer cette pandémie. Plongé dans le questionnement à ce sujet, je suis tombé sur une vidéo d’un médecin urgentiste noire se plaignant de la surreprésentation de membres de communautés ethnoculturels aux États-Unis. Aux États-Unis : L’épidémie de la Covid-19 a fait plus et continue à faire plus de victimes et ce, plus dans les communautés des minorités les plus pauvres. Toutefois, ce qui interpelle vraiment, c’est le nombre impressionnant d’Afro-Américains contaminés par le virus. Dans un de ces numéros, le Washington Post rapportait ainsi que dans l’État du Michigan, 40 % des décès dus au Covid-19 proviennent de la communauté noire, alors qu’elle ne représente que 14 % de la population. Dans l’Illinois, les Noirs représenteraient 14 % de la population, mais 42 % des décès de l’épidémie. À Chicago, c’est 72 % des morts, alors qu’ils représenteraient moins d’un tiers des habitants. En Caro-

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Lawrence Kitoko-Lubula

line du Nord, 31 % des morts seraient de Noirs, contre 22 % de la population. En Louisiane, où se trouve La Nouvelle-Orléans… Et au Canada? Au Canada, impossible de savoir hors de tout doute si ces mêmes communautés culturelles sont touchées de la même façon, parce que la collecte de ce genre de données est inégale d’une région à l’autre, voire inexistante, dans certaines provinces. Et pourtant, très tôt, les membres des communautés ethnoculturels ont fait la demande de colliger les informations car les populations ethnoculturelles américaines ont plus ou moins le même profil socioéconomique qu’au Canada. Le député néo-démocrate Matthew Green est même allé plus loin en demandant de forcer les provinces à collecter les données sur l’ethnicité des individus atteints de la COVID-19. Lorsque nous regardons de plus près les régions les plus touchées au Canada, c’est clair qu’on voit le Montréal-Nord ou les banlieues défavorisées de Toronto. Cependant, ce qui manque, ce sont les données scientifiques pour prouver hors de tout doute que les communautés ethniques sont plus fortement touchées que

les autres. De nombreuses voix s’élèvent, de plus en plus, pour demander à Ottawa de forcer les provinces à récolter ce genre de données ethnographiques. D’après moi, les autorités devraient obliger à collecter les données ethnographiques qui permettraient l’efficacité dans l’agir efficiente au point de vu de la protection de ces populations vulnérables. En effet, avoir un portrait plus précis est un outil pouvant orienter efficacement le soutien aux organismes communautaires venant en aide à ces populations. Au-delà de cette pandémie, la COVID-19 a pu mettre à la lumière du jour les inégalités par rapport aux déterminants de la santé que subissent les communautés ethnoculturelles car certaines maladies chroniques comme les maladies cardiopulmonaires et le diabète sont très présentes parmi les communautés ethnoculturelles et rendent ces derniers plus vulnérables à la COVID-19. Il faudra vraiment donner le temps au temps pour en savoir plus sur ce que la Covid-19 a révélé de nos sociétés, du vivre ensemble. Lawrence Kitoko-Lubula


La Covid-19 et l’Économie C’est depuis janvier 2020 que le coronavirus a traversé les frontières chinoises et est devenu la pandémie à la Covid 19. A date, cette pandémie a un rapport étroit et direct avec l’économie en ce sens que lorsque nous parlons économie la première chose que nous voyons c’est la circulation des biens et des personnes et même la circulation des capitaux. La productivité y compris. La situation affecte grandement l’économie sur plusieurs plans et la productivité en tête de la liste. Elle ne peut s’activer que dans le mouvement de déplacement des individus vers les centres de production que sont les usines et consorts.

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uand les gens sont confinés c’est-à-dire la circulation des personnes et des biens est affectée et réduite et automatiquement la productivité est affecté comme aussi l’économie en général est aussi affectée et réduite. Aussi longtemps que ce problème de coronavirus va continuer l’économie sera sévèrement affectée. Et pourra subir des nouvelles règles de gestion. Nous constatons que le système économique existant en l’occurrence le capitalisme et le socialisme sont aussi entrain de subir nécessairement de modifications. Le socialisme étant presqu’inexistant, on pourrait maintenant dire que la prédominance du capitalisme va connaitre des changements et peut-être même va perdre de sa valeur.

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La notion de l’autosuffisance revient en force au risque de démontrer à suffisance les insuffisances de la mondialisation dans ce sens que vue la fermeture des frontières entre Etats, chaque nation est appelée à faire recours à sa production locale pour subvenir à ses besoins durant cette période de confinement. Les pays qui vivaient plus des importations sont les plus frappés, et surement doivent tirer des leçons pour changer leurs politiques économiques de façon à créer et promouvoir l’industrie et la production locale. De façon simpliste prenons le cas de la situation dans les pays développés, l’État joue maintenant le rôle de l’État providence. C’est l’État maintenant qui est entrain de pourvoir presqu’à tous les besoins, même aux besoins des entreprises. L’État a accepté de prendre en charge le payement des salaires des


La Covid-19 et l’Économie

employés en versant aux entreprises un pourcentage de leur revenu afin qu’elles puissent subvenir aux salaires des employés. L’État est entrain de prendre en charge les gens dans les hôpitaux, tous ceux qui sont atteints de la Covid 19 ne paie pas c’est à la charge de l’État, Le personnel soignant qui travaille est à la charge de l’État. La motivation de tous ceux qui travaillent par exemple dans les services essentiels à la survie de la population et du fonctionnement de l’État est à la charge de l’État. Donc l’état est entrain de devenir un État provision ce qui est le contraire du système capitaliste actuel. A l’allure où nous allons, la Covid 19 affecte l’économie et même va changer le système économique mondial. Les productions sont à la baisse maintenant le monde est entrain de fonctionner avec les réserves qui étaient accumulées, les gouvernements sont entrain de puiser dans ces réserves pour subvenir aux besoins des populations. Et après, si ce temps vient à passer, nous pensons qu’il y aura restructuration économique.

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Les gouvernements s’attelleront à récupérer tout ce qu’ils ont perdu et cela pourra se faire sous forme soit d’augmentation de taxes, d’impôts ou de changement des règles et règlements ou autre chose. Il faut s’attendre à beaucoup des bouleversements en rapport avec cette pandémie au point de vue économique. Puisque politiquement il y a peu d’effet de coronavirus mais les grands effets seront ressentis au niveau économique car elle est la plus frappée étant donné que les productions sont au ralenti totalement au ralenti mais les besoins augmentent comme la loi de la demande. La demande est toujours au dessus et nous pouvons même dire la demande est croissante mais la production est au ralenti donc il ya un déséquilibre terrible que le coronavirus a créé dans le système économique dans le fonctionnement de l’économique et puis dans le rôle que l’état doit jouer en économie de marché. Par Gilbert Bidiar Collaboration de Tejumba.


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INTERVIEW

arlez-nous brièvement de vous, qui êtes-vous, que faites-vous ?

Mon nom est Paul MUAMBA, je suis juriste de formation avec une spécialisation en droit du travail. Au Canada depuis 1999, je me suis spécialisé dans le domaine de l’employabilité domaine dans lequel j’ai acquis plus de huit ans d’expérience. Aujourd’hui j’occupe le poste de Chargé de projets en immigration économique et employabilité au RDÉE Canada (Réseau de développement économique et employabilité du Canada).

Dans le cadre du couloir économique de la francophonie, les entreprises francophones canadiennes représentent 19,5% du PIB du Canada. Quel rôle joue le RDÉE auprès de ces entreprises ?

Paul Muamba Spécialiste en Droit du Travail

RDÉE Canada (Réseau de développement économique et d’employabilité) travaille de concert avec des organismes provinciaux et territoriaux (12 RDÉE) pour appuyer l’épanouissement et le développement des communautés francophones en situation minoritaire et ce, depuis plus de 20 ans. Notre Réseau intervient dans quatre axes prioritaires : Tourisme, Immigration économique, Développement durable et jeunesse économique. Les RDÉE provinciaux et territoriaux qui offrent des services directs aux entrepreneurs sont des acteurs de développement économique importants. Ils accompagnent les entrepreneurs dans toutes les phases de la création de leurs entreprises ainsi que dans le développement de leurs affaires. Le bureau national du RDÉE Canada offre à ses membres provinciaux et territoriaux une gamme importante de services d’appui et d’intervention afin de les soutenir dans leurs actions. Vous travaillez dans l’employabilité, comment évaluez-vous le pourcentage de place-

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ment si les petites sociétés comme les restaurants ferment à la suite de la faillite dû au confinement ? L’impact du Covid-19 sur les chercheurs d’emploi est énorme. Il y a plusieurs secteurs qui avaient l’habitude d’effectuer des embauches massives durant la période estivale qui sont frappés de plein fouet. Statistiques Canada nous informe que le taux de chômage au Canada est passé à 7,8 % en mars, une hausse de 2,2 points de pourcentage par rapport à février. Les petites et moyennes entreprises (PME) sont particulièrement touchées. Le taux de placement dans les PME est quasiment nul durant cette période de crise. Les programmes d’aide du gouvernement fédéral, notamment le programme de subvention salariale, permettront aux PME de garder une partie de leurs mains d’œuvre mais en ce qui concerne les nouvelles embauches, il faudra attendre l’après crise. L’apport de l’immigrant dans l’économie canadienne n’est plus à démontrer. En période de confinement des personnes et de la circulation des certains biens et services comme de la fermeture des frontières pour raison de la Covid 19 quel est l’état de lieu de l’économie par rapport à l’immigration économique ? Les travailleurs étrangers temporaires ayant obtenu un permis de travail et les travailleurs qualifiés ayant obtenu la résidence permanente sont exemptés des mesures de restriction de voyage. Ils peuvent se rendre au Canada mais le grand défi sera sans doute de trouver un vol. Il y a des secteurs économiques au Canada qui dépendent énormément des travailleurs étrangers, je pense notamment au secteur agricole où les exploitations agricoles comptent sur 60 000 travailleurs étrangers temporaires chaque année. Bien que bénéficiant de l’exemption aux mesures de restriction de voyages, les nouveaux résidents permanents et les travailleurs temporaires qui arrivent au Canada doivent avoir un plan pour se placer en quarantaine pendant 14 jours lorsqu’ils arrivent au Canada. Il s’agit d’une mesure obligatoire, même s’ils ne présentent aucun symptôme. L’économie dans l’espace francophone canadien et la Covid 19, pouvez-vous nous brosser la situation ? L’économie dans l’espace francophone canadien ne fonctionne pas en silos. Elle est tributaire de la santé économique du pays en général. Il est vrai cependant que la majorité des entrepreneurs francophones sont à la tête des petites et moyennes entreprises qui n’ont pas toujours les reins solides pour passer à travers des crises de cette ampleur. Il est donc important que les francophones se serrent les coudes et qu’ils s’approvisionnent auprès des petites entreprises francophones de leurs communautés respectives. Comment cette crise affecte-elle l’intégration professionnelle des nouveaux arrivants au Canada ? L’impact est considérable. La grande majorité des nouveaux ar-

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rivants dans leurs premières années au Canada, occupent souvent des emplois précaires dans les domaines qui ont justement été affectés par la crise actuelle. Je pense à la restauration, le commerce de détail, l’hôtellerie, …. Bien que souvent surqualifiés pour ces postes, ces emplois sont souvent la première expérience professionnelle au Canada pour beaucoup d’immigrants. En plus de devoir s’adapter à un nouvel environnement social et culturel, les nouveaux arrivants doivent maintenant faire face à une pénurie d’emploi dans les positions qui leur permettaient d’acquérir la fameuse expérience canadienne tant demandée par les employeurs. De plus, le marché du travail sera plus compétitif après la crise car comme le prévoit plusieurs expert, le taux de chômage risque de doubler d’ici l’été. Il est donc impérieux que le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux bonifient leurs financements aux organismes qui accompagnent les nouveaux arrivants dans leur intégration professionnelle. Plus qu’avant, les nouveaux arrivants ont besoin d’accompagnement pour se préparer un marché de travail qui sera plus compétitif. À votre avis comment doit se comporter un chercheur d’emploi actuellement face à la crise du COVID-19 ? Il est clair que la recherche d’emploi est très difficile en ce moment notamment parce que plusieurs entreprises qui envisageaient des embauches se sont rétractés à cause de l’incertitude créée par la crise. En termes de conseils aux chercheurs d’emploi je dirais ceci : Si votre recherche d’emploi est urgente, vous devez absolument travailler car vous avez un besoin urgent de revenu et vous n’êtes admissibles à aucune aide gouvernementale, je vous suggère de réorienter temporairement votre recherche vers les secteurs qui embauchent en ce moment et pour lesquels vous avez certaines compétences. Je pense au secteur de la santé, au secteur de l’approvisionnement dans l’alimentaire et au secteur de l’informatique particulièrement l’entretien et la maintenance des réseaux. Si votre recherche d’emploi n’est pas urgente; vous pouvez mettre à profit ce temps de confinement pour améliorer certaines compétences (apprentissage de l’anglais par exemple), améliorer vos compétences culturelles (mieux comprendre le marché du travail canadien par exemple) ou encore mettre à jour et peaufiner votre CV. Ce temps de crise est aussi une belle opportunité pour ceux et celles qui ont toujours eu des ambitions entrepreneuriales, de réfléchir à leurs projet et d’analyser les opportunités actuelles. Comme on dit, chaque crise offre son lot d’opportunité et l’entrepreneuriat pourrait être une de ces opportunités. Justement, l’entrepreneuriat des immigrants, parlons-en. Pensez-vous que l’entrepreneuriat peut être une voie d’intégration professionnelle pour les immigrants ? Absolument, je suis de ceux qui pensent que dans chaque immigrant il y a un potentiel d’entrepreneur car quitter son pays pour s’installer dans un autre c’est déjà toute une entreprise qui comporte plusieurs risques tout comme l’entrepreneuriat.


da a mis sur pied un site Internet dédié à l’entrepreneuriat des nouveaux arrivants, il s’agit de https://espaceentrepreneurs.com/ Les nouveaux arrivants qui souhaitent se lancer en entrepreneuriat trouveront sur ce site Internet des informations, des modèles de travail pour développer un projet, des témoignages et des contacts des personnes ressources dans les RDÉE provinciaux et territoriaux qui peuvent gratuitement leur offrir un accompagnement. Pensez-vous qu’il y aura aussi un impact sur la politique d’immigration et le recrutement à l’international ? Depuis plusieurs années maintenant c’est le discours économique qui prévaut en matière d’immigration au détriment des considérations humanitaires. Accueillir des immigrants est devenu donc uniquement une manière de répondre aux pénuries de main-d’œuvre afin de soutenir l’économie canadienne. Si cette économie va mal, il serait donc normal de revoir la politique d’immigration. Par contre pour les communautés francophones en situation minoritaire (hors Québec), la question de l’immigration se pose en termes de démographie et de survie de ces communautés linguistiques. Si un changement de politique d’immigration doit avoir lieu, on doit tenir compte de plusieurs secteurs économiques qui étaient en pénurie de main d’œuvre avant la crise de la Covid-19 et qui le seront encore après. Si changement de politique il y a, il faudrait aussi qu’on tienne compte des besoins des communautés francophones minoritaires dont les besoins dépassent la vision strictement économique de l’immigration. En terminant, comment jugez-vous les différents programmes mis en place par le gouvernement fédéral pour aider les travailleurs ?

En 2010, selon Statistique Canada, 5,3 % des immigrants possédaient une entreprise privée neuf ans après leur arrivée en sol canadien, contre 4,8 % des personnes nées au Canada. Oui, l’entrepreneuriat est un outil d’intégration professionnelle pour les immigrants mais le chemin pour devenir chef d’entreprise n’est pas sans embûches. Il faut en avoir conscience et bien se préparer. Voilà pourquoi RDÉE Cana-

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A mon avis la mesure phare qui permettra de maintenir les emplois et d’accorder une bouée de sauvetage aux PME c’est la subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC). En effet ce programme offre une subvention de 75 % des salaires pendant une période de 12 semaines. Ce programme permettra aux entreprises de réembaucher leurs travailleurs mis à pied en raison de la COVID-19, de prévenir d’autres pertes d’emploi et de mieux se positionner pour reprendre leurs activités normales après la crise. En 2017, d’après Statistique Canada, les PME représentaient plus de 80% des emplois à l’échelle nationale. Il était donc urgent de trouver un moyen de sauver les emplois de PME et je pense


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INTERVIEW

Tshiala Lubula Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs du magazine Integr’Action? Je m’appelle Tshiala, je suis âgée de 32 ans, je suis née à Soignies, une ville de la province du Hainaut au royaume de Belgique. Je suis une enfant d’immigrés, mes parents sont originaires du Congo. Je suis maman de quatre enfants, deux nés en Belgique et deux nés au Canada. Pourquoi avez-vous décidé d’immigrer au Canada? Mon mari et moi avions décidé d’immigrer au Canada dans l’espoir de permettre à nos enfants de grandir dans un environnement stimulant pour leur avenir par rapport à la Belgique qui leur ferme beaucoup de portes considérant les identités et les origines que nous avons. Quels sont les problèmes que vous avez rencontrés pendant votre processus d’immigration? Durant le processus d’immigration,

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nous avions à être très patients car il y a beaucoup de conditions et de règlementations pour vivre au Canada et pouvoir y obtenir la résidence permanence. À l’heure où je vous parle, je ne l’ai toujours pas obtenue et cela fait déjà trois ans que nous l’attendons. C’est long et parfois cela épuise moralement. Une fois au Canada, avez-vous eu envie de faire demi-tour ? Voyez-vous immigrer c’est quitter un certain confort, un milieu familier, les amis, la famille, certaines habitudes pour venir s’intégrer dans un milieu inconnu, tout recommencer à zéro. Alors oui, il est très difficile de tout quitter, même si c’est par choix, et d’atterrir dans un pays et, si malheureusement, tu connais une succession d’échecs, faire demi-tour est une alternative mais difficile vu l’effort qu’il faudra encore fournir pour se réintégrer dans un milieu que l’on avait quitté.


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Avez-vous bien été intégré au Canada ? Nous continuons tous les jours de nous intégrer, nous apprenons et découvrons énormément de choses. À notre arrivée ici, je me souviendrai toute ma vie avoir connu une famille très gentille, généreuse qui a pris de son temps pour m’aider à m’installer et à faire mes premières démarches. Par la suite, je me suis faite une amie, qui m’a beaucoup aidée à en savoir plus sur tout ce qui était soins hospitaliers, médecins, assurances et les meilleurs endroits pour les courses. Pour nos enfants cela s’est fait assez rapidement. Nous vivons dans une province anglophone et j’ai choisi de maintenir le français à la maison, ils font la prématernelle anglophone pour permettre qu’ils soient à l’aise dans les deux langues. Retournez-vous souvent dans votre pays natal ? Non, dans mon immigration j’ai eu deux enfants et cela fait que j’ai de quoi m’occuper … entre mon retour à l’école avec la conciliation famille-étude /travail. De plus, vu les réglementations en matière de passeports, visa et les restes je n ai pas préféré y retourner. C’est envisageable, lorsque les enfants seront assez autonomes. Avez-vous des nouvelles de votre famille ? Bien heureusement grâce à la nouvelle technologie, j’ai des nouvelles de ma famille régulièrement. Nous devons juste bien savoir compter avec un décalage de 9heures.

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Des personnes de votre ancien pays ont-elles décidées de vous rejoindre ? Personne n’a décidé de sauter le pas comme nous, je pense que c’est un choix de vie très important et qui ne se décide pas à la légère. Après un voyage familial à Montréal, nous avions mis deux ans à venir au Canada. C’est un processus long mais au moins qui nous a permis de faire les choses plus posément. Avez-vous déjà regretté d’être venu au Canada ? Je n’ai jamais regretté car c’est une expérience de vie incroyable. J’y vis les meilleurs moments de ma vie. J’y ai rencontré des personnes intéressantes. Le Canada est un magnifique pays à visiter et je m’y sens réellement comme chez moi ce que je n’ai jamais ressenti pour mon pays natal. Je me sens en sécurité et comme un réel canadien. Avec ma couleur de peau, je suis traitée comme un être humain, j’ai des opportunités de travail que je n’aurai jamais eu en Belgique. J’ai conscience de vivre dans un magnifique pays où l’égalité des chances existe. Si vous avez trois conseils à donner aux personnes qui souhaiteraient immigrer au Canada, quels seraient-ils? Les meilleurs conseils que je puisse donner c’est de s’armer de beaucoup de patience, de volonté et surtout de courage. Au Canada ces quelques mots paient vraiment c’est un pays où il fait bon vivre et où la bravoure est reconnue. Un pays d’opportunités.


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INTERVIEW

Intégr’Action : Kader Camara Pouvez-vous nous dire qui est Kader Camara? Je suis né et j’ai grandi au Sénégal, d’une mère congolaise (du Condo Brazzaville) et d’un père sénégalais, lui-même né au Congo (Kinshasa) et a grandi à Brazzaville. Je suis le cinquième d’une famille de sept enfants. J’ai eu une enfance tranquille et heureuse. J’ai quitté le Sénégal pour aller suivre des études supérieures en France, j’y suis resté huit ans finalement avant de prendre la direction du Canada où j’ai passé près de 19 ans. Et depuis peu, je suis de retour au Sénégal. J’ai eu une première carrière en informatique, suivie d’une carrière de comptable et maintenant je suis consultant, coach et formateur dans les domaines du développement personnel, du leadership et de l’entrepreneuriat.

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J’aime à dire que je suis un gars ordinaire qui tente des choses extraordinaires, et parfois ça marche. Comme faire des changements de vie et des changements de carrière audacieux, courir des marathons, ou autres. Je me définis comme un passionné, je suis passionné d’apprentissage, de croissance personnel et de transmission donc ces valeurs guident mes choix. Pourquoi avez-vous décidé de retourner au Sénégal? Le retour était un projet de longue date. Je pense que la majeure partie des africains de la diaspora souhaite rentrer au pays à un moment donné. Pour moi, j’ai estimé que c’était le moment. Il ne s’agit pas d’un choix par dépit ou par défaut, mais plutôt un projet de retour mûrement réfléchi avec ma femme. Nous avons passé de très belles années à Montréal, mais nous ne nous voyions pas y passer nos vieux jours. Nous avons souhaité retourner au pays à une étape de notre vie où nous sommes encore actifs et pouvons monter des projets et les mener à terme. Quels sont les difficultés majeures que vous avez rencontrées durant votre séjour au Canada? Il est vrai qu’au début, à mon arrivée à Montréal j’ai eu des difficultés d’insertion professionnelle. Comme pour beaucoup d’immigrants fraichement arrivés, trouver un emploi dans son domaine de formation et à son niveau de compétence n’est pas facile. Mais à force de persévérance, de détermination et de travail on finit par surmonter ce type de difficultés. Je suis arrivé au Canada avec le statut d’immigrant reçu, donc du point de vue administratif je n’ai pas eu de difficultés à mes débuts. Pour le reste aussi je pense que j’ai été assez chanceux de ne pas avoir vécu de difficultés majeures. Avez-vous de regrets d’avoir quitté le Canada? Étant donné que le projet de retour au pays a été mûrement réfléchi et bien préparé, je suis satisfait de ce choix, même si c’est encore trop tôt pour en faire un bilan. Je considère que c’est un nouveau chapitre de ma vie qui commence. Un chapitre rempli de belles promesses. Je suis une personne optimiste de nature donc quand je regarde le passé c’est uniquement pour y puiser des leçons qui me serviront pour le présent et pour le futur. Donc je n’ai aucun regret d’avoir quitté le Canada.

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Quel est votre regard par rapport à la mort de George floyd et les différentes marches de soutien que cela a suscité en dehors des États-Unis? D’abord c’est choquant en tant qu’être humain de voir une personne tuée de cette façon en raison de la couleur de sa peau. C’est d’autant plus choquant quand on sait qu’il ne s’agit pas d’un acte isolé. En tant que noir forcément je me sens personnellement touché par ce type de drame. Les marches de soutien et de protestation à travers le monde ont mobilisé aussi bien les noirs que d’autres groupes. C’est réconfortant de constater que ce ne sont pas que les noirs qui se sentent concernés par ce type de drames racistes. Je ne peux qu’espérer que ces mobilisations aident à changer les mentalités et pousser les autorités à agir pour éviter que ces drames racistes ne se répètent. Lorsque le premier ministre Trudeau dit que le racisme systémique existe au Canada, quel est votre point de vue? C’est important que quelqu’un comme le premier ministre reconnaisse le racisme systémique au Canada. Mais on n’attend pas d’un premier ministre qu’il fasse tout simplement des constats mais plutôt qu’il prenne des mesures fortes pour éradiquer ce racisme systémique. Mais de mon point de vue, le Canada n’est pas un pays où on sent le poids du racisme dans notre quotidien. C’est un pays qui a fait beaucoup d’efforts pour intégrer les minorités. Mais il reste beaucoup à faire et c’est une bonne chose que le premier ministre le reconnaisse. Si vous avez trois conseils à donner aux personnes qui souhaiteraient immigrer ou quitter le Canada, quels seraient-ils? 1. Bien se préparer en s’informant sur le marché du travail et sur la vie en général. Ça éviterait certaines frustrations et déceptions. 2. Avoir une très grande ouverture d’esprit. Ça signifie, entre autres, ne pas mettre tous les problèmes rencontrés sur le compte du racisme, être prêt à opérer un changement de carrière si nécessaire, etc. 3. Apprendre à aimer l’hiver et à être actif pendant cette saison. Sinon on trouverait la moitié de l’année déprimante.


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PORTRAITS

Doudou Sow Expert engagé pour l’intégration des personnes immigrantes

Doudou Sow est expert-formateur en intégration professionnelle et gestion de la diversité ethnoculturelle. M. Sow possède plus de vingt années d’expérience dans les domaines de l’emploi, la régionalisation de l’immigration, le mentorat et l’entrepreneuriat immigrant. Il est actuellement conseiller stratégique à la régionalisation de la main-d’œuvre immigrante chez Lanaudière Économique.

Détenteur d’une maîtrise en sociologie du travail et des organisations, il a travaillé plusieurs années avec des acteurs institutionnels, communautaires et privés sur des questions touchant une meilleure compréhension des réalités de l’immigration dans la société québécoise et canadienne. À travers de nombreux ateliers de formation, conférences et publications, il sensibilise les différents acteurs sur les enjeux et défis de l’intégration des immigrants dans la société québécoise (meilleure participation au marché du travail, rapprochement interculturel pour un vivre ensemble, pleine participation des communautés culturelles au développement de leur société d’accueil). Il a accordé plusieurs entrevues à la Société d’État Radio-Canada International (RCI) sur la problématique de l’employabilité des immigrants. M. Sow fait également partie du collectif d’auteurs qui ont proposé des solutions pour Montréal dans un livre, Rêver Montréal – 101 idées pour relancer la métropole, publié en septembre 2013 aux Éditions La Presse. En 2020, il participe à titre d’expert dans une campagne de sensibilisation auprès des milieux d’affaires montréalais sur l’intégration des personnes immigrantes dans le cadre de la stratégie « Montréal inclusive au travail » pilotée par le Bureau d’intégration des nouveaux arrivants (BINAM) pour la Ville de Montréal. Il a publié en avril 2014 deux essais : « Intégration professionnelle des personnes immigrantes et identité québécoise : une réflexion sociologique » et « Intégration : une responsabilité partagée entre la société d’accueil et la personne immigrante ». Ancien membre du Comité Consultatif Personnes Immigrantes (CCPI), il est lauréat du Mois de l’histoire des Noirs, édition 2017 et lauréat prix de l’Excellence 2019 afro-antillaise Catégorie diversité et métissage.

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Gérer son entreprise

en période de crise Vous sentez-vous prêt pour gérer votre entreprise dans un contexte de crise comme celui de la covid-19 ? Votre leadership saura-t-il s’adapter aux nouvelles situations qui l’accompagnent ? En ce temps de crise, les entreprises surtout les TPE/PME doivent mobiliser toutes leurs énergies pour réduire les conséquences né-

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gatives sur leurs activités et prévoir l’avenir à court et à long terme. Ne disposant pas de la même trésorerie et solidité financière qu’une grande entreprise, les TPE/PME qui réussiront à passer au travers de cette crise seront celles qui auront su réagir rapidement et avec détermination pour s’adapter aux changements au fur et à

mesure qu’ils se présentent. La mise en place d’un plan d’action concret sur une durée de trois à six mois est un incontournable afin de minimiser et de contrôler les impacts financiers, humains, stratégiques et opérationnels et, ainsi, de prévoir la relance des activités.


Gérer son entreprise en période de crise En cas de crise, cinq parties prenantes attendent des réponses opérationnelles et des modes de communication différents de la part de votre entreprise : 1. Les salariés veulent être sécurisés et assistés immédiatement. 2. Les clients demandent qualité et continuité de service.

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3. Les fournisseurs veulent avoir leurs livraisons réglées. 4. Les actionnaires et/ou votre banque ne veulent pas d’impacts négatifs sur votre stabilité financière et sur l’image de votre entreprise pour préserver votre capacité de remboursement de votre prêt ou de leur dividende. 5. La communauté d’affaires et civile dans

laquelle vous évoluez demande de votre part une responsabilité sociale qui soit lisible sur terrain (RSE). Que faire ? a. Une des premières étapes est de sécuriser vos employés.


La COVID-19 est avant tout, un problème humain, qui exige une réponse humaine. Le capital humain reste la mine d’or de votre entreprise. Il vous revient de vous assurer que vos salariés sont placés dans de bonnes conditions tant sécuritaires que technologiques (ordinateurs et logiciels essentiels à leur travail, s’ils sont en télétravail) pour travailler et avoir ainsi un rendement satisfaisant. Il vous faudra également communiquer efficacement et régulièrement avec eux pour leur donner les orientations de l’entreprise et organiser les équipes ainsi que leur travail, ce qui les aidera à garder le cap, à apprivoiser les changements et à les rassurer. • Afin de vous adapter aux nouvelles réalités, il est important de revoir votre plan de main-d’œuvre et vos pratiques en gestion des ressources humaines. b. faire le bilan de votre situation financière à court terme et plus particulièrement d’optimiser votre budget de caisse. Cela vous aidera à avoir une vision et une gestion claire de votre trésorerie, càd, la gestion de : - L’encaisse. - Des risques financiers qui pourraient s’annoncer. - Des sources de financement possibles. - L’optimisation du fonds de roulement. - L’étalement ou le report de certaines obligations. c. Réduire vos dépenses d’exploitation récurrentes Troisièmement, recherchez des dépenses d’exploitation récurrentes qui peuvent être suspendues à court terme. - Votre propriétaire serait-il disposé à reporter le loyer ? - Pouvez-vous réduire temporairement certains de vos frais de communication ? - Pouvez-vous cesser de recourir à certains services et y pallier autrement à moindre coût ? • Un examen ligne par ligne de vos dépenses est essentiel pour déterminer où vous pouvez réduire les coûts à court terme. Chaque dollar compte. La réduction de vos dépenses vous permettra des économies dont vous pourriez profiter après la reprise.

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d. Gérer les fournisseurs et les approvisionnements Actuellement, la chaîne d’approvisionnement des entreprises est perturbée. En temps de crise, une gestion proactive est nécessaire pour consolider la chaîne et s’assurer de bien servir sa clientèle en toute sécurité. Le processus de gestion des stocks doit donc être analysé et adapté pour limiter l’impact sur les liquidités et éviter des ruptures d’approvisionnement. • Vous devrez pour se faire, solidifier vos relations avec vos fournisseurs, négocier certaines ententes avec eux voire diversifier vos partenariats. e. Se doter d’une procédure clientèle souple et réactive Ne manquez pas de présenter les solutions envisagées par l’entreprise (gratuites ou à prix réduit) pour continuer de servir vos clients. Vous apaiserez ainsi les premières inquiétudes et montrerez que vous prenez rapidement les choses en main. C’est également l’opportunité de penser à de nouveaux services ou produits qui pourraient leur être utiles. • Vous prenez ainsi l’opportunité d’élargir la gamme de votre offre, de fidéliser vos clients et d’être rentable en bout de ligne. f. Définir vos chantiers prioritaires, anticiper différend scénarii types en fonction des risques identifiés et définir les réponses/actions idoines pour rendre performantes vos opérations et satisfaire le client Le but de cette démarche n’est pas de réagir mais surtout de planifier et suivre la mise en œuvre des actions essentiels pour garantir la compétitivité voire la survie de votre entreprise, tel que : - Dresser un portrait clair de la disponibilité de vos employés. - Former les équipes, les employés devant intervenir sur une nouveau produit/service. - Réorganiser le process des opérations et des approvisionnements pour assurer le service tout au long. - Etablir un budget trimestriel de trésorerie. - Revoir votre offre commerciale et proposition de prix.

- Développer divers canaux de communication et le faire savoir à la clientèle. - Vous assurez que vos employés sont au fait des changements et des particularités relatives à la prise en charge des dossiers client. - Développer un système d’alertes de remontées d’information efficaces vous permettant d’agir promptement. La réactivité et la rapidité des réponses données sont des éléments cruciaux dans la gestion de crise… Ceci étant dit, la gestion de crise nécessite aussi de l’improvisation parce que cette dernière vient avec son lot de surprises (arrêté gouvernemental pour un secteur d’activité, changement de politique de crédits dans une banque…). Il vous faut donc faire preuve d’intelligence pour que l’entreprise puisse s’adapter à n’importe quelle évolution de la crise et travailler à une organisation idoine de façon très précise. f. Prendre à bras le corps votre responsabilité sociale (RSE) Longtemps considérée comme un simple bonus, la Responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) fait une fois de plus la preuve de son utilité en cette période de crise. Les décisions des entreprises affectant les travailleurs et leurs communautés sont regardées à la loupe depuis la crise de la covid-19 et sans vouloir paraitre d’un mercantilisme sans scrupule, il est encore plus qu’hier, important que l’entreprise d’aujourd’hui prenne conscience qu’un des critères de sa performance réside en sa capacité à être un vecteur de changement positif dans sa communauté. g. Garder espoir…. Toute crise finit par passer ! Accélérez vos compétences ! CSB est là pour vous. Nos experts peuvent vous aider dans la formation de vos équipes et dans votre réflexion sur l’optimisation de votre carrière ou de votre modèle d’affaires et la mise en place d’une fructueuse stratégie. Contactez-nous : + 243 82 621 1170 www.agence-csb.net www.info@agence-csb.net


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Opinion de Julien Faliu

Q

ui est derrière et c’est quoi Expat.com ?

Expat.com est la plateforme de référence de la mobilité internationale. Nous proposons des informations, conseils et services aux personnes qui vivent ou souhaitent vivre à l’étranger. Expatrié de longue date, j’ai rapidement fait un constat simple : je ne savais pas où chercher de l’information sur mon pays de destination. J’ai donc crée Expat. com en 2005, en parallèle de mon emploi de l’époque, une plateforme collaborative pour les expatriés, afin de pallier ce manque d’information et aussi de favoriser leur bonne préparation et intégration dans leur pays d’accueil. Ma principale motivation était de proposer un site qui favoriserait l’entraide entre membres d’une même destination. L’entreprise compte désormais 20 salariés. Aujourd’hui on parle d’avant la COVID-19 et l’après la COVID 19, pouvez-vous nous donner des chiffres d’avant la pandémie de l’expatriation ? Il y avait, avant la crise du COVID-19, 80 millions d’expatriés dans le monde, toutes nationalités confondues. Il est encore tôt pour mesurer l’impact réel du COVID-19 sur la mobilité internationale, le secteur étant encore profondément affecté avec la fermeture des frontières. Néanmoins, nous pouvons déjà voir des tendances se dégager. Dans cette optique, nous avons réalisé une enquête sur l’impact de la pandémie sur les expatriés, en collaboration avec April International Care. Nous souhaitions connaître l’impact de la crise sanitaire sur le fait de vivre à l’étranger. La crise sanitaire a eu des conséquences sans précédent sur la mobilité internationale. En tant que fondateur d’Expat.com, comment les expats ont vécu cette crise ? Cette enquête, réalisée entre avril et mai 2020 auprès de 725 expatriés, nous livre justement un éclairage intéres-

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sant sur ce point. D’après notre sondage, 82 % des expatriés interrogés ont choisi ne pas rentrer dans leur pays d’origine malgré ces circonstances exceptionnelles car ils se sentaient plus en sécurité dans leur pays d’accueil. Il s’agissait d’expatriés de longue durée qui ont fait le choix de rester dans leur pays d’expatriation. Les expats, comme le reste de la population, ont été fortement impactés par les conséquences de la crise. L’inquiétude demeure face à l’incertitude ambiante et la crise économique qui se profile à l’échelle planétaire apparaît parfois comme une menace, lorsqu’il s’agit de la pérennité de leur emploi actuel. Pouvez-vous chiffrer le nombre des expats qui sont retournés chez eux à la suite de la perte de leur emploi ? Notre enquête s’est également intéressée aux 18 % d’expatriés relevés qui ont fait le choix de rentrer dans leur pays d’origine, entre avril et mai. Les principales raisons évoquées étaient pour retrouver leurs proches, pour 29 % d’entre eux, ou encore pour bénéficier d’un système de santé de qualité, pour 21 % d’entre eux. Il s’agissait majoritairement d’expatriés de courte durée, notamment des étudiants pour qui le fait d’être loin de leur famille a pesé dans la balance. La perte d’emploi sera probablement une autre raison valable qui pourrait amener d’autres expatriés à opter pour la répartition, ces prochains mois. L’Organisation internationale du travail (OIT) estime que 55 millions de personnes risquent de perdre leur emploi en raison de la crise. Ne pensez-vous pas que les pays qui ont été touché par cette crise vont faire du protectionnisme pour leurs citoyens avant de faire appel à une main d’œuvre étrangère ? Il est difficile de se prononcer sur les décisions gouvernementales qui seront prises. Cela dépendra du contexte national et de la volonté d’orientation des gouvernements. A titre d’exemple, Maurice, pays dans lequel nous sommes implantés, a présenté des mesures visant à attirer les étrangers dans le cadre de la relance de l’économie. Cependant, il est vrai que certains pays, par exemple les Etats-Unis, semblent durcir les conditions d’obtention des visas de travail. Il faudra suivre avec attention cela et


Julien Faliu, Fondateur d’Expat.com

voir si c’est véritablement l’émergence d’une nouvelle tendance ou seulement des mesures provisoires.

sont les conseils que vous pourriez donner aux candidats à l’expatriation?

L’expatriation reprendra-t-elle dès l’ouverture des frontières ?

Je leur dirais de garder espoir malgré tout, de rester optimiste si leur projet leur tient à coeur et que toutes les conditions sont réunies dans leur pays d’accueil tant au niveau sanitaire, qu’économique. Il faut bien vérifier ces conditions avant de se lancer et rester flexible afin de pouvoir adapter son projet en fonction. Au vu du contexte actuel, la notion d’adaptabilité voire d’agilité prend tout son sens et apparaît primordiale dans tout projet d’expatriation. En ayant tous ces éléments en tête, ils peuvent continuer à préparer leur départ et à s’organiser, tout en sachant que leur date de départ est susceptible d’évoluer lors des prochains mois.

Il est difficile de répondre à cette question avec certitude aujourd’hui. On constate sur notre plateforme que de nombreuses personnes qui avaient comme projet de s’expatrier avant la pandémie, n’ont pas abandonné l’idée et continuent de préparer leur expatriation. N’oublions pas tous ces expatriés qui sont restés dans leur pays d’accueil pendant la pandémie. Ils seront peu nombreux, seulement 38% parmi les personnes interrogées lors de notre enquête, à regagner leur pays d’origine une fois les frontières réouvertes. Ce que nous vivons aujourd’hui changera profondément nos sociétés, nos économies et nos vies, quels

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Repats Les “Repats”, est le terme qui est dernièrement en vogue. Par opposition aux expats, les repats désignent ces africains généralement bardés de diplômes et d’expérience internationale et qui décident de revenir sur le continent africain ou dans leur pays d’origine afin créer des entreprises ou d’y travailler.

«Pourquoi

un retour de la diaspora en Afrique?

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Les chiffres sont sans équivoque, 71% des membres de la diaspora africaine envisage de revenir travailler en Afrique. Dans la majorité de nos pays, où tout est à faire et où les opportunités sont nombreuses, les repas ont un rêve. Celui de voir aussi l’Afrique se développer et de pouvoir mettre à profit tout ce qu’ils ont appris. Ce qui pousse encore plus la diaspora à envisager un retour en Afrique et à passer à l’action, c’est l’attractivité et la croissance unique du continent, comme l’a souligné Chams Diagne, CEO de Talent2Africa, lors de son passage à l’émission Made In Africa. Contrairement aux années précédentes, nous assistons désormais à un phénomène inverse où les “repats” sont davantage recherchés sur le marché de l’emploi africain que les expatriés. Pour réussir son retour en Afrique, il est important de faire des recherches au préalable et de faire preuve d’humilité et de rigueur une fois sur place. Finalement, il est bon de constater que les opportunités en Afrique sont disponibles pour tout le monde, notamment dans le secteur du BTP; l’ingénierie et la transformation digitale.


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CULTURE & MÉDIAS

Intégration :

une responsabilité partagée entre la personne immigrante et la société d’accueil Le succès d’une conception québécoise de l’intégration, dans sa version interculturelle, passe par la réussite des politiques d’intégration. L’importance du dialogue entre les communautés devient une priorité nationale dans un contexte de diversité.

L

’emploi est le meilleur moyen de montrer aux personnes immigrantes qu’elles ont une place entière au niveau de la société québécoise. Mais aussi les professionnels immigrants ou travailleurs qualifiés devront, à leur tour, développer un sentiment d’appartenance à leur société d’adoption. Une immigration réussie est le fruit de l’adhésion de la population locale à l’accueil de nouveaux concitoyens. L’intégration des immigrants étant une responsabilité partagée suppose que tout acteur mette la main à la pâte pour une réussite de l’intégration professionnelle, résultante d’un mieux-vivre ensemble harmonieux. Les immigrants n’ont pas à porter tout seuls le fardeau de l’intégration. L’immigration ne doit pas être reliée exclusivement à l’idée de problèmes. L’association immigration-problèmes ou immigration-fardeau fausse la richesse de la diversité culturelle. L’apport de l’immigration à la société québécoise est tout à la fois économique, démographique, linguistique et socioculturel. Cet essai constructif, nous l’espérons, aura aidé modestement à comprendre les enjeux complexes de l’immigration et de l’intégration dans le contexte d’une société minoritaire en Amérique du Nord.

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Intégration professionnelle

des personnes immigrantes et identité québécoise Une réflexion sociologique Cet ouvrage sur l’intégration des personnes immigrantes se veut un outil de réflexion et d’action. La question de la problématique de l’intégration des personnes immigrantes est abordée différemment selon le point de vue des différents acteurs. Une vision différente selon de quel côté l’on se situe : une forme de dualisme. Pour la société d’accueil, les personnes immigrantes doivent s’intégrer aux réalités de la société québécoise en comprenant leur mentalité, leur spécificité, les valeurs communes et en cessant de se ghettoïser. Une intégration réussie passe inévitablement par la maîtrise des valeurs, des us et coutumes de la société d’accueil. Quant aux personnes immigrantes, l’intégration réussie signifie un emploi rapide dans son domaine de compétence. Ces deux analyses sont complémentaires et non opposées. La sensibilisation aux relations interculturelles permet aux immigrants tout comme à la majorité minoritaire, pour reprendre l’expression de Gérard Bouchard, de se découvrir et de s’apprécier mutuellement. Une immigration réussie est le fruit de l’adhésion de la population locale à l’accueil de nouveaux concitoyens. Cet essai constructif, qui est le résultat de cinq années de revues documentaires sur les débats à l’Assemblée nationale du Québec, les recherches scientifiques, la littérature journalistique et l’expérience de terrain, ne contient pas de solution miracle à l’intégration, qui est un problème complexe. Mais, il peut jeter les bases d’une réflexion prenant en compte tous les points de vue.

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Culture & Médias

Entrepreneuriat Le guide complet

La première partie du livre s’intitule «Prendre part à la révolution entrepreneuriale».

D

ans cette partie il s’agit de motiver le lecteur à entreprendre, en le poussant à affronter ses peurs et à se préparer psychologiquement à la vie d’entrepreneur. La deuxième partie aborde la planification avec des thèmes comme le plan d’affaires, la méthode Lean Startup ou le modèle d’affaires, entre autres. La troisième est dernière partie parle des aspects pratiques du démarrage tels que le fait s’associer ou de se lancer seul, la gestion des ressources humaines, etc.

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Un africain dépressif, est ce que ça existe même? La dépression, c’est pour les blancs ou pour les riches africains qui font des caprices... Un vrai africain est fort mentalement...

C

’est en général, le type de réflexion q u ’o n p e u t e n tendre lorsqu’on parle de dépression en public. C’est un sujet tabou qui fait l’objet soit de moqueries soit d’un manque d’intérêt lorsqu’il est abordé en public. Et pourtant, la dépression est réelle. J’ai dans mon entourage des personnes qui souffrent de dépression depuis plusieurs années... Elle peut vous frapper à n’importe quel moment de votre vie (J’ai vécu un épisode en 2019) Aborder un sujet aussi délicat que tabou comme la dépression en Afrique noire n’est pas forcément une partie de plaisir. Et pourtant mon amie Wilma Sickout Assele a décidé de se mettre à nu en parlant ouvertement de ses 7 années de dépression, qui l’ont plongée dans une souffrance hors norme... Sorti en Mars 2020 aux éditions L’harmattan Côte d’Ivoire, son livre autobiogra-

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phique ‘’ Au nom de la vie ‘’ Elle raconte son histoire douloureuse en tant que femme, plongée dans les profondeurs les plus sombres et insoupçonnées de la dépression. Elle raconte également comment elle a pu remonter la pente. « Qu’est-ce qu’on appelle guérison chez les grands dépressifs ? C’est le fait de pouvoir assumer qu’on est dépressif et de pouvoir en parler et de pouvoir aider les autres. Mais cela n’empêche pas qu’on puisse faire des rechutes, etc. On vit avec la dépression, on se sent mieux par rapport au début de la maladie. On gère mieux. Et c’est une sorte de guérison » Avec son récit-témoignage, elle veut porter, à la face du monde et de l’Afrique, une lumière singulière sur la dépression et montrer que cette histoire peut être celle de milliers d’autres femmes et d’hommes. «Ressuscitée» d’entre les dépressifs, Wilma Sickout Assele a décidé de passer à un autre cap : tenter de s’éloigner le plus loin possible de tout ce qui lui rappelle cet épisode douloureux de sa vie...


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LES SALONS VIRTUELS DE L'EMPLOI 2020 en quelques chiffres... SALON VIRTUEL DE L'EMPLOI DES PROVINCES

56 employeurs dont des entreprises d'envergure nationale mais aussi des petites et moyennes entreprises disséminées d'est en ouest, d'un océan à l'autre !

306 offres d' emplois pour 651 postes à combler et une possibilité d'établir un dialogue direct entre l'employeur et le candidat Des chercheurs d'emploi originaires de 28 pays ! 53,8% viennent du Canada 19% viennent de France De nombreux pays représentés (Maroc, Algérie, Belgique, etc) SALON DE RECRUTEMENT ET PROMOTION DES TERRITOIRES

510 candidats éligibles pour travailler au Canada et demandeurs d'emploi ont eu accès à la plateforme et ont soumis leur curriculum vitae Une section spéciale dédiée à la petite enfance pour pallier à la pénurie de main d'oeuvre dans ce secteur, en particulier pour les services de garde en français

participation d'IRCC pour des conseils en immigration ouvert à tout chercheur d'emploi 366 candidats inscrits

Une porte d'entrée unique vers le marché du travail au Canada ! Suivez-nous sur nos réseaux sociaux pour nos mises à jour sur nos prochains salons virtuels de l'emploi en 2021.

emplois-au-canada.ca emploisaucanada.com

rdee.ca IntégrAction Le Magazine des migrants en Action

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