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Mobilité

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Confédération Centre

LE PAQUEBOT DES RUES-BASSES BIEN AMARRÉ

Après trois ans de transformation majeure, fin des obstructions visuelles. Du rez qui vient de rouvrir, on embrasse désormais d’un seul regard la galerie commerciale étendue sur trois étages et ses ponts en bois comme ceux d’un bateau.

Le sol en terrazzo anthracite reflète chaleureusement l’éclairage à LED et la lumière naturelle dont l’apport est optimisé. Photos Frank Mantha

Idéalement situé, on l’a toutefois connu durant trente-cinq ans esthétiquement clinquant, fonctionnellement inadapté, livré de jour comme de nuit aux courants d’air. Fin d’une époque pour Confédération Centre, situé dans les Rues-Basses. Du rez-de-chaussée, qui accueille la clientèle depuis le samedi 4 décembre, s’offre la vue d’ensemble de ce paquebot commercial de quelque 8300 m3 qui sera entièrement opérationnel dans le courant de 2022.

«Faciliter la compréhension du lieu, donner une vue d’ensemble aux différents espaces», tel a été le fil rouge de l’architecte Andreas Ramseier, coauteur du concept de rénovation en association avec le bureau Itten + Brechbühl.

Le long couloir barré d’escaliers, d’escalators et de colonnes de marbre fait définitivement partie du passé. La finesse des piliers en métal sombre met en valeur les façades des boutiques. Le sol en terrazzo anthracite reflète chaleureusement l’éclairage à LED et la lumière naturelle dont l’apport est optimisé par l’agrandissement des vitrages de la terrasse du dernier étage. Dans le hall central de 740m2, ascenseur, escalator et escalier composent un ensemble cohérent qui relie les niveaux, dont les formes en contreplaqué de chêne, fluides et galbées, font penser aux ponts en bois d’un bateau. Voué au luxe, devenu rapidement une galerie fourre-tout, le centre sorti de terre en 1986 avait maintenu sa grandiloquence désuète peu propice à capter l’attention du promeneur. Le voici ressurgir dans une veine contemporaine, favorable à la nouvelle stratégie commerciale axée sur une offre de qualité dans la gamme premium abordable, avec un mélange de marques suisses et internationales.

76% des surfaces réservées Au nombre des premiers occupants du rez, Etam, spécialiste de la lingerie féminine déjà installé à Balexert, a rejoint le centre-ville et les deux marques de déco et de design nordiques, Sostrene Grene et Flying Tiger, ont choisi d’inau-

«Faciliter la compréhension du lieu, donner une vue d’ensemble aux différents espaces»

gurer ici leur premier flagship genevois. Une enseigne de wellness, un opticien, une pharmacie, un spécialiste du thé, la boutique genevoise de vêtements multimarques Hotbox sont parmi les arcades qui animent déjà les lieux. «75% des surfaces sont déjà réservées et nous sommes en discussions avancées pour une grande partie des surfaces restantes», indique Horace de Saint Pierre, l’un des responsables de la commercialisation et de la location. Consacrés au shopping et au lifestyle, le rez et le premier étage verront d’autres ouvertures dans les mois à venir. Dès la fin du printemps, la restauration occupera une place de choix au dernier étage. Aux côtés de la Brasserie Lipp, qui, grâce à un arrangement particulier, est restée ouverte durant la réfection, verront notamment le jour un food court d’esprit street food, un bar à vins, des restaurants, dont Capocaccia qui fera son retour dans ses locaux historiques, à l’automne. Au sous-sol, Pathé Rex, au bénéfice d’un accord de retour après travaux, a jeté l’éponge. C’est sous la houlette d’un nouvel exploitant (ciné REX, qui exploite déjà le Ciné 17 et le Cinérama Empire) que le cinéma passé de quatre à six salles va reprendre vie dès le printemps prochain. D’autres concepts de divertissement devraient également se développer sur ce niveau. Au total, plus d’une trentaine d’enseignes se partageront les surfaces. «Le taux de location et de réservation a représenté un défi, non seulement au vu de la situation sanitaire, mais aussi parce qu’il était difficile pour les visiteurs de se projeter en plein chantier, rappelle Horace de Saint Pierre. Nous voyons à présent vraiment le résultat en termes de fonctionnalité et de l’architecture qui se révèle magnifique.»

La façade, une carte de visite Assurer une perception claire des lieux a consisté à passer par l’exercice de la continuité entre architecture intérieur et architecture extérieure. En façade, la série de bas auvents et d’éléments métalliques ont été bannis. Surplombant les deux premiers niveaux sur toute la longueur du bâtiment, la marquise qui abrite de larges vitrages fait office de carte de visite qui suscite l’envie de pénétrer dans la galerie. Plus d’une trentaine d’enseignes se partageront les surfaces. Frank Mantha

Confédération Centre en dates

Printempsété 1977

1978

Avril 1980

1er septembre 1986

Août 1987 Démolition du pâté d’immeubles (18-20-22 rue de la Confédération) qui abritait notamment les cinémas Dôme et Rex.

Octroi de l’autorisation de construire

Début du terrassement, qui ne s’est achevé qu’en juin 1984, du fait des risques d’affaissement de la colline de la Vieille-Ville. Il a fallu stabiliser le terrain par des parois moulées.

Inauguration du centre commercial en présence de 4000 invités, dont les acteurs Jean Yanne, Michel Piccoli et Fanny Ardant qui jouaient ensemble dans «Le Paltoquet», diffusé dès le 3 septembre dans l’une des trois salles du Rex.

Première boutique à tomber en faillite: Pierre Cardin

Décembre 1987

Hiver 1995

1996

Juin 2005

2012 Gabriel Tamman rachète 75% du centre commercial pour 400 millions de francs auprès d’UBS.

A la tête du Département des travaux publics, le conseiller d’Etat Philippe Joye accorde l’autorisation permettant de mettre en hiver un dispositif de portes coulissantes vitrées au dernier étage du centre, ceci afin d’éviter les courants d’air. La première demande datait de 1987…

La Bourse de Genève quitte les locaux qu’elle y occupait.

Gabriel Tamman cède le centre au Credit Suisse Anlagestiftung pour 180 millions.

Un concours d’architecture sur appel est lancé. Il portait sur la rénovation de la galerie marchande. Il a été remporté par le bureau zurichois Ramseier & Associates Ltd en partenariat avec l’antenne genevoise du bureau Itten + Brechbühl SA.

2019 Chantier ouvert en janvier après le départ des derniers magasins locataires.

Source S. G.

D’une surface totale de 6000m2, les bureaux occupant les étages supérieurs sont restés en place durant les travaux et n’ont pas été rénovés. Les considérations environnementales ont joué un rôle important dans la rénovation, avec, par exemple, l’installation d’un chauffage géothermique dans tout le centre. Déjà mandatée lors de la construction, Steiner SA a à nouveau mené les travaux en tant qu’entreprise totale. Les coûts de la rénovation sont estimés à une soixantaine de millions de francs. Moins que sa construction qui avait coûté 400 millions de francs et entravé les Rues-Basses durant dix ans. Viviane Scaramiglia

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