no Bureau des guides du GR2013
De l â Ă©vidence de partir du terrain
Sommaire
Livre 4
â De lâĂ©vidence de partir du terrain
2017 â 2022, cinq annĂ©es de bivouac avec lâĂcole Nationale SupĂ©rieure dâArchitecture de Marseille
Livre 5
â De la nĂ©cessitĂ© de se relier
Un nouveau sentier Ă Toulon
Livre 6
â De lâimportance des rĂ©cits
Le Forum LIFE du 8 octobre 2021 : Re-panser les villes â Penser la nature âą Arbres en ville âą Le Terradou des hauts de Sainte-Marthe âą De lâespace vert au jardin intime, du domestiquĂ© au sauvage : contradictions dans le dĂ©sir de la nature en ville âą Le Ruisseau des Aygalades
Avant-propos
Antoine Devillet Bureau des guides du GR2013Nous savions.
Nous pensions savoir. Mais que savions-nous au juste ? Lâincertitude est venue peupler nos rĂ©cits. Depuis les derniers Cahiers Dehors, nous sommes nombreux·ses Ă Ă©numĂ©rer cette mĂȘme liste, tel un passage obligĂ© pour dire oĂč nous en sommes : Covid-19, inondations, canicules, sĂ©cheresses, dĂ©bĂącles sociales autour des questions Ă©nergĂ©tiques. Nos villes ressemblent un peu plus Ă ce que nous pensions savoir : des mondes fragiles, il est urgent dâen prendre soin.
La nature en ville a pris dâautres visages : elle est le virus qui se transmet par lâhu miditĂ© quâon respire, les flots qui dĂ©ferlent et laissent les terres assoiffĂ©es, elle est le soleil trop lourd qui embrase les herbes folles, elle est le froid quâil est devenu trop cher de refuser, ou encore la distance que les pĂ©nuries de pĂ©trole ne permettent plus dâoublier. La nature est ce Ă quoi nous devons nous adapter.
A cĂŽtĂ©, on sâactive, on ne sait pas trĂšs bien comment, on ne sait plus trĂšs bien pour quoi. Il faut bien continuer Ă habiter ces villes, on sait : la nature est notre seule alliĂ©e pour cette adaptation. Mais on ne sait pas bien comment. Chaque projet pose mille questions, chaque tentative de rĂ©ponse est scrutĂ©e : et si en pensant bien faire, nous rĂ©pĂ©tions les mĂȘmes erreurs ? Ces nouveaux visages de la nature nous ont rĂ©appris lâimportance de suivre avec prudence chaque lien dâinterdĂ©pendance. La nature est partout. Dans les terres arables arasĂ©es pour faire les nouveaux parcs urbains et dans les mĂ©taux des batteries Ă©lectriques qui transforment le vrombissement des voitures en composition de design sonore, dans les transformations sociales liĂ©es Ă la renaturation des riviĂšres et dans les insectes vivant dans lâombre douce des allĂ©es de micocouliers. Câest en refusant de dĂ©lier toutes ces questions que lâon peut penser sâallier Ă la puissance de la nature pour rendre nos villes vraiment vivantes et viables. Les itinĂ©rances proposĂ©es par le Bureau des guides du GR2013 au sein du projet Nature For City Life ont continuĂ© Ă inviter celles·ceux qui le voulaient Ă suivre ces liens dâinterdĂ©pendance. Penser avec les pieds comme une enquĂȘte polyphonique, plurielle, sensorielle et toujours en mouvement. La bienveillance dâun groupe qui arpente avec de multiples maniĂšres de porter attention comme le dĂ©but dâune alliance possible avec la nature...
Cette deuxiĂšme sĂ©rie de Cahiers Dehors propose de partager une rĂ©flexion sur les formats expĂ©rimentĂ©s lors de ces itinĂ©rances. Que ce soit au travers du dĂ©paysement des pratiques pĂ©dagogiques de lâĂ©cole dâarchitecture, par la recherche de communautĂ©s de pratiques au travers dâun sentier transdisciplinaire et transcommunal, ou par le besoin de toujours multiplier les rĂ©cits des lieux que lâon habite : on flaire lâenvie collective de penser diffĂ©remment, de faire un pas de cĂŽtĂ© vers des sols plus troubles. Certain·e·s disent que la nature avance par tĂątonnement, avec lâincertitude des pas sur un sentier caillouteux ou sur une passerelle qui enjambe lâautoroute, au rythme dâune longue conversation entre tous les ĂȘtres. Câest sans doute Ă ce rythme-lĂ quâelle nous intime de panser la vie de nos villes.
De lâĂ©vidence de partir du terrain
2017-2022 : cinq annĂ©es de bivouac avec lâĂcole Nationale SupĂ©rieure dâArchitecture de Marseille
Pour ouvrir leur premiĂšre annĂ©e Ă lâĂcole Nationale SupĂ©rieure dâArchitecture de Marseille, les nouveaux Ă©tudiants partent Ă la dĂ©couverte du territoire en marchant plusieurs jours sur des sĂ©quences du sentier mĂ©tropolitain. Cette Ă©cole buissonniĂšre est animĂ©e par les artistes marcheurs et guides pour le projet Nature For City life, les enseignants des diffĂ©rentes disciplines de lâĂ©cole ainsi que des commentateurs invitĂ©s. Deux journĂ©es sont consacrĂ©es Ă la marche collective et Ă lâexpĂ©rience dâun bivouac accompagnĂ© dâune confĂ©rence de plein air, et quand on est 200 : câest en soi une aventure. Une derniĂšre journĂ©e est dĂ©clinĂ©e en plus petits groupes et invite les Ă©tudiants Ă plonger de maniĂšre plus approfondie dans un paysage qui deviendra leur site de projet pour plusieurs mois.
Les thĂ©matiques portĂ©es par le projet Nature For City Life sont aujourdâhui au cĆur des enjeux de la fabrique urbaine. La dĂ©marche de paysage est de plus en plus valorisĂ©e dans les processus dâamĂ©nagement, la planification urbaine intĂšgre au travers des Infrastructures Vertes et Bleues mais aussi au travers des documents comme les plans de paysage, des lectures, des orientations et parfois des obligations quant Ă la prise en compte de la nature en ville.
NĂ©anmoins quâen est-il de la dimension sensible, sans doute indispensable pour vĂ©ritablement apprĂ©hender la complexitĂ© Ă©cologique dans lâacte de construction ? Les techniciens des collectivitĂ©s mais aussi les professionnels de lâamĂ©nagement que seront un jour les Ă©tudiants de lâENSA.M tĂ©moignent souvent des difficultĂ©s quâils rencontrent Ă dĂ©cloisonner leur pratique, Ă ne pas lâassigner Ă une approche technique en silo limitant le rapport au paysage et au site Ă une prise en compte patrimo niale ou sous lâangle de lâattractivitĂ©.
Marcher, pratiquer le paysage en se rendant sensible aux milieux que lâon traverse et aux histoires qui les composent peut participer dâune mĂ©thode et dâune pĂ©dagogie. 5 gĂ©nĂ©rations dâapprentis architectes, plus de mille Ă©lĂšves se sont ainsi succĂ©dĂ©s sur les chemins de lâĂ©tang de Berre, avec pour premier geste dâarchitecture de monter leur propre tenteâŠ
MalgrĂ© les crises de la COVID le Voyage inaugural a Ă©tĂ© maintenu, rendant pour ces centaines dâĂ©tudiants·es marqué·e·s par les confinements la question du vivant sans doute encore plus saillante et nĂ©cessaire.
Nous vous proposons dans ce 4Ăšme opus des cahiers Dehors de partir Ă la rencontre de cette expĂ©rience hors du commun au travers dâune sĂ©lection dâimages du photographe Benjamin BĂ©chet, qui a documentĂ© durant 5 ans lâaventure, et de tĂ©moignages dâĂ©tudiants ou dâenseignants recueillis au cours de ces grandes marches. Puis, nous prendrons un peu de recul rĂ©flexif sur les enjeux pĂ©dagogiques avec Alexandre Field, initiateur de ce voyage inaugural au sein de lâĂ©cole, et Maya Nemeta, architecte et enseignante Ă lâENSA-Marseille, puis partagerons les retours dâexpĂ©riences des guides Nicolas Memain, Alexis Feix et Dalila Ladjal du collectif SAFI.
Ces voyages ont Ă©tĂ© conçus avec les enseignants de premiĂšre annĂ©e de lâEcole Nationale SupĂ©rieure dâArchitecture de Marseille et ont Ă©tĂ© organisĂ©s par le Bureau des guides du GR2013 dans le cadre du programme europĂ©en Nature For City Life, soutenu par le programme LIFE. Le reportage photographique de cette expĂ©rience a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par Benjamin BĂ©chet.
Bivouac 1
Mer. 5 â ven. 7 septembre 2018 de Port-de-Bouc Ă Saint-Chamas Avec une visite architecturale de RenĂ© Borruey.
Bivouac 2
Mer. 4 â ven. 6 septembre 2019 de Port-de-Bouc Ă Saint-Chamas Avec une confĂ©rence-spectacle de Johann Le Guillerm.
Bivouac 3
Mer. 2 â ven. 4 septembre 2020 de Port-de-Bouc Ă Saint-Chamas Avec une confĂ©rence de Nicolas Flocâh.
Bivouac 4
Mer. 15 â ven. 17 septembre 2021 de Pas-des-lanciers Ă Lavera Avec une confĂ©rence de Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal Ă la Friche la Belle de Mai. Bivouac annulĂ© pour raisons mĂ©tĂ©orologiques.
Bivouac 5
Mer. 7 â ven. 9 septembre 2022 de Pas-des-Lanciers Ă Marignane Avec une confĂ©rence de Duncan Lewis. Les citations sont tirĂ©es dâinterviews rĂ©alisĂ©es par Benjamin BĂ©chet en 2021.
découvrir la vidéo de ces interviews, flashez ce code.
Câest quoi le projet ?
Alexandre Field, co-fondateur du Bureau des guides du GR2013 et enseignant Ă lâĂ©cole dâarchitecure de Marseille
Lâintention premiĂšre de cette expĂ©rience, câĂ©tait de proposer un exercice sur le GR2013. Et si on veut proposer un exercice sur le sentier, il faut alors aller marcher. Dans le prolongement des bivouacs quâorganisait le Bureau des guides, sâest ajoutĂ©e lâenvie dâen faire un acte dâhospitalitĂ©. Par ce voyage inaugural, on voulait dire : bienvenue dans lâĂ©cole et dans ce territoire que vous ne connaissez pas. Câest ici que vous allez Ă©tudier. Nous voulions par tager un moment de transmission et dâaccueil. Cette forme nâexistait pas avant, il a fallu lâinventer. Câest assez audacieux et culottĂ© de la part dâune Ă©cole dâaccepter de dĂ©placer toute sa promotion, confier cette organisation Ă une association complice et laisser partir les Ă©tudiants dĂšs le lendemain de leur arrivĂ©e pour une expĂ©rience dâimmersion dans le territoire. DĂšs le dĂ©marrage, le moment du bivouac a Ă©tĂ© intĂ©grĂ© Ă lâensemble des exercices du semestre. Le temps 1, câest dâaller marcher pendant deux jours, et le temps 2 câest de commencer les exercices de projet in situ sur un site qui accompagnera les Ă©tudiants sur tout un semestre. Câest important que ce ne soit pas un moment dĂ©tachĂ© du reste. Ăa a permis, au fil des annĂ©es, de construire la pĂ©dagogie et de penser les exercices et leurs enchaĂźnements, la façon dont on passe du terrain Ă lâatelier, dâune forme dâobservation Ă une forme dâexercice de conception.
Ce qui est intĂ©ressant, câest que cette expĂ©rience a Ă©tĂ© reprise ailleurs. Il y a dâautres Ă©coles qui sâen sont inspirĂ©es. Nous partageons globalement tous ce besoin du terrain et sommes nombreux Ă remettre en rĂ©flexion de maniĂšres similaires nos façons dâenseigner lâarchitecture.
Les bivouacs nous ont permis de repenser lâenseignement de la premiĂšre annĂ©e autour de nombreuses questions contemporaines : lâattention au territoire, Ă ceux qui y vivent, le soin Ă porter aux milieux. Tout ça nous a amenĂ© Ă sortir de lâĂ©cole. Sâil y a un prĂ©alable indispensable au projet câest la connaissance du terrain. Ce qui nourrit nos intuitions, câest de re connaĂźtre la maniĂšre dont on habite le territoire, et la singularitĂ© de cette maniĂšre dâhabiter. Et ça, on nâest Ă©videmment pas les seuls Ă le penser. Câest une question partagĂ©e : comment est-ce quâon peut ouvrir en grand les fe nĂȘtres dâune Ă©cole qui a un peu trop pensĂ© que le projet rĂ©solvait tout et que la place de lâarchitecture Ă©tait partout ? Nous sommes nombreux Ă nous demander comment la place de lâarchitecte peut venir aujourdâhui plutĂŽt
De lâĂ©vidence de
partir
conforter les situations existantes. Nous, architectes, travaillons un regard singulier. Le projet peut ĂȘtre une maniĂšre de comprendre le monde, pas forcĂ©ment tout de suite de le bĂątir.
Le voyage inaugural est nĂ© de ce constat-lĂ , et ensuite, il sâest bĂąti dans la complicitĂ© entre les enseignants et lâĂ©quipe du Bureau des guides. La forme du bivouac a Ă©voluĂ© avec les annĂ©es. On a toujours remis en cause et observĂ© ce quâon faisait pour pouvoir le nourrir et affiner la proposition, chaque bivouac Ă©tait trĂšs diffĂ©rent. Le trajet de la marche, la maniĂšre dont on y traverse des sites potentiels dâexercice, - aujourdâhui on fait le tour de lâĂ©tang de Bolmon et ça nous permet de relier lâensemble des sites de projets. La seule constante a Ă©tĂ© dâorganiser lâensemble des exercices du semestre Ă partir du site quâon explore avec les guides lors du troisiĂšme jour. Cela offre cette possibilitĂ© de sentir que le projet est un moyen dâapprofondir la situation quâon dĂ©couvre. AprĂšs on a affinĂ© la question du voyage en transports collectifs (Ă deux cents!), on a prĂ©cisĂ© le rĂŽle du carnet de voyage qui accompagne la marche en mĂȘlant la parole des enseignants et la parole des guides, les rĂ©cits du territoire avec des espaces pour Ă©crire les siens. On a toujours essayĂ© de trouver un moyen de se servir des contraintes dâun voyage et de ce qui est de lâordre de lâorganisation de la vie pendant deux jours, comme support Ă la conception de cette proposition pĂ©dagogique. On a transformĂ© la nĂ©cessitĂ© de dormir sur le lieu en un moment de rĂ©flexion sur lâorganisation dâun campement - ce qui est lâobjet dâun exercice ultĂ©rieur, en atelier, oĂč les Ă©tudiants doivent rĂ©flĂ©chir Ă la conception dâun chapiteau. Le moment de la veillĂ©e, de la mĂȘme maniĂšre, a Ă©tĂ© intĂ©grĂ© Ă la proposition pĂ©dagogique, en invitant une personnalitĂ© Ă encourager les Ă©tudiants Ă che miner, par lâexpĂ©rimentation, par lâobservation et lâapprofondissement de ces connaissances qui stimulent la crĂ©ativitĂ© et lâinventivitĂ©. On a demandĂ© Ă des artistes et des architectes de venir tĂ©moigner de leurs maniĂšres de chercher. Johann Le Guillerm, par exemple, qui est Ă la fois artiste circassien et plas ticien, nous a racontĂ© quâun jour il avait eu besoin de faire un point sur sa pratique et que pour ça, il sâest demandĂ© comment le monde sâorganisait. En remettant tout dans des boĂźtes, en revenant sur sa maniĂšre de classifier, dâorganiser, de ranger ses idĂ©es, il accompagnait son propos de gestes trĂšs simples de manipulations de matĂ©riaux, dâĂ©quilibres, de mouvements. Il y a quelque chose de trĂšs artisanal et de trivial, mais dâune grande beautĂ©, Ă tirer son intuition et sa crĂ©ativitĂ© de lâorganisation de nos connaissances. Câest un exercice qui revient souvent Ă lâĂ©cole: si on rĂ©flĂ©chit Ă la façon de reprĂ©senter un territoire mĂ©tropolitain, câest apparemment trop grand
du terrain
pour quâon puisse le dessiner, mais si on veut le reprĂ©senter quand mĂȘme, quâest-ce quâon fait ? On est alors obligĂ© de se raconter une histoire pour rassembler tout ça sur une carte. Dans une recherche qui sâappelait lâAtlas MĂ©tropolitain, on avait, entres autres, dessinĂ© le territoire comme un archi pel, oĂč les massifs sont des Ăźles et les grandes infrastructures des mers. On se rend compte quâinventer des histoires demande une solide connaissance du territoire. Et surtout, que câest un superbe moteur de projet. Si on parle de mythogĂ©nĂšse, câest cette histoire solidement enracinĂ©e dans la connaissance des lieux sur laquelle tu peux fonder un projet collectif. Câest ce quâapportent les guides, ils nous aident Ă inventer un rĂ©cit du territoire, Ă partager cette histoire, Ă fabriquer un vocabulaire commun. Ce rĂ©cit de territoire, les architectes ont dâexcellents outils pour y participer. Souvent, jâessaie de dĂ©faire la figure de lâarchitecte, je trouve quâon ne la fonde pas au bon endroit. Il y a pleins de situations oĂč lâon peut venir parti ciper Ă la vie de la sociĂ©tĂ© avec nos compĂ©tences dâarchitecte, que ce soit au sein de la maĂźtrise dâouvrage, dans lâenseignement, Ă travers la recherche, la crĂ©ation artistique, lâengagement politique, la dynamique associative. On acquiert Ă lâĂ©cole une maniĂšre de construire une pensĂ©e et de mettre ses compĂ©tences au service de la rĂ©alisation dâun projet collectif. Dans la proposition pĂ©dagogique du bivouac, il y a aussi cette volontĂ© dâune petite rĂ©forme de la pensĂ©e de lâarchitecture.
Dans une Ă©poque oĂč on est forcĂ© de se poser la question de ces grands Ă©quilibres Ă©cosystĂ©miques, reconsidĂ©rer la place de la nature en ville nous aide Ă reconsidĂ©rer notre place dâarchitecte, nos maniĂšres de projeter, nos maniĂšres dâintervenir, et nos savoirs pour le faire. Câest un cadre efficace pour réévaluer nos outils et nous mettre au travail sur la nĂ©cessaire recom position de la profession.
La premiĂšre marche, câĂ©tait un peu la dĂ©couverte â moi jâĂ©tais pas du tout de Marseille, jâĂ©tais pas du tout de la rĂ©gion. Jâavais dĂ©jĂ marchĂ©, jâĂ©tais plutĂŽt dâun milieu de campagne plutĂŽt que de la ville. Donc ça mâa permis de dĂ©couvrir un autre territoire que je ne connaissais pas, une rĂ©gion, une autre vĂ©gĂ©tation.
On peut se poser des questions sur pourquoi on fait cette marche, pourquoi on va visiter ces endroits, mais il y a des rĂ©ponses qui nous arrivent plus tard dans nos Ă©tudes. On comprend petit Ă petit pourquoi on a fait ça. On dĂ©couvre certes le territoire, son dĂ©nivelĂ©, lâimportance de certaines choses qui sont peut-ĂȘtre anecdotiques, certains dĂ©tails. On dĂ©couvre parfois des habitants qui nous disent beaucoup de choses sur ce lieu. Mais câest pareil, câest quelque chose dont on ne se rend pas trop compte au dĂ©but, mais qui prend Ă©normĂ©ment dâimportance et qui devient fondamental quand on sâintĂ©resse un peu Ă une architecture sensible et un peu plus fine.
â Un Ă©tudiant de cinquiĂšme annĂ©e.
Cette marche inaugurale sert Ă mettre en situation des Ă©tudiants qui viennent dâhorizons trĂšs diffĂ©rents, que ce soit de France ou mĂȘme des pays limitrophes. On a trouvĂ© assez intĂ©ressant quâils commencent les Ă©tudes avec un vrai contact avec le territoire. On appelait ça faire de lâarchitecture avec les pieds, câest aussi lâidĂ©e de mettre les corps dans lâespace et de se rendre compte quâen marchant Ă travers les territoires on va arriver Ă capter beaucoup de choses, que ce soit avec les pieds, avec les mains, avec lâodorat, avec les oreilles et tous les sens qui peuvent se dĂ©velopper et que les jeunes doivent dĂ©velopper pour pouvoir faire du projet architectural.
â Balthasar Sievers, architecte, enseignant Ă lâENSA-Marseille.
Câest quoi la place de lâexpĂ©rience sensible ?
Dalila Ladjal du Collectif SAFI, artiste marcheuse-cueilleuse et guide lors du voyage inaugural de lâENSA·M
Ces Ă©lĂšves, en tant que futurs architectes, sont amenĂ©s Ă faire des proposi tions formelles qui ont un impact trĂšs fort sur nos maniĂšres dâhabiter la terre. La marche dans le bivouac est une articulation, elle permet de relier le paysage aux grands flux qui le façonnent mais câest Ă©galement une expĂ©rience corporelle qui nous ouvre la porte vers une perception sensible du monde et qui rĂ©vĂšle des flux invisibles avec lesquels nous cohabitons. Pour nous, accompagner ces Ă©lĂšves, câĂ©tait apprendre avec eux Ă dĂ©plier ces capacitĂ©s de perceptions. Il nous paraĂźt trĂšs important de redonner de lâimportance Ă nos sens. Nos sens sont Ă la base de toutes les connaissances quâon se fait sur le monde. Et Ă la fois, nos sens sont façonnĂ©s par notre culture. Travailler sur des expĂ©riences sensibles nous permet de venir ques tionner, voire mĂȘme dâun peu desserrer ce façonnage. Pour cela, durant la marche nous racontons des histoires, celle du dĂ©place ment des pollens par exemple dont la circulation, alĂ©atoire et hyper prĂ©cise en mĂȘme temps, est le rĂ©sultat dâune coĂ©volution entre des plantes et des insectes qui jouent avec le vent depuis la nuit des temps. Percevoir ce flux presque invisible mais bien vivant, et Ă la base de la chaĂźne alimentaire, câest faire lâexpĂ©rience dâun monde habitĂ© mĂȘme lĂ oĂč on ne lâattend pas et qui invite Ă partager la terre plutĂŽt quâĂ se lâaccaparer. Nous avons Ă©galement proposĂ© aux Ă©tudiants de dĂ©guster un paysage. Manger un paysage invite Ă comprendre, dans le sens de prendre en soi, ce qui le compose et le façonne. On sâest retrouvĂ© Ă Port de Bouc, dans le palĂ©o-delta de la Durance, qui venait se jeter lĂ , dans dâanciens temps gĂ©ologiques. La riviĂšre sâest dĂ©placĂ©e depuis pour rejoindre le RhĂŽne, mais a laissĂ© derriĂšre elle des indices de sa prĂ©sence millĂ©naire. Ce palĂ©o-delta est une image contemporaine de flux ancestraux. Il raconte lâĂ©lĂ©vation des montagnes, la formation des riviĂšres, et cette conversation entre les reliefs, les sols et lâeau. Dans cette dĂ©gustation, nous cherchions, par un jeu de textures et de saveurs, Ă dĂ©cortiquer couche par couche lâendroit oĂč lâon se trouvait et faire apparaĂźtre, une des composantes majeures : le temps.
lâĂ©vidence de partir du terrain
Ce que nous voyons dâun paysage est un instant dans une dynamique encore en mouvement. Il sâagissait donc de rendre perceptible les forces de construc tion et dâĂ©rosion de la terre et de faire apparaĂźtre que le sol, quâon perçoit sou vent comme inerte, nâest pas une ligne dâhorizon dans le dessin mais bien une Ă©paisseur de vie rĂ©sultant des grands mouvements et quâil serait prĂ©cieux de prendre soin de ce mouvement dans nos maniĂšres dâhabiter la terre. On essaie aussi par dâautres propositions sensorielles, comme par des pro positions dâĂ©coute par exemple, de se dĂ©gager du primat de la vision. On a tendance Ă privilĂ©gier le prisme de la vue pour penser notre rapport au territoire. Mais nous nâhabitons pas le monde quâavec les yeux. Et si notre culture a appris Ă sâorienter avec les images, dâautres cultures, dâautres es pĂšces et peut-ĂȘtre dâautres versions de nous-mĂȘme, sâorientent avec les sons, les odeurs, les vibrations, les bourdonnements,... Nos corps sont outillĂ©s pour faire apparaĂźtre dans notre gĂ©ographie mentale un monde beaucoup plus vaste et beaucoup plus habitĂ©. Prendre connaissance dâun lieu par lâouĂŻe peut ĂȘtre une maniĂšre de commencer Ă sâouvrir Ă la richesse de ces outils. Mais rien que lâacte de marcher et de bivouaquer câest dĂ©jà ça, câest engager sa corporalitĂ©. Ce temps de bivouac est long, il implique dâexposer les corps Ă la fatigue et Ă la chaleur. Quand tu traverses un territoire pendant deux jours, harassĂ© par le soleil, Ă la recherche de lâombre et de la fraĂźcheur, les questions du rĂ©chauffement climatique sont beaucoup plus prĂ©gnantes. On est plus dans la thĂ©orie, mais dans lâexpĂ©rience vĂ©cue. Toutes ces thĂ© matiques quâon travaille dans le programme Nature for City Life viennent sâincarner corporellement. Mais il sâagit aussi de sâorganiser en tant que groupe quand on traverse des espaces Ă deux cent. En traversant les espaces urbains, pĂ©riurbains, naturels, se posent les questions de lâhospitalitĂ© et de lâaccessibilitĂ© de ses espaces, mais aussi de lâimpact quâon peut avoir en tant que groupe. Essaim temporaire, comment sâorganisent les solidaritĂ©s ? Comment passer dâune somme dâĂ©tudiants Ă une communautĂ© attentive Ă son environnement ? Idem pour le moment du bivouac, les tentes ont toutes la mĂȘme forme et la mĂȘme couleur, câest une belle maniĂšre de saisir le besoin dâorganiser les espaces en cherchant Ă donner du sens Ă ce voisinage. Comment fabriquer des circulations, des rencontres tout en prenant soin du silence, besoin que lâon partage avec toutes les espĂšces ? Par tous ces petits apprentissages, mĂȘme sâils sont tĂ©nus, se dĂ©veloppe une expĂ©rience vĂ©cue de toutes les questions de la ville et de son habitabilitĂ©, et on peut espĂ©rer que cette expĂ©rience invite Ă intĂ©grer ces autres maniĂšres dâhabiter la ville dans la rĂ©flexion architecturale.
LâexpĂ©rience sensible doit ĂȘtre entretenue, il est trĂšs important de bien penser la façon dont cette expĂ©rience rĂ©sonne dans le reste du cursus. Cela permet dâĂ©viter de faire table rase de nos expĂ©riences comme câest trop souvent le cas, mais de prendre le temps de les laisser se dĂ©poser en nous. La sensibilitĂ©, câest comme les sols, ça demande Ă ĂȘtre nourri.
Câest quoi la dĂ©couverte dâun lieu ?
Alexis Feix, enseignant Ă lâĂ©cole du paysage de Versailles et guide lors du voyage inaugural de lâENSA·M
Lorsquâon Ă©tait sur le JaĂŻ, entre Bolmon et lâĂ©tang de Berre, on a fait une lecture du panorama. MĂȘme si on ne connaĂźt pas, mĂȘme si on ne sait pas ce quâil y a au loin derriĂšre, lâimportant pour les concepteurs et conceptrices est dâapprendre Ă voir, mĂȘme sans savoir ce Ă quoi ils et elles ont affaire. DĂšs quâon dĂ©veloppe une vision des lieux, on est dĂ©jĂ engagĂ© dans une mĂ©canique de projet. En dĂ©crivant un panorama, on ne comptabilise pas seulement les forces en prĂ©sence, on commence Ă les mettre en relation et Ă sĂ©lectionner les Ă©lĂ©ments qui nous paraissent importants. Câest dĂ©jĂ un premier pas vers une vision personnelle, et donc des premiĂšres intuitions de projets.
Il est trĂšs riche de commencer par deux jours qui permettent dâarpenter le grand paysage et le territoire et de lâĂ©prouver. Il y a de la chaleur, il y a le vent, on a marchĂ© sur les coquillages du Lido du JaĂŻ, on a dormi, et une familiaritĂ© a commencĂ© Ă se nouer. Ensuite, le troisiĂšme jour seulement, des groupes dâĂ©tudiants et Ă©tudiantes vont se constituer et se concentrer sur un site en particulier. Ils et elles vont travailler dessus pendant un semestre entier. Arpenter prĂ©alablement le grand paysage dans lequel se trouve le site permet dâaborder le pĂ©rimĂštre par ses bords, par sa pĂ©riphĂ©rie. Dans mon mĂ©tier, je fais toujours dâabord le tour des sites de projet avant de plonger dedans. Pas uniquement pour faire durer le suspens, mais aussi pour voir comment ce pĂ©rimĂštre sâattache. En faisant une approche du site, avec le groupe que jâaccompagnais, en quittant petit Ă petit lâurbain, traversant lâancien parcellaire agricole, avec toutes les questions de dĂ©prises agricoles que cela permet de poser, on voit trĂšs tĂŽt se dĂ©tacher ce grand talus de lâan cienne dĂ©chetterie aux Quatres Vents qui sera leur site de projet. Et câest trĂšs important de comprendre que ce site est dĂ©jĂ prĂ©sent de trĂšs loin. Je dĂ©fends beaucoup cette approche par le hors-champ. En tant que concep teurs et conceptrices, on dĂ©cide ou hĂ©rite dâun pĂ©rimĂštre, ce geste nâest pas anodin. Câest une maniĂšre dâorienter les dĂ©cisions, on est dĂ©jĂ dans un acte de conception. Il est de notre responsabilitĂ© de questionner le hors-champ. Le paysage est continu. On habite la continuitĂ©. Ce quâon transforme ici
lâĂ©vidence de partir du terrain
modifie aussi lâailleurs. En changeant les cheminements par exemple, tout le rapport au hors-champ change. Durant ce bivouac 2022, on a dâabord reliĂ© tous les sites de projet en fai sant le grand tour de Bolmon et câest seulement aprĂšs quâon plonge dans la richesse dâun site plus restreint. On y arrive le troisiĂšme jour, au dĂ©but on ne voit rien, puis, petit Ă petit, on remarque la prairie, la diversitĂ© vĂ©gĂ©tale, la diversitĂ© des sols. On grimpe le terril, on prend conscience quâon a un point de vue gĂ©nial, sur le port, sur lâentrepĂŽt, sur lâĂ©tang de Bolmon, il y a tout lâhorizon qui se dessine. On a rencontrĂ© une personne du conservatoire du littoral qui nous a expliquĂ© les enjeux de gouvernance et les politiques publiques, et ce simple talus qui pouvait sembler banal prend toute son Ă©paisseur. Alors, les Ă©lĂšves sont jeunes, ils et elles sortent du BAC, on sent bien que ça fait beaucoup, que ça les dĂ©passe un peu, mais câest cela aussi qui est intĂ©ressant. Quand on travaille sur dessin en bureau, parfois on ne saisit pas toujours les consĂ©quences dâun trait de crayon sur un papier. Et donc lĂ , on sent bien quâil y a beaucoup de choses Ă collecter pour pou voir rendre pertinentes les lignes quâon va tracer sur un papier. Câest une des difficultĂ©s : quand on est sur le site, on est au prĂ©sent, tout est lĂ , mais quand on rentre Ă lâatelier, il manque toujours un cadrage. Il faut saisir, prendre, rĂ©colter au maximum. Inventer ses protocoles de collectes est trĂšs important. Chaque Ă©tudiant·e, trace une ligne mentale et Ă©graine tout ce quâelle rencontre en termes de reliefs, de qualitĂ©s de sol, dâinformations. Lâassemblage de ces quarante coupes fabriquent une imagerie commune. Cela peut prendre diffĂ©rentes formes : une maquette, un plan, un dessin, une cartographie. Une nouvelle fois, aprĂšs notre maniĂšre de voir, notre maniĂšre de cadrer un pĂ©rimĂštre, la façon dont on rapporte le terrain Ă lâatelier fait aussi partie de lâacte dâamĂ©nagement. Aujourdâhui, je ne conçois plus mon mĂ©tier de paysagiste sans celui dâenseignant ou de guide, parce que, selon moi, la transformation du paysage ne va pas sans le goĂ»t de transmettre ce que lâon voit, de continuer Ă regarder au contact de quarante, voire ici, deux cent personnes, et donc autant dâĂ©ner gies diverses, autant de regards diffĂ©rents portĂ©s sur le rĂ©el. Câest la possibi litĂ© dâune expĂ©rience collective du paysage, de mettre les corps dedans. Câest un endroit oĂč on peut inventer ensemble. Pour finir, nous en tant que concepteur·trices nous travaillons sur les rela tions entre les humains et leur environnement. Cette notion de continuitĂ© dont je parlais nous oblige Ă penser les consĂ©quences de nos actions en chaĂźne, dâautant plus dans un contexte de bouleversement climatique. Toutes ces Ă©tapes quâon considĂšre souvent comme prĂ©alable Ă la conception
sont basĂ©es sur lâĂ©coute, câest le plus important. LâĂ©coute, câest lâouverture Ă lâaltĂ©ritĂ© humaine, vivante et pourquoi pas minĂ©rale. AmĂ©liorer les conditions de vie des autres quâhumains est une maniĂšre dâamĂ©liorer les conditions de vie des humains. Autour de lâĂ©tang de Bolmon, câest une invi tation Ă inventer une maniĂšre dâhabiter les marais. On a assĂ©chĂ©, assĂ©chĂ©, les marais, certains ont pensĂ© Ă assĂ©cher Bolmon. On se dit aujourdâhui quâil faut arrĂȘter de faire contre, mais trouver une maniĂšre de faire avec ces mouvements de lâeau. Ce qui ne veut pas dire ne rien faire, mais peut-ĂȘtre trouver une maniĂšre de sâimmiscer. Cette maniĂšre nourrit la possibilitĂ© de ce fameux partenariat entre les humains et la nature dont parle Gilles ClĂ©ment.
Câest quoi une proposition pĂ©dagogique Ă partir dâun bivouac ?
Maya Nemeta, architecte et enseignante Ă lâĂ©cole dâarchitecture de Marseille
Jâai rejoint lâĂ©cole dâarchitecture de Marseille Ă la rentrĂ©e 2018, au moment oĂč nous lancions, pour introduire la premiĂšre annĂ©e de Licence, la toute premiĂšre expĂ©rience de bivouac organisĂ©e avec le Bureau des guides. Cette expĂ©rience hors-les-murs de lâĂ©cole Ă©tait jusque-lĂ inĂ©dite, et trĂšs enthou siasmante en tant que moment inaugural du cursus. Pour les Ă©tudiants, ce moment de la formation est fondamental, puisquâil sâagit, pour la plupart dâentre eux, de leur tout premier contact avec la discipline architecturale et ses enjeux. Ă travers lâexpĂ©rience collective de la marche, nous avons ainsi imaginĂ© une proposition pĂ©dagogique qui consiste, depuis cinq ans, Ă envisager lâarpentage et le relevĂ© comme les premiers outils pour ouvrir et construire le regard des jeunes Ă©tudiants en architecture ; et qui permet ensuite, tout au long du semestre, dâapprĂ©hender la pensĂ©e du projet en action. Notre objectif est de favoriser lâexpĂ©rimentation sur site pour faire projet avec et Ă partir du « dĂ©jĂ -là ». Câest la ligne directrice du programme pĂ©dagogique que nous avons mis en place il y a cinq ans, et que nous avons tentĂ© dâamĂ©liorer et de rĂ©ajuster depuis pour insister davantage chaque annĂ©e sur lâexpĂ©rience du lieu et la manipulation Ă Ă©chelle 1:1.
Le premier exercice de projet, qui propose de concevoir un petit amĂ©nage ment permettant de se reposer et dâobserver le paysage, est par exemple dĂ© sormais rĂ©alisĂ© in situ, sur les rives de lâĂ©tang de Berre. La mĂ©thode consiste ici Ă faire de lâexpĂ©rience du lieu â mais aussi de lâexpĂ©rience du faire â la condition-mĂȘme du projet. Pour cet exercice, les Ă©tudiants choisissent, aprĂšs avoir arpentĂ© le site, un lieu propice Ă lâinstallation. Le projet est ensuite imaginĂ©, Ă©labore et construit in situ, Ă partir des matĂ©riaux et/ou objets trouvĂ©s sur place. Il est enfin redessine individuellement et prĂ©sentĂ© la semaine suivante Ă lâatelier. Cet exercice engage donc lâĂ©tudiant Ă la fois Ă choisir un lieu dâimplantation, pour ses qualitĂ©s, et ses spĂ©cificitĂ©s â une vue, une exposition, un sol â ; mais il interroge aussi les ressources du site, leur assemblage et leur mise en Ćuvre â une pierre que lâon dĂ©place, quelques branches que lâon assemble, des roseaux que lâon tisse. Une fois
De lâĂ©vidence de partir du terrain
le projet rĂ©alisĂ©, il sâagit encore dâen tester les usages â sâabriter du soleil, sâassoir pour pĂȘcher â ; pour rĂ©ajuster le projet si nĂ©cessaire. Surtout, il sâagit pour les Ă©tudiants de prendre conscience de lâimpact de lâintervention dans le paysage.
Faire le choix dâun site dâimplantation, tester et expĂ©rimenter sur place, pour rĂ©vĂ©ler ou consolider une situation existante, nous permet donc dâinterroger Ă la fois lâinscription dâun objet architectural de petite Ă©chelle dans un territoire plus vaste, mais aussi sa mise en Ćuvre et sa relation avec le paysage alentours. Par ailleurs, le fait de partir de lâanalyse sensible des composants simples dâun territoire comme le vent, lâorientation, la pente, les vues ; tout comme de lâexploration des notions de confort et dâergonomie dâun espace, participent de la construction et de la formalisation de la dĂ© marche de projet pour les Ă©tudiants. Enfin, en leur demandant de redessiner leur installation Ă la main, par le relevĂ© sur place, puis par le re-dessin au propre, cet exercice permet dâintroduire les enjeux de la reprĂ©sentation, qui font partie des fondamentaux Ă acquĂ©rir en premiĂšre annĂ©e. Les Ă©tudiants proposent ainsi chaque annĂ©e de trĂšs beaux projets. Lâan passĂ©, deux Ă©tudiants de notre groupe avaient dĂ©placĂ©s au plus prĂšs de lâeau une grume, pour en faire un banc, quâils avaient ensuite abritĂ©e dâun auvent fabriquĂ© avec des cannes de Provence, ramassĂ©es sur place, puis assemblĂ©es et nouĂ©es avec du fil de fer. Lâensemble formait, Ă lâembouchure de la CadiĂšre dans lâĂ©tang de Bolmon, un lieu particuliĂšrement propice pour se reposer et observer les cygnes, et se fondait parfaitement dans ce paysage de roseaux. Plus loin, le long du chenal de Caronte, une Ă©tudiante dâun autre groupe, qui avait repĂ©rĂ© lors de la marche des pneus de voiture abandonnĂ©s sur les berges, a proposĂ© de les rĂ©cupĂ©rer pour en faire des assises, quâelle a rendu transportables grĂące Ă des cordages attachĂ©s par des nĆuds de marin. Cela pourrait sembler loin de lâĂ©chelle architecturale ; pourtant lâintervention pose tant la question des usages, des ressources, de leur assemblage, que celle de lâimpact du projet dans le territoire. LâĂ©chelle de ce type dâinterven tion convoque des aspects qui sont essentiels Ă la dĂ©marche de projet. Cette approche nĂ©cessite de porter une attention fine au territoire, et Ă tout ce qui constitue le « dĂ©jĂ -là  », Ă partir duquel le projet se pense et se conçoit. Et cette lecture du territoire, câest bien lâexpĂ©rience de la marche qui nous permet ici de lâinitier. Cette expĂ©rience du bivouac, nous la mobilisons tout au long du semestre. Chaque exercice de projet la convoque, selon des Ă©chelles et des temporalitĂ©s diffĂ©rentes. Lors du second exercice de projet, qui consiste Ă concevoir un abri pour randonneurs le long du sentier du GR2013, les Ă©tudiants ont
encore en mĂ©moire lâexpĂ©rience vĂ©cue du site et de sa traversĂ©e. Ils ont marchĂ© sur les rives de lâĂ©tang, ils en ont apprĂ©hendĂ© les vues, les massifs, les sĂ©quences urbaines et pĂ©ri-urbaines. Ils ont parfois marchĂ© des heures au soleil, sous la pluie, face au vent, ils ont peut-ĂȘtre souffert de la chaleur ou du froid, et ils ont bivouaquĂ© sur site, tous ensemble. Aussi, lorsque lâon explore plus tard des questions de voisinage et de mitoyennetĂ© dans un exercice dâextension dâun hameau existant, on se souvient de ce moment oĂč lâon a dormi les uns Ă cĂŽtĂ© des autres, oĂč lâon a dĂ» monter sa tente plus ou moins proches de ses voisins, que lâon connaissait Ă peine au lendemain de la rentrĂ©e. On a dĂ» nĂ©gocier des espaces de circulation, mais aussi des lieux de regroupement, plus ou moins partagĂ©s, plus ou moins intimes. Lors du dernier exercice du semestre, qui vise Ă concevoir une structure en toile tendue envisagĂ©e pour sa capacite Ă requalifier de maniĂšre Ă©phĂ©mĂšre un lieu (et qui pose donc la question de la temporalitĂ© de lâacte de construire), lâĂ©cho est physique : le lieu doit ĂȘtre dimensionnĂ© pour accueillir deux cents personnes, et deux cents personnes, câest le nombre dâĂ©tudiants que forme notre groupe lors du bivouac. Cette jauge, que lâon a encore en tĂȘte â lâespace quâelle occupe lorsquâelle est rassemblĂ©e, la distance qui peut sĂ©parer le premier marcheur du dernier lorsque la marche sâĂ©tire â tout cela participe au bon dimensionnement des choses. Câest une expĂ©rience commune Ă laquelle on peut se rĂ©fĂ©rer, tout au long du semestre, mais aussi ultĂ©rieurement, plus tard dans le cursus.
Et au-delĂ du programme des exercices que nous avons mis en place, le territoire de lâĂ©tang de Berre est un site absolument passionnant, par ses situations, qui sont Ă la fois nombreuses et variĂ©es. La traversĂ©e de sĂ©quences urbaines et pĂ©ri-urbaines, de massifs, de zones industrielles, dâĂ©tendues pavillonnaires, de portions dâautoroutes ou de voies ferrĂ©es, ou encore de parcelles agricoles, rĂ©vĂšlent un vrai territoire de contrastes. Cela en fait un site particuliĂšrement pertinent pour aborder les Ă©tudes en architecture, jus tement parce quâil interroge des enjeux qui dĂ©passent le cadre bĂąti. La ren contre avec quelques-uns de ses habitants lors de la marche, et bien sĂ»r la lecture quâen font les guides pendant le bivouac, permettent aux Ă©tudiants dâen saisir les principaux enjeux, pour ĂȘtre en capacitĂ© de les interroger Ă leur tour. La premiĂšre annĂ©e permet ainsi de concevoir des projets de petite Ă©chelle Ă partir de la dĂ©couverte du grand territoire, et câest, Ă mon sens, un vrai enjeu pĂ©dagogique pour lâapprentissage du projet dans les Ă©coles dâarchitecture.
Câest quoi lâĂ©cole buissonniĂšre ?
Nicolas Memain, poĂšte urbaniste et guide lors du voyage inaugural de lâENSA·M
Il y a la question « quâest-ce que câest une promotion en Ă©cole dâarchitec ture ?» On sait tous trĂšs bien que ces Ă©tudiants vont avoir une vie profes sionnelle trĂšs diverses les uns les autres, ils ne vont pas ĂȘtre juste lâarchitecte du permis de construire ou de lâexĂ©cution, au contraire. Il y aura des idĂ©aux alternatifs. Ils vont devoir se poser des questions sur eux-mĂȘmes, sur quel est leur petit moteur intĂ©rieur. Plusieurs moments dans la vie câest ça, tu arrives Ă des carrefours et il va falloir que tu choisisses. Le bivouac sâadresse Ă ces moments-lĂ .
Les savoirs quâon leur a partagĂ©s sont extra-ordinaires de lâenseignement de lâĂ©cole dâarchitecture. Qui est quand mĂȘme beaucoup plus souvent un en seignement dâatelier, avec des choses assez abstraites : les projets, le discours Ă propos du projet et le rendu graphique Ă propos du projet. LĂ , il se passe quelque chose de complĂštement diffĂ©rent, qui dâailleurs a Ă©tĂ© assez brutal dans ce quâils attendaient. Le jeune adulte qui rentre en Ă©cole dâarchitec ture, - je caricature - il sâattend plutĂŽt Ă faire de lâarchitecture de magazine. Câest la conscience un peu mainstream de ce quâest lâarchitecture : faire des bĂątiments qui seront beaux en photo. Ce quâon leur offre nâest pas du tout lâhorizon dâattente quâils avaient au dĂ©but, ils sont confrontĂ©s Ă plein de choses.
Notamment, ils sont confrontĂ©s au fait quâils veulent Ă©tudier les bĂątiments dans la ville et quâils pensent quâon les amĂšnent dans une non-ville. Pascal Urbain, qui est prof Ă lâĂ©cole dâarchi, a Ă©crit un truc qui sâappelle « De la dĂ©sillusion ». Tu crois quelque chose, et il faut que tu apprennes Ă rester actif et efficace quand ce que tu croyais est cassĂ©. Quand on explore, il y a la perception, certes, mais il y a aussi la dĂ©-ception. Ce nâest pas comme tu voulais que ce soit.
Dans ce pas-comme-tu-voulais, finalement, il y a Dalila avec des histoires vertigineuses sur des petits vers, les cascails qui font des agrĂ©gats de tuyaux en silice, grands comme un doigt et qui pourtant donnent des maquettes de villes multimillionnaires. AprĂšs, on tâexplique que sur les pourtours de lâĂ©tang de Berre, il y un demi millions dâhabitants, de trĂšs grosses
De lâĂ©vidence de partir du terrain
infrastructures comme les pistes de lâaĂ©roport, des espaces de loisirs, de la semi-rĂ©sidence presque secondaire trĂšs ambiguĂ«. Il y a le grand paysage, le tout petit point quâon voit lĂ -bas au bout, câest le Mont Ventoux, ce sont les Alpilles. Ce nâest pas ce que tu attendais, mais finalement, on est en train de te montrer que ton espoir, ton attente, tu peux le mettre lĂ oĂč tu ne tây attends pas.
En fait, on Ă©tait dans une ville, qui Ă©tait le tour de lâĂ©tang de Berre. On croit que câest de la nature, mais ce nâest pas de la nature, câest une ville. Câest une ville incroyable, qui a vĂ©cu des extinctions de masse et qui est en train de se repeupler. Ils arrivent avec leur petite tĂȘte, avec leur jeunesse, pour comprendre la catastrophe Ă©cologique de lâĂ©tang de Berre au moment oĂč le Gipreb a dĂ©jĂ vingt ans. Le conservatoire du littoral a rachetĂ© des terres il y a une dizaine dâannĂ©es. Ils voient quâun monde est en train de se mettre en place Ă cet endroit-lĂ pour inventer une ville qui soit supportable. Et ça, ça va leur donner des clĂ©s pour plus tard.
Un truc intĂ©ressant, câest le fait quâon soit plusieurs Ă parler, des profs de lâĂ©cole et des personnes extĂ©rieures. Il y a eu ce jeu-lĂ Â : « arrĂȘte toi lĂ , câest mon tour, tu as dit ça, je dis autre chose ». Câest le choral. Câest un moment trĂšs important de lâenseignement oĂč ils voient quâils ne sont pas dans un rapport avec leurs seuls maĂźtres. Ils sont en rapport avec une polyphonie, avec plusieurs voix, et des fois, on a discutĂ© entre nous, et des fois, on nâĂ©tait pas dâaccord, et ce nâest pas un problĂšme, on a le droit. Ce rapport au choral et Ă la polyphonie va les aider toute leur vie.
Ils arrivent avec une attente, ils sont déçus et on leur donne des bouquets de choses qui sont petites et grandes, qui sont pour et contre, qui sont vivantes et mortes, qui sont institutionnelles, qui sont libĂ©rales. Cette multiplicitĂ©-lĂ est trĂšs importante. Notamment parce que durant toutes leurs annĂ©es dâĂ©cole, ils vont se confronter aux paradoxes du projet. Le projet est un effet dâamas de contraintes les unes contre les autres au sein desquels il faut pouvoir prendre parti. LĂ , ils ont vu pendant trois jours des humains en train dâĂȘtre debout, de discuter, de prendre parti, de ne pas ĂȘtre dâaccord, de continuer Ă croire, voir, espĂ©rer.
On a donnĂ© un truc que lâatelier ne peut pas donner : on Ă©tait dans lâim mĂ©diatetĂ©. Il nây avait pas dâintermĂ©diaire entre eux et la chose. Quand tu es dans une logique de projet, dâaccumulation de contraintes et que tu te prends la tĂȘte et que câest difficile, et que tu te demandes qui tu es toi Ă lâintĂ©rieur pour arriver Ă prendre parti, il y a quelque chose qui tâaidera toute ta vie : câest quâon a les pieds sur la terre et que les choses câest ici et maintenant. Nous on leur a proposĂ© ça, cette espĂšce de traversĂ©e oĂč Ă
chaque fois on Ă©tait ici et maintenant. Mais câest vachement dur dâĂȘtre les pieds sur terre quand le monde est Ă lâenvers. Il faut empĂȘcher les adultes de sâempĂȘtrer dans des colĂšres inutiles. Le coup du tout nouveau parc sur une ancienne zone humide oĂč on pouvait faire de lâanalyse des microreliefs de soupçons dâhumiditĂ© qui est devenue une pelouse pour le pick up des espaces verts⊠Il faut faire la paix avec, ne pas se mettre en colĂšre. Mais on aimerait quand mĂȘme bien que ce ne soit pas la guerre.
Le Life, câest trĂšs simple : câest les arbres et lâeau, câest tout mignon. Mais il affronte des trucs trĂšs durs. Quand je regarde la plupart des projets de requalifications urbaines, jâai mal. On devrait ĂȘtre en train de refaire la ville pour lâadapter, on est en train de refaire la ville, mais pour autre chose. Cette autre chose, câest de lâargent qui se nourrit de lâinconscient collectif. Cet inconscient collectif est vachement puissant. Il est lâennemi du Life.
Je suis rentrĂ© pour la premiĂšre fois dans une grande enseigne de magasin, rue Saint-FĂ©, pĂ©nombre, boiseries, Ă©clairages indirects. Les messieurs aux chaussures pointues me font sentir que je nâai pas les codes. Or, je sais que câest un immeuble pourri, avec des caves inondĂ©es et des appartements au-dessus invivables. La requalification urbaine, câest comme cette grande enseigne. Câest un monde trĂšs propre avec des codes, oĂč on obtient satis faction de soi Ă en faire partie contre les autres. Ce fantasme auquel on est censĂ© adhĂ©rer, je le vois gagner, gagner, gagner.
Je nâarrive pas Ă y participer, il me fait me sentir inadaptĂ©. Mais Ă force de longer les murs, on trouve des trous. Câest dâautres personnes qui mâont permis de voir ça. AprĂšs toutes ces personnes qui mâont ouvert des portes dans les murs, et bien je passe le relais. Câest ça la pĂ©dagogie. On peut rĂȘver dâautres formes, il est possible de vivre une vie plus simple que de sâhabiller chez âgrande enseigne de magasinâ et de faire nos besoins dans de lâeau potable. Câest trĂšs dur Ă enseigner, parce que câest du non-verbal, des tech nologies non-technologiques. Câest une maniĂšre de comprendre ce quâest habiter une ville. Une grande ville, câest lĂ oĂč il y a tellement de gens diffĂ© rents et spĂ©cialisĂ©s qui se complĂštent les uns les autres que ça a une valeur ajoutĂ©e supĂ©rieure Ă lâunique autosubsistance agricole. Je tente de relayer la flamme dâun autre rapport Ă la ville possible.
En fait jâattends beaucoup de rencontres, beaucoup de projets. Jâai envie de nourrir ma soif de crĂ©ativitĂ© et je pense que lâarchitecture est un des meilleurs moyens de se dĂ©couvrir aussi, ce quâon aime, ce quâon aime moins, ce quâon a envie de faire, Ă travers lâespace en lâoccurrence.
On est Ă la dĂ©couverte de lâenvironnement dans lequel on va travailler pendant 5-6 ans et je trouve cela trĂšs intĂ©ressant dâapprĂ©hender nos futures annĂ©es dâĂ©tudes en marchant avec des explications, juste regarder ; au fur et Ă mesure on accueille des connaissances mais lĂ on a un Ćil neuf. En plus je ne viens pas de Marseille, je viens dâAngers, et donc arpenter ces villes du Sud, jâaime beaucoup.
â Un Ă©tudiant de premiĂšre annĂ©e.
Nature For City Life
Contexte
Les changements climatiques constituent lâun des dĂ©fis majeurs de notre siĂšcle. Ils impactent dâores et dĂ©jĂ nos vies au quotidien : pics de chaleur estivaux, frĂ© quence et violence des catastrophes naturelles, sĂšcheresses, propagation de maladies, dĂ©gradation de la qualitĂ© de lâair...
Ces impacts des changements climatiques sont exacerbĂ©s en milieu urbain du fait de leur combinaison avec lâartificialisation des sols et la concentration des activitĂ©s humaines. Or, plus de la moitiĂ© de la population mondiale vit aujourdâhui dans les zones urbaines, une proportion qui devrait encore augmenter et atteindre les 66 % dâici 2050. Face Ă ces changements climatiques, renforcer lâadaptation des espaces urbains est un dĂ©fi majeur Ă relever. Le dĂ©veloppement et la valorisation des zones de nature (infrastructures ou trames vertes et bleues) et de lâensemble des services rendus par la nature en ville est une rĂ©ponse Ă cet enjeu.
Le projet Nature For City Life vise Ă renforcer lâadaptation des espaces urbains aux impacts des changements climatiques grĂące au dĂ©veloppement et Ă la valorisation de la nature en ville. Au travers dâun partenariat fort et innovant entre les mĂ©tro poles de la rĂ©gion Sud, le projet permet de dĂ©montrer les services rendus par la nature en milieu urbain et dâapporter ainsi des solutions concrĂštes pour toutes les villes mĂ©diterranĂ©ennes et au-delĂ !
Un objectif stratégique :
âą
DĂ©velopper et valoriser la nature en ville pour renforcer lâattractivitĂ© des territoires et sâadapter face aux changements climatiques.
Deux objectifs opérationnels :
⹠Informer, sensibiliser et former différents publics et acteurs sur les services rendus par la nature en ville en se basant sur des sites de démonstration.
âą Renforcer lâintĂ©gration de la nature en ville dans les projets dâamĂ©nagement urbains.
Les sujets thĂ©matiques abordĂ©s par les animations et les productions dâitinĂ©raires ont prioritairement Ă©tĂ© :
âą Lâeau (riviĂšres, sources et bassins versant, mer et lagunes...)
âą Lâombre (arbres, architectures et vĂ©gĂ©talisation...)
âą La fragmentation (urbanisme et architecture...)
âą La gestion et les reprĂ©sentations (dĂ©finitions de visions de la nature, espaces verts, gestion des milieux, gestion de lâeau, dynamiques de gestion intĂ©grĂ©e...)
⹠La biodiversité (milieux, cycles, écosystÚmes, diversité...)
Les partenaires
Le projet Nature for City LIFE est coordonnĂ© par la RĂ©gion Provence-Alpes-CĂŽte dâAzur en partenariat avec 7 autres bĂ©nĂ©ficiaires associĂ©s : les MĂ©tropoles dâAix-Marseille-Provence, Nice-CĂŽte dâAzur et Toulon Provence MĂ©diterranĂ©e, la Ville de Marseille, lâUniversitĂ© dâAix-Marseille et les associations AtmoSud et Bureau des guides du GR2013.
Historique des balades
Septembre 2020 â DĂ©cembre 2022
Date Guide Commune
Titre
03/09/2020 Ătang de Berre Voyage inaugural ENSA.M 20/09/2020
Paul-Hervé LavessiÚre Toulon Au fil du Las 21/10/2020 Paul-Hervé LavessiÚre Le Revest Les chemins de l'eau 16/01/2021 Nicolas Memain Vitrolles Fabriquer le chemin no1 : Tout bouge 28/01/2021 Nicolas Memain Aix-VitrollesSt Victoret-Marignane Agir avec les paysages ressources de l'étang de Berre 03/02/2021
SAFI Marseille Ste Marthe Vers un Parc agricole habité 06/02/2021
SAFI Rognac Récolter la canne 12/02/2021 Nicolas Memain Port-de-bouc Port-de-bouc life 27/02/2021 Nicolas Memain SeptÚmes - Les Pennes (carraire des Arlésiens) Fabriquer le chemin no2 12/03/2021 Nicolas Memain Gardanne Gardanne est un jardin 20/03/2021 Nicolas Memain Marseille Complément 02/04/2021 Nicolas Memain Marseille
Longchamp-Fontobscure, la trame verte des canopĂ©es 19/05/2021 Nicolas Memain Miramas Nature en fĂȘte 21/05/2021 Nicolas Memain Aubagne Aubagne LIFE 04/06/2021
SAFI Marseille Ste Marthe Les hauts de Ste Marthe 05/06/2021
SAFI Marseille SeptĂšmes Capri sun / FĂȘte du ruisseau 10/06/2021 Nicolas Memain Marseille ArchĂ©ologie du ruisseau de PlombiĂšre 19/06/2021 Nicolas Memain Vitrolles Marignane Monographie d'une riviĂšre no1 : La CadiĂšre 23/06/2021
SAFI Marseille Aygalades Conversation marchée avec Véronique Mure
24/06/2021
Nicolas Memain Marseille Du Goudron et du Jarret 05/07/2021 Nicolas Memain Aubagne Aubagne no2 13/07/2021 Nicolas Memain Miramas Miramas Life 16/07/2021 Nicolas Memain Aix en Provence
Monographie d'une riviĂšre no2Â : L'arc et la torse 11/09/2021 SAFI Marseille Ste Marthe Les hauts de Ste Marthe 15/09/2021 Pas des LanciersMartigues Voyage inaugural ENSA.M 16/09/2021 Pas des LanciersMartigues Voyage inaugural ENSA.M 08/10/2021 SAFI Marseille Ste Marthe Le Terradou des hauts de Sainte-Marthe
08/10/2021
Nicolas Memain Marseille centre Arbres en ville 19/11/2021 Nicolas Memain Port de bouc Port de Bouc Life 26/11/2021 Nicolas Memain Aubagne Aubagne Jardin 30/11/2021 Nicolas Memain Port St Louis Port St Louis Life 16/02/2022 Nicolas Memain Marseille PlombiÚres 02/03/2022 Nicolas Memain Marseille Le Jarret 16/03/2022 Nicolas Memain Marseille Archéologie des espaces verts 19/03/2022 SAFI SeptÚmes Mooc appliqué : Marie Laure Lambert 26/03/2022 SAFI Marseille
Trame pratiquĂ©e no4 : de la Cascade aux Ătoiles 16/04/2022 SAFI Marseille Du canal au jarret 20/04/2022 SAFI Marseille Mooc appliqué : Bertrand Vignal 13/05/2022 SAFI Marseille Mooc appliqué : Nathalie Blanc 22/05/2022 Nicolas Memain St Chamas Le printemps de Vivaldi Ă St Chamas 04/06/2022 SAFI SeptĂšmes Balade du Caprisun 22/06/2022 SAFI Marseille La nature de la canne 24/09/2022 Nicolas Memain Marseille Beau-rĂ©ly Beau-nneveine 05/11/2022 Nicolas Memain Marseille
Canal : branche Sud 12/11/2022 Nicolas Memain Marseille
Canal : branche Longchamps 10/12/2022 Nicolas Memain Marseille
Canal : branche MÚre
Textes : Antoine Devillet & Julie De Muer
Coordination éditoriale : Marielle Agboton
Graphisme : Pierre Tandille ïżœïżœ AĂ©ro Club Studio
Photographies : Benjamin Béchet
ImprimĂ© par la RĂ©gion Sud Provence-Alpes-CĂŽte dâAzur en dĂ©cembre 2022
5 â De la nĂ©cessitĂ© de se relier 6 â De lâimportance des rĂ©cits
En liant la connaissance Ă la marche, lâexpĂ©rience Ă la conversation, lâanalyse au geste, les itinĂ©rances proposĂ©es par le Bureau des guides du GR2013 au sein du projet Nature For City Life tentent dâexplorer diffĂ©rentes approches de transmission pour nous apporter des savoirs tout en nous re-sensibilisant Ă ce qui a le pouvoir de rendre nos villes et notre monde habitables. Abordant les multiples sujets et thĂ©matiques du rĂ©chauffement climatique dans un contexte urbain (la biodiversitĂ©, la fragmentation, les arbres et les riviĂšres, la gestionâŠ) ces balades sont conçues et animĂ©es par des artistes-marcheur·se·s.
Cette deuxiĂšme sĂ©rie de Cahiers Dehors propose de partager une rĂ©flexion sur les formats expĂ©rimentĂ©s lors de ces itinĂ©rances. Que ce soit au travers du dĂ©paysement des pratiques pĂ©dagogiques de lâĂ©cole dâarchitecture, par la recherche de communautĂ©s de pratiques au travers dâun sentier transdisciplinaire et transcommunal, ou par le besoin de toujours multiplier les rĂ©cits des lieux que lâon habite : on flaire lâenvie collective de penser diffĂ©remment, de faire un pas de cĂŽtĂ© vers des sols plus troubles.