D417 - 131028-131107 : "UNE QUANTITÉ LIMITÉE D'HONNÊTETÉ"

LA FOIS OÙ ANDY WARHOL ESSAYA DE M’ASSASSINER

131028-131107 : “UNE QUANTITÉ LIMITÉE D’HONNÊTETÉ”

LA PERFECTION DU JUSTE MILIEU (disait Nietzsche)

Denis Grozdanovitch / La puissance discrète du hasard.

À Jakou qui a oublié notre rendez-vous ce soir-là, je donne cinquante JE VOUS SALUE MARIE à réciter comme punition.

UNE GRAMMAIRE DU DÉSÉQUILIBRE. (DG)

Tomber sur Frédéric 2, le Roi de Prusse, et je ne savais pas du tout qu’il était pédé et amoureux de Voltaire, et que son père le martyrisait et qu’il a même fait exécuter sous ses yeux son “compagnon” le plus cher alors que Frédéric avait tout juste 17 ans et qu’il ne rêvait que de lire écrire et jouer de la flûte, mais finalement il bataillera comme son père et deviendra un vrai guerrier, qui trahira tout le monde et établira des stratégies machiavéliques et des alliances qui bouleverseront l’Europe.

EST-IL ENCORE PERMIS DE FLÂNER ? (DG)

“Où sont mes hussards ?” s’exclame PhD ce matin-là à 6h47.

Ce jour-là, mon ami s’appelle Ramuncho Kasatchok.

Ne pas laisser s’embroussailler les chemins du désir. (DG)

“(Vivre) dans un univers de saisies d’écran, d’occurrences sur le Web et d’une quantité d’amis et d’ennemis calculés avec exactitude.” (Douglas Coupland)

Une version améliorée de nous-même.

Une version empaillée de moi-même.

DÉSÉGOTISATION : Fait de perdre volontairement son identité et son ego en placardant le maximum d’informations sur internet. (DC)

Oserai-je dire que j’ai adoré Vanessa Paradis en concert ce soir-là ? Et j’ai adoré danser avec PhD en hurlant au premier rang. Évidemment, ni C.P. ni P.S. ni plein d’autres ne peuvent comprendre ça.

LA FOIS OÙ ANDY WARHOL ESSAYA DE M’ASSASSINER.

(Et je danse au Palladium à NY et une gigantesque toile de Warhol accrochée au plafond, s’écrase à cinquante centimètres de ma tête. Et j’ai décidé que ce sera le titre de mon grand œuvre.)

La fois où je vois Michel C. s’engouffrer dans l’escalator du quai 19 à la Gare du Midi, puis s’évanouir à jamais dans l’espace-temps : le train vers Mons disparaît soudain mystérieusement du panneau d’affichage, et je n’entendrai plus jamais parler de Michel C.

La fois où je meurs presque à cause de Michel Foucault ou bien c’est à cause de Roland Barthes ou bien Fabien Barthez. (Je veux acheter un nouveau crayon-feutre pour faire leurs portraits et je traverse la rue sur le passage piéton non loin de chez moi et la voiture qui approche, accélère carrément en arrivant à ma hauteur et je dois sauter pour l’éviter, une grosse Mercedes diplomatique à laquelle je donne un coup de pied, et en plus le crayon-feutre que je vais acheter ne fonctionnera pas.)

“Comme les vedettes de cinéma hyper musclées qui en fait sont queer ou les acteurs du muet dont les voix sont horribles sur enregistrement — le public ne veut qu’une quantité limitée d’honnêteté.” (Chuck Palahniuk / Snuff)

C’est aussi pour cette raison qu’une seule virgule mal placée peut entraîner des désastres. (DG)

ME & Lou Reed ME & Lou Reed

La fois où j’avais 13 ans et je traînais dans la chambre de MMCO qui était parti à Bruxelles et je feuilletais les livres d’art et les magazines underground oubliés sur sa table et il y avait une photo de lui avec le Velvet et je suis tombé amoureux. Il était très beau à l’époque. C’est comme ça que j’ai tout découvert en 1969.

La fois où j’étais couché dans le Sacco en vilain skaï brun du salon, avec les gros écouteurs sur mes oreilles, j’écoutais la face B de Berlin en boucle dans le noir, c’était encore la maison du Chemin de Clairefontaine et je me délectais des pleurs et des cris d’enfants sur Kids. Il y a une photo de moi avec des lunettes comme lui, dans le jardin de Leuven, à cette époque, et je venais de me couper les cheveux et tout le monde croyait que j’étais junkie. J’avais 17 ans.

La fois où je suis allé au festival de Bilzen (B) rien que pour le voir et soudain, ils ont annoncé qu’il annulait son concert et ils ont dit qu’il était remplacé par Ike et Tina Turner que je détestais et j’ai été furieux contre lui pendant des années. J’avais 19 ans.

La fois où j’étais à New York pour la première fois et j’avais juste 20 ans et je fredonnais “Walk on the wild side” tout le temps dans la rue et je traînais au Max’s Kansas City dans l’espoir de le voir lui ou Nico ou John Cale ou tous ensemble, mais je savais très bien qu’ils ne se voyaient plus chez Max et qu’ils s’étaient disputés avec Andy.

La fois où j’étais invité par la Fondation Cartier au concert de reformation du Velvet Underground, dans le Parc de Jouy-en-Josas, c’était l’été mais j’ai eu la flemme d’aller jusque Paris pour ça et je suis resté chez moi, et après évidemment j’ai regretté. J’avais 33 ans.

La fois où j’ai entendu pour la première fois l’hommage qu’il a fait à Andy avec John Cale, Songs for Drella, la chanson “Hello it’s me” qui me fait toujours pleurer, “Andy, it’s me, haven’t seen you in a while / I wished I talked to you more when you were alive / I thought you were self-assured when you acted shy / hello it’s me / I really miss you, I really miss your mind / I haven’t heard ideas like that in such a long, long time / I loved to watch you draw and watch you paint / but when I saw you last, I turned away.” J’avais 34 ans.

La fois où j’étais à New York et je mangeais avec Diego au Il Cantinori, et soudain il est arrivé avec cette femme, ils étaient très mignons ensemble, ils avaient l’air très amoureux. Diego a dit : “Tiens, Lou et sa nouvelle petite amie !” et ils ont dit bonjour à Diego et à moi. C’est comme ça que j’ai appris qu’il était avec Laurie Anderson. À l’époque, personne ne savait. Diego avait toujours ce genre de scoop quand je le voyais. J’avais 37 ans.