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à 21 La montagne, ça vous gagne

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Bikini ini les grandes tablées d’enfants, les corbeilles de pain et les assiettes de saucisse-purée. Quarante ans après sa fermeture, le réfectoire de l’ancienne école du hameau de Quénéquen, dans la campagne de Scrignac, connaît une nouvelle vie inattendue. En ce vendredi soir, c’est un double concert qui s’apprête à faire résonner les murs. « La folk-trad du groupe Layland et le rap-punk du chanteur Pounz. Tu vas voir, c’est sympa, m’assure Elena en me faisant la visite des lieux. Derrière, tu as la grande cuisine collective. Ici à l’étage, se trouve une ancienne classe qu’on va retaper pour en faire un appartement. Tout à droite, on a un dortoir de 32 places. Et en attendant que les travaux se terminent, voici deux grandes pièces qu’on a réaménagées en deux logements pour chacun des couples. » La bâtisse est vétuste et mérite un sérieux coup de frais mais rien qui ne puisse entamer l’enthousiasme d’Elena, William, Laure et Étienne, respectivement en recherche d’emploi, étudiant, créatrice de bijoux et menuisier. Il y a encore trois ans, le centre-Finistère et les monts d’Arrée étaient pourtant totalement étrangers à ces quatre trentenaires.

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« Nous venons de Genève en Suisse où on s’est tous rencontrés dans une coloc, retrace Elena. Et puis un jour, en faisant le tour de la Bretagne, nous sommes tombés par hasard devant cette maison inhabitée. On a flashé direct. C’était ce qu’on recherchait depuis longtemps : un grand lieu où il y ait la possibilité de vivre et de travailler (Laure y a notamment installé son atelier, ndlr). » Les quatre amis se renseignent donc auprès de la mairie, réunissent toutes leurs économies et réussissent à acquérir, en février 2019, le bien et son terrain de 5 000 m2 pour 45 000 €. « Une aubaine, reconnaît la bande qui, très vite, s’est attelée à mettre sur pied la salle de spectacles. Dès le départ, on avait envie de faire de l’ancienne école un endroit ouvert sur l’extérieur, qu’elle profite aux gens du coin qui auraient envie de s’y retrouver. C’était donc important qu’elle soit rapidement prête. » Baptisée le Kernozet (« un mot suisse qu’on a “bretonnisé” : le carnotzet désigne une petite cave aménagée pour boire entre amis. C’est un lieu réservé aux personnes de confiance »), la salle accueille désormais, en moyenne, un concert par mois. Comme en cette soirée qui réunira entre 150 et 200 personnes. « On est sur un réseau ultra local : des gens de Scrignac principalement, un peu des communes autour et quelques-uns qui ont fait le déplacement depuis Brest, éclaire Elena, ravie de participer au regain de vitalité qui insuffle le hameau de Quénéquen. Chaque vendredi, il y a un marché de producteurs qui s’installe sur la place. C’est aussi le jour où l’épicerie et le bar, tous les deux associatifs, sont ouverts. Ça a commencé au printemps 2020 et ça fonctionne plutôt bien. »

« Sensibilité environnementale » Une dynamique qui n’est pas un cas à part dans les monts d’Arrée. Depuis plusieurs mois, ce territoire au cœur du Finistère semble connaître un nouvel élan sur le plan démographique, culturel, social… Ce qui était loin d’être une évidence pour cette terre à l’histoire contrastée, à l’image de ses paysages singuliers. Car sous ses sommets burinés (les plus hauts de Bretagne, avec un point culminant avoisinant les 385 mètres), ses éperons rocheux et ses crêtes écorchées, se dévoile une contrée que beaucoup ont longtemps jugé désolée, mourante, irrémédiablement marquée par la désertification des campagnes. Une zone qu’on passe, au mieux, lorsqu’on emprunte la départementale 785 qui relie Mor-

«Ils ont trouvé ici le cadre de vie qu’ils recherchaient»

laix à Quimper et où on ne s’arrête pas. Pourquoi le ferait-on après tout, tant le coin semble désertique ? La densité de population compte parmi les plus faibles de Bretagne (moins de 20 habitants/km² pour la communauté de communes des monts d’Arrée qui regroupe 7 640 habitants sur treize communes, alors que la moyenne régionale avoisine les 120 habitants/km²), mais différents curseurs commencent à bouger avec, notamment, des municipalités qui ont réussi à inverser la tendance en enregistrant des hausses de leur population. Championne des chiffres récemment dévoilés par l’Insee, la commune de Saint-Rivoal. Entre 2014 et 2019, ce charmant petit village niché au pied du mont Saint-Michel a connu une hausse de 24 % de son nombre d’habitants, passant de 170 à 211. « Les résultats de ce recensement ne m’ont trop surpris car on voyait s’installer de nouvelles personnes depuis quelques années, commente Mickaël Toullec, le maire. Même s’il est difficile de faire des généralités et de dresser un profil type, disons que ce sont principalement des jeunes, âgés entre 25 et 40 ans, avec des revenus

Bikini plutôt modestes, qui ont trouvé dans les monts d’Arrée le cadre qu’ils recherchaient. La plupart ont une sensibilité environnementale. Qu’ils aient un mode de vie décroissant ou plus classique, tous ont cette envie de vivre proche de la nature. »

« Ni agrume ni chocolat »

Pour l’édile, l’arrivée de ces nouveaux habitants s’explique principalement par « la création d’un lotissement qui a permis à des familles de venir s’installer », « l’école publique bilingue qui attire énormément, avec aujourd’hui deux classes ouvertes » et « l’installation de services de proximité, dont deux épiceries, qui permettent de trouver l’essentiel ». Des commerces auxquels s’ajoute désormais L’Auberge du Menez qui, depuis novembre dernier, a rouvert ses portes. À sa tête, deux jeunes chefs : Manuel Penas Galego et Josef Drigé, qui suscitent déjà beaucoup de curiosité. Les deux garçons, âgés de 34 et 27 ans, ne sont pourtant pas du coin. « Nous étions dans des établissements sur Brest avant. On avait depuis longtemps cette envie d’avoir notre propre restaurant, alors quand on a découvert cette opportunité ici à Saint-Rivoal on s’est dit que c’était l’occasion. »

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«Une vie en dehors des circuits de consommation»

Une nouvelle localisation qui, selon eux, n’est pas anodine dans leur démarche. « S’installer dans les monts d’Arrée avait du sens dans le projet qu’on voulait défendre. Celui d’un établissement semi-gastronomique qui travaille uniquement avec des petits producteurs, artisanaux ou fermiers, installés dans un rayon de 50 kilomètres : viandes, légumes, produits laitiers... On trouve tout ce dont on a besoin. Forcément, on n’a ni truffe ni agrume ni chocolat, mais cela n’empêche pas de proposer une cuisine qui fait voyager. L’idée est de magnifier des produits simples mais d’exception… Tu peux faire des choses incroyables si tu viens les travailler avec différentes techniques : maturation, fermentation, fumaison, cuisson… » Parmi les trouvailles des chefs depuis leur installation à Saint-Rivoal : le lactosérum. « On a demandé aux fromagers du coin qui nous approvisionnent ce qu’ils faisaient du petit lait, ce liquide qui ressort du fromage lors de sa fabrication. Nous, on le récupère et on le fait réduire. C’est à la fois sucré, acide, salé… On s’en sert comme sauce ou comme liant », appâtent les deux chefs, qui, avec leur collègue Anthony qui officie en salle, se sont installés en coloc dans le bourg (un mode de logement, avant cantonné aux villes, qui se développe dans le coin : « on voit de plus en plus de groupes de jeunes qui louent ou achètent ensemble une même maison, souvent dans les hameaux », constate Mickaël Toullec). Une nouvelle vie, loin des villes, à laquelle l’équipe de l’Auberge du Menez s’est facilement acclimatée. « Hormis le fait qu’on voulait être à la campagne, on avait déjà eu l’occasion de faire quelques fêtes et concerts ici, notamment à Saint-Cadou où ça bouge pas mal. » Un dépaysement également réussi pour Audrey Gema et Simon Leboeuf, passés de la banlieue nord de Paris à Scrignac (736 habitants). Installés comme maraîchers en agriculture biologique dans le hameau de Quefforc’h, ces deux trentenaires, parents de deux filles de 3 et 6 ans, symbolisent bien cette vague de néo-ruraux qui, en s’installant sur un tel territoire, ont voulu mettre en pratique leurs aspirations de vie. « Sur Paris, on naviguait pas mal dans le milieu punk. Les idées militantes qu’on entendait là-bas, on a pu les expérimenter ici. On a adopté une vie plus simple, plus autonome, en dehors des grands circuits de consommation… On s’est concentré sur l’essentiel, argumente le couple pour qui les prix plus abordables des terrains et des maisons dans les monts d’Arrée ont permis la concrétisation de leur projet. Ailleurs, ça aurait été compliqué de trouver quelque chose, on a démarré avec très peu. Y compris pour l’activité de maraîchage : une

famille d’agriculteurs de la commune nous a prêté un tracteur et une tonne à eau quand on s’est lancé. »

« Une précarité dominée »

Une réflexion que partagent leurs voisins (et amis) de l’ancienne école de Quénéquen. « À la campagne, le lien social est différent. Et dans les monts d’Arrée, je trouve ce réseau d’entraide particulièrement fort. Il y a un échange de savoir, de compétences, du troc à grande échelle… », éclaire Elena. « On a toujours été un peu en galère financièrement mais, ici, c’est quelque chose qu’on supporte mieux. En ce sens, je trouve qu’on a réussi à dominer notre précarité », ajoute William qui parle d’une « esthétique de vie » propre au territoire. Une solidarité qui s’opère également au Cloître-Saint-Thégonnec (658 habitants) où est née, en 2018, “l’école alternative des monts d’Arrée”. Une structure portée par l’association Les Utopistes en action (rassemblant une trentaine de bénévoles) qui accompagne des migrants et tente de faciliter leur

Photos : Bikini

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intégration. En témoigne l’imposante fresque sur le pignon d’une maison en plein dans le bourg : deux mains, une noire et une blanche, qui se serrent, entourées du message “Kengred etre ar poblou” (solidarité entre les peuples, en breton). Au milieu des autres façades grises et tristounes, la peinture pète à fond. Si la maison où est hébergée la douzaine de réfugiés se situe toujours au Cloître-Saint-Thégonnec, l’école a quant à elle déménagé de huit kilomètres, à Pleyber-Christ. C’est là que nous retrouvons Florence de Calan, une des bénévoles présente depuis le début de l’aventure. À 61 ans, cette ancienne enseignante de lycée vient deux fois par semaine donner un coup de main, animée par l’envie de « garantir l’éducation pour tous ». Les élèves ont entre 16 et 38 ans, et viennent de Syrie, Afghanistan, Cameroun… Du lundi au jeudi, ils y suivent des cours de français, anglais, informatique… Le vendredi est quant à lui consacré aux rendezvous médicaux et administratifs. « Notre mission, c’est de tout faire pour favoriser leur insertion. Pour ceux qui sont en âge d’être scolarisés, l’objectif est qu’ils puissent intégrer un lycée. Et pour les autres, qu’ils maîtrisent suffisamment le français pour trouver un boulot et être autonomes. Sachant qu’il y a tous les niveaux : certains sont analphabètes alors que d’autres ont un master… » Ce matin, ils sont répartis en petits groupes. Dans la classe menée par Nathalie, prof bénévole le mercredi et ouvrière agricole les autres jours, Zabiullah, Philippe et Mohamed (photo) apprennent la conjugaison des verbes être et avoir au présent de l’indicatif. Au tableau, des phrases à trous qu’il faut compléter. S’il bute encore sur certains mots, Philippe, un Camerounais de 36 ans, viendra à bout de ses lignes d’exercice. « Je n’ai jamais été scolarisé. Avant d’être à l’école alternative des monts d’Arrée, je ne savais ni lire ni écrire. Après deux années ici, j’arrive à com-

«Si t’es bien informé, t’es en concert tous les week-ends»

prendre un texte. Pour l’écriture, c’est en cours… » S’il est passé par Rennes et Quimper avant d’atterrir au Cloître-Saint-Thégonnec, Philippe ne se voit pas retourner en ville. « Dans un petit village, tu n’es pas accepté le premier jour. Mais à force de dire bonjour, de discuter et d’aller vers les autres, tu te fais des connaissances. Habiter ailleurs ? Non, je me sens à l’aise ici. La vie est plus tranquille, confesse celui qui, à l’avenir, aimerait bien travailler dans l’agriculture. J’adore les animaux, la nature, être dehors dans les champs… Être paysagiste me plairait aussi. »

« Anarchiste »

À moins de dix kilomètres de là, sur la commune de Plounéour-Ménez, David Bazin a, lui, déjà réussi sa reconversion professionnelle. Si de sa boutique il peut presque apercevoir l’antenne de Roc’h Trédudon (l’émetteur télé que des indépendantistes bretons ont fait sauter le 14 février 1974. Chouette cadeau de SaintValentin), le garçon a plutôt les yeux rivés sur ses bacs à vinyles. C’est dans une ancienne stationservice qu’il s’est installé comme disquaire le 3 mars 2020. « Quelques

Photos : Bikini jours avant le premier confinement, j’ai eu du nez… », sourit ce quinquagénaire qui, après plusieurs années à bosser au service nettoyage d’une usine agroalimentaire (« pas une super expérience, ça use physiquement et moralement »), a réussi à faire de sa passion son métier. « Depuis que je suis ado, je suis branché musique. Ma première claque, c’était The Cure. Puis, j’ai exploré le rock des années 70, 60…, rembobine David qui a alors commencé à collectionner les vinyles. Je suis monté jusqu’à 3 500 disques 33 tours. J’ai injecté une partie quand j’ai ouvert la boutique. Pour les nouveautés, je travaille en direct avec les labels et distributeurs. Ici, on trouve en moyenne 2 000 références, à l’image de mes goûts éclectiques : rock indé, post-punk, noise, expérimental… » Un catalogue à l’esthétique affirmée (« l’autre jour, on m’a demandé si j’avais le dernier Orelsan. Je sais que j’en vendrais mais ça ne m’intéresse pas ») qui colle bien avec l’état d’esprit du garçon. « Je suis pas anarchiste mais pas loin. J’ai un rapport au travail assez compliqué. Voilà pourquoi j’aime bien être disquaire, car je fais ce que je veux dans ma boutique, et pourquoi je me sens bien dans les monts d’Arrée. C’est vrai que c’est un territoire assez écolo,

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ancré à gauche… Plus largement, je dirais que les gens sont moins dupes politiquement, moins passifs… » Un esprit d’indépendance que l’on retrouve également chez les acteurs culturels. « Ici, les événements se passent souvent de façon informelle. Il faut faire partie des réseaux pour avoir l’info », éclaire David. Des salles de concerts alternatives, pour ne pas dire underground, à l’image notamment du Taf (ex-Ouch) à Locmaria-Berrien. « Il y a aussi pas mal de soirées et des festivals semi-privés, dans des hangars ou dans des champs. Le tout plus ou moins légal. Si t’es bien informé, t’as moyen de voir des concerts tous les week-ends ici », indique la rappeuse Jomei, installée à Plonévez-du-Faou et habituée du Kernozet à Scrignac. Un cadre champêtre, au milieu des poules en liberté, dans lequel la jeune femme de 23 ans prépare son prochain album qu’elle espère pour 2022 ou 2023. Plus officiel, le festival Aux Portes de l’Enfer prépare actuellement son retour à Brasparts (1 028 habitants). À la fin des années 1990, ce rendezvous faisait partie des places fortes de la musique dans le Finistère. À la ferme de Gwernandour, sur une scène bricolée dans une étable, se sont succédés les gros noms de l’époque face à 2 800 spectateurs : The Pogues, Louise Attaque (parmi ses premières dates en BZH), Jimmy Cliff, Zebda (alors porté par le tube Tomber la Chemise)… Sans oublier le concert événement : Manu Chao pour l’unique concert breton de sa tournée 2003. « Un sacré héritage, reconnaît Mikaël Pennec qui souhaite relancer la machine, toujours à Brasparts. On a eu des propositions pour le faire ailleurs, mais ça n’aurait pas eu de sens. L’idée est de s’inscrire dans cette histoire et, bien sûr, de faire vivre le territoire. » Si le festival réfléchit à une première soirée pour se roder cet

«Le laboratoire de la Bretagne de demain»

été, il se projette déjà sur 2023 : une édition sur deux jours « avec une jauge entre 2 000 et 3 000 personnes ».

« L’enjeu du logement »

Si les monts d’Arrée apparaissent en pleine bourre, des problématiques subsistent. « Le désert médical, l’absence d’industries, les enjeux liés à la mobilité avec une dépendance à la voiture, la question du foncier…, liste Jean-François Dumonteil, le maire de La Feuillée, également président de la communauté de communes, qui consacre la majeure partie de son action à la question du logement. Car actuellement c’est très compliqué, voire impossible, de trouver une maison en location ou à l’achat. Ou alors en très mauvais état. Les biens partent vite : en deux ans, ce sont une quarantaine de maisons qui ont été vendues sur la commune. » En attendant « que les bailleurs sociaux se rapprochent davantage » de son territoire, l’élu tente de palier ce manque, tant bien que mal. « La mairie fait valoir son droit de préemption pour racheter des bâtiments dans le bourg afin de les réhabiliter. On envisage notamment de retaper quatre maisons vacantes pour y proposer des appartements. » Des chantiers qu’a également entrepris Mickaël Toullec à Saint-Rivoal, en rénovant deux propriétés dans le bourg. « On est aussi en train de travailler sur l’acquisition d’une parcelle pour y faire un éco-lotissement. Car si la vie dans les monts d’Arrée présente des contraintes, la demande reste très importante. » Un peu comme sur les îles finalement avec qui les monts d’Arrée partagent, étonnamment, de nombreux points communs : aux problématiques de logement et de transport, s’ajoutent

une géographie singulière, un climat (avec des records de précipitation et de nébulosité), un état d’esprit… Une insularité intérieure qui ne laisse pas insensible les regards extérieurs. Que ce soit les écrivains (Georges Le Querrec avec Pour Cibles et Claire Léost avec Le Passage de l’été y ont planté l’intrigue de leur dernier roman, tous les deux primés) ou encore les photographes, à l’image de Stéphane Lavoué dont l’expo Les Enchanteurs a cartonné l’an passé aux Champs Libres à Rennes. « Pour cette série photo, il voulait se plonger dans le territoire de l’Ankou, en montrant des habitants atypiques, des personnages, des gueules… Son projet me parlait, alors je l’ai aidé pour faciliter les rencontres, situe Marion Gwenn, comédienne, artiste touche-à-tout et visage connue des monts d’Arrée. Ses photos sont saisissantes, sombres, ténébreuses, mais cela retranscrit bien l’ambiance qu’il peut y avoir ici certains jours d’hiver. » « C’est un monde à part, à l’écart des radars, tout n’y est pas balisé ou voué au tourisme de masse, poursuit le journaliste et auteur Nicolas Legendre qui, pour son ouvrage L’Himalaya breton sorti en 2020, a lui aussi exploré cette contrée. Si on écarte les considérations économiques, les gens viennent y chercher un environnement préservé, pas défiguré par l’agriculture productiviste, qui n’est pas constellé de ronds-points et de zones commerciales. » Presque un paradis perdu, affirme-t-il. « C’est un reliquat d’une Bretagne que je n’ai pas connue et que je fantasme. Avec ces nouveaux et différents modes de vies qui cohabitent, c’est aujourd’hui un lieu des possibles. D’un point de vue utopique, je vois les monts d’Arrée en laboratoire de ce que pourrait être la Bretagne de demain. »

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