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TRAVERSER UN PAYSAGE CRÉÉ POUR CONTENIR

Chaque parcelle du bocage fonctionne comme une unité, un monde en soi. La nature même de ces parcelles est de former un clos, de contenir les bêtes, de pouvoir délester le pâtre de la tâche de surveiller le troupeau.

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Le bocage est constitué d’une multitude de frontières, dont le caractère infranchissable est constitué par la densité des arbustes qui croit au rythme des tailles successives, par le fait que certaines des espèces soient épineuses, par la présence du fil barbelé qui palie l’imparfaite homogénéité de la haie, ou encore par l’action de plesser, de tisser les jeunes arbres et arbustes entre eux pour augmenter encore la capacité des haies à contenir le bétail.

Les chemins d’exploitation qui desservent les pâtures ne forment pas des boucles. Ces chemins sont souvent des voies sans issue, des culs-de-sac.

Passer de parcelles en parcelles, traverser le bocage sans devoir rebrousser chemin est une expérience compliquée : contourner les pâtures dans lesquelles se trouvent les bêtes, passer là où s’interrompt une haie, dans un interstice, sous les clôtures, entre 2 fils, par un portail.

On rencontre peu d’humains lorsqu’on évolue dans le bocage. C’est le territoire des bêtes, domestiquées ou sauvages, des oiseaux et des agriculteurs. A certaines saisons s’y aventurent les cueilleurs de mûres et de pissenlit. Mais nous, promeneurs, nous demandons si nous sommes les bienvenus, et lorsque dans une parcelle nous apercevons un tracteur, nous la contournons pour ne pas nous faire repérer.

Subsistent encore quelques pierres de passage, dispositif simple, élémentaire, s’appuyant sur la différence de taille et d’agilité entre les broutards et les hommes, capables de se jucher et d’enjamber.

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