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HABITER AUTREMENT

La Tour Panache à Grenoble, Maison Édouard François La nouvelle vie des toits

La période que nous venons de traverser a beaucoup interrogé les professionnels et le grand public sur le logement collectif et l’absolue nécessité de ses espaces extérieurs. L’habité est en plein questionnement et les lignes, si dures à faire bouger en temps normal, pourraient s’en trouver bouleversées. Édouard François, qui aime avouer «pousser le bouchon toujours plus loin » pour imaginer des logements différents, a construit à Grenoble l’audacieuse Tour Panache qui invente la nouvelle vie des toits.

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Il y a vingt ans, Édouard François concevait à Montpellier « L’immeuble qui pousse », avec de grands balcons de bois aux vues cadrées que chaque habitant pouvait s’approprier à sa guise suivant ses besoins et ses désirs. C’est dire que l’espace extérieur du logement – terrasse, balcon, jardin, cabane – est un sujet fondamental pour l’architecte depuis longtemps.

L’histoire de la Tour Panache commence par une expérience personnelle. Devant la réapparition des immeubles de belle hauteur et tours en tous genres, l’architecte veut tester les logements et la sociabilité de ces ensembles. Il quitte son appartement du centre de Paris pour aller vivre chez Dubuisson à MaineMontparnasse* 1 . Il en fera deux constats : la flagrante inégalité de la répartition par étages ce qu’il appelle « la distinction entre étages nobles et étages inférieurs », les meilleures

Croquis d’Edouard François.

vues et l’ensoleillement destinés aux plus aisés, et le besoin impératif de pouvoir occuper une terrasse dissociée de son logement.

Il invente la Tour Panache avec l’idée de partager ce qu’il y a de plus beau ; le haut du bâtiment avec son sublime panorama et de désolidariser la fonction « balcon » de

l’habitation. Cela optimise en même temps les performances énergétiques en supprimant définitivement les ponts thermiques entre logements et terrasses. À partir du T3, chaque appartement dispose d’une terrasse de 35 m 2 et 5 m sous dalle, équipée d’une cuisine d’été et de sanitaires. Elles se superposent en quinconces. La répartition est parfaitement cadrée : le logement le plus bas aura la terrasse la plus haute avec une orientation inversée, et ainsi de suite… La distance entre l’appartement et la terrasse crée une domanialité et permet de préserver l’intimité du logement des visiteurs qui peuvent accéder directement à la terrasse. C’est un logement augmenté avec deux lots de copropriété différents, ce qui autorise d’ouvrir la vente d’une ou de plusieurs terrasses à des personnes n’habitant pas l’immeuble. Idem, des habitants pourraient vendre si besoin leur terrasse indépendamment du logement ou inversement.

Ce dispositif n’a pas généré de surcoût particulier grâce à un bâtiment très compact et très efficace répondant pourtant à une sismicité de zone 4. La façade en cuivre si caractéristique dans le paysage grenoblois répond au choix d’un matériau pérenne car recyclable. L’architecte, qui aime faire la comparaison entre cuisine et architecture, attache une importance particulière à la matière et aspire à retrouver « de l’épaisseur, du gras, du bon gras ». AR

Plan R+14

Architectes : Maison Édouard François, Paris (75) et Aktis Architecture, Grenoble (38)

Programme : une tour de 42 logements et terrasses individuelles en lots séparés, commerces

BET : Structure : CTG, Grenoble (38), Structure des terrasses : Verdier, Montpellier (34), Economiste : Editec, Fluides, Environnement : Nicolas Ingenierie, Dardilly (69)

Maître d’ouvrage : Altarea Cogedim, Paris (75)

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