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Références artistiques
Francis Alÿs
Francis Alÿs est un artiste qui joue avec l'humour et l'absurde, pour mettre le doigt sur des problématiques sociales. «A quoi l’art peut-il bien servir aujourd’hui ? Comment concilier le poétique et le politique? » « Sometimes doing something poetic can become political and sometimes doing something political can become poetic » c’est le titre d’une de ses performances. Pour Alÿs l’espace de réalisation de l’œuvre est très important, et c’est dans cet espace (spécifique) qu'il joue avec des métaphores pour faire son commentaire plastique et contestataire.
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Un de ses projets les plus importants provient d’une expression proverbiale: la foi qui fait bouger les montagnes. L'absurdité d'une performance collective où un effort maximum produit un résultat minimum : 500 étudiants péruviens ont pelleté pendant une journée une dune de sable de 500m de long, à la fin ils ont déplacé la montagne de 10 centimètres. Une œuvre éphémère qui illustre sa vision poétique et critique du monde
Francis Alÿs, untitled (from: When Faith Moves Mountains), 2002 Deutsche Bank Collection
En 1997 l’artiste a réalisé une performance appelée : Paradoxes de la Praxis 1, Sometimes Making Something Leads to Nothing : Il pousse en avant pendant neuf heures un lourd bloc de glace, dans le quartier Zócalo à México : la pièce va fondre...
Alys choisit ces glaçons parce qu'ils sont typiques : dans le contexte latino-américain, ils sont transportés par les petites voitures de fruits et de poisson, ils circulent dans toutes rues commerçantes ; ils circulent aussi dans l’imaginaire collectif.
Ce geste éphémère, plein d'ironie, nous parle du « transeunte» : comme la glace nous passons et nos vies s'évaporent.
Jorge Luis Borges :
Mirar el rio hecho de tiempo y agua Y recordar que el tiempo es otro rio, Saber que nos perdemos como el rio Y que los rostros pasan como el agua
Se pencher sur le fleuve, qui est de temps et d’eau Et penser que le temps à son tour est un fleuve, Puisque nous nous perdons comme se perd le fleuve Et que passe un visage autant que passe l’eau.

Francis Alÿs, paradoxes de la praxis 1, (Sometimes Making Something Leads to Nothing), performance 1997

Carlos Bunga
L’artiste Carlos Bunga utilise les phénomènes de société, qu'il transpose dans le monde artistique : il s'intéresse par exemple à ceux qui en arrivent à envahir l'espace urbain de leurs habitations en carton. De la même manière il envahit la galerie d'art. Cette transposition permet de donner une lecture symbolique à ces matériaux qui viennent d’un contexte spécifique. L’arte povera, est un mouvement, qui interroge l'inl’espace. En 1967 l’artiste et critique d’art italienne Germano Celant a utilisé pour première fois l’exsoi-même ; c’est-à-dire l’affirmation d' une position
Le processus créatif est un mélange d’émotions. Nous n’avons pas toujours de réponses aux choses. Nous avons plus de doutes que de réponses, et ce sont les mêmes doutes qui nous font chercher, demander et avancer. L’impermanence est toujours active et permet cette enquête sur les choses. Dans un monde chaque fois plus complexe, un vaste spectre de ressources permet l’existence d’univers-(inter)disciplinaire, (multi) culturels, (inter)net, (multi)nationales – qui affectent notre monde toujours changeant.Carlos Bunga
Le projet Addition-Soustraction de l’artiste portugais Carlos Bunga, reflète le monde fragile d'une population qui s'adapte rapidement aux banlieues. Une architecture éphémère, qui interroge la notion symbolique du carton et ses possibilités plastiques dans l'espace de la galerie.
On peut observer deux phases matérielles dans son œuvre : la première, « addition » c’est le temps où l’artiste commence à habiter l’espace de l'art à travers des écrits et des dessins avant de faire son œuvre. Quand il comprend la géographie de l’espace, il entreprend sa création qui ne durera que le temps de l'exposition. Dans la seconde partie « soustraction », (le dernier jour de l’exposition) l'artiste convoque le public et il procède à la performance en détruisant son installation : déclenchant la phase finale, c'est-à-dire la mort de la Cet artiste a été une référence essentielle dans ma recherche personnelle. Il se sert du carton pour parler du phénomène des sans-abris. Il me semble nécessaire de parler ici de l’arte povera parceque c’est grâce à ce mouvement que Carlos Bunga peut utiliser en 2008 du carton.
dustrie culturelle et la société de consommation. «La référence fréquente à la nature est plutôt à considérer comme un exemple de point d'appui an-historique à partir duquel il devient possible de critiquer le présent. Dans ce sens les artistes de l'Arte povera, participent pleinement à la réflexion sur la dialectique entre la nature et la culture » *. Cette manière de faire art devient une critique de l’industrie culturelle et de l’objet décoratif qui perdure dans le temps et pression "Arte Povera" pour donner une idée de la «cohérence et incohérence » du panorama de l’art italien de l’époque. Ce Mouvement contestataire a participé à l’industrie artistique nord-américaine pendant des années comme un paradoxe critique de structure.
esthétique en face de nouvelles dynamiques de production de l’objet.
*Bertrand Dorléac, L’Ordre sauvage: violence, dépense et sacre dans l’art des années 1950-1960, Paris, Gallimard, 2004,

Bunga,Carlos, addition-soustraction, installation site Spécifique art, Madrid, Galerie Benitez 2008

Cornelia Konrads
Cette artiste est intéressante pour moi, parce que, avec humour, elle nous montre d’autres manières de regarder les objets, comme des invitations à réfléchir les espaces qui nous entourent.
Pour ses projets, l’artiste utilise des éléments qui sont déjà dans la nature (pierres, feuilles, branches d’arbres, neige…)
Avec une poésie ludique, elle nous propose un décalage entre la signification de l’objet et son détournement symbolique: elle rit avec nous sur la manière de concevoir les espaces vitaux : les maisons, les parcs, les forêts, les rues... « J’aime cette idée de montrer que dans le visible, il y a de l’invisible. J’aime réveiller la joie de penser à des possibilités, à ce qui pourrait être. […] Ce qui m’intéresse le plus, c’est l’ordre et le chaos. Le visible et l’invisible. Le matériel et l’immatériel. Et je ne vois pas ça comme des contradictions. Ce sont comme des pôles qui sont en toute chose. J’aime les moments d’étonnement et d’irritation. En général, quand on regarde, on ne voit pas. On chemine dans une sorte de monologue avec soi-même. Cette irritation, cet étonnement nous font sortir de cet engourdissement mental ». Cornelia Konrads.
“Once a viewer put it very well: there is a “moment of catastrophe” in my work– but I also hope a moment of humour.”-Cornelia Konrads

la maison de st. flour la maison de st. flour, Chemin d’Art - Festival d’Art Contemporain, Saint Flour, (France), 2009
Schleudersitz, Ejection Seat, Thomas Neumaier, Catalogue Flying Objects , Neustadt a.d. Donau (Germany), 2010

Dans la pièce Ejection Seat deux éléments sont mis en relation : la chaise et le lance-pierre géant. L’artiste nous invite à jouer et à fictionner le monde, à partir pour les cieux, à poser les pieds sur terre, et en même temps voir les landscapes qui nous entourent.
