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ÉDITORIAL

DE CHATEAUBRIAND À CIORAN RAYMOND QUENEAU

CATALOGUE N°45

Ce catalogue sur la littérature des XIXe et XXe siècles est divisé en deux parties, la seconde entièrement consacrée à Raymond Queneau, auteur majeur du siècle passé. Mais bien des œuvres de la première partie trouvent des correspondances dans l’activité protéiforme et encyclopédique de Queneau, et bien des auteurs étaient comme lui, des piliers des éditions Gallimard. Parmi les anciens et les maîtres, on retiendra les épreuves corrigées de Balzac, le premier journal de voyage de Flaubert, l’importante correspondance de George Sand à Delacroix et le mythique exemplaire de Lélia et son envoi à Musset. Autre ouvrage précieux : un des rares exemplaires de Case d’armons d’Apollinaire introduit à la poésie du XXe siècle. Parmi les surréalistes, André Breton et ses État généraux rehaussés de frottages, René Char et ses poèmes de Fureur et mystère, Paul Éluard et sa collaboration avec Bellmer pour les Jeux de la Poupée, et sa magnifique correspondance amoureuse à Gala. On pourra lire de passionnantes correspondances de Marcel Proust (à côté d’épreuves corrigées et d’une paperole pour Un amour de Swann), de Céline (au Dr Gentil, à son avocat Mikkelsen), de Claudel (à l’abbé Douillet, à côté du tapuscrit du Soulier de satin), de Colette (à Annie de Pène), de Julien Gracq (à Ariel Denis), de Sartre (à la jeune Bianca Bienenfeld, à côté de brouillons de ses pièce de théâtre et du monumental manuscrit de L’Idiot de la famille sur Flaubert), d’André Gide aussi, avec le manuscrit des Nourritures terrestres, et le tapuscrit corrigé des Faux-monnayeurs. Le roman est représenté également par Paul Morand, avec le premier brouillon de Lewis et Irène enluminé de dessins de Marie Laurencin, Les Mandarins de Simone de Beauvoir, et deux manuscrits de travail de Romain Gary, dont Adieu Gary Cooper. Soulignons la réunion exceptionnelle de journaux intimes, avec l’ensemble des 25 cahiers du Journal de Léon Bloy, deux carnets du Journal d’André Gide en 1934-1935, et les 34 cahiers retrouvés d’Emil Cioran, à la fois journaux des anées1973-1980, et laboratoires de ses ouvrages, dont De l’inconvénient d’être né. Leur répondent les cahiers et feuillets des différents journaux tenus par Queneau tout au long de sa vie, de 1914 à 1965. Outre le diariste, on découvrira ici, à côté de l’immense massif de sa correspondance (18 000 lettres reçues !), les multiples facettes de l’œuvre de Queneau. Le romancier, avec les manuscrits de travail de Gueule de pierre, Les Enfants du limon et Les Temps mêlés, et le tapuscrit corrigé de Zazie dans le métro, où apparaît la trouvaille du célèbre incipit : « Doukipudonktan ». Le poète, avec les manuscrits de cinq recueils, du Chien à la mandoline à Morale élémentaire. L’essayiste de Bâtons, chiffres et lettres. À côté de ses rares textes surréalistes, les 600 pages de notes de lecture et de travail, sur les sujets les plus divers, sans oublier le traducteur, et le scrupuleux éditeur des leçons d’Alexandre Kojève. L’intense activité de Queneauà l’Oulipo est rassemblée en sept forts volumes. Le mathématicien passionné est évoqué à travers 3500 pages de notes et calculs ; mais aussi le cinéphile, avec plusieurs projets et scénarios, pour Bunuel, Bergman ou Mocky. Ami des peintres comme Miró (voir le le recueil de la correspondance échangée avec le peintre catalan, et des textes qu’il lui a consacrés), Queneau était lui-même peintre, comme le montrent une quinzaine de gouaches, dont un autoportrait.

Thierry Bodin