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Oïdium du fraisier

L’oïdium constitue est l’un des problèmes phytosanitaires dominants de la culture du fraisier. Quand les conditions sont favorables à son développement, son incidence sur la culture est particulièrement notable et peut se traduire par des rendements fortement réduits, mais aussi par des fruits classés comme déchets.

Le développement qu’a connu cette maladie fongique ces dernières années, particulièrement pour les cultures sous serre, est lié aux nouveaux modes intensifs de culture, à l’absence de variétés résistantes et aux produits phytosanitaires autorisés trop peu nombreux autorisés par les chaines de distribution.

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Symptômes 1 2 3 4

À la face supérieure des folioles de fraisier, présence de taches circulaires à irrégulières, pourpres foncées à brunes, souvent accolées aux nervures, et bordées d’un faible halo jaune. Les folioles sont légèrement enroulées vers la face supérieure. Ces symptômes sont caractéristiques du blanc du fraisier et sont causés par le champignon Sphaerotheca macularis. À la face inférieure des folioles de fraisier, présence de taches circulaires à irrégulières, pourpres foncées à brunes et souvent accolées aux nervures. Les feuilles sont légèrement enroulées vers la face supérieure. Sur un fruit en développement, présence d’une petite tache brunâtre sur un sépale (voir flèche blanche) tandis que l’autre fruit est dur, sec et déformé (voir flèche noire). Cette fraise est dure et sèche et les akènes sont surélevés, couverts d’un discret duvet blanc (voir flèche) et en nombre insuffisant pour former un fruit complet. Sur les folioles, on entrevoit quelques taches irrégulières pourpres foncées et une coloration rougeâtre à la face inférieure (en arrière-plan). Les observations effectuées à la loupe et la nature des symptômes confirment la présence du champignon Sphaerotheca macularis, responsable du blanc du fraisier. Cette fraise est dure et sèche et les akènes sont surélevés et couverts d’un discret duvet blanc (voir flèche). Le fruit en formation, en arrière-plan, présente les mêmes symptômes. À la face inférieure d’une foliole de fraisier, présence d’un fin duvet blanc de mycélium (voir flèche) et d’un enroulement de la foliole vers la face supérieure.

© Luc Urbain - MAPAQ

Quels moyens de lutte ?

Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique).

1- Mesures préventives et agronomiques

- L’importance de la localisation du champ : si possible, prendre en considération la direction des vents lors de l’implantation des champs, car les spores sont dispersées par le vent. La présence de brise-vent peut permettre de couper l’arrivée de spores. Cependant, les champs doivent tout de même être bien ventilés. - Choisir les variétés les moins sensibles, quand c’est possible, - Utiliser des plants sains et certifiés, car l’oïdium peut infester les plantules dans les pépinières.

La présence du mycélium et de lésion sur les feuilles est à l’origine d’un ralentissement de l’activité photosynthétique entraînant une diminution des réserves carbonées et donc de la croissance de la plante.

Chez certains cultivars, l’oïdium engendre un enroulement foliaire très important (feuilles prenant la forme d’une cuillère). Ainsi, la face inférieure des folioles devient exposée à la lumière et il est plausible de croire qu’elle soit moins performante, en regard de la photosynthèse, que la face supérieure d’où les effets sur la croissance. - Bien aérer les abris pour éviter les fortes hygrométries, - Eviter les excès d’azote : il est important de bien gérer les apports d’azote, car un apport excessif de cet élément favorise une plus grande production de jeune feuillage sensible à l’oidium. Des essais scientifiques ont montré que la fréquence de feuilles présentant de l’oïdium sporulant est directement proportionnelle au niveau du régime azoté, ce qui incite au raisonnement de la fertilisation azotée en fonction aussi du risque sensibilité

à l’oïdium des variétés. - Il est nécessaire de limiter les sources de contamination en supprimant les organes attaqués et en les évacuant de la parcelle (les enterrer ou les brûler). - Nettoyer préventivement les plants d’hiver et brûler les déchets. - Les stress hydriques semblent favoriser le développement de la maladie, - Certains professionnels recommandent d’essayer, quand c’est possible, de gérer les récoltes en allant des champs les moins contaminés vers les champs les plus contaminés pour diminuer la dispersion des spores.

2- Détection précoce

L’idée de déceler le plus tôt possible l’apparition du champignon paraît être déterminante dans la protection du fraisier. Les piégeages des spores n’informent de la présence de la maladie que trop tardivement pour être pertinents. Seule l’observation directe de la végétation à la loupe binoculaire (grossissement x20 minimum) permet de détecter précocement l’apparition des conidiophores voire du mycélium rampant sur la surface des folioles. Pour être fiable la méthode doit être renouvelée régulièrement et demande du temps. Elle permet d’agir à un stade où le champignon peut être facilement contrôlé. Dans le cas de l’utilisation de plants feuillus (frais ou motte ou tray plant) elle peut être appliquée dès la réception des plants.

3- Les interventions chimiques

Une fois établi, le champignon est reconnu pour produire une quantité phénoménale de spores. Donc, les infections sont difficiles à maîtriser lorsque le champignon est bien installé. La lutte contre l’oïdium du fraisier doit être régulière. De préférence, la protection doit être préventive pour éviter l’infection du fruit par le champignon et limiter les baisses de rendement dues à l’infection du feuillage. Les spécialistes soulignent l’importance du mode d’action des fongicides et de la bonne pulvérisation. En effet, il est important de comprendre comment le produit agit (protectant et/ ou éradiquant) afin d’intervenir au bon moment. Pour les cultures de plein champs, il faut également tenir compte de la pluviométrie pour le lessivage des produits. Il est également recommandé d’alterner les différents groupes de fongicides lorsque les conditions sont propices aux infections, et protéger particulièrement les jeunes feuilles et les fleurs qui sont les stades les plus sensibles à l’infection. Des cas de résistance de l’oïdium à certains fongicides ont été observés en champs. Concernant l’utilisation du soufre son mode action multi sites limite le risque d’apparition de souches résistantes et offre un bon niveau d’efficacité contre la maladie.

Optimiser les traitements

Le champignon se développe principalement sous le feuillage, le rendant difficile à atteindre avec un fongicide protectant lorsqu’il est bien implanté dans la fraisière. Il est important d’avoir une bonne couverture du feuillage lors de la pulvérisation, grâce notamment au bon réglage du pulvérisateur. L’utilisation de papiers hydrosensibles lors de l’application des produits permet d’évaluer la qualité de la pulvérisation.

Méthodes alternatives

Des stimulateurs des défenses des plantes (SDP) et produits de biocontrôle sont évalués pour lutter contre l’oïdium du fraisier et aider à la gestion des résistances. Parmi les produits de type stimulateurs des défenses naturelles des plantes, les essais ont montré que certains ont présenté un niveau d’efficacité correct particulièrement en période de faible pression de la maladie. Certains sont des formulations de sels métalliques comme le bicarbonate de potassium qui manifeste une efficacité préventive en bloquant la croissance du mycélium. Les préparations à base de silicate de potassium et de tallate de cuivre présentent également une efficacité intéressante qui pourrait permettre de les intégrer dans une stratégie à base de fongicides classiques. D’autres produits formulés à partir d’extraits de plantes semblent très performants en période où la pression oïdium est modeste.