Le MicroMécanicien

Le MicroMécanicien

Giuseppe Accomando Tornos, l’orfèvre de la mécanique Page 18

LÉA, UNE POLYMÉCANICIENNE EN DEVENIR Page 17 Couple laser jet d'eau de Synova par Edouard Huguelet

Novembre 2023

Page 14

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CSEM

DÉCOLLETAGE

9

LE MEGAPHONE Passage de relais

MICROTECHNIQUE & TRENDS 6FACTS FACTS & TRENDS Planète Mars

ÉDITO L'eau, la lumière et l'électricité Les systèmes d'usinage par focalisation d'un rayon laser sont en usage depuis plusieurs décennies. Par cette méthode, appelée familièrement « découpage au laser » il est possible de réaliser des opérations de coupe précises, dans les matériaux les plus divers, également les plus durs, même dans du diamant monocristallin, grâce à une solution combinant un faisceau laser (lumière cohérente) à un jet d'eau à haute pression faisant simultanément office de guide d'ondes et de réfrigérant de coupe.

Une autre solution, également adaptée aux matériaux les plus variés et les plus durs, est constituée par une technique de découpage, appelée « découpage au micro-jet d'eau » utilisant comme outil un faisceau extrêmement ténu d'eau à très haute pression, pure ou additionnée d'une fine poudre abrasive, selon la matière usinée. Cette technique sert aussi à découper des composants précis et complexes, dans les domaines de la micromécanique.

Solution de découpage tout aussi précise, l'électro-érosion à fil. Ici, ce ne sont pas la lumière cohérente ou l'eau à haute pression qui entrent en jeu, mais l'énergie électrique pour la découpe de matériaux électro-conducteurs. La cathode (l'outil) est constituée d'un fin fil métallique à déroulement continu, parcouru par une succession d'impulsions électriques de grande intensité, assurant l'opération d'enlèvement de matière, l'anode étant en l'occurrence la pièce à usiner elle-même, plongée dans un liquide diélectrique.

Comme on le verra donc, pour l'usinage de précision, il n'y a pas que les outils de coupe par enlèvement de copeaux qui entrent en jeu, mais également des solutions faisant appel à des éléments fluides : eau, lumière et électricité. Ces diverses techniques d'usinage de précision, particulièrement adaptées à la production de composants micromécaniques, font l'objet de trois articles dans cette édition.

Edouard Huguelet Rédacteur

VERWO

21

12 LUBRIFIANT

30

Gestion des fluides

TOURS AUTOMATIQUES

27

SYNOVA INTERCONNEXION 14 COUPLE – LASER JET D’EAU Usinage

OSGM COMPOSANTS 21 DECOLLETAGE Micro-usinage

NANOPRECISION

DÉCIDEURS

18

24 ELECTRO-EROSION A FIL Mitsubishi leader mondial

LOI DE MURPHY

HORLOGERIE 37 L‘INGENIEUR AUX CENT BREVETS Hugues Souparis

IMPRESSUM Le MicroMécanicien N° 7 – Novembre 2023 Revue spécialisée suisse Parutions 9x par année Tirage 3'000 exemplaires Editeur Agence CRP Sàrl 55, route de Florissant 1206 Genève T. +41 22 347 25 96 mcb@agencecrp.ch Directeur de la publication : Michele Caracciolo di Brienza (Registre Professionnel Impressum n. 10987)

Contributeurs : Edouard Huguelet, Charles Decourt, Michele Caracciolo di Brienza, Jean-Paul Gremaud, Serge Leimgruber, Chef de publicité Laurent Champod marketing@agencecrp.ch T. +41 79 760 37 44 Photos : High-News Sàrl Abonnements 50.- CHF par année en Suisse 70.- € par année en Europe Directeur artistique Laurent Haoua Imprimé en Suisse

WATERJET

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FACTS & TRENDS Planète Mars Fondée en 1973 à Cortaillod, Petitpierre SA fête aujourd’hui un demi-siècle dans la microtechnique ! Son savoir-faire a séduit le CSEM de Neuchâtel qui lui a commandé à plusieurs reprises des pièces en titane indispensables à son programme Space-X pour l’exploration de la planète Mars. L’innovation est sa marque de fabrique.

C’est dans cet esprit que la combinaison Drop-Lumen a été lancée par ses soins avec le soutien d’Acrotec R&D. Drop-Lumen associe un module de nettoyage très performant à un appareil de mesure optique high-tech dans des environnements exigeants.

Ce robot surveille mais ne fait pas encore le café !

Un robot patrouilleur

La découpe chimique est souvent la seule méthode pour fabriquer les composants de précision.

Parcours net zéro

La startup suisse Ascento, une spinoff de l'ETH Zurich, a récemment dévoilé un robot de patrouille appelé «Ascento Guard». Il est capable de détecter les intrus, d'assurer l'intégrité du périmètre, de surveiller les portes et les parkings. Sa vitesse est de 4,5 km/h. Aucune intervention humaine n’est requise. Ce robot est censé pallier à la pénurie de maind'œuvre qui touche le secteur de la sécurité.

Boris Petitpierre, Directeur général de l’entreprise éponyme et son co-directeur Vincent Rieder.

Precision Micro, fournisseur mondial de découpe chimique, dévoile une nouvelle expansion de ses capacités générales de production, avec l’ajout d´une deuxième salle de découpe sur son site basé à Birmingham, au Royaume-Uni. Ce nouveau cadre d´impression minimise l’intervention humaine au niveau de l´impression des résines photosensibles sur les tôles de grandes dimensions.

Stimulée par la demande mondiale en technologies d’énergie de la prochaine génération, cette expansion lui permettra de fournir des tôles découpées plus grandes et plus épaisses en plus grandes quantités. Les nouveaux équipements ont été développés conformément à la stratégie ESG, en automatisant de nombreuses parties du processus de fabrication tout en consommant moins d’énergie.

Nouvelle page pour VOH SA More than Small

Octobre dernier, Richard, Daniel et Nathalie Vaucher, fondateurs de VOH SA, ont passé le relais à une nouvelle équipe de direction. Basée à Courtelary, cette entreprise du Jura bernois propose depuis 1995 des équipements et des solutions destinés aux secteurs de l'horlogerie et de la microtechnique. La famille Vaucher, en tant que propriétaire, officiera au sein du conseil d’administration.

Polydec SA basée à Bienne a fêté ses 37 ans de savoir-faire dans le micro-décolletage avec plus de sept milliards de pièces au compteur. Son univers commence avec des pièces usinées mesurant moins de deux millimètres. L’industrie horlogère bénéficie largement de son savoir-faire dans l’usinage de l’infiniment petit.

Polydec, l’univers de l’infiniment petit.

Le MicroMécanicien – 6 – Novembre 2023

De gauche à droite, Bastien Paratte, directeur R&D, ric Fromentel, CEO de VHO et Steve Ligier, directeur des Opérations

NOUVEAU

LE MEGAPHONE

L’équipe au grand complet

Quinze ans déjà !

Micromécanique de grande précision à haute valeur ajoutée.

PoliTrempe célèbre ses quinze ans d’activités. Fondée en 2008, cette société a connu une remarquable croissance grâce à son expertise sur les opérations de terminaison des pièces horlogères haut de gamme. Tout commence en 2008 lorsque Jean-Paul Farine fonde PoliTrempe à Delémont, dédiée au traitement thermique, polissage en vrac et blocage des pièces horlogères.

Aujourd’hui, soixante personnes y travaillent. La société jurassienne, basée désormais à Courrendlin, ajoute le polissage brossé, le roulage, le sablage et microbillage à son arc. En 2019, elle reprend les activités de Norbert Humair SA. Une année plus tard, la galvanoplastie vient compléter ses prestations. En 2021, elle intègre le groupe Acrotec.

Construction mécanique Industrie médicale Micromécanique et horlogerie

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Outilleurs et moulistes

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L’Allemagne en renfort L’Allemand Friedrich Daniels, un des principaux fabricants européens d'instruments chirurgicaux, rejoint le groupe Acrotec. De quoi permettre à ce groupe d’investir le marché allemand. Cette entreprise familiale de quatrième génération, a plus de 75 ans d'histoire dans la fabrication d'instruments chirurgicaux. Sur son site de Solingen, Rhénanie-du-Nord-Westaphalie, des compétences spécifiques dans l’artisanat des lames ont été développées au fil des siècles et intégrées dans la fabrication d'instruments chirurgicaux.

Le MicroMécanicien – 9 – Novembre 2023

LE MEGAPHONE

www.brw.ch

SYLVAC

VISIO

Eplan partenaire de Dassault Systèmes

Garantie 2 ans Construction robuste en granit 3 éclairages LED programmables Axe Z motorisé avec réglage n Fonction "Compare CAD" Fonction "Statistiques" Pointeur laser de position Programmes semi-automatique

La transformation numérique peut devenir réalité avec des systèmes en réseau et une coopération étroite entre les fabricants. À cette fin, la société française Eplan a fondé le Réseau Partenaires fin 2020, qui compte 65 fabricants parmi ses membres. Dassault Systèmes vient de rejoindre ce réseau comme partenaire. L'interface entre la plateforme Eplan et celle de Dassault Systèmes sera développée de concert. Objectifs : l’intégration transparente de l'ingénierie électrique et de la technologie de l'énergie des fluides dans le contexte du développement de produits.

Passage de relais Votre contact: optik.messtechnik@brw.ch

Sara Girardi (photo) assumera prochainement les fonctions de Chief Financial Officer (CFO) du CSEM, le centre suisse d’innovation technologique. Elle succèdera à André Laville. Le passage de témoin interviendra en mars 2024. En tant que CFO, Sara Girardi aura la charge de tous les dossiers financiers. Elle dirigera en outre la Business Unit Services qui englobe les départements Finances & Controlling, Sécurité et Infrastructure.

SWISS

Sebastian Seitz, PDG d’Eplan & Cideon (à gauche) et Dominic Kurtaz, Directeur général de Dassault Systèmes.

@Georg Fischer AG

Nouveau renfort pour GF Stefan Räbsamen (photo) sera le nouveau membre du conseil d’administration de Georg Fischer AG en avril prochain. Ce titulaire d'un master en administration des affaires et en économie a débuté chez PwC Suisse en 1994.

Au sein de ce spécialiste de l’audit, il a assumé plusieurs fonctions de direction, dont la responsabilité du segment de marché industriel. De juillet 2019 à juin 2022, M. Räbsamen a été président de son conseil d'administration. Depuis, il est co-responsable de la pratique ESG chez PwC et dirige de nombreux projets ESG en Suisse.

CONCEPTION

ÉLECTROÉROSION

Mécanique de précision

I

ÉTAMPAGE

www.arcofil.ch

USINAGE CN

I

2610 St-Imier

Production optimisee Dans un premier temps, quatre COOLANT BOXES furent installés. Avantage majeur : ce système s’installe sans interruption de la production. D’un encombrement réduit, il ne nécessite qu’un raccordement électrique, un raccordement à l’eau et un raccordement à l’air comprimé.

Le circuit de régulation est assuré par deux petits flexibles en matière synthétique (un pour l’amenée, l’autre pour le retour). Chaque COOLANT BOX peut ainsi surveiller et desservir jusqu’à six machines-outils en toute autonomie.

Le système FLUIDLYNX mesure la valeur pH et la concentration – les deux paramètres essentiels du lubrifiant réfrigérant miscible à l’eau –, mais aussi sa température et sa conductivité électrique. Cerise sur le gâteau : l’appareil maintient lui-même la concentration prescrite ! La gestion automatique de la concentration et du remplissage du réservoir augmente la sécurité de processus, la rentabilité économique, la disponibilité, la productivité et la qualité.

Confiance et responsabilite Pour Verwo, un partenariat de confiance est au moins aussi important que tout autre critère technique. Martin Struger, responsable de production chez Verwo, se dit enchanté par la collaboration avec le team MOTOREX. « La collaboration fonctionne à merveille, avec un taux de fiabilité de 100 %. Raison pour laquelle, comme le suggérait MOTOREX, nous avons transféré à nos apprentis la responsabilité de nos systèmes FLUIDLYNX. » Ce sont en effet les jeunes de la relève qui surveillent l’ensemble des fonctions, mettent les fluides d’exploitation à disposition, assurent les travaux de maintenance nécessaires et sont en contact permanent avec MOTOREX. ■

L’équipe de Fluidmanagement

La gestion intelligente des fluides améliore la sécurité des processus et la productivité Propre, intelligent, dosable Pour l’usinage par enlèvement de copeaux, Verwo dispose de 21 tours ultramodernes à commande numérique et de centres de fraisage de constructeurs de renom, sur lesquels ses spécialistes fabriquent des pièces de haute précision destinées à des clients actifs dans les domaines de la fabrication de vannes et de semi-conducteurs, de la technique médicale, de l’industrie énergétique et de la construction de machines. Une clientèle dont les exigences sont extrêmement pointues, allant jusqu’à imposer, dans certains cas, que chaque étape d’un process soit documentée dans les moindres détails. Certaines pièces doivent même être fabriquées selon des prescriptions « Copy Exactly! »: une fois défini en collaboration avec le client, le process de fabrication ne peut plus être modifié.

Le lubrifiant refrigerant, un atout de precision Le lubrifiant réfrigérant est souvent un facteur sous-estimé dans le process d’usinage, alors que parfaitement formulé, il contribue à améliorer la qualité de surface, à allonger la durée de vie de l’outil, à accroître la productivité et à faire baisser les coûts. Il s’agit cependant d’un fluide très sensible, dont l’équilibre doit être monitoré et maintenu de manière fiable. Jusqu’il y a trois ans, chez Verwo, cette tâche était assurée par les opérateurs de machine, qui effectuaient les mesures manuellement.

L’opération était très gourmande en temps et en ressources humaines. La documentation prenait un temps fou et comme toute activité humaine, était sujette à erreur. L’automatisation de la gestion des fluides s’imposait.

Plusieurs constructeurs furent contactés. L’offre de MOTOREX, avec sa solution maison FLUIDLYNX, s’avéra la plus technologiquement avancée.

MM126_Fluidmanagement Le MicroMécanicien – 13 – Novembre 2023

à une multitude de domaines, allant de la micromécanique à l'aérospatiale, de la joaillerie à l'outillage (notamment le taillage des diamants) ou encore de l'industrie des semiconducteurs à la production d'outils de coupe.

Les matériaux les plus divers et même les plus durs peuvent être usinés, qu'il s'agisse de diamant, carbure, métaux précieux, céramique, acier, métaux et alliages cuivreux, composites, etc. L'usinage est réalisé avec une grande précision, sans échauffement de la matière en cours de découpe, grâce à la technique hybride laser - jet d'eau.

Le traitement des caries n'est plus qu'un lointain souvenir!

Source : Synova S.A.

Source : obs/Synova S.A./Jean Scheim

Le jet d’eau peut être considéré comme étant un guide d’ondes fluides de longueur variable.

Synova S.A. à Duillier, lors de la célébration des 25 ans de la société en 2022.

machines-outils

Cela fait 26 ans cette année que Synova S.A. réalise et commercialise des équipements d'usinage de grande précision à commande numérique basés sur la technique du laser à guidage par jet d'eau, appelée Laser MicroJet (LMJ). Plus de 500 machines ont été livrées à ce jour dans le monde entier.

Edouard Huguelet

I

Du traitement des caries au micro-usinage de composants précis et complexes A l'origine de la technique LMJ, un projet de recherche du Laboratoire d'optique appliquée de l'EPFL, visant à mener à mettre au point un outil dentaire basée sur le laser pour éliminer les caries dentaires. Seul hic : l'échauffement produit par le faisceau laser. Solution : associer un jet d'eau à haute pression au faisceau laser. Ce projet a été mené à terme par Bernold Richerzhagen, après des études en Allemagne, couronnées en 1989 par un master en génie mécanique de l'Université d'Aachen. Après avoir démontré la faisabilité d'un système laser guidé par jet d'eau et obtenu son doctorat à l'EPFL en 1994, il fit breveter le fruit de ses recherches et à l'issue de douze mois de stage post-doctorat, le premier modèle fonctionnel fut réalisé.

Après avoir loué des locaux au PSE (Parc Scientifique de l'EPFL), Bernold Richerzhagen réalise son premier prototype, puis crée la société Synova S.A. en 1997 qui s'implante en 2003, dès que la production en séries des machines a décollé, dans un bâtiment situé à Ecublens, à proximité immédiate de l'EPFL, puis dès 2017, en raison de l'accroissement des affaires, dans le nouveau site de Duillier.

Des équipements basés sur cette technique hybride innovante ont été livrés dans le monde entier. L'entreprise s'est constamment développée et le procédé s'applique

Machine LCS 50, en versions à 3 ou 5 axes, une machine idéale pour l'usinage micromécanique de composants en 2D et 3D. Une version (DCS 50) est prévue spécifiquement pour le taillage des diamants.

Précision et états de surface Le laser guidé par jet d'eau (Laser MicroJet) assure un état de surface excellent et une grande précision de coupe, sans écaillage ni microfissures, bavures ou dépôts.

Plus d'une douzaine de systèmes Synova différents, basés sur des machines CNC comportant 3 à 5 axes, sont disponibles pour tous les cas d'application de découpe, perçage, finition et enlèvement de matière.

Source : Synova S.A.

Le couple laser jet d'eau

nitialement située à Ecublens à trois pas de l'EPFL d'où l'entreprise a pris son envol, Synova S.A. s'est établie fin 2016 à Duillier (VD) dans des locaux modernes et spacieux, permettant l'assemblage de plus de 100 machines par an. Par ailleurs en 2021, la capacité de production de cette entreprise industrielle de pointe a été accrue grâce à son nouveau site d'assemblage de Rottweil (Allemagne). Actuellement le groupe Synova emploie plus de 145 personnes dans le monde entier et dispose d'un réseau de filiales avec des centres de micro-usinage aux Etats-Unis, Japon, Inde, Corée, Allemagne, Chine, Afrique du Sud et Emirats arabes.

Principe du découpage par Laser MicroJet®.

Le MicroMécanicien – 15 – Novembre 2023

l'apprentie

Source : Synova S.A.

Le jet d’eau peut être considéré comme étant un guide d’ondes fluides de longueur variable. Étant donné que le jet d’eau refroidit la surface du matériau à usiner entre les pulsations à haute fréquence du laser, l'effet de la chaleur sur la surface du matériau usiné est négligeable. Le jet d'eau est très fin (entre 23 et 75 microns selon la buse), donc la perte de masse du matériau lié au processus de découpe est considérablement réduite. Il en résulte une découpe précise avec un état de surface d’une qualité excellente, sans bavure ni aucun endommagement imputable à un effet thermique. Le processus laser MicroJet (LMJ), ou laser guidé par jet d’eau, est adapté à la découpe de profils complexes, par exemple à partir de rubans de métaux et alliages, notamment utilisés dans l’industrie horlogère. Un composant typique, comme une roue dentée, peut être découpé en une seule fois avec une vitesse de coupe de 0,1 mm/s à 3 mm/s selon l’épaisseur de la bande. Le système LMJ, doté d’un logiciel et d’un contrôleur CNC, est capable de découper les contours les plus complexes, même avec des angles aigus. Le plan de la pièce peut être créé à partir d'un système CAO et le fichier programme est sauvegardé dans le PCI de la machine. ■

L’acier, les machines et Léa

Sur le pont dès 7 heures pour des journées entières de formation.

Dans l'atelier de montage de Synova S.A. à Duillier.

Synova S.A., 1266 Duillier www.synova.ch - sales@synova.ch

Aux Journées Portes Ouvertes en septembre dernier du CAAJ, Centre d’apprentissage technique de l’Arc Jurassien, à Moutier, une trentaine d’apprentis dont trois jeunes filles présentaient leur savoirfaire. Léa Von Bueren, est l’une des rares apprenties à suivre une formation de polymécanicienne. Récit.

Michele Caracciolo di Brienza

CEFF

O

riginaire de Moutier, Léa est engagée auprès de l’entreprise formatrice Swiza à Délemont et elle poursuit en partie sa formation au CAAJ. « Mon oncle a aussi fait l’apprentissage de polymécanicien et il est encore dans le métier », explique Léa du haut de ses seize ans. Les machines, les pièces, l’acier, pourquoi avoir choisi cette filière ? « Mon oncle me racontait avec passion sa vie dans l’atelier et j’ai décidé de marcher sur ses pas pour le plaisir de fabriquer des pièces. Je commence de presque zéro pour créer quelque chose ». Son emploi du temps est millimétré.

CAAJ

Source : Synova S.A.

Le CAAJ propose un cursus d’apprentissage dual complet pour les métiers de la mécanique et du décolletage en deux étapes. Une formation pratique de base au centre d’apprentissage de Moutier avec des formateurs dédiés et des collègues du même âge. Une spécialisation en entreprise pour la deuxième partie de l’apprentissage.

Fondé le 1er août 2010 à la suite du regroupement d’une demi-douzaine d’institutions de formation, le CEFF est réparti en quatre domaines de compétences : l’artisanat, le commerce, l’industrie et le santé-social. Présent à St-Imier, Moutier et Tramelan, le CEFF emploie environ 250 personnes et accueille près de 1'800 élèves à plein temps ou en dual, ainsi que 600 à 800 adultes en formation continue par année. www.ceff.ch

Rester chez Swiza « Sur le pont toute la journée dès 7 heures, le lundi, jeudi et vendredi au CAAJ. Et au CEFF, Centre de formation professionnelle Berne francophone de Moutier le mardi et mercredi. Dans deux ans, je rejoindrais Swiza ». La formation de polymécanicien dure quatre ans. Sa famille estelle contente de son choix ? Comment envisage-t-elle son futur ? « Mes parents sont fiers de mon parcours. Excepté mon oncle, je suis la seule dans ce secteur. Il y a une telle demande que les polymécaniciens ne manqueront jamais de travail. J’aimerais rester dans la région et continuer chez Swiza à l’issue de ma formation ». ■

www.caaj-moutier.ch Assortiment de pièces du domaine de la micromécanique et de l'horlogerie, usinées avec le procédé Laser MicroJet® de Synova : pont de tourbillon en laiton, pince ophtalmique en Phynox, pièce de tournage en alu et pignon.

Le MicroMécanicien – 16 – Novembre 2023

Le MicroMécanicien – 17 – Novembre 2023

interview

Insubmersible. Tornos a toujours résisté aux turbulences sanitaires, énergétiques et géopolitiques. Cette entreprise emblématique de la région innove constamment en tablant sur de nouveaux produits.

Rencontre avec Giuseppe Accomando, Head of Sales & Services Switzerland de Tornos Group.

Tornos, la haute couture de la mécanique

des jeunes. Je fais partie du conseil d’administration du CAAJ, de l’AFDT (Association des Fabricants, Décolleteurs et Tailleurs) et de Swiss Precision (Le pendant alémanique de l’AFDT). Auparavant, l’apprenti passait les premières années à vider les bacs à copeaux, à nettoyer les machines, et à charger les barres. Aujourd’hui, le polymécanicien passe les deux premières années dans ce centre à usiner l'acier, à limer, à tourner, en passant par les machines à cames jusqu’aux machines d’usinage. Bien sûr, ils passent un à deux jours dans une école mais ces apprentis travaillent vraiment dans un atelier. Comme quoi, la pratique est le fondement de la théorie. Une fois en entreprise, ils sont presque autonomes avec la machine. Plus besoin d’un chaperon pour les former. Le CAAJ est financé par les 22 entreprises qui en font partie. Ces dernières financent ce centre au prorata des apprentis.

Un mot sur la Tornos Academy ?

Au sein de la Tornos Academy, nos clients se forment à l’usage des machines afin d’optimiser leur productivité. Deux possibilités, soit nous nous déplaçons chez eux, soit ils viennent à Moutier. Quand un client achète un type de machine et c'est la première dans son parc, la formation se tient chez nous pour

Giuseppe Accomando, Head of Sales & Services Switzerland de Tornos Group.

Tornos entreprise formatrice des plus grands décolleteurs, pourquoi tant d’implication dans la formation ?

Tornos est une entreprise formatrice depuis des lustres. Dans les années septante jusqu'à 2000, Tornos disposait d’un centre de formation dans le décolletage, mais le Centre Professionnel Tornos formait également à d’autres métiers en lien avec la

machine-outil. Nous sommes une pépinière d’entrepreneurs ! Lors de mes visites, plusieurs grands décolleteurs m’ont confié avoir suivi des formations Tornos. Et ce sont aujourd’hui nos clients ! Du reste, nous avons aujourd’hui une soixantaine d'apprentis. Nous collaborons avec le CAAJ (Centre d’Apprentissage de l’Arc Jurassien) à Moutier. Tornos est impliquée dans la formation

ce qui concerne la programmation, la maintenance, etc. Trois collaborateurs se dédient exclusivement à cette tâche. Nous disposons d’un grand nombre de machines. Deux pour les monobroches et une pour les multibroches.

Naissance du décolletage machines Swiss Type.

Comment tout a commencé ?

Dans le passé, fabriquer quelque chose qui n'existait pas, était plus facile à placer sur le marché. Ainsi, quand en 1891, Nicolas Junker a breveté sa première machine de décolletage pour fabriquer des vis horlogères, ce fut une révolution.

Aujourd’hui, la technologie avance tellement que la machine sort une pièce sans passer par les étapes de

Nicolas Junker à l’origine de la première décolleteuse développée sur un plateau d’acier et vissée directement sur l’établi.

La pratique est le fondement de la théorie.

Au sein de la Tornos Academy, les clients se forment aux machines afin d’optimiser leur productivité.

Le MicroMécanicien – 19 – Novembre 2023

Quelle est le prix d’une machine entrée de gamme ?

Tornos a toujours innové en tablant sur de nouveaux produits.

retouches. C’est notre gros défi. Le polissage restera. Mais le client veut aujourd’hui une pièce achevée en une étape et sur une machine et sans tous les passages du passé.

C’est possible. On y arrive dans tous les domaines : horlogerie, automobile et d’autres. Lancer de nouvelles machines est de plus en plus ardu.

Nous arrivons à sortir une solution pour faire une pièce d’une certaine manière. Après pour les vendre, nous nous adaptons sur le développement spécifique de chaque client. C’est du sur-mesure. L’équipement de la machine sert à atteindre le résultat recherché par le client : une pièce en une seule fois.

Beaucoup d’entreprises asiatiques procèdent à des montages de machines à la chaine. Les options sont réalisées chez le client, une fois la machine installée. Chez Tornos, chaque machine est fabriquée selon les désidératas du client. Une fois posée, elle est prête à produire. Le fait maison nous différencie.

Pour une machine de base tournage, son prix est de cent mille francs. Avec certains équipements, cela peut atteindre le double. Cela représente une somme conséquente. Lorsqu’un client vient avec un projet pour répondre aux besoins de ses clients, la confiance doit s’instaurer d’emblée. Une fois sa confiance acquise, la machine est achetée et il est possible par la suite de monter de gamme. Il faut répondre aux appréhensions du client très vite. Avec mon parcours entre le montage et le service après-vente, j'ai appris à connaître les machines et les entrepreneurs.

Quelles sont vos parts de marché dans l’horlogerie et les autres ?

En Suisse, notre marché principal est l’horlogerie, le médical & dentaire et la connectique. Notre chiffre d’affaires se répartit à 40 % pour l’horlogerie, 30 % les Medtech, 20 % la connectique et le reste pour le jobshop, la mécanique générale de précision et autres. Pendant de longues années, notre marché principal était l’automobile. Nos machines produisent encore des pièces pour les sièges électriques et les portes, mais ce marché est en baisse. Pour une seule raison, un moteur thermique a environ 1'700 pièces contre 400 pour son pendant électrique. Nous ne faisons pas beaucoup dans le jobshop en raison de passages de barres de gros diamètre. Nous sommes meilleurs dans le petit diamètre. Nous commençons avec des barres de 1 mm jusqu’à 42 mm. ■

Itinéraire d’un enfant de la Maison Arrivé chez Tornos en 1999, Giuseppe Accomando a débuté dans le montage électrique. Sa mission consistait à câbler les coffrets électriques des DECO 10, 13 et 20, le début de la saga des tours automatiques DECO. Par suite d’une baisse drastique des carnets de commandes en 2002, il part vers d’autres horizons. En juin 2005, il y revient, la direction lui confie la hotline du service après-vente de Tornos en raison de sa maitrise des langues étrangères. Pendant huit ans, Giuseppe s’occupera de la clientèle suisse et limitrophe. Son parcours illustre le fait que Tornos donne la possibilité d’évoluer à ses forces vives. D’électricien, il est aujourd’hui directeur commercial de la filiale suisse. A 48 ans, son crédo reste le même qu’à l’entame de son apprentissage à 16 ans : « La Suisse fait sortir le meilleur de nous. »

Marc-Alain Paroz est passionné de longue date par son métier.

décolletage

Décolletage, taillage et roulage

L

’entreprise possède deux sites, l'un à Tavannes, où se fait tout ce qui est lié au décolletage et l'autre à Granges, qui est son siège principal.

Installé à deux pas de la Rue Principale, le site d’OSGM à Tavannes a pignon sur rue et maîtrise aussi bien la fabrication de pignons que celle de différents composants, pour l’horlogerie principalement. « Notre passion et notre longue expérience de la microtechnique nous poussent constamment à nous dépasser, voilà nos atouts pour apporter une réponse optimale aux besoins spécifiques de chaque client », relève d’emblée Marc Alain Paroz, directeur technique et responsable du département décolletage chez OSGM. Décolletage, taillage et roulage : l'amélioration continue Marc-Alain Paroz : « Notre gamme de prestations comprend l’usinage de haute précision de microcomposants dans les domaines du décolletage, du taillage ainsi que le roulage. Grâce à notre infrastructure ultramoderne,

Entreprise suisse spécialisée dans la fabrication de petites et grandes séries de composants micromécaniques simples ou complexes de haute précision, OSGM Composants SA est une société dynamique, laquelle certes n’est pas depuis longtemps sur le marché, mais qui a déjà connu de grands succès dans le domaine du micro- usinage. chacune de nos prestations allie le respect des délais à une qualité hors pair. C’est la raison pour laquelle nous accordons une grande importance à l’amélioration continue. Cela joue un rôle déterminant dans la réussite d’OSGM Composants SA.et fait de notre entreprise un partenaire fiable dans l’industrie ». Fiable, Marc Alain Paroz l’a toujours été. Au même titre que ses machines Tornos, qu’il a choisies avec soin. « J’ai toujours travaillé sur des machines Tornos et dans notre atelier, nous en avons même encore plusieurs à cames sur lesquelles j’aime toujours travailler. Pour moi, Tornos est un gage de qualité et de fiabilité. Nos machines tournent 7 jours sur 7 et quasiment 24 h sur 24 ». Dans l’usine de décolletage, située au premier étage à la route de Pierre-Pertuis 6, Marc Alain Paroz se félicite d’avoir fait confiance à Tornos pour ses machines. « Nous avons deux SwissNano 4 et une SwissNano 7. Ce sont des machines épatantes, ergonomiques, efficaces, elles prennent peu de place et permettent de produire en petites et grandes séries.

entreprise sympathique, indépendante et orientée vers l’avenir. Marc-Alain Paroz table sur la durabilté : « Nous nous efforçons de répondre à tous les besoins de nos clients en temps voulu et offrons une grande souplesse, grâce à nos deux sites. C’est ce qui fait toute la différence. C’est pourquoi nous accordons une grande importance à la durabilité ». L’action et la pensée entrepreneuriales d’OSGM sont effectivement axées sur la durabilité et la préservation de l’espace de vie. « C’est pourquoi nous veillons à ménager les ressources limitées, tant dans la production de pièces de précision de haute qualité que dans notre infrastructure d’entreprise », conclut Marc-Alain Paroz. Pour garantir tout ceci, la philosophie d’OSGM Composants SA met l’accent sur des produits durables, la réutilisation des matériaux, une élimination appropriée des copeaux ainsi qu’une gestion respectueuse de toutes les ressources. ■

OSGM Tavannes produit des pièces décolletées grâce au savoir-faire de Marc-Alain Paroz, que l'on voit ici en compagnie de son ancien collaborateur Joan Zurfluh.

Encore des machines à cames pour la production en masse Il est vrai que quand je dois produire en masse, j’opte généralement pour une des machines à cames Tornos que nous avons dans notre atelier. J’ai l’habitude de procéder ainsi et cela fonctionne bien ». Il faut dire que les machines Tornos, Marc Alain Paroz les connaît parfaitement, et de longue date. « J’ai appris sur des machines Tornos et depuis lors, j’ai toujours travaillé sur des machines de ce constructeur. Après toutes ces années je suis toujours fasciné par leur conception, je les trouve agréables pour travailler, faciles d’accès et permettant des mises en train de pièces complexes plutôt aisément.

J’ai longtemps été responsable de la formation des apprentis dans une entreprise tavannoise et j’avais à cœur de leur apprendre le métier de décolleteur ». Comme chez Tornos, OSGM Composants SA met l’accent sur la qualité de ses produits. Pour garantir un tel niveau, l’entreprise priorise son personnel qualifié ainsi qu’une optimisation permanente des installations de production, en consentant à des investissements constants pour la recherche et le développement à l’interne.

Du personnel qualifié, un élément essentiel Giuseppe Nicotra, directeur général chez OSGM Composants SA, est convaincu que le personnel est un élément essentiel pour assurer le succès d’une entreprise. Il précise : « Chez OSGM la satisfaction du client et du collaborateur est au cœur de toute la démarche. Nos employés sont les garants des compétences d’OSGM. C’est pourquoi nous travaillons constamment à créer une

Source : Decomagazine 02/2023 OSGM Composants SA, 2540 Grenchen OSGM Composants SA, 2710 Tavannes www.ogm.ch

culture d’entreprise agréable et stimulante pour nos collaborateurs ». Le savoir-faire de l’entreprise suisse inclut le décolletage, le taillage et le roulage de microcomposants haut de gamme. Fier de son parc machines, Marc Alain Paroz met d’ailleurs en évidence l’importance du décolletage chez OSGM : « Le décolletage de pièces de précision est une des compétences clés d’OSGM Composants SA. C’est la première opération d’une pièce qui est déterminante pour toutes les autres étapes d’usinage suivantes. C’est pourquoi elle doit être de la plus haute qualité ».

Des pièces les plus simples aux plus complexes En effet, le procédé de décolletage trouve ses origines dans l’industrie horlogère elle-même. C'est un système de production qui utilise des tours automatiques pour réaliser principalement des pièces de précision haut de gamme directement à partir de la barre. « Grâce à nos longues années d’expérience, à notre passion de la précision et à nos collaborateurs hautement qualifiés, nous sommes à même de réaliser des pièces allant du plus simple au plus complexe. Pour cela, nous utilisons des tours CNC ultramodernes et des machines à cames, tous de Tornos. Nous pouvons ainsi satisfaire l'ensemble des demandes des clients. Peu importent les pièces à réaliser et les défis à relever, nous sommes partants », indique encore Marc Alain Paroz, qui ajoute : « En vous adressant à nous, vous bénéficiez de processus individualisés et adaptés à vos besoins pour des productions spéciales, ainsi que pour de petites et grandes séries d’une qualité optimale ». En résumé, OSGM Composants SA est une Dans l'atelier de décolletage d'OSGM à Tavannes.

Le MicroMécanicien – 23 – Novembre 2023

Le procédé de décolletage trouve ses origines dans l’industrie horlogère elle-même.

Machine d'usinage par électroérosion à fil Mitsubishi MX 600 : un véritable cheval de bataille pour la production de pièces micromécaniques et horlogères.

le garant d'un excellent état de surface sur les pièces usinées. Mitsubishi peut proposer quelques options uniques sur les machines d'électro-érosion à fil, en particulier un ingénieux système d'enfilage du fil ou la fonction de sécurité contre les défaillances « core hold » avec maintien de la chute de matériau. L'approvisionnement en pièces de rechange et en consommables pour l'Europe est assuré de manière centralisée depuis l'Allemagne, ce qui permet une livraison dans les 24 heures.

Spécialement adapté à la micromécanique de précision Parmi les avantages proposés par ce constructeur de machines, citons notamment les douze ans de garantie sur la précision de positionnement, un système d'enfilage automatique du fil très innovant, un générateur d'impulsions (V350) à haut rendement. Mentionnons le modèle MX 600 pour la micromécanique, particulièrement adapté à l'industrie horlogère, en particulier pour la production de petites roues dentées, ponts, platines, et autres pièces minuscules et précises. Diamètre de fil 0,03 mm à 0,2 mm.

Rugosité Ra jusqu'à 0,05 µm. ■ Source : Mistubishi Electric Europe, D–40882 Ratingen www.mitsubishielectric-edm.eu

La nanoprécision en électro-érosion à fil

Finition brillante jusqu'à Ra 0,04 µm pour les métaux lourds, Ra meilleure que 0,10 µm pour l'acier.

machines-outils

Mitsubishi Electric produit déjà en grandes séries depuis 1964 des machines d'électro-érosion par enfonçage et dès 1972, également des systèmes d'électro-érosion à fil. Aujourd'hui, Mitsubishi est le leader mondial du marché dans ce domaine, avec 2000 machines d'électro-érosion par an.

Edouard Huguelet

P

our obtenir des géométries d'électro-érosion rapides et de haute précision, Mitsubishi mise sur l'entraînement direct tubulaire, qui transforme la quasi-totalité de l'énergie en mouvements d'axes nano-précis. Une solution qui permet non seulement de réduire la facture d'électricité et les coûts de maintenance, mais apporte également un atout durable en termes de longévité et de grande précision constante.

Quelques options uniques Le bâti rigide de la machine, en fonte Meehanite spécialement sélectionnée, assure une longévité qui se mesure en décennies et qui permet de supporter jour après jour des poids de pièces élevés et pour les petits modèles à fil, assure une diminution drastique des vibrations, ce qui est

Finition brillante jusqu'à Ra 0,04 µm pour les métaux lourds, Ra meilleure que 0,10 µm pour l'acier.

Le MicroMécanicien – 25 – Novembre 2023

Source : www.hevs.ch

La Loi de Murphy s'applique notamment aux applications de l'ingénierie.

société

La Loi de Murphy et le comportement des objets inanimés

É

voquons le comportement étrange des objets inanimés - ou mieux des objets « dits inanimés ».

Mais d'abord reportons-nous à l'origine de la loi fondamentale qui régit le comportement des objets inanimés. Elle a été formulée pour l'essentiel par Edward A. Murphy (1918-1990), officier (major) et ingénieur dans l'aérospatiale américaine, spécialiste de la sécurité de fonctionnement de systèmes critiques, un homme courageux mais dont la mémoire s'est estompée au fil des temps. En somme, il a été en quelque sorte victime de sa propre loi, bien connue des spécialistes de la technique et de l'industrie.

Fondements de la Loi de Murphy et la gravité sélective Définition fondamentale domestique : « Toute tartine beurrée qui tombe au sol atterrit forcément la face beurrée côté sol ». Définition fondamentale scientifique : « Si une infime probabilité – même une seule –, existe qu'un événement perturbant se produise, le phénomène se produira forcément et au moment le plus inopportun, par exemple lors d'une démonstration publique de la fiabilité d'un dispositif.

Un dérivé de la Loi de Murphy, le principe de la gravité sélective : Un outil qui s'échappe des mains de l'opérateur tombera toujours dans l'endroit le plus inaccessible du dispositif à assembler après avoir fracassé au passage l'élément le plus fragile et irremplaçable de l'ensemble.

Ci-après quelques cas particuliers des effets de la Loi de Murphy.

Fred Gardiol, professeur émérite de l'EPFL, a contribué à répandre et diffuser en Suisse romande les principes et corollaires de la Loi de Murphy, laquelle est tout aussi fondamentale que celle de la gravitation universelle.

Edouard Huguelet

Dans l'ingénierie Tout dépôt de brevet va de pair avec un dépôt similaire réalisé quelques jours auparavant par un illustre inconnu travaillant pour le compte d'une entreprise concurrente.

Toutes les clauses de garantie d'un dispositif échoient aussitôt après la réception dudit dispositif. De toutes façons, par exemple pour un appareil électromécanique, la garantie exclut le boîtier de l'appareil, le moteur, la partie électrique, le mécanisme, le système de commande, le cordon d'alimentation et la prise de courant.

La nécessité impérieuse d'introduire une foule de modifications à un projet en cours d'exécution croît au cours du temps, repoussant sa phase finale aux Calendes grecques.

Les caractéristiques, spécifications et croquis figurant sur une instruction de service ne correspondent pas à celles du produit et les valeurs figurent en unités exotiques, par exemple des hecto-livres par coudée carrée pour définir une pression.

Les notices de montage, d'entretien et de maintenance d'équipements complexes sont en principe jetées à la poubelle par le service de réception des marchandises.

Pour le cas improbable où le document n'aurait pas été détruit, il est néanmoins inutile car rédigé en chinois, japonais, coréen, polonais et russe.

Source : esquire.com/es

« Si une infime probabilité existe qu'un événement perturbant se produise, il se produira au moment le plus inopportun. » Edward A. Murphy

Cinq bons principes pour l'ingénierie •Principe de la prospective : Les courbes graphiques doivent être dessinées en premier et les points de mesure seront placés harmonieusement après coup. Il est conseillé de placer deux ou trois points de mesure légèrement décalés de part et d'autre de la courbe : ça fait plus vrai.

• Principe de Fudge : Si les résultats ne correspondent pas à vos calculs, ajoutez un facteur correctif pour les faire correspondre à vos souhaits. Vous pourrez même baptiser ce facteur de votre nom, ce qui vous vaudra de la notoriété.

• Principe de Diddle : N'importe quel résultat peut correspondre à n'importe quelle équation pourvu que suffisamment d'imagination et de créativité soient développées.

• Principe de la méthode soviétique : Entourez l'organisation du travail de consignes compliquées et de nombreuses formalités. Alors rien ne s'accomplit. Donc aucune erreur n'est commise et votre responsabilité est dégagée.

• Principe de l'autruche : Ignorez tout problème embêtant. Si vous ne faites rien il finira par se résoudre de luimême dès que les gens arrêteront d'en parler.

En mathématiques Si plusieurs personnes sont impliquées dans un calcul erroné, il est impossible de déceler la source de l'erreur.

Dans toute opération mathématique, la valeur considérée comme certaine est la cause fondamentale de l'erreur. Toutes les constantes sont en fait des variables qui s'ignorent et vice-versa.

Une virgule sera toujours mal placée dans la suite de chiffres. Les puissances de 10 à exposant positif sont en fait des puissances de 10 à exposant négatif et vice-versa. Dans un calcul complexe, une valeur du numérateur passera toujours par erreur au dénominateur.

A terme de la résolution d'un système d'équations complexe, on arrivera invariablement à un résultat du genre : X = 15,25 X. Lorsqu'on reprend les calculs, on aura par exemple pour résultat : X = X, ou : 1 = 1.

Développement et réalisation de prototypes Tout câble électrique pré-coupé à une longueur prescrite sera trop court. Ceci se vérifie particulièrement pour les câbles à fibre optique comportant aux deux extrémités des connecteurs coûteux sertis de façon indémontable.

Lorsqu'on branche un moteur, l'arbre de sortie tourne dans le mauvais sens ou refuse carrément de tourner.

Dans ce dernier cas le moteur finit par « griller » en émettant une fumée âcre.

Les trous filetés dans une pièce ne se trouvent pas en face des trous de passage de la contre-pièce. S'il faut « n » composants pour finaliser le montage d'un dispositif, il y en aura « n–1 » en stock et la pièce manquante n'est plus disponible.

Les pannes d'un système ne se manifestent jamais durant les essais et la validation. Elles se produisent en général après la livraison chez le client, notamment s'il se trouve aux antipodes. Lorsque le dépanneur arrive chez le client, la panne aura mystérieusement disparu et se produira à nouveau dès que le dépanneur sera reparti.

Lorsqu'un ensemble a été complétement assemblé, il restera un composant vital sur l'établi... et pourtant, pour une raison inexplicable, le système semble malgré tout parfaitement fonctionner. Ce n'est qu'après avoir revissé les 24 boulons du couvercle qu'on se rendra compte qu'on a oublié de disposer le joint entre le carter et le couvercle.

Si de l'avis de tous les experts consultés un problème est déclaré définitivement insoluble, sa solution sera évidente pour la première personne non qualifiée venue.

dans les délais et de surpasser massivement le budget alloué prouve que la tâche était plus ardue que prévu et les personnes attachées à sa réalisation méritent donc une promotion.

• Troisième loi : La somme nécessaire à la bonne exécution d'un projet n'est jamais disponible au début du projet. Par contre, il sera toujours facile d'obtenir des fonds importants nécessaires aux diverses modifications ultérieures au projet.

Dans le domaine de l'électrotechnique et de l'électronique Un circuit électrique protégé contre toute défaillance est le premier à tomber en panne et s'il tient le choc, il génère une surtension qui aboutira à la destruction complète du dispositif. Lorsqu'on protège un transistor de puissance par un fusible à action rapide, c'est le transistor qui grille et le fusible qui est protégé. Un oscillateur à quartz oscille avec une fréquence autre que celle prévue... pour autant qu'il oscille ! Les boîtiers de transistors prototypes marqués pnp contiennent en fait des composants npn et vice-versa.

Sur le plan d'encombrement d'un moteur, il ne sera pas fait mention du diamètre de l'arbre moteur, mais on trouvera toutes les cotes d'espacement des ailettes de refroidissement.

Comitologie Dans un remarquable opuscule intitulé « Murphy's Law and other raesons why things go wrong » (Price/Stern/ Sloan - Los Angles), Arthur Bloch présente notamment quelques principes qui forment le fondement de la « comitologie » (étude critique des comités). Voici quelques extraits traduits par F. Gardiol et qui seront d'une étude fort profitable aux jeunes ingénieurs qui seront tôt ou tard tenus à siéger dans des comités, conseils d'administration ou autres commissions.

• Principe de Shanahan : La durée d'une séance augmente comme le carré du nombre de personnes présentes.

• Principe de la bagatelle : Le temps consacré à l'étude d'un point quelconque de l'ordre du jour est inversement proportionnel à son importance.

• Principe de Hendrikson : Si un sujet donne lieu à beaucoup de rencontres, les rencontres elles-mêmes deviendront plus importantes que le sujet, lequel sera finalement oublié.

• Principe de Truman : Si vous ne parvenez pas à les convaincre, embrouillez-les!

• Principe d'Old & Kahn : L'efficacité d'un comité est inversement proportionnelle au nombre des membres qui la composent et à la durée des délibérations.

• Principe du débat : Ne discutez jamais avec un imbécile, les gens risqueraient de ne pas distinguer lequel c'est. ■

Les trois lois de Pratt • Première loi : Quand on rencontre un problème apparemment difficile, la seule solution possible sera forcément la plus compliquée, coûteuse et demandant le plus de temps pour sa réalisation.

• Deuxième loi : Le fait de terminer une tâche dans le temps imparti et avec uniquement les moyens mis à disposition n'entraîne aucun mérite pour ceux qui l'ont accomplie. Cela signifie simplement que le projet était plus simple que prévu et sa résolution à la portée du premier venu. Par contre, le fait de ne pas terminer la tâche

Le MicroMécanicien – 29 – Novembre 2023

regroupant quelque 2'000 collaborateurs. Le groupe devient, au fil des ans, la plus importante manufacture de montres d’Europe. En 1928, diversification réussie avec la fabrication de pompes à viscose, en collaboration avec Stüdeli & Cie (Winterthur), fabricants de poudres, compounds et articles en plastique. A noter qu'entre 1940 et 1943, la succursale Tavaro avait fourni à l'Allemagne nazie 1,7 million de détonateurs.

Source : wikimedia.org

Tours automatiques multibroches C’est en 1931 que la « TMCO » (comme on appelle dès lors familièrement Tavannes Machines Co.) lance la fabrication d’un tour automatique multibroches vertical à six stations, appelé Gyromatic, actionné par des systèmes à cames, conçu pour l’usinage de pièces décolletées à partir de barres de matière aux diamètres maximum de 25 mm, puis par la suite 40 et finalement 60 mm. L’originalité : la machine est à disposition verticale, les barres de matière se chargeant par le haut, ce qui constitue une solution à la fois ingénieuse (les barres descendent par gravité) et compacte (le ravitaillement des barres ne prend pas de place au sol car il se trouve au-dessus de la machine, en disposition verticale). L'évacuation des copeaux est en outre facilitée par la géométrie verticale de la machine. Une version « reprise » à capacité de serrage de diamètre 140 mm en mandrin est par la suite mise au point, dotée de systèmes de chargement manuels ou automatiques, machine donc prévue pour l’usinage de pièces, non pas à partir de barres, mais d’ébauches préalablement tronçonnées, matricées ou embouties.

Bâtiment de Tavannes Machines, à Tavannes (état actuel).

patrimoine

Cet article retrace l'histoire d'une fabrique de machines qui a développé dès l'an 1931 (donc au tout début de la crise économique mondiale issue du krach boursier de Wall-Street!) des tours automatiques multibroches à disposition verticale, solution originale et même révolutionnaire dans ce domaine. Tout est parti d'une manufacture horlogère de Tavannes (Jura bernois).

Edouard Huguelet

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n 1895 est créée à Tavannes une manufacture de montres appelée Tavannes Watch Co , qui s’établit dans de rustiques locaux loués. Dès 1901, après la construction de l’usine principale (20'000 m2 de surfaces de locaux), un important département mécanique y est intégré, employant une trentaine de mécaniciens, chargés de construire les machines spéciales, posages, outils, gabarits et autres dispositifs techniques nécessaires à la fabrication en séries des composants horlogers, de même que pour la mise au point et la fabrication d’instruments de mesure dimensionnelle de précision, appelés micromètres.

En 1918 est inaugurée à proximité immédiate une usine séparée, réalisée dans le même style, hébergeant dorénavant les activités « machines » et « instruments de mesure » qui ont pris passablement d’importance. Sont notamment produits au début, dans cette nouvelle unité, des tours d’horlogers destinés à la commercialisation, en plus des machines spécifiquement développées pour les besoins propres de la manufacture de montres.

Entre 1900 et 1930, plus de 2'000 machines-outils sont de la sorte produites et commercialisées dans la nouvelle usine désormais appelée Tavannes Machines Co., partie intégrante du groupe Tavannes Watch Co., lequel comprend en outre à cette époque une manufacture de boîtes de montres (Blanches Fontaines) à Undervelier (Jura) et exploitée jusqu'en 1924, une succursale à Genève (Tavaro SA - mécanismes de fusées d’obus d'artillerie), ainsi que d’autres établissements sis à la Chauxde-Fonds, au Locle et à Lajoux, soit en tout une galaxie

Source : m-ici.ch

La saga des tours automatiques multibroches verticaux

Livraison de la première machine Gyromatic en 1932.

A titre indicatif, de telles machines ont été par exemple vendues dans le sud-est asiatique au début des années 60 pour réaliser l’usinage intégral de culots d’obus d’artillerie, sur la base d’ébauches en laiton produites par emboutissage profond. La machine était pourvue d’un chargeur automatique et fonctionnait de façon entièrement autonome. Les produits fabriqués sur ces machines à géométrie inédite, vont de la grosse horlogerie et de l’industrie de la boîte de montres à l’appareillage, sans omettre évidemment les industries de l’armement et de la munition, ce que l’on appelle actuellement pudiquement du « matériel de défense » : comme on le sait, personne n'attaque et tout le monde se défend. Ces machines rencontrent rapidement un succès mondial impressionnant. En 1938, la fabrique de machines se structure en société anonyme et devient Tavannes Machines

En 1931 la Tavannes Machines lance la fabrication d’un tour automatique multibroches vertical à six stations.

Tour automatique multibroches vertical Gyromatic (vers 1960)..

Co S.A. Développement et évolution Les nouveaux développements se poursuivent à un rythme soutenu. La direction d’entreprise, consciente de l’essor pris par la technique des matières plastiques, lance avec succès sur le marché, en 1942, une presse transfert (multi-stations) automatique à mouler les plastiques thermodurcissants et en 1946 est mis au point un tour automatique monobroche à poupée mobile avec passage maximum de barre 40 mm, essentiellement destiné à la fabrication de pièces longues, telles qu’on en trouve par exemple dans les industries de l’armement, de l’instrumentation et de l’appareillage.

A cette époque, donc après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Tavannes Machines est en pleine expansion, dorénavant avec son triple programme de vente : tours automatiques multibroches verticaux Gyromatic pour le travail en barres ou en mandrin (modèles STA et STE), presses transfert pour plastiques thermodurcissants (mo-

L'avènement de la commande numérique L’avènement de la commande numérique est symbolisé par la sortie du tour horizontal à poupée mobile MA30 CNC (présenté en première mondiale à l’EMO 81 à Hanovre) et d’une gamme de petites fraiseuses, à commande CNC également, inspirées par le programme JAL. Sur la base de ces dernières est développé un centre d’usinage CNC pour pièces de précision, doté d’un changeur d’outils innovateur et d’une palettisation. Le virage vers les nouvelles techniques a été judicieusement négocié!

Début février 1986, le directeur général de l’époque, Pierre Graber, un ingénieur mécanicien, présente à la presse, en première mondiale, une cellule d’usinage, appelée TAM-30-TR CNC, regroupant avec une commande CNC unique, un tour MA-30 CNC et une fraiseuse, avec toute la robotisation de manipulation : une réalisation révolutionnaire pour l’époque! Un reportage de l’auteur de ces lignes, consacré à cette réalisation, avait d’ailleurs paru dans le périodique Industrie et Technique – Revue Technique Suisse (No.6 du 26 mars 1986 - pp. 30 et 31).

Avant même d’être présenté à la presse, le prototype est d’ores et déjà vendu à une entreprise italienne, filiale d’Honeywell, un géant mondial de l’électronique. Le succès semble assuré.

Presse transfert Tavannes C150-10, pour le moulage des thermodurcissants.

lement acquis, après divers aléas, par le groupe Greub, de la Chaux-de-Fonds, à la base de la société Almac (fondée pour l'occasion en 1987 et reprise par Tornos en 2008). Les machines de l’atelier de production, l’outillage, le stock de matières et l'équipement d’atelier sont dispersés lors de la vente aux enchères de liquidation totale, en janvier 1987, puis l'immeuble est revendu en juillet 1987. Actuellement, le bâtiment est en voie de transformation pour accueillir différents services, notamment de l'administration cantonale bernoise, suite au transfert de Moutier dans le Canton du Jura.

Note finale En tant qu'auteur de cet article et ayant d'autre part fait partie du bureau d'études de Tavannes Machines en tant que dessinateur de machines (au début des années 1960) avant de devenir rédacteur par la suite, je suis toujours étonné qu'aucun constructeur de machines – à ma connaissance – n'ait repris le principe du tour automatique multibroches à disposition verticale, évidemment doté en l'occurrence d'une commande CNC. ■

Source : documentation d'époque TMCO

Source : documentation d'époque TMCO

dèles C20/2, C72/8, puis C150/10 dès 1962) et tours automatiques horizontaux monobroches M25, M40 et M60, sans oublier le programme de mesure dimensionnelle de précision (micromètres en toutes variantes d’exécution), ainsi que la production de pompes à filer la viscose, une activité quasiment « increvable ». La fabrique de machines compte alors plus de 300 collaborateurs et est particulièrement prospère.

En 1966, Tavannes Watch Co. S.A. (donc la manufacture de montres implantée sur le même site) est vendue à l'ex-groupe horloger Ebauches S.A. et en 1979, Tavannes Machines acquiert la société Jall S.A. (Le Locle) qui emploie 35 personnes et construit de petites machines-outils spéciales (fraiseuses-perceuses de haute précision) pour l’horlogerie. Les activités de l’entreprise en question (laquelle conserve d’ailleurs son statut et son autonomie au sein du groupe) sont aussitôt transférées dans les locaux de Tavannes Machines, à Tavannes.

venir de ces systèmes de production avant-gardistes. En d’autres termes, c’est une fin de non-recevoir pour une nouvelle épopée industrielle. De leur côté, les banques, tout aussi frileuses et incapables de saisir l'importance de l'enjeu, ne sont guère enclines à dégager les fonds nécessaires aux acquisitions de fournitures et matières premières destinées au lancement des premières séries de cellules d’usinage. La messe est donc dite. L’entreprise, d’emblée à court de liquidités, est dès lors rapidement déclarée en situation de cessation de payement et mise en faillite en septembre 1986.

Les 23 et 24 janvier 1987, une grande vente de liquidation totale, organisée conjointement par Müller Machines et Intertool, portant sur l’important parc de machines, l'outillage et divers matériels des ateliers de fabrication, symbolise tristement la fin de cette belle mais courte aventure industrielle. Une annonce pleine page comportant l’inventaire complet des machines, accessoires et outillage, paraît d’ailleurs dans la revue industrielle MSM « Marché suisse des Machines » (édition 1/1987, p.48). Peu de temps avant le prononcé de la faillite, le stock de pièces en cours et de pièces de rechange du service après-vente des machines TMCO, les dessins d’ensemble et de détail, ainsi que le solde des presses et tours Gyromatic se trouvant en cours de montage, sont attribués à Wisard Frères à Grandval (société simple en nom collectif liquidée en 2002), « for a song » comme diraient nos voisins anglophones : une opération qui fait jaser pas mal de monde à l’époque. Le programme de mesure dimensionnelle (micromètres) est repris par André Frei et Fils S.A. à Court, qui continue de le faire évoluer avec succès, toujours sous le nom de marque bien connu « Tavannes » qui a établi la réputation urbi et orbi de ces instruments de mesure de grande précision. Le programme Jall, quant à lui, est fina-

Source : documentation d'époque TMCO

L’avènement de la commande numérique est symbolisé par la sortie du tour horizontal à poupée mobile MA-30 CNC.

La fin de l'épopée Bien que disposant de la capacité financière nécessaire et assuré d’un bon accueil sur le marché pour les nouveautés présentées, le Conseil d’administration d’alors, un peu dépassé par les événements car composé de personnes d’âge avancé, n'est guère désireux de procéder aux importants investissements préludant au lancement de la nouvelle gamme de produits CNC, ceci malgré un prototype vendu et des options d’achat pour la série à Cellule d’usinage TAM-30-TR CNC, regroupant avec une commande CNC unique, un tour MA-30 CNC et une fraiseuse, avec toute la robotisation de manipulation.

Le MicroMécanicien – 33 – Novembre 2023

Machine pour le micro-usinage au jet d'eau MicroWaterjet F4.

Source image : bbr.news©

« Nous n’avons jamais perdu de vue nos objectifs de durabilité et de longévité »

La micro-découpe au jet d’eau économise les ressources et limite les coûts.

La micro-découpe de précision au jet d'eau techniques de production

Waterjet AG revient sur plus de trente années d’existence. Après avoir mis en service la première installation de découpe au jet d’eau en 1989, René Affentranger et Walter Maurer ont créé Waterjet AG en 1992. Deux ans plus tard, cette entreprise a été intégrée à la nouvelle Waterjet Holding dont Walter Maurer a pris dès 1994 la direction générale.

Edouard Huguelet

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n se concentrant entièrement sur la découpe au jet d’eau, cette société a été en mesure de renforcer et de développer continuellement ses compétences, ce qui lui a permis d’améliorer des systèmes existants et de développer de nouveaux systèmes de découpe, machines et concepts. Accompagnés de collaborateurs de longue date, elle a su mettre à profit savoir-faire et qualité pour travailler durablement et avec succès. « Nous n’avons jamais perdu de vue nos objectifs de durabilité et de longévité. A cet effet nous avons veillé à disposer non seulement d’un bon financement propre qui nous rend particulièrement résistants aux crises, mais aussi à penser aux problématiques environnementales, sur lesquelles nous travaillons en continu, tout en améliorant constamment nos prestations de service dans le domaine de la découpe au jet d’eau », affirme Walter Maurer.

Du jet d'eau classique à la micro-découpe pour composants micromécaniques La découpe par micro-jet, développée par Walter Maurer et l'équipe de Waterjet est la même que pour la découpe au jet d’eau traditionnel. Il s’agit également d’un procédé de découpe à froid, thermiquement neutre (procédé à l’eau pure ou avec abrasifs). Les différences portent sur la taille de la tête de coupe, et pour les procédés avec abrasifs, la taille de la chambre de mélange pour le grenat.

La micro-découpe au jet d’eau a été développée par Waterjet AG afin de répondre à la forte demande pour des pièces mécaniques miniaturisées, extrêmement fines, dans les secteurs de la micromécanique, des procédés de mesure et de régulation, de l’aéronautique et l’aérospatiale, de la technique médicale et de l’horlogerie. À force d’optimisation et de développement en continu, le jet de coupe (pression 6'200 bar, vitesse triple de celle du son) a pu être réduit au diamètre 0,2 mm.

Walter Maurer

La précision du laser mais sans modification de la structure des matériaux Le procédé procure les atouts de la découpe au laser en termes de précision, mais avec les avantages propres à l’eau, notamment l'absence de contraintes thermiques sur le matériau, ce qui fait que sa structure et sa résistance restent inchangées. Il suffit en général d’un fichier de dessin CAO, ainsi que des paramètres de matériau, épaisseur et qualité de coupe requise, pour lancer le processus de travail.

La micro-découpe au jet d’eau économise les ressources et limite les coûts. La consommation d’eau passe de 0,4 l/min à 0,17 l/min tandis que la consommation d’abrasifs passe de 60 g/min à 16 g/min. La dépense énergétique nécessaire pour atteindre 6'200 bar se réduit de moitié et tombe à 3 kW. Et comme le travail se fait sans outils, il est possible de réaliser même de très petites séries de pièces aux formes complexes sans dépenses en outillage ou équipement.

Microcomposants usinés avec une grande précision La précision est aussi importante que la miniaturisation dans la micro-découpe au jet d’eau. Le fait d’avoir éliminé le cône de coupe traditionnellement présent permet notamment de couper, par exemple, des pièces à ailettes sans erreurs d’angle. La précision est encore améliorée par un système de tête pivotante. La micro-découpe au jet d’eau autorise, en plus des matériaux courants et sans les endommager, avec une précision au micromètre près, des matériaux thermosensibles, des matières spéciales et des alliages rares.

Découpage d'éléments de précision.

Les pièces peuvent être découpées avec un état de surface pouvant atteindre une valeur de Ra = 1,6 μm, ce qui supprime la nécessité de les ébavurer ou de les ré-usiner après coup.

Waterjet AG, qui a mis au point et développé ces équipements, réalise le découpage à façon de pièces de précision. Les machines sont actuellement produites par l'entreprise MDC Max Daetwyler AG, à Bleienbach. ■

Composants d'un outil chirurgical obtenus par micro-découpe au jet d'eau.

Le MicroMécanicien – 35 – Novembre 2023

Waterjet AG, 4912 Aarwangen https://www.waterjet.ch

Devenir un champion de la sous-traitance électronique Fondé en 1994, le groupe BMK est en tête du championnat international de la sous-traitance électronique (EMS pour Electronic Manufacturing Services). Fort de ses 1000 collaborateurs, BMK génère une croissance annuelle moyenne supérieure à 10% et ce depuis plus de 20 ans.

De la fabrication de modules électroniques à leur service, BMK est omniprésent dans notre quotidien, que ce soit dans les commandes de trains, les canons à neige ou les systèmes de contrôle électronique de nos supermarchés. Tout cela est rendu possible grâce à l’ERP proALPHA qui assure une gestion sans faille de leurs processus opérationnels.

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Hugues Souparis : l’inventeur qui embrassa l’horlogerie portrait

Un ingénieur-designer à plus de 100 brevets compte propulser Pequignet, seule Maison de haute horlogerie en France, sur la plus haute marche de l’artisanat technologique.

Par Anna Aznaour

Q

uand on arrive à vendre des asticots pour les pêcheurs, on peut tout faire », plaisante Hugues Souparis, classé parmi les 500 plus grandes fortunes de France.

Ce fils de petits commerçants, propriétaires d’un magasin généraliste, naît en 1955, à Saint-Céré. Tout comme Antoine Lauricesque, l’un des inventeurs préférés du Roi Soleil. Hasard ou pas, celui qui va révolutionner nos vies débute sa carrière à l’âge de 23 ans. Encore étudiant, il crée son entreprise de gadgets, qu’il conçoit et commercialise lui-même.

Parmi eux… un cadran solaire de poche.

Hugues a trente ans lorsque arrivent sur le marché les photocopieurs couleur. Et avec, le fléau de la contrefaçon des cartes d’identité et des billets de banque. Une aubaine pour cet esprit éclairé qui y voit une application des hologrammes. Aujourd’hui, ils truffent les papiers d’identité et l’argent dans plus de 120 pays. Sa société Hologram Industries, devenue Surys, sera cotée en bourse, puis, en 2019, cédée à l’État français.

Une page se tourne, et la nouvelle commence par la création d’ENOWE, un groupe d’investissement. Cette fois-ci, Hugues Souparis a une autre idée en tête : contribuer à redresser l’industrie française en soutenant son savoir-faire artisanal. Objectif qui tombe à pic pour Pe-

11 - 14 JUIN 2024 thenticité qui a la particularité d’être réellement lié à la montre grâce à un « fingerprint » de 2 millimètres sur 2, gravé au laser, et qui rend impossible la contrefaçon de l’objet et la falsification des informations liées. Le token métallique qui l’accompagne comporte également le même fingerprint infalsifiable et un QR code, offrant ainsi une traçabilité sans faille contrôlable avec un smartphone et le stockage sécurisé des informations sur la blockchain.

Mais ce n’est pas tout ! L’homme prépare la prochaine révolution horlogère. Une technologie nouvelle pour fabriquer et traiter les cadrans différemment. Ainsi, ils auront un visuel impossible à réaliser par des méthodes traditionnelles, tout en restant de très haute qualité. Affaire à suivre. ■

quignet. Fondée en 1973 à Morteau par Émile Pequignet, la manufacture est en phase de relance. Son créateur qui, durant trente ans fabriquait des montres-bracelets de luxe pour femmes était d’abord un designer avant d’être horloger. Contrairement à Didier Leibundgut, le repreneur de la maison. Ce passionné de mécanique engagera des ingénieurs qui vont créer le mouvement Calibre Royal au système de remontage bidirectionnel du clavier initial. Mais les développements et leurs brevets mettront les finances sur la paille. Pourtant, le savoir-faire est là, tout comme la motivation et la volonté des salariés de sauver la marque. Hugues Souparis sera leur soutien en devenant leur associé majoritaire.

Aujourd’hui, en tant que président et principal investisseur, il compte lancer une innovation complètement inédite, codéveloppée avec l’entreprise française ATT (Advanced Track and Trace). C’est un certificat d’au-

Le MicroMécanicien – 38 – Novembre 2023

SALON PROFESSIONNEL INTERNATIONAL