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NUMÉRO 411-412 !

EN VENTE DEUX MOIS

KAMALA HARRIS

UN RÊVE AMÉRICAIN

C’est une femme de pouvoir, elle incarne le métissage et, peut-être, le renouveau des États-Unis

ÉDITO

2021

DÉCOUVERTE

DJIBOUTI

L’ANNÉE EN SUSPENS

La nouvelle étape Spécial de 16 pages

par Zyad Limam

DOCUMENT

LAURE OLGA GONDJOUT DANS LES SECRETS DES GRANDS Extraits exclusifs de son livre « Instants de vie »

+INTERVIEWS

Kaouther Ben Hania Riad Sattouf Samir Guesmi

CÔTE D’IVOIRE A L’HORIZON 2025 Un dossier de 24 pages

France 5,90 € – Afrique du Sud 49,95 rands (taxes incl.) – Algérie 320 DA – Allemagne 6,90 € Autriche 6,90 € – Belgique 6,90 € – Canada 9,99 $C – DOM 6,90 € – Espagne 6,90 € – États-Unis 8,99 $ Grèce 6,90 € – Italie 6,90 € – Luxembourg 6,90 € – Maroc 39 DH – Pays-Bas 6,90 € – Portugal cont. 6,90 € Royaume-Uni 5,50 £ – Suisse 8,90 FS – TOM 990 F CFP – Tunisie 7,50 DT – Zone CFA 3 500 FCFA ISSN 0998-9307X0

N°411-412 - DÉC.2020-JANV.2021

L 13888 - 411 - F: 5,90 € - RD

R A T S P O SÉROP Aujourd’hui, avec les traitements, une personne séropositive peut avoir des enfants sans transmettre le VIH.

PLUS D’INFOS SUR SIDA-INFO-SERVICE.ORG

édito PAR ZYAD LIMAM

2021, L’ANNÉE EN SUSPENS Début décembre, Time, le grand hebdomadaire américain, s’est posé la question : 2020 at-elle été la pire année de l’histoire ? Évidemment, le tropisme du débat est propre à cette nation de « conquérants optimistes »... Et oui, il y a nettement pire dans l’histoire du monde, des guerres (à l’échelle de la planète), des épidémies dévastatrices (la fameuse peste noire du Moyen Âge, par exemple), des famines, des astéroïdes si l’on remonte à la nuit des temps…

Mais pour tous les êtres humains vivant aujourd’hui, le choc 2020 est stupéfiant. Unique. Au-delà de notre expérience. Beaucoup d’entre nous sommes des enfants de l’après-guerre justement, du baby-boom (années 1950-1960), les héritiers des indépendances aussi, d’autres sont des kids de la génération Z (celle des enfants du numérique), tous acteurs et spectateurs d’un formidable accroissement des richesses et d’un recul sans précédent de la pauvreté dans l’histoire de l’humanité. Nous sommes les enfants d’un monde interconnecté, les citoyens du village global, les praticiens des révolutions technologiques. Certains d’entre nous sont d’immenses privilégiés, qui ont pu voyager, échanger, dialoguer, commercer pratiquement sans frontières. Nous étions comme dans un train lancé à grande vitesse. Et nous avons heurté un mur…

Nous n’étions pas prêts (même si nous avions été souvent prévenus…). Nous n’étions pas prêts à un défi collectif de cette ampleur, nous n’étions pas prêts pour le Covid-19, un virus contagieux par voie respiratoire qui mettrait à plat tout le système. Nous n’avions pas de référence. Comme le souligne le Time, il faudrait avoir au moins 100 ans pour se remémorer les ravages de la Première Guerre mondiale et de la dernière grande pandémie, celle de la grippe espagnole. Et plus de 80 ans, pour parler de la Seconde Guerre mondiale, de sa barbarie globale, de la Shoah, des bombes atomiques sur le Japon…

AFRIQUE MAGAZINE

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Nous n’étions pas prêts face à une pandémie, venue de Chine ou d’on ne sait où, peut-être tout simplement d’une chauve-souris à notre contact, pas prêts pour un virus qui a paralysé l’écosystème mondial, confinant plus de la moitié de l’humanité, nous unissant en quelque sorte dans le désarroi. Nos écrans, Internet, nos réseaux sociaux répercutent notre douleur et notre impuissance. Nous n’étions pas prêts face à ce Covid-19 qui aura infecté, au moment où ces lignes sont écrites, près de 70 millions de personnes, provoquant le décès de 1,5 million d’autres, souvent nos anciens, nos aînés (mais pas seulement), des amis, des proches aussi. Pas prêts, pour la crise économique et sociale qui vient ou qui est déjà là.

Pas prêts pour le retour de la pauvreté de masse, en particulier dans les pays « du Sud », en particulier les plus fragiles, ceux qui n’ont pas de moyens pour se défendre, pour soutenir leur population.

Nous n’étions pas prêts non plus face à l’inconséquence de notre relation au vivant, à la planète, à la nature. 2020 sera l’une des années les plus chaudes jamais enregistrées. Et à cette vitesse vertigineuse, nous allons dépasser le seuil de l’Accord de Paris – 1,5 °C d’augmentation par rapport à l’ère préindustrielle – dès… 2024. Cyclones, incendies, canicules, sécheresses, inondations, invasion de criquets, les signes sont là, mais collectivement, nous ne sommes pas prêts à les « voir », à les comprendre.

Nous n’étions pas prêts non plus, incidemment, à voir un Donald Trump, personnage tragiquement représentatif d’une partie de l’opinion occidentale, mettre à bas les principes démocratiques les plus élémentaires. Dans la démocratie moderne la plus ancienne du monde (avec la création de la fédération en 1787…). Pas prêts à le voir saper les institutions, mentir effrontément sans que l’on sache comment s’y opposer. À voir l’homme le plus puissant du monde,

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à la tête d’un arsenal militaire sans équivalent, être en mesure de prendre les États-Unis, et nous-mêmes, en otages, tout comme les principes de la démocratie représentative, dont on pensait qu’ils étaient confortablement inviolables.

Pas prêts non plus à voir les disciples, les Bolsonaro, les Orbán, les Erdogan, les « populistes » émerger et se renforcer aux quatre coins du monde. Pas prêts à réaliser que la pandémie elle-même alimente toutes les forces extrêmes, négatives, de l’ultra-droite à l’ultra-gauche.

Et que notre modèle de démocratie libérale pourrait sombrer…

Pas vraiment prêts (même si l’on s’en doutait) à voir la Chine, puissance immense, montante, tourner le dos à l’ouverture politique, mettant au pas les musulmans du Xinjiang. Et effaçant, sans coup férir, d’un trait de loi, l’exception Hongkong.

2020, année tragique, s’éloigne, 2021 arrive. Pas de répit pourtant, les prochains mois seront rudes. Les dégâts économiques de la pandémie se feront sentir plus encore qu’en 2020. Des industries entières sont sinistrées : les transports, le tourisme, l’hôtellerie, le commerce, le secteur aérien… Pour beaucoup, rien ne sera jamais plus « comme avant », avec des secteurs bouleversés par les mesures barrières et la digitalisation : médias, culture, cinéma, loisirs, sports… Le brutal ralentissement des économies riches entraîne le semi-crash des économies émergentes et des pays pauvres. Le chômage mondial pourrait exploser, avec toutes les conséquences sociales possibles…

Pourtant, du fond de nos confinements physiques, mentaux et spatiaux, des traits de lumière apparaissent.

Pour l’épidémie de Covid-19, ce n’est pas la fin, loin de là, mais c’est peut-être le début de la fin, ou la fin du commencement. L’ampleur de la crise a généré une formidable mobilisation, créativité, réactivité scientifique. La recherche est en marche, des vaccins sont là (des traitements aussi arrivent). Une nouvelle technologie est apparue, révolutionnaire, les ARN messagers. Personne ne sait vraiment, aujourd’hui, l’efficacité réelle de ces vaccins.

Seront-ils capables en particulier de bloquer la transmission ou juste d’atténuer la maladie ? Sans parler de leurs possibles – probables – effets secondaires. Personne ne sait non plus comment vacciner 7,5 milliards de Terriens quels que soient leurs revenus, l’endroit où ils habitent.

Personne ne sait comment nous serons capables de répondre à l’immensité des défis logistiques et humains qu’impliquera la lutte globale contre le Covid-19 au cours des prochains mois.

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Mais en moins d’un an, nous avons un début de réponse. Quelque chose de relativement rationnel à quoi nous raccrocher. Et si ça « marche », le crash pourrait être moins brutal, moins long, moins dévastateur.

Nous aurons aussi une nouvelle « administration » aux États-Unis, incarnée par Joe Biden, un vieux patricien blanc, mais aussi par une femme, Kamala Harris, afro-américaine, issue de l’immigration [voir notre story pages 30-37]. Rien ne sera facile. Trump est battu, mais le trumpisme n’est pas mort. Et les exigences d’« America First » ne disparaîtront pas si vite de l’horizon politique d’un pays divisé, qui doute de lui-même et de son rôle. Mais, et c’est ce qui compte, la première puissance sera enfin impliquée dans la lutte contre le virus et dans l’action face au réchauffement climatique. Un changement d’énergie, de cap, essentiel.

Peut-être, enfin, que 2021 marquera un moment clé dans l’histoire, le début d’une prise de conscience réelle. Peut-être est-ce la fin d’un long cycle et le début d’un autre, le chaos du Covid-19 apparaissant comme

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PATRICK MEINHARDT/BLOOMBERG/GETTY IMAGES

9 avril 2020, Nairobi (Kenya).

L’hôpital universitaire Aga Khan a mis en place des installations temporaires pour recevoir des patients atteints du Covid-19.

le point de rupture et de bascule tragique. 2021, dans le meilleur des scénarios, ce serait alors ce moment où l’humanité réaliserait que son chemin est suicidaire, qu’il faut repenser notre rapport à la nature, à l’environnement, à la production, tourner le dos définitivement aux énergies fossiles, investir massivement dans les énergies renouvelables, inventer et construire l’humanité durable du futur. Un moment historique où les opinions, collectivement touchées par la pandémie, pourraient alors collectivement imaginer un lendemain, différent, vivable.

Et « faire la paix avec la nature » (pour reprendre l’expression du secrétaire général des Nations unies, António Guterres). Faire de la sauvegarde de notre environnement, de notre planète vivante, notre priorité exclusive des années (et non pas des décennies) à venir. Sauf à nous condamner…

Dans cette époque à très hauts risques, l’Afrique peut jouer un rôle clé. Le continent est relativement épargné pour le moment par la pandémie (sauf son nord et son sud). Pourtant, rien ne prouve que nous soyons AFRIQUE MAGAZINE

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à l’abri d’une seconde vague. Et le choc économique sera rude. Mais l’ampleur de la crise permettra aussi d’accélérer des mutations de fond. Avec plus d’intégration, plus d’échanges, plus de partenariats, moins de dépendance au reste du monde. Plus de grands travaux et d’infrastructures pour relier les nations entre elles.

Plus de projets communs. Le commerce interafricain ne représente que 15 % des échanges de l’Afrique, et la marge de progression est immense. La mise en place de la Zlecaf devient une ambition digne d’un continent de 1,3 milliard d’habitants. L’Afrique, c’est aussi l’un des territoires de la bataille du développement durable, de la mutation écologique et climatique. D’abord par l’abondance de son renouvelable (eau, soleil, vent, mer), de ses ressources réellement naturelles (terres arables). Mais aussi parce qu’elle est démographiquement incontournable. En 2050, nous aurons probablement dépassé les 2 milliards d’habitants. Et sauf changement à long terme, l’Afrique pourrait représenter 40 % de l’humanité à la fin du siècle… ■

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ÉDITO 2021, l’année en suspens

par Zyad Limam

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ON EN PARLE C’EST DE L’ART, DE LA CULTURE, DE LA MODE ET DU DESIGN

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par Cédric Gouverneur

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Riad Sattouf : « Tout vient sur la planche ! »

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Kaouther Ben Hania : « Je fais des films pour apprendre »

Bafang : Let’s groove tonight!

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PARCOURS Ami Yèrèwolo

par Astrid Krivian

par Astrid Krivian

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C’EST COMMENT ?

Pour elles par Emmanuelle Pontié

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LE DOCUMENT Dans les secrets des grands par Emmanuelle Pontié

102 PORTFOLIO Africa 21e siècle Le continent, grand angle

TEMPS FORTS Kamala Harris, un rêve américain

par Fouzia Marouf

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Samir Guesmi : « L’écoute est essentielle » par Astrid Krivian

P.84

DOSSIER CÔTE D’IVOIRE 38 À l’horizon 2025 44 Zoom : Au-dessus des lagunes 46 Zoom : Un centre pour se rencontrer 48 Économie : Priorité au « made in Côte d’Ivoire » 52 Agriculture : 5 avancées pour le futur 56 Formation et emploi : La priorité jeunesse 58 Décentralisation : L’opportunité aux territoires 60 Zoom : La promesse du tourisme par Zyad Limam et Alexandra Fisch

P.90

par Fouzia Marouf

122 VINGT QUESTIONS À…

Elida Almeida par Astrid Krivian

Afrique Magazine est interdit de diffusion en Algérie depuis mai 2018. Une décision sans aucune justification. Cette grande nation africaine est la seule du continent (et de toute notre zone de lecture) à exercer une mesure de censure d’un autre temps.

Le maintien de cette interdiction pénalise nos lecteurs algériens avant tout, au moment où le pays s’engage dans un grand mouvement de renouvellement. Nos amis algériens peuvent nous retrouver sur notre site Internet : www.afriquemagazine.com

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AFRIQUE MAGAZINE

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FRANCK BLANQUIN - BRUNO ARBESU/REA - PHILIPPE QUAISSE/PASCO

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FONDÉ EN 1983 (37e ANNÉE) 31, RUE POUSSIN – 75016 PARIS – FRANCE Tél. : (33) 1 53 84 41 81 – Fax : (33) 1 53 84 41 93 redaction@afriquemagazine.com

DÉCOUVERTE Comprendre un pays, une ville, une région, une organisat i o n

Zyad Limam DIRECTEUR DE LA PUBLICATION DIRECTEUR DE LA RÉDACTION zlimam@afriquemagazine.com Assisté de Laurence Limousin

llimousin@afriquemagazine.com RÉDACTION Emmanuelle Pontié DIRECTRICE ADJOINTE DE LA RÉDACTION epontie@afriquemagazine.com

VINCENT FOURNIER/JEUNE AFRIQUE-REA

DJIBOUTI

LA NOUVELLE ETAPE

Le président Ismaïl Omar Guelleh, en octobre 2020.

APRÈS S’ÊTRE IMPOSÉ COMME UN HUB LOGISTIQUE MAJEUR, LE PAYS S’ENGAGE RÉSOLUMENT DANS LA MONTÉE EN GAMME ET LA DIVERSIFICATION DE SON ÉCOSYSTÈME. DOSSIER RÉALISÉ PAR CHERIF OUA Z ANI

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07/12/2020 22:02

DÉCOUVERTE Djibouti : La nouvelle étape

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Isabella Meomartini DIRECTRICE ARTISTIQUE imeomartini@afriquemagazine.com Jessica Binois PREMIÈRE SECRÉTAIRE DE RÉDACTION sr@afriquemagazine.com

par Cherif Ouazani

68 Cap sur l’innovation 72 Aboubaker Omar Hadi : « L’avenir est au transbordement » 74 Les ports face au Covid-19 76 Un fonds souverain pour accélérer 78 Voyages au bout de la Corne 82 À l’Océanorium, les trésors marins illumineront la ville

Amanda Rougier PHOTO arougier@afriquemagazine.com ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO

Jean-Marie Chazeau, Catherine Faye, Alexandra Fisch, Marc Frohwirth, Glez, Cédric Gouverneur, Dominique Jouenne, Astrid Krivian, Fouzia Marouf, Jean-Michel Meyer, Luisa Nannipieri, Cherif Ouazani, Sophie Rosemont.

VIVRE MIEUX Danielle Ben Yahmed RÉDACTRICE EN CHEF

avec Annick Beaucousin, Julie Gilles.

VENTES EXPORT Laurent Boin TÉL. : (33) 6 87 31 88 65 FRANCE Destination Media 66, rue des Cévennes - 75015 Paris TÉL. : (33) 1 56 82 12 00

PATRICK ROBERT - OMAR VICTOR DIOP, COURTESY GALERIE MAGNIN-A, PARIS

BUSINESS 108 L’oncle Sam revient vers l’Afrique 112 Oragroup : faux départ pour le fonds ECP 113 Aliko Dangote vise toujours plus haut 114 Le Covid-19 accélère la digitalisation des banques 116 L’industrie portuaire au sommet de la vague par Jean-Michel Meyer

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VIVRE MIEUX Les bonnes résolutions pour notre santé Hypertension et diabète : Un duo à repérer Régime méditerranéen : C’est facile et délicieux !

Rhume, toux : Avoir les bons réflexes par Annick Beaucousin et Julie Gilles

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ABONNEMENTS

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KAMALA HARRIS

AFRIQUE MAGAZINE EST UN MENSUEL ÉDITÉ PAR

UN RÊVE AMÉRICAIN

C’est une femme de pouvoir, elle incarne le métissage et, peut-être, le renouveau des États-Unis

31, rue Poussin - 75016 Paris.

SAS au capital de 768 200 euros.

PRÉSIDENT : Zyad Limam.

ÉDITO

2021

DÉCOUVERTE

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L’ANNÉE EN SUSPENS

La nouvelle étape Spécial de 16 pages

par Zyad Limam

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LAURE OLGA GONDJOUT DANS LES SECRETS DES GRANDS Extraits exclusifs de son livre « Instants de vie »

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CÔTE D’IVOIRE A L’HORIZON 2025 Un dossier de 24 pages

France 5,90 € – Afrique du Sud 49,95 rands (taxes incl.) – Algérie 320 DA – Allemagne 6,90 € Autriche 6,90 € – Belgique 6,90 € – Canada 9,99 $C – DOM 6,90 € – Espagne 6,90 € – États-Unis 8,99 $ Grèce 6,90 € – Italie 6,90 € – Luxembourg 6,90 € – Maroc 39 DH – Pays-Bas 6,90 € – Portugal cont. 6,90 € Royaume-Uni 5,50 £ – Suisse 8,90 FS – TOM 990 F CFP – Tunisie 7,50 DT – Zone CFA 3 500 FCFA ISSN 0998-9307X0

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PHOTOS DE COUVERTURE : CELESTE SLOMAN/THE NEW YORK TIMES-REDUX-REA - DR

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Compogravure : Open Graphic Média, Bagnolet.

Imprimeur : Léonce Deprez, ZI, Secteur du Moulin, 62620 Ruitz.

Commission paritaire : 0224 D 85602.

Dépôt légal : décembre 2020.

La rédaction n’est pas responsable des textes et des photos reçus. Les indications de marque et les adresses figurant dans les pages rédactionnelles sont données à titre d’information, sans aucun but publicitaire. La reproduction, même partielle, des articles et illustrations pris dans Afrique Magazine est strictement interdite, sauf accord de la rédaction. © Afrique Magazine 2020.

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ON EN PARLE C’est maintenant, et c’est de l’art, de la culture, de la mode, du design et du voyage

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AFRO - ROCK

BAFANG LET’S GROOVE TONIGHT!

FRANCK BLANQUIN - DR - FRANCK BLANQUIN

Sous influence makossa, ce duo de choc français impose ses rythmiques funky et ses riffs électriques.

IRRÉSISTIBLE !

FRÈRES DE SANG et frères de scène…

C’est sous le nom du village de l’Ouest camerounais dont sont originaires leurs grands-parents paternels qu’Enguerran et Lancelot Harre se sont officiellement lancés dans la musique. Si le premier assure majoritairement les percussions et la batterie et que l’on connaît le second pour son jeu de guitare, ces deux Français élevés à Caen sont néanmoins multi-instrumentistes : « Nous sommes frères et jouons ensemble depuis de très nombreuses années, expliquent-ils.

Bafang, c’est nous, et rien d’autre. Nous avons les mêmes aptitudes instrumentales, et sûrement beaucoup de similitudes dans nos personnalités respectives. » Ce qui s’entend dans l’énergie décuplée de morceaux comme « Mounaye » et « Ngo Mee », ou dans des performances live lors des Rencontres trans musicales de Rennes ou de Beauregard, qui ont fait parler d’elles.

Baptisé Elektrik Makossa, le premier album du duo a pour ambition de « vouloir créer un pont imaginaire entre le rock occidental que l’on connaît bien et la musique africaine, à laquelle nous avons voulu rendre hommage, commentent les deux frères. D’une part, nous souhaitions faire découvrir notre rock un peu abrasif à une population qui n’y est pas particulièrement familière. Et d’autre part, il s’agissait de faire découvrir l’ambiancement camerounais aux Occidentaux ». Dont acte avec des chansons

BAFANG, Elektrik Makossa, Music’Action Prod/ Soulbeats Records.

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hybrides qui convoquent punk, funk et disco avec un enthousiasme contagieux, quelque part entre Chic, Manu Dibango, le groupe Royal Blood et Tinariwen, avec une petite touche afrobeat non négligeable.

De quoi rendre fiers les ancêtres d’Enguerran et de Lancelot, notamment par les langues choisies : « Nous chantons essentiellement en bamiléké, avec de temps à autre des petites pointes d’ewondo, de douala ou de haoussa.

Et les rythmes sont directement influencés par le makossa. » ■ Sophie Rosemont

Les frères Enguerran et Lancelot Harre veulent rendre hommage à la musique de leurs ancêtres.

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ON EN PARLE SOUNDS

À écouter maintenant !

❶ Zazou Bikaye

Mr Manager, Crammed Discs

ÉCHEC AU CHEIK ?

Une tragédie antique sur les rives du fleuve Sénégal et un BEAU PREMIER FILM multiprimé.

NAFI VA SE MARIER AVEC SON COUSIN, seul moyen, pense-t-elle, de pouvoir quitter son village et partir avec lui étudier à Dakar. Son père, imam humble et bienveillant, l’y encourage… mais pas son oncle, qui veut prendre une revanche personnelle sur son frère. Il fait alors venir un islamiste pour faire pression sur la population et imposer une lecture radicale et tronquée du Coran, afin de prendre le contrôle de la cité.

Quand les partisans du cheik crèvent les ballons des enfants ou s’en prennent aux tenues des femmes, on pense à Timbuktu, d’Abderrahmane Sissako, même si l’ambition esthétique n’est pas aussi aboutie. La tragédie se met en place, lentement, dans ce village coincé entre le désert et le fleuve Sénégal, au rythme du pulaar. C’est là (à Matam, rebaptisé Yonti à l’écran) qu’est né le réalisateur, Mamadou Dia, lui-même fils d’imam, parti étudier le cinéma à New York. Son film montre bien comment le poison islamiste peut se répandre avec la complicité passive des notables, mais aussi d’une partie des habitants. Il s’attarde aussi sur les beaux personnages qui composent la cellule familiale autour de la figure de l’imam, avec dans le rôle-titre Alassane Sy, l’un des deux comédiens professionnels du long-métrage, rayonnant de calme et de douceur. Résultat : des prix bien mérités dans de nombreux festivals, de Locarno à Montréal, en passant par Namur et Louxor. ■ Jean-Marie Chazeau LE PÈRE DE NAFI (Sénégal), de Mamadou Dia. Avec Alassane Sy, Saikou Lô.

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AFRIQUE MAGAZINE

❷ Pierre Kwenders

& Clément Bazin

Classe Tendresse, Nowadays Records « Allô Dakar / Ici Brazza / Qu’est-ce qu’on s’amuse à Kinshasa / PortoNovo envoie photo / Tokutana na Malabo » : on vous met au défi de ne pas danser sur « Sentiment », l’ouverture de l’EP Classe Tendresse, qui célèbre la collaboration entre le chanteur congolais et canadien d’adoption Pierre Kwenders et le producteur français Clément Bazin. Entre électropop et rythmiques ouest-africaines, cette affriolante mixture illumine notre hiver !

❸ Cakes da Killa

Muvaland, Defected Records

C’est le rappeur qui monte.

Basé à Brooklyn, Rashard Bradshaw dynamite la scène queer new-yorkaise depuis quelques années. Après avoir présenté dans son premier album, Hedonism (2016), son savant mélange d’électro, de dance et de hip-hop, il frappe de nouveau fort avec son EP, Muvaland. Ici, la house croise le rap avec un refus des tabous et des codes génériques, tant sexuels que musicaux. On danse et on s’engage ! ■ S.R.

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DR

DRAME

Fruit de l’alliance fructueuse de l’auteur-compositeur et chanteur congolais Bony Bikaye et du multiinstrumentiste et producteur français Hector Zazou, le duo Zazou Bikaye a connu son heure de gloire durant les années 1980, avec sa musique entre funk et afrobeat et sa bonne dose de synthétiseurs…

Après avoir réédité Noir et blanc (1984), le label Crammed Discs offre aujourd’hui une riche réédition de Mr Manager (1985), qui comprend neuf nouveaux titres, dont des inédits. Un beau cadeau !

CHRONIQUES MUSIQUE

EMEL Revisiter l’essentiel

EBRU YILDIZ - DR (2)

Le temps d’un confinement, LA CHANTEUSE TUNISIENNE a réinterprété les classiques de son répertoire et ceux des artistes avec qui elle a grandi.

AU PRINTEMPS 2020, Emel rend visite à sa famille, à Tunis, pour fêter l’anniversaire de son père… juste avant que le confinement ne l’empêche de repartir à New York, sa ville d’adoption. La voici ainsi avec sa fille dans la maison de son enfance, où trois générations cohabitent dans une harmonie inattendue, propice à la création. La chanteuse replonge alors dans ses racines musicales. Sur deux parties (« Day » et « Night »), elle propose des réinterprétations de son propre corpus – de « Ma Lkit » à « Sallem » –, puis des reprises de Nirvana à David Bowie (exceptionnelle version de « The Man Who Sold The World »), en passant par Rammstein. Après Everywhere We Looked Was Burning, paru en 2019, qui a confirmé sa popularité outre-Atlantique, Emel nous offre The Tunis Diaries, son projet le plus intime. Elle témoigne également d’un engagement qui est le sien depuis toujours : n’oublions pas que sa chanson « Kelmti Horra » est devenue l’hymne du Printemps arabe tunisien… ■ S.R. EMEL, The Tunis Diaries, Partisan Records.

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ÉTÉ MEURTRIER C’EST LE PAYS de Khalil Gibran, poète de la sagesse. Et de Fayrouz, chanteuse de la tolérance. Mais c’est aussi un pays à bout de souffle, ruiné par la crise économique et l’inflation, et mis à terre par les explosions dans le port de Beyrouth le 4 août dernier.

Depuis un siècle, le Liban s’évertue à se relever de toutes les épreuves.

Aujourd’hui, il vit un effondrement intérieur. Un désastre psychologique, qui hante de part en part le carnet de bord de Charif Majdalani. Ses chroniques, écrites pendant l’été, témoignent de la ruine d’un pays et de la résistance d’un peuple. Des textes courts, soudainement embrasés par la catastrophe de ce que chacun a cru d’abord être un tremblement de terre. Mais dont la réalité tragique était encore une fois la conséquence de la collusion et de la corruption : « Et voici qu’en quelques secondes, tout ce qui restait encore debout a été envoyé à terre. » Ce journal analyse la déroute d’un État et l’impuissance de tout un peuple. Et se transforme, au fil des pages, en un témoignage, presque charnel, d’une catastrophe annoncée. ■ Catherine Faye CHARIF MAJDALANI, Beyrouth 2020 : Journal d’un effondrement, Actes Sud, 160 pages, 16,80 €.

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ON EN PARLE

SÉRIE

Au sein de l’université de la ville (imaginaire) de Tanasanga, la révolte gronde.

GÉNÉRATION GIRAFONS 2024 : QUELQUE PART en Afrique de l’Ouest, un professeur revient d’exil enseigner dans l’université de la ville (imaginaire) de Tanasanga, à condition de ne pas faire de politique. Mais des étudiants, qui se surnomment entre eux les girafons, vont le pousser à agir contre la corruption et le clientélisme. Panafricaniste (Kwame Nkrumah est cité en référence), féministe, écologiste, la série se déroule à un rythme enlevé malgré quelques effets appuyés. Au générique : le showrunner français Charli Beléteau (à l’origine, avec l’Ivoirienne Marguerite Abouet,

de la série à succès au Sahel C’est la vie), deux réalisateurs (le Franco-Malien Toumani Sangaré et le Franco-Sénégalais Oumar Diack, cofondateurs du collectif Kourtrajmé Africa), et des scénaristes ainsi que des comédiens de toute l’Afrique francophone. Une somme de talents pour un résultat moderne et engagé, visible gratuitement sur la nouvelle plate-forme de la chaîne TV5 Monde. ■ J.-M.C. WARA (Sénégal, France, Niger), série de Charli Beléteau.

Avec Issaka Sawadogo, France Nancy Goulian, Maïmouna N’Diaye. Disponible sur TV5MONDEplus.

EN LIGNE

Voyage dans 10 000 ans d’histoire de l’humanité LES TRÉSORS DE LA BIBLIOTHÈQUE NUMÉRIQUE MONDIALE de l’Unesco sont accessibles gratuitement. De l’original de la Déclaration universelle des droits de l’homme au Dit du Genji – joyau de la littérature japonaise du XIe siècle, considéré comme l’un des romans les plus anciens au monde – de Murasaki Shikibu, en passant par des clichés de suffragettes américaines défilant dans les rues de New York en 1912 ou une carte montrant l’Empire et les expéditions d’Alexandre le Grand, il y en a pour tous les goûts. Créée en 2009 par l’Unesco et la Bibliothèque du Congrès des États-Unis, cette banque de données gratuite est unique. Elle permet de découvrir, via une interface multilingue, dont l’arabe et le chinois, les joyaux et les reliques culturelles des États membres de l’Unesco. En tout, pas moins de 19 147 textes, photos, enregistrements ou films numérisés, concernant 193 pays, datant de 8000 avant J.-C. à 2000. Le plus ancien document visible à ce jour est une peinture se trouvant en Afrique du Sud, vieille de huit mille ans, représentant des antilopes ensanglantées. wdl.org/fr ■ C.F. 12

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ASTHARTÉ ET COMPAGNIE/RAES PRODUCTION/MJP PRODUCTION/TV5MONDE - DR - CAPTURE D’ÉCRAN

Place aux jeunes… et aux femmes. Un habile SHOW PANAFRICAIN montre combien l’engagement citoyen peut faire des miracles.

ART

FACES À FACES Surprenante, la deuxième édition de « WELCOME HOME » propose une expérience esthétique inédite et un nouveau regard sur la création contemporaine du continent.

AYOUB EL BARDII

ICI, LES SCULPTURES du Béninois Calixte Dakpogan côtoient les créatures hybrides peintes du Congolais Pierre Bodo.

Là, les portraits gravés sur caoutchouc du Marocain M’Barek Bouhchichi répondent à ceux, photographiés, de la Sud-Africaine Phumzile Khanyile et de l’Américaine Ayana V. Jackson.

Un an après l’exposition « Welcome Home », qui s’était déjà tenue au Musée d’art contemporain africain Al-Maaden (Macaal), ce deuxième volet met en scène une nouvelle sélection des quelque 2 000 œuvres – tous médiums, formats et provenances confondus – de la collection Lazraq. Et aborde la question du masque et du visage dans l’art contemporain africain.

Si le centre imaginé par l’homme d’affaires marocain Mohamed Alami Lazraq a pour vocation de promouvoir le talent d’artistes du continent, il va plus loin en invitant le public à s’approprier les œuvres. Notamment, à travers des scénographies originales.

Telle cette galerie de portraits de 6 mètres de haut, qui conjugue accrochage à l’anglaise et monumentalité. Et se joue des codes d’une exposition classique. ■ C.F. « WELCOME HOME VOL. II »,

Musée d’art contemporain africain Al-Maaden, Marrakech (Maroc), jusqu’au 10 janvier 2021. macaal.org

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ON EN PARLE INTE RVIEW

Poundo

« Quand je marche, je danse ! » Son mélange de musiques traditionnelles et de trap fait de cette chanteuse aux multiples origines une ARTISTE À SUIVRE.

aussi française que sénégalaise et bissau-guinéenne.

Petite, je n’avais pas le droit de parler français à la maison. Mes parents tenaient à ce que leurs enfants soient en phase avec leur double culture… C’est important pour moi de créer en utilisant ses différentes racines, car c’est tout simplement qui je suis. Que ce soit à travers la musique, la danse, la direction artistique, ces informations ressortent naturellement !

Quelle a été votre éducation musicale ?

Mes parents écoutaient de la musique bissauguinéenne, celle d’Américo Gomes par exemple, mais aussi de la congolaise (Pepe Kalle, Pierre Belkos, Koffi Olomidé…) ou de la sénégalaise (Youssou N’Dour, Ismaël Lo, Thione Seck, Baaba Maal…). Ils aimaient aussi des artistes soul et funk, comme James Brown et Tina Turner. J’ai fait du solfège et du piano au conservatoire de Boulogne-Billancourt, en banlieue parisienne. J’ai suivi une formation pluridisciplinaire : danse, chant, théâtre. Et plus tard, je me suis essayée à la batterie, la basse et la guitare… Par manque de temps, je n’ai jamais poussé plus loin la pratique de ces instruments. Mais je viens de reprendre le piano !

En revanche, la danse est votre premier amour…

En quoi nourrit-elle votre quotidien ?

Plus que me nourrir, elle fait partie de mon identité. Je me souviens que toute petite, j’ai enfermé ma mère sur le balcon en fermant la baie vitrée.

La pauvre hurlait pour que je la réouvre ! Et moi, je dansais devant elle… Au quotidien, cette pratique a influencé ma manière de bouger dans l’espace, de vivre. Quand je marche, je danse !

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La première chanson qui vous a émue ?

Sans hésitation, « Olé » de John Coltrane. Dès que je l’ai entendue, ça m’a fait quelque chose ! Ce morceau évoque en moi des souvenirs d’enfance, une nostalgie, une envie de danser, de bouger, de vivre.

Comment définir votre musique, laquelle, dans We Are More, se nourrit du passé pour regarder vers l’avenir ?

J’aime l’appeler « West A Trap ». J’ajoute à la trap des instruments ouest-africains de ma culture, tels que le tama, le balafon ou la guitare mandingue. Cela n’a rien de nouveau : les grands musiciens africains des années 1960 et 1970, comme le Bembeya Jazz de Guinée, le Super Étoile de Dakar ou le Super Rail Band de Bamako, intégraient les instruments occidentaux aux rythmiques et instruments traditionnels. Les valeurs et le savoir transmis par mes parents définissent ma façon d’envisager mon avenir. We Are More va donc dans ce sens : savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va.

Vous avez été rédactrice en chef mode pour des magazines à New York. En quoi la mode est-elle une forme d’art ?

C’est l’expression d’une identité, au même titre qu’une chanson, un solo de danse ou un film.

Avant même que vous parliez, la personne que vous rencontrez va se faire une idée de qui vous êtes à travers votre allure. On a toujours quelque chose à dire avec ses vêtements ! C’est donc important pour moi de collaborer avec des créateurs et créatrices que j’aime et respecte. ■ Propos recueillis par Sophie Rosemont

POUNDO, We Are More,

Periscope.

HCAKKACH (2)

AM : En quoi vos origines africaines sont-elles importantes dans votre musique ?

Poundo : Mes origines définissent mon identité. Je suis

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ON EN PARLE B E AU - L I V R E

SPLENDEURS DE L’AU-DELÀ LES IMAGES sont d’une intensité saisissante. Presque palpable.

Photographiée par l’Italien Sandro Vannini – lequel constitue depuis les années 1990 des archives visuelles considérables sur la culture de l’Égypte antique –, la plus extraordinaire découverte archéologique de tous les temps révèle la manière dont les Égyptiens percevaient le périlleux voyage vers le paradis. Dévoilés dans leurs moindres détails, sarcophages, fresques et objets témoignent de la beauté et de la sophistication des arts et de l’artisanat de la XVIIIe dynastie, considérée comme l’âge d’or de l’Égypte. Inhumés au XIVe siècle avant J.-C., puis exhumés par Howard Carter en 1922 du tombeau intact de Toutânkhamon, ces fabuleux trésors sont mis en lumière et enrichis de textes d’égyptologues renommés. ■ C.F.

DOCU

L’APÔTRE ET LES SIRÈNES

SANDRO VANNINI, Toutânkhamon : Le Voyage dans l’au-delà, Taschen, 512 pages, 20 €.

L’APÔTRE MÉDARD est un guérisseur traditionnel qui éloigne les mauvais esprits, mais se retrouve accusé de sorcellerie. « Je libère les âmes, je ne tue pas les gens », expliquera-t-il devant le tribunal coutumier, après la mort d’enfants foudroyés par un éclair lors d’un orage sans pluie. Outre ce procès étonnant, le personnage de ce documentaire, filmé à bonne distance sur plusieurs années, nous entraîne avec lui dans la psyché des Ngunzas, cette confrérie mystique du Congo-Brazzaville. Jusque sur les rives du fleuve Congo, où d’invisibles sirènes survivent, malgré l’intervention des Chinois qui dynamitent le grès qui guidait les cascades sous lesquelles elles s’égayaient…

Troublant et visuellement très réussi. ■ J.-M.C. KONGO (France), de Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav. Disponible en DVD. 16

PREMIER ROMAN

ALLER-RETOUR AU FOND, quelle vie est meilleure qu’une autre ? Celle de « balanceur », chargé d’alpaguer les clients sur un gbaka, un minicar, qui fait la liaison chaque jour entre la commune d’Abobo et le centre commercial d’Adjamé, à Abidjan ? Ou la vie de migrant dans les plus belles capitales européennes ?

Dans ce premier roman, Yaya Diomandé raconte l’odyssée moderne d’un jeune Ivoirien, dont le rêve est de traverser la Méditerranée. Peu importe le prix à payer, il veut partir et rejoindre l’eldorado fantasmé par tant de femmes et d’hommes du continent. Mais à quelles réalités va se confronter le candide Moussa ? « Entre cette vie et Abobo Marley, mon choix est fait », argue-t-il. Le jeune auteur a quant à lui tenté sa chance en envoyant son premier manuscrit au jury du nouveau prix Voix d’Afriques. Bien lui en a pris. Sa plume sensible et résolue porte désormais la voix de la jeunesse africaine d’aujourd’hui. ■ C.F. YAYA DIOMANDÉ, Abobo Marley, JC Lattès, 216 pages, 19 €.

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Un cinéaste expérimental et un anthropologue français se plongent dans la Brazzaville DES ESPRITS et des ténèbres…

DÉCOUVERTE

STAR FEMININE BAND C’EST LE GIRL POWER !

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Originaires du nord du Bénin, CES JEUNES FILLES s’approprient le rock avec une énergie aussi épatante que contagieuse.

IL Y A QUATRE ANS, le musicien André Baleguemon lance un appel dans la ville de Natitingou, avec une idée bien précise : lancer un groupe 100 % féminin. Sur les nombreuses postulantes, sept sont retenues. Elles ont entre 7 et 17 ans et s’appellent Angélique, Marguerite ou encore Urrice. En moins de deux ans, elles apprennent alors à manier des instruments occidentaux et à tirer profit de leur talent. En résulte aujourd’hui un album qui explore les croisements entre rock, highlife, chanson et rumba congolaise. Les jeunes musiciennes s’expriment en français, en peul, en fon, en bariba ou encore en waama et en ditamari. L’objectif ? Prêcher la bonne parole des filles en soif d’éducation et d’émancipation. Ainsi, quand « Idesouse » énonce les mérites de la scolarisation, « Femme africaine » appelle à l’indépendance : « Femme noire, lève-toi, ne dors pas / Tu peux devenir président de la République. » ■ S.R. STAR FEMININE BAND, Femme africaine, Born Bad Records.

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C’est au Musée régional de Natitingou que se trouve le local de répétition du groupe.

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ON EN PARLE

Isaac Sahani, Sans titre, série « Kinlabel », 2017.

EXPO

KINSHASA À L’HONNEUR

Ci-dessus, Hilary Balu, Transe communication, 2018.

Ci-dessous, Junior D. Kannah, Sans titre, série « Engunduka ya elili, le train de l’illusion », 2014.

POUR LA PREMIÈRE FOIS, la Cité de l’architecture et du patrimoine accueille une exposition d’art contemporain.

Elle met à l’honneur la troisième ville d’Afrique par la taille, Kinshasa, et interroge ses représentations. Un regard collectif, soigneusement mis en scène par cinq commissaires et 72 artistes de la jeune génération de la scène congolaise, qui casse les clichés sur cette mégalopole. Bruits et images se chevauchent, mimant le foisonnement et la complexité de cette cité africaine plurielle et en flux constant. Une exposition que l’on peut visiter d’un bout à l’autre de façon linéaire, ou bien en flânant entre les neuf thématiques. Laissons de côté chiffres et cartes détaillées, ici, ce sont les chroniques qui recréent une géographie urbaine poreuse et informelle : performance, sport, paraître, musique, capital(ist)e, esprit, débrouille, futur et mémoire. Soit autant de visages de Kinshasa qui se renvoient l’un à l’autre, synthétisant en même temps l’évolution de l’art contemporain dans la capitale. Les artistes, presque tous âgés de moins de 45 ans, comme 93 % de la population locale, ne prétendent pas tout montrer. Mais la qualité de leur travail invite au voyage et engage la réflexion. Des initiatives numériques seront mises en place si le confinement continue (plus d’infos sur le site officiel). ■ Luisa Nannipieri « KINSHASA CHRONIQUES », Cité de l’architecture et du patrimoine, Paris (France), prolongement jusqu’en juillet 2021. citedelarchitecture.fr

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ISAAC SAHANI - HILARY BALU/PIERRE SCHWARTZ - JUNIOR D. KANNAH

72 artistes contemporains congolais invitent à une immersion sensorielle à la Cité de l’architecture et du patrimoine.

Max Lobe Le carnaval de mots

L I T T É R AT U R E

ROMAIN GUÉLAT - DR

L’originalité de l’écrivain camerounais n’est plus à démontrer. Il fait partie de cette NOUVELLE GÉNÉRATION d’auteurs, qui utilisent l’oralité, le rire et les sons pour partager leur vision du monde.

MAX LOBE, La Promesse de Sa Phall’Excellence, éditions ZOE, 144 pages, 16 €.

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IL LA MALAXE, la triture, l’étire, l’assaisonne. Déliée, épicée, mijotée, la langue de Max Lobe atteint, dans ce septième roman, une saveur inattendue et décalée. Un goût corsé où les sonorités, l’oralité et la poésie s’entremêlent pour servir une intrigue cocasse, sensuelle, et un propos acéré, affranchi. Sa recette ? Une vision artisanale du métier d’écrivain et une intimité arrangeante avec la langue parlée. « Il suffit pas de rire de la langue. Je veux en sur-rire, moi », amorce-t-il, en exergue de son nouveau récit. Vingt chapitres, pétris de réalisme magique et de fables érotiques, où l’humour, la truculence et l’audace n’en finissent pas de surprendre. D’ailleurs, c’est justement l’histoire d’un conteur qu’il nous livre.

Un pilier de bar, qui trompe l’espoir inassouvi d’un peuple opprimé, soumis à la tyrannie de Sa Phall’Excellence et de Sa Clith’Altesse, deux souverains tout-puissants, à la tête d’une république déliquescente portant le nom malodorant de Crevetterie.

Là, ni justice ni partage des richesses.

Quand on est au pouvoir, on l’exerce avec autorité. Et on s’y accroche !

Alors, autant écouter palabrer AcaDa-Writa, à la terrasse du bar d’Uncle Godblessyou, une bière à la main. « Que fais-tu là à calebasser au lieu de raconter une belle histoire à mes clients qui se meurent à cause qu’attendre ?», s’impatiente parfois le bistrotier. À la fois réjouissant et instructif, le one-man-show rythmé et percutant du conteur anticonformiste vient aussi servir le regard acéré que l’écrivain camerounais pose sur son époque.

Sans faux-semblants. ■ C.F. 19

ON EN PARLE BANDE DE S S INÉ E

Jul, l’humour des bulles

Dans Un cow-boy dans le coton, le dessinateur de presse et bédéiste incisif s’empare du thème de l’esclavage, pour la première fois de la série. Le célèbre Lucky Luke y côtoie Bass Reeves, authentique personnage du Far West, premier shérif adjoint noir à l’ouest du Mississippi.

L’idée a bien entendu germé dans votre esprit avant l’assassinat de George Floyd…

soixante-quinze ans, la communauté noire n’y a jamais été évoquée, tandis que les Irlandais, les Chinois, les Italiens, les Russes ou encore les Mexicains font l’objet d’albums magnifiques. Cet état de fait concerne toute la bande dessinée dite « franco-belge » : il n’y a aucun héros noir dans les grandes séries patrimoniales depuis un siècle ! À part Tintin au Congo, objectivement raciste, les enfants n’avaient aucune référence dans la BD pour aborder cette question raciale : il fallait que ça change !

Et puis, nous avions envie d’explorer de nouveaux territoires américains, et la Louisiane, avec ses marécages, son climat tropical, ses grandes plantations, étaient un cadre passionnant à mettre en scène.

Vous y ravivez la mémoire de Bass Reeves, le premier Noir devenu shérif adjoint à l’ouest du Mississippi…

J’ai mis plus de quatre ans à écrire cette histoire, à l’aide de beaucoup de documentation : c’est une étrange coïncidence de le voir sortir cette année, après les élections américaines, et alors que le mouvement Black Lives Matter s’est désormais répandu dans le monde entier ! La mort de George Floyd n’était hélas ni la première ni la dernière – les mois suivants l’ont montré –, mais elle a été symptomatique du racisme et de l’injustice subis par les Noirs. Cet album de Lucky Luke donne des clés à chacun (à commencer par les enfants) afin de comprendre la racine de ce mal. Cette mémoire de l’esclavage doit être transmise (c’est d’ailleurs une question inscrite dans les programmes officiels des écoles en France et en Europe), mais on ne trouve pas beaucoup d’œuvres qui en parlent : avec son rayonnement dans toutes les classes sociales et les générations, c’est une belle mission pour Lucky Luke.

Il fallait un personnage pour expliquer Vous êtes-vous interdit de décrire à Lucky Luke ce qu’était cette civilisation certains aspects intolérables de l’esclavage : le « cow-boy qui tire de ce Sud ségrégationniste ? plus vite que son ombre » est un héros C’était la grande difficulté de cet album : ACHDÉ & JUL, Les Aventures du Far West, mais ne connaît pas le sud garder la légèreté propre à la série, sans de Lucky Luke d’après Morris, des États-Unis. Je ne voulais pas non plus pour autant occulter l’horreur du système Tome 9 : Un cow-boy dans qu’il soit dans une position de « sauveur esclavagiste. Il ne fallait pas trahir la réalité le coton, Dargaud, 48 pages, blanc », ce qui était un risque pour cet de ce crime contre l’humanité, mais l’on ne 10,95 €. éternel justicier : il fallait casser les codes pouvait pas montrer dans un album en partie habituels ! C’est Achdé [le dessinateur de l’album, ndlr] destiné aux jeunes enfants trop de violence non plus : on ne qui a découvert l’existence de ce personnage mythique, un voit jamais de mort ou de sang dans Lucky Luke, même si héros noir historique et romanesque, célèbre en son temps. les pistolets tirent à tout va. J’ai donc évoqué les lynchages, Sa légende a été recyclée par Hollywood mais « blanchie », les pendaisons, la torture infligée par les planteurs blancs, comme la culture et l’histoire américaine l’ont trop longtemps mais de manière indirecte, ce qui finalement est peut-être fait. J’ai été stupéfait de voir que l’image des cow-boys encore plus fort qu’une violence voyeuriste à la Tarantino blonds aux yeux bleus n’était qu’une création des westerns dans Django Unchained par exemple. Lucky Luke découvre de cinéma, car 25 % des authentiques cow-boys étaient cela peu à peu avec effroi, comme le font nos lecteurs en noirs, et la majorité des autres étaient hispaniques ! s’enfonçant dans l’album. ■ Propos recueillis par Fouzia Marouf 20

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AM : Pourquoi avez-vous signé un album qui met en scène la communauté noire en Louisiane ?

Jul : Cela manquait terriblement à Lucky Luke : en

A N I M AT I O N

L’ÂME ET LA FLAMME

2020 DISNEY/PIXAR - DR

Le nouveau DISNEY PIXAR entraîne un pianiste de jazz afro-américain dans les limbes.

Il va y rencontrer l’esprit d’un futur nouveau-né, récalcitrant à l’idée de descendre sur Terre.

DIX ANS APRÈS La Princesse et la Grenouille, dans lequel l’héroïne était noire, Disney s’offre un nouveau héros afro-américain, cette fois-ci créé par les studios Pixar. Il ne s’agit plus d’un conte de fées version Nouvelle Orléans, mais d’une étonnante plongée spatio-temporelle, entre New York et… l’au-delà.

C’est l’histoire de Joe Gardner, professeur de musique qui enseigne le jazz à défaut de le pratiquer au plus haut niveau malgré son talent, jusqu’à ce qu’un club célèbre lui donne sa chance. On pourrait croire au début d’une success-story bien américaine, mais le pianiste est très vite – et bêtement – victime d’un tragique accident.

Et là, changement d’ambiance et d’univers graphique : fini le personnage noir dégingandé aux longs doigts de pianiste, le voici sous une forme rondouillarde et bleutée, au milieu de bonshommes qui ressemblent à des balles molles pour certains, à des silhouettes d’art moderne pour d’autres…

C’est que nous sommes dans un espace-temps entre vie et mort, en route vers une sorte de paradis éternel où l’on croise, dans l’autre sens, de futurs nouveau-nés prêts à descendre sur Terre… dès qu’ils auront découvert la passion qui les animera, la flamme qui les guidera. Joe Gardner AFRIQUE MAGAZINE

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va ainsi devenir le mentor de l’un de ces esprits qui, faute d’avoir trouvé un sens à sa future vie, était sur le point de rejoindre le groupe des âmes en peine. Le retour à Manhattan au prix de quelques péripéties drolatiques n’en sera que plus appréciable, avec parmi les scènes clés une séquence dans un barbershop au petit poil…

Cette audacieuse proposition visuelle pourra en dérouter certains, surtout dans les limbes de ce ciel sans Dieu ni autre loi que celle du plaisir de (bien) vivre sur Terre. Mais le message est simple : il faut savoir profiter de l’instant présent et de ces toutes petites choses qui peuvent suffire à créer l’étincelle pour être heureux. Ce qui résonne d’un écho tout particulier en ces temps de pandémie. À la réalisation, Pete Docter, l’auteur de Vice-versa et de Là-haut (un Oscar à chaque fois pour Pixar), et derrière la voix de l’amoureux fou de jazz, Jamie Foxx pour la VO et Omar Sy pour la VF. ■ J.-M.C. SOUL (États-Unis), de Pete Docter. Disponible sur la plate-forme Disney+ à partir du 25 décembre et en salles dans certains pays.

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ON EN PARLE

CES CANTINES ENSOLEILLÉES QUI METTENT L’EAU À LA BOUCHE

RESTOS

Malgré la crise sanitaire, on peut s’offrir un voyage au MAGHREB sans bouger g de Paris.

Trois adresses, trois ois pays.

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Gastronomie marocaine chez Gamila (ci-dessus et ci-contre).

marocaine accessible à tous, il y décline les meilleurs ingrédients locaux, de la sardine de Safi au safran de Taliouin.

Il faudra attendre pour profiter de l’ambiance décontractée, de la déco venant tout droit de la vallée de l’Ourika et des œuvres d’artisans et d’artistes, qui changent tous les mois.

Mais la formule avec couscous, tajine ou kazdal (sandwich), livrée avec entrée et dessert, est déjà un succès. ■ L.N. mamanissa.fr / lyoom-cantine.com / cantine-gamila-paris.com

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CONFINEMENT oblige, même les petites cuisines, adeptes du « sur le pouce » de qualité, renforcent les services de livraison. Chez Mama Nissa, ouvert en septembre, re, Hanane propose une belle variété de spécialités régionales algériennes inspirées du livre de recettes familiales. Un fast good du terroir où goûter chaque semaine aine un plat différent, du tlitli au dolma ma de Mama Nissa propose d é i lité régionales é i l des spécialités sardines, en passant par l’excellente algériennes. chorba maison.

Et en dessert, une véritable bessboussa.

Avec Lyoom, on part en Tunisie. Ici, ce sont les sandwichs traditionnels, comme le casse-dalle melaoui, avec sa sauce chakchouka (tomates-poivrons) et une viande au choix, qui méritent le détour. Mais on y trouve aussi La cuisine tunisienne de Lyoom. des brochettes, des mezze et des assiettes à partager, comme le shan keftéji, un mix de légumes grillés et assaisonnés, avec des poivrons, des oignons et du potiron, servis avec œufs et piment, qui nous fait penser au soleil même en plein hiver.

Enfin, cap vers le Maroc, et en particulier Marrakech et sa province, avec les cantines Gamila, nouveaux concept-restaurants de Mustapha Khalis, déjà derrière Yemma. Fidèle à son objectif de rendre la gastronomie

AUTHENTIQUE KOBINA BANNING ARCHI

Ce Ghanéen installé en Arizona met sa CRÉATIVITÉ au service de la communauté et du lien urbain.

IL FAIT PARTIE de cette génération d’architectes qui valorise l’approche environnementale et participative. Né au Ghana en 1979, Kobina Banning a terminé ses études en Arizona, où il continue d’exercer son activité, et a su se construire une solide réputation internationale. Avec ce projet d’habitat à usage mixte à Kumasi, il revient dans sa ville d’origine pour redynamiser le tissu urbain à travers un bâtiment vibrant d’énergie. Passionné depuis toujours par la façon dont l’architecture peut réfléchir la culture et l’identité d’une communauté, il a imaginé une façade intégrant des brise-soleil jaune pétant, renvoyant au pagne kenté et à la puissance de la civilisation ashanti. Éclatants la journée, éthérés la nuit, ils animent l’espace et font vivre l’édifice.

La structure, moderne et aérée, s’ouvre sur le quartier, encadrant par de grandes verrières le paysage tropical de la « ville jardin ». Tous les matériaux sont locaux, et l’architecte collabore étroitement avec les artisans, comme le tisseur de bambou pour certains éléments de la façade ou les menuisiers pour les portes, taillées à la main. Une façon de valoriser et de faire évoluer le savoir-faire du territoire. ■ L.N.

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kobinabanning.com

Projet d’habitat à usage mixte à Kumasi.

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ON EN PARLE

La première collection du label, Skaters of Africa, est sortie en 2019.

MODE

Maison Mbosso CASUAL MAIS CHIC

MAISON MBOSSO est un tout jeune label qui s’est fait connaître en 2019 avec sa première collection, Skaters of Africa. Née d’une idée de la créatrice et fondatrice de la marque Christèle Mbosso, lors de sa dernière année au London College of Fashion, la collection mélange des vêtements traditionnels avec des pièces essentielles d’une garde-robe contemporaine. Elle s’inspire de la culture des skateurs en dépareillant les tissus, les imprimés et les détails, exploite la superposition des matières et propose 24

des pièces à porter surtout Christèle Mbosso. en extérieur. L’un des éléments principaux de cette ligne est en effet le sarrau, dans une version qui n’hésite pas à mélanger tissu brut et réinterprétation du concept de logo à travers des graphismes traditionnels.

Pour l’instant, seule une petite partie des matériaux utilisés par la griffe, basée à Londres, sont africains, le reste étant européen. L’un des critères de leur sélection est leur durabilité : petit à petit, Christèle Mbosso, née en Suisse

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Cette jeune marque londonienne puise dans L’HÉRITAGE ET L’IDENTITÉ AFRICAINES pour créer des vêtements urbains pour hommes, à porter au quotidien.

La styliste aime dépareiller les tissus et les imprimés, et exploite la superposition des matières.

Son élégance lui assure une place dans toutes les pièces, mais surtout dans les salons.

DESIGN

BOGOLAN CHIC

Revisité par les designers dans des tons doux, ce TISSU TRADITIONNEL malien est le nouveau must de la décoration d’intérieur.

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dans une famille congo-angolaise, espère créer un réseau d’artisans africains écoresponsables, en mesure de lui fournir des tissus de qualité. En attendant, la styliste veille par exemple à mettre l’accent sur des pièces sélectionnées au marché de Makola, à Accra, comme les grands chapeaux de paille utilisés lors des shootings.

Pour sa prochaine collection, Brown City, dont la sortie a été retardée par la pandémie, la designeuse a prévu d’utiliser du tissu d’écorce (ou barkcloth), en provenance d’Ouganda. Cette deuxième ligne sera un hommage au peintre afro-américain Noah Davis et à la diaspora du continent. On y retrouvera des techniques de couture africaines et européennes, des couleurs éclatantes et des dessins intriqués, qui mettront en valeur les magnifiques perles artisanales du Kenya. ■ L.N. maisonmbosso.africa

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VENU TOUT DROIT de la région de Ségou, le célèbre tissu traditionnel malien est à l’honneur. Coussins, tapis, rideaux… Rien n’échappe à la tendance bogolan, signifiant « issu de la terre » en bambara, et teint dans une décoction de feuilles d’arbres, puis orné de motifs géométriques réalisés à main levée avec de la boue ou de l’argile.

Aujourd’hui, la production s’est intensifiée et, de fait, modernisée, les designers raffolant de ce textile dans toutes ses nuances. L’élégance du bogolan lui assure une place dans les pièces les plus actuelles et minimalistes, ajoutant une touche graphique à la décoration. Dans les salons chics, le tissu un peu « roots », avec ses couleurs ocre et noire et sa texture empesée, est décliné en tons blancs, crème ou bleutés, laissant apparaître des symboles aux significations diverses. Et fabriqué en coton plus léger, pour autant de plaids ou de jetés sur les canapés.

Pour les fans du bogolan et d’autres éléments raffinés de déco à l’africaine, deux adresses Web à conseiller. Le site de vente en ligne Etsy (etsy.com/fr) propose une très large palette d’objets vintage ou artisanaux, du tapis à la manique. Et on peut également se tourner vers la plate-forme spécialisée dans la mode et l’artisanat africain Afrikrea (afrikrea.com). ■ L.N.

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PARCOURS

Ami Yèrèwolo CETTE JEUNE RAPPEUSE MALIENNE

au flow puissant dénonce les injustices et s’engage pour la place des femmes dans les cultures urbaines. Bravant le patriarcat, elle signe un nouveau titre, « Je gère ». propos recueillis par Astrid Krivian

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AFRIQUE MAGAZINE

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lle a choisi l’art de la punchline et du groove percutants pour combattre les injustices sociales. Originaire de Mahina, village de l’ouest du Mali, Ami Yèrèwolo chante depuis l’enfance, bercée par les voix puissantes de Salif Keïta, Oumou Sangaré et Nahawa Doumbia. Dès 16 ans, elle slame dans la cour du lycée. Découvrant les pionniers du rap malien Fanga Fing ou Tata Pound, elle met alors un nom sur sa pratique, née spontanément. Puis forme un groupe avec ses cousines, participant à des concours malgré l’interdiction paternelle, et joutant devant ses pairs masculins : « Pour leur montrer que nous aussi, on savait rapper », défend-elle. À Bamako, où elle s’installe pour ses études universitaires en gestion-comptabilité, elle affûte son flow dans les balani show (sound system de quartier), se hâte au studio, après les cours, pour enregistrer ses premiers titres. Diplômée en 2013, elle annonce à ses parents sa décision de se consacrer à la musique. « Ils ont cru que je blaguais ! Leur projet pour moi ?

Un métier avec un salaire fixe, un mariage, des enfants. » Or, l’artiste, dont la cause est de « révolutionner le hiphop féminin », préfère « mourir pauvre mais rappeuse », plutôt que « riche et lâcheuse », scande-t-elle dans « Bara ».

La jeune rebelle brave l’adversité pour se faire une place dans ce milieu où les femmes sont sous-représentées et marginalisées. Bousculant les normes et les esprits étroits, elle endure un déluge d’insultes, de rejets, de discriminations. « Selon les machistes, une rappeuse ne doit pas tenir tête à un homme sur scène. Et elle serait une délinquante, sans éducation, ne mériterait pas le respect. » Presque seule contre tous, sans soutien familial, cette guerrière du verbe tire sa force de ses épreuves. « Il fallait que je réussisse coûte que coûte. » Multipliant les petits jobs, elle produit ses clips et ses albums (Naissance en 2014, Mon combat en 2018), et fonde sa structure de diffusion Denfari Event. « En bambara, “denfari” signifie “l’enfant qui n’a pas peur”. » Un mantra qu’elle inscrit sur les murs de chez elle pour se rebooster les jours de découragement. Première rappeuse « Je gère », Othantiq AA. à intégrer le collectif 223 Crew – « Cela m’a donné une assurance, une protection contre ces violences » – et à se produire au Palais de la culture à Bamako, elle renvoie dans les cordes les managers qui lui conseillent de troquer son look de garçon manqué contre minijupe et maquillage outrancier. En 2016, pour soutenir la scène hip-hop féminine, elle lance le festival Le Mali a des rappeuses : « Ainsi, nos sœurs auront des références. » Son rap conscient au flow tonitruant, empreint de rage et d’ironie, dénonce en bambara les violences faites aux femmes et aux enfants, le matérialisme galopant, le manque d’éducation, les valeurs superflues comme l’apparence ou la richesse, ou encore la médisance. S’appropriant les différentes nuances du genre – de la trap aux mixtures panafricaines rythmées d’instruments traditionnels –, elle affirme une griffe encore plus personnelle dans son single « Je gère », extrait de son prochain EP, signé chez Othantiq AA (nouveau label du musicien camerounais Blick Bassy). À l’instar de ses idoles d’enfance, ambassadeurs de la musique mandingue, Ami Yèrèwolo veut porter haut les couleurs du rap malien sur la scène mondiale. Dans son pays, elle s’impose déjà comme la first lady du game. ■

AM vous a offert les premières pages de notre numéro double Décembre-Janvier.

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