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Les aide-ménagères ne peuvent plus faire face
from Syndicaliste 964
by ACVCSC
Depuis six mois, les travailleuses des titres-services mènent des actions «grand nettoyage» pour obtenir de meilleurs salaires et indemnités de déplacement. Mais les employeurs restent silencieux. La première semaine d’avril, elles ont encore mené des actions chez Greenhouse à Waregem et chez Trixxo à Bastogne.
Greenhouse a réalisé plus de 12 millions d’euros de bénéfices au cours des cinq dernières années et a distribué près de huit millions à ses actionnaires. Depuis sa création, plus de 25 millions d’euros de dividendes ont été versés. Trixxo a réalisé un bénéfice de cinq millions d’euros en 2020, a racheté toute une série d’autres sociétés de titres-services et est devenu le sponsor de la Trixxo Arena. Malgré cela, ces entreprises osent dire qu’elles n’ont pas d’argent pour augmenter les indemnités de déplacement!
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Des emplois très précaires
La situation financière de ces entreprises contraste fortement avec la situation des aide-ménagères qui devient intenable. La combinaison de bas salaires, de frais de déplacement élevés et de conditions de travail compliquées fait du métier d’aide-ménagère l’un des emplois les plus précaires. De plus, avec la hausse des prix à la pompe et dans les magasins, leur situation se dégrade sensiblement. Ces travailleuses en arrivent à devoir choisir entre payer une visite chez le médecin pour leur enfant malade ou mettre quelques litres d’essence dans leur véhicule pour aller travailler.
Payer pour travailler
Des témoignages récents d’aide-ménagères en disent long. «Chaque dépense imprévue, comme une consultation médicale, est une dépense de trop. Cela signifie littéralement un repas en moins pour moi. Ce n’est pas normal que je ne puisse pas payer les courses alors que j’ai un emploi.» «Je paie 450 euros par mois pour rembourser ma voiture, témoigne une mère de quatre enfants. J’en ai besoin pour mon travail qui me rapporte 1.400 euros nets par mois. Je me suis séparée de mon mari, mais la hausse des prix m’a obligée à retourner vivre avec lui car je ne peux pas m’en sortir financièrement.»
Les actions de grand nettoyage menées par les travailleuses des titres-services continuent. Début avril, elles ont fait entendre leur colère auprès de Greenhouse à Waregem et chez Trixxo à Bastogne.
«Je dois aujourd’hui renoncer à accepter certaines missions. Avec une indemnité de 0,27 €/km, lorsqu’il me faut parcourir 200 kilomètres sur la journée et notamment dans le trafic (ville, ring, heures de pointe), cela n’amortit plus les frais de mon véhicule qui est un outil de travail (assurance, entretien, usure, taxes et carburant).» «Si les choses ne changent pas, il nous sera difficile de continuer à travailler. Nous ne pouvons pas travailler pour payer l’essence.» «Il n’y a pas que le carburant pour nos frais. Le véhicule entier est un de nos outils de travail pour ma sécurité, celles des usagers que je véhicule... 700 euros de frais sur la voiture qui n’a que cinq ans et que j’ai achetée neuve et 300 euros pour de nouveaux pneus été... 1.000 euros sur six semaines...! Et le carburant en plus. Ma machine à calculer est greffée sur ma main quand je fais les courses... Mon mari travaille à temps plein et moi à 3/4 temps...»
Actions «grand nettoyage»
Tous les deux ans, les différents secteurs négocient de meilleurs salaires et conditions de travail. Le secteur des titres-services est le seul à n’avoir pas encore conclu d’accord sectoriel pour la période 20212022. Malgré le fait que les aide-ménagères aient déjà mené des actions à plusieurs reprises, Federgon (la fédération des entreprises de travail intérimaire et des titres-services) refuse d’octroyer quelque chose de plus. Et ce, alors que les sociétés commerciales des titres-services ont réalisé de gros bénéfices. Dans le système des titres-services, les aide-ménagères paient elles-mêmes la plupart de leurs tickets de transport et de stationnement. L’indemnité de 0,13 € par kilomètre qu’elles reçoivent ne couvre pas ces coûts. À la fin de l’année dernière, c’était 10% de leur salaire qui passait en frais de déplacement pour aller travailler. Avec la hausse des prix du carburant, ce pourcentage est encore plus élevé aujourd’hui. C’est près de 200 euros! C’est pourquoi le «grand nettoyage» du secteur se poursuivra. Plus d’infos? Rendez-vous sur