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Audition parlementaire

Les syndicats argumentent devant la commission des Affaires sociales

Le clivage gauche/droite a encore tout son sens. Le monde syndical sait sur qui il peut compter pour modifier la loi de 1996… et il n’y a pas de majorité parlementaire pour ce faire.

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Les trois syndicats ont eu chacun 15 minutes pour expliquer en quoi la loi de 1996, avec sa réforme de 2017, pose problème. À commencer par le caractère impératif de la marge, qui rend le système de formation des salaires très rigide. En conséquence, les salaires réels sont de plus en plus bas, tandis que les marges bénéficiaires sont plus hautes en Belgique que dans les pays voisins. Autrement dit, la part des salaires dans la valeur ajoutée est en baisse. Ces bénéfices ne touchent pas seulement le Bel 20, et sont observés dans des secteurs très différents. Les secteurs qui marchent bien n’ont ainsi pas la possibilité d’accorder des augmentations salariales. Cela nuit au pouvoir d’achat des travailleurs concernés, et se répercute dans la consommation intérieure. Certes, d’autres formes de rémunération peuvent être octroyées, par exemple les chèques-repas et les véhicules de société, mais ces avantages ne financent pas la sécurité sociale.

Les syndicats ont demandé : • que la marge soit à nouveau indicative, avec une prise en compte des cotisations patronales et des subsides salariaux ; • la suppression de la marge de sécurité, trop faible et trop souvent prise comme marge limite ; • la suppression de la correction pour un prétendu handicap salarial historique ; • que les mesures concernent d’autres éléments liés à la compétitivité comme la formation et les investissements dans l’innovation. Après cette phase de présentation des arguments du front commun syndical, c’était au tour des parlementaires de poser leurs questions. Certains ont approuvé d’emblée les arguments chiffrés et précis en faveur d’une modification de la loi, notamment sur la nécessité de rendre indicative la marge salariale. « Il y a eu une plus grande compréhension par l’ensemble des parlementaires, […] les éléments que nous avons amenés étaient importants dans la compréhension du débat », estime Olivier Valentin.

QUELLE SUITE ? Côté politique, il est encore tôt pour voir quelle suite sera donnée à cette mobilisation massive. Dans tous les cas, rien de concret n’a été décidé avant la pause estivale, là où la priorité du gouvernement se situait davantage dans la réforme du marché du travail et celle des retraites. La commission des Affaires sociales pourrait procéder à d’autres auditions avant d’annoncer une vraie suite à celle face aux syndicats.

Pour faire réagir le gouvernement, il faudra sans doute continuer à lui mettre la pression durant le dernier trimestre de 2022, avec notamment une grève prévue au mois de novembre. L’objectif sera toujours d’éviter de se retrouver avec une marge de négociation proche de zéro pour les années 2023-2024, une vraie menace pour la concertation sociale. L’automne sera chaud…

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