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au nom des gens d’Anniviers

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Ski Team Anniviers

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Chère Elisabeth et famille Crettaz,

Triste, ô combien ! notre pèlerinage de ce jour de décembre, nous avons tous une plaie au cœur, nous portons tous la même peine, celle de la perte de notre Bernard.

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Il n’est jamais facile de parler d’un tel homme mais comme d’autres préalablement auront fait l’éloge de son parcours médiatique ou culturel, je me contenterai, en gamin de ce village, de nous identifier à lui pour lui rendre cet hommage.

Bernard est né au sommet du village de Vissoie, dans ce terroir de paysans ouvriers, endroit nostalgique s’il en est, avec les granges écuries et le bétail, à la montagne, loin de ce qui l’attend à la ville. Il en restera imprégné comme en témoignent ses nombreux ouvrages littéraires.

Je le cite: « Dans ma chair je sens le mépris citadin : dans ma tête je décortique l’ambiguïté entre ville et montagne, entre dédain et sublimation du paysan », citation de son dernier ouvrage Et comme l’espérance est violente.

C’est son instituteur qui disait : « Envoyer quelqu’un aux études représente un honneur, une récompense, le régent se voyait récompensé et constatait qu’il avait fait du bon travail ».

Bernard fut un de ceux-là.

De baroudeur ou farceur à intello en passant par profondément religieux et porteur de valeurs humaines, ce membre actif de la Bourgeoisie de Vissoie fut un ambassadeur de premier ordre pour sa vallée, notre vallée d’Anniviers.

Chez lui le profit n’entrait pas dans ses préoccupations, mais son intérêt se portait sur le sens de la vie, de sa vie et le souci d’une vie respectueuse des autres et du vivre ensemble.

Il avait des repères essentiels dans sa vallée d’Anniviers, son village de Vissoie, le Zinal de son enfance et son mayen du Bouillet lieu privilégié de réflexions, d’accueil d’amis proches qu’il soutenait, qu’il contredisait parfois et malgré ses efforts pour réconcilier les choses, ne pouvait finalement pas tout comprendre, lui qui souffrait du mal-être des autres.

La haute montagne, il l’a pratiquée comme porteur puis aspirant guide et c’est là avec ses amis guides qu’il découvrait la dimension et la beauté de ce paradis à même de lui apporter la sérénité recherchée.

Si la mort est au rendez-vous de chacun, lui s’en était imprégné espérant la rencontrer à 86 ans comme son papa Pierre mais le destin en a décidé autrement.

Attentif à tout, à toutes et tous, il savait mieux que quiconque prêcher le faux pour savoir le vrai et s’en servir.

Bernard incarnait une version de l’Anniviard que nous sommes, ouvert, moderne et pourtant si proche des traditions. De la vache d’Hérens à la mise en valeur des biens religieux pour ne citer que cela, il aura joué un rôle de passeur de cols allant d’Anniviers à Evolène, à Bagnes ou à Ausserberg et à chaque occasion, il valorisait un besoin ou une envie de rendre attractive la vie sous tous ses angles.

Il sied de se rappeler cette magnifique fête en 1991 lorsque nous commémorions les

700 ans de la Confédération helvétique, marquée par le thème « la Suisse et l’étranger ». Ce moment nous avait permis de prendre conscience des difficultés vécues ailleurs et du privilège que nous avions et avons toujours de vivre dans ce pays, la Suisse.

Bernard savait d’où il venait, aujourd’hui il va rejoindre ses parents Geneviève et Pierre ainsi que ses sœurs et la terre qui l’a vu naître.

Bénéficiaires de son amitié, nous n’oublierons jamais tout ce dont nous lui sommes redevables et nous prions son épouse ainsi que ses proches de trouver ici l’hommage de notre sympathie et de notre indéfectible reconnaissance.

C’est dans cette église, ton église, toi Bernard avec ton Elisabeth qui l’avez mise en valeur, toi le sociologue et elle l’historienne d’art, que nous te disons nous gens d’Anniviers :

Au revoir notre Bernard, repose en paix et veille sur ta vallée.

Au nom de tes Amis en Anniviers

Christian Melly

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