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évasion
Ostende, la Reine des plages
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On voyait les chevaux de la mer qui fonçaient la tête la première Et qui fracassaient leur crinière devant le casino désert…
En 1960 l’immense Léo Ferré chantait Ostende. On y retrouve, en plus de l’habituelle nostalgie propre à l’œuvre de Ferré, une sorte de mélancolie particulière au lieu. Ferré parle d’une soirée d’hiver à Ostende, la ville sous la chaleur de juillet laisse une toute autre impression. Même si Ostende reste Ostende. Ostende? Non, Oostende comme l’écrivent les autochtones.
O(o)stende (c’est vous qui voyez !), c’est avant tout une plage ouverte sur la Mer du Nord. C’est aussi un énorme port commercial et le premier port de Belgique. Mais concentrons-nous sur la plage et sur cette promenade du front de mer qui met fièrement en avant les stars de son festival du film.
Planches, vent, promenade et plage de sable fin, festival du film. On parle de Deauville ? Non, nous sommes bien à Ostende sur la côte belge. Pourtant il y règne effectivement un petit air de Deauville. Avec ces petits riens propres au plat pays, cette belgitude dont ses habitants sont si fiers. Cet art de vivre, on le sent aux innombrables baraques à gaufres stationnées sur la jetée, aux terrasses de café bondées, aux moules proposées partout et dont les cassolettes emplissent les tables.
Côté architecture par contre, Ostende se révèle un peu décevante au premier abord. Pourtant l’histoire avait bien commencé. Comme de nombreuses voisines européennes, Ostende, à la Belle Epoque, devient une destination prisée des Britanniques et un lieu de villégiature incontournable. Résidence d’été du roi Léopold I au début du siècle, la ville a construit un casino, le plus grand de Belgique. D’abord en bois dans les années 1850, il est ensuite reconstruit en dur lors de la démilitarisation de la ville quelques années plus tard. La villégiature royale fait rapidement d’Ostende the place to be pour toute la noblesse et la haute bourgeoisie. Des villas de maître sont construites, la promenade est aménagée et les ombrelles s’y promènent. Comme dans tous les lieux de villégiature de cette époque on retrouve à Ostende les bâtiments clés de ce tourisme particulier de la haute société. La plage, pour les bains de mer, l’hôtel, la promenade du front de mer, le casino… Tout est en place. Alors que s’est-il passé ? Pourquoi aujourd’hui ne reste-t-il que de rares vestiges de ce passé prestigieux ?
Après la guerre, Ostende a fini par succomber aux sirènes du tourisme de masse. C’est à ce moment qu’on a vu pousser sur la plage ces petites cabines de plage au bleu si caractéristique. Les villas sont démolies les unes après les autres pour laisser la place à des barres d’immeubles grises et impersonnelles. La clientèle d’Ostende se transforme, la construction de l’autoroute à la fin des années cinquante facilite l’accès à la plage et les Bruxellois, qui habitent désormais à moins d’une heure de route, envahissent la « Reine des plages ».
Quelques rares vestiges du passé glorieux de la ville subsistent, notamment la villa Yvonne et la villa Simone de l’architecte Antoine Dujardin. Des édifices remar-
Coucher de soleil sur la corniche
quables pris entre deux immeubles modernes dont la présence un peu incongrue ajoute au charme de cette corniche très animée. Car ce qui fait l’attrait d’Ostende, loin de son architecture peu glorieuse, c’est l’ambiance caractéristique de la corniche. Cette promenade face à la mer, surplombant la plage, bordée de cafés et restaurants mérite le détour. Elle justifie le déplacement à elle seule. Cette jetée est une ode aux plaisirs simples. Une gaufre face à la mer, une glace sous le soleil couchant, la balade en rosalie avec des amis, cheveux au vent. Ostende respire la liberté et la joie de vivre. Et, rien que pour cette joie de vivre, et le coucher de soleil sur la Mer du Nord, Ostende restera toujours The place to be !
Yanis Chauvel DR Enviedebouger.com

La gare d’Ostende à la Belle Epoque
