LA TRILOGIE D'UN CROYANT CONVAINCU

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LA TRILOGIE D'UN CROYANT CONVAINCU

— Prenez une chaise, Arsène ! Clochard ou pas, on le respecte. Henri trinque même avec lui. Il n'est pas moins bien reçu qu'un autre. Sur ce point précis de l'accueil des pauvres, il faut l'avouer : les époux Garot ont toujours été bien assortis. Un hiver, Arsène a les pieds gelés dans sa hutte. C'est un miracle s'il réussit à se traîner jusqu'à la maison de Jeanne. Quelle désolation ! Tandis que Jeanne découpe les bottes du vagabond et met à nu ses pieds déjà noircis par le gel, Henri téléphone à l'ambulance. On ne se pose même pas la question de savoir qui paiera. Réfléchissons un peu... Où Jeanne a-t-elle puisé les richesses humaines et spirituelles de sa vie ? Mystère ! D'abord il y a eu cette nuit terrible où, sous le poids d'une misère trop grande, tout son être s'est effondré. C'est la maison de repos, l'isolement, le grain de blé tombé en terre... Puis est venu le temps de la germination : doucement, doucement le blé sort de terre. Une main délicate est là, dans l'invisible, qui débroussaille. La plante n'est encore qu'une jeune 100


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