Retour vers le Père

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RETOUR VERS LE PÈRE


© Alain GAROT alain.garot0316@orange.fr http://alaingarot.e-monsite.com Éditions AlanGar – Le Livre de Vie ISBN n°978-2-9537175-7-0

Dépôt légal : Février 2011.

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Linot

RETOUR VERS LE PÈRE

Éditions AlanGar – Le Livre de Vie



Le 3 mai 1977 à 16 h 15, un miracle vient de se produire dans la vie de l'auteur de ces pages. Alors qu'il s'est pourtant juré de détruire la foi de son collègue de bureau et qu'il ne néglige rien pour y parvenir, le voici soudain qui interpelle Dieu Lui-même, lui disant que, s'Il existe vraiment, Il doit bien pouvoir le lui faire savoir. La suite, il nous la raconte dans son récit de conversion édité récemment : Un Jour, Une Heure, Le Bonheur.1 Heureux comme il ne le fut jamais plus après, sa vie, sa vision du monde changent alors du tout au tout ; et la Parole de Dieu, qu'il vient tout juste de découvrir, se fait en lui source de lumière... au point qu'à peine quatre mois plus tard, en septembre 1977, c'est lui qui nous propose de méditer sur un « retour vers le Père » ô combien essentiel à ses yeux.

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Éditions AlanGar – Le Livre de Vie (Mars 2009)



Sommaire LA CHUTE.................................................. DIRE LA VÉRITÉ...................................... MOÏSE ET LES ISRAÉLITES................... JESUS-CHRIST.......................................... RENCONTRER LE PÈRE.......................... LES TÉNÈBRES......................................... LE MONDE................................................. L'ECCLÉSIASTE LE DIT.......................... ET DAVID.................................................. ET NOUS.................................................... L'EXCUSE DE L'AMOUR......................... POURQUOI NE PAS CRIER.....................

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Au commencement était le Verbe Et le Verbe était tourné vers Dieu, Et le Verbe était Dieu. Il était au commencement tourné vers Dieu. Tout fut par Lui, Et rien de ce qui fut, ne fut sans Lui. En Lui était la vie Et la vie était la lumière des hommes, Et la lumière brille dans les ténèbres, Et les ténèbres ne l'ont point comprise. Jean 1,1-5

Un tel silence régnait avant la création de l’inquiétude, Avant le commencement du règne de l’inquiétude. Un tel silence régnera, mais un silence de lumière Quand toute cette inquiétude sera consommée, Quand toute cette inquiétude sera épuisée, Quand ils auront tiré toute l’eau du puits, Après la consommation, Après l’épuisement de toute cette inquiétude D’homme. Charles Péguy Le Porche du mystère de la deuxième vertu. Hymne à la nuit.



« Examinez tout avec discernement : Retenez ce qui est bon. » (I Thessaloniciens 5 21-22)

LA CHUTE L’encre a coulé abondamment depuis la chute2. Bien des railleries se sont succédées à propos d’Adam, d'Ève, de la "pomme" célèbre et du péché originel. Et de nos jours on en rit encore, sottement bien sûr, faute d’intelligence spirituelle ou de connaissance suffisante de soi-même. Quant au catéchisme d’antan, qui imageait si bien cette chute et ses fâcheuses conséquences, n’auraitil pas déjà fait naufrage ? Convenons-en : Cette question, qu’on expérimente certes plus facilement qu’on ne l’enseigne, a quelque peu terni au profit d’une religiosité conciliante. Il n’y a pourtant pas de vie chrétienne qui puisse s’autoriser l’économie de la reconnaissance profonde du péché en soi ; et si nous sommes pécheurs 2

Voir le Livre de la Genèse.

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c’est que nous sommes héritiers directs de la chute d’Adam. De nos jours, le péché se cache sous de si multiples parures, et l’on s’en excuse si facilement que cette chute, grave et magistrale, qui pèse sur nous et nous condamne quoi que nous fassions, ne peut plus être perçue comme telle. Or, personne, sauf J.J. Rousseau, ne le contestera : nous naissons, vivons et mourons dans le péché !3 Si nous sous-estimons la chute qui est bien réelle dans nos vies, Celui que le Père a précisément envoyé pour nous en sauver ne peut plus exercer d’influence sur nous. Et si nous croyons ne pas pécher, nous n’avons pas besoin d’un sauveur. Le chrétien, privé de chute, est privé de grâces. L’exigence de sainteté visant à faire de lui le « sel de la terre » n’a plus cours. Il est tiède et souvent froid. Il pratique sans amour, sans force intérieure. Comment ne pas comprendre alors que Dieu veuille envoyer, comme dans l’ancien testament, des prophètes chargés de réveiller l’humanité engourdie. Comment ne pas nous émerveiller devant ces conversions extraordinaires qui ont lieu de temps en temps chez des êtres dont la gravité du péché nous eût fait frémir... si nous avions connu leur vie d’avant ? « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé. » (Ro. 5.20) Jean-Jacques Rousseau a dit : « L'homme naît bon, c'est la société qui le pervertit. » 3

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Quand l’homme reconnaît en lui le péché, non seulement il risque de se confesser, mais aussi et surtout de recevoir le pardon du sauveur. L’absence des brebis au confessionnal ne s’explique-t-elle pas un peu par le fait que le Seigneur ne pardonne plus, et qu’il ne pardonne plus non pas parce que son cœur se serait endurci, mais parce que les hommes, libres de pécher, n’ont plus besoin de pardon ? Ou alors, faut-il attendre d’avoir beaucoup péché pour que le cri de la repentance soit sincère et vrai ? Faut-il tenter le diable ou marchander avec Dieu ? Non certes, et fort heureusement ; mais notre société, à force d’avoir mis le péché dans les normes du temps, a fini par enrayer le mécanisme de bien des conversions. Or, c’est à la mesure du pardon que Dieu accorde que nous connaissons la démesure de son amour. À petit pardon, petit amour. L’homme ne vient plus à la lumière parce qu’il se croit dans la lumière. L’homme ne cherche plus le salut parce qu’il se croit sauvé. L’homme ne croit plus en Jésus rédempteur parce qu’il ne croit plus à sa propre crasse. Certes il y aura encore, jusqu’à la fin des temps, des maîtres habiles pour tenter d’expliquer ces choses : maîtres spirituels hélas ! trop peu lus ou entendus ; théologiens de la forme ou des profondeurs ; docteurs de la lettre ou de l’esprit, spécialistes des questions épineuses, aptes à régler des querelles ou à en éveiller d’autres… 15


Il y aura des saints qui se tairont et d’autres qui parleront. Des saints combattus et des saints combattants. Des saints pleins d’amour et des saints artistes, maniant l’épître comme on manie le pinceau, avec le souci prédominant de l’effet à produire et appelant involontairement au salut d’autres sages ou d’autres bien-pensants. Il y aura même des saints qui l’oublieront : « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades ! » (Matthieu 9.12) Gageons pour notre part que si la littérature bourgeoise, les talents d’orateur, de conteur, de démonstrateur, les menaces de toutes sortes et tant d’autres procédés d’hommes sages, ont des chances d’échouer dans une mission de redressement de l’humanité pécheresse, par contre l’exemple de quelqu’un qui était perdu – concrètement – et qui s’en est sorti – tout aussi concrètement – peut souvent amener d’autres pécheurs à souhaiter s’en sortir à leur tour. En effet, si un voisin, un ami, qui avait le même mal incurable que moi, en a été guéri, ne chercheraije pas à savoir quel est ce médecin formidable et où je puis le trouver ? Et si ce mal me pèse, hésiterai-je à y mettre le prix ? Dussé-je y passer mes nuits, ne trouverai-je pas ce guérisseur ? « Demandez, on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. » (Luc 11.9) Notre monde a besoin de voir des chrétiens qui ont trouvé la perle rare et qui aident les autres à la 16


rechercher. Il a besoin, plus que jamais, de comprendre que la sainteté est encore possible en nos temps difficiles ; et, pour cela, il a besoin de VOIR ! Voir d’autres Saint Paul, d’autres Charles de Foucauld, d’autres Matt Talbot !4 Aussi, vous qui entendez cet appel-là, dans le fond de votre cœur, n’attendez pas de vous endurcir. Le bonheur d’une multitude d’hommes dépend de vous. Dieu vous convie, par sa toute puissance, à relever le défi lancé au prince de ce monde par son fils bien aimé Jésus-Christ. Réapprenez-nous la voie royale ! Faites-nous bruler de désir avant que nous nous laissions brûler d’amour ! Montrez-nous simplement ce que tant de docteurs d’âmes essaient de nous démontrer avec leurs mots ! Montrez-là nous, enfin, cette victoire dont on ne parle plus guère ! Montrez-nous le vainqueur de cette mort qui nous fait si peur ! Non, Adam et Ève n’ont pas croqué la « pomme » ; et encore moins celle de l’amour charnel, pris dans un sens plus ou moins pornographique. L’amour vécu pleinement, corps et âme, est bon parce que le Créateur l’a fait ainsi. Et tout, du reste, est bon, sauf le fruit de « l’arbre interdit ». 4

Le vénérable Matt Talbot (2 mai 1856 -7 juin 1925) était un irlandais vénéré par de nombreux catholiques pour sa piété, la charité et la mortification de la chair. Même s'il n'a pas encore été reconnu saint, il est souvent considéré comme le Saint patron des alcooliques.

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« Du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : vous n’en mangerez pas et vous n’y toucherez pas afin de ne pas mourir. » (Genèse 3.3) Nos ancêtres étaient des enfants gâtés. Ils n’avaient pas à se préoccuper de l’avenir : dans son immense bonté, le Seigneur pensait à tout. Hélas, comme bon nombre d’entre nous aujourd’hui qui ne savent pas se contenter de vivre dans la dépendance confiante de leur Créateur, Adam et Ève voulurent eux-mêmes conduire la barque de leur destinée ; et nous savons tous que « leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et qu’ils surent qu’ils étaient nus. » (Genèse 3.7) Nous sommes loin ici de ce que s’imaginent certains chrétiens. Le péché originel n’est pas l’acte sexuel. Il n’est pas non plus la spécialisation d’un quelconque péché. Voyons-le plutôt dans l’abandon pur et simple du créateur, et la poursuite sans fin, pour notre humanité, d’une longue marche en solitaire sur un large sentier de perdition. L’homme s’est perdu, certes ! Mais Dieu, dans son immense amour, n’est pas resté les bras croisés à le regarder souffrir. Par ce qu’il a de plus cher il s’est littéralement jeté dans le monde. Et aujourd’hui, par Jésus, chacun d’entre nous peut revenir vers le Père. Ce dernier a les bras grands ouverts. La route est dégagée. Si nous le voulons et si nous y croyons, les affres de la chute peuvent devenir l’histoire ancienne de nos vies. 18


Tout est accompli. Courons vers le père ! C’est par Lui que nous avons été créés ; c’est pour Lui que nous sommes faits. Nous devons Lui faire une absolue confiance. Oh ! Si nous savions reconnaître que nous souffrons moins à cause de nos petites misères que d’être séparés de notre père ! Si seulement nous savions voir que notre bonheur, notre équilibre, dépendent uniquement de cette réconciliation ! Nous sommes tellement stupides ! Nous avons besoin de Lui – même si nous ne voulons pas nous l’avouer – et Lui, il a aussi besoin de nous. Souvent même, Il nous cherche et nous appelle, comme un mendiant, plaçant des barrières et des joies au travers de nos routes. C’est à peine si nous les voyons. Grande est notre sottise ! Comme si Dieu pouvait être classé dans le secondaire de la vie ! Si nous ne revenons pas au père, c’est vers la mort que nous allons, là où Satan règne en maître absolu et incontesté, où les plus hauts murs s’effondrent toujours après des flambées de fausses joies ; où il faut apprendre à marcher dans la nuit, sans Père, sans paix, sans joie, sans amour… et s’accoutumer au doute, au désespoir ou à la haine ; là où l’automobile, la fusée spatiale et la vitesse qui grise, la guerre terrible et ses brillants héros, l’argent et ses puissants seigneurs, le sexe et ses consommateurs de vices, font oublier la nuit, TOTALE. 19


Oui, tant que nous demeurerons comme des orphelins, c’est le mal que nous servirons ; et la blessure profonde de nos êtres ne cessera pas de nous rendre vulnérables. Nous aurons beau lever les yeux fièrement vers le ciel comme si nous étions libres, nos chaînes nous diront la nuit. Nous aurons beau croire aux espaces infinis, c'est la poussière qui aura le dernier mot. « Tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. » (Genèse 3.14) « Tu es poussière et à la poussière tu retourneras. » (Genèse 3.19) Serions-nous indifférents au fait de n’être que poussière en devenir ? Nous ne pouvons opter pour une demi-mesure : moitié avec Dieu, moitié avec le néant ; tantôt à l’écoute de l’un, tantôt plongés dans l’abîme de l’autre. Vivre ou mourir ? Rien de moins. Certes nous invoquons bien des raisons pour justifier nos louvoiements. Mais à quoi bon ? « Le Seigneur vit que la méchanceté de l’homme se multipliait sur la terre : à longueur de journée, son cœur n’était porté qu’à concevoir le mal et le Seigneur se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre. » (Genèse 6.5) J’imagine ma réaction si mon père, un jour, m’avait dit : « Je me repens de t’avoir fait ! » Quel 20


coup au cœur ! Quelle atteinte à mon amour-propre ! Mais je sais bien que mon père ne me l’aurait pas dit. Parce qu’il faut, pour en arriver là, ne plus rien attendre de bon de la part de celui qu’on aime, et pas même croire en la possibilité d’un miracle. Or, si Dieu s’est repenti de nous avoir faits, Lui l’auteur des miracles et de l’amour qui pardonne, comme nous devions être sales ! Et s’il s’est repenti de la sorte il y a plusieurs millénaires, que dit-il aujourd’hui du gâchis de nos vies ? Si seulement nous comprenions que nous nous sommes trompés de chemin ! Si nos yeux voulaient bien accepter de voir l’évidence ! Hélas ! « Vous n’êtes pas revenus à moi, dit le Seigneur. » (Amos 4.6) « C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur Dieu : Parce que tu m’as oublié et que tu m’as rejeté derrière toi, porte toi-même le poids de ton impudicité et de tes débauches. » (Ézéchiel 23.35) Mais comment supporter cette séparation ? Ce terrible poids ? Sinon par l’usage de la drogue. Drogue camouflée en faux bonheur, en fausse joie… Drogue censée servir le progrès, la libération de l’homme et l’amélioration de sa condition, l’humanisme… Travail, philosophie, politique et militantisme de tous poils : que de raisons pour se donner bonne conscience et mieux se masquer l’essentiel. Oublier que s’il y a vie – merveilleusement belle et variée à 21


travers ce que l’on n’hésite pas à nommer "création" – il y a forcément une origine ; et que celleci mérite tout de même un peu que l’on s’y attarde. Qu’on veuille bien se poser la question avant d’inventer la réponse qui nous arrange. Et c’est le mauvais esprit qui se réjouit de tout cela : celui qui conteste tout, qui dit non à tout, qui refuse d’admettre la perfection de l’œuvre de l’architecte... Le jaloux ! On le surnomme « diable », « Satan », « malin », « mauvais », « accusateur » et la liste devrait s’allonger si on qualifiait tous les actes commis par celles et ceux qui se prétendent ses serviteurs. Et qui pratiquent à leurs façons. Propageant leur dévotion comme un virus. Adorateurs de Satan… Ce Satan qui se réjouit de la mauvaise santé de ceux qui se disent croyants. « Voyez, se ditil, comme leurs feuillages sont abondants, leurs œuvres nombreuses (surtout si elles sont faites sans amour vrai) ! Moi je vous dis qu’il n’est pas nécessaire de croire en Dieu pour être utile, bon, humain, zélé…. » Occupés qu’ils sont avec leurs idoles, les hommes ne cherchent par le Créateur. C’est lui qui doit sans cesse faire et refaire le premier pas vers eux. Puissent-ils comprendre ce pourquoi ils sont faits et reconnaître Celui qui a été envoyé pour le leur dire ! Puissent-ils entendre, du fonds de leurs ténèbres, la petite voix qui ne cesse de leur chuchoter : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie, on ne vient au Père que par moi. » (Jean 14.16) 22


Ou encore : « Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. » (Jean 8.12) L’homme qui travaille, même honnêtement, aux œuvres de ce monde, s’il ne croit pas en Dieu et en son Fils Jésus-Christ, « mourra dans ses péchés 5». Il y en a tant qui se disent : « Profitons-en ! La vie est courte et nous n’avons qu’une vie : mieux vaut la faire bonne ! » Qu’entendent-ils par "bonne" ? Et parmi eux combien de baptisés ? La vie est courte, certes, mais de quelle vie s’agitil ? Il y en a tant qui se dépêchent de sauver ce qui subsiste du naufrage permanent de leur vie ! Il y en a tant qui se dépêchent de faire leurs œuvres – bonnes et moins bonnes – de peur qu’au jour d’un certain jugement, quelqu’un – ils ne savent trop qui – vienne à les condamner. Les œuvres ? Oui, mais lesquelles ? Il y en a tant qui croient au bonheur qu’on se fabrique soi-même, à ce bonheur réservé aux médiocres, que l’on consomme sur place, en vitesse et sans modération, en ne songeant à rien d’autre ni à personne qu’à soi-même. Le bonheur ? Oui, mais lequel ? 5

(Psaume 40)

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Il n’est de bonheur vrai et durable que si l’on sait où l’on va et pourquoi. Or, « Celui qui marche dans les ténèbres ne sait pas où il va. » (Jean 12.35) Et en marchant dans ses ténèbres, sait-il qu'il est « devenu fou » ? « Depuis la création du monde, ses perfections invisibles, éternelle puissance et divinité, sont visibles dans ses œuvres par l’intelligence ; ils sont donc inexcusables, puisque, connaissant Dieu, ils ne lui ont rendu ni la gloire ni l’action de grâce qui revient à Dieu ; au contraire, ils se sont fourvoyés dans leurs vains raisonnements et leur cœur insensé est devenu la proie des ténèbres : se prétendant sages, ils sont devenus fous ; ils ont troqué la gloire du Dieu incorruptible contre des images représentant l’homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes, des reptiles… » (Ro.20-23) Un fou qui se prétend sage !


DIRE LA VÉRITÉ À partir du moment où nous avons connu La Vérité6 , connaissons-nous nos responsabilités ? « Malheur à moi si je n'évangélise pas ! »7 Il faudrait plutôt dire "dommage !" et non "malheur", mot toujours galvaudé par ceux-là même qui ne se privent pas de dire – même à juste titre – qu’ils refusent l’idée d’un Dieu vengeur. Oui, dommage pour moi et dommage pour ceux qui m’entourent. Ceux à qui je ne donnerai peut-être pas la chance, l’opportunité de savoir qu’ils peuvent être heureux, vraiment heureux. Et qu’ils peuvent aussi s’appuyer sur Quelqu’un ! Le monde a faim. Il a si faim qu’il butine, de-ci, de-là, les fleurs artificielles du monde et de son 6

Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie, dit Jésus (Jean 14,6)

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(1 Corinthiens 9,16)

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prince. Le monde qui, le savez-vous ? attend la nourriture qui ne déçoit pas et qu’on appelle « pain de Vie » ! Ce pain de Vie, si nous l’avons, nous est-il permis de le consommer sans partage, sous le regard de tant de pauvres affamés ? Si nous ignorons ces pauvres qui, le plus souvent, ignorent eux-mêmes qu'ils le sont, comment Celui qu’ils doivent découvrir parlera-t-il à leur cœur ? Si nous sommes encore des "croyants" de l’ancien testament, faudra-t-il que Dieu renvoie Son Fils, pour qu’on le crucifie de nouveau ?8

Ce n’est pas pour rien que Thérèse Neumann, Marthe Robin et tant d’autres mystiques connus et inconnus, ont incarné Jésus Crucifié lors de certaines extases. Finalement, cela ne répond-il pas au désir de Dieu de rappeler au monde la mission du Christ ? 8


MOÏSE ET LES ISRAÉLITES Souvenons-nous : les israélites sortent d'Égypte pour aller vers la Terre promise. C’est le Seigneur qui conduit le troupeau, le Seigneur par l’entremise de Moïse. Quand Moïse est présent, le troupeau demeure sage. Mais voici que Moïse s’en est allé : « Il resta sur la montagne quarante jours et quarante nuits. » (Exode 24.18) Impatients déjà, perdus, apeurés comme de jeunes enfants sans leur père, les israélites se rassemblent alors auprès d’Aaron et lui disent : « Debout ! Faisons des dieux qui marchent à notre tête, car ce Moïse, l’homme qui nous a fait monter du pays d'Égypte, nous ne savons pas ce qui lui est arrivé. » (Exode 32,1) Trahison ! Comme pour les israélites, notre trahison commence ici : « Faisons des dieux qui mar27


chent à notre tête ! »9 Et les dieux, aujourd’hui plus qu'hier peut être, ce n’est pas ce qui manque ! Cependant, Dieu le Père avait - et a encore - à l’égard des traitres que nous sommes, un plan d’amour. Depuis que le Fils de l’Homme nous a sauvés, nous allons encore avec Lui vers cette Terre de paix, de joie et d’amour, tout comme les israélites y allaient avec Moïse. Nous savons, d’évidence, que le grand problème de l’homme a toujours été son incapacité à marcher seul – vraiment seul – et libre. Sans cesse, comme le firent les israélites, il se fait des dieux pour marcher à sa tête, bâtissant et rebâtissant des veaux d’or. Mais revenons à Moïse. « Moïse dit à Aaron : Que t’a fait ce peuple pour que tu amènes sur lui un grand péché ? Aaron dit : Que la colère de mon Seigneur ne s’enflamme pas ! Tu sais toi-même que le peuple est dans le malheur. Ils m’ont dit : "fais-nous des dieux qui marchent à notre tête", car ce Moïse, l’homme qui nous a fait monter du pays d'Égypte, nous ne savons pas ce qui lui est arrivé. » (Exode 32.21) Alors, tout comme Moïse, nous sommes pris de pitié pour ce peuple. Ce peuple qui est déjà – ou encore – nous… Nous, sans Celui que le Père a envoyé spécialement pour que nous ne soyons plus seuls et qu’il a donc ressuscité. 9

(Exode 32.1)

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Comme nous sommes privilégiés ! Moïse n’était pas Jésus, lui. Moïse ne pouvait rien faire d’autre que d’intercéder auprès de Dieu ; ce qu’il fit de toute ses forces et de toute son âme, avec humilité : « Or, le lendemain, Moïse dit au peuple : Vous avez commis un grand péché, mais maintenant, je vais monter vers le Seigneur ; peut-être obtiendrai-je l’absolution de votre péché. » (Exode 32.30) « Je vais monter vers le Seigneur ! » Moïse, fidèle et dévoué serviteur, doit s’élever, gravir la montagne pour intercéder auprès du Père. Il dit : « Peut-être obtiendrai-je l’absolution ! » Notons bien ce : "Peut-être". Il tente une requête dont il ignore l’aboutissement : soit le pardon, soit le refus du pardon. Nous sommes dans l’ancien testament. Jésus n’est pas encore venu. Moïse n’est qu’un homme parmi les autres hommes. Un homme certes que Dieu a particulièrement touché, mais un homme avec ses vues, ses limites humaines, son impuissance. Moïse n’a pas été le témoin de l’amour d'un père qui pardonne par son fils mis en croix. D’où le « peutêtre ». Nous sommes loin ici du cri de confiance de la petite Thérèse de Lisieux, elle qui allait jusqu’à dire : « Même si j’avais commis tous les crimes possibles, je garderais toujours la même confiance10 ». Avec Jésus, c’est Dieu qui descend vers l’homme. C’est l’homme-Dieu parmi les hommes. C’est le fils de l’Homme dans ce qu’il a de plus profond, d'ache10

Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus : Derniers entretiens - 11 juillet 1897.

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vé… Et avec quelle puissance manifeste-t-il le pardon ! Avec lui ce n’est plus : « peut-être obtiendraije le pardon ! » Il est, lui-même, l’incarnation de ce pardon, l'absolution divine. La plus importante des révolutions qui ont marqué notre monde est bien celle-ci : Dieu est venu. Luimême ! Il s’est abaissé, s'est fait tout petit ; d’où cette parole qui met un terme à sa mission d'il y a tout juste vingt siècles : « Tout est achevé ! » Il fallait que, tôt ou tard, cela se fît car notre Dieu est d’abord « Amour » et Il voulait nous le montrer. Ancien testament. Nouveau testament : Jésus charnière divine. Charnière dans le sens de « qui a pris chair pour unir ». Différence de berger : l’un – Moïse – homme droit mais totalement impuissant à sauver le peuple que Dieu lui a confié ; l’autre – Jésus – total accomplissement du salut de l’humanité, que cette dernière soit d’origine juive ou grecque, esclave ou libre, riche ou pauvre, noir ou blanche. Jésus ne nous dit-il pas ces mots que les israélites eux-mêmes n’ont jamais pu entendre ? « En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis. Je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé… » (Jean 10.7-10) La terre promise est là : nous pouvons y pénétrer maintenant. Cela ne dépend plus que de nous.


JÉSUS-CHRIST « Car ils tournent le dos, ils ne me regardent pas. » (Jérémie 2.19-28) Avons-nous bien compris et franchi le cap décisif de l’ancien testament ? Jésus est-il bien, pour nous, plus que Moïse pour les israélites ? Avons-nous renoncé au Veau d’Or, aux vains sacrifices, aux vaines immolations, à la lettre qui tue ? Avons-nous compris de quel Amour nous sommes aimés et dans quel esprit nous devons nous engager à vivre ? Nous étions, à jamais, séparés du Père. Pas un prophète, pas un homme – même saint – n’eût rétabli le lien filial. Lui, Jésus, l’a fait, allant même jusqu’au sacrifice suprême de sa vie, nous montrant ainsi que s’Il nous aimait à ce point, le Père nous aimait bien davantage encore... 31


Jésus a pris sur lui nos trahisons, nos péchés. Il les a présentés au Père, avec des larmes de sang. Nous étions prisonniers, irrémédiablement éloignés de notre créateur ; il est venu et de sa mort a jailli l’Esprit qui, désormais, nous relie au Père. Voilà pourquoi, au risque de choquer les croyants des autres religions, nous ne pouvons vivre de vrai bonheur que si nous sommes chrétiens ! Voilà pourquoi on nous dit que c'est ça : "la Bonne Nouvelle" ! (sinon, cela voudrait dire quoi, ditesmoi donc ?) Et une bonne nouvelle, ça rend heureux ! Jésus a dit : « Père ! Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font… » (Luc 23.34) Nous ne savions pas et nous ne savons toujours pas ce que nous faisons ; mais Jésus, même notre ignorance, il la paie avec son sang. Car s’il est venu sur la terre – notre terre – il a souffert avec nous, et plus particulièrement de cette misère de "séparation" dans les moments difficiles ; celle qui garde orphelin celui qui ne connaît pas son père. Oui, il a vu, il a senti la détresse de toutes ces foules privées de vie. Et son cœur de pauvre ne s’est pas endurci. Il a dit, il a soupiré longuement : « Père , prends ma vie ! Mais fais qu’ils te reconnaissent, Toi, leur Père ! » Et le Père l’a exaucé : ressuscité d’entre les morts – physiques et spirituels – Jésus est devenu notre divin médiateur. Lui, et Lui-seul ! Pas une idole, pas 32


une œuvre (même bonne) ne conduit à Dieu. Personne ne s’approche de Lui ni ne se réconcilie avec lui par ses mérites personnels : Jésus a tout accompli et nous n’y sommes pour rien. À présent, c’est comme une source qui coule, abondante, à l’infini. Il suffit de nous y plonger et d’y boire pour être radicalement transformés. Comment se fait-il alors que tant d’entre nous soient, en bien des points, semblables aux israélites ? Que tant de gens qui se disent "chrétiens" continuent de vénérer le veau d’or, se complaisant dans une foi de moineau satisfaite d’un berger-christ à peine plus grand qu'un Moïse ? Comment expliquer que tant d’entre nous, dans des communautés dites d’amour, se réclament d’un Jésus vivant en eux et ressuscité, tandis qu’ils passent leur temps à s’entredéchirer ? Comme au soir d’une résurrection qui n’en finirait pas de se faire attendre, ils sont là, debout face au tombeau du grand maître, figés dans cette attente... qui n’attend rien et dont ils ne semblent même pas souffrir. Ou plutôt… parce qu’ayant baissé pavillon devant l’ennemi juré de notre Père des Cieux, – celui auquel on ne croit guère – qu’on appelle pourtant "prince de ce monde", ils préfèrent à Jésus le joug accablant du péché et de la loi qui le sanctionne. Malgré les tragédies et les brisements de la vie, garderont-ils toujours la nuque raide ? Le monde se déchristianise ; partout règne le veau d’or et le catholicisme n’est plus souvent qu’une 33


histoire ancienne rappelant le vague idéal d’un audelà mêlé à toutes les sauces. Nous autres, chrétiens, n’ayons pas la nuque raide de ces prêtres modernes du genre pharisien ou de ces spécialistes trop acharnés sur les lois et les pratiques ! Nuque de ces politiciens satisfaits d’euxmêmes, ou de ces politico-chrétiens. N’ayons pas la nuque de ces matérialistes ou matérialo-chrétiens ! Christ est trop compromis dans les folies du monde. Mi-Christ, mi-veau d’or. Christ or du monde, mais palpable, négociable, consommable à merci. Christ au rabais, avec ou sans la croix. Christ ressuscité, avec ou sans résurrection. Pourquoi Jésus, le Nouveau testament et l’an zéro ? Pour qui ? Est-ce pour faire parler les docteurs de la lettre ? Simple affaire de tradition, de folklore, de routine... ou de morale domestique ? Ce nouveau testament vaut-il uniquement pour nous, gens de la loi, qui trouvons notre intérêt à n’en être pas affranchi ? Le monde chrétien a tout pour être heureux, mais il ne l’est pas, tout au moins dans le sens spirituel du mot "bonheur"… paix et joie profondes vécues dans l’Esprit Saint, lesquelles engendrent d’elles-mêmes de nombreux fruits d’amour. Il n’est pas heureux parce qu’il ne connaît pas Dieu, sinon en théorie. Oui, reconnaissons que si une grande partie de l’humanité se dit chrétienne selon les statistiques, la majorité d’entre elle ne l’est que de nom. Quant au bonheur que Jésus promet à celles et ceux qui 34


acceptent de le suivre en vérité, depuis belle lurette elle a cessé d’y croire. Tout au plus, dans la grisaille de son existence essaie-t-elle de catéchiser et de servir les autres, mais avec si peu de conviction ! Or si nous nous croyons "sauvés" (sauvé de quoi ?) comment ne pas être heureux ? Et si nous sommes heureux, cela devrait se voir ! Jésus a dit : « Moi, lumière, je suis venu dans le monde, pour que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres… » (Jean 12.46) N’est-ce pas suffisamment clair ? Les ténèbres dont il parle sont-elles uniquement réservées aux autres ? Si Jésus n’est pas la lumière de ma vie – fût-elle parfois même simple petite veilleuse – c’est que je ne crois pas en lui et que je n’ai pas conscience d’être dans les ténèbres. Car découvrir mon salut en Jésus-Christ c’est en même temps savoir que je suis perdu si je reste dans mes ténèbres. Et qu'il m'est impossible de bien vivre de cette vie nouvelle qu’il me propose si je ne suis pas délivré de ma vieille servitude. Une vraie conversion chrétienne commence toujours par cette prise de conscience avant d’entrer dans une phase de transformation. Comme le grain de blé, il faut être mis en terre et germer pour porter du fruit. Être – néant. Bien – mal. Lumière – ténèbres. Vérité – mensonge. Si tout ce qui s’affirme ici n’a 35


de sens que par rapport à son contraire, il en est de même pour la bonne nouvelle : Ancien testament – Nouveau testament. Vieil homme – Homme Nouveau… Nous n’existons par Dieu que parce qu’il y a mort en dehors de Lui. Ainsi en est-il, également, de la conversion authentique par rapport à celle qui n’en est que le semblant. (Et combien Jésus en souffre, de ces faux-semblants qui trahissent le vrai visage de Dieu ! Qui laissent croire à la suffisance des pratiques et des vertus pour se "procurer" le royaume !) Des ténèbres où nous croupissions, nous avons le devoir de venir à la lumière. De la loi et de ses pratiques où nous étions plongés pour notre propre confusion, par Jésus et son miracle d’amour nous sommes invités à entrer dans une prière d'adoration en esprit et vérité. Si nous ne sommes pas de cette bergerie-là – celle des chrétiens transformés, revivifiés – c’est que nous n’avons pas encore expérimenté notre propre éloignement de Dieu et que, de ce fait, nous n’avons pas éprouvé le besoin d’en sortir. Et, sachons-le bien, nos assiduités aux services paroissiaux n’ont aucun pouvoir sur cette mort-là. Nous ne pouvons pas échapper à la conversion, à un nécessaire retour vers le Père. Nous avons beau nous cacher la vérité, reculer indéfiniment l’échéance, nous illusionner, trouver même des prétextes pour ne pas changer de vie, l’évidence demeure : 36


« Convertissez-vous ! »11 Aujourd’hui, nous le savons trop, la conversion passe pour une affaire d’initiés. N’est-ce pas excessif que d’en arriver à vouloir vivre l’Évangile à ce point ? Le "quitte tout et suismoi !12" de Jésus est certainement valable et bienfondé, mais qui peut vraiment le faire ? On ne veut pas entendre parler de conversion parce qu’on ne veut pas changer de vie. Nous ne sommes nullement des innocents, détrompons-nous ! Désillusionnons-nous ! Grandes sont nos richesses, grand est notre péché : radicale devra être notre conversion. Oui ! Et si le monde chrétien est ce qu’il est, avec ses chicanes de surface, c’est bien parce que la conversion – même et surtout chez lui – a très mauvais goût. Faut-il attendre l’adversité, l'accident, la maladie, la mort, l'effondrement de nos beaux projets ? Faut-il que Dieu donne de lui-même la leçon à ceux qui refusent de comprendre, et que de la blessure profonde qu’il aura ouverte dans leur vie, jaillisse l’évidence de leur enténèbrement ? L’évidence d’un besoin fondamental de Dieu ? À quand le CRI de Saint Paul : « Misérable que je suis ! » ? 13 11

(Actes 2, 38)

12

(Marc 10, 21)

13

(Romains 7, 24)

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À quand l’orgueil blessé, la tiédeur et la vaine suffisance démasqués ? Car il ne peut en être de nos vies chrétiennes comme d’une simple adhésion à un parti politique. Christ est-il, oui ou non, notre sauveur ? Notre oui est-il vraiment un OUI ? Ou alors, n’espérons-nous pas nous sauver nousmêmes ? Nous ne devons pas nous contenter des demimesures ; celles-ci vont trop bien aux gens qui ont encore quelque chose à perdre ! Pour nous, chrétiens que le christ a sauvés, c’est SA VIE ou rien du tout ! C’est oui à l’œuvre de sa vie en notre vie ou bien c’est non, et inutile de dire : "Seigneur ! Seigneur !" Dieu a suffisamment souffert de la prostitution et des mensonges de son peuple. Il nous demande d’avoir au moins le courage d’ôter nos masques. « Le péché du monde – dit Jésus – c’est qu’il ne croit pas en moi. » (Jean 16.9) « Qu'il ne croit pas en moi ! » Non pas qu'il ait été gourmand ou menteur, paresseux ou voleur. Non ! Son péché c'est d'abord de ne pas croire. Ou de faire semblant... ce qui revient au même.


RENCONTRER LE PÈRE Et puis, si croire en Jésus c’est déjà le connaître comme lumière du monde, c’est aussi, par lui, rencontrer le Père : Notre Père ! Ce Père qui nous a tout donné, qui a fait notre vie. C’est revenir, après un long et difficile exil, à la maison du père. C’est redevenir fils ! « Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. » (Jean 8.19) Jésus n’est pas venu sur terre pour être uniquement le Dieu du Ciel. Il a été envoyé, par le Père, en sacrifice d’amour, afin que nous puissions devenir Dieu. Connaissant Dieu, entrant dans son intimité…. « Qui me voit, voit le Père ! » (Jean 14,9) Tout l’ancien testament témoigne d’une longue et douloureuse attente ; tout le nouveau crie la joie de 39


notre Dieu qui est désormais avec nous : Emmanuel ! Nous ne sommes plus orphelins. Par l’esprit du père en nous, nous pouvons nous écrier : Abba ! Père ! Papa… Oui… "Papa !" comme le dit un petit enfant plein de confiance. Je me souviens que quand j’étais petit – j'avais alors cinq ou six ans – j’appelais mon papa de la terre "Appa !" Et j’ignorais alors qu’à une lettre près je n’étais pas loin de nommer mon père du ciel… Il y a les ténèbres, il y a l’esprit du mal. Mais nous, par notre foi au Fils et au Père, nous sommes dans la lumière de la vraie vie, nés de nouveau et hors d’atteinte des projectiles enflammés du malin.


LES TÉNÈBRES Certes, Dieu nous attend tous, païens ou non, mais combien de temps attendra-t-il encore ? Son amour est infiniment patient, mais quel autre vent de folie ne risque-t-on pas de voir bientôt passer dans le cœur des enténébrés avant que tout ne soit consommé ? Avant que le Père nous renvoie son Fils en gloire ? Il attend patiemment. Il attend, tandis que nous, nous nous débattons dans d’innommables bourbiers. Nous sommes, en quelque sorte, sans le savoir, des sursitaires d’une mort totale et définitive. Et si Jésus n’est pas venu hier nous surprendre, c’est afin que nous ayons encore notre chance de figurer parmi les sauvés ! Car si nous sommes païens, Dieu nous appelle à L’entendre ; et si nous sommes chrétiens Il nous demande non seulement de ne pas en rougir, mais aussi et surtout... de le DIRE ! 41


« Ne vous associez pas aux œuvres stériles des ténèbres, démasquez-les plutôt ! » (Éphésiens 5.11) « Petits enfants, gardez-vous des idoles ! » (1 Jean 5.21) Oui, ayons sans cesse au cœur ces paroles... et laissons celui qui a accepté la souffrance et la mort comme rançon nécessaire à notre salut, emprunter nos vies pour crier dans les ténèbres : « Si vous ne croyez pas que JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés ! » (Psaume 40 8-24) « Si vous n’entendez pas, c’est que vous n’êtes pas de Dieu ! » (Psaume 40 8-47) « Si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ? » (Psaume 40.8-46) Cri d’amour jeté spontanément par un Père qui voit la mort se précipiter sur ses enfants. Cri d’avertissement. Cri du Dieu vivant, du créateur du ciel et de la terre, des perfections visibles – celles que nous connaissons – et des perfections invisibles que nous avons tant de mal à reconnaître. Cri du sauveur en croix ! Cri de miséricorde ! Cri de rédempteur !

* * * 42


Comprenons-le bien : il y a une fausse lumière, toute artificielle, créée par le prince de ce monde pour le besoin des ténèbres et de ses œuvres stériles. Cette lumière éclaire tant bien que mal dans notre nuit et s’appelle de toute sorte de noms séduisants tels que : raison, humanisme, savoir, confort… Elle est alimentée et renouvelée sans cesse par une solution d’amertume dont l’origine est la chute. Jamais elle n’a cessé de se nourrir du péché originel. Merveille ! serions-nous tentés de nous exclamer, puisque ce péché originel, "débloqueur" de la connaissance non seulement du bien et du mal mais aussi de toutes connaissances, nous aura au moins permis de gagner la lune. Or, n’en déplaise à certains, les bonnes choses ne valent rien en dehors de Dieu. Toutes passent ; toutes seront détruites à plus ou moins long terme, ou bien se détruiront d’ellesmêmes. Pourquoi donc donner son cœur à ce qui n’est voué qu’à la poussière ? Cela ne revient-il pas à édifier une maison sur du sable ? Un homme vraiment censé, avant de construire, s’assurerait déjà de la stabilité du terrain. Que ce soit demain ou dans plusieurs siècles, la catastrophe vient. Se voiler la face ou se boucher les oreilles ne serviraient à rien. Et même s’il est sensé d’approuver le progrès et l’humanisation du monde – Dieu lui-même l’approuve sans doute – il n’est pas moins censé de dire que la seule idée d’un pro43


grès ayant pour unique objet le bien-être matériel des hommes, est une absurdité. Dieu veut notre bonheur ; mais il sait que ce bonheur-là est inconcevable en dehors de Lui, et que l’homme qui cherche à faire soi-même son bonheur – ou sa vie – se replace aussitôt et sans même le savoir dans le contexte de la chute et de ses conséquences. C’est aujourd’hui le désespoir de tant d’hommes ; ce sont les guerres, les suicides – lents ou rapides –. Combien sont atteints d’un mal impossible à définir, et pour cause : il est de Dieu ! « Hors de Dieu, point de salut ! » et, certes, surtout, pas de bonheur ! même si, sans Lui, nous en avons un peu maintenant. Pas de bonheur si nous sommes séparés du Père ! Et ceux qui disent le contraire ont, de toute évidence, la vue courte. Si nous vivons en Dieu, nous recevons tout de sa divine sagesse ; et cette sagesse nous fait vivre et bâtir non pas en fonction d’un monde matériel, propriété et finalité provisoires de l’homme, mais en fonction d’une certitude crue et vécue dans la foi : L’homme, de passage sur cette terre, est voué à une autre vie : l'éternelle ! Il se sert de tout pour construire de tout, mais garde son coeur pour Dieu et en Dieu. Il ne s’agit pas évidemment de demeurer les bras croisés. On peut fort bien être maçon et chrétien en même temps ; c’est même souhaitable, car le maçon chrétien ne s’illusionnera pas sur ses chefs-d’œuvre 44


mais leur donnera seulement l’importance passagère et secondaire qu’ils ont, par rapport à Dieu. Mais sachons qu'il existe encore, pour nous chrétien, une façon habile de détourner l’évidence. Si les hommes savent bien l’absurdité des œuvres faites hors de notre Dieu, beaucoup parmi eux se croient dans la vérité de l’Évangile en faisant, parallèlement aux œuvres de ce monde – auxquelles ils donnent le meilleur de leur cœur –, d’autres œuvres dites "de charité". Celles-ci excuseraient celles-là. Les chrétiennes, en quelque sorte, rachèteraient les païennes. Avec un peu de don de soi et de pratiques religieuses, on s’imagine ainsi plaire à Dieu… Et nous sommes nombreux à allier de la sorte la passion des affaires à la passion du pauvre, la première portant d’autant plus de fruits que l’on y met plus son cœur, la seconde mourant au fil des jours parce qu’on n’y trouve plus son intérêt. De plus en plus, chrétiens ou non, nous sommes impliqués dans ces histoires de capitalisation, ne serait-ce que sous forme de plan d’épargne, de construction et de droits divers à défendre ; droit, entre autres, de se replier sur soi-même et de clôturer sa maison pour être tranquille. De plus en plus, nous avons nos maisons bien à nous, bâties sur du sable et jamais achevées du fait que nous ne les trouverons jamais assez belles ni confortables… Et c’est le prince des ténèbres qui se joue de nous, par-dessus le marché, quand il cherche à nous faire croire que la thésaurisation et l'indi45


vidualisme ne déplaisent pas à Dieu ; qu’au contraire il n’y a rien à se reprocher quand on cherche honnêtement son chemin à travers les folies du monde et que, de toute façon : « Qui peut vivre aujourd’hui l’Évangile de JésusChrist ? » Alors, comprenons pourquoi tant d’entre nous, qui auraient trop à perdre s’ils acceptaient l’intégralité de l’Évangile, se contentent de vivre extérieurement un christianisme qu’ils ont pris bien soin de censurer un peu partout. C’est ainsi qu’on les voit préférer la vie mondaine, avec ses joies faciles, ses affaires et ses consommations enivrantes, à la vie chrétienne qui est simple, noble, belle et sans masque, avec ses joies profondes et réfléchies, son passionnant chemin de sanctification, sa foi unique en une vie nouvelle et éternelle. On cueille facilement les fruits faciles qui sont verts ; on les gaspille aussi parce qu’il y en a trop. Les vrais fruits, eux, sont – comme tout ce qui est bon – rares et précieux. Parce qu’ils sont authentiques ils sont éternels et c’est dans l’éternité qu’on pourra vraiment les savourer. Pas avant : l’homme n'est pas « achevé » ici-bas.14

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Nul ne peut voir Dieu sans mourir (Exode 33,20)


LE MONDE Le monde, comparons-le à la Samaritaine. Celle-ci puise de l’eau : il en faut pour vivre. Ce peut être ici notre "train-train" quotidien ; ce peuvent être nos besognes, nos luttes pour un monde meilleur ; ce peut être aussi notre foi : foi morte ou affaiblie, ou satisfaite d’elle-même. Ce peuvent être nos bonnes œuvres. Et que dit Celui qui demande à boire ? Que nous dit, que dit au monde entier – à ce monde qui s’obstine tant à ne point L’entendre... – que dit Jésus ? Il dit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est Celui qui te demande à boire, c’est toi qui le lui demanderais. » (Jn 4.1-14) Il ne dit pas au monde de panser ses plaies comme il le peut et puis, une fois à bout de souffle, de se tourner vers Lui. 47


Non ! Jésus dit déjà de nous tourner vers lui : c’est lui qui nous aidera à panser toutes nos plaies. « Si tu savais le don de Dieu… » « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa Justice, et toutes choses vous seront données en plus. » (Matthieu 6,33) Cherchons D’ABORD ce Royaume et il nous sera donné la force et le moyen le plus efficace d’aider nos frères souffrants ; non pas selon nos plans, mais selon la volonté de Dieu. Ne nous sentons pas obligés de nous lancer à corps perdu dans la bataille des luttes sociales. Ne croyons pas, parce que nous allons être quelque temps dans une sorte de "solitude" avec Dieu, que nous trahissons nos frères… Avant toutes les grandes batailles, les chefs d’étatsmajors se concertent auprès du Général en chef. Et nous, notre chef c’est Dieu. Notre combat, le plus difficile qui soit au monde, c’est l’Amour. Dieu nous demande déjà de venir chercher en Lui le plan de la bataille. Si nous nous privons des conseils et de l’armement nécessaires, nous serons peut-être de braves et vaillants soldats mais une fois morts au champ d’honneur, pourrons-nous encore nous rendre utiles aux autres ? Dans le combat auquel nous sommes engagés, Jésus vivant est l’indispensable soutien. Faire l’économie de cette Puissance ne vient à l’esprit que des sots, des orgueilleux ou bien des riches. Ces derniers 48


peuvent donner pour les pauvres ; Lui, veut les donner aux pauvres ! Quelle différence ! Eux, peinent dans les demi-mesures ; Lui, veut les rendre libres et légers dans l’immense folie de l’unique mesure qu’est Sa Croix ; et non seulement il le VEUT pour chacun d’entre eux, mais il a la possibilité de les rendre tels qu’Il le désire, quelles que soient leurs souillures, à la seule condition qu’ils Lui soient soumis. C’est Lui qui se donne ! De nombreux chrétiens estiment superflue une telle attitude de soumission au fils de Dieu ; et cela parce qu’ils ne croient pas possible l’action concrète et véritable de Sa vie en eux. Conseillons-leur de lire et de relire les Actes des Apôtres et les Évangiles. Certains, pleins de bonne foi, pensent qu’il est lâche d’attendre le bon vouloir du Seigneur, tandis qu’il y a tant de choses à faire autour d’eux. Certes, le monde a besoin – tout de suite – de bras solides ; mais souvenons-nous de Marthe et de Marie chez qui Jésus vient en visite. Leur maison est sûrement bonne à nettoyer ; l’Évangile ne nous dit pas quelle couche de poussière recouvre les meubles, le sol, ni quel tas de vaisselle sale encombre la table ; mais on devine l’agitation de Marthe qui n’a rien pourtant d’une excentrique… N’en est-il pas de même pour nos maisons d’aujourd’hui ou, plus généralement, pour nos vies ? N’est-il pas urgent de les nettoyer ? De les analyser ou psychanalyser ? 49


N’est-il pas dit : « Aide-toi et le ciel t’aidera ! » Oui, mais que pouvons-nous faire de vraiment positif par nos seuls moyens humains, par nos seules lumières d’homme ? Que pourrions-nous apporter aux miséreux, sinon notre propre misère ? Si nous sommes incapables de nager, pensons-nous pouvoir sauver quelqu’un qui se noie ? Et rien ne sert de nous révolter : nous pouvons ou non ne pouvons pas. Que nos cris ne soient plus des cris de haine, de découragement, de dépit – si justifiés soient-ils – mais que ce soient des cris de vérité ! Les propres cris de notre Sauveur en Croix ! Au lieu d’aller, tête basse, accomplir nos bonnes œuvres, ne vaudrait-il pas mieux nous laisser tomber à genoux devant Celui qui est TOUT, et lui confier une bonne fois notre impuissance ? Lui dire : « Seigneur, j’ai compris… Je suis tout à fait incapable d’aimer et d’aider mon prochain comme tu le demandes. Je suis aveugle. À longueur de journée je brasse du vent et mon cœur reste dur. Toi qui connais ma misère et en même temps le désir profond de mon cœur, aide-moi ! » Si notre prière est sincère, pourquoi ne serions nous pas pris au sérieux ? Encore faut-il en arriver là… Car le prince de ce monde veille sur son royaume.

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L'ennemi du Retour Ou on le voit partout ou on ne le voit nulle part. Il nous effraie ou bien il nous fait rire. Certains d'entre nous – les soi-disant intelligents – prétendent qu'il n'est que symbole et non réalité. Et cela bien que Jésus Lui-même, de qui pourtant ils excellent à commenter la Parole, dit sans modération qu'il est un adversaire redoutable et même qu'il faut nous en méfier et lui résister fermement dans la foi. « Soyez sobres, veillez ; votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui il pourra dévorer » (1 Pierre 5.8) Celui qu'on nomme « Prince de ce monde » est bien plus présent qu'on ne l'imagine. Et s'il fiche la paix à ceux et celles qui, d'une certaine façon, vont dans son sens, il fait en revanche tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher les vrais retours vers le Père. Le plus redoutable pour lui – et donc ce sur quoi il se montre plus particulièrement réactif – c'est la démarche sincère qui conduit à la conversion. Car ce diable – si on y croit bien sûr – empêchera toujours de tels élans de spontanéité. Il est le roi de la mascarade, père du mensonge. Comme un oiseau de proie prêt à fondre sur tout ce qui bouge, il se fait menaçant quand nous nous égarons du chemin où il nous veut bien captifs. Il veille à ce que nos œuvres contribuent à l’accomplissement de son plan à lui. C’est ainsi que nous pouvons être de très bons 51


ouvriers de voirie ; mais attention ! ce peut être de la spacieuse ! Certes, il rétribue correctement ceux qu’il emploie et distribue, lui aussi, du pain en abondance. Mais, contrairement au Pain qui donne Vie, celui-ci – le sien ! – n’a pas de goût véritable. Or le monde, si souvent affamé de tout et de rien, se laisse facilement entraîner dans le piège du pain rassis. Il n’est que de regarder autour de soi pour voir ceux qui consomment : de l’aliment, de l’idée, du confort… Ceux qui croient encore – sans l’aide de Dieu bien sûr – à des jours meilleurs sous le soleil… Ceux qui se battent – sans Dieu – pour posséder toujours davantage. Misérables qui ne savent pas qu’ils le sont. Nantis ! – chrétiens ou non, cela n’a guère d’importance étant donné, souvent, le peu de différence avec ceux qui ne croient pas –. L’échec, pour eux, c’est peut être le commencement du salut ; au moment où, s’y attendant le moins, la "tuile" leur tombe sur le nez avec un bouleversement radical de leur « tout va très bien Mme la Marquise ». Ils étaient heureux et pensaient l’être pour toujours. Santé, abondance… Juste assez de tension pour se défouler de temps en temps. Juste assez de boulot pour ne pas trouver le temps trop long. Juste assez de bonnes actions pour se croire irréprochable. Et comme un fait exprès, la tuile c’est pour eux ! Ils relèvent la tête, se demandant s’il faut rire ou pleurer. Puis, comme la réponse ne vient pas, c’est le juron, l’invective. Et contre le ciel, cela va de soi. L’orage passé – quand il ne s’agit que de cela 52


bien sûr – cette grande exclamation surgit neuf fois sur dix : « Tout de même, ça faisait si longtemps que tout allait bien. Ah ! Nous sommes bien peu de chose sur cette terre ! » Et il aura peut être fallu cinquante ou soixante ans de dérive aveugle pour en arriver à reconnaître cette évidence : « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière. » (Genèse 3,19) Hélas ! Après cet éclair de réalisme, la chape de plomb se referme vite sur eux et ils n'ont plus qu'un objectif : Oublier LE problème ! Le problème qui se pose en ces termes : « Ou accepter de mordre dans la poussière et de n’en être relevé que par Celui qui donne Sens à la Vie ; ou bien revenir en arrière, à l’ancienne (antique) révolte, bifurquer vers les drogues douces et dire bien fort et la colère à l’œil : « Si c’est ça l’œuvre de votre Dieu, bonnes gens, eh bien vous pouvez vous le garder ! » Reconnaître l’évidence de notre néant sans Dieu, même s’il y a révolte en nous, n’est-ce pas, déjà, être dans une démarche de "retour" vers le créateur ? Et si, durant ce retour, nous nous mettons soudainement à nous faire l’avocat du diable (arguments païens à l’appui) n’est-ce pas pour qu’on nous prouve, comme par "a" plus "b", cette vérité qu’on aimerait tant découvrir, dont on a le besoin vital de savoir avec certitude qu’elle est vraiment vraie. Cette vérité, pressentie, à laquelle on voudrait telle53


ment croire. Mais nous demandons l’impossible : la foi n’est pas un produit que l’on vend sur démonstration. Elle est un don gratuit fait par Dieu à qui est dans l’état d’esprit indispensable pour le recevoir. Cela dit, une telle attitude de recherche intéressée vaut mieux que l’indifférence des blasés… « Qui cherche trouve ! » (Matthieu 7, 7-12) Bien sûr, cela ne se fait pas en un clin d’œil ; et les multiples façons de revenir à la Source sont toujours très discrètes, de sorte qu’il ne faut pas s’inquiéter outre mesure des quolibets lancés à la face des croyants par ceux-là même qui, auparavant, avaient coutume de les laisser vivre bien en paix. Au contraire, il faut y voir l’action de Dieu : l’Esprit Saint, agissant comme il le veut, là où il veut et sous les formes qui lui plaisent, réveille à sa manière les coriaces endormis. Générateur d’angoisses et de sentiments de soudaine impuissance, il pénètre alors profondément les cœurs enténébrés jusqu’à ce qu’il y ait en eux jaillissement de lumière. Ce peut être dès lors le commencement d’un véritable accouchement. Après les douleurs, les bougonnements, les critiques acerbes, Dieu, pris de pitié, comme une mère en travail dans un ultime effort, chasse l’enfant de sa nuit. Vaincu, toute révolte éteinte, ruisselant encore des eaux divines, l’enfant cache alors ses yeux éblouis d’étonnement. L’enfant – cet enfant-là – est né de nouveau. Il n’aura plus jamais soif. 54


* * * La misère, quand elle conduit à la lumière, est une grâce de Dieu ; ce qui ne veut pas dire – et surtout pas pour ceux dont la vie n’aura pas un heureux dénouement ici-bas (nous connaissons tous la dureté de certains visages burinés par la souffrance) – que tout le tragique de l’existence humaine soit voulu par Dieu ; encore que... bien souvent, l’homme sait tirer le meilleur de ses épreuves. Or, devant cette éclatante victoire, désormais possible à tout le monde grâce au sauveur que Dieu nous a envoyé, les chances du mal (Satan) ne tiennent plus qu’à ceci : empêcher, à tout prix, les hommes de reconnaître leur détresse, autrement dit protéger le sommeil des captifs. Et comme il a beau jeu ! Notre société, avec toutes ses drogues, son clinquant, ses mensonges et ses ruses, lui sied à merveille. Il est si facile de réussir dans la vie, de s’octroyer une fortune, un nom, une gloire ! Et c’est tellement grisant ! Satan, bon chien de garde et bon médecin, veille personnellement sur la croyance de ses ouailles. On devine même son tressaillement de joie quand l’une de ses « vachettes », parvenue au summum du vedettariat, bondit d’orgueil en plein cœur de l’arène. Pour les autres, qui attendent leur tour de gloire, il s’occupe de leurs défaillances, répare à sa façon leurs accrocs, tout en prenant bien soin de ne pas les 55


laisser aller à la source ou à l’estuaire de leur misère profonde. Il fait et fera tout pour que l’accouchement de la nouvelle créature n’ait pas lieu. Autant dire que, sans la grâce de Dieu, il est impossible à l’homme de se tirer d’affaire.15 Oui ! Et il faut être bien présomptueux pour prétendre le contraire. L’adversaire est redoutable. Ses ruses sont innombrables et subtiles. Il n'est même pas impossible qu'il ne glisse discrètement à certains éprouvés des billets d’entrée pour le café du coin, la "drogue-partie", le meeting politique ou, cela étonnera peut-être... pour la messe du dimanche. Rien ne doit plus nous surprendre en ces derniers temps. La parole de Dieu ne dit-elle pas : « Les hommes, en effet, seront égoïstes, âpres au gain, fanfarons, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, sacrilèges, sans cœur, implacables, médisants, sans discipline, cruels, ennemis du bien, traîtres, emportés, aveuglés par l’orgueil, amis des plaisirs plutôt qu’amis de Dieu ; ils garderont les apparences de la piété, mais en auront renié la puissance. » (2 Timothée 3.1-5) Si le père des cieux connaît ses enfants, il n'y a aucune raison pour que le prince de ce monde ne connaisse pas lui aussi ceux qui, même inconsciemment, vont dans son sens et qu’il peut donc envoyer en terrain "dangereux " avec la certitude qu’il ne leur passera pas soudainement une crise de sincérité. 15

Nul ne vient à moi si mon Père ne l'attire, dit Jésus (Jean 6 44)

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Quel danger y aurait-il en effet à laisser aller un "ensommeillé" à la messe, là où le Christ répète inlassablement qu’il n’est pas venu apporter la paix, la fausse paix de ce monde… ? « C’est un feu que je suis venu allumer sur la terre ! » s’écrie-t-il. (Luc 12,49) Pas le feu du Parc des Princes. Pas le feu des gloires vaines et passagères. La parole de Dieu réveille, certes ; mais elle réveille seulement ceux et celles qui ont des oreilles pour l’entendre. Cela doit-il nous étonner si l’Église a subi et subit encorte des schismes, des tensions, des divisions ? Qu’est-ce donc que cette ivraie dont parlait Jésus et qu’il suppliait de laisser croître en même temps que la bonne herbe ? Ne nous y trompons pas, c’est toujours d’actualité ; et Dieu le sait. C’est lui qui un jour, bientôt peut-être, moissonnera puis brûlera l’ivraie. Ici encore, nous voyons la preuve de son immense amour. Sans craindre le déploiement du mal, avec une confiance absolue, il laisse agir les puissances maléfiques, même dans le corps de son fils qui est l'Église ; et pour cause : Il a déjà vaincu l’ivraie !

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Imaginons... Imaginons que l'ivraie soit l’homme, le vieil homme, captif sans le savoir du prince de ce monde. Imaginons que ce prince puisse susciter de multiples vocations : politiques, philosophiques ou même – pourquoi pas ? – religieuses ; tout cela dans le but de nuire aux vrais enfants de Dieu. Un Dieu, ne l'oublions pas, qu'il déteste. Ne "goulaguiserait"-il pas plus facilement l’Église ? Ne la "chapelliserait"-il pas plus sûrement ? Imaginons-le encore face à des sujets dangereux. Par exemple ceux qui sont proches d’une vraie réconciliation (avec Le Père, bien sûr). « Vois ! leur soufflerait-t-il, vois donc ces chrétiens dont tu veux faire partie. Vois leur imposture ! Si tu les connaissais un peu mieux, tu saurais qu’ils ne croient pas plus en Dieu que toi. Et puis, enfin, concernant leurs oeuvres, regarde-toi ! N’en fais-tu pas autant ? Leur charité, tu l’as aussi. Est-ce que tu ne rends pas autant de services qu’eux ? » Pour une meilleure pertinence de sa démonstration – suprême finesse – les ragots de bas étage, maintes et maintes fois rabâchés par certains de ses propres suppôts, ne suffiraient-ils pas à endiguer la sainte rébellion ? « Et les curés, dirait-il, est-ce que tu les vois montrer l’exemple ? Et le Monseigneur un tel, qui fait des siennes avec ses reliques ? Le pape avec sa tiare et son armée de luxe ? » 58


Satan, le monstre, irait jusqu’à déployer toute l’imposture de l'Église, sans omettre – bien sûr – les heures tragiques de son inquisition. Quel jeu facile ! Comment ne pas se sortir vainqueur d’un combat dans lequel l’attaqueur et l’attaqué auraient le même chef ? Malgré cela, resteraient les plus difficiles à décramponner de l’idée qu’ils se font de l’Église. Et comme le grappin a plus d'un tour de stocké dans son ordinateur du mal, lui, le mal personnifié, se montrerait tout à coup fort exigeant : « Si vous mes amis, vous qui vous proclamez chrétiens, vous n'êtes pas irréprochables, eh bien moi je vous dis que vous n'êtes pas chrétiens ! Car votre Jésus, soi-disant fils de Dieu, dit lui-même que ses disciples doivent être parfaits comme le Père céleste est parfait. » Le diable, pour mieux enfoncer son clou, pourrait enfin sortir de sa musette une carte de choix : La drogue. Lui, l’expert en drogues, il aurait ainsi – tenez-vous bien – le culot de vous dire que vous vous droguez avec votre foi ; ce qui, cela dit en passant, pourrait être vrai si le christianisme était un passeport permettant d’entrer dans toutes les jouissances du monde. Mais un chrétien digne de ce nom n’a rien en lui qui caractérise un drogué, bien au contraire... Il a reçu ordre et vocation de devenir saint. Et Satan aurait même raison d'exiger pour lui la perfection et rien de moins. 59


Nous sommes ici volontairement dans le conditionnel. Mais est-ce si invraissemblable que cela ? Reconnaissons que tout est là : La conversion de bien des enténébrés dépend, trop souvent, de la façon dont nous vivons notre christianisme. Et malheur à ceux qui le vivent comme des païens ! Malheur à moi si ma vie ne tend pas à se conformer à celle de mon Maître ! Car : « Autrefois j’étais ténèbres ; maintenant je suis lumière dans le Seigneur. Je vis en enfant de lumière. Et le fruit de la lumière s’appelle : bonté, justice, vérité. » (Ephésiens 5.8-9) * * * Hélas ! Mille fois hélas ! « Beaucoup, je vous le disais souvent et le redis maintenant en pleurant, se conduisent en ennemis de la croix du Christ. Leur fin sera la perdition ; leur dieu, c’est leur ventre, et leur gloire, ils la mettent dans leur honte, eux qui n’ont à cœur que les choses de la terre. Car notre cité, à nous, est dans les cieux, d’où nous attendons, comme Sauveur, le Seigneur JésusChrist, qui transfigurera notre corps humilié pour le rendre semblable à son corps de gloire, avec la force qui le rend capable aussi de tout soumettre à son pouvoir. » (Philippiens 3.18-21) 60


Que Dieu nous donne la grâce de nous reconnaître tels que nous sommes, et non pas tels que le "Menteur" veut nous faire paraître ! * * * Quoi que nous fassions, et même de grand et beau, nous ne sommes rien : nous en éprouvons tôt ou tard le douloureux sentiment. Tout au moins, nous ne sommes rien en dehors de Celui qui nous fait ÊTRE. Il suffit que nous ouvrions tout grand nos cœurs aux misères du monde pour comprendre à quel point l’idéal d’un être de chair qui voudrait se faire semblable à Dieu par sa force et son intelligence, n’est qu’une divagation de fou et d’orgueilleux. Mais, ici encore, il n’y a que Satan pour oser mettre en tête de telles idées. Toutes les conversions authentiques passent nécessairement par la reconnaissance de notre propre petitesse. À tous ceux qui n’ont pas cru bon revenir chez le Père malgré sa main tendue et son Fils donné ; à celles et ceux qui n’ont pas eu la chance d’une conversion sincère, suggérons de scruter plus attentivement les ténèbres. Certes, ils n’y trouveront peut-être pas de grâces, ni même de forces pour surmonter leur petitesse ; mais ils commenceront à entrevoir ce qu’ils n’ont pas encore osé regarder de si près : l’illusion de 61


leurs possessions matérielles et de leurs grands idéaux. Comprendront-ils combien, hors de Dieu, tout risque de n’être que drogue – tout comme en Dieu tout peut devenir grâce – et combien leur pauvre existence en dépend, au point de ne plus savoir ni pouvoir vivre sans dopage. Saisis d’un profond abattement, se mettront-ils à trembler ? Il est si dur de se voir tels que nous sommes ! Puissions-nous avoir tous cette terrible vision maintenant, et non pas plus tard, à la fin de nos vies… Notre chance est dans la misère reconnue, pourvu que nous le sachions. Ce n’est pas du haut d’un piédestal que l’on découvre la grande vérité de l’Amour de Dieu, mais au ras du sol et dans la poussière. Et gloire à Dieu, parce que, de cette façon, ce ne sont pas les plus favorisés de la vie qui sont les mieux pourvus en grâces ! Gloire à Dieu parce qu’ainsi cela est plus juste : nul ne jouit de ce qu’il n’a pas mérité. Quel parti politique, quel système philosophique a mieux à proposer ? « Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu ton bonheur durant ta vie, comme Lazare le malheur ; et maintenant il trouve ici la consolation, et toi la souffrance. » (Luc 16.25-26) L’homme, né de la poussière, même s’il a bien joui dans la vie, retourne irrémédiablement à la pous62


sière. S’il a souffert pour se créer une gloire, à quoi bon ? S’il a travaillé, s’il a trimé nuit et jour pour bâtir sa tour, à quoi cela l’aura-t-il avancé au jour de sa mort si la Vérité n’est pas en lui ? Même le sentiment d’avoir œuvré pour le bien finit, sans Dieu, dans la poussière. Il ne reste rien pour ceux qui n'acceptent pas Dieu dans leur vie. Nous avons par contre la certitude qu’avec la foi en Jésus-Sauveur nous possédons déjà la Vie pour l’éternité. Point n’est besoin de chefs-d’œuvre !



L'ECCLÉSISTASTE LE DIT « Un âge s’en va, un autre vient, Et la terre subsiste toujours. ………………………………. Tous les torrents vont vers la mer, Et la mer n’est pas remplie ; ………………………………. Tous les mots sont usés, on ne peut Plus les dire, ………………………………. Ce qui a été, c’est ce qui sera, Ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera : Rien de nouveau sous le soleil ! ………………………………. Il n’y aura aucun souvenir de temps Anciens ; ………………………………. 65


J’ai vu toutes les œuvres qui se font Sous le soleil ; Mais voici que tout est vanité et Poursuite de vent. » (Ecclésiaste 1) « Du rire j’ai dit : « C’est fou ! » ………………………………. Je me suis procuré des chanteurs et Des chanteuses ………………………………. Je devins grand, je m’enrichis… Je me suis tourné vers toutes les Œuvres qu’avaient faites mes mains Et vers le travail que j’avais eu tant De mal à faire. Eh bien ! tout cela est vanité et Poursuite de vent, On n’en a aucun profit sous le soleil. ………………………………. Donc, je déteste la vie, ………………………………. J’en suis venu à me décourager… (Ecclésiaste 2) « Tout va vers un lieu unique, Tout vient de la poussière Et tout retourne à la poussière. ………………………………. 66


Regardez les pleurs des opprimés : Ils n’ont pas de consolateur ; La force est du côté des oppresseurs… ………………………………. Je vois, moi, que tout le travail, Tout le succès d’une œuvre, C’est jalousie des uns envers Les autres… » (Ecclésiaste 3)



ET DAVID ? « Seigneur, fais-moi connaître ma fin, Et quelle est la mesure de mes jours Que je sache combien je suis éphémère ! ………………………………. OUI, l’homme va et vient comme un Reflet ! OUI, son agitation c’est du vent ! Il entasse et ne sait qui ramassera.... » (Psaumes)



ET NOUS ? « Je ne peux pas vivre dans le néant. « Je ne peux vivre que dans la lumière de JésusChrist et si je la refuse, il n’y a plus que ténèbres ; et comme je ne peux vivre dans les ténèbres, je suis alors obligé de créer un monde d’illusions, l’illusion des richesses, et de construire autour de moi des barrières. » (Jean VANIER – Il est vivant n°15) Pouvons-nous vivre dans le néant ? Et si oui, quel monde bâtissons-nous ?



L’EXCUSE DE L'AMOUR Certains, pour éviter de se poser des questions, se bornent. « L’essentiel, disent-ils, n’est-il pas d’aimer ?» Certes, mais de quel amour parlent-il ? Saint Paul, qui avait déjà été confronté à ce genre d’attitude, n’ose-t-il pas affirmer : Quand je distribuerais tous mes biens aux affamés, Quand je livrerais mon corps aux flammes, s’il me manque l’amour, je n’y gagne rien. (Paul 1 O.13.3) Or, cet amour-là, avec un grand "A", l’homme a beau s’y prendre comme il le veut, sans communion intime avec Celui de qui l’on reçoit tout sans 73


mesure, cet Amour-là ne se fabrique pas avec la force des poignets. Si nous l’avons vraiment, c’est que nous l'avons reçu et le recevons sans cesse d’en haut. Ne cherchons pas trop vite à nous donner bonne conscience. Cherchons l'Amour véritable ! Aujourd’hui nous sommes peut-être joyeux, en pleine réussite sociale ou familiale (ou les deux) et gloire à Dieu ! Tout nous sourit, c’est comme si notre vie allait toujours être ainsi. Mais un jour vient où tout doit nécessairement s’achever et où notre petite foi peut même se mettre à chavirer. Y avons-nous songé ? Qu’est-ce que le bonheur si nous ne le tenons pas de source sûre, c'est-à-dire d’en haut ? Le vrai bonheur est bien celui duquel on sait avec certitude qu’il ne ternira jamais et qu’au contraire il ira grandissant. Nos bonheurs humains sont pareils au vent qui passe. Ayons le courage, une fois pour toutes, de le reconnaître. Le bonheur en Christ, lui, ne s’acquiert pas par le gain ou la possession matérielle. Il n’est pas non plus dans de quelconques façons de vivre sa vie. Il naît, après la mort du vieil homme. Il naît puis grandit quand meurt l’ancienne volonté de ce vieil homme. Ce bonheur-là, si dérisoire aux yeux de tous ces pauvres qui se croient riches, si discret pour ceux 74


qui sont à cent lieues de s’imaginer qu’il puisse exister une autre réalité que celle de la terre, c’est déjà le royaume de Dieu ! Et la tragédie de l’humanité en chute réside en ce qu’elle recherche insatiablement le bonheur là où il n’est et ne sera... jamais.



ALORS, POURQUOI NE PAS CRIER... COMME DAVID ? « À pleine voix, je crie vers le Seigneur ; À pleine voix je supplie le Seigneur, Je répands devant lui ma plainte, Devant lui j’expose ma détresse. » (Psaume 142)



Du même auteur Aux éditions AlanGar – Le Livre de Vie . La Vie de Jeanne par son Culot (Biographie - 2009) . Un jour, Une heure, Le Bonheur (Témoignage - 2010)

Aux éditions Keraban (format poche) . L'Eau d'Epine (Roman - 2009) . Le Clos Venceau (Roman - 2009) . L'Immature (Semi-autobiographie - 2009) . Petit Chronique du Bémol (Chroniques - 2009)

Aux éditions Edifree . La Trilogie d'un Croyant Convaincu (Biographie) Tome 1 : Que tu saches (2010)

En préparation . La Trilogie d'un Croyant Convaincu (Biographie) Tome 2 : Quand l'Esprit n'y est plus Tome 3 : Ma vie avec Dieu



Imprimé en numérique par ThebookEdition.com pour le compte de Éditions AlanGar – Le Livre de Vie Dépôt légal février 2011



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