URBAIN - n°29 - JUILLET/AOÜT 2015

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édito

édito

Au coeur d’une actualité singulièrement houleuse pour l’art contemporain, baignée d’indignation et de polémiques sous tous les cieux - que ce soit dans les salles avec Much loved, sur scène sur fond de culottes trop échancrées ou jusque dans les jardins de Versailles - on se prend à se poser la question du rôle de l’art dans nos sociétés. Une question éminemment épineuse si l’on en juge par les relations compliquées que l’art a toujours entretenues avec les sociétés dans lesquelles il évoluait. URBAIN a donc voulu savoir ce qu’en pensent les principaux intéressés : les artistes eux-mêmes. Leurs points de vue sont à découvrir en p.42. Actualité toujours, un formidable élan de solidarité et de protestation a vu le jour au Maroc le mois dernier. Déclenché par la découverte d’un chien agonisant et horriblement mutilé par des monstres de barbarie, il a rassemblé des dizaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux, dénonçant l’impunité avec laquelle sévissent les bourreaux d’animaux. Gandhi, qui disait “ On peut juger de la grandeur d'une nation par la façon dont les animaux y sont traités ”, serait fier de ces Marocains qui se sont mobilisés pour clamer leur indignation contre le laxisme des lois concernant la maltraitance animale. Pour nous en parler, nous avons rencontré Aziza Nait Sibaha, présidente de l’association Comme Chiens et Chats et instigatrice du mouvement “Justice pour Ray” (lire en p. 12). Enfin, nous sommes fiers d’accueillir dans nos pages une Marocaine dont la destinée flirte depuis des décennies avec les sommets, en particulier celui du mont Olympe ! Championne olympique, la vice-présidente actuelle du Comité International Olympique se confie sur ses espoirs en matière de parité dans le sport, sur la préparation des Jeux de Rio, sur ses années de gouvernance au Maroc (lire en p. 20)... Bonne fin de Ramadan, bel été à tous et excellente lecture.

Christine Cattant, Rédactrice en Chef

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© Georges Bartoccioni

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Directeur de Publication : Rédactrice en Chef : Secrétaire de Rédaction : Maquette : Rédaction : Imprimeur : Mail : Publicité : Distribution : Site Web : Facebook : Siège : Dépôt légal : ISSN : Photo Couverture :

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juillet/août 2015 / n°29

Sommaire Nawal El Moutawakel

© C.I.O.

En marche vers Rio

8 Actus 8 Courrier des lecteurs 10 Rendez-vous tangérois 12 Société : Aziza Nait Sibaha

20 Mag’ 20 À la Une : Nawal El Moutawakel 30 L’oeil du photographe : Michel Beine 42 Art et société : Paroles d’artistes

50 Culture 50 Focus sur... Kamal Hachkar en tournage

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52 58 62 64

Votre agenda À l’affiche L’agenda des petits Chronique de Libraire

66 Pratique 66 68 70 72 74

Chronique du “Soi” par Laurence Dudek Bien-être & Beauté par Annie Li La recette de Sana Gamasse Urbanoscope Carnet d’adresses / Points de distribution


CLUB PRIVÉ DANS UN CADRE D'EXCEPTION RÉSERVÉ EXCLUSIVEMENT AUX FEMMES Nombre d'adhésions limité

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ACTUS

COURRIER DES LECTEURS

paroles de lecteurs sur contact@urbainmagazine.com

Vos photos d’URBAIN

URBAIN, en visite à l’usine Renault-Nissan de Meloussa, a reçu un accueil très chaleureux et a eu le plaisir de découvrir à son arrivée des pancartes lui souhaitant la bienvenue. Merci à Paul Carvalho et Roger Martin pour leur soutien au magazine !

Choumicha chez moi

J’ai été très heureuse de trouver Choumicha dans le magazine, c’est ainsi que j’ai appris qu’elle allait passer à la télé chez moi cet été. Je suivrai ses émissions avec beaucoup de passion. Merci et bon courage. Mounia L., Bruxelles

DU FOND Très intéressé par votre article sur l’urbanisme à Tanger et ses dérives. Enfin un article qui dénonce sans agressivité ! J’en profite pour vous féliciter pour tous ces articles de fond sur les personnages qui comptent pour nous, Tangérois, mais aussi pour le Maroc entier et nous ouvrent les horizons. C’est du bon travail ! Aziz, Tanger

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Portfolios en fête Je vous écris pour vous dire que j’adore la rubrique des photographes, c’est une très bonne idée qui nous donne à voir un Tanger avec un œil différent. Hasnaa, Tétouan

Abonnement URBAIN magazine Maroc : 160 DH / 11 numéros + lettre mensuelle aux abonnés Europe : 380 DH soit 35 EUR / 11 numéros + lettre mensuelle aux abonnés États-Unis/Canada : 520 DH soit 60 USD ou 67 CAD / 11 numéros + lettre mensuelle aux abonnés Paiement par chèque, virement ou espèces à URBAIN SARL.


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Crèche

le m a n è g e

Pédagogie - Apprentissage du français Socialisation - Bien-être des tous petits

INSCRIPTIONS 2015/2016 OUVERTES à par r de mars

Enfants de 3 mois à 3 ans (pe te sec on) 203, rue Harroun Errachid - 90000 Tanger (près de l’École Américaine) Tél. : 05 39 93 64 72 - www.lemanege.ma

Du mardi au dimanche matin : 11 h à 13 h et 16 h30 à 19 h Horaires Ramadan : tous les jours de 10 h à 13h30 5:10

9, RUE AL MABARAT, QUARTIER JOSAFAT - TANGER (ATTENANT À “LA MAISON DE TANGER”) TÉL. : 05 39 93 61 02 - FACEBOOK : L’ATELIER DE LAURENCE

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ACTUS RENDEZ-VOUS EN VILLE

IS

RENDEZ-VOUS TANGERO

Shopping GOURMANDISE

URBAIN

Après le succès rencontré l’an dernier pour sa première édition, c’est reparti pour une nouvelle « Rencontre internationale des Tangérois du monde », qui se tiendra le 1er août à l’hôtel Royal Tulip de Tanger. Cet événement qui a pour but de rassembler, l’instant d’une soirée, les Tangérois de tous horizons dans un esprit de partage et de convivialité, pourra compter sur la présence de personnalités emblématiques de Tanger, de politiciens et de nombreux artistes qui lui sont attachés. Au programme, une scène musicale avec le groupe Awzaan ainsi que le Mazagan & Hamid El Hadri, des lives de saxo et de violon, une animation assurée par un DJ venant d’Espagne, etc. Les organisateurs rendront également hommage aux sportifs emblématiques de la ville de Tanger tel que Younes El Hassani, golfeur professionnel, Hicham Hamdouchi, champion d’échecs, Arafa Chekrouni, tennisman, Mohamed Serroukh, athlète et à bien d’autres personnalités oeuvrant dans les domaines culturels et associatifs de la ville. Cette soirée sera placée sous le thème de la “white party” et animée par Paco Messari. Informations et réservations au 06 42 64 80 99

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L’espace les insolites propose régulièrement diverses curiosités spirituelles & arty. Cette fois, c’est un délicieux sirop de dattes, entièrement bio. Produit par des coopératives d’Errachidia, cette petite merveille accompagne parfaitement tagines et cakes, peut aussi parfumer une salade, sucrer votre café ou tout simplement être dégustée sur un rghaif ou avec un morceau de fromage de chèvre. 35,00 DH la petite bouteille. les insolites - 28, rue Khalid Ibn Oualid

COQUETTERIE

Cet été, découvrez en exclusivité chez l’Atelier de Laurence les bracelets colorés et si addictifs de chez Ipanema from Brazil. L’atelier de Laurence 9, rue Al Mabarat, Quartier Josafat

TOPOLINA, LE RETOUR

Comme chaque été, retrouvez les créations originales d’Isabelle, ancienne de chez Dior, à la boutique éphémère qu’elle ouvre à l’entrée de la Kasbah (en face de la terrasse du Morocco Club). Robes estivales aux imprimés chatoyants so British ou Oriental chic, coupes impeccables qui conviennent à toutes les silhouettes, tissus faciles à vivre, manteaux, petits blousons, accessoires, chaussures au masculin et féminin, vous trouverez forcément La pièce pour vous chez Topolina. Horaires ramadan : ouverture tous les jours de 10 h à 18 h. Horaires d’été : ouverture tous les jours de 9h30 à 20 h.


Bon plan Fraîcheur

Cet été, fuyez la chaleur du centre-ville et profitez d’un délicieux déjeuner-buffet avec accès à la piscine dans l’un des hôtels les plus “zen” de la ville pour 300 DH, tout en vous ressourçant devant l’une des plus belles vues sur la baie de Tanger et le détroit de Gibraltar, dans un cadre moderne entre terre et horizon... Hôtel Golden Tulip Farah Tanger Zone touristique El Ghandouri Infos/résas au 05 39 34 35 50

Special Ramadan LES NUITS DU RAMADAN

DOUCEURS DES CHICAS

Tous les vendredis à l’heure du ftour Menu spécial traditionnel en musique en collaboration avec Les Fils du Détroit, Laura Klain trio, Mahalem Abdellah El Gourd… Au menu, harira, dattes et petit lait, buffet de plats salés, café et thé. Tarif : 130 DH Programme sur www.tabadoul.org. Résas au 05 39 37 19 78 ou sur info@tabadoul.org.

Le salon de thé de Las Chicas vous manque ? Consolez-vous : pendant le Ramadan, les filles pensent à vous et mettent à votre disposition un petit service traiteur composé de petitsfours, tartes et cakes sucrés et salés, gâteaux, confitures... pour égayer vos ftours de la plus jolie des manières. Las Chicas - 52, rue Kacen Guennoun, Porte de la Kasbah

SoLIDARITe et Atelier insolite REPAS SUSPENdUS

Connaissez-vous le principe des “repas suspendus” ? Il ne s’agit pas d’un exercice d’équilibriste mais bien d’un geste de solidarité : se payer un repas et en payer un second pour une personne dans le besoin. Une initiative citoyenne et parfois même pédagogique issue d’une tradition napolitaine consistant à payer deux cafés mais à n’en boire qu’un, l’autre étant laissé en suspens pour une personne nécessiteuse. La tradition a dépassé Tanjazoom invite tous les amateurs de les frontières et débarque à Tanger ! cinéma engagé à participer à la com- Chez Kébé : Le restaurant sénégalais pétition de la 4e édition qui se tiendra du situé dans la médina de Tanger pratique 10 au 12 septembre à la Cinémathèque ce système depuis longtemps. Et en plus, de Tanger. Date limite de dépôt des il offre le Ftour gratuit aux migrants subfilms : le 2 août 2015. Plus d’infos sur sahariens tous les jours durant Ramadan. www.tanjazoom.ma ou Facebook. Infos au 06 99 40 76 02 Contact : info@tanjazoom.ma / coordina- Restaurant social Tabadoul : tion.rtz@gmail.com ou 06 70 31 08 70. Profitez de votre passage, par exemple le

on tourne !

vendredi midi pour y savourer un délicieux couscous, pour laisser un repas, un café ou un jus de fruit en suspens. Infos et réservations au 05 39 37 19 78

Luis Hernandez de Loma excelle dans la création de papeterie « handmade ». Papiers de récupération, vieilles affiches de Tanger, enveloppes, napperons, magazines recyclés, papiers marbrés lui servent de matériau de base pour la réalisation de superbes carnets de voyage, de dessin ou journaux intimes. Il organise un atelier de création de carnets (sessions de 2 h) à la librairie les insolites, les 20, 22 et 24 juillet de 10 h à 12 h (80,00 DH/session). Infos au 06 46 89 00 01.

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SOCIÉTÉ

© D.R.

ACTUS

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Aziza Nait Sibaha En route pour la Ray-volution ! Aziza Nait Sibaha, talentueuse journaliste spécialiste en politique internationale sur la chaîne France 24, n’est pas qu’une tête bien pleine et bien faite. Cette diplômée de Sciences Po Paris est aussi un cœur immense qu’elle met à profit, entre autres, de son association « Comme Chiens et Chats » qui vient en aide aux animaux qui souffrent dans son pays, le Maroc. Le 30 mai dernier, son combat a basculé, lorsque Ray, un chien torturé au-delà du concevable, a été signalé à l’association. Depuis, une lutte nationale pour un changement des lois et des mentalités a été engagée… PAR KAMIL EL ALAMI

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ACTUS

SOCIÉTÉ

URBAIN : Aziza Nait Sibaha, entre votre métier de journaliste et la présidence d’une association de protection animale au Maroc, cela peut sembler un sacré grand écart ! Comment l’idée vous est-elle venue ? Aziza Nait Sibaha : J’ai toujours été une grande amoureuse des animaux tout comme toute ma famille. J’ai une sœur qui faisait des sauvetages depuis l’âge de 14 ans et mon premier grand sauvetage a eu lieu il y a cinq ans, quand j’ai racheté une mule malade qui était abandonnée par son propriétaire dans une décharge. Les animaux et moi, c’est une grande histoire. Pour moi, cela ne s’oppose en rien avec ce que je fais. Mais fin 2013, j’ai perdu mon chat en France écrasé par une voiture. Depuis, j’ai décidé de créer l’association pour sauver d’autres animaux. Et comme je pense que nous n’avons pas à faire le choix entre les humains et les animaux, j’ai intégré aux statuts de l’association une dimension humanitaire. Ainsi nous organisons aussi des actions humanitaires. Parlons du commencement de l’histoire de Ray. Lorsque vous avez créé la page Facebook « La Justice pour Ray », quel était votre but ? Quand j’ai reçu le premier coup de fil m’annonçant le cas de ce chien agonisant dans la rue à Casablanca, j’ai d’abord lancé une alerte sur la page de l’association et une de nos membres s’est déplacée pour l’emmener chez le vétérinaire. C’est là que j’ai reçu les premières photos et la confirmation des sévices (1). J’en ai discuté avec des amies avec qui je parle des sauvetages

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Nous serons la voix des « sans voix ». de l’association. L’idée est alors venue de créer cette page pour parler de Ray, de son histoire et pour dire ÇA SUFFIT ! C’est le cas le plus horrible que j’ai vu depuis que je suis dans la protection animale. Je voulais donc dire aux gens : ne fermez plus les yeux mais dénoncez. Je ne savais pas que cette page serait autant suivie. Depuis, les choses se sont emballées : lettre/pétition au gouvernement signée par près de 50 000 internautes, plainte contre X pour maltraitance déposée près les tribunaux, sit-in à Casablanca, campagne d’affichage publique, engouement de la presse pour l’affaire… Où pensez-vous que cela vous mènera ? Je me battrai, et je ne suis plus seule, pour que le débat s’ouvre réellement sur la maltraitance des animaux au Maroc. Il est grand temps que le Maroc donne l’exemple. Nous voulons faire évoluer le peu de lois qui existent. Nous serons la voix des « sans voix ». Le succès du sit-in dimanche 14 juin à Casablanca, avec la participation de centaines de personnes d’horizons différents confirme que cette cause noble est partagée par beaucoup de gens au Maroc. J’espère que les politiques vont écouter cette voix. Ray s’est éteint le vendredi 12 juin, après deux semaines d’espoir et de soins ininterrompus. Quelle trace laissera t-il dans votre parcours émotionnel personnel ?


Histoire d’un sauvetage

Trouvé agonisant dans la rue aux pieds des passants indifférents, Ray a jeté, pour essayer de vivre, toutes ses forces dans une bataille qu’il a perdue au bout de deux semaines.

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ACTUS

SOCIÉTÉ

Ray est décédé le vendredi 12 juin à 15h30. Il est tombé dans un coma cérébral avant de rendre l’âme. Il a tenu assez longtemps pour s’assurer que notre mobilisation allait continuer. Pour sa mémoire et celles de tous les animaux qui souffrent au Maroc, nous devons continuer le combat. De votre propre aveu, il existe des milliers de « Ray » au Maroc, chats et chiens maltraités, torturés, équidés chargés et travaillant jusqu’à la mort, singes protégés et malgré tout exploités, etc. Alors, pourquoi selon vous Ray a t-il été cet extraordinaire déclencheur ? Parce que nous en avons parlé. Parce qu’il a libéré notre parole. Parce que nous avons montré ses photos. Parce que nous avons choisi d’agir au lieu de pleurer (même si cela ne nous empêche pas de pleurer). J’ai contacté deux avocats pour porter plainte. J’ai lancé la pétition. C’est la preuve que si on veut que les choses changent il faut agir et non pas attendre. Les défenseurs de la cause animale le savent, nombreux sont ceux qui leur reprochent de se préoccuper du sort des animaux alors qu’il y a tant à faire pour les humains. Que leur répondez-vous ? Nous sommes tous colocataires sur terre. Nous ne devons pas choisir la survie d’une espèce au détriment d’une autre. Les malheurs des humains ne sont pas causés par les animaux mais le contraire est vrai. Enfin s’occuper des animaux c’est aussi s’attaquer à une question de santé publique.

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Les malheurs des humains ne sont pas causés par les animaux mais le contraire est vrai. Dans un pays où beaucoup parlent de « faillite du système scolaire public », où l’on discute encore pour savoir dans quelle langue mener l’enseignement, espérez-vous vraiment qu’on introduise dans les programmes une sensibilisation à la cause animale ? Je ne suis pas d’accord sur la faillite du système scolaire public au Maroc. J’en suis issue. Je pense qu’il y a des choses à améliorer bien évidemment et c’est peut être le moment d’y inclure la protection des animaux. Un sujet dont parle beaucoup l’Islam. Plus de cent espèces d’animaux sont cités dans le Coran de la fourmi à l’éléphant. Ce n’est pas pour rien.

Page de gauche : Lors du sit-in à Casablanca, des centaines de personnes se sont mobilisées pour demander que soit changée la loi.

Que risque t-on au Maroc lorsque l’on maltraite un animal ? Sur quels pays devrait-on prendre exemple parce qu’ils vous semblent exemplaires en ce qui concerne la législation contre la cruauté animale ? Le maximum, c’est une amende de 300 dh et éventuellement quelques mois d’emprisonnement encore faut-il que l’animal ait un maître. Donc rien n’est prévu pour les animaux errants. Pour la maltraitance des équidés. Et même si les singes sont une espèce protégée donc que leur commerce est interdit, rien n’est fait pour appliquer la loi. Je pense qu’au lieu de suivre qui que ce soit, le Maroc devrait donner l’exemple lui-même.

Le débat dépasse aujourd’hui le sujet des cas de maltraitance « isolée » pour déborder sur celui de la maltraitance organisée par les autorités. Surpopulation animale et transmission du virus de la rage sont les causes invoquées pour justifier les abattages réguliers et les campagnes d’empoisonnement des animaux errants. Pourtant, quiconque s’intéresse un peu à cette question connaît les recommandations de l’OMS pour remédier à ces problèmes. Pouvezvous nous les rappeler et comment expliquez-vous que les autorités marocaines les ignorent ? Les autorités marocaines continuent à ce jour les campagnes d’abattage des animaux errants : par balles réelles ou encore poison ou au mieux le doléthal comme c’est le cas à Casablanca parfois. Nous savons que la fourrière de Casablanca reçoit une aide de 9500 Dh par mois (900 euros) pour euthanasier des chiens. Rajoutez les salaires des fonctionnaires, les véhicules de ramassages, les frais d’essence et d’entretien… Tout cela pour des méthodes aussi cruelles qu’inefficaces. Si c’était efficace ils seraient venus à bout des chiens errants depuis le temps. Les solutions uniques qui marchent et qui sont reconnues de par le monde sont : la stérilisation et la vaccination. C’est efficace, ça coûte moins cher et ça ne donne pas une mauvaise image de notre pays bien au contraire. Vacciner un chien coûte 50 dh. Traiter un humain mordu par un chien, c’est 600 à 800 Dh. Faites votre choix ! Stériliser permet de réduire la surpopulation canine et féline par une voie naturelle. Les vacciner et

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ACTUS

SOCIÉTÉ

SOUTENIR LA CAUSE ANIMALE AU MAROC

Les association marocaines ont cruellement besoin de dons mais aussi d’adoptants ou de familles d’accueil provisoires.

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les marquer permet de les compter, de les traiter et de rassurer les populations. Quand vous voyez un chien avec un marquage à l’oreille et que des spots publicitaires vous expliquent que cela veut dire « chien sain et non dangereux », vous ne changez pas de trottoir en le voyant.

>> Pour contacter l’association Comme Chiens et Chats : associationcommechiensetchats@ gmail.com >> Pour suivre l’histoire de Ray et signer la pétition : Facebook / justicepourray >> Pour suivre les sauvetages de l’association : Facebook / association3c >> Pour agir à Tanger : www.lesanctuairedelafaunedetanger. com Facebook / le sanctuaire de la faune de Tanger

Votre combat vous fait voir tant de laideur chaque jour, où puisez-vous la force et l’optimisme pour pouvoir continuer ? Je préfère finir ma journée par les photos de ceux qu’on arrive à sauver. Par les messages de soutien qui nous parviennent de par le monde. Et surtout, j’ai le soutien de mon mari et de ma famille sans qui je ne pourrais rien faire. 

(1) Ray a été retrouvé agonisant dans une rue de Casablanca, les yeux arrachés, les babines déchirées après que sa bouche ait été cousue, les organes sexuels entaillés, les organes internes (foie, cœur, poumons, reins) tous touchés. Des blessures épouvantables qui font penser qu’il a été la victime d’actes de sorcellerie. (NDLR)


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À LA UNE

RENCONTRE

Nawal El Moutawakel La femme des « premières fois » Rencontrée lors d’un passage éclair dans la ville blanche, Nawal Moutawakel en impose par sa simplicité. Pourtant, son palmarès a de quoi rendre jaloux : première musulmane à obtenir l’or pour le Maroc (hommes/femmes confondus) en remportant une discipline inscrite pour la première fois également au programme des Jeux Olympiques (le 400 m haies) à Los Angeles en 1984, première femme Secrétaire d’État au Maroc, première femme issue d’un pays musulman à rejoindre le comité exécutif olympique… La liste est longue ! Malgré un planning plein à craquer dû à son rôle de premier ordre sur la scène internationale du sport, la jeune vice-présidente du Comité Olympique a accepté de se confier à URBAIN. RENCONTRE AVEC CHRISTINE CATTANT

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À LA UNE

RENCONTRE

URBAIN : Nawal El Moutawakel, il semble que votre vie ait été constituée jusqu’ici d’une succession de « première fois ». Peut-on dire que vous êtes une femme de challenges ? Nawal El Moutawakel : De manière générale, il n’y a pas de hasard dans la vie. Personnellement, je crois profondément au travail dur qui paye à la fin associé au facteur chance. La passion, le plaisir, la joie, la défaite, la victoire, l’humilité, le courage, le dépassement de soi, la persévérance, la détermination, la confiance, le partage… telles sont les valeurs qui ont guidé et éclairé mes pas. Elles ont contribué à forger ma personne et à ma façon de voir les choses une fois ma carrière d’athlète terminée pour me lancer dans le monde du travail et ainsi affronter les différents challenges de la vie. Je peux dire que je suis fière du chemin parcouru trente ans après la concrétisation olympique.

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En regardant les images de votre victoire aux Jeux de Los Angeles, on est frappé par l’expression qu’affiche votre visage après la ligne d’arrivée. En effet, vous sembliez plus « sonnée » qu’heureuse. Racontez-nous ce que l’athlète a ressenti à ce moment-là ? Heureuse, bien sûr j’étais heureuse et fière d’avoir hissé haut le drapeau de mon pays lors des Jeux Olympiques, cette manifestation suprême dans la carrière d’un sportif. Mais il y a eu aussi ce sentiment de chagrin et de regret de ne pas voir mon père partager ce moment unique de joie et de fierté immense avec moi. Il était décédé quelques mois avant ma victoire. Lui qui croyait dur en mes capacités. D’où cette expression de chagrin profond mêlée à la joie. Lorsque vous avez raccroché les pointes pour devenir entraîneur sportif en 1989, aviez-vous


La consécration : la médaille d’or aux Jeux de Los Angeles en 1984.

déjà l’envie ou le projet d’embrasser un jour une carrière politique ? Non pas vraiment, mais j’ai très vite compris que ma vie allait prendre un autre tournant. J’ai saisi le fait d’être femme, marocaine, musulmane, sportive et ouverte au monde. Je considère mon parcours sportif comme une invitation permanente au respect des diversités, à l’ouverture aux autres, à la chasse aux préjugés et au dialogue des cultures. J’ai toujours fait en sorte d’utiliser tout ceci pour devenir la personne que je suis aujourd’hui au service de l’enfance, la jeunesse, la femme… d’ici et d’ailleurs. Vous avez occupé le poste de Secrétaire d’État en 1997 sous le règne du Roi Hassan II et de Ministre de la Jeunesse et des Sports dans le

gouvernement Abbas El Fassi de 2007 à 2009. Quel bilan feriez-vous de ces années de « gouvernance » ? J’avais constaté beaucoup de dysfonctionnements au sein des structures sportives ainsi qu’une remise en cause du système de gouvernance de notre sport. Il faut dire aussi que le budget de l’État consacré au sport était faible, que l’infrastructure faisait défaut, que l’attention accordée au sport était quasi inexistante, que les textes juridiques ne répondaient plus aux exigences du développement du sport dans notre pays… Une réforme était nécessaire ! D’où la Lettre Royale, les Assises du Sport et la Stratégie Nationale qui ont alors mis le point entre autres, sur la nécessité de réformer le cadre juridique, d’améliorer le système de financement des projets, de mettre à niveau l’infrastructure sportive, de renforcer le système de formation, d’ancrer la pratique du sport dans la société, de faire du Maroc une terre de champions… Seriez-vous prête à « rempiler » si on vous le demandait ? Je suis une femme engagée et qui restera très engagée au service du Maroc, mon pays que j’aime et qui m’est très cher. Parlant de l’accès des femmes aux postes à responsabilité vous avez dit, lors d’une interview

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À LA UNE

RENCONTRE

« Nous encourageons la FIFA à engager les réformes nécessaires qui lui permettront de restaurer confiance et crédibilité. » en 2008, que « tout le monde veut le changement mais personne ne veut changer ». Quel bilan feriez-vous aujourd’hui sur la situation de la femme, au Maroc et dans le monde ? La situation de la femme au Maroc a connu de grandes avancées sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohamed VI. Elle a bénéficié de plusieurs réformes institutionnelles qui lui garantissent des droits de plus en plus élargis favorisant son émancipation et sa contribution au développement du pays. Ceci dit, beaucoup reste encore à faire pour une meilleure représentativité de la femme dans les arènes politiques, économiques et sociales. À Ci-contre : En visite sur le chantier de Rio 2016.

Page de droite : La torche olympique avec Thomas Bach à Londres en 2012.

En médaillon : Master class en compagnie des jeunes athlètes brésiliens en 2015.

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l’instar des autres domaines de la société, trop peu de femmes occupent des postes de direction dans le sport. Avec les Comités Nationaux Olympiques et les Fédérations Internationales, nous nous efforçons de relever ce défi, en proposant notamment des formations visant à autonomiser les femmes qui se battent pour obtenir davantage de responsabilités dans l’administration sportive. Cette question est actuellement traitée dans le cadre de l’Agenda olympique 2020, la feuille de route stratégique pour l’avenir du Mouvement olympique. Dans cette même interview, vous étiez très optimiste sur l’accès des femmes au sport, notamment grâce au Livre blanc du sport, et sur la disparition de la ségrégation dans les pays musulmans. Avez-vous toujours cet espoir aujourd’hui, sachant que des pays comme l’Arabie Saoudite, le Brunei ou le Qatar, par exemple, interdisent le sport ou l’accès au stade aux femmes ou ne l’autorisent que sous la contrainte d’être voilées ? Ces trente dernières années, de réels progrès


ont été accomplis afin de parvenir à la parité hommes/femmes dans le sport. Le développement socio-économique, l’accès à l’éducation et aux infrastructures sportives ainsi que l’adoption d’approches culturelles novatrices ont été autant de facteurs déterminants pour obtenir ce résultat. C’est également grâce au travail des organisations sportives et à la détermination de pionnières dans de nombreux pays du monde qu’aujourd’hui nous voyons davantage de jeunes filles pratiquer une activité physique aussi bien au niveau amateur que professionnel. Les statistiques concernant la participation des femmes aux Jeux Olympiques témoignent clairement d’une hausse. À titre d’exemple, 42 % de femmes étaient en lice à Pékin, contre seulement 23 % en 1984 à Los Angeles. Aux Jeux de 2012 à Londres, 44 % des athlètes étaient des femmes, soit le pourcentage le plus élevé à ce jour. La promotion de la parité hommes/femmes est une préoccupation majeure pour le CIO et nous sommes ravis que pour la toute première fois, les femmes aient concouru dans tous les sports aux Jeux Olympiques de 2012 à Londres grâce à l’ajout

de la boxe féminine au programme. De plus, avec la participation de femmes athlètes originaires du Brunéi Darussalam, du Qatar et d’Arabie Saoudite à Londres, les 204 Comités Nationaux Olympiques ont désormais tous été représentés par des femmes lors d’une édition des Jeux Olympiques. Nous pouvons être fiers de cette évolution due en partie aux efforts déployés par le Comité International Olympique afin de garantir l’universalité des Jeux et leur caractère non-discriminatoire, conformément à nos valeurs. Les Comités Nationaux Olympiques sont constamment encouragés à défendre cet esprit au sein de leurs délégations. En tant que vice-présidente du Comité International Olympique, vous avez du être touchée par le récent scandale intervenu dans

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À LA UNE

RENCONTRE

« La promotion de la parité hommes/femmes est une préoccupation majeure pour le CIO. » un autre fameux organisme sportif, celui de la FIFA. Le système d’attribution des villes ou pays organisateurs d’événements sportifs majeurs interpelle le public. Le CIO est-il à l’abri de ce genre de dérives ? Nous encourageons la FIFA à engager les réformes nécessaires qui lui permettront de restaurer confiance et crédibilité. Le CIO a vécu une période difficile, il y a une quinzaine d’années, et a su réagir vite pour mettre en place des réformes de fond qui lui permettent aujourd’hui d’avoir des procédures et mécanismes efficaces dans le domaine de la bonne gouvernance. Ces principes ont été encore renforcés avec l’approbation et la mise en œuvre de l’Agenda Olympique 2020 initié par le président Bach. Le CIO possède notamment une procédure de candidature solide, transparente et éprouvée et nous sommes confiants quant aux mécanismes mis en place pour garantir une compétition loyale entre les candidats à l’organisation de la manifestation olympique. Vous vous êtes rendue à Rio de Janeiro en février pour rencontrer et conseiller une délégation de jeunes athlètes en compagnie de l’ancien perchiste Sergueï Boubka - une master class de luxe ! -, préambule à la visite d’évaluation de l’organisation. Rio est-il prêt ? J’ai réellement apprécié ce moment car il m’a notamment permis de passer du temps avec les jeunes athlètes. Le sport véhicule de nombreuses valeurs, il enseigne la détermination et l’estime de soi. Le sport est une école de la vie. J’aime beaucoup donner en retour au sport, suivant ainsi l’exemple des athlètes que j’avais pour modèles.

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S’agissant de Rio, notre dernière revue de projet a été très positive et nous sommes confiants quant à la livraison des Jeux dans le respect du budget et des délais, avec des sites prêts pour les épreuves tests de 2015 et 2016. Les Jeux jouent le rôle de catalyseurs pour intensifier les efforts de transformation durable de Rio et du Brésil. La candidature de Rio 2016 reposait en effet sur un projet existant de transformation à long terme de la ville. Le comité d’organisation participe également à la concrétisation de nombreux projets qui n’existaient que sur le papier. Les Jeux Olympiques de 2016 à Rio seront profondément marqués par

l’esprit unique du Brésil que le monde découvrira avec joie. J’ai vraiment hâte d’y être ! La Légion d’honneur, remise par le Président François Hollande à Paris en mars dernier, un symbole, une reconnaissance ? C’est un grand honneur qui m’a ainsi été fait et qui me fait très plaisir. La France a joué un rôle important dans ma carrière et ma vie. Ce pays m’a permis de vivre mon sport, ma passion, et

Ci-dessus : Avec le président François Hollande lors de la remise de la Légion d’Honneur en mars 2015.

Page de droite, de haut en bas et de gauche à droite : Nawal El Moutawakel en compagnie du roi Mohamed VI, du premier ministre britannique Tony Blair à Londres lors des J.O. de 2012, du roi Hassan II, du président russe Vladimir Poutine et du président Barack Obama.


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À LA UNE

RENCONTRE

« La France (…) m’a permis de vivre mon sport, ma passion, et de concrétiser mon rêve olympique. » de concrétiser mon rêve olympique. J’ai en effet effectué de nombreux stages de préparation et participé à de nombreuses compétitions partout en France. Cette distinction m’encourage à poursuivre mon engagement, à continuer à m’investir sans relâche pour le développement du Mouvement Olympique et du sport en général, et faire en sorte qu’un maximum de personnes puisse profiter de tous leurs valeurs et bienfaits. Vous êtes également ambassadrice de bonne volonté des Nations Unies depuis 2011 et présidente de la commission de coordination des JO de Rio 2016. Avec un tel nombre de casquettes, avez-vous le temps de souffler une peu et… de continuer à faire du sport ? J’ai beaucoup de chance de pouvoir exercer

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Nawal El Moutawakel nous a ouvert son émouvant album de famille.

des mandats qui me passionnent. Le sport m’a énormément apporté et je suis heureuse de pouvoir lui rendre quelque chose. En tant qu’ambassadrice de Bonne Volonté des Nations Unies pour les Objectifs du Millénaire pour le Développement, je continue à me mobiliser pour lutter contre la sédentarité, l’obésité et l’inactivité physique devenues des réels problèmes sociaux ; à utiliser les bienfaits du sport en termes de santé, d’intégration et de cohésion sociale, d’éducation, de développement économique et d’environnement. Mais il est vrai que mon temps libre est compté… Dès que j’ai un moment, je me ressource auprès de ma chère famille. Il m’est effectivement aussi difficile d’exercer une activité physique régulièrement, mais je tente de faire du sport quand je peux – c’est essentiel pour mon équilibre ! 


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L’OEIL DU PHOTOGRAPHE

Tangerinn SÉRIE PHOTOGRAPHIQUE INÉDITE DE MICHEL BEINE En Belgique, dans les années 60, mon grand-père paternel, chirurgien, pratique l'avortement. Dénoncé, il est condamné à un an de prison. A sa libération, il s'exile en Algérie à Oran. Ensuite au Maroc à Tanger. Michel Beine « Tanger, c’était ça. C’est ça toujours. Nous avions oublié l’affront, la honte. C’était l’enfance en douce. Il n’y a pas si longtemps. Quand je reviens, que je m’oblige à regarder en arrière, je ne vois plus les mêmes images, sauf à quelques encablures de la maison de famille. Je regarde le ciel, j’entends le vent, je me mets à repenser aux visages aimés de ceux, conspués, jetés d’une frontière (là-bas), passés de ce côté-ci (ici), aimés et puis partis. Les robes sont estivales, les voitures en berline, les murs passés à la chaux, tout est blanc et comme mouillé à l’éponge, mon cœur se met à battre, ma mère tout à coup si belle dans ses tenues légères, si confiante. Les souvenirs qui prennent à la gorge et qui affluent. Nous respirions presque le bonheur. Il suffisait d’un peu de soleil, du trop bleu de l’océan, des plages désertes, des retours de la plage avec les paniers plein de merveilles, les coquillages et les oreilles de Vénus, pour nous sentir fous de vie et d’exultation. Tanger, ouvreuse de bras, accueillante et perturbante. Tanger, c’est ça toujours. » Stéphanie Gaou

Michel Beine est né à Bruxelles en 1967. Il vit et travaille à Liège. Son parcours de photographe professionnel est des plus honorables. De nombreuses publications retracent ses reportages, notamment Ailleurs, livre de noir et blanc argentique d’un Maroc en voie de disparition (en vente dans les bonnes librairies de la ville). Il revient régulièrement au Maroc, terre de l’enfance, terre de vacances, terre du souvenir entêté. Rendez-vous en décembre 2015 pour découvrir son travail à Tanger à l’espace d’exposition les insolites.

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MAG’

ART ET SOCIÉTÉ

Art et société PAROLES D’ARTISTES…

Pendant que le débat sur l’art contemporain, la censure et la liberté de l’artiste – et du citoyen par la même occasion – fait rage au Maroc en ce moment, suite à la polémique au sujet de l’interdiction sur le film de Nabil Ayouch « Much loved » présenté pendant le Festival de Cannes en mai 2015, la rédaction d’URBAIN a tenté de faire parler celles et ceux directement concernés par le sujet : les artistes eux-mêmes. Nous leur avons posé la question suivante : « L’art a-t-il un rôle à jouer dans l’évolution d’une société ? ». Réponses sans langue de bois par quelques-uns de nos artistes qui ont bien voulu se prêter au jeu de la confession. PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTINE CATTANT ET STÉPHANIE GAOU

Roger-Marx, un des meilleurs connaisseurs de son temps, quoique inspecteur des Beaux-Arts, disait un jour à Degas : – « Les beaux-arts... – Si c’est comme ça, je fous le camp » répondit Degas.

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Yasmine Laraqui

Photographe, vit aux Etats-Unis

Il n’y a pas d’art sans Histoire. Et on ne peut comprendre les différences esthétiques de nos artistes si nous ne prenons pas en compte les influences historiques qui ont forgé leur éducation. Toutes ces éducations se valent, qu’elles soient marocaines ou pas. C’est une richesse culturelle, magnifique et fascinante. L’art n’a pas vocation de rassembler. Si les avis divergent, eh bien, tant mieux ! C’est même le but : permettre aux gens de débattre, voire de se fâcher, du moment que cela aide à comprendre une situation. Ce qui est dangereux dans la société actuelle au Maroc, c’est de laisser des superstitions irrationnelles perdurer comme vérités incontestables. La politique en cela fait tout pour maintenir une partie de la population dans la superstition. J’attends de la part des politiques qu’ils soutiennent les artistes marocains, qu’ils les encouragent et ne les brident pas. Oui, l’art a un rôle à jouer pour faire évoluer les mentalités. À la condition que les politiques acceptent qu’une autre parole que celle officielle soit dite : celle des progressistes par exemple, celle d’une certaine gauche. Car cela fait partie de l’histoire marocaine, la vraie. Je trouve déplorable que nombre d’artistes marocains soient obligés de vivre à l’étranger pour pouvoir montrer leur travail, car ils craignent les représailles. L’art a ce devoir d’ouvrir le débat. Et si certains artistes divisent autant, cela veut dire que la réconciliation est nécessaire en regard de notre Histoire.

ROUE DE BICYCLETTE, MARCEL DUCHAMP (1913) Naissance du « Ready-made », dont le pouvoir de sacre et d’ironie conteste à la fois la servitude manuelle de l’art et l’emprise technicienne de la société. « Un tableau qui ne choque pas n’en vaut pas la peine » dans Marcel Duchamp, Ingénieur des temps perdus de Pierre Cabanne (1967).

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MAG’

ART ET SOCIÉTÉ

Toute œuvre d’art est l’enfant de son temps et, bien souvent, la mère de nos sentiments. Ainsi de chaque ère culturelle naît un art qui lui est propre et qui ne saurait être répété. Wassily Kandinsky, Du Spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier (1910)

Othman Naciri

Réalisateur, vit à Rabat

L’art est un moteur essentiel dans l’évolution de toutes les sociétés. Dans notre contexte actuel, l’art crée le débat, et bien sûr, il dérange, titille, plaît, déplaît, mais il a au moins le mérite de bousculer les mœurs et de pousser la réflexion. L’art permet d’avoir à la fois un regard lucide et détaché sur notre société.

Hicham Gardaf

Photographe, vit à Tanger

Que restera-t-il du passé de l’Homme si on extrait l’art de son Histoire ? Je pense que l’art, dans ses vastes et multiples disciplines, est « venu » dans un premier temps pour libérer l’esprit de l’homme. D’abord, celui de l’artisan, du peintre, du sculpteur, de l’artiste lui-même et puis, celui de toute une société. L’art est une forme d’expression profonde de la subjectivité de l’artiste, sa conception du monde, sa liberté individuelle, et la transcription de son état d’esprit. L’art reste une forme d’interprétation personnelle de chaque individu : celle de l’artiste et celle du spectateur. Une interprétation qui dépend du vécu, des goûts, des influences artistiques, littéraires, voire des appartenances ethniques ou religieuses. C’est la contradiction qui peut naître de ce croisement d’idées et de pensées qui est le début de l’évolution intellectuelle d’une société.

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LE RADEAU DE LA MÉDUSE, THÉODORE GÉRICAULT (1819) Lors de sa présentation au Salon de Paris en 1819, l’œuvre du peintre français fait scandale. La critique se divise. Pour les uns, exprimant leur dégoût pour ce qu’ils estiment n’être qu’un « tas de cadavres », « le but de la peinture est de parler à l’âme et aux yeux, et non de repousser le public ». Les autres admirent le fait d’avoir traité d’un sujet politique : « C’est la société tout entière qui se trouve sur le Radeau de La Méduse », affirme Jules Michelet.

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ART ET SOCIÉTÉ

LA NAISSANCE DE VÉNUS, SANDRO BOTTICELLI (1485) Le chef-d’œuvre de la renaissance italienne choque à l’époque par la nudité du sujet central et n’échappe que par miracle au Bûcher des vanités du 7 février 1497, érigé pour brûler tous les objets qui poussent au péché. Botticelli devra y apporter luimême certaines de ses œuvres jugées licencieuses…

Soufiane Ababri

Plasticien, vit à Paris

Responsable… « Je suis le responsable ». Voilà le statement qui ne doit jamais quitter l’esprit d’un artiste. Responsable envers cette société qui lui a accordé une estrade d’où il pratique. Responsable si jamais cette dernière (la société) stagne, manipulée par les dominants. Il est le garant d’une émancipation en route, et coupable si jamais il finit par se plier aux menaces de l’obscurantisme. Je ne peux imaginer des formes qui soient décrites comme « belles » avec une neutralité qui ne ressemble à rien de ce qui nous entoure au Maroc et en Afrique. Un art qui n’est pas critique et produit par le contexte social est un art bourgeois et inutile. La subversion est un style qui peut être utilisé comme baromètre pour mesurer le dysfonctionnement d’une société ou d’un groupe dans cette société. L’artiste, l’intellectuel, l’artiste intellectuel doit hausser la voix, crier pour avoir une chance de faire bouger les avis et les mentalités. Croire le contraire est une hérésie et une méconnaissance de l’Histoire et surtout, de l’histoire de l’art.

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Driss Maaroufi

Omar Mahfoudi

L’art joue non seulement un rôle important dans l’évolution d’une société, mais il permet de faire évoluer les mentalités. C’est quand même à l’art de transmettre des messages. Grâce à l’art, on peut dénoncer, soutenir, influencer même, quand les gens n’arrivent pas à voir ce qui les entoure. Il y a des moments où un artiste se retrouve à choquer certaines personnes, alors que ce qu’il crée n’est qu’un des multiples miroirs de ce qui l’entoure. Il faut encourager la création artistique et appliquer le principe d’égalité des chances aux artistes.

Le principe démocratique repose sur la liberté de chaque citoyen d’exprimer ses idées, ses opinions. La démocratie exige donc que chacun tente de convaincre les autres, échange et s’exprime avec eux. Si cette liberté sans limites évidentes apparaît comme l’apanage de deux sociétés démocratiques où la liberté d’expression est protégée, où le traitement artistique peut se gausser d’aller s’interroger sur les facettes les plus taboues de notre environnement politique, médiatique et historique, n’oublions pas qu’elle est le fruit d’un long combat dont elle n’est malheureusement jamais sortie gagnante pour elle-même, mais seulement par et grâce à l’évolution des mœurs.

Artiste peintre, vit à Rabat

Artiste plasticien, vit à Tanger

LA PYRAMIDE DU LOUVRE, IEOH MING PEI (1989) Le projet architectural de la Pyramide a connu beaucoup d’opposition, ses détracteurs jugeant qu’une architecture aussi moderne faisait injure au classicisme du musée en plus de réduire la visibilité de la cour Napoléon. Le monument est aujourd’hui la troisième œuvre du Grand Louvre la plus prisée des visiteurs après la Joconde et la Venus de Milo.

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MAG’

ART ET SOCIÉTÉ

Kamal Hachkar

Réalisateur, vit entre Marrakech et Paris

Un artiste est là pour bousculer des certitudes, questionner notre société. Un artiste se doit d’être irrévérencieux, subversif. Certains films ont permis des évolutions importantes dans la société, de faire prendre conscience aux opinions publiques de drames politiques, sociaux… Oui, l’art éveille, réveille nos consciences, et ces espaces de liberté, nous devons les préserver et surtout, permettre au plus grand nombre d’y avoir accès. Concernant l’affaire Much loved, je suis atterré et scandalisé par cette interdiction, c’est une atteinte aux libertés tout court, un artiste doit être libre dans ses choix artistiques. Il n’y a ni art propre, ni art sale, l’art est libre par définition. Ces conservatisme et obscurantisme sont la conséquence d’une éducation nationale en faillite. Je suis encore plus choqué lorsque j’apprends que des menaces ont été proférées à l’égard du réalisateur et des actrices, nous devons être unis et respecter le principe de liberté de création.

COCA COLA BOTTLES, ANDY WARHOL (1962)

Les arts authentiques d’aujourd’hui sont engagés dans un combat héroïque contre la médiocrité et les valeurs de masse ; et s’il devait être perdant, l’art serait condamné. Mais si l’art devait mourir, l’esprit humain serait livré à l’impuissance et le monde retomberait dans la barbarie. Herbert Read, discours prononcé à l’exposition « Dokumenta III » à Kassel (1964) 48

Dans les années 50 et 60, le Pop Art se fait l’écho de cet art résolument tourné vers la consommation et le témoin du monde moderne, en s’inspirant de l’univers de la pub, des magazines, de la télévision et de la BD.



CULTURE AGENDA

Focus sur...

Retour au Pays Natal LE PROCHAIN FILM DE KAMAL HACHKAR

Retour au Pays Natal est le portrait de la troisième génération juive et musulmane marocaine qui continue de perpétuer un héritage commun à travers la musique, la peinture, l’écriture. Qu’est-ce que le pays natal ? Comment vivre avec l’idée que l’on puisse ne plus être là où nos racines ont été ? Ces artistes trouvent-ils dans la culture arabo-berbère une réponse aux questions qu‘ils se posent sur leur identité ? Leur rêve est de retourner sur les traces de leur famille et de vivre un temps au Maroc pour perfectionner leur art et obtenir la citoyenneté marocaine. Leur manière à eux de réparer les blessures de l’exil : ces artistes symbolisent cette jeune génération qui porte en elle avec fierté l’héritage de ses parents et grands-parents nés au Maroc. Par petites touches, en retraçant le portrait de ces artistes, c’est une mosaïque de l’identité marocaine plurielle qui se dessine, un véritable kaléidoscope d’expériences diverses de ceux qui rêvent, chantent, peignent et fantasment leur Maroc. Après Tinghir Jérusalem, le réalisateur Kamal Hachkar nous dévoile, avec le portrait de cette troisième génération en Israël, aux États-Unis, au Canada et en France, le rêve de ces artistes de recréer des ponts avec le Maroc...

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Les producteurs, c’est vous

LES PRODUCTEURS, C’EST VOUS

Hk’Art Studio a choisi un mode de financement moderne et original pour réaliser le nouveau film de Kamal Hachkar, dont le tournage se déroulera cet été et à l’automne entre le Maroc, Israël, le continent nord-américain et l’Amérique latine. En effet, en plus des partenaires officiels engagés - World Music festival Gibraltar and Gibraltar Production, la fondation Hassan II et la province de Tinghir - une campagne de financement participatif a été mise en place à laquelle chacun peut choisir de prendre part sur le site www.kickstarter.com (tapez “Retour au Pays Natal”) pour faire de ce projet un peu le sien...


Commandez en ligne sur notre nouveau site

www.otorisushi.com ou par téléphone au

05 39 32 55 33 Ouvert 7 j / 7 de 12 h à 23h15 Pendant Ramadan, ouverture après le ftour

Restaurant Otori Sushi - 41, avenue de la Résistance - Tanger Tél. : 05 39 32 55 33 - Mail : otorisushi@gmail.com


CULTURE

AGENDA

l'agenda culturel expositions PIÈCES RARES Tout l’été, exposition de tables peintes totem, d’œuvres sur voiles de bateau, de toiles et sculptures. Journée continue pendant le Ramadan de 11 h à 18h45. Galerie Conil Collection

ROJAS « AL ANDALUSI »

Montrer au monde la beauté de l’Islam L’artiste représente l’art et le patrimoine islamique avec différentes techniques : dessin, peinture, gravure et photographie. Un patrimoine de l’humanité, une quête d’harmonie avec l’univers et d’union avec le sublime. Jusqu’au 23 août. Volubilis Art Gallery - Vernissage le 23 juillet à 19h30

TANGER BELDI Exposition collective : Hanna Umbach - Trinidad Garcés Valérie du Faÿ Fruit de l’atelier photo FINE ART, cette exposition présente le travail de trois femmes d’horizons différents qui, munies de leurs appareils photos, explorent le Tanger Beldi, ce monde des artisans si éloigné de leur quotidien. Ces rencontres, vécues comme une aventure dans le ventre de la ville, sont le reflet de savoir-faire, de couleurs, de textures, de gestuelles ancestrales, de transmission, de « trognes », de regards... Galerie Photo Loft - Nocturne le 9 juillet de 20 h à minuit

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SAID OUARZAZ Artiste majeur et en progression constante, récemment exposé à l’Institut du Monde Arabe à Paris dans le cadre du Maroc Contemporain et actuellement présenté dans le cadre des 25 ans de la Galerie Delacroix à Tanger. À admirer en juillet et août, une grande toile exceptionnelle de Ouarzaz, triptyque de 3,65 m sur 1,50 m, « Le Cosmos ». Galerie Conil Evénements Exposition-vente de petits, moyens et grands formats de l’artiste. La Fabrique

Abdelaziz Lkhattaf Retour à Tanger La planète de Lkhattaf réserve des surprises que l’on décode peu à peu. Contraste entre le tumulte des tons qui claquent - jaunes, verts, rouges, bleus intenses - et le silence assourdissant de personnages sans visages, suspendus sur de minuscules pieds, massives silhouettes trottinant vers de mystérieuses destinées. Cette abstraction, ce dépouillement, plongent leurs racines dans la culture marocaine dont Aziz est issu. On retrouve les bleus de Tanger, la blancheur des sols brûlés, les sienne oxydés de Marrakech, les couleurs éclatantes des teinturiers. Mais surtout, lentement, on est envahi par l’apparente incommunicabilité de ses personnages énigmatiques. Jusqu’au 29 août. Galerie Lusko Vernissage le 31 juillet à 19 h

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CULTURE

AGENDA

musique Imed Alibi Concert nuit du Ramadan Imed Alibi, percussionniste d’exception et musicien aux multiples voyages. Très tôt, il joue des percussions dans des orchestres de musiques orientales classiques, avant de venir en France, à Montpellier, au début des années 2000, où il joue avec des groupes d’horizons musicaux divers, flamenco, oriental, tzigane, fusion… Il apporte son talent de musicien à des spectacles de danse et de théâtre. Il a participé à l’aventure des Boukakes, groupe rock oriental, 8 ans de scène et 2 albums studio, et a accompagné Safy Boutella, Mamdouh Bahri,Ghalia Benali, Mercan Dede, Watcha clan, Michel Marre, Rachid Taha… Le 2 juillet à 22h30 à la Maison de la culture de Tétouan Le 3 juillet à 22 h au Palais des Institutions italiennes de Tanger

Amnesia Blues Retour à La Fabrique pour un

concert

survitaminé

avec

les six membres du groupe aux inspirations aussi diverses que Stevie Wonder, Otis Redding, les Doors ou Johnny Cash. La petite formation « made in Tanger » qui monte, qui monte… La Fabrique - Le 8 août à 21 h

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CONCERTS SÉLECTIONS TANJAZZ Tabadoul en collaboration avec le Festival

concert à Tabadoul durant tout le mois

TANjazz

des

d’août. La sélection finale se fera à la suite

groupes présélectionnés pour la scène

organise

de ces concerts pour ne retenir que cinq

ouverte pour les musiciens qui swinguent

groupes qui se produiront à TANJazz le 13

à Tanger, une scène pour les musiciens

septembre. Entrée participative à partir de

locaux

20 DH.

qui

les

disposeront

concerts

des

mêmes

équipements lumière et son que les artistes

Programme détaillé sur le site www.

du festival. Ces groupes se produiront en

tabadoul.org

Curro Piñana et les Trois Cultures

Concert de flamenco proposé par l’Institut Cervantes de Tanger dans le cadre des « Nuits du Ramadan » Le chanteur de Carthagène Curro Piñana, accompagné par le guitariste Francisco Tornero, proposera l’adaptation de poèmes de trois de plus grands poètes des cultures chrétienne, arabe et juive. Curro Piñana a joué partout en Espagne mais aussi en Europe, sur le continent américain et en Asie. Il a été récompensé au Circulo de Bellas Artes de Madrid, au Festival del Cante de las Minas de La Union à Ubeda, etc. Hôtel El Oumnia Puerto Le 8 juillet à 22h30

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CULTURE

AGENDA

littérature Unberto Pasti

Le bonheur du crapaud Un serpent aux joues douces comme celles d’un bébé, qui se cache dans une poche de veste, une mante religieuse qui passe un été à boire du limoncello, un petit faucon à la patte brisée, des Narcisses qui savent chanter, des grenouilles sauvées d’une mort atroce, un Iris voyageur et un ver solitaire... Autant de héros qui peuplent l’univers singulier d’Umberto Pasti. Discussion avec Yto Barrada. Jardins du Musée de la Kasbah Rencontre le 29 juillet à 18 h

Rachida Madani

Ce qui aurait pu demeurer silence Rachida Madani, auteur de langue française née à Tanger en 1951, a publié plusieurs recueils de poèmes. Militante politique depuis toujours, elle résiste « non pas en criant des slogans ou en agitant des banderoles » mais aves ses mots. Son premier recueil, Femme je suis, avait résonné en son temps comme un prodigieux cri de guerre et d’amour. Le cri d’une femme, certes, mais surtout d’une poète née qui venait jeter un pavé dans la mare de l’ordre littéraire ambiant. Poète des mauvais jours, selon sa propre expression, elle a creusé avec rage le mur du désespoir, ne sachant pas (ou sachant) qu’elle nous mettait ainsi un soleil à portée de main. Discussion avec Kenza Sefrioui. Librairie des Colonnes Rencontre le 25 juillet à 18 h

Sali Bouba Oumarou

Boukhalef, jusqu’au bout Hayka, 24 ans, après un incroyable périple, arrive à Boukhalef, ce quartier périphérique de Tanger, dans l’espoir de rejoindre l’Europe. Il va apprendre à retrousser ses manches pour survivre dans cet enfer du passage. Ira-t-il jusqu’au bout ? Sali Bouba Oumarou est Camerounais. Il a effectué ses études universitaires à Settat et Tanger. Boukhalef, jusqu’au bout est son premier roman. Librairie des Colonnes Rencontre le 1er août à 19 h

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JEAN-YVES BERTAULT Mademoiselle S. C’est à la suite d’une découverte pour le moins surprenante en aidant une amie à déménager que Jean-Yves Berthault, ancien Consul de France à Tanger, s’est décidé à écrire ce livre. Une série épistolaire à l’érotisme cru et terriblement poétique réunie dans cet ouvrage publié chez Gallimard que l’auteur viendra présenter à Tanger pour la première fois au Maroc. Librairie les insolites Le 31 juillet à 19 h

DANIEL ARON Sur les elles de Tanger Daniel Aron, photographe émérite depuis de fort nombreuses années, a su rendre hommage aux femmes de Tanger. Avec son livre publié chez Khbar Bladna, il raconte les vies de ces dames qui peuplent son univers tangérois. Il viendra signer et présenter son livre et exposer, à cette occasion, les portraits de toutes ses muses, 50 femmes qui ont fait, font et feront Tanger. Librairie les insolites Le 11 août à 19 h


GALERIE CONIL

Said Ouarzaz

7, rue du Palmier / 35, rue des Almohades - Petit Socco - Tanger TĂŠl. : +212 539 37 20 54 - contact@galerieconil.com / facebook

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CULTURE

AGENDA JEUNESSE

L'AGENDA DES PETITS Centre aéré de Darna Du 29 juin au 31 juillet de 9 h à 16 h Ferme pédagogique Darna, Route d’Achakar Pour les enfants de 7 à 13 ans (répartis en deux groupes d’âges), une foule d’activités et de jeux pour occuper ses journées en s’amusant : chasse au trésor, tyrolienne, escalade, cours d’espagnol, activités manuelles, etc. 500 DH la semaine (déjeuner inclus), places limitées. Inscriptions au 06 58 10 09 55 ou 06 97 39 10 72

Ateliers d’été de Tabadoul Plein de surprises et de nouveaux artistes donneront des ateliers et des animations à Tabadoul pour occuper vos enfants pendant les journées de cet été.

Et aussi : Atelier d’arts plastiques animé par Dina Hamzaoui jusqu’au 15 juillet (2 séances par semaine, de 15 h à 17 h). Des activités variées et créatives pour les enfants de 4 à 8 ans. Séance 100 DH. Informations au 06 61 07 37 66.

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DU LUNDI AU VENDREDI DE 11 H À 17 H : • Musique avec Mohamed Mesbahi, Laura Klain, Daniele Brenca • Danses hall avec Menko • Danse et percussions africaines avec Abdourahmane Niang (Sénégal) • Dessin, peinture, sculpture, collage avec Sonia Merazga • Théâtre, mime, clown dirigé par Hicham Zouitni • Acrobatie, art du cirque et atelier de clown avec la Compagnie Mémoire d’Avenir • Cours de cuisine et de pâtisserie avec Aziza Aziza concoctera à vos enfants sur place un déjeuner équilibré. 80 DH la demi-journée, 550 DH la semaine. Réservation conseillée, places limitées par téléphone au 05 39 37 19 78 ou par mail : info@tabadoul. org. Et tout le programme et les tarifs sur www. tabadoul.org



CULTURE

À L'AFFICHE

À l'affiche en juillet / août… Cinéma à la Cinémathèque La Cinémathèque de Tanger réouvrira ses portes le 15 juillet.

L’ORCHESTRE DES AVEUGLES De Mohamed Mouftakir Avec Fehd Benchemsi et Mohamed Bastaoui Fiction, France/Maroc, 2014, en VOSTFR (arabe) Grand prix du Jury, Prix de la musique Festival National du Film de Tanger Fin des années 70, Casablanca. Houcine, violoniste, et les membres de son orchestre se font parfois passer pour des musiciens aveugles afin de gagner plus d’argent en jouant dans des fêtes réservées aux femmes. Cinq ans après Pégase, Mohamed Mouftakir nous livre un film autobiographique, inspiré de son histoire personnelle. À partir du 15 juillet

UN HOMME IDÉAL De Yann Gozlan Avec Pierre Niney et Ana Girardot Fiction, France, 2015, en VF Mathieu, 25 ans, aspire à devenir un auteur reconnu. Son destin bascule lorsqu’il tombe par

RENDEZ-VOUS SUR LE SITE

hasard sur le manuscrit d’un vieil homme soli-

DE LA CINÉMATHÈQUE POUR

taire qui vient de mourir et qu’il décide de signer

DÉCOUVRIR LE PROGRAMME DE L’ÉTÉ

vue de la littérature française, Mathieu va plonger

WWW.CINEMATHEQUEDETANGER.COM

de son nom. Devenu le nouvel espoir le plus en dans une spirale mensongère pour préserver à tout prix son secret. Le 23 juillet à 19h30

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Ciné-club

American Language Center

Cycle Rire au cinéma

Cinéma en VO

ANNIE HALL De Woody Allen Avec Woody Allen et Diane Keaton Fiction, États-Unis, 1977, en VOSTFR (anglais) Alvy Singer est un incurable névrosé, obsédé par la précarité de l’univers. Il tombe amoureux d’une jeune femme délurée, Annie, avec qui il développe une relation marquée par de nombreux moments de bonheur jusqu’à ce que surgissent des tensions liées à leurs vies professionnelles respectives. Le 26 juillet à 19h30

GUERRE ET AMOUR De Woody Allen Avec Woody Allen et Diane Keaton Fiction, États-Unis, 1975, en VOSTFR (anglais) Quand Napoléon envahit la Russie, Boris Grushenko est enrôlé de force, alors que sa cousine, dont il est amoureux depuis toujours, épouse un riche marchand de harengs qu’elle trompe de façon éhontée. Après le décès de celui-ci, Boris et Sonja se marient et projettent d’assassiner Napoléon. Le 19 juillet à 19h30

LES NOUVEAUX SAUVAGES De Damian Szifron Avec Ricardo Darin, Leonardo Sbaraglia Fiction, Argentine/Espagne, 2014, en VOSTFR (espagnol) Film interdit aux moins de 16 ans L’inégalité, l’injustice et l’exigence auxquelles nous expose le monde où l’on vit provoquent du stress et des dépressions chez beaucoup de gens. Certains craquent. Les Nouveaux sauvages est un film qui parle d’eux. Méchant, décapant, hilarant : ce film à sketches, produit par Almodovar, est une réussite totale. Un premier film aussi troublant que jubilatoire, qui décortique les mécanismes de la vengeance jusqu’à l’absurde. À voir absolument. À partir du 22 juillet

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CULTURE

À L'AFFICHE

Les Rendez-vous Citoyens de Tabadoul Les 11 juillet à 17 h et 13 août à 20 h Programme juillet (août en cours de programmation, infos sur www.tabadoul.org)

En quête de sens Documentaire de Nathanaël Coste et Marc de la Ménardière Projection réalisée en collaboration avec l’Association Kamea Meah Ce film est l’histoire de deux amis d’enfance qui ont décidé de tout quitter pour aller questionner la marche du monde. Leur voyage initiatique sur plusieurs continents est une invitation à reconsidérer notre rapport à la nature, au bonheur et au sens de la vie... En quête de sens est un documentaire qui est né d’un constat partagé par un nombre croissant de citoyens : notre société occidentale est malade, prisonnière d’une logique qui engendre plus de destructions, d’injustices et de frustrations que d’équilibre et de bien être. L’impératif de rentabilité économique à court terme prend aujourd’hui le pas sur l’intérêt général en dépit du bon sens. La logique prédatrice qui s’impose comme la norme assombrit notre avenir commun. Pour sortir de cette impasse, ce n’est pas de plus de savoir, de plus de technologie ou de croissance dont les hommes ont besoin, mais de plus de recul, de bon sens, en un mot : de plus de sagesse. Tissé autour de rencontres improbables, de doutes et de joies, ce film apporte un message d’espoir à ceux qui se sentent impuissants devant leur poste de télévision.

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CULTURE LIVRES

Au secours, mes enfants n’aiment pas lire ! Par Stéphanie Gaou, libraire Voici une phrase que j’entends environ vingt fois par semaine, émanant de mamans éplorées, de papas désabusés et j’en passe. À chaque fois, je soupire, lève les yeux au ciel, puis souris en posant la question fatidique : « Et vous, Madame (ou Monsieur), lisez-vous ? ». À cela, souvent la même réponse. Un adulte trop pressé, souvent stressé, qui finit par avouer passer des heures devant un écran d’ordinateur ou de télévision au lieu de prendre le temps de se poser, de s’arrêter et de prendre un bouquin. Un foyer d’où le livre est absent, parce qu’il représente encore trop souvent dans la tête des gens un objet cher et donc réservé à une certaine catégorie de personnes. Le livre souffre donc de sa mauvaise et imméritée réputation. Mesdames, messieurs, vos enfants n’aiment pas lire ? Arrêtez de vous lamenter et posez-vous quelques bonnes questions.

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La lecture, loin d’être seulement un pensum - comme on le pense encore trop souvent - est avant tout un moment de partage, de discussion, de solitude aussi et de plaisir. Lire dès le plus jeune âge ne me semble nullement acrobatique pour les esprits des petits. Bien au contraire. Ils sont aptes à tout « recevoir », à découvrir les formes, les couleurs, les histoires, à repérer le rocambolesque du réel, le possible de l’inimaginable. Leur vocabulaire s’enrichit au contact des livres et leur créativité également. Aux adultes de ne pas considérer la lecture comme une contrainte, comme une perte de temps, mais bien plutôt comme un enrichissement mutuel. Cela commence dès les premiers mois de vie de leurs petits. Les enfants s’habituent vite à ce qu’ils découvrent dans leur entourage. Vous voulez qu’ils lisent ? Pas d’autre solution que celle d’avoir des livres à la maison. À vous aussi de prendre le temps de les accompagner dans le sommeil quand ils sont petits, en leur lisant fables et autres contes, ils s’endormiront l’esprit riche d’images fantastiques. Si l’école est synonyme d’apprentissage, elle est également synonyme d’obligations, de devoirs, de sérieux,

de règlementation. On lit à l’école, et parfois trop et même aussi, pour beaucoup d’élèves, à tort et à travers. Trop de jeunes considèrent la lecture comme un sacrifice, activité qui les éloigne de « l’essentiel », qui leur prend du temps sur le sport qu’ils aiment pratiquer, leurs amitiés, leurs loisirs. Or, la lecture est tout autant, pour les jeunes, un loisir que le reste. Certains des livres imposés dans les programmes scolaires sont trop éloignés des préoccupations de vos enfants pour qu’ils les considèrent comme indispensables. À la maison, il est de bon ton de diversifier l’offre de lecture, en montrant à quel point un livre peut être aussi « fun » qu’une console de jeu. Il n’y a pas de recette miracle pour faire lire des enfants. Mais quelques règles de base peuvent s’avérer utiles si on les respecte dans la bonne humeur : - Proposer à la lecture des livres accessibles, avec des sujets qui intéressent vos enfants et des histoires qui sont adaptées à leur âge. Si votre fils aime le foot ou les voyages, pourquoi ne pas chercher des romans ou des histoires qui en traitent ? Cela sera plus facile de lui donner envie de lire.


- Ne pas vous obstiner à vouloir lui faire lire des ouvrages que vous avez aimés quand vous étiez petit.Les temps changent, vos enthousiasmes ne sont pas toujours compris à des décennies d’intervalle. - Accepter qu’il veuille lire des mangas ou des BD,qui ne sont pas des ouvrages mineurs, mais souvent des déclencheurs d’envie. Si vos enfants aiment les images, qu’ils les regardent. Nombre de bandesdessinées sont « intelligentes » et savent donner le déclic à tout un tas de questions et de curiosités. - Laisser traîner des livres un peu partout dans la maison, illustrés ou non. - Respecter le besoin de solitude de vos enfants quand ils lisent. - Alterner télé, ordi, bouquin, sorties. Essayer d’imposer (en douceur) des plages de lecture. Par exemple, tant d’heures d’ordi contre tant de lecture, etc. - Inscrire vos enfants dans les bibliothèques de la ville, vous rendre avec eux dans des librairies, ne serait-ce que pour les habituer à voir des livres,les toucher,les apprivoiser. - Leur constituer une bibliothèque sur les sujets qui les intéressent, les abonner à des magazines pour enfants. À chacun son temps pour lire.Votre premier dévore tous les bouquins qui lui tombent sous la main tandis que le deuxième déteste les livres ? Nul besoin d’en encenser un pour complexer l’autre. L’incitation est la meilleure des conseillères,l’obligation jamais. À vous de trouver des déclics pour que vos enfants se sentent en confiance.

QUELQUES » CLASSIQUES «

DE LA LITTÉRATURE JEUNESSE Pour les rêveurs : Le Petit Prince reste un merveilleux classique. Désert, renard, rose, planètes, exil. Les dessins de Saint-Exupéry sont toujours aussi magiques. Pour les petits rigolos et rigolotes : Le Petit Nicolas de Goscinny et sa bande de coquins. Plein d’aventures et de bonnes farces. Pour les petits nerveux qui aiment les images et l’atmosphère déjantée des univers manga, Dragonball. Pour ceux qui n’aiment vraiment pas lire, mais qui n’attendent que ça d’aimer, tous les bouquins de Roald Dahl. Cet écrivain du Pays de Galles a su rendre plusieurs générations « accro » à ces histoires où des enfants souvent malheureux se vengent des adultes. Purement jubilatoire. Pour les baroudeurs qui aiment les animaux : L’Appel de la Forêt de Jack London. Pour les sceptiques : Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll. Pour les tout-petits : Les Monsieur / Madame ou Calimero aux illustrations colorées et graphiques.

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PRATIQUE CHRONIQUES DU “SOI”

MÉTAPHORE

THÉRAPEUTIQUE ...

La métaphore thérapeutique est un outil de l'Hypnose Ericksonienne qui contient des suggestions inconscientes (en utilisant du langage symbolique, la langue des oiseaux et sollicitant différents niveaux de réception sensorielle). Une métaphore thérapeutique induit des changements internes en douceur, en contournant les résistances de la conscience, sans risquer de projeter une volonté sur la personne. Celle que je vous propose ici procède à une libération des limites inconscientes héritées. On peut la lire ou la faire lire à voix haute par quelqu'un en fermant les yeux pour laisser venir des images sur son écran mental... On peut le faire plusieurs fois, par exemple chaque jour pendant une semaine. LES VIEUX LÉGUMES

© kichigin19

Dans le potager de mon enfance, il y a des traces de légumes disparus aujourd’hui. Certains sont connus, ils ont déjà été re-goûtés, d’autres sont de véritables légendes, promettant des délices accessibles uniquement dans le souvenir miroitant de nos ancêtres portés aux nues et ne laissant que peu de chance d’y parvenir soi-même. Pourtant, le potager est porteur des germes enfouis depuis

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Par Laurence Dudek

des lustres, des graines restant cachées aux fond des sillons abandonnés et il ne tiendrait qu’à moi de les réanimer. Mais je crains d’y trouver, au delà des couleurs d’antan, des saveurs d’autrefois et des odeurs d’ailleurs, des relents de vieille personne, des secrets décédés sans mot dire, des exagérations et des pieux mensonges. Si le rutabaga était vraiment dégueulasse ? Si la christophine restait sans goût et si le panais sentait les chaussettes sales ? C’est un cruel dilemme celui qui oppose la douceur, parfois fade, des souvenirs apaisés et la réalité mordante, vivante et parfois décevante des jours d’ici et maintenant. Et ouvrir les yeux peu paraître si risqué que je préférais encore manger des pommes de terre, en manger tous les jours, et encore, et encore, jusqu’à moi-même devenir une patate. Et cela n’étais pas non plus très satisfaisant, mais c’était sans danger, du moins sans conscience d’un danger. À force de tubercules et de purée, j’ai commencé à me faire des germes sans m’en rendre compte, je me suis flétri, ratatiné. Par chance, car il y a toujours une chance de se sentir mal au bon moment, j’ai eu la nausée, et aussi la courante et j’ai eu peur de tomber malade. J’ai donc été, en quelque sorte, obligé(e), poussé(e) à chercher un régime différent, un alicament pour me sortir du trou.... Et c’est là, que me sont apparus les artichauts violets ! Et que j’ai découvert, feuille après feuille, la douceur acre de leur saveur nacrée et subtile. C’est là que je me suis cultivé pour moi mes propres vieux légumes tout neufs, ceux dont je pourrais dire qu’ils sont mes meilleurs souvenirs d’enfance, ceux que je cueille moi-même, à ma propre manière, que j’accommode à la sauce de chez moi, que je déguste sans partager (comme si c’était possible !) et que je replante en nouveauté chaque année dans un endroit défriché. J’ai trouvé des recettes, des plus simples aux plus sophistiquées, adaptées à coup sûr à la faim du moment et je cuisine si je veux, quand je veux, sans demander l’heure qu’il est ni le temps qu’il fait, juste, toujours juste. C’est ainsi, c’est comme ça... et mon histoire vaut pour moi. Quant aux vieux légumes, on a toujours besoin d’un petit-pois chez soi.



PRATIQUE BIEN-ÊTRE & BEAUTÉ

Beauté

Un été sans tache Par Annie Li, de l’Institut Osmose

© volff

Enfin les vacances ! On se voit déjà en train de lézarder au soleil sur la plage ou au bord de la piscine à bronzer tranquillement. Et soudain une pensée nous traverse l’esprit : on va encore avoir des taches qui vont apparaitre sur le visage. Et à la rentrée, il faudra suivre des traitements contraignants pour éclaircir ces taches... En réalité, le soleil n’est pas l’ennemi public numéro 1 comme certain voudraient nous le faire croire, car l’été est la saison idéale pour faire le plein de vitamine D. Mais comment faire pour avoir un bronzage uniforme ? Si nous observons au microscope une coupe de peau, nous y trouverons un type de cellules responsables de la couleur de la peau : les mélanocytes. Ils fabriquent de la mélanine qui est le pigment responsable de la couleur de notre peau. Elle est produite en plus grande quantité lorsque nous nous exposons au soleil car elle joue un rôle dans la protection contre les effets néfastes des UVA et des UVB. C’est cette surproduction de mélanine qui donne le bronzage. Les taches pigmentaires apparaissent lorsque cette production se dérègle. Les raisons sont diverses : hérédité, grossesse, inflammation (boutons d’acné par exemple), produits cosmétiques (parfums par exemple) ou encore certains médicaments. Donc pour bronzer sans taches et profiter des bienfaits du soleil, il faut prendre quelques précautions simples :

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- Évitez d’appliquer du parfum car l’alcool qu’il contient et certaines huiles essentielles sont photosensibles. - Ne vous exposez pas au soleil si vous suivez un traitement antibiotique, des antidépresseurs, anti-inflammatoires ou hypoglycémiants (traitement du diabète) car ils sont connus pour provoquer une photosensibilisation. - Appliquez une crème solaire régulièrement, au maximum toutes les deux heures et après chaque baignade. - Protégez-vous du rayonnement solaire direct sur votre visage, en restant sous le parasol ou en portant un chapeau à bords larges. Bonnes vacances et bon bronzage... sans taches !


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PRATIQUE CUISINE

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Pour 4 personnes 4 fonds feuilletés précuits

© Les Jardins de la Médina

Légumes - 2 artichauts - 4 mini fenouils - 8 tomates cerise - 50 g de champignons de Paris - 12 mini carottes - 12 mini navets - 12 mini courgettes - 200 g de chou-fleur multicolore - 12 radis (rouge, noir et blanc) - 16 haricots verts - 16 févettes - 16 petit pois - Roquette, pousses de betterave - Tomates séchées - Fleurs comestibles

Préparation Compotée d’oignons Éplucher et émincer les oignons. Saler et poivrer. Les faire fondre à feu doux sans coloration avec l’huile d’olive et le beurre. Laisser refroidir, puis mixer avec les anchois et les câpres.

Garniture

Éplucher les légumes, les cuire à l’anglaise (eau bouillante très salée) séparément et les refroidir aussitôt dans de l ‘eau glacée.

Sauce au gingembre

Mélanger le parmesan à la crème liquide dans une casserole. Faire chauffer sans

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laisser bouillir jusqu'à ce que le parmesan fonde, puis ajouter le lait de coco et le gingembre. Saler, poivrer et faire chauffer encore 1 ou 2 minutes.

Dressage

Dans une assiette, déposer une petite cuillérée de compotée d’oignons. Poser dessus un fond de tarte croustillant. Le garnir de compotée chaude d’oignons puis disposer la garniture assaisonnée avec un fenouil au centre et décorer de fleurs. Déposer autour des points de crème de parmesan au gingembre.

Compotée d’oignons - 2 oignons - 12 g de câpres - 8 anchois - 10 c. à s. d’huile d’olive - Beurre - Poivre Sauce au gingembre - 5 cl de crème fraiche - 65 g de lait de coco - Beurre - Gingembre frais râpé - 150 g de parmesan râpé - Sel, poivre


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Livraisons à domicile Du lundi au samedi de 9 h à 14 h et 16h30 à 22h30 Le dimanche de 10 h à 14 h 24, rue de Fès (face cinéma Le Paris) Tél. : 05 39 93 25 22 / 05 39 93 40 39

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PRATIQUE URBANOSCOPE

Votre été avec

Lalla Chams Bélier Bon anniversaire

Cancer & Lion ! Cet été, vos destinées semblent étroitement liées, Cancer et Lion ! Le Cancer sera étrangement agité et c’est dans le calme du Lion qu’il trouvera sa sérénité. Des rapprochements étonnants se produiront entre les deux signes et l’été risque d’être finalement plus agréable qu’ils ne le prévoyaient... Un été placé sous le signe du romantisme pour tous deux, de quoi redonner le sourire aux plus pessimistes d’entre eux !

Il va falloir plusieurs agendas pour réussir à maîtriser votre emploi du temps estival, le Scorpion ! Ménagez-vous des pauses et faites le tri de vos priorités. Jours fétiches : les 19 juillet et 7 août.

Taureau

Sagittaire

Coups de soleil, coups de pompe et coups de coeur composeront votre quotidien estival. Éclatez-vous et profitez de cette période pour faire le plein de jolis souvenirs... Jours fétiches : les 4 et 5 août.

Vous êtes très occupé à préparer la rentrée, déjà ! Mais profitez donc de cette période que vous appréciiez tant il y a quelques années sans penser toujours à demain ! Jours fétiches : les 20 et 21 juillet.

Gémeaux

Capricorne

De beaux moments passés en famille et en couple donneront à cet été toute la douceur dont vous rêvez. Attention toutefois à ne pas trop dépenser ! Jours fétiches : les 3 juillet et 17 août.

Un été chaud chaud chaud ! Torride, en somme. Un succès qui pourrait bien vous monter à la tête et vous faire oublier toute prudence. Prenez garde à vous... Jours fétiches : les 8 et 9 août.

Vierge

Verseau

Des ennuis administratifs notamment rendront votre mois de juillet pénible. Prenez votre mal en patience, août sera bien plus clément et vous fera oublier ces soucis. Jours fétiches : les 7 et 8 juillet.

De jolies rencontres au programme de cet été : famille éloignée, amis perdus de vue, nouveaux collègues sympathiques... De bons moments en perspective. Jours fétiches : les 11 juillet et 21 août.

Un été en relation avec l’enfance qui vous laissera une saveur de bonbon dans la bouche. Profitez de la douceur de ces longues journées ensoleillées. Jours fétiches : les 23 et 24 juillet et 11 août.

Colérique et insupportable, c’est ainsi que vous trouvera votre entourage cet été. Mettez-vous au yoga ou faites une retraite pour laisser vos proches respirer. Jours fétiches : les 2 et 3 juillet.

Balance

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Scorpion

L’été n’est pas forcément votre saison préférée mais vous saurez saisir les occasions d’en faire une période fructueuse, notamment sur le plan financier. Jours fétiches : les 10 juillet et 27 août.

Poissons


LA FABRIQUE restaurant - galerie d’art

7, rue d’Angleterre (direction Grand Socco) - Tanger - Tél. : 05 39 37 40 57 Mail : lafabrique.tanger@gmail.com - Facebook : tangerlafabrique


PRATIQUE ADRESSES

Carnet d’adresses - Agenda Cinémathèque de Tanger - Grand Socco - T : 05 39 93 46 83 IF Tanger - 41, rue Hassan Ibn Wazzane - T : 05 39 94 10 54 Galeries Conil Événements - 7, rue du Palmier, Petit Socco T : 06 55 64 10 14

IF Tétouan - 13, rue Chakib Arsalane - T : 05 39 96 12 12

Galeries Conil Collection - 35, rue Almohades, Petit Socco T : 06 55 64 10 14

La Fabrique - 7, rue d’Angleterre - T : 05 39 37 40 57

Galerie d’Art Lusko - 4, rue de Téhéran - Quartier Wilaya T : 05 39 94 62 59 / 05 39 32 41 19 / 06 61 34 43 96 Galerie Photo Loft - 115, av. Med Ben Abdellah - T : 06 41 45 66 40 Hôtel El Oumnia Puerto - 10, av. Bethoveen - T : 05 39 32 50 43

Renseignements : 160 Police : 190 Gendarmerie Royale : 177 Pompiers - Ambulances : 150 Maroc Assistance : 05 22 30 30 30 Mondial Assistance : 05 22 31 31 50

Institut Cervantes - 99, av. Sidi Ben Abdellah - T:05 399320 01 Librairie les insolites - 28, rue Khalid Ibn Oualid - T:0539371367 Tabadoul - 19, rue Magellan - T : 05 39 37 19 78 / 06 41 16 16 47 Volubilis Art Gallery - 6, rue Sidi Boukouja - Kasbah - T : 06 68 70 01 81

Numéros utiles

Port Maritime : 05 39 93 11 29 ONCF : 08 90 20 30 40 Aéroport de Tanger : 05 39 39 36 49 Pharmacies de garde : www.menara.ma Urgences vétérinaires Clinique du Golf - 06 61 79 02 19

Clinique Assalam Av. de la Paix - 05 39 32 25 58 Clinique du Détroit Gzenaya - Lot 84 A5 - 05 39 39 44 48 Clinique Bennis Route de Tétouan - 05 39 34 07 47

Points de distribution Centres culturels / Galeries Cinémathèque Le Rif Délégation de la Culture Galerie Artingis Galerie Conil Galerie Dar D’Art Galerie De Velasco Galerie Delacroix Galerie Ibn Khaldoun Galerie Laure Welfling Galerie Lusko / LM Dépôt Vente Galerie Mohammed Drissi Galerie Photo Loft Galerie Volubilis Goethe Institut Institut Cervantes Institut Français de Tanger Medina Art Gallery Musée de la Kasbah Tabadoul

Restaurants / Salons de thé Boston Café Café Le Savoy Casino Movenpick Anna & Paolo Art & Gourmet DiBlu El Morocco Club El Tangerino L’Océan La Bodega La Casa d’Italia La Fabrique La Pagode Le Bistrot du Petit Socco

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Le Parcours des Sens Le Salon Bleu Le San Remo Otori Sushi O Tri K Tom Yam Salon de thé Kandinsky Salon de thé La Fuga Glacier La Gelateria

Hôtels / Maisons d’hôtes

Hotel Andalucia Hôtel César Hôtel Continental Hôtel El Minzah Hôtel Golden Tulip Farah Hôtel Ibis Hôtel Mövenpick Hôtel Oumnia Puerto Hôtel Solazur Hôtel Villa de France Dar Al Barnous Dar Chams Dar El Kasbah Dar Jameel La Maison de Tanger Le Balcon de Tanger Le Dar Nour Le Nord Pinus Ryad Mogador

Divers

Association ADRAR Crèche Le Manège Centre Régional d’Investissement Chambre de Commerce Française

Chambre de Commerce de Tanger Consulat Général de France Délégation du Tourisme Groupe Scolaire Le Détroit HEM Médi1 TV University of New England

Librairies

Librairie des Colonnes Librairie les insolites Librairie La Virgule Page et Plume

Beauté / Sport

All Ladies Catherine Coiffure Dior Style Eden Club Femmes Figurella Medispa Moving Nail Lounge Nutricorp Serenity Day Spa Sozen Spa Spa Osmose Tanger

Commerces/Autres Abyss Accès Immo Adam Cadre Ali Souvenirs Ambiance Living Amine Car Location Animaloo Animalerie

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Original Declaration of Independence as printed on July 4, 1776, top of page 1

We celebrate the

Declaration that

changed the World on July 4, 1776.

www.une.edu/tangier


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