URBAIN - N°39 - JUIN/JUILLET 2016

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URBAt aIn gNe r

NAJOUA EL HITMI Une renaissance...

rencontres - actualités - société - culture - agenda - adresses mensuel gratuit - n°39 - été 2016



Edito

Vous êtes nombreux à nous l’avoir réclamé, ce numéro « Spécial été » sorti exceptionnellement en milieu de mois. Un numéro que nous avons voulu éclectique en y invitant des personnalités aux univers totalement différents, deux femmes et deux hommes qui ont malgré tout un moteur en commun : la passion. Il y a d’abord ces Tangérois dont nous sommes fiers, à commencer par Najoua El Hitmi, artiste récemment consacrée et femme discrète qui peint ses blessures et celles des autres (p. 22). Abderrahim Benat tabou a lui aussi accepté de nous parler de ce qui l’anime : la volonté de lutter contre la disparition des espaces accueillant la vie sauvage en pleine ville, sacrifiés sur l’autel de cette modernisation folle dont nous redoutons tous un peu sans nous l’avouer qu’elle ne défigure notre ville (p. 10). Nous vous présentons également une Franco-Marocaine que certains d’entre vous connaissent sans doute déjà, Latifa Ibn Ziaten, une mère victime du terrorisme qui parcourt les classes et les amphithéâtres en France pour parler aux jeunes du « vivre ensemble » et lutter contre leur départ pour le djihad (p. 16). La dernière personnalité que nous vous proposons de découvrir parcourt quant à elle le monde entier pour diffuser une certaine image du luxe à la française : Jean- Louis Denio t est l’architecte-décorateur que nous adorerions tous voir se pencher sur notre salon ! Nous vous laissons donc en bonne compagnie et vous souhaitons un excellent et paisible Ramadan, suivi d’un très bel été. Christine Cattant


URBAIN

© Bruno Bernier

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Contacts

Directeur de Publication : Othman Noussairi // o.noussairi@urbainmagazine.com Rédactrice en Chef : Christine Cattant // c.cattant@urbainmagazine.com

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www.urbain.ma Urbain Tanger Magazine 67, avenue de la Résistance - 90 000 Tanger 105984 En cours © Najoua El Hitmi

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URBAIN

S

om m ai r e 22 Najoua El Hitmi

© Najoua El Hitmi

tanger

spécial été 2016 / n°39

A Actus

C

Culture

M Mag’

P

Pratique

8 Courrier des lecteurs 10 Ces Tangérois qui bougent

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16 Rencontre : Latifa Ibn Ziaten 22 À la Une : Najoua El Hitmi 30 Portfolio : Arié Botbol 44 Talents : Jean-Louis Deniot

54 Votre agenda 60 À l’affiche 64 Coups de coeur de libraire

66 68 70 72 74

Vie quotidienne Chronique du “Soi” par Laurence Dudek La recette de Véra Abitbol Le grand Urbanoscope de l’été Carnet d’adresses / Points de distribution



ACTUS I COURRIER DES LECTEURS

paroles de lecteurs sur contact@urbainmagazine.com

URBAt aIn N ger

Un invité de marque

Sa lo n un très beau I n te r na tio na l d e Ta ng e r d u Li v re numéro que celui e t d e s A r ts du mois dernier Yasm ina avec Yasmina Khadra Kha dra en couverture. Mon auteur préféré nous a fait l’honneur de sa présence toute en modestie au Salon du livre, et pour ce bon moment je lui dis merci ! Abdel, Tanger

- culture - agenda - adresses rencontr es - actualité s - société

mensuel gratuit - n°38 - mai 2016

Une pluie de compliments pour le stand URBAIN au Salon des Livres et des Arts en mai. Merci à tous pour votre fidélité et votre soutien ! J’ai vraiment adoré découvrir cette recette racontée comme un souvenir d’enfance par la nièce du grand Marcello, ce Tangérois que nous connaissons tous ! Nadia, Tanger

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Chère Nadia, vous pouvez vous réjouir... et retrouver Véra dans ce numéro pour une nouvelle recette estivale en p. 70.

nous avons vécu un beau salon avec la présence de l’auteur algérien Yasmina Khadra que vous avez mis à l’honneur dans vos pages. André, Tétouan

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ACTUS I CES TANGÉROIS QUI BOUGENT

SOS Malabata Birds

Par Abderrahim Benattabou C’est l’histoire de Tanger, une ville qui se développe plus vite que son ombre, faisant fi de toute préoccupation environnementale et écologique. C’est l’histoire d’une gestion désastreuse des espaces verts, qui se réduisent chaque jour comme peau de chagrin, privant la cité de son nécessaire poumon biologique, d’un manque absolu de considération pour la flore mais aussi la faune au coeur d’un site géographiquement remarquable. Arbres déracinés, plantation de palmiers arrachés au premier coup de chergui, arrosage de kilomètres de pelouse à grands coups de mètres cubes d’eau...

Ça, c’est pour ce que l’on voit. Mais il y a aussi ce que le public ne voit pas, ce qui se déroule en catimini ou insidieusement, loin des regards, la nuit ou derrière les portes des usines. Empoisonnement des cours d’eau, sable arraché aux plages, pollueurs professionnels et pollueurs du dimanche, entreprises sans scrupules...

Si beaucoup d’entre nous s’en alarment sur le mode “j’y pense et puis j’oublie”, certains s’en préoccupent pourtant passionnément. C’est le cas d’Abderrahim Benattabou, un Tangérois qui observe, impuissant, depuis plus d’une décennie la dégradation inéluctable d’un site de reproduction et de passage des oiseaux migrateurs en plein coeur de la ville. On l’a écouté y mettre le doigt et effectivement, ça fait mal... PHOTOGRAPHIES : A. BENATTABOU

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ACTUS I CES TANGÉROIS QUI BOUGENT Je suis photographe et observateur d’oiseaux migrateurs depuis 2002, lorsque j’étais en école de cuisine à Ouarzazate. En 2004, j’ai intègré l’ISIT et découvert le site en question, à deux minutes de mon institut et exactement devant le playpark de Malabata, juste avant l’ancien Club Med qui devait utiliser les oiseaux comme attractions à grande plusvalue, ce que nos élus locaux consécutifs n’arrivent toujours pas à comprendre. Depuis, j’y reviens toujours et je constate sa tragique détérioration. Le site, appelé " Plan d’eau de l’Oued Mlalah ", était régulièrement visité lors des dénombrements hivernaux d’oiseaux d’eau (une moyenne de près de 3 000

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oiseaux pour la période 19962000). C’était un site assez riche, mais qui a perdu beaucoup de ses qualités écologiques suite aux dégradations successives qu’il a subies. Notamment les rejets liquides et surtout solides dont les déchets de construction, très actives dans la zone. Le site est devenu une décharge pour le BTP. Ces derniers mois, j’ai pu photographier par exemple plusieurs couples d’échasses blanches ainsi que des nids, des canards et des bécasses, des aigrettes garzette, des grues cendrées et des hérons argentés majestueux, sans oublier les cigognes blanches qui constituent à elles seules un des plus beau spectacle de ma vie d’observateur des animaux.

Mais pour cela j’ai déambulé au milieu des débris de construction, vraisemblablement des restes de marchés publics, des tonnes de béton, pavés et bouts de routes qui sont de la monnaie à rendre à l’état, mais comme il est sans doute plus simple de tout abandonner dans un coin, le résultat est catastrophique.

J’ai depuis deux ans commencé à contacter médias et responsables : France 24, Eljazirra, Eaux et forêts, BirdLife Maroc, journalistes marocains, Observatoire national de la biodiversité, ministère de l’environnement et j’en passe. J’ai reçu beaucoup de soutien, de conseils et d'informations et mon dossier est sur le bureau de plusieurs associations qui font sans doute de grandes tables rondes mais qui restent totalement incapables de mener une action contre la ville et ses élus locaux et communaux, car c’est finalement eux les responsables des trottoirs retirés pour l’aménagement de la ville et de la mauvaise gestion des déchets et débris qui tuent toute vie un peu partout dans nos villes, sans parler des


résultats écologiques, esthétiques et comptables. J'ai également lancé une page Facebook pour accompagner la COP22 et sa version méditerranéenne qui se tiendra prochainement pas loin du site.

Car si le site accueille de moins en moins d'oiseaux à cause du dérangement, les infos dont on dispose fournissent tout de même un inventaire de vingt espèces hivernantes, qui sont classées ci-après dans l’ordre décroissant de leur abondance : Pluvialis squatarola (100), Charadrius hiaticula (83), Charadrius alexandrinus (75), Gallinago gallinago (50), Burhinus oedicnemus (47), Tringa totanus (38),Thalasseus sandvicensis (30),

Ardea cinerea (16), Tringa nebularia (16), Ardea alba (11), Egretta garzetta (10), Larus michahellis (8), Calidris alpina (5), Actitis hypoleucos (2), Tachybaptus ruficollis (2), Charadrius dubius (1), Haematopus ostralegus (1), Ichthyaetus audouinii (1). Le peuplement printanier est légèrement différent, avec plus de G. Audouins.

Si le barrage sous le pont était fermé, cela transformerait le site en vrai plan d’eau comme par le passé et les canards et foulques pourraient revenir en masse alors

que se développeraient à nouveau les hydrophytes, plantes aquatiques essentielles à la reproduction de plusieurs espèces d’oiseaux d'eau. L’intérêt des sites ornithologiques intraurbains est primordial en matière d’éducation et pour le développement de certains loisirs. Ce lieu, équipé, géré (sur le plan hydrologique) et protégé contre le dérangement deviendrait un terrain d’enseignement formidable et une véritable zone de visite écotouristique pour les Tangerois, si nécessaire dans cette ville lourdement artificialisée et urbanisée.

Pour l’instant, je suis seul et je visite souvent le site avec des sympathisants mais aucune action de terrain n’a encore été entamée. Je cherche encore des conseils juridiques pour intervenir à mon niveau et, même si l’action peut paraître dérisoire, mon rêve serait de ramasser toutes ces briques et pavés neufs, de clôturer le site et de construire un café ornithologique

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ACTUS I CES TANGÉROIS QUI BOUGENT

MALABATA BIRDS

Pour soutenir Abderrahim, contactez-le sur : benattabou.abder@gmail.com ou sur sa page Facebook : SOS Malabata Birds

(location de jumelles et ventes de livres et cartes postales sur la faune et la flore de la région) et de tracer un parcours d’observation pour les universitaires et les écoles afin de permettre à l’endroit d’exister encore pour les siècles à venir. J’aurais juste besoin d’un coup de main pour construire un bâtiment, un parcours pour éviter de marcher sur les nids et une clôture pour laisser un peu de paix à nos amis voyageurs... I

Les remerciements de l’auteur vont à : Dr. Imad Cherkaoui, executive director GREPOM BirdLife Mar oc , Mohamed Dakki, responsable de l ’é q u i p e “ Z o n e s H u m i d e s ” d e l’Institut Scientifique (Université M o ha m m e d V - Ag da l , R a ba t ) , Ab de l j e bba r Q ni nb a , dé p a r t e m e n t

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de Zoologie et Écologie animale à l ’I n s t it u t S c ie n t if i q u e d e R a b a t , U n i v e r s i t é M o h a m m e d V , S a ïd Chakri, consultant en Gouver nance environnementale, Rabie El Khaml ic h i , p r é s i d e n t d e l ’ O b s e r v a t o ir e pour la protection de l’environnement de Tanger.

SOS



MAG’ I RENCONTRE

LATIFA IBN ZIATEN APRÈS IMAD...

Son coeur s’est brisé, un jour de mars 2012, sur un parking toulousain lorsque le terroriste et tueur en série Mohamed Merah a assassiné froidement son fils, Imad, d’une balle dans la tête. Pour se reconstruire, Latifa Ibn Ziaten a créé l’association Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et pour la paix et se rend régulièrement dans les écoles, les universités et les prisons pour “prêcher” le vivre ensemble. De passage à Tétouan, sa ville natale, en début d’année, elle a accepté de répondre à nos questions. RENCONTRE AVEC KAMIL EL ALAMI PHOTOS : LATIFA IBN ZIATEN

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Latifa, vous êtes la maman de cinq enfants, Imad, trois garçons

et une fille. On a envie d’en savoir un peu plus sur eux... J’ai un fils ainé, Hatim, qui est enseignant d’éducation physique et sportive pour des personnes en situation de handicap. Il m’aide et me soutient dans mes projets associatifs depuis sa création. Il est d ailleurs le vice président de mon association. Mes autres enfants m’aident également. La perte de leur frère est un traumatisme qui a déséquilibré la fratrie car Imad en était l’un des piliers. Il était écouté et respecté. Ikram est iconographe au musée des beaux-arts de rouen. Elle a trois enfants, deux filles et un garçon qu’elle a appelé Imad. naoufal est agent de sécurité, c’est un garçon sensible et généreux. Mon dernier s’appelle Ilyasse. Il travaille dans la vente et apporte son soutien administratif à notre association.

Imad était non seulement votre fils mais également votre ami. Lorsque le drame est arrivé, en mars 2012, vous avez décidé de « rester debout ». Mohamed Merah a tué mon fils. Mais Imad était plus que ça, c’était un confident, nous étions très proches. après son décès, il fallait que j’aille sur les lieux de sa mort à Toulouse. Je voulais faire quelque chose pour qu’il ne soit pas oublié, mais je ne savais pas précisément quoi. Je me sentais perdue car brutalement mon mari et moi-même avions le sentiment que tout ce que nous avions fait pour que nos enfants réussissent s’était écroulé. après avoir passé quarante jours au Maroc, je suis revenue dans ma famille à rouen et j’ai fondé une association : Imad pour la jeunesse et la paix. puis j’ai éprouvé le besoin d’aller là où avait vécu Mohamed Merah, j’ai voulu comprendre comment un jeune avait pu devenir un meurtrier. Devant les tours de la cité, je suis tombée sur un groupe de jeunes d’une vingtaine d’années. Je leur ai demandé s’ils savaient où avait habité Mohamed Merah. Sans savoir qui j’étais, un jeune m’a répondu : « c’est un martyr, un héros de l’islam qui a mis la France à genoux. » J’étais abasourdie, effondrée et en colère d’entendre ses paroles. À cet instant, je me suis dit qu’il fallait agir, tendre la main à ces jeunes qui étaient la cause de ma souffrance. Je veux que mon fils Imad et toutes les autres victimes de ces attentats ne soient pas morts pour rien. Je veux rester debout parce que mon fils est mort debout pour la France et je n'ai pas le droit de m'asseoir ni de baisser les bras. En tant que maman, je veux rester debout pour que mon message arrive à tout le monde et pour montrer que malgré la souffrance, l’injustice, on peut rester fort…

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MAG’ I RENCONTRE Parlons alors de ces jeunes qui encensent le meurtrier d’Imad et que vous rencontrez dans le cadre de votre association. Quel message essayez-vous à tout prix de faire passer à cette jeunesse-là qui pense que le tueur est un héros et la victime un criminel ? Je dis à ces jeunes que Mohamed Merah n’est pas un héros de l’islam, que c’est un assassin. une religion qui dit « celui qui a tué l’un de vous a tué l’humanité entière » ne peut pas être la religion de Merah, aucun Dieu n’a ordonné de tuer des innocents et des enfants, son islam n’est pas le nôtre, habité qu’il est par l’esprit de violence et de destruction. Depuis maintenant quatre ans et demi, je vais dans les établissements scolaires, les universités, les centres sociaux, les associations, les maisons de quartier, les familles d’accueil et je veux plus particulièrement aider les mères seules qui sont de plus en plus nombreuses… Je me rends également en prison pour parler aux détenus. Depuis les derniers attentats, j’ai multiplié mes déplacements pour témoigner auprès des jeunes, notamment ceux qui émettent le désir de partir en Syrie ainsi qu’auprès de leurs parents. Quand j’ai décidé de créer cette association, j’ai aussi choisi de défendre ces jeunes qui étaient la cause de ma souffrance. Je ne suis pas animée par la vengeance ni par la haine, j’ai pardonné à Mohamed Merah, le jeune perdu, livré à lui-même, ce

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qu’il était. Mais pas ce qu’il a fait. rien ne peut justifier le crime et la violence. Mon combat va continuer car je crois dans cette jeunesse. Il faut l'écouter avec le regard de l'amour, lui transmettre les belles valeurs que nous avons eu la chance de recevoir, lui faire confiance. Je pense aujourd’hui qu’il est important de sensibiliser les jeunes et moins jeunes, je commence à raconter un peu ma souffrance de mère, celle d’avoir perdu mon fils alors qu’il était un jeune homme heureux dans la vie, dans sa famille, dans son métier, fier d’être un militaire. Je parle aussi de l’importance du vivre ensemble, de l’éducation, de la tolérance, du respect des valeurs républicaines, du respect de l’autre quelle que soit la différence : physique, morale, religieuse... Je rappelle aux jeunes que leur avenir leur appartient, qu’il est entre leurs mains et que pour qu’il soit beau, ils doivent travailler dur et respecter l’école et leurs professeurs. On a du mal à imaginer l’ampleur du phénomène. Rencontrez-vous souvent ces jeunes à problèmes lors de vos conférences dans les établissements scolaires ? oui malheureusement, beaucoup de jeunes pensent encore que Mohamed Merah est un martyr de l’islam ou croient en des théories du complot… c’est pour cela qu’il est important aujourd’hui d’écouter ces jeunes, de leur expliquer, avec le regard de l'amour, de leur transmettre les belles valeurs que nous avons eu la chance de recevoir et de leur faire confiance. Et comment réagissent-ils ? Avez-vous rencontré des jeunes totalement réfractaires à votre discours ? Sur le terrain français, j’estime que mon combat commence à porter ses fruits. J’ai convaincu trois jeunes de ne pas partir en Syrie. J’ai sauvé leur vie et celle des autres. un travail de longue haleine, pendant six mois. une fois par semaine, je sortais avec eux, je dialoguais. Sur les trois jeunes hommes, c’est le converti à l’islam qui a été le plus difficile à convaincre, un jeune maghrébin musulman, c’est plus facile de


le remettre dans le droit chemin. J’ai aussi récemment travaillé avec des jeunes filles revenues de Syrie, ainsi qu’avec des parents qui ont perdu leur enfant là-bas. c’est difficile pour eux car on leur dit : « Vous avez un enfant terroriste ! » Ça fait très mal. Mais vous-même avez dit un jour que « les parents sont responsables à 100% de la radicalisation de leurs enfants » et que vous constatiez la démission de certains d’entre eux. À quoi est-elle due selon vous ? parmi les causes de la démission des parents, il y a le divorce, les séparations ou les situations familiales monoparentales qui peuvent constituer des sources de souffrances, d'angoisses et d'incertitudes multiples. Je pense que les parents sont responsables à 100 % de l’éducation de leurs enfants, je n’ai en revanche jamais dit qu’ils sont responsables de la radicalisation de leurs enfants. Mais certains parents démissionnaires abandonnent leurs enfants. Généralement, les jeunes en difficulté se sentent déconnectés, souffrent d'une perte d'identité, ces jeunes sont en quête d'identité puisqu’ils ne sont pas pour autant profondément enracinés dans la culture et les traditions de leurs parents. cette jeunesse est une proie facile pour les recruteurs radicaux. Il y a un travail énorme à faire en France pour aider ces jeunes. Ils manquent d’espoir, se sentent rejetés par la société et croient que la république les a oubliés. certains parents n’ont malheureusement pas fait leur devoir d’éduquer leurs enfants, de les suivre, les encadrer, les aimer. Il ne reste que l’école aujourd’hui, mais elle ne peut pas tout faire. alors il faut travailler avec les parents, les élèves et les professeurs pour créer cet équilibre chez l’enfant qui connaîtra son identité et saura qui il est. Quand un jeune de 14 ans vous dit qu’il n’a pas de rêve, qu’il ne dialogue pas avec ses parents, ça m’inquiète. Moi, malgré cette souffrance, en tant que femme, mère, présidente de l’association, j’ai un rêve : déplacer les montagnes pour aider ces jeunes. Donc d’après vous, l’État et l’école doivent se substituer à ces parents démissionnaires. De quelle manière ? Lorsque je raconte mon histoire dans les écoles, les enfants se mettent souvent à pleurer. En réalité, ils ne pleurent pas pour ma souffrance mais parce que je réveille la leur et cela m’inquiète.

“Beaucoup de jeunes pensent encore que Merah est un martyr de l’islam” Il y a de moins en moins d’écoute des jeunes de la part des adultes. certes, l’école commence à la maison mais malheureusement certains enfants souffrent du manque de présence, de disponibilité de leurs parents. Je sais que certains parents ont baissé les bras. Il faudrait alors que l’école, le gouvernement puissent prendre le relais pour que ces enfants ne soient pas abandonnés. J’ai remarqué lors de mes déplacements qu’il y avait un manque de psychologues et d’assistantes sociales dans les établissements scolaires. Je demande au gouvernement de donner les moyens pour que les enfants qui en ont besoin soient écoutés et aidés car on ne peut pas fermer les yeux face à ce problème. Il faut leur donner une chance, leur permettre de travailler, même ceux qui sont en échec scolaire. Il faut pour ceux-là plus que pour les autres, les écouter et surtout leur donner un peu d’amour. ce manque d’attention est une bombe à retardement qu’il faut désamorcer avant qu’il ne soit trop tard. Enfin, je regrette que l’on ait supprimé le service militaire. c’était une période où on apprenait la discipline, le respect et le vivre ensemble. au sein de l’armée on constate une mixité sous toutes ses formes : sociale, humaine, religieuse... et cela devient une deuxième famille. Vous avez été chahutée en décembre dernier en raison de votre foulard. Vous l’emmenez au sein des écoles, un espace où précisément la République interdit aux élèves et enseignants de le porter en vertu du principe de laïcité. Vous avez d’ailleurs dit le 11 décembre 2015 au Républicain Lorrain que « la laïcité, c’est bien vivre ensemble sans montrer son appartenance religieuse ». Comprenez-vous par conséquent la position de ceux qui jugent contradictoire ce signe ostentatoire religieux que vous affichez ? Le paradoxe, c’est que le principe de laïcité ouverte pour la liberté de culte n'autorise pas une femme voilée à s'exprimer en public devant une assemblée de personnes influentes. La

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MAG’ I RENCONTRE

“S’il y a des gens qui ne supportent pas mon aspect vestimentaire, c’est leur problème.” question du voile ne relève que de ma foi individuelle et en aucun cas elle ne discrédite ou même ne parasite mes propos sur le message de paix et du vivre ensemble. peut-être faudraitil arrêter de regarder le voile mais plutôt écouter mes propos sur nos problématiques de vie en société actuelle ? Je suis une femme indépendante et libre. S’il y a des personnes qui ne supportent pas mon aspect vestimentaire, c’est leur problème, il en faut pour tous les goûts, c’est bien là l'esprit de la tolérance. rappelons-nous juste de Ghandi et de sa tenue (la dhoti), une tenue culturelle n'a rien à voir avec la portée du message. Je veux dire par là qu’il ne faut pas tout mélanger. Si pour vous la tenue importe peu, la radicalisation, c’est pourtant aussi le port de plus en plus fréquent du niqab en France, un vêtement qui ne trouve aucune origine dans la culture musulmane des jeunes filles qui le portent. Que diriez-vous alors à ces jeunes femmes ? La laïcité n’est pas l’ennemi de la religion, elle respecte et protège la foi, elle permet à chacun de pratiquer son culte à condition de ne pas l’imposer à tous, personne n’interdit à personne de vivre paisiblement et discrètement sa religion dans ce pays, je ne comprends donc pas pourquoi certaines jeunes filles veulent pratiquer l’islam dans l’ostentation en portant le niqab. Je travaille avec des adolescentes rentrées de Syrie. Du jour au lendemain, elles ont mis le niqab et sont devenues plus sévères. Je leur dis : « Mais pourquoi tu fais ça, ma fille ? Tu es jeune, les femmes se sont battues pour la liberté. comment tu vas réussir ta vie ? » Et là, elles se mettent à pleurer. Elles me disent : « Je ne sais pas, aidez-moi ! » pour moi, il n'y a qu'une solution : quand on parle avec son cœur, l'enfant nous entend. Vous savez que beaucoup de Français ont peur et c’est l’une des raisons du succès du vote au profit du Front national. On vous a d’ailleurs même reproché d’attiser cette

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peur en disant qu’il y avait « des Merah partout ». Que diriez-vous à un de ces électeurs pour tenter de le faire changer de camp ? aujourd’hui, je suis sur le terrain, je vois la souffrance et oui, j’en ai peur. Je dis qu’il y a des Mohamed Merah partout et qu’il faut tendre la main. Il y a un travail à faire et la prison n’est pas la solution. Et vous-même, qu’avez-vous ressenti lors des attentats de janvier et de novembre l’an dernier ? Les derniers attentats ont ravivé la douleur d’une mère. un événement que je craignais. cela fait très mal, ces actions motivées par la haine, mais pas par l’islam ça, ce n’est pas les musulmans. Ils se cachent derrière l’islam mais ce n’est pas une arme pour tuer. L’islam, c’est pour la paix, pour la tolérance, pour le respect. Vous vous rendez souvent au Maroc dans le cadre du travail pour votre association. Qu’est-ce qui ressort de vos rencontres ici et notamment à Tétouan, ville dont vous êtes originaire ? c’est le Maroc qui m’a tendu la main. Le Maroc m’a redonné courage pour me remettre debout et ça, je ne peux pas l’oublier. c’est pour cela que je voudrais remercier les Marocains de leur soutien et rendre hommage au roi du Maroc. Le Maroc n’oublie pas ses enfants : le souverain a pris en charge la cérémonie de l’enterrement de mon fils le 25 mars 2012, une cérémonie qui a permis de redonner une dignité à ma famille. Le troisième jour après l’enterrement de mon fils, le roi en personne m’a téléphoné pour me présenter ses condoléances et me dire qu’il partageait ma peine. Il a pris en charge mon voyage à la Mecque pour me permettre de faire mon deuil. Mon fils Imad voulait nous envoyer, son père et moi, à la Mecque et je lui avais répondu qu’il devait d’abord penser à lui. aujourd’hui, c’est chose faite. Je me rends souvent au Maroc désormais. J’ai ressenti qu’il y avait un besoin et je dois servir mon pays. Si la France est mon père, le Maroc est ma mère et elle a besoin de moi pour aider ses enfants : j’ai envie d’ouvrir une antenne à M’diq, ville où mon fils est enterré, pour venir à l’aide aux jeunes en difficulté. I



MAG’ I À LA UNE

Najoua El Hitmi

Une renaissance

Najoua El Hitmi est arrivée un beau jour dans le paysage culturel tangérois sans qu’on l’y attende. D’ailleurs, la peinture aussi s’est invitée dans la vie de cette professionnelle du tourisme un peu sans qu’elle s’y attende elle-même. Exposée au départ plutôt par hasard sur les murs d’une boutique de la ville du détroit, elle présente trois ans plus tard ses toiles en Italie, en Espagne, en Suisse et en France. Portrait d’une artiste modeste qui a le sentiment de vivre un conte de fée.

Rencontre avec Christine Cattant

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MAG’ I À LA UNE

“Je n’avais aucune idée de ce que j’allais en faire mais je voulais une toile, rien d’autre, ça m’avait toujours fait rêver.”

C

’est dans son atelier situé en plein centre de Tanger et sur sa terrasse depuis laquelle l’oeil caresse le port que m’a donné

rendez-vous la nouvelle coqueluche des

salles d’expo. Élégante, les ongles

vernis, elle me propose un café avec

cette douceur et surtout cette générosité que beaucoup de Tangérois connaissent.

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Car Najoua El Hitmi, dont la famille est originaire de Fès, est quant à elle une enfant du pays. Aujourd’hui, elle n’est pas là pour travailler, mais c’est ici qu’elle se sent le mieux, le plus souvent, au milieu de ses tubes de couleur et de ses toiles. Elle avoue en souriant : « Je viens ici, mais j’ai toujours du mal à m’y mettre. Puis quand je le fais, je n’arrive plus à m’arrêter ». Elle a l’air un peu gêné, Najoua, de ce

mais je voulais une toile, rien d’autre,

succès qui lui tombe dessus à bras

ça, c’était non négociable, ça m’avait

raccourcis. Gênée et reconnaissante, car

toujours fait rêver ».

cette passion nouvelle lui a enfin donné l’occasion de changer de vie. En aban-

Lorsqu’elle entre donc chez ce petit

donnant son ancien mêtier de voyagiste,

marchand de couleurs, Najoua El Hitmi

pour commencer. Désormais, c’est pour

a, depuis quelques mois déjà, décidé de

elle seule qu’elle voyage, pour transmet-

changer de perspectives, de prendre

tre cet art qui est né entre ses mains par

soin d’elle, d’explorer de nouvelle pistes

le plus grand des hasards. « Je passais

de bien-être. Elle multiplie les expéri-

presque tous les jours devant cette

ences, entre stages de danse, de

boutique. Je l’avais remarquée, bien sûr,

sophrologie et de yoga, de rebird, d’ap-

mais je n’avais jamais osé y entrer.

proche matricielle et autres méditations...

Pourquoi l’aurais-je fait, d’ailleurs ? » Et

Elle apprend aussi la calligraphie et c’est

pourtant, ce jour-là, elle le fait. Et elle

tout naturellement d’abord vers cela

demande « une toile ». « Je n’avais alors

qu’elle se tournera lorsque son premier

aucune idée de ce que j’allais en faire,

pinceau se posera sur cette fameuse toile.

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MAG’ I À LA UNE

Najoua peint, peint et peint encore. Et, contre toute attente, le passe-temps devient passion. Un ami découvre ses toiles, alors surtout inspirées par ses

Et, contre toute attente, le passe-temps devient passion.

expériences de calligraphie, et lui propose d’organiser sa première exposition sur les murs de sa boutique de déco.

privilégier le cheminement, non l’arrêt.

Le succès est fulgurant.

L’horizon conceptuel de l’artiste lui fait écrire le trajet comme plus important que

Najoua, depuis, continue de peindre.

sa destination : ces formes en devenir,

Son style s’affine, se personnalise. Une

énergies vives, animées par un élan

partie de son oeuvre est composée de

vertical, n’atteignent jamais le bord

toiles circulaires, mais désormais sur

supérieur de la toile. Un vide vient les en

toutes ou presque déambulent ces

séparer ! Cette intuition est juste : il s’agit

silhouettes énigmatiques et éthérées.

pleinement de vide. Là réside la beauté

Lorsqu’on l’interroge sur ce qu’elle y voit,

féconde de son idée. »

sur ce qu’elle veut dire, elle a du mal à répondre. La signification de l’oeuvre est dans le regard de son public. Certains artistes ont tenté de le faire, à l’image de Rachid Khaless. « Le regard de l’artiste est décidément orienté vers l’intériorité, vers la vie de l’esprit dans une approche à la limite du mystique. Le regard du spectateur y verra une foule hypnotisée, se dirigeant vers un foyer de lumière. La verticalité est une destination certes, mais

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Najoua El Hitmi semble


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© Nicolas Samet


MAG’ I À LA UNE

“ Je peins les prisons intérieures...” On écoute la jeune femme nous parler

gnie d’autres artistes, représenté le Maroc

d’âmes et de présences, et tout cela fait

à la Biennale de Laudun l’Ardoise dans

sens. On voudrait comprendre ce qu’il y

le Gard et inauguré le Pavillon de l’amitié

a derrière la douceur de ce sourire et ces

franco-marocaine, Najoua ne cache pas

grands yeux un peu tristes. On sait, déjà,

son plaisir mais surtout son immense

la douleur de cette jeune soeur partie si

étonnement devant l’incroyable tournure

vite, si tôt, il y a à peine quelques mois.

qu’a pris sa vie ces derniers temps.

On devine, en filigrane, des histoires

Celle d’une renaissance... I

d’union un peu jeune, de carrière contrariée, de choix imposés... On les entend, ces regrets de s’être laissée, parfois, un peu trop guider et d’avoir

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P. 22 : L’artiste devant la toile Périple (Huile sur toile,

permis à cette nature qui lui dicte de

110 cm) - P. 25 : Héritage ancestral (technique mixte

toujours faire plaisir à tous, sauf à

sur toile 110 x110 cm) - Ci-dessus : Processus

soi-même, de s’imposer... « Je peins les

(technique mixte sur toile 120 x120 cm)

prisons intérieures. »

Actuellement et jusqu’au 8 juillet, exposition à

De retour de France où elle a, en compa-

l'Hôtel Vincci Estrella del Mar à Marbella.




MAG’ I L’OEIL DU PHOTOGRAPHE

Portfolio

Arié Botbol « un matin, je me suis dit qu’il faudrait bien un jour que je parte à la chasse des couleurs qui racontent mon enfance.

Je me suis armé de mon appareil photo, j’ai endossé mon gilet de baroudeur, pris mes souvenirs en bandoulière et, billet d’avion paris-Maroc en poche, je suis revenu sur les terres maternelles. Les souvenirs, ça s’apprivoise comme les félins, en prenant de la distance, en les suivant à la trace sans laisser la moindre empreinte de notre désillusion, il faut les accompagner en silence, se faire tout petit, transparent et quasiment invisible, essayer avec maîtrise de retrouver la saveur de l’enfance. Et puis, un jour, la réalité prend le pas sur le passé, la réalité se fait plus grande que le passé, elle l’englobe, elle lui donne toutes ses teintes, elle se veut épicée ou amère, criante ou douce, belle comme un soir de tempête ou volage comme les farfalle du soleil, la réalité te renvoie à la figure tout ce que tu as voulu mettre de côté, comme si ça pouvait se ranger dans un tiroir les souvenirs. J’ai fait des grands loopings, depuis Essaouira, Marrakech jusqu’à Tanger, sans vraiment repasser par la case départ. Sans toucher du doigt Fès la majestueuse. comme si je craignais de gâcher quelque chose d’impalpable, comme s’il ne fallait pas entamer les histoires de ma mère sur sa jeunesse. J’ai rempli la pellicule de scènes de rue, de vies quotidiennes, d’enfants à la gouaille canaille, de vieillardes édentées aux yeux rieurs, de ruelles décharnées et foisonnantes de marchandises, de rivages. J’ai tout mis dans la boîte. J’étais riche d’un trésor qu’il ne faudrait jamais profaner. » Texte de Stéphanie Gaou, mai 2016, inspiré de l’exposition « pérégrinations » de arié Botbol qui aura lieu à partir du 15 juillet 2016 à l’espace les insolites.

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p.30 : L’âme du foundouk - p.32 : Ghost in the machine p.34 : Le linge du soir - p.36 : L’élégante - p.38 : Tanger casbah jaune p.40 haut : regarde le port de Tanger - p.40 bas : Le chat du port

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Tanger Kitchen Hamburgers veggies Gaspachos Grillades Salades Pizzas Glaces

Snacking au jardin et autour de la piscine

o u v er tu r e l e s a m ed i 9 j ui l l et ou v e r t 7 j / 7 d e 12 h Ă 2 4 h - T ĂŠ l . : o6 5 8 o4 9 1 4 9 Complexe la Rose Bleue - Tanger




MAG’ I TALENTS

JEANLOUIS DENIOT

UN HOMME D’INTÉRIEURS Jean-Louis Deniot fait partie de ces décorateurs qui ont créé un style empreint d’Histoire, de références modernisées d’une rare élégance, ainsi que de ces architectes qui œuvrent avec une vision affirmée et reconnue à l’international. Il vient se ressourcer régulièrement dans sa demeure tangéroise à la Vieille Montagne. À l’occasion de la sortie d’un livre qui lui rend hommage, Interiors de Diane Dorran Saeaks, nous avons voulu partager quelques considérations sur le design et la création avec lui. Propos recueillis par Stéphanie Gaou

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TANGER, C'EST MAGIQUE, INSPIRANT, RELAXANT, UNIQUE, EXALTANT. C'EST DE LOIN L'ENDROIT OÙ JE SUIS LE MIEUX AU MONDE. Quelle est la vertu première d’un architecte ?

J’imagine, l’écoute, la sensibilité et la curiosité. Il faut également éprou-

ver le goût de l’aventure, apprécier les personnes qui vous entourent, et

la vie en général. Plus techniquement, il est préférable d’avoir de bonnes notions de proportions, d’équilibre, la juxtaposition d’une esthé-

tique, additionnée à un aspect fonctionnel. Il faut avoir du goût pour

les volumes, les perspectives, l’éclairage, qu’il soit artificiel ou naturel.

Justement, en quoi consiste le goût, voire le bon goût, pour vous ?

Le bon goût des uns correspond au mauvais goût des autres. Il n’est pas

certain que les choses les plus abouties soient toujours de bon goût. Il

est facile d’obtenir un résultat parfait, en étant sage, conservateur, raisonné… Il est, en revanche, beaucoup plus difficile d’obtenir un

résultat excitant, exaltant et enthousiasmant. Les goûts respectables sont ceux nourris de références, de décors appuyés, cultivés et assumés afin

d’obtenir des décors bien assis, comme des institutions qui deviennent indétrônables.

À cet effet, que recherchent vos clients ?

Mes clients sont assez ambigus, sans doute autant que moi, pris entre le néo-classicisme français et des gestes artistiques éclectiques. Ils

apprécient la prestance, l’élégance et un chic intemporel. Nous travail-

lons aux USA, en Europe, en Russie, en Asie, etc., tant de destinations tellement différentes et de besoins différents. La complexité est de

conserver une signature, une touche de style propre, tout en proposant

une esthétique différente et particulière afin d’enthousiasmer nos © Jean de Merry

clients, de nationalités différentes. Nous travaillons principalement dans

des résidences privées, l’hôtellerie, mais aussi de tours résidentielles

complètes pour des promoteurs à New York, Miami, Moscou, Bangkok.

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MAG’ I TALENTS Comment abordez-vous un nouveau chantier ?

Je suis très sensible au pays, à l’environnement et à la culture, où se

situe le projet. J’aime que chaque chantier soit une histoire unique. Il m’est impossible de dessiner le même intérieur à Paris qu’à New York

ou Hong Kong ! Je débute chaque projet en rédigeant des listes très

descriptives, comme des scénarios, précisant les matières et matériaux

à utiliser, les références de formes, finitions, composants… L’essence

du projet y est décrite en détail. Je partage ensuite les listes avec les

architectes et décorateurs du bureau, afin de démarrer l’ensemble des

plans, élévations et l’étude approfondie des composants du projet. Les images d’inspiration sont parfois trop restrictives et n’illustrent pas

un décor qui n’a jamais existé et qui est sur le point d’être créé.

Je préfère l’abréaction des mots.

On dit souvent d’un décorateur qu’il est comme un psychanalyste pour ses clients. Cette comparaison vous fait-elle sourire ou est-elle juste ?

Je me suis toujours refusé à faire cette partie du job. Je comprends que

nous « entrions » dans l’intimité des clients lorsque nous travaillons sur le décor, mais je m'interdis de m’immiscer dans leur vie privée. Mon

métier est de produire le décor, l’écrin. De plus, mes clients n’ont pas

besoin de psychanalyses. J’ai une démarche très pragmatique avec eux ;

leur temps est très compté, aussi je ne peux me permettre de le perdre à autre chose que l’aboutissement du projet. En revanche, il m’est

arrivé très souvent que nous devenions bons amis, une fois le projet

réalisé.

Y a-t-il un projet de décoration que vous auriez aimé avoir ?

Il y a un nombre considérable de réalisations magiques, il serait difficile d’en nommer. Je suis un « citoyen du monde » et j’aime plus

que tout la multiplicité, les influences qu’apportent les différentes nationalités, cultures et traditions… Il y a des chefs-d’œuvre dans tous les pays du monde.

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MAG’ I TALENTS

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Votre métier en fait rêver plus d’un. Pourriez-vous nous donner les

aspects négatifs, s’il y en a ?

Il est vrai que c’est un métier de rêve, mais qui peut être extrêmement plus complexe qu’il n’y paraît. J’ai la chance d’avoir à mes côtés, ma

sœur Virginie qui veille et gère depuis quinze ans toute la partie

économique et business de mon cabinet. Sans elle, ce serait un

cauchemar. Un de ses nombreux talents est de pouvoir me permettre de

rester perché sur mon nuage artistique, loin des réalités et contraintes, afin de me garder l’esprit libre pour créer. C’est un métier fait de

milliards de détails, et rien ne peut être ignoré, oublié, mal quantifié.

C’est un merveilleux métier, mais qui ne laisse pas de place à l’approximation, ni à l’improvisation.

Quel choix de vie auriez-vous fait si vous n’étiez pas devenu

architecte ?

Je dis souvent qu’en dehors de l’architecture et de la décoration, je suis

un bon à rien ! J’ai su, depuis l’âge de 13, 14 ans que je me dirigeais

vers le métier de décorateur. C’était clair dans ma tête, je ne savais

simplement pas si cela allait être pour des décors de théâtre, cinéma, pour des réalisations permanentes. J’aurais sans doute pu être anti-

quaire, mais cela aurait été trop compliqué de me séparer de mes belles trouvailles, j’aurais rapidement fait faillite. Quel est votre principal moteur ?

La curiosité, la passion, la liberté. Et votre plus belle réalisation ?

Les plus belles réalisations, sont celles à venir. Depuis quinze ans, je

fonctionne comme dans un laboratoire, essayant différentes idées, combinaisons, juxtapositions, répertoires. Les nouvelles idées ne peuvent se développer que grâce aux nouvelles opportunités. Ma crainte

est que nos nouveaux clients demandent de dupliquer ce qui a déjà été fait… Mais j’ai la chance de pouvoir travailler pour des personnes qui offrent, justement, différentes opportunités afin de créer des résultats jamais vus.

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MAG’ I TALENTS

J’AIME CRÉER DES HISTOIRES, ILLUSTRER UNE FORME DE POÉSIE, OBTENIR DES JUXTAPOSITIONS QUI CRÉENT UNE ESTHÉTIQUE UNIQUE ET MAGIQUE. Que voyez-vous en premier quand vous découvrez un nouvel

intérieur ?

Généralement, je vois déjà le résultat. J’ai toujours une vision

déformée de la réalité, car je la vois toujours avec des yeux idéalistes.

L’espace existant est très souvent une page blanche, sans point de départ. Il faut systématiquement démolir, afin de revoir les plans au sol,

les circulations, la lumière, les perspectives, les volumes… Ce plan

devient la colonne vertébrale du projet. Souvent, je n’ai aucun souvenir

des espaces existants tellement je suis projeté dans leur état futur. J’imagine l’espace terminé en trois dimensions, donc l’existant n’est

pas ce qui m’intéresse le plus, mais l’excitation de la projection.

Vous êtes connu pour votre sens très mesuré d’un minimalisme éclectique. Comment s’est nourri ce style ?

Minimalisme éclectique ou maximaliste contemporain ? Je ne me

positionne pas sur l’économie de moyens, ni sur la redondance. J’essaie

de créer un style contemporain, qui s’inscrit dans la continuité de la

logique des Arts Décoratifs Français. Je ne dénigre pas l’ornement mais

je donne une vraie importance à l’architecture, l’art, au mobilier et à la décoration. Dans mon travail, tous les corps d’état liés aux métiers sont

représentés (laqueur, passementiers, peintres décorateurs, mosaïstes,

verriers…) afin de conserver la tradition des métiers d’arts, et la

qualité exceptionnelle des artisans. Le tout, réalisé dans une esthétique contemporaine. J’aime les belles atmosphères, quand la magie opère,

quand tous les éléments sont en symbiose, entre le parfum, la musique, la vue, le toucher. J’aime créer des histoires, illustrer une forme de poésie,

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obtenir des juxtapositions qui créent une esthétique unique et magique.


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MAG’ I TALENTS Vous connaissez bien Tanger. En quoi cette ville vous inspire-t-elle

dans votre travail ?

Pour moi, Tanger représente le Paradis sur terre... Sa situation

géographique seule, entre Europe et Afrique, Méditerranée et Atlantique, je suis complètement fou amoureux de cette ville. C'est un vivier

créatif de gens passionnés et passionnant. J'ai une maison sur la Vieille

Montagne, face à l'océan, depuis quatre ans, c'est comme vivre dans un rêve. J'ai fait des rencontres merveilleuses, de toutes nationalités, toutes

générations confondues. Tanger c'est magique, inspirant, relaxant, unique, exaltant. C'est de loin l'endroit où je suis le mieux au monde. I

Photos d’un projet réalisé à Chicago © Jonny Valiant

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CULTURE I AGENDA

sélection AGENDA CULTUREL

- Spectacles -

Juan Pinilla

Concert de Flamenco organisé par l’Institut Cervantes de Tanger dans le cadre des Nuits du Ramadan Patio andalou de l’hôtel El Minzah Le 16 juin à 21h30

URBAIN AIME !

Smadj Dans le cadre des Nuits du Ramadan Le Tunisien Smadj, plus que jamais chaman du oud, utilise acoustique, électricité et machines pour sculpter un superbe puzzle musical. Cour de l’Institut français de Tanger Le 19 juin à 22h30

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Smaâ (Zawiya Bouchiciya) Le Samâ’ comme le dikre (invocation) et le madih sont des pratiques dévotionnelles dont la tradition remonte au IXe siècle à Baghdad ou Esphahane. Il est l’écoute avec le cœur pour conduire l’âme sur le chemin du retour aux sources de l’être. « Pour celui qui aime Dieu le Samâ’ attise le désir, renforce sa passion et son amour et fait osciller… son cœur et suscite en lui d’indescriptibles états subtils et de dévoilement spirituels que seuls ceux qui en ont fait l’expérience peuvent connaître ». C’est ainsi que définissait Imame Al Ghazali (1058-1111) le samà’ qui demeure une expérience totale, englobant tous les états spirituels et transcendant toutes les pratiques ascétiques. C’est donc au partage de cette expérience magnifiante et purificatrice de l’âme, que nous invite l’Ensemble National de la Tariqa

Qadiria Boutchichia. Tous les membres de l’Ensemble sont foqaras (disciples) de la Zawiia qadirriya Boutchichia et de son grand Maître Vivant Sidi Hamza. C’est dire que pour eux il ne s’agit pas d’un simple spectacle mais d’un véritable moment de dévotion et d’invocation. Cour de l’Institut français de Tanger Le 17 juin à 22h00

- Photo -

Valérie Beltrame et Virginie Lefebvre

Métamorphoses tangéroises

Rendu de l’atelier photo Fine Art Tanger perd ses repères... Bulldozers, grues et bataillons d’ouvriers remodèlent la perle du Détroit, la noyant dans un nuage de poussière d’où, telle une chrysalide, elle ressortira flamboyante ! pour être les témoins de ce passage éphémère, Valérie Beltrame et Virginie Lefebvre ont parcouru la ville... Jusqu’au 2 juillet. Galerie Photo Loft Nocturne le 16 juin à 18h00

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CULTURE I AGENDA

- Photo (suite) En août.

Sine die Zakaria Ait Wakrim

Women & Women : Mujeres tras el espejo Beatriz Moreno, Gabriela Grech, Isabel Muñoz, ouka Leele et Soledad córdoba Les cinq photographes nous proposent leurs différentes visions féminines du monde. Toutes participent au dynamisme actuel de la photo féminine espagnole en plein élan créatif. Jusqu’au 15 juillet. Institut Cervantes de Tanger

Pérégrinations / arié Botbol

Arié Botbol a des attaches fortes au Maroc. De par sa mère, née à Fès, le Maroc est pour lui une véritable seconde nature. Est-ce cette profusion de paysages, de couleurs, de scènes qui lui ont donné l’envie de sillonner le monde, d’aller par monts et par vaux et de photographier les gens, les images qui restent d’une enfance fantasmée ? Il viendra présenter la série « Pérégrinations » ainsi que son livre Correspondances qu’il dédica-cera pour les clients de la librairie.

Espace galerie les insolites Vernissage le 15 juillet à 19h

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Espace galerie les insolites


- Expos -

Trésors nomades Jusqu’au 31 août. Volubilis Art Gallery Vernissage le 12 juillet à 19h00

Mes voiles : Une enfance au Maroc catherine renaud Baret

La puissance géographique

LANDON / EL BAZ CHALENDARD / FAVIER Jusqu’au 3 juillet Galerie Delacroix

prolongation de l’exposition. « (...) Dans la ronde de ses femmes voilées, toutes plus sensuelles, charnelles, voluptueuses les unes que les autres, lit-on dans le voile non pas le cache d'une liberté et d'une dignité, mais une belle affirmation de l'artiste : " c’est à travers elles que je me dévoilerai !" » philippe Guiguet Bologne. également à la galerie cet été, exposition des dernières peintures d’omar Mahfoudi, d'aicha a., de l'artiste JMH et Said ouarzaz. Galerie Conil

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CULTURE I AGENDA

- et aussi... Résidence de création

En partenariat avec le cipM (centre international de poésie de Marseille), l’Institut français de Tanger accueille Anne Malaprade en résidence de création du 23 juin au 9 août. Agrégée et docteur ès lettres, elle enseigne en classes préparatoires à Paris. Elle publie notes et articles sur les sites Poezibao et Sitaudis et intervient régulièrement dans le CCP - Cahier critique de poésie (cipM), dont elle est membre du comité de rédaction. Elle a participé à de nombreux colloques et ouvrages collectifs. Lettres au corps (Isabelle Sauvage, 2015) est son premier livre publié.

Guérir soi-m’aime Ramadan est la période idéale pour s’aligner, faire le point et guérir les parties de nous qui le demandent. Grâce au yoga et à la méditation guidée, Delphine Mélèse vous accompagne sur le chemin du mieux-être, de l’allègement et de la lumière intérieure. Séances individuelles personnalisées à Tanger. Contact : 06 55 77 28 83

Atelier Papier marbré par Luis de Paloma Cet atelier offre en trois séances la possibilité de se familiariser avec la technique du papier marbré. Une initiation autour de la technique de « marbrage » aux encres & huiles. Tarif : 300 dhs par personne (acompte de 100,00 DH). Matériel fourni. Infos et inscriptions : lesinsolites.tanger@gmail.com. Les 22 et 23 juillet

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Librairie les insolites



CULTURE I À L’AFFICHE

- à l’affiche cet été Les séances de la Cinémathèque La Cinémathèque sera fermée du 13 juin au 6 juillet 2016

Z Les films du mois Le prophète

Good luck Algéria

De Roger Allers et Tomm Moore Avec les voix de Salma Hayek, Mika et Nicolas Duvauchelle Animation, USA/Liban, 2015, VF À partir du 9 juin

De Farid Bentoumi Avec Sami Bouajila et Chiara Mastroianni Fiction, France, 2015, VF À partir du 7 juillet

Villa Touma (La belle promise)

Tanger Gool

De Juan Gautier Avec Juan et Andrea Gautier et De Suha Arraf Sofia Issami Avec Nisreen Faour et Cherien Dabis Documentaire, Maroc/Espagne, Fiction, Palestine, 2014, VOSTFR 2014, VOSTFR À partir du 4 juin À partir du 7 juillet

Petits bonheurs

De Mohamed Chrif Tribak Avec Anissa Layana, Farah El Fassi et Maha Daoued Fiction, Maroc, 2015, VOSTFR À partir du 4 juin

Z Les films de L’Institut français Les combattants

De Thomas Cailley Avec Adèle Haenel et Kévin Azais Fiction, France, 2015, VF Le 14 juillet à 19h30 Le 19 juillet à 21h00

Z Spécial jeunesse Kung Fu Panda 3

De Jennifer Yuh et Alessandro Carloni Animation, États-Unis, 2016, VF À partir du 7 juillet

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Maryland

D’Alice Winocour Avec Matthias Shoenaerts et Diane Kruger Fiction, France, 2016, VF Le 21 juillet à 19h30 Le 26 juillet à 21h00


Rétrospective Asghar Farhadi À partir du 7 juillet

N URBAI ! AIME

En attendant la sortie de son nouveau film Le Client, présenté en compétition officielle à Cannes en 2016, profitez de l’été pour voir ou revoir tous les films de l’Iranien Farhadi..

Les enfants de la belle ville (2004)

Avec Hossein Farzi Zadeh et Taraneh Alidousti Tandis qu’Akbar, condamné à mort, attend son exécution, son meilleur ami et sa sœur tentent d’obtenir le pardon du père de sa victime pour qu’il échappe à son destin.

La fête du feu (2006)

Avec Hedye Tehrani, Hamid Farokhnezhad et T. Alidousti Rouhi, qui va bientôt se marier, est employée chez un couple, un foyer en pleine crise, dont la femme soupçonne son mari de la tromper...

À propos d’Elly (2009)

Avec Taraneh Alidousti et Golshifteh Farahani Un groupe d'amis passe des vacances au bord de la Caspienne. Sepideh invite Elly, en espérant qu’elle sera sensible au charme de son ami Ahmad. La bonne humeur règne, jusqu'à la soudaine disparition d'Elly...

Une séparation (2011)

Avec Leila Hatami et Peyman Moaadi Lorsque sa femme le quitte, Nader engage une aidesoignante pour s'occuper de son père malade. Il ignore alors que la jeune femme est enceinte et a accepté ce travail sans l'accord de son mari, un homme psychologiquement instable…

Le passé (2013)

Avec Bérénice Bejo et Tahar Rahim Après quatre années de séparation, Ahmad arrive à Paris depuis Téhéran, à la demande de Marie, son épouse française, pour procéder aux formalités de leur divorce. Lors de son bref séjour, il découvre la relation conflictuelle que Marie entretient avec sa fille, Lucie. Les efforts déployés par Ahmad pour tenter d’améliorer cette relation lèveront le voile sur un secret du passé.

Ciné-club American Language Center In Jackson heights De Frederick Wiseman Documentaire, États-Unis, 2016, VOSTFR - Wiseman s’invite dans le quotidien des communautés du quartier de Jackson Heights, l’un des quartiers les plus cosmopolites de New York, filmant leurs pratiques religieuses, politiques, sociales et culturelles, mais aussi leurs commerces et leurs lieux de réunion. Le 24 juillet à 19h30

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CULTURE I À L’AFFICHE

Ballets à la Cinémathèque La Belle au bois dormant de Piotr Ilitch Tchaïkovski Chorégraphie et mise en scène : Rudolf Noureev Direction musicale : Fayçal Karoui Ballet enregistré (2015). Avec le Ballet de l’Opéra national de Paris, VOstFR « Ballet des ballets », comme le qualifiait Rudolf Noureev, La Belle au bois dormant demeure un des joyaux du patrimoine de la danse. Virtuosité, somptuosité des décors et costumes recréent la splendeur de l’un des plus brillants chef-d’œuvre du répertoire classique. Le 17 juillet à 19h30

Panorama Cinéma marocain À partir du 7 juillet Découvrez quelquesunes des dernières productions marocaines marquantes que vous auriez pu manquer.

A mile in my shoes

Ciné Collection Café de la plage de Benoît Graffin Fiction, France/Maroc, 2001, VF Avec Ouassini Embarek et Jacques Nolot Driss, un jeune Tangérois, découvre un café dans une crique et y rencontre son patron, Fouad. Immédiatement fasciné par celui en qui il voit une figure paternelle, il se bat pour obtenir son amitié. Dans une atmosphère flottante et paresseuse, les liens se nouent. Le 12 juillet à 19h30

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De Said Khallaf Avec Amine Ennaji et Noussifa Benchida Festival National du Film de Tanger 2016 : Grand Prix, Prix du meilleur premier rôle Masculin/Féminin et Prix de la meilleure musique originale

The sea is behind

De Hicham Lasri Avec Malek Akhmiss, Hassan Badida

Chaibia

De Youssef Britel Avec Saad, Azgoun et Mourad Zaoui, Latifa Ahrare

Rif 58-59, briser le silence De Tarik El Idrissi Documentaire



CULTURE I LIVRES

Les lectures spirituelles En ce mois de juin qui augure de grandes espérances spirituelles, arrêtonsnous sur les maîtres de l’entendement mystique et reprenons quelquesunes de nos lectures interrompues par la turpitude du quotidien pour nourrir notre âme de pensées profondes et de foi sacrée. Rûmî, Khayyam, Junayd et tant d’autres ont su chanter Dieu et annoncer une sagesse universelle qui ne prend aucune ride. Sélection par Stéphanie Gaou, libraire. 64

Le livre du dedans

Enseignement spirituel

« Quand tu deviens droit, tout ce qui est tortueux disparaît. Ne perds jamais l’espoir. »

« La foi implique la croyance (tasdîq), la conviction (iqân) et le savoir véritable (haqîqat al-‘ilm), en ce qui concerne ce qui échappe à la constatation de visu. »

Rûmi

Mystique persan qui a influencé le soufisme. Son œuvre, louange à son maître spirituel, Shams Ed-Dîn Tabûzi, est une union liturgique avec le divin menée par l’émotion ou l’ivresse de la musique et de la danse.

Junayd

Grand maître soufi, Abû l’Qasim al-Junayd al-Baghdadi a dressé une philosophie de la lucidité plutôt que de l’ivresse.


Le Jardin de roses Saadi

« Fais la paix avec ton ennemi, même s’il dit du mal de toi dans ton dos, chante ses louanges quand il est avec toi. Les paroles malveillantes sortant des bouches sournoises, si tu ne veux pas entendre de paroles amères, Rends sa bouche bienveillante. »

Vivre te soit bonheur !

Omar Khayyâm

« Ah, que de siècles sans nous, le monde continuera, Sans nul souvenir de nous, ni vestige de nos pas ! Avant notre venue rien ne manquerait à l’univers ; Après notre heure dernière rien non plus ne manquera. »

Ce savant persan, astronome et poète, développe une approche hédoniste de l’épanouissement spirituel. Ses quatrains, les fameux rûbaîyat, prônent une grande liberté d’action et demeurent source de controverse. Sa langue, fort simple et envoûtante, amène le lecteur / disciple à mener son chemin vers le plaisir.

Une œuvre majeure par un des maîtres soufis les plus célèbres et respectés du XIIIe siècle. Ces contes sont un merveilleux écrin d’aphorismes, de pensées faussement naïves et absolument lyriques au ton drôle et tendre, d’une justesse et d’une acuité incroyables.

Le langage des oiseaux

Farîd-Ud-Dîn ‘Attar

« Lorsque Hippocrate fut à l’agonie, un de ses élèves lui dit : « Ô mon maître ! quand nous aurons lavé et enseveli ton corps, où devrons-nous t’enterrer ? » - « Si tu me trouves, répondit-il, enterre-moi, mon cher élève, où tu voudras, et bonsoir. Puisque pendant les longues années que j’ai vécu je ne me suis pas trouvé moi-même, comment me trouveras-tu quand je serai mort ? J’ai vécu de telle manière qu’au moment de ma dissolution je ne sais rien sur moi-même. »

En une parfaite allégorie de l’humanité, cet ouvrage est un récit initiatique, agrémenté de fables et d’anecdotes, véritable socle de spiritualité musulmane.

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PRATIQUE I VIE QUOTIDIENNE

Tuto urbain

Comment négocier un rond-point Prendre un rond-point, c’est pas bien compliqué. Et pas parce qu’il y règne l’anarchie et qu’il suffit de se diriger en ligne la plus droite possible ! Savoir conduire, c’est aussi savoir prendre un rond-point, n’en déplaise à certains et ce, sans se faufiler là où la place est libre ni se rabattre sur le museau de son petit voisin...

En approchant Il est important de se rappeler que, sauf indication contraire, on doit toujours laisser la priorité au trafic déjà engagé dans le rond-point. Si le rond-point se trouve hors d’une zone urbaine, restez à droite en l’abordant. S’il est en ville, choisissez la file qui correspond le mieux à la sortie que vous prendrez.

En le quittant C'est le point qui cause le plus de souci au conducteur. Quelle file dois-je prendre ? Vous sortez à la 1ère sortie : entrez dans le rond-point sur la file de droite et restez-y. Avant même d’être engagé sur l’anneau, mettez votre clignotant à droite. Vous sortez à la 2e sortie : entrez dans le rond-point sur la file de droite et restez-y. Une fois la première sortie passée, mettez votre clignotant à droite et prenez votre sortie. Vous sortez à la 3e sortie ou à l’une des suivantes : entrez dans le rond-point sur la file de gauche. Restez-y jusqu’à ce que la sortie précédant la vôtre soit passée, puis mettez votre clignotant à droite et changez de file après avoir vérifié que vous ne gêniez aucun véhicule circulant sur la voie de droite, puis sortez. Rappelez-vous que les conducteurs circulant sur la voie à votre droite ont TOUJOURS la priorité sur vous, même s’ils sont moins avancés que vous ! Utilisez par conséquent vos rétroviseurs pour vous assurer que vous ne les mettez pas en danger en changeant de file.

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Catherine Renaud Baret été 2016

GALERIE CONIL

7, rue du Palmier / 35, rue des Almohades - Petit Socco - Tanger Tél. : +212 539 37 20 54 - contact@galerieconil.com / facebook


PRATIQUE I CHRONIQUES DU “SOI”

Respecter sa peur Par Laurence Dudek

La peur est un réflexe qui provoque des réactions dès le plus jeune âge. Les bébés on peur du bruit, ils ont peur de tomber, ils ont peur des visages inconnus, ils ont peur des surprises, ils peuvent avoir peur lorsqu’on leur propose de manger quelque chose qu’ils n’aiment pas ou qu’ils ne connaissent pas, etc. À chaque découverte, ils apprennent à apprivoiser les nouveautés et la peur change d’objet, à la condition qu’elle ait d’abord été respectée. on ne met pas volontairement un enfant en situation d’avoir peur dans l’idée que cela va lui permettre de comprendre qu’il n’y a pas de danger. De même qu’il est vain d’essayer de « raisonner » un enfant qui a peur au moment du stimulus : il n’est pas en état d’écouter quoi que ce soit.

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Bien souvent chez les tous-petits, la peur n’a rien à voir avec le danger réel : les bébés mettent les doigts sur un four brûlant, dans une prise électrique, etc., sans avoir peur mais ils pleurent quand une porte claque ou quand la Tante Lucie leur fait un bisou sans les avoir prévenus. Ça n’est pas parce qu’il n’y a pas de danger que la peur est illégitime, il n’est donc pas acceptable de maintenir un enfant dans une situation qui lui fait peur parce que cette situation est jugée comme non dangereuse par les adultes. Si l’enfant a peur, d’abord on l’extrait du stimulus le temps que l’émotion passe et puis on lui raconte ce qui se passe, pour qu’il comprenne. on lui dit par exemple : « Tu as eu peur de la dame, tu ne la connais pas

et tu as été surpris par son bisou, c’est normal d’avoir peur lorsqu’on est surpris et puis après ça passe » et surtout on ne s’inquiète pas de la peur de l’enfant car si sa peur résonne en vous, elle s’amplifie en lui. Si on ressent de la gêne vis-à-vis de la tante Lucie, on garde à l’esprit que cette émotion (la honte) n’appartient pas à l’enfant et on la gère soimême pour soi, en adulte, sans en charger l’enfant en lui disant que ça n’est pas gentil de pleurer quand la Tante Lucie l’embrasse et sans lui montrer qu’on n’est pas content. La peur d’un enfant détermine des limites qui sont momentanées à la condition qu’on puisse lui permettre d’apprendre à les dépasser, en accompagnant l’émotion sans la refouler ni la réprimer.


Ouvert non stop 7 jours / 7 de 12 h à 23h15

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05 39 32 55 33 41, avenue de la Résistance 90 000 Tanger


PRATIQUE I CUISINE

Spécial barbecue

Les sardines mariées à la charmoula de Véra Cette recette et bien d’autres à retrouver sur son blog : www.196flavors.com Elle s’appelle Amina. Elle a des mains d’or. Elle a commencé à travailler pour mes parents alors que j’étais déjà une “grande petite fille” et c’est elle qui m’a appris avec adresse comment lever des filets de sardines, les farcir et les marier. En dialecte marocain, on les appelle les “sardines m’joujine”. Les sardines mariées se préparent soit en friture soit en grillades, idéales en été.

Elles sont farcies de charmoula, une marinade qui fait partie du patrimoine marocain au même titre que le couscous. ce condiment aux épices et aux aromates accompagne tous les poissons mais aussi de nombreuses recettes allant du chaud au froid. Dans sa version classique, la célèbre charmoula est un mélange de coriandre, cumin, persil, ail, paprika, citron et huile d’olive mais certains ajouteront du

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curcuma et du piment pour obtenir une marinade relevée et bien colorée. pour ma part, j’ai ajouté du piment. Revenons aux sardines qui ne sont pas bonnes qu’à mettre en boîte ! au Maroc, on consomme beaucoup de poissons en général et particulièrement les sardines. rien d’étonnant puisque le Maroc est le premier producteur mondial de sardines. La ville du Maroc la plus connue pour sa production de sardines est la ville de Safi située sur le littoral atlantique. Et, pour l’avoir déjà fait, je conseillerais à tous ceux d’entre vous qui sont de passage par ce port de déguster sur le quai des sardines fraîchement pêchées et grillées au cumin. un grand moment ! La sardine est un poisson bon marché et bénéfique pour la santé car très riche en vitamines et en omega 3. Elle supporte très bien la braise et est donc idéale pour un barbecue. Mais… oui, il y a un “mais”… La cuisson de la sardine génère de fortes odeurs ! pour ceux d’entre vous qui n’ont pas la chance d’avoir un jardin ou une terrasse, voici quelques conseils pour minimiser ces odeurs tenaces. Frottez les filets avec des feuilles de laurier sur les deux faces et versez sur les braises

quelques gouttes de vinaigre blanc. parallèlement, pressez deux citrons dans un fond d’eau, y verser un peu de lavande, de thym et de romarin et faire chauffer ce mélange sur feu doux tout au long de la grillade voire encore durant plusieurs minutes après. alors, ne les dégustez plus seulement serrées au fond d’une boîte ! À vos barbecues !

Originaire de Fès - comme toute sa famille - où elle a vécu jusqu’à l’âge de 14 ans, Véra Abitbol vit désormais à Paris. Chef à domicile, elle donne des cours de cuisine.


Pour 4 personnes

G 8 sardines (ou 16 filets de sardines) G 1/2 bouquet de coriandre hachée G 1/2 bouquet de persil plat haché G Sel, poivre G 3 gousses d’ail hachées G 2 c. à s. de nõra ou de paprika G 1 c. à s. de cumin moulu G 1/2 c. à c. de piment fort en poudre G 4 c. à s. de jus de citron G 5 c. à s. d’huile d’olive

P ré par atio n

Mélanger tous les ingrédients sauf les sardines dans un mortier et bien les écraser.

Lever les sardines en filets. Les rincer et les éponger dans du papier absorbant. Prendre un filet, le poser bien à plat et l’enduire généreusement de chermoula côté chair. Prendre un autre filet et le déposer côté chair par-dessus. Procéder ainsi jusqu’à assemblage de tous les filets et épuisement de la chermoula. Réserver au frais pendant 1 heure. Badigeonner les sardines d’huile neutre et les enfermer dans une grille double. Faire griller sur la braise 5 à 8 minutes de chaque côté selon la taille des sardines.


PRATIQUE I URBANOSCOPE

Le grand horoscope de l’été proposé par Lalla Chams

Bélier

Chance : Votre bonne étoile prendra elle aussi des vacances cet été. Gardez le moral ! Boulot : RAS, patientez. Amour : En couple, vous êtes un peu collant, le Bélier. Laissez votre moitié respirer ! Célibataires, arrêtez de chercher, l’amour viendra tout seul. Affinités : Poissons, Cancer.

Gémeaux

Chance : Inutile de jouer au loto, votre chance n’y sera pas. Boulot : Votre travail sera au centre de votre été et vous cartonnerez ! Amour : Votre compagnon sera votre premier fan dans tout ce que vous entreprendrez. Célibataires, vous attirez comme un aimant. Affinités : Gémeaux, Poissons.

Lion

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Chance : Elle ne sourira que si vous la provoquez, soyez optimiste. Boulot : Un été tout dédié à faire du profit, tenez la barre et marnez ! Amour : Plus aucune excuse pour différer les petits moments à deux qui ont tant fait défaut cette année. Célibataires, ça gaze ! Affinités : Cancer, Sagittaire.

Taureau

Chance : De petites contrariétés matérielles pourraient bien assombrir sérieusement votre ciel estival. Boulot : Ne laissez pas les choses stagner ou traîner en longueur. Amour : Envie de déclarations et de romantisme, vous êtes très sollicité et pourriez ne pas être très sage... Affinités : Lion, Capricorne.

Cancer

Chance : Une chance insolente sur le plan financier ! Mais vous bossez. Boulot : Un été studieux entrecoupé de petites pauses, juste de quoi pouvoir souffler et surtout rester zen. Amour : Envie de vous faire chouchouter après cette première moitié d’année compliquée. Exprimez-vous. Affinités : Lion, Verseau.

Vierge

Chance : Des promesses presque oubliées vont enfin être tenues. Boulot : Vous récoltez d’un bloc les fruits des efforts déployés notamment au premier trimestre cette année. Amour : En amour, il flotte comme un parfum d’interdit dans l’air. Gare aux décisions impulsives ! Affinités : Scorpion.


Balance

Chance : Vous allez vivre un été qui déchire ! Boulot : En mode “pause”. Amour : Beaucoup de succès en amour et en amitié, on recherchera votre présence à tout prix. Vous serez de toutes les fêtes mais aussi de tous les plans foireux. Prudence... Affinités : Verseau, Capricorne.

Sagittaire

Chance : Ça se décoince en haut lieu, courage ! Boulot : En vacances, vraiment : le taf ne vous manquera pas. Amour : Vous affichez un coeur un peu meurtri mais vous en êtes le premier responsable. Votre amoureux le plus transi, ce devrait être vous. Affinités : Lion, Taureau.

Verseau

Chance : Ça dépote pour vous : jouez au loto, demandez votre belle ou votre beau en mariage... N’hésitez pas, tout vous sourit ! Boulot : Des retards à prévoir. Amour : Le calme côté sentiments, ce qui n’est pas pour vous déplaire. Cet été sera méditatif et zen. Affinités : Bélier.

Scorpion

Chance : Envie de prendre votre vie en main ? Vous avez raison, la chance, ça se provoque aussi. Boulot : Une promotion dans l’air. Amour : En couple, des tensions à prévoir, qu’il faudra gérer avec diplomatie, please ! Célibataires, prenez votre mal en patience. Affinités : Vierge, Scorpion.

Capricorne

Chance : Vous sentez bien que ça coince un peu aux entournures et ça vous contrarie. Boulot : De gros changements à prévoir, mutation surprise ou changement complet d’orientation. Amour : Ça discutaille, ça hésite, ça polémique, bref, ça vous agace ! Affinités : Gémeaux.

Poissons

Chance : Vous l’attendiez depuis longtemps, ne la laissez pas passer ! Boulot : Attention, le burn out, ce n’est pas que pour les autres ! Posez des jours et déconnectez. Amour : Calme plat, quelle tristesse ! Vous avez déjà pensé à vous refaire l’intégrale de Breaking bad en VO ? Affinités : Balance, Cancer.

C’ est votre an nivers a ire !

Cancer et Lion passeront un été très différent de celui auquel ils s’attendaient. Une mission commune aux deux signes : chassez le stress et profitez des bons moments... et du soleil !


PRATIQUE I ADRESSES

Carnet d’adresses - Agenda cinémathèque de Tanger - Grand Socco - T : 05 39 93 46 83 Institut cervantes - 99, av. Sidi Ben Abdellah - T : 05 39 93 20 01 Galeries conil événements / conil collection

IF Tanger - 41, rue Hassan Ibn Wazzane - T : 05 39 94 10 54

7, rue du Palmier / 35, rue Almohades - Petit Socco - T : 06 55 64 10 14 Librairie les insolites - 28, rue Khalid Ibn Oualid - T : 05 39 37 13 67 Galerie Delacroix - 86, rue de la Liberté - T : 05 39 93 21 34 Volubilis art Gallery - 6, rue Sidi Boukouja - Kasbah - T : 06 68 70 01 81 Galerie photo Loft - 115, av. Med Ben Abdellah - T : 06 41 45 66 40

Numéros utiles Renseignements : 160 Police : 190 Gendarmerie Royale : 177 Pompiers - Ambulances : 150 Maroc Assistance : 05 22 30 30 30 Mondial Assistance : 05 22 31 31 50

Port Maritime : 05 39 93 11 29 ONCF : 08 90 20 30 40 Aéroport de Tanger : 05 39 39 36 49 Pharmacies de garde : www.menara.ma Urgences vétérinaires clinique du Golf - 06 61 79 02 19

Clinique Assalam av. de la paix - 05 39 32 25 58 Clinique du Détroit Gzenaya - Lot 84 a5 - 05 39 39 44 48 Clinique Bennis route de Tétouan - 05 39 34 07 47

Points de distribution Centres culturels / Galeries

Cinémathèque Le Rif Délégation de la Culture Galerie Artingis Galerie Conil Galerie Dar D’Art Galerie De Velasco Galerie Delacroix Galerie Ibn Khaldoun Galerie Laure Welfling Galerie Lusko / LM Dépôt Vente Galerie Mohammed Drissi Galerie Photo Loft Galerie Volubilis Goethe Institut Institut Cervantes Institut Français de Tanger Medina Art Gallery Musée de la Kasbah Tabadoul

Restaurants / Salons de thé

Boston Café Café Le Savoy Casino Movenpick Anna & Paolo Art & Gourmet DiBlu El Morocco Club El Tangerino L’Océan La Bodega La Casa d’Italia La Fabrique La Gelateria La Pagode

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Le Bistrot du Petit Socco Le Parcours des Sens Le Salon Bleu Le San Remo Otori Sushi O Tri K Tanger Kitchen Tom Yam Salon de thé Kandinsky Salon de thé La Fuga

Centre Régional d’Investissement Chambre de Commerce Française Chambre de Commerce de Tanger Consulat Général de France Délégation du Tourisme Groupe Scolaire Le Détroit HEM Médi1 TV University of New England

Hôtels / Maisons d’hôtes

Librairie des Colonnes Librairie les insolites Librairie La Virgule Page et Plume

Hotel Andalucia Hôtel César Hôtel Continental Hôtel El Minzah Hôtel Farah Hôtel Ibis Hôtel Mövenpick Hôtel Oumnia Puerto Hôtel Solazur Hôtel Villa de France Dar Al Barnous Dar Chams Dar El Kasbah Dar Jameel Dar Sultan La Maison de Tanger Le Balcon de Tanger Le Dar Nour Le Nord Pinus Ryad Mogador

Divers

Association ADRAR Crèche Le Manège

Librairies

Beauté / Sport

All Ladies Catherine Coiffure Dior Style Eden Club Femmes Figurella Medispa Moving Nail Lounge Nutricorp Serenity Day Spa Sozen Spa Spa Osmose Tanger

Commerces/Autres Abyss Accès Immo Adam Cadre Ali Souvenirs Ambiance Living

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